Laisser sombrer dans l’oubli la mémoire d’un passé historique peu glorieux, c’est prendre le risque de nier son existence. Sang Négrier raconte l’histoire d’un esclave ayant repris sa liberté. Il soumet alors au commandant d’un navire négrier une vengeance l’entraînant aux lisières de la folie… Au Théâtre al Andalus, pour Avignon off 2018, découvrez la profonde et frénétique rencontre entre les mots de Laurent Gaudé, le talent de Bruno Bernardin et la rage de Khadija El Mahdi…
Une voix brisée, un corps marqué, une âme terrifiée : voici l’aperçu de l’homme déchu se présentant à nous. Tel un testament, ou plutôt une tentative de rédemption, il va nous conter sa sombre histoire…
Tout débute sur un navire négrier. En route vers les Amériques avec les cales pleines d’une cargaison fraîchement acquise, notre commandant décide de faire une escale à Saint-Malo. Cette décision va faire basculer sa vie…
En effet, à peine arrivés, cinq esclaves en profitent pour s’affranchir. La cité Malouine se trouve alors en émoi. Une effroyable chasse à l’homme s’engage, révélant les bas instincts d’une nature humaine terrifiante. Ainsi, les fugitifs sont traqués, isolés, abattus, exposés.
Sauf un.
Si son corps demeure introuvable, sa présence rôde cependant dans la ville… Bientôt, ses doigts sont retrouvés cloués sur des portes, les uns après les autres. Chacun est le présage d’un malheur à venir… Les habitants de Saint-Malo, et plus particulièrement notre homme, vivent alors au rythme de cette vengeance et sombrent dans une folie dont ils sont les cruels initiateurs…
À la fin de la représentation, nous sommes bouleversés par l’intensité de ce que nous venons de partager… Khadija El Mahdi sert avec passion ce texte incisif et puissant. Par la bande-son, les jeux de lumière et le décor modulable, elle fait tomber le masque. Quant à Bruno Bernardin, il est saisissant de justesse, notamment dans sa capacité à vivre les émotions.
Une claque ! Voici le mot résumant le mieux ce moment fort et nécessaire de mémoire, de partage et de transmission…
Messe totalement loufoque et physique à Bobino avec l’infatigable Cirque Alfonse. Acrobaties, sauts, portées, suspensions, prouesses en patins roulettes, derviches tourneurs en tricot, le tout en musique et en chansons : Tabarnak a une énergie communicative qui fait un bien fou.
Tabarnak : du muscle, du poil et de l’humour
Le muscle est la vertu première de cette incroyable épopée bucolique en terres québécoises. Aussi le poil, de barbe, très représenté dans la troupe. Dans la première partie du spectacle, la troupe ne se sert que de son corps pour partager sa folie. Du tricot sage et collectif en attendant les spectateurs, on passe vite à une tornade qui pousse les bancs et fait grimper le vitrail dans les cintres de Bobino.
Les 6 gaillards et ladys qui allient physique, dextérité et foi absolue non en Dieu – encore que – mais en leurs partenaires nous propulsent dans leur joyeux bordel.
Ils défrisent les tours de patins à roulettes en concevant une chorégraphie spectaculaire. Le numéro des sangles par Nikolas est aussi un moment fort comme les portées qui doivent malmener les corps tant la charge est importante par moment. Imaginez tenir en équilibre 2 personnes debout sur vos épaules.
Au côté des athlètes, 3 musiciens-chanteurs (Josie, David et Guillaume) qui apportent du rythme et les ambiances tour à tour de tension, de joliesse et quelques kitscheries 100% québecoises totalement folkloriques.
Standing ovation pour Tabarnak tous les soirs et c’est extrêmement mérité !
BONUS : Pour avoir participé à une initiation aux arts du cirque avec les gaillards de la troupe, je comprends encore plus la maîtrise, le sang-froid à toute épreuve dont ils font preuve.
Qu’importe la personne qui leur grimpera sur les épaules, ils sont capables de tout endurer et de tout anticiper avec le sourire.
Un tour de balançoire ? Ils peuvent réceptionner tout type de sauteurs des plus aguerris aux frileux.
