Le gros diamant du Prince Ludwig : humour hors norme au Palace

Le gros diamant du Prince Ludwig, une grosse prod avec décors, costumes, effets spéciaux, cascades, musique en live.
La dernière création des Faux British, Molière 2018 de la meilleure comédie, revient cet été au Théâtre Le Palace.
Attention : c’est absolument immanquable, jubilatoire et inventif.

L’Amérique des années 50,  un fond d’histoire de gangsters mais où tous les protagonistes sont de véritables bras-cassés. Une histoire d’amour bancale entre un pickpocket et une jeune fille vénale dont  le père, banquier,  est un retord…
Et surtout des mouettes facétieuses…
C’est la bonne et jouissive trame de la pièce Le gros diamant du Prince Ludwig.

le gros diamant du prince ludwig
Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Inventif à souhait !

La pièce débute par un dialogue désopilant avec comique de répétition mais qui fait craindre la suite. Un peu trop insistant…
Mais tout est affaire d’écriture, de rythme et de connivence avec le spectateur.
L
es Faux British prennent le temps d’installer leurs personnages et l’intrigue avant de nous en envoyer plein les yeux.
Ce léger temps mou de la pièce, le premier quart d’heure, peut dérouter le spectateur mais est vraiment important pour la suite de la pièce. Chaque petit instant de vie des personnages sera utile pour des situations à venir…

Du grand spectacle !
Cette pièce est physique. La plupart des interprètes changent de rôles, de costumes d’une scène à une autre. Il y a des cascades sur un lit, dans les airs. Les portes claquent, les mal-entendus s’étendent en des quiproquos  savoureux d’humour et d’énergie.
L’univers du cinéma américain des années 50’s (évasion, montage d’un vol, histoires d’amour, amant dans le placard, braquage…) servent à merveille cette géniale parodie.
La mise en scène est inventive réservant de géniales trouvailles et des running gags poilants.
La séquence du bureau fait preuve d’une inventivité visuelle réellement scotchante. Et désopilante !
Mention spéciale pour la bande-son jouée live avec chansons 100% originales. 

le gros diamant du prince ludwig
Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Un casting parfait ! 

Aucun personnage ne sort du lot au  détriment d’un autre. Que ce soit le pauvre stagiaire de 60 ans ou le taulard à blouson noir, la jeune première et ses prétendants, le pickpocket amoureux aussi touchant que naïf mais toujours  capable de se faire passer pour un autre, presque comme un caméléon. Sans oublier la mère attentionnée mais aussi délurée ou le complice à la grosse case en moins.  

C’est fougueux de bout en bout.
Et c’est tellement rare pour ne pas courir voir ce spectacle !

Le gros diamant du prince ludwig

Le gros diamant  du Prince Ludwig

de Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields
mise en scène : Gwen Aduh

adaptation française : Miren Pradier et Gwen Aduh

à partir du 19 juillet 2018

du jeudi au samedi à 20h

@ Le Palace
8, rue du Faubourg Montmartre
75009 PARIS

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Terabak de Kyiv : folie ukrainienne aux Nuits de Fourvière #concours

Le cabaret Terabak de Kyiv va virevolter avec des personnalités hautes en couleurs : les Dakh Daughters.
Coup de cœur des blogueurs partenaires des Nuits de Fourvière, le spectacle conçu par Stéphane Ricordel va offrir deux très belles soirées festives, piquantes fantaisistes dans le Théâtre Antique de Lyon.

terabak

Terabak, de Kiev à Lyon

Les Nuits de Fourvière n’en finissent pas d’échanger avec les cultures étrangères, d’inviter à des dialogues inédits, conviviaux et tout simplement beaux.
Cette fois c’est du côté de l’Ukraine que la surprise va se produire deux soirs de suite en plein juillet pour le ravissement des festivaliers. Terabak embarque avec chanteuses et musiciennes, artistes voltigeurs et comédiens pour un cabaret 100 % original.

terabak

Les Dakh Daughters, grimées et fantasques à outrance, vont souffler un vent venu de l’Est aussi trépident que jouissif.

