Monogrenade, l’autre groupe québécois que nous affectionnons particulièrement avec Karkwa, est de retour en France, avec un album qui fait planer. Des cordes emballantes, Des notes de piano poignantes, les synthés qui titillent les planètes, la voix d’ange de Jean-Michel font de Composite un petit joyau musical.
Jean-Michel Pigeon, le leader du groupe, était de passage à Paris, heureux de retrouver les terrasses parisiennes pour un verre de vin au prix modéré (12 dollars canadiens à Montréal), accompagné d’un nouveau visage au sein du groupe, rayonnant et souriant, celui de Julie Boivin, violoniste.
Après une belle tournée française au mois de novembre dernier et une participation aux Francofolies 2015, Monogrenade est de retour à paris pour une date précieuse afin de vous emporter le coeur de l’autre côté de l’Atlantique ou tout en haut dans les airs. Cela dépendra de votre niveau de sensibilité affichée. RDV au CentQuatre le 15 juillet !
INTERVIEW
United States of Paris : Comment se passe la promo ?
Jean-Michel : C’est plus facile de parler de cet album, car c’est un vrai concept à la différence du premier.
En fait, pour Tantale le concept c’était qu’il n’y en avait pas ! Il n’y avait que des chansons dépareillées réunies ensemble. C’est pour cela qu’on avait mis des méduses et tentacules pour montrer le côté bizarre de l’album.
Julie, comment s’est faite la rencontre avec le groupe ?
Julie : En fait, on départ j’étais une fan, j’avais vu le groupe en show et nous avions des amis en commun dont Marianne Houle, la violoncelliste. Je suivais l’actu du groupe via sa page Facebook.
La rencontre s’est faite un peu au hasard, j’ai dû remplacer un membre du groupe. Jean-Michel avait besoin de quelqu’un de plus stable. Et la vibe était super bonne. On s’est très vite senti à l’aise. Et il m’a ensuite demandé de rester.
Jean-Michel, quel est l’atout de Julie ?
Jean-Michel : Elle est jolie !
USofparis : Ca ne suffit pas !
Jean-Michel : Le public quand il voit un groupe sur scène n’imagine pas forcément tout ce qui se passe derrière, en coulisses. Y’a beaucoup de paramètres pour ça fonctionne : musicalement, humainement, disponibilité. Avec Julie tout s’est fait tout seul, alors que l’équipe était déjà bien en place. Ca nous a rajeuni l’esprit. On était une sorte de vieux couple, un couple usé.
Ca fait quand même 5 ans qu’on est ensemble ! Même si ce n’est pas long, c’est très intense le vie de groupe.
Dans quel mood étiez-vous lors de la conception de l’album ?
Jean-Michel : Pour le 1er album, on était parti dans le Nord, dans un chalet pour s’isoler. On avait travaillé dans l’urgence.
Cette fois, on s’est dit : on se s’isole pas, on se donne pas une date. Et au final, la conception a duré un an. On a même fait des prises de son à Paris, en tournée et dans mon studio à Montréal. On a vraiment pris notre temps, ce qui rend l’album si unique.
Quel morceau est né à Paris ?
Jean-Michel : Le Fantôme ! On a été invité dans un studio, mais on était léger en matériel. J’avais des petits bouts de chansons. Et au final, ça a été une vraie surprise de se retrouver avec une chanson, composée ici même.
Le morceau Composite a débuté ici aussi. Le piano, la basse et batterie ont été enregistré à Paris Et nous avons finalisé à Montréal.
Julie, quelles étaient tes impressions pour cet album Composite ? L’as-tu entendu comme une fan ?
Julie : Je suis arrivée pour le lancement de l’album et pour les lives.
Et je suis encore fan de la musique que l’on fait. J’ai trippé plus avec le 2e que le premier. Je suis fan d’électro, de synthés et je trouvais que l’ensemble colorait vraiment bien l’album, avec les cordes. Y’a une belle cohérence dans l’album.