Elle.. émoi où l’art de parler d’amour autrement, avec non pas une femme, mais un instrument de musique. Emmanuel Van Cappel joue une partition entre rire et poésie, tendresse et belles notes, jouant de l’ambiguïté de certaines situations. Le spectacle tiendra l’affiche d’Avignon Off 2018 au Théâtre Le Petit Chien.
Tout est dans le titre : Elle… émoi. L’interprète joue avec les mots tout au long de son spectacle. Cachet, fosse… tout est prétexte à digressions, à détourner les clichés, à tromper les apparences.
Ce seul en scène avec instruments partage sinon des anecdotes sur le milieu musical, plutôt des tranches de vie, une série de moments aussi cocasses que sensibles. Un partage d’intimité avec un autre qui semblerait presque humain. Troublant.
Malgré les années passées à sa pratique, les doigts déformés, les lèvres durcies, les épaules sans doute épuisées, l’attachement d’Emmanuel Van Cappel pour ses trompettes est indéniable. Elles sont toutes les témoins d’une vie aussi intense que sonore.
Elle… émoi offre un final fort, un hymne à la vie ! On aurait presque envie de se mettre au solfège.
Elle… émoi de et par : Emmanuel Van Cappel mise en scène : Nathalie Louyet sous le regard extérieur de Jean-Philippe Lucas Rubio Avignon Off
du 6 au 29 juillet 2018 à 11h
Le Petit Chien
76, rue Guillaume Puy
84000 AVIGNON
Tel : 04 90 85 89 49
Miss Van est une artiste fascinante qui prend le temps de regarder dans le rétro de sa production artistique, à l’invitation de la Galerie Openspace. Celle qui se dit nomade et dotée d’un monde intérieur très riche, ne donne pas de prénoms à toutes ces femmes qu’elle peint. “Elles sont des personnages à part entière et c’est que si c’était dérivé d’un même personnage, à chaque fois. C’est une évolution du personnage féminin en général. Je voudrais que les femmes puissent s’y retrouver.” La peinture est la chose la plus précieuse pour Miss Van, raison pour laquelle, elle n’a jamais voulu devenir une marque.
Rencontre délicieuse autour de 3 œuvres exposées.
Gitana VI : “une sorte de synthèse de mon travail.”
“Cette toile a 2 mois, je l’ai faite en Californie, après une expo sur les portraits de Maori. Des peintures du XIXe siècle incroyables. J’ai été complètement submergée par le portrait classique, pyramidale, intemporel et solennel. A la fois doux et guerrier, avec le cuir, la peau, les plumes, tout ce qui donne de la force à la parure. Et je travaille là-dessus depuis longtemps.
Ça m’a redonné envie de renouer avec le portrait, avec mon propre folklore, un mélange de plein de choses, du Brésil, de Mexico.
Ça me permet d’être libre, je passe de choses très minimales, des corps nus à des choses à choses très élaborées, composées.
C’est comme un playground. Je mélange toutes les couleurs. Il y a quelque chose de très gitan. Je n’ai pas une culture mais plusieurs. Je pourrais vivre dans plein d’endroits, parler plusieurs langues.”
Twinkles : “Si elle se vend, ça me fera mal au cœur.”
“C’est la série Twinkles, sombre, romantique, réalisée en 2010, à Barcelone, dans un sous-sol sans lumière. Elle a été exposée à la galerie Magda Danysz à Paris puis transférée à Shanghai. Elle a été aussi exposée à New York au Museum of Sex pour une expo street art. C’était une manière de sortir la lumière d’une autre façon, de partir sur une base de fond très sombre et de corps nu mais maquillé. C’est une série qui est en rupture et une prouesse aussi de travailler une gamme très sombre. Et faire des portraits très classiques, intemporels. Elle est associée à une autre toile avec un vautour. J’ai gardé cette œuvre que je mets à la vente un peu à contrecœur. Je garde tout, en fait.”
Lagrimas de Mariposas : “ma peinture a toujours été dans l’émotion”
“C’était après une rupture, pour l’exposition Lagrimas de Mariposas, en 2006. Une expo un peu triste.