En guise de mise en bouche, il faudra compter avec l’excellent David Dimitri qui revient après un plein succès la saison dernière. Il aime prendre de la hauteur sur un fil. Forcément spectaculaire et poétique.

TERABAK de KYIV
de Stéphane Ricordel et Dakh Daughters

avec la traversée funambule de David Dimitri

au festival Les Nuits de Fourvière, Lyon

les jeudi 12 et vendredi 13 juillet à 21h

au Grand Théâtre
17 Rue Cléberg
69005 Lyon

CONCOURS

Nous vous offrons des invitations pour 2 pour passer une soirée inspirante et trépidante le vendredi 13 juillet à 21h.

Pour participer au tirage au sort, il suffit de remplir le formulaire en ligne.

Concours Terabak de Kyiv NDF 2018
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Plus de jeux concours

Concours Gratuits

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Trahisons à Avignon Off 2018 : l’amour et ses réminiscences

La complexité des liens rapprochant les hommes et les femmes reste pour le théâtre une source inépuisable d’inspiration. Deux hommes, une femme et l’amour. Avec Trahisons, Harold Pinter reprend les codes ayant fait le succès du vaudeville en y incorporant sa vision moderne, mouvementée et éclairée sur le sujet.
À travers la mémoire d’un trio amoureux, assistez au Théâtre Buffon à un surprenant voyage où chaque protagoniste compose sa propre vérité entre confessions, cachotteries et duperies…

Trahisons

Deux anciens amants se retrouvent. Deux ans se sont écoulés depuis leur séparation. La douceur des regards retrouvés contraste avec une nervosité ressentie. Passés les effluves réconfortants de la nostalgie, Emma prévient Jerry que son mari est au courant de leur liaison passée.

Mais il se trouve que Robert, le mari, est aussi le meilleur ami de Jerry.

Intrigués, nous voulons en connaître davantage sur ces vies entremêlées. Ainsi, une remontée dans le temps par étapes successives allant jusqu’à l’origine de cette relation triangulaire se met en place. Elle nous permet d’établir les liens entre ces personnages allant se croiser, s’aimer, se trahir ou se quitter…

Trahisons

Une interprétation juste

D’abord Yannick Laurent, jouant un amant attachant et tourmenté, pris au piège entre son amour pour Emma et son amitié pour Robert. Il est tellement préoccupé par l’impact de la révélation de l’adultère sur sa vie qu’il est incapable de voir ce qui se passe autour de lui.

Ensuite, en mari et ami bafoué, François Feroleto excelle… Personnage introverti et tout en retenue, nous devinons pourtant ses blessures. À travers son attitude, ses mimiques et surtout son regard, nous ressentons bien la fragilité de l’homme, impuissant, n’ayant d’autre choix que d’accepter une situation lui échappant.

Enfin, comme vous l’aurez deviné, Gaëlle Billaut-Danno est la femme. À la lumière du temps remonté, nous découvrons avec délicatesse sa quête de liberté et d’autonomie. Personnage mutin et ambivalent, elle incarne à merveille l’objet de tous les désirs mais également de toutes les incompréhensions des hommes.

Finalement, ce qui ressort indubitablement, c’est l’amour et l’attachement des personnages les uns pour les autres malgré l’issue ne pouvant être que fatale. D’où le choix judicieux de Harold Pinter de débuter par la fin d’une histoire dont la suite est impossible…

Pour conclure, une pièce à découvrir absolument !

