Rencontré un soir de Veillée Foostock à la Cité de la Mode et du Design, les membres du groupe Mustang évoquent avec nous la tournée 2014, l’accueil de leur troisième opus Ecran Total (Arista) très remarqué par la critique, leur dernier coup de coeur musical…
Mustang reprend sa tournée cet automne à Marseille le 7 novembre, avec un nouveau concert à Paris, cette fois au Point Éphémère le 24 novembre.
United States of Paris : La tournée 2014 est-elle différente des autres tournées de Mustang ?
Jean : Elle est différente dans le sens où on s’est pas mal pris la tête pendant les répét’ pour la préparer. On a, en fait, essayé de trouver des moyens de jouer des arrangements assez complexes. A chaque fois, on peut partir au tempo qu’on veut, on n’a pas d’ordi sur scène. Mais il y a parfois des instruments qui ne sont pas joués par l’un de nous trois de manière ostentatoire et dont on essaie de recréer le son autrement. Notre souhait est de faire de la vraie musique live en mettant le maximum de sons.
Est-ce que les textes d’Ecran Total ont été bien perçus par le public et la critique ?
Jean : On ne nous a jamais autant parlé des textes qu’avec cet album. Les ayant écrits, je suis très flatté. Mais j’espère qu’il y a autre chose et que l’on s’arrête aussi sur les mélodies et les belles parties instrumentales.
Mais au final, nous avons été moins surpris que par le passé. Car pour les deux premiers albums, on nous parlait de rockabilly. Le discours qui a accompagné Ecran Total est plus proche de la vérité cette fois.
Etre adoubé par Télérama, c’est grisant ?
Jean : Vu comment ils se sont foutus de notre gueule au début… Ce qui nous amuse c’est qu’ils disent que nos premiers disques n’étaient pas convaincants. Et tout ce qu’ils ont l’impression de découvrir avec Ecran Total existait déjà dans les précédents. Mais nous sommes très contents de ce papier.
Au final, qui a été le plus juste au sujet de votre album ?
Jean : Ouest France ! Ce n’est pas forcément les magazines musique pointus qui parlent le mieux de musique. Et je me souviens, quand on reçu la revue de presse, de m’être arrêté sur le papier de Ouest France.
Johan : Sur le site de la Villa Schweppes, Charles Crost a fait un article qui tape juste.
Jean : il faut dire qu’il est très élogieux !
Le partenariat avec la cire à cheveux c’est du pur marketing ?
Jean : Non, c’est une vraie collaboration avec une marque française qui s’appelle Hairgum, basé vers St-Etienne. On utilisait déjà cette cire et on trouvait amusant de la proposer en merchandising avec un beau packaging.
Johan : On a tout étudié rigoureusement : le parfum, le packaging. On essaie modestement d’élargir nos activités…
Jean : Si on avait le sens des affaires, on serait des DJ, on aurait des laptuks et on gagnerait en une soirée ce que l’on gagne en un an en faisant un show dans un club à Moscou. On fait ce que l’on aime.
La collaboration avec Stéphane « Alf » Briat (qui a collaboré avec Air, Sebastien Tellier…) quelle leçon tirez-vous de lui ?
Jean : Alors qu’il a une culture plutôt 80’s et des sons actuels électro, voire futuristes, il est capable de dire : « arrêtez de vous prendre la tête sur ce morceau, on la joue guitare, basse, batterie. » Il est aussi capable de prendre des décisions radicales.
Johan : C’est quelqu’un qui a une patte.
Jean : On appelle son son : la boule ! C’est, en fait, un faux son mono. Il déteste les effets stéréo avec la guitare d’un côté. Il a donc tendance à faire une espèce de paquet. Parfois les gens trouvent que ça manque d’amplitude et c’est pourtant très intelligent.
Jean : Mais il ne faut oublier Raphaël Seguin, coréalisateur, qui lui est vraiment allé au charbon avec nous. Avec lui on a fait la pré-production, les arrangements. Pour Le sens des affaires, on n’avait au départ qu’une maquette très simple, peu arrangée. Et là, il y avait beaucoup de boulot à faire avec Raphaël. On a empilé pas mal de choses et puis Alf est passé et a écrémé et ça pour plein de morceaux.
Quelle est votre dernière claque musicale ?
Johan : Salad Days de Mac Demarco. Le dernier bon disque écouté. Il a un son que tu reconnais immédiatement. C’est un disque avec lequel on n’a pas trop de retard. On le découvre au moment de sa sortie et pas en différé.
Jean : On est un peu saturé de musique électro. Le rap n’a plus de sample ; il est devenu totalement électro. Et Demarco propose le trio guitare, basse, batterie qui fait du bien
Johan : Il fait un album assez roots. Je ne pense pas que son disque lui ait couté des milliers d’euros et pourtant il y a beaucoup de choses qui se passent autour.
Vous avez partagé la scène avec Etienne Daho à la Salle Pleyel en juillet dernier, est-il une référence pour vous ?
Johan : Ce n’est pas forcément un artiste que nous avons beaucoup écouté. Mais il est une référence. Il est presque l’inventeur d’une certaine pop en français. Les textes sont bien écrits mais ses chansons sont plus portées sur la mélodie. Ce n’est pas de la chanson française.
Et c’est aussi un mec bourré de références avec qui on peut parler de beaucoup de choses comme le Velvet Underground….
Quels liens avez-vous avec Lescop ?
Jean : On le connaissait avec qu’il ne devienne Lescop, à l’époque de son groupe Asyl. On a joué ensemble. J’ai travaillé sur le morceau Tu mens, avec lui.
J’avais écouté la maquette de son album. Il y avait La Forêt et aussi Je danse. Et j’avais vraiment accroché sur La Forêt. Du coup, quand il nous a demandé de faire une reprise pour un EP de remix, nous avons enregistré ce titre.
Johan : On a aussi des références en commun. Il a été marqué, comme nous, par le punk.
Ce qui peut rapprocher les musiciens, c’est leur histoire commune : leur approche de la musique, comment ils ont découvert tel ou tel son ou artiste… C’est ça qui créé de vrais liens forts.
Jean : Il a réussi à mettre en valeur le côté européen de sa musique. Ses références en interview, comme les avions de la première guerre mondiale, Marlène Dietrich… Alors que la new wave c’est totalement européen, anglais.
MUSTANG en concert en novembre à :
Marseille, Le Poste à Galène, le 7
Macon, La Cave à Musique, le 8
Lens, Médiathèque Robert Cousinle 18
Paris, Point Éphémère, le 24
Toulouse, le Metronum, le 27
et
Saint-Germain-en-Laye, La Clef, le 12 décembre
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