Je suis la Montagne vous a, comme nous, définitivement mis l’eau à la bouche ? Très bonne nouvelle : la bande-son de votre rentrée est à porter d’oreilles ! Le Monde Möö va vous envoyer valdinguer dans une autre dimension, entre rêveries adolescentes, yeux dans les nuages, grands espaces et amours irraisonnées.
Avec ce premier album, le jeune groupe Moodoid dévoile son électro-pop aérée, aérienne, psyché, métissée, qui touche les cimes, donne de la grâce aux petits détails et nous fait définitivement devenir meilleur. Avec La Lune, Yes & You, et tous les autres titres de cet album aux multiples inventions et influences, le big smile est contagieux.
Rencontré dans les coulisses de l’édition 2014 du Festival Fnac Live, le leader du groupe, Pablo Padovani, revient sur l’année de folie avec les premières parties du groupe Phoenix, le buzz, les bons papiers de The Gardian et des Inrokuptibles, les influences, Gong, MGMT…
INTERVIEW Moodoïd
United States of Paris : Est-ce que le buzz qui entoure Moodoïd est source de stress, d’euphorie ?
Pablo Padovani : Je suis à la fois surexcité et euphorique. La sortie du clip La Montagne, ça a été beaucoup de joie. Ça faisait un an que je bossais sur le projet et d’un coup beaucoup de monde voit nos vidéos, le public vient à nos concerts…
La pression ne vient pas tant du buzz, car nous sommes un groupe de musique indé.
En fait, tout ça implique une ligne droite non stop, avec toujours de nouvelles étapes à franchir, des dates importantes, des événements médiatisés… Ça demande une énorme concentration et tu n’as le temps de te poser de question. On a sorti l’EP sans prévoir de sortir un album. Et puis il a fallu en faire un, je l’ai écrit très vite et enregistré en 3 semaines et mixé en 3 semaines.
Je n’ai pas pris de vacances depuis un moment. Mais c’est excitant. Quand ça va s’arrêter, après la tournée du disque, donc dans un an, je prendrai certainement 1 mois de vacances.
Ce n’est pas un peu angoissant de se dire que tout est programmé pour un an ?
Ça correspond assez bien à ma façon de vivre et à ma personnalité. Avant la sortie de l’EP, j’étais en tournée avec Melody’s Echo Chamber depuis un an et demi. Donc, ça fait deux ans et demi que je joue non stop.
Je n’arrive pas à faire autrement. Je prépare déjà mon prochain disque que j’écris ce mois d’août. Ça fait 8 mois que je suis sur le premier album que je l’écoute tous les jours, je suis noyé. Le moyen de m’en sortir c’est qu’il sorte et que je puisse penser à autre chose. Mais je profite bien de ma vie !
Un commentaire sur ta musique t’a touché ?
Quand l’EP est sorti, on a eu beaucoup de papiers. Du plus petit blog étudiant à The Guardian, NME, Le Monde, Les Inrocks… La presse a été très favorable. C’est génial.
Mais c’est aussi une presse très curieuse, qui se demande où ça va aller ? Que va-t-il se passer après ?
Il me tarde que la presse puisse vraiment parler de l’album après cette petite introduction à notre univers. C’est pour cela que je l’ai appelé Le Monde Möö, vous allez entrer dans ce monde…
Un adjectif qui qualifie le mieux l’univers Moodoïd ?
Le nom déjà et ce qu’il veut dire c’est de l’émotion bizarre. Toutes les chansons que j’ai écrites sont en rapport à des émotions que j’ai eues. Notre musique est libre, il n’y a aucun code, c’est un peu sans foi ni loi. Et j’exerce cela avec une totale liberté, sans contrainte et avec beaucoup d’amusement. Je pourrais qualifier cela de rock progressif naïf.
Comment a été conçu le titre culte La Montagne ?
Les chansons ont toutes été écrites dans un rapport immédiat. Et je me rappelle très bien de la situation dans laquelle j’étais pour ce titre, à chaque fois que je la chante. J’étais dans les Alpes, en pleine montagne, on m’a mis une guitare dans les mains, j’étais en train de tomber amoureux d’une fille. Un contexte fou. J’ai pris ma guitare et j’ai chanté ça tout de suite.
Ensuite, je suis allé dans un magasin d’occasion à Genève et j’ai essayé une autre guitare, ça a été une révélation. J’ai pris un papier et j’ai noté tout ce que je voulais : type de guitare, effet sur la voix, précision sur la basse et la batterie. J’ai commencé à composer un répertoire avec dans l’idée qu’une fois rentré à Paris, j’enregistrerai tout ça.
Et c’est ce que j’ai fait dès le lendemain de mon retour, alors que je n’avais pas encore de label.
Avec quelles musiques as-tu été bercé jeune ?