Le maquillage de clown triste c’était pour accentuer l’aspect dramatique. 🙂 Toute la série était comme ça, travailler le dépouillement, le rien, le vide, le côté anéanti.
Je me rappelle de tous mes ex avec ma peinture. Mes peintures sont mes repères pour les histoires. Avant qui, après qui, ce que je ressentais… Je suis tellement sincère dans ma peinture, ce sont des témoignages réels.”
Miss Van, qui tentes-tu d’imiter ?
“Quelle question horrible ! 😉
On a tous des influences. Mais j’ai jamais eu envie d’imiter quelqu’un. Car ma préoccupation était d’être unique et différente de ma sœur jumelle et de tout le monde. Et qu’on me voit, pour des raisons personnelles, pas pour être connue.
J’avais besoin de me séparer de ma sœur où moment où j’ai commencé à peintre, à être différente, à me raser la tête, à me colorer les cheveux, à mettre une grande robe de princesse pour qu’on me voit la nuit. J’avais une rage et un besoin d’identité.
Petit à petit, avec les années, j’ai eu moins besoin de me justifier.
J’ai eu de la chance que mon travail soit toujours resté personnel. J’ai eu de la concurrence, ça m’a poussée. Des années difficiles à être seule, je me suis forgée une personnalité d’acier. C’est pour cela que je peins des guerrières, des amazones, des muses.
C’est un peu une idéalisation de la femme. Pour moi, c’est important qu’elle soit féminine, fragile et forte à la fois.”
Leonor Fini, un modèle ?
“J’en ai marre que l’on m’associe au street art. J’ai fait une expo avec Leonor Fini, artiste des années 50, hyper libérale et révolutionnaire en son temps. Pas assez connue, parce que c’était une femme. Elle a toujours été célibataire, elle a vécu en trio, elle avait plein d’amants. Ses peintures étaient hyper érotiques et dérangeantes. Et je me retrouve vraiment dans son travail.
C’est la 1ère fois que je vois mes tableaux à côté de ceux d’une autre artiste qui n’est plus de ce monde. Mais en ayant l’impression de dire les mêmes choses et d’avoir un peu la même sensibilité. Et ça m’a vachement émue. Et je me dis que mon travail doit être plus surréaliste que je ne le pense. Je n’ai pas le recul nécessaire. Cette obsession que j’ai pour les cheveux, les masques… J’ai toujours cru qu’elle me limiterait. Et finalement, je me suis dit que toutes mes faiblesses seraient mes forces et que mon obsession serait ma force, comme mon hypersensibilité qui me pourrit la vie.”
La peinture plus précieuse que l’amour ?
“Ça va ensemble. 😉 C’est pareil.
A la différence que la peinture ne dépend que de moi. On n’a pas besoin de quelqu’un pour nous rendre heureux. C’est titre au fond : après chaque histoire, il faut que je me remette à ma peinture, que je me recentre sur moi-même. C’est aussi pour ça que j’aime voyager, rencontrer des gens. Pour changer de vie, m’oublier un peu.”
Miss Van, penses-tu devenir folle un jour ?
“Je le suis déjà ! 🙂 Les vrais artistes – ils ne sont pas nombreux -, nous avons des névroses que nous avons la chance de pouvoir exprimer. Mais on n’est pas plus fous que d’autres. On a juste un médium pour exprimer cela. Beaucoup de gens qui cherchent un exutoire pour sortir leurs peurs… J’aime les gens barrés, un peu cas sociaux. Ça m’attire. :-)”
Un Québecois qui fait 5 500 km pour venir se foutre de la gueule des Français avec son spectacle : pari risqué ! Sugar Sammy ne manque pas d’audace et de répartie. Et le public en redemande !
Pour cause de succès, il est de retour à l’Alhambra depuis le 4 octobre 2018.
Sugar Sammy maîtrise son Français !
Le Montréalais qu’on croirait sorti d’un film bollywoodien ne va pas tarder à vous agacer. En plus de sa belle gueule affichée sur les murs de Paris, son mètre 90 sur scène et à côté de votre petite amie au photocall de fin de spectacle, son succès au Canada et aux States, il maitrise parfaitement la culture française et nos beaux travers.