Bonus : La transition des décors est orchestrée par un garçon espiègle, Vincent Arfa, dont le style apporte une agréable légèreté.

by Jean-Philippe

Trahisons

De Harold Pinter
Mise en scène : Christophe Gand
Avec Gaelle Billaut-Danno, François Feroleto, Yannick Laurent
et Vincent Arfa

à Avignon Off 2018

du 6 au 29 juillet à 19h55

au Théâtre Buffon
18, rue Buffon
84000 AVIGNON
Tel. 04 90 27 36 89

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Sauver le monde (ou les apparences) : romance musicale virevoltante

L’amour est le sujet inépuisable de la douce folie créatrice de Pierre Lericq. Cette fois, il a décidé de sauver l’humanité à travers l’épopée cycliste de Bernard et Jeannine, un couple héroïque né à Ouessant.
Jeu de mots, chants passionnés, sauts de cabri et euphorie à l’affiche d’Avignon Off 2018.

Sauver le monde

Sauver le monde : #foliedouce 

Pierre Lericq, auteur prolixe à la tête d’une institution scénique : Les Épis Noirs, change exceptionnellement de partenaire de jeu après la reprise d’un succès Flon-Flon et Romance sauvage.
Il a préféré cette fois Marie Réache à Manon Anderson. Mais cette dernière n’est pas loin, en signant la mise en scène. 

Sur scène se joue une comédie tragique, une tragédie drôle, un va-et-vient incessant de chants, incarnations et apartés. 

Car Pierre et Marie interprètent plusieurs personnages à eux seuls.
Avec peu d’accessoires, un cadre lumineux, une mèche de cheveux rabattue ou un accent italien volontairement approximatif, les personnages virevoltent, vibrent, aiment, complotent, s’égarent…

C’est intense comme toujours avec Pierre Lericq, c’est faussement naïf quand il est question de chanter l’amour.
C’est beau tout simplement car universel, essentiel.

Sauver le monde (ou les apparences) nous emporte par les brins de poésie, la jeunesse des cœurs, l’humour décalé, le charme de ses excellents comédiens-chanteurs. 

Sauver le monde (ou les apparences)

De Pierre Lericq
Mise en scène : Manon Anderson
Avec Marie Réache et Pierre Lericq

à Avignon Off 2018

du 6 au 26 juillet 2018 à 18h10
(relâche 9 et 16 juillet)

au Théâtre Buffon
18, rue Buffon
84000 AVIGNON
Tel. 04 90 27 36 89

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Manon Lepomme impose sa décapante énergie au Palais des Glaces

L’actualité et la routine, une certaine morosité semble peu à peu nous envahir. L’idéal serait de rencontrer une personne dynamique et pleine de vie pour nous redonner le sourire.
Ça tombe plutôt bien, Manon Lepomme pose ses valises en France avec Non, je n’irai pas chez le psy ! Grâce à son one-woman-show, elle a trouvé un substitut réconfortant à la thérapie.
Au Palais des Glaces à Paris et en tournée, elle fait fi d’absolument tout avec un humour franc, direct, parfois provoquant, mais toujours efficace !

Manon lepomme

Il y a deux ans, Manon plaque tout. Après trois pénibles années passées à enseigner l’anglais à des ados fatigués et fatigants, elle décide de réaliser son rêve en devenant comédienne et humoriste.

Lorsqu’elle entre sur scène, il ne vous faut pas plus d’une minute pour cerner le personnage. Un incroyable tonus, un caractère bien trempé, un débit verbal impressionnant : pas de doute, elle est entière !

À partir du moment où elle se met à nous raconter les délicieux petits riens de sa vie quotidienne, le temps défile à toute allure. Les anecdotes sur son passé de prof sont hautes en couleurs. Visiblement, ça devait filer droit en cours ! D’ailleurs, son compagnon Benoît pourrait le confirmer. À en juger le récit épique de leur relation, c’est un garçon soit courageux, soit très amoureux !

Manon aime également interagir avec le public. En étant tantôt charmeuse, tantôt despote, elle mène la danse comme bon lui semble et gare à celui qui lui fait une réflexion sur sa prétendue gourmandise !

Par moments, derrière sa spontanéité et sa répartie, nous captons la sensibilité allant au-delà du rire. Alors, l’humoriste devient attachante et attendrissante.

Pour conclure, nous vous invitons à découvrir rapidement Manon Lepomme, un fruit qui se laisse délicieusement croquer !

by Jean-Philippe 

Manon Lepomme


Non, je n’irai pas chez le psy !