Les Beatles, Boby Lapointe, Brassens. Beaucoup de jazz grâce à mon père – Jean-Marc Padovani, saxophoniste de jazz – : Miles Davis… Je les ai beaucoup écoutés, parfois malgré moi. Après, plus naturellement, j’ai été attiré par le rock avec The White Stripes : une révélation ! C’était le retour du rock. J’avais 14 ans et j’étais dans ma maison de campagne dans le Lot, à écouter la radio le soir pour entendre la chanson, qui passait le plus souvent à minuit.
Ce mélange de spontanéité et folie du rock et la générosité dans le jazz a conduit à Moodoïd.
Est-ce que la carrière de ton père a influencé ta musique ?
A la base, je me destinais à la réalisation, j’ai fait des études de cinéma, j’ai fait des clips. J’avais toujours mon activité musicale à côté, car j’en avais besoin.
J’étais autodidacte. Donc avec mon père, il n’y a pas eu de grands conseils au sujet de mon apprentissage de la musique…
Ce que je retiens c’est son travail avec les musiques du monde, il a fait des disques mélangeant jazz et musiques traditionnelles (Cambodge, Algérie, Afrique…) et je me suis retrouvé dans cet état d’esprit musical qui est ancré en moi.
La musique est un partage que l’on fait ensemble et qui permet de se découvrir en faisant des concerts.
Quelles sont les influences qui marquent ce premier album ?
Moodoïd c’est un peu une ode à la création en tout genre. Je réalise aussi à côté, et ce projet est l’occasion de faire des images et créer un monde et un petit moment de rêve sur scène aussi avec les costumes. Comme dans un univers de conte.
Les influences sont donc aussi bien la peinture, le mouvement surréaliste, que la littérature, le cinéma… mais aussi du rock progressif comme Gong. J’aime la musique qui prend du temps, qui est lente… Mais il y a aussi des groupes plus rock.
Est-ce qu’on te parle souvent de MGMT ?
Bien sûr ! Et je suis absolument fan. Et en général, la scène indépendante de Brooklyn avec MGMT, Dirty Projectors… c’est la vague dans laquelle je me reconnais. Sans doute parce qu’elle correspond à ma génération musicale.
Comment s’est fait la rencontre avec ces 4 partenaires de scène ?
Ce sont des coups de cœur à chaque fois. Je les connaissais toutes dans des contextes différents : bouche à oreille entre copains musiciens, j’en ai rencontrée une dans une fête, une autre avec qui j’ai joué dans un précédent groupe, une autre que j’ai trouvée sur un site de rencontres de musiciens…
A Paris, c’est assez difficile de trouver des musiciennes, car soit elles sont très prises, soit elles se consacrent à leurs projets personnels. Et j’ai mis du temps à les trouver.
Ce qui est dingue c’est que toutes les filles du groupe ne jouent pas de leur instrument d’origine. La bassiste est contrebassiste à la base, la batteuse est percussionniste de musique contemporaine, la clavier faisait de la guitare classique.
Moodoid c’est quelque chose de totalement inédit pour nous tous. On apprend tous ensemble et en direct. Chaque étape est une phase d’apprentissage.
On travaille beaucoup ensemble, en répét et on vient en plus d’intégrer tout récemment une nouvelle musicienne, Maud Nadal – son premier concert avec le groupe était au Fnac Live 2014.
Il y a déjà des dates de concerts importantes pour Moodoid ?
La première date qui a suivi la diffusion du clip La Montagne au mois d’août, l’année dernière avec le concert au Trabendo. On ne s’attendait pas du tout à un pareil accueil pour le clip. Je me souviens que j’étais off et j’ai vu mon téléphone se charger de notifications indiquant des milliers de vues pour le clip.
Et donc on arrive dans un Trabendo bourré à craquer avec des ballons partout. Ce concert était magique. On avait juste travaillé 2 mois ensemble. Et le public nous attendait, attentif et curieux de ce que nous étions.
Après, il y a eu Phoenix et la première partie au Palais des Sports. Être en loge avec le groupe Air, Sébastien Tellier, c’est assez fou.
En parallèle, je voulais avoir une vraie expérience de scène. On a donc joué dans un squat à Genève, une péniche à Lyon, au El Chicho, salle minuscule à Bordeaux… Ces petites dates nous ont permis de nous roder, d’aller à la conquête d’autres publics aussi et de créer le liant entre nous tous.
Il y a eu aussi Montréal. On a joué pendant une tempête de pluie. Il y avait 50 irréductibles devant nous, qui dansaient torses nus… Et toi en face, tu dois tout donner.
Au Fnac Live, on a joué à 40° degrés sans voir les pédales de guitare à cause du soleil… Les choses se font au hasard. Les gens passent, les bus aussi.
C’était donc une année de jonglage entre petites et grandes dates (Transmusicales de Rennes, We love Green Festival), à foirer des choses et à en améliorer d’autres.
En sortant de scène, on n’a jamais le même sentiment, car chaque date est vraiment unique.
Sortie du premier album de Moodoïd, Le Monde Möö, le 18 août 2014
Label Entreprise – Sony A+LSO