Ce n’est pas un comique dilettante qui adapte ses meilleurs succès inconnus en France, pourtant cultes dans son pays. On a déjà vu passer ce genre de super stars Outre-Atlantique et elles sont restées cantonner aux toutes petites salles parisiennes. Shame on them!
Sugar Sammy lui travaille son sujet ou, en tout cas, maitrise les fiches que des petites mains pourraient lui préparer. Rien ne lui échappe de l’actualité jusqu’aux références historiques bien pensées de notre pays.
Roi de l’impro
Alors oui, il sera question de taille de b., de racisme, de préjugés en tout genre. Le tout emballé avec un sourire de charmeur. Le show est huilé à l’anglo-saxonne, sans perte de rythme, avec une répartie imparable et participation de la salle. A tout moment, il peut allumer un spectateur sur son simple prénom, ses origines, le couple qu’il force avec sa voisine et pas seulement au premier rang. Son regard est affuté et à 180 degrés.
Quelques révélations hilarantes comme les prénoms des hommes français qui manqueraient de virilité – à en juger avec Valentin ou Quentin, on ferait pale figure face à Rocky, Chris, Vin – des anecdotes savoureuses sur sa vie à la française et les différences de culture Québec-France font de ce spectacle un pur moment de déconne.
Chaque mois, les blogueurs et blogueuses qui participent à la Photo du Mois publient une photo en fonction d’un thème. Toutes les photos sont publiées sur les blogs respectifs des participants le 15 de chaque mois à midi, heure de Paris.
Cette fois, c’est au tour de Mirovinben de choisir le sujet : made in Japan.
C’est au Palais de Tokyo que j’ai fait la rencontre avec les daimyo, des seigneurs de la guerre au Japon. Il s’agissait de gouverneurs qui ont eu pleine autorité entre le XIIe et XIXe siècle.
Leurs armures sont spectaculaires par les détails, certaines ont des reproductions d’insectes géants sur les casques.
La scénographie donne encore plus d’éclat à ces atributs d’un autre temps et d’une autre culture.
Pour ne rien vous cacher, la chansonPas grandir tourne en boucle dans notre playlist depuis que nous avons découvert Barbara Pravi.
Après sa participation à la comédie musicale Un été 44 et les premières parties de Florent Pagny, la jeune artiste a sorti son 1er EP. C’est au lendemain de son concert au YOYO à Paris où elle assurait la première partie du Britannique Calum Scott que nous avons rencontré Barbara Pravi pour une interview pleine de bonne humeur.
Rencontre avec une personne passionnée et passionnante.
INTERVIEW-SELFIE / Barbara Pravi.
USofParis : Dans le clip Pas grandir, on découvre des images de toi enfant adolescente en train de chanter notamment dans ton salon. C’était un rêve d’enfant de faire ce que tu fais aujourd’hui ?
Barbara Pravi: Je crois mais je n’ai jamais pensé que je pourrais y accéder. Je rêvais d’être Céline Dion mais je me suis jamais dit que ça pourrait arriver parce que je suis quelqu’un d’assez consciente des choses et de la vie. Je ne m’étais jamais dit que c’était possible parce que, pour moi, il fallait soit être née dans ce milieu, soit avoir des connaissances, soit avoir pris des cours…
Tu ne sais jamais vraiment comment accéder au milieu de la musique, c’est très flou. C’est pas en chantant dans un bar ou alors c’est que t’as une chance de dingue et que quelqu’un te repère.
Tu as déjà chanté dans un bar ou tu t’es déjà inscrite à une émission de télé-crochet ?
Jamais jamais ! The Voice c’est une autre démarche. Je pense que je n’aurais pas du tout ma place là-dedans. En fait, je me considère vraiment plus comme auteure et comme interprète, mais interprète au sens un peu vieux du terme. Les gens qui font The Voice, je trouve que ce sont plus des techniciens de la voix. C’est des performers et moi je ne suis pas une performeuse.