De : Manon Lepomme et Marc Andreini
Avec : Manon Lepomme
Metteur en scène : Mathieu Debaty

au Palais des Glaces
37 Rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
tel. 01 42 02 27 17

tous les mardis et mercredis à 20h

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Condamnée à Avignon Off : interprétation libérée de Victor Hugo

Roman écrit il y a presque 200 ans, lu à mes 15 ans, adapté au théâtre à mes 30 ans (et plus si affinité). La vie est une question de temps et c’est ce que nous rappelle Condamnée cette adaptation du Dernier jour d’un condamné à l’affiche du Théâtre des Italiens à Avignon off 2018.

Le temps ? Le personnage n’en possède plus beaucoup seul dans son cachot. Juste quelques heures avant son exécution afin de retracer son parcours depuis son procès.

Nous ne connaissons pas la raison de cette condamnation, ni la vie de cette personne. Ici est tout l’intérêt. Ne pas s’attacher à une histoire, une entité mais à un être humain, comme vous et les autres.

Si l’issue est inévitable, tout le parcours pour y accéder est intenable. Le personnage oscille entre tous les sentiments possibles, de l’espoir de s’en sortir à la résignation, de la réalité à la folie, de la fragilité à la révolte…

«La prison m’enferme entre ses murailles de granit, me cadenasse sous ses serrures de fer et me surveille avec ses yeux de geôlier. »

Betty Pelissou nous livre ici une interprétation épurée mais tellement puissante et poignante qu’il nous faut parfois détourner le regard afin de ne pas être submergé par l’intense flot émotionnel ressenti. Son corps, son âme, ses tripes, tout y est sur le fil du rasoir et dans un tel éclat que le chemin de la vie menant à la mort serait presque bordé de lumière…

Cette plaidoirie magnifiquement mise en scène par Vincent Marbeau est malheureusement toujours d’actualité… Cependant, il faut continuer à se battre pour la dignité humaine et, rappelons-nous ces paroles de Victor Hugo : « Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper. »

by Jean-Philippe 

Condamnée

adaptation du roman Le Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo
Comédienne : Betty Pelissou
Metteur en scène : Vincent Marbeau

Avignon Off 2018

du vendredi 6 au dimanche 29 juillet à 11h30
relâche les mercredi 11, 18 et 25 juillet

Au Théâtre des Italiens
82 bis, rue du rempart Saint-Lazare
84000 Avignon

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Les feuilles de blettes à Avignon Off 2018 : tendres à souhait !

Chaque endroit dans lequel nous avons vécu porte en lui l’intensité de qui nous sommes aujourd’hui. Certains auront eu besoin de le fuir, d’autres de s’y réfugier. Mais il arrive parfois que tout le monde finisse par s’y retrouver. Les feuilles de blettes, c’est lorsqu’une mère et son fils vivent ensemble leurs derniers instants dans l’appartement familial. Passé, présent et futur s’entrechoquent au Théâtre des Italiens à Avignon dans une pièce à l’ombre lumineuse, à la fois vive et douce.

Beyrouth. Un homme et une femme autour d’une table. L’ambiance est assez lourde, du genre de celle qui précède un grand bouleversement. La parole est là. Discrète. Mais seulement à demi-mot, teintée de pudeur et de sous-entendus. Nous comprenons alors que le jeune homme est venu aider sa mère, contrainte de quitter son domicile.

photo de Grégory Tiziano

Pendant l’élaboration du dîner, les souvenirs resurgissent. Les beaux, mais aussi les maux, sortent de chacun. Cependant, le but est de comprendre et d’affronter enfin les démons du passé pour avancer. Les histoires s’enchaînent avec beaucoup d’humour, quelques larmes, des incompréhensions et finalement une complicité retrouvée autour de recettes de cuisine, lien rassurant du présent. Les sentiments s’apaisent et l’esprit s’allège pour un nouvel ailleurs…

Si le texte n’est pas toujours d’un abord évident, il n’en reste pas moins délicieux. En effet, il s’en dégage une incroyable poésie servant de baume à des cœurs usés… Parmi eux, Sonia Morgavi est une mère fragile et touchante. Elle chante et enchante de sa voix suave et rassurante tandis que Vincent Marbeau incarne un fils tiraillé dont la colère intérieure l’empêche de vivre pleinement.

