Tremble, Histoire de Johnny S, Les jours incandescents, Mon ange, sont quelques-uns de ces morceaux qui vont vous coller à la peau, des titres à la mélodie imparable et aux mots aiguisés.
Un appel à participation sur le site KissKissBankBank en 24 heures chrono, aura suffi pour que l’album sans maison de disque soit finalisé. Depuis sa sortie, début février, la critique n’a pas manqué d’apprécier l’émancipation de l’artiste, l’abolition des complexes, l’écriture plus directe. Joseph d’Anvers joue le frontal, ne se cache plus et n’oublie pas cette phrase qu’il s’applique aussi bien dans la vie qu’en studio ou sur la route de la tournée : “dans la boxe, comme dans la vie, l’important ce n’est pas d’être bon dans les temps forts mais savoir gérer les temps faibles.”
Rencontre à l’adresse fétiche, La Laverie, café-restaurant de Belleville où le chanteur a écrit plusieurs de chansons en terrasse et où il donne ses rendez-vous promo.
A NOTER : prochain concert à Paris, le 15 octobre au CentQuatre !
Est-ce que Les Matins Blancs a besoin d’un engagement supplémentaire de ta part ?
J’ai toujours été présent sur les réseaux sociaux. Je me bats, car sortir un album c’est le composer et l’écrire mais aussi l’accompagner en termes d’image et de promo.
Le plus cette fois c’est que j’essaie de militer – maintenant que je suis producteur de mes masters, artiste en licence chez At(h)ome, un label 100% indépendant. Et je dis : “si vous n’achetez pas de CD, c’est à court terme ma mort et celle de plein d’autres artistes dans ma catégorie… de poids.” Bertignac peut balancer qu’il est pour le téléchargement, mais il ne pense pas aux autres.
Quand tu vois que sur Deezer, on touche 1/10e d’euro par clic. Au bout de 200 000 clics, je peux me payer un kebab !
Tout le monde doit prendre conscience de ça. Nous sommes en première ligne. C’est un acte de militantisme d’acheter un album, l’un des rares produits qui n’a pas augmenté depuis plusieurs années. Alors que l’on ne me dise pas qu’un CD est cher, c’est faux !
Depuis le 1er album, je vais voir le public après les concerts. Cette fois, nous avons même contractualisé en demandant que soit installée une petite table où je vais vendre les albums. Et j’aime bien discuter. C’est l’occasion d’un échange, il y a le plus souvent des bons retours. On vient rarement te cracher à la gueule. C’est 2 heures après chaque concert aussi pour expliquer à chacun ma condition.
Je viens d’un milieu modeste et ma volonté est d’abolir cette frontière entre ceux qui m’écoute et moi. C’est pour ça que j’ai joué dans un appartement, dans une bibliothèque aussi. La musique c’est ça aussi des petits lieux. On fait des chansons, on n’est pas meilleurs que les autres. Donc être sur un piédestal c’est pas mon truc.
Je suis prêt à beaucoup pour vendre des albums mais pas à tout car je considère que la musique comme un art. Et comme tout art, je le fais de manière artisanale.
J’ai donc beaucoup élagué. J’ai un peu fait comme Bashung – toute proportion gardée. Ils m’ont donné une base. J’ai retravaillé le refrain de Miossec.
Ce qui est fort, c’est que des mots sont propres à leurs auteurs comme quand Miossec écrit : “je suis lourd de mes conneries.” Je n’utilise jamais le mot connerie dans mes chansons. Dominique A impose des images aussi comme Tremble mon amour ou fissurer, un champ qui brûle, nos peaux jointes.
Avec la chanson de Lescop, son nombre de pieds étant tellement précis, je n’arrivais pas au début à me détacher de son phrasé. Et comme je l’ai expliqué, j’ai composé cette chanson le soir de la mort de Daniel Darc. Tout s’est débloqué.
J’avais l’idée que ce soit joué comme un groupe à l’arrière-plan d’un épisode de Twin Peaks, guitare baryton Mid-Ouest avec un côté français. A l’arrivée, elle ne s’inscrivait pas dans l’album et pourtant j’en ai eu besoin. Je l’ai imaginée comme une respiration.
Oui, pour Les jours incandescents. C’était au départ une chanson très années 80. Je ne lui trouvais pas sa place et puis on a commencé la percu, des notes de piano… On enregistrait en live. C’était comme dans le garage de mes parents, ça montait, ça montait, on tenait un truc. Il n’a plus rien à voir avec sa première version.
Ce titre fait le lien avec les précédents morceaux, il me faut toujours un titre plus long à chaque album. Il est vraiment né en studio.
Quand j’en ai parlé à mes potes, ils se marraient : “ah oui, Daniel Darc, coach personnel !” Et pourtant, Darc m’a dit : “en 2004, être un vrai punk, c’est être ton propre producteur, ton projet c’est le tien et tu restes libre” Et il a rajouté : “j’ai jamais été riche, mais j’avais toujours l’essentiel, un papier et un crayon pour écrire.”
Je me souviens aussi de ces mots : “celui qui n’est pas prêt à mourir pour l’écriture ne devrait jamais écrire.”
Le silence est angoissant pour un chanteur ?
Le silence peut m’angoisser mais il est important pour moi depuis mon opération des cordes vocales en 2004. Et tu somatises forcément beaucoup. Tu n’as pas envie que ça arrive à nouveau. Et j’ai eu une orthophoniste qui m’a réappris à parler et chanter. Elle me conseillait : “faites des phrases avec des silences.” Après les concerts, les coups à boire avec les musiciens, j’essaie de ne plus parler une fois arrivé à l’hôtel. Bien que je ne sois pas adepte d’hygiène particulière. Plus que le silence, c’est savoir s’arrêter qui est important, une chose que j’étais incapable de faire. Comme ce que j’ai fait pour l’album, je me suis posé à la terrasse de ce bar. J’attendais et il se passait toujours quelque chose. Il y avait toujours une scène toutes les 10-15 minutes.
La vertu d’être contemplatif c’est ce que je vise aussi.
La deuxième, c’est pour mon 1er album. J’ai dû décaler la sortie à cause de celle du disque de Julien Doré. Il sortait tout juste de la Nouvelle Star et je trouvais ça injuste de devoir m’adapter à son actu. Bashung m’a dit : “tu ne peux pas te rapprocher de la pointe et toucher le grand public. A un moment donné, tu le feras, à ta sauce et tu assumeras comme j’ai assumé avec Osez Joséphine, Ma petite entreprise.” Et il a raison. C’est ce que je commence à faire, avec certainement des mélodies plus simples et en me montrant.
Fin d’interview avec une citation de Boris Cyrulnik : “On se sauvera par l’art.”
Joseph d’Anvers, nouvel album LES MATINS BLANCS
(Label At(h)ome)
format CD et Vinyle
Concerts :
15 octobre, CentQuatre (Paris) avec Lescop, Margaux Simone, Le Prince Miaou
En tournée et en première partie des concerts de Dominique A et Hubert-Félix Thiéfaine : Rennes, Limoges, Brest, Metz, Orléans, Caen, Roubaix, Nantes….