C’est le boss depuis les années 60’s.
Qu’on l’aime ou non, Johnny Hallyday reste l’un des piliers du rock français.
Ce 17 novembre sort, On a tous quelque chose de Johnny, l’album de reprises de 16 de ses standards. Artistes incontournables ou nouveaux venus sur la scène musicale, chacun a abordé avec humilité sa reprise du maître du rock.
Certains vont certainement crier à la récup, voir à l’ignominie musicale ! Lisez ces lignes avant de hurler.
On a tous quelque chose de Johnny : notre avis
Un “Tribute” n’est pas toujours de bon augure pour les oreilles.
Mais là niveau musical, c’est du lourd. Normal, c’est Yarol Poupaud qui a fait tous les arrangements de l’album (à part celle de Calogero). Son travail est ciselé sur quasiment tous les titres, proche des univers des chanteurs. On sent vraiment l’envie d’une cohérence artistique. On sent aussi l’énergie de l’enregistrement live.
Johnny lui-même pourrait poser sa voix sur les versions instrumentales de ces 16 titres.
On pourra éventuellement discuter de certaines interprétations qui ne nous ont pas toutes convaincues. En effet, il peut être dur de marcher dans les pas de Johnny…
Les patrons, ceux qui ne tremblent pas
Il n’y a que peu de noms à mettre dans cette catégorie.
On commencera par Garou. Sa version de Ma Gueule est très proche de l’originale. On y retrouve la puissance de Garou, un grain de voix proche de Johnny et une émotion à la hauteur de la chanson. L’ami québécois a l’organe pour cette reprise. sans prise de risque.
Nolwenn Leroy tire aussi son épingle du jeu avec sa version de
Quelque chose de Tennessee. On aime son charme et son émotion dans l’interprétation. Une très belle version.
On mettra Que je t’aime d’Amel Bent dans cette catégorie, mais elle devrait avoir un place un peu à part.
Comme on l’a dit : difficile de concurrencer le patron. Malgré tout Amel Bent s’en sort plus qu’honorablement.
Si le début de sa reprise est un peu en dessous, elle arrive à nous emporter sur la fin. Sa voix est assez puissante pour rivaliser avec le boss, son interprétation empreinte d’émotion.
Les vraies surprises
Ce sont les artistes juniors qui osent. Même si certains anciens nous ont aussi surpris, voir cueillis.
Avec Louane et La musique que j’aime, on se propulse dans une vraie ballade blues. On embarque dans une bagnole pour fendre les grands espaces US. Elle ne tombe pas dans les pièges de la chanson.
C’est d’ailleurs la seule à n’avoir faire qu’une seule prise à l’enregistrement. Chapeau.
Ce qui nous a surpris avec la version de Slimane, c’est que peu de journalistes présents à l’écoute ont reconnu sa voix.
Preuve que sa version de Marie est bien loin de l’image consensuelle que peut laisser un gagnant de The Voice. Sa voix très expressive nous a surpris.
Place au benjamin de l’album : Lisandro Cuxi et son Noir c’est noir. Ce que l’on aime dans cette interprétation, c’est le côté frais et nonchalant. La fougue de la jeunesse en somme.
On plonge dans un autre style avec Patrick Bruel. Il nous cueille avec J’ai oublié de vivre. A tel point qu’on aurait aimé lui poser la question suivante en interview : “Avec une telle émotion dans la voix, que dit cette chanson de vous ?”
On finit cette partie avec la reprise énergique du titre Les Coups by Marco Prince et FFF. On y retrouve une rage urbaine dans un arrangement hyper rock. Les cuivres sont très présents. Ça balance du groove avec énergie, très rythmée. Un des gros kiff de cet album.
Ceux qui sont passés un peu à côté
Tout d’abord Florent Pagny, qui même s’il fait le job, livre un Requiem pour un fou propre, puissant mais sans âme, sans réelle folie. Pourtant, il parait qu’il est sorti rincé de sa cession d’enregistrement.
De son côté, Kendji Girac pêche un peu par son manque de puissance vocale, de coffre. L’envie n’est pas l’une des plus faciles à chanter sans se faire comparer à Johnny.
Le Pénitencier de Gauvain Sers ne nous convainc pas forcément non plus. L’arrangement est un trop “horse road movie” à notre goût, vraiment trop folk pur. Cela donne un ton très décalé au titre.
Sur Tes tendres années, Raphaël est en mode Raphaël. C’est pas mal produit, mais on ne sent pas de réel frisson, de conviction dans la voix.
Et malgré tout certains arrivent à transporter Johnny dans leur univers.
Johnny Hallyday VS un univers musical
Car oui, tout comme Raphaël fait du Raphaël, Benjamin Biolay fait lui aussi du Biolay.
Mais le dandy lyonnais semble le faire avec plus d’envie. Mais surtout avec plus d’émotion. L’orchestration très 70’s de Retiens la nuit, survolée par l’orgue style hammond, s’unit parfaitement à la voix retenue et rocailleuse de Biolay.
Dans un autre style, Gaëtan Roussel transporte lui aussi Je te promets dans son monde. Cette ballade plutôt douce devient alors plus rugueuse. Et d’un coup, la voix du leader de Louise Attaque apporte sa propre transe à ce tube.
On a accroché de suite à l’univers festif que Thomas Dutronc propose sur Gabrielle. D’ailleurs, c’est durant l’enregistrement qu’il a découvert le second degré du texte, en ayant les paroles sous les yeux. Et ce nouvel éclairage ce ressent dans l’interprétation : fraiche, légère et totalement folk-rock avec une guitare bien présente comme on aime pour ce morceau.
Reste maintenant l’OVNI de ce tribute : Calogero.
Car s’il y a bien un artiste qui possède son univers, c’est bien lui.
Ce n’est pas pour rien que “Calo” est le seul à avoir pu faire sa propre orchestration. Alors c’est vrai que Elle m’oublie est totalement transfigurée à la mode Calogéro. C’est aérien, doux, exquis mais un poil décalé par rapport à la cohérence musicale de l’album.
En somme pas de gros gadin sur cet album hommage à Johnny Hallyday, juste des versions un peu en dessous pour les moins bonnes et d’autres très surprenantes à l’opposé.
Un album qui réconciliera donc les amateurs de Tribute (et de musique) qui pouvaient être déçus des dernières sorties dans les bacs.
Pour en savoir plus sur le projet, notre interview croisée à lire ici.
On a tous quelque chose de Johnny
album disponible à partir du 17 novembre 2017
Avec la participation de : Kendji Girac, Slimane, Garou, Benjamin Biolay, Louane, thomas Dutronc, Lisandro Cuxi, Patrick Bruel, Gauvain Sers, Florent Pagny, FFF, Amel Bent, Gaëtan Roussel, Nolwenn Leroy, Raphael, Calogero