Ainsi, ils portent véritablement la pièce grâce au charisme et à l’émotion dont ils font preuve. À eux deux, ils incarnent toutes les difficultés de nos vies : la solitude, les désillusions de l’enfance, le manque de lien mais également l’incapacité à dialoguer ou le poids des non-dits.

Cette pièce sert à faire le bilan de deux vies entremêlées et ne peut s’empêcher, avec délicatesse, de faire écho à nos histoires, elles aussi entre ombre et lumière…

by Jean-Philippe

Les feuilles de blettes

De : Mazen Haïdar
Avec : Vincent Marbeau, Sonia Morgavi
Mise en scène : Vincent Marbeau, assisté de Florent Nemmouchi

Avignon Off 2018

Du vendredi 6 au dimanche 29 juillet
tous les jours à 16 heures. Relâche le mercredi.

Du même metteur en scène, au même théâtre, les mêmes jours mais à 11h30, prenez le temps de découvrir l’intense et excellent Condamnée !

Au Théâtre des Italiens
82 bis, rue du rempart Saint-Lazare
84000 Avignon

Tél. : 07 81 40 04 66
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Océan et ses Chatons Violents : sniper au coeur tendre @ Théâtre Lepic

Océan n’en finit pas de nous sidérer avec Chatons Violents qu’il reprend au Théâtre Lepic à Paris, tous les samedis. Attention, ce spectacle est grinçant.

Ça commence plutôt mal. Une prise de bec domestique. Un couple qui s’en envoie à travers le nez. Reproches, on répète ce que l’on a déjà dit (la veille, la semaine dernière, le mois dernier), reproches à nouveau et tentative de redresser la barre juste avant de claquer la porte pour filer au boulot.

On se dit que la détestation de l’autre et la phase chagrin d’amour risquent d’être longues après une telle hystérie.
Le décor planté, Océan peut laisser aller sa pleine fantaisie, ses coups de crocs à tire larigot et nous attirer vers un tout autre récit que celui que l’on prédisait au cours de ces toutes premières minutes de spectacle.

chatons violents

Bêtes à poil, Marseille et BBB

Après Paris et la partie loufoque autour de deux bêtes à poil pas si attachantes que ça mais drôlement désopilantes – au passage notre humoriste, également chanteur aurait très bien pu jouer dans Cats le musical, son imitation du chat est assez digne – notre gars et son meilleur pote, Jérôme, filent à Marseille, histoire de changer de cadre.
Mais la carte postale qu’il nous envoie de cette ville n’est pas aussi idyllique qu’on ne le pensait. Exit le Mucem (elle s’en fout totalement, aucune mention), exit la bonne bouffe (ça n’a pas l’air non plus d’être son trip).
Non, il préfère nous parler de leurs déconvenues, des Corses et tirer le portrait d’une cagole pur cru. La métamorphose est troublante de réalisme. Un Molière serait mérité.

Après la cité phocéenne, place à la ville de proche banlieue parisienne, paradis des BBB (“Bons Blancs Bobos”) et de leurs bambins. Ça respire “la mixité sociale”, l’échange, la compréhension.
Toutefois, Océan est embusqué. Il guète. Et en snipeur du rire, il dégomme à tout va les comportements les plus aberrants qu’il puisse croiser. La bonne conscience dégommée, l’affirmation de laïcité démontée, l’ascension sociale incroyablement exclusive éradiquée, sans parler des clôtures en bambous. Ça fait rudement mal pour celui qui se reçoit les salves mais c’est un défoulement incroyable pour le public. La subtilité n’est pas toujours son fort, c’est coriace et il attaque frontalement. Il a le don de balancer des vérités aussi gentiment qu’un pitbull à l’approche de votre jambe.

