Nous avons rencontré le phénomène du moment : FAUVE Corp, à l’occasion du concert du groupe à Niort ! Un album sorti le 3 février 2014 nommé Vieux Frères, partie 1 et des salles de concert sold out comme les vingt Bataclan programmés à Paris. Bluffant !
Niort, ce jeudi soir, les lycéennes sont en délire aux premiers rangs. Les membres du groupe ont entre 25 et 30 ans, ils sont souriants et sympathiques. On sait déjà que le prochain album (Vieux Frères, partie 2) prévu pour la fin de l’année fin voire début 2015, sera préparé aux petits oignons par ce groupe de perfectionnistes.
Fauve ce sont des garçons prolixes avec un style décontracté/branché, capuche vissée sur la tête. « Fauve c’est le groupe pas prise de tête » et c’est avant tout un groupe d’amis, qui décident tout ensemble, chacun a le droit au dernier mot. Ils vivent leur projet à fond et avec passion.
L’interview a eu lieu dans une brasserie niortaise et en discutant, l’un d’eux, remet soigneusement les couverts en place. Image cocasse !
Ce groupe tente avec difficulté de garder l’anonymat, surtout depuis qu’il est en bonne place dans le Top 5 Itunes. Mais les membres regrettent presque de pas avoir dévoilé leur identité dès le début, se disant qu’aujourd’hui on ne leur poserait plus la question. Fauve c’est un groupe honnête, ensuite on aime (à la folie) ou on n’aime pas du tout (indifférence totale), on a cherché à savoir pourquoi.
Interview de FAUVE
Louis-Clément : Comment vous sentez-vous ce soir avant de monter sur scène à Niort ? Qu’est ce que vous pensez des salles de province, est-ce-que l’ambiance est différente du Bataclan ?
Fauve : Les concerts à Paris, c’est marrant parce qu’il y a beaucoup plus de visages familiers pour nous. Mais le public parisien est un peu différent, c’est un peu plus guindé. C’est peut-être nous aussi, car hors de Paris on a moins de pression. Il y a deux jours, à Rennes, à L’Etage, c’était énorme ! Mais cela a tendance à s’uniformiser, car récemment au Bataclan c’était très intense aussi.
Que ton projet marche à Paris, c’est étonnant, mais pas forcément car il y a tellement de trucs qui sont brassés. Quand tu vas ailleurs, et que le public est là, tu prends conscience qu’il y a un truc que l’on ne peut pas toucher ou expliquer.
On fait une espèce de “rejet” de la capitale en ce moment. En fait, on a mal vécu d’être considérés comme un groupe de « bobos » parisiens. On est tout sauf des Parisiens même si on y habite, et que nos attaches sont en partie là.
Pour qu’une œuvre devienne une référence, il faut qu’elle soit rejouée, pensez-vous pouvoir être repris, un jour ?
Non, on n’y pense pas. Ce n’est pas du tout pour ça que l’on a fait le projet. Quand les gens en face de toi ressentent quelque chose, là, tu peux te dire, ce n’est pas « une œuvre » parce que c’est un gros mot pour nous, mais que tu touches quelque chose. De plus, ça m’étonnerait que ça se fasse, c’est trop compliqué « ce langage parlé », c’est chiant, faut avoir la petite technique. Ce n’est pas évident. Ca nous a pris du temps à la trouver et ça risque d’être indigeste. Tu imagines reprendre Nuits fauves, 4 minutes 30 de blabla ? C’est comme un truc de rappeur, ça ne se reprend pas.
Votre musique est assez proche du rap, elle est parlée plutôt que chantée sauf que dans le rap, on parle plus de la banlieue, et vous êtes plus des gosses privilégiés ?
On n’a pas essayé de jouer des personnages, on a dit qui on était tout de suite. Quand tu écoutes les paroles, tu ne te dis pas que les mecs se racontent une vie. C’est nous, on ne va pas se vendre, comme des vrais ou faux rappeurs.
On est des gens normaux. Hier, j’en parlais avec ma grand-mère, car il y a eu un article dans le magazine Public et elle était surprise qu’on dise que l’on est bourgeois, issus de milieu aisé.
On n’a jamais eu de problème réel dans la vie, on a des vies de gens normaux. On veut juste se départir de cette culpabilité, judéo-chrétienne mal placée, qui est que tant que tu n’es pas le dernier de l’échelon, faut te mettre des coups de fouet, il faut t’auto flageller, « fermer ta gueule », tout ça. Les gens qui disent ça ils ne balayent jamais devant leur porte, c’est les premiers à se plaindre, comme tout le monde.