Quel est le mystère autour du titre Métropolis ?
Jean-Michel : Nous avons 5 versions de cette chanson. La première date de la fin de Tantale, elle était minimaliste, juste électronique, avec seulement le refrain écrit. Après, nous avons fait une version hybride avec un peu de cordes. Ensuite, juste les cordes et la voix. Et ensuite, retour à l’électro en entrant dans un studio et découvrant plein de nouveaux synthés que je ne connaissais pas.
Et ce sont ces synthés qui ont donné la couleur de l’album.
Qu’avez-vous voulu dire dans cet album ?
Jean-Michel : L’album traite de l’être humain. J’adore la psychologie et psychanalyser les gens.
Julie : Jean-Michel sent les énergies, il y a quelque chose dans le feeling. Il comprend vite les gens.
JM : La thématique, c’est la complexité des gens. Composite rappelle qu’on est composé de plein de paramètres : la génétique, l’environnement dans lequel on grandit, les choix qu’on fait. Ce tout nous modifie. Par exemple, j’ai comme eu une famille quasi parfaite, dans un village où tout le monde s’entendait. Une belle jeunesse. Arrivé à l’âge adulte, ça a été un peu une claque, j’était plus tout à fait adapté. Je ne veux pas être pessimiste mais je suis un peu déçu par l’être humain. C’est pour ça que je n’ai pas beaucoup d’amis.
L’accueil du disque est-il différent au Québec et en France ?
Jean-Michel : Ce qui est marquant c’est que certains journalistes au Québec m’ont reproché mes textes. Je ne me considère pas comme un écrivain non plus. Mais un a même écrit que c’était de l’immaturité littéraire. Alors qu’en France, ceux qui ont écouté ont dit l’inverse, que les textes étaient beaux.
Une émotion qui est l’origine de ta carrière ?
Jean-Michel : J’ai commencé dans un groupe anglophone en tant que guitariste. On faisait beaucoup de tournée, en van. On faisait beaucoup de spectacles tous les soirs. Et j’ai comme ressenti l’envie de me consacrer à ma propre musique. Le fait de voyager, de rencontrer des personnes, d’interpréter ses chansons, je trouvais que c’était un bel accomplissement.
Julie : J’ai commencé à l’âge de 5 ans le violon. J’ai toujours eu des facilités. Je ne jouais pas 6 heures par jour, mais plutôt 2 heures et je faisais autre chose à côté. La musique fait partie de ma vie, c’est naturellement que j’ai fait des études sur ce sujet.
En parallèle, j’écoutais la radio, j‘aimais la grosse pop, le RnB et Christina Aguilera. En fait, je pense que j’aurais aimé être chanteuse !
Un moment fort avec le groupe ?
Julie : Le lancement de l’album au Québec ça m’a touché. On avait beaucoup répété le live, mais on ne savait pas vraiment quelle direction donner pour nos concerts. Et on avait rendez-vous dans une grosse salle pour le tout premier concert : La Tulipe à Montréal. Y’avait une tempête de neige dehors, on s’est dit qu’il n’y aurait personne et puis on est arrivé et on a vu la salle comble. C’était mon premier vrai show avec Monogrenade. Impressionnant.
JM : Ca faisait longtemps qu’on avait pas vu le public. Tout le monde était gentil ! Sur scène, ça marche toujours. On peut se chicaner avant et une fois sur scène, tout roule. Avec deux, trois bières après le concert : on retombe dans les bras les uns et les autres.
Dernière anecdote ?
Jean-Michel : Au Québec, on se fait toujours comparer au groupe Karkwa, c’est devenu presque récurrent. C’était même devenu une blague. On a fait la rencontre des membres du groupe à Paris. Lors de notre balance, ils sont arrivés pour nous saluer.
MONOGRENADE, nouvel album Composite
Atmosphériques
MONOGRENADE en concert
aux Francofolies de la Rochelle, le 12 juillet
à PARIS le 15 juillet au 104