Chatons violents et autres jubilations

Et quid des petits chatons violents du titre du spectacle, dans ce délirant bordel ? Crakinette et Froustinette ne sont que les prétextes à cette violence sourde qui nous entoure, nous saute aux oreilles grâce au regard acéré et incroyablement vif d’Océane.
Mais ne croyez pas qu’il aboie pendant 1h15 de spectacle. Son sourire complice, ses retournements et même son autocritique font de cet mec-là un délicate caricaturiste du XXIe siècle. A défaut de crayon, c’est sa verve qui mène la danse. On jubile !

Chatons Violents
un spectacle de et avec Océan

Mise en scène : Mikaël Chirinian

au Théâtre Lepic
1 avenue Junot
75018 PARIS
Réservations : 01 42 54 15 12

à partir du 15 décembre 2018 

les samedis à 17h30

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Penser qu’on ne pense à rien c’est déjà penser à quelque chose : subtile espièglerie

Quel sens donnons-nous aux conversations que nous avons avec autrui ? À force d’avoir été utilisées, ne sont-elles pas déjà éculées ? Voici la réflexion de deux cousins tenant un drôle de commerce.
En se trompant de destination, une jeune femme entre. Débute alors un voyage inopiné en Absurdie où les certitudes de chacun se retrouvent ébranlées. Penser qu’on ne pense à rien c’est déjà penser à quelque chose au Théâtre des Béliers à Avignon Off 2018 est une petite pépite, élégante et sagace sur notre monde.

Penser qu on ne pense a rien

Paulbert, bougon susceptible, et Gérard, débonnaire, sont en pleine répétition dans leur boutique quasiment désaffectée. Quatre chaises défraîchies se battent autour d’une verrière à l’aspect décrépit.

C’est en plein milieu de cet échange capital qu’arrive Barbara. Elle cherche du vin. Nos deux compères lui expliquent alors qu’ils ne vendent ici que des discussions originales. Ils pensent que tout a déjà été dit et ne comprennent pas la vacuité des conversations dont nous sommes les initiateurs. Barbara s’interroge, perplexe.

Alors, un échange spontané et paradoxal s’engage entre les trois protagonistes aux visions différentes. Une joute verbale des plus stimulantes s’amorce ainsi autour du temps qui passe, des notions de passé, présent et futur. Chacun campe sur ses positions avec une argumentation aussi farfelue que plausible.

Pour Barbara, l’ennui est quelque chose d’essentiel pour vivre plus intensément chaque moment. Gérard essaie alors cette méthode qui sera pour lui une révélation ! Il arrive même à résoudre des énigmes historiques comme le secret de la Joconde ou la vie de Jésus…

L’enchaînement est pudique, aérien et possède quelque chose de feutré. Nous rions souvent des situations malgré le côté grave de certains aspects. Les personnages nous surprennent. Un peu sauvages au début, ils se dévoilent, laissent entrevoir les fissures de leur intimité. Les comédiens sont tout bonnement délectables… Nous sommes touchés par leur candeur, le fait qu’ils soient désabusés, fragiles mais en même temps si beaux et forts, terriblement humains…

by Jean-Philippe

Penser qu on ne pense à rien

Penser qu’on ne pense à rien c’est déjà penser à quelque chose

De et mise en scène par : Pierre Bénézit
Avec : Anne Girouard (6 > 8 puis 14 > 24 juillet) ou Nadia Jandeau (9 > 13 puis 25 > 29 juillet),  Olivier Broche (16 > 29 juillet) ou Luc Tremblais (6 > 15 juillet), Vincent Debost

au Théâtre des Béliers
53, rue du Portail Magnanen
84000 AVIGNON
Réservation : 04 90 82 21 07

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Au fil du siècle au Mobilier National : surprenantes tapisseries !