On essaye de sortir de ça en disant que l’on n’est pas en train de s’approprier les problèmes d’autres personnes, on ne joue pas un rôle. On n’est pas en train de hiérarchiser nos problèmes, même les riches ont des problèmes, ce n’est pas ça que l’on dit. Les douleurs et frustrations on les a vécus, nous n’allons pas essayer de les garder pour nous et que ça nous ronge de l’intérieur. C’est la sincérité qui nous fait du bien.
Avez-vous le projet de faire un DVD ?
On a beaucoup pensé au DVD, mais le problème c’est le support en lui-même, c’est un peu « old-school », nous on a décidé de casser un peu ça en 2014. On veut plus faire des hors-formats de 20 à 30 min, mais pas forcément les commercialiser, le but c’est que ça touche le plus possible de personnes, nous voudrions montrer des choses de nos vies, mais pas en DVD, plutôt via Youtube.
Pour le prochain album on a vraiment envie de proposer quelque chose de complet.
Le support papier nous plaît plus, pour Vieux Frères on a ajouté le livret, ça nous a beaucoup amusé de le faire, ça nous aurait même plu de faire un petit livre. Le film, on le réserve pour le net.
Comment se passe une séance d’écriture ? Vous travaillez sur papier ou sur ordinateur ?
Nous avons tout fait sur ordinateur. Un jour, on a vu Booba écrire sur son Black Berry, on a trouvé ça plutôt classe. Du coup, on fait pareil maintenant. Il n’y a pas de séance d’écriture, c’est vraiment au moment de l’enregistrement qu’on fait nos arrangements. C’est assez fluide en fait.
Vous avez dit chez Pascale Clark, que vous étiez des “ratés modernes”. Est-ce que c’est lié au fait que vous n’avez pas fait de crise d’ado ? C’est quoi des ratés modernes ?
Les « ratés modernes », ça vient d’un pote, ça semblait vraiment nous définir à merveille. Mais la donne a un peu changé aujourd’hui. On a récupéré de l’estime de nous-mêmes, on est plus tendres. En fait, notre ami a écrit un bouquin et on a tout de suite halluciné. On avait l’impression de lire « Sainte Anne », mais à l’échelle d’un bouquin !
Dans le résumé, il dit : « j’étais un raté moderne », il parle de celui qui fait tout comme il faut : il a eu ses diplômes, pas d’ennuis avec les keufs, un physique ni gracieux, ni disgracieux, mais il n’y arrive pas.
Nous, on joue à la Playstation, on fume des clopes, on boit des bières. On est content de voir qu’il y a rien qui bouge et que l’on reste toujours autant handicapé avec les meufs, ça changera peut-être.
Avec l’enchainement des concerts on a quand même des vies plus rangées qu’avant. On n’a jamais été aussi peu ado. C’est vrai qu’on a une nouvelle vie aujourd’hui, ça fait un peu colonie, mais ça n’en a pas vraiment la couleur.
On remercie le band d’avoir pris le temps de répondre à toutes les questions avec le sourire, bien que les membres soient tous malades ce jour-là – décidément ils font vraiment tout en groupe !
Interview à la sortie du concert de Marilou et Constance, deux fans venues de Poitiers
Qu’est ce qui vous attire quand vous écoutez Fauve ?
C’est différent, ça fait du bien ! Ce n’est pas le genre de musique que l’on entend actuellement à la radio, c’est une musique moderne, qui n’est pas prise de tête. On peut facilement s’approprier les textes. À la première écoute on est attentif aux paroles et ensuite, on se lâche.
Qui écoutent Fauve autour de vous ?
C’est très partagé, autour de moi mes amis disent : « Fauve c’est le meilleur artiste que j’ai découvert en 2013 ! » (Petit tacle à Stromae !)
Avez-vous apprécié ce concert ?
Les artistes sont très présents sur scène, ils se donnaient à fond. La salle a mis un peu de temps à répondre, mais à la fin, on était en totale transe !
Un petit mot pour Fauve ?
Ne changez rien, faites ce qu’il vous plaît ! On attend très impatiemment leur prochain album ! L’anonymat on trouve ça génial. Ca change. Le public aura la curiosité de venir les voir sur scène.
FAUVE en concert au Bataclan à Paris en mars (du 4 au 8), avril (du 8 au 12) et mai (13 au 17) prochains et en tournée dans toute la France
Festivals cet été : Nuits de Fourvière à Lyon, Garorock à Marmande, Beauregard à Hérouville St Clair, Musilac à Aix-les-Bains, Francofolies de la Rochelle, Les Vieilles Charrues à Carhaix et Carcassonne
4 réflexions sur « Musique : Interview de FAUVE ≠, le collectif met l’ambiance des soirs de concerts parisiens… à Niort. Un groupe unique en son genre ! »