Bien souvent, l’évocation du mot «tapisserie» véhicule une image désuète. Au fil du siècle, chefs-d’œuvre de la tapisserie 1918-2018 va vous faire changer d’avis ! En effet, tout au long de ces années, les Manufactures Nationales ont su s’adapter à une société en pleine mutation : libération des mœurs, conflits politiques, effervescence artistique ou avancées technologiques considérables. En sélectionnant de remarquables pièces (dont des inédits) retraçant tout ce parcours temporel, le Mobilier National propose à la galerie des Gobelins une exposition inattendue et passionnante !

Tout d’abord, je dois vous avouer que l’exposition était surtout un prétexte afin de découvrir l’intérieur de la prestigieuse Manufacture des Gobelins. Je n’avais donc aucune attente particulière hormis la curiosité. Et en toute sincérité, j’ai été agréablement surpris !

Au fil du siècle : une collection éclectique

La sélection fut difficile pour le Mobilier National. Sur plus de 1 000 tapisseries référencées (dont 20% prêtées à la République pour l’ameublement de ses ministères ou des monuments historiques), il a fallu en choisir 80. Chacune transcrit un bouleversement sociétal. Voici nos coups de cœur !

Au fil du siècle

L’insouciance

Primavera de Leonetto Cappiello capte totalement l’esprit de légèreté qu’il y a pendant l’entre-deux-guerres. Les formes sont souples, aériennes, dans un mouvement perpétuel. En effet, les personnages présentés adoptent des postures rythmées et expressives, rappelant le théâtre populaire italien. Ainsi, ils servent à traduire la volonté de l’artiste qui est de représenter la jeunesse au printemps de la vie.

au fil du siècle

La controverse

Malgré la pénurie de matières premières et de personnel qualifié, le Maréchal Pétain ordonne en 1941 l’exécution d’une tapisserie à son effigie. Cette propagande a pour but de l’inscrire dans la lignée des grandes figures héroïques françaises. Censés rassurer ses concitoyens, les nombreux symboles ne sont pas sans nous rappeler une page sombre de notre histoire. Longtemps conservée (et cachée), c’est la première fois que À la gloire du Maréchal Pétain ou Révolution Nationale est exposée avec deux autres tapisseries demandées par des ministres nazis.

Au fil du siècle Au fil du siècle

L’innovation

Pour La Femme au luth, Henri Matisse a fait le pari de la témérité. Conventionnellement, l’artiste aurait dû partir du tableau initial peint en 1943. Cependant, il a choisi de prendre une reproduction en couleur de l’œuvre. Il a ensuite réalisé un agrandissement photographique qu’il a retravaillé. En effet, il a entre autres ajouté une bordure à entrelacs et modifié le motif rond du tapis en une arabesque continue.

Cette démarche audacieuse et novatrice a ouvert un nouveau champ de possibilités, largement exploité depuis.

L’amusement !

Vous souhaitez visiter l’exposition mais votre nounou n’est pas disponible ? Venez en famille et rendez cette visite ludique !

Sur chaque tapisserie exposée, mettez vos enfants au défi de trouver la signature de l’artiste et surtout le sceau de la manufacture l’ayant conçue. Vous verrez que ce n’est pas si évident que ça. Vous pourriez même bien vous prendre à ce jeu stimulant. Ainsi, vous mêlez judicieusement distraction et culture !

Qu’il est bon parfois de se laisser surprendre par sa curiosité… En effet, c’est un réel plaisir de sillonner cette exposition aux côtés de Picasso, Miró ou Vasarely. Dorénavant, lorsque je découvrirai une tapisserie, j’aurai un petit sourire en pensant à Le Corbusier qui s’amusait à les nommer «formidables muralnomades !».

by Jean-Philippe

Au fil du siècle, chefs-d’œuvre de la tapisserie 1918-2018

Jusqu’au 23 septembre 2018

du mardi au dimanche de 11h à 18h

Au Mobilier National – Galerie des Gobelins
42, avenue des Gobelins
75013 Paris

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