Quel a été le déclic ? Qu’est-ce qui a fait qu’aujourd’hui tu as sorti un single et que tu prépares un EP ?
C’est le droit ! J’ai fait du droit après le bac, pendant 2 ans. Je l’ai fait pour mes parents. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire, j’étais un peu nulle à l’école mais pas assez nulle pour faire du droit. Je me sentais tellement mal et enfermée là-dedans que je me suis dit : « J’ai 20 ans, la seule chose que j’aime faire c’est chanter, je ne sais pas comment je vais faire, je ne sais pas comment y arriver. Je me laisse jusqu’à 25 ans. ». A l’époque je n’écrivais pas encore. Moi pour faire les choses, il faut qu’il y ait un déblocage dans mon cerveau.
Un jour, j’ai eu une amie au téléphone qui m’a dit « Barbara t’es trop débile, arrête le droit et fais de la musique! » Au moment où elle m’ a dit ça c’était une évidence. Avant ça, je n’y avais jamais pensé ou alors mon inconscient devait y penser.
Et tu as rencontré Jules Jaconelli ?
On s’est rencontré il y a 4 ans. Il revenait des USA et il voulait bosser sur des projets. Il s’était dit qu’avec un peu de chance il se trouverait une chanteuse ou un chanteur. On s’est trouvé et on a fait tout l’album ensemble. Je l’ai rencontré dans un bar. Je buvais des coups. C’était un hasard. On avait un ami commun qui était le responsable du bar. Je travaillais juste en face.
Pourquoi autant de temps ? 4 ans c’est long…
A l’époque, je n’écrivais que pour moi. Le temps de découvrir l’univers, de me découvrir dans les textes, la manière d’écrire. Je crois qu’aujourd’hui j’ai trouvé une façon d’écrire qui me plaît, qui me correspond. Mais ça prend du temps, parce qu’au début tu testes pleins de choses. On a fait 4 ans de chansons. Je suis partie de zéro, je ne suis pas arrivée avec mes textes. J’avance lentement mais j’avais besoin de ce temps.
Sur ta story insta, tu as partagé un mail de Monoprix qui disait que cela faisait 1 an que tu avais postulé chez eux et qu’ils retiraient ton CV de leur base de données…
Oui 🙂 il y a un an, j’ai dû faire une crise, une dépression 🙂 Ça fait 3 ans que je suis signée chez Capitol, ça fait 3 ans que je suis chez un label. Mais c’est très compliqué quand tu es signé comme artiste en développement dans un label parce qu’on est beaucoup. Il suffit que la personne qui dirige le label à ce moment-là ne croit pas en toi pour que tout le monde te mette de côté.
La personne qui m’a signé voulait faire une chanteuse, elle ne voulait pas que j’écrive. J’ai dit non et j’ai été mise de côté. Le patron a changé et a compris qui j’étais, ce que je voulais faire et depuis on travaille sur mon projet. En vrai, j’ai dû postuler chez Monop’ y’a 3-4 ans parce que depuis 2 ans ça va très bien dans la musique 🙂
Au Yoyo, on t’a découverte hyper à l’aise sur scène, tu as joué dans la comédie musicale Un été 44. Est-ce que cela t’as aidée ?
Alors pas du tout. C’est les premières parties de Florent Pagny je pense. Un été 44 c’était génial, c’était ma première fois sur scène. C’est très drôle mon parcours parce qu’à chaque fois que j’y repense j’ai l’impression que tout est hyper logique. Ça se fait par petites touches mais pour moi c’est absolument parfait.
J’avais jamais fait de scène et je crois que c’est le truc le plus difficile parce que tu es à poil, mais total ! Y’a plus aucun filtre entre ce que tu es et les gens ! Dans Un été 44, j’étais un personnage, tout est écrit et millimétré, tu débordes pas d’un cadre.
Quand tu connais ton texte, tes pas, tu n’as plus qu’à chercher les émotions en toi qui font que lorsque tu vas chanter tu vas toucher le public. Mais le jour où je me suis retrouvé à chanter mes chansons au Réservoir, j’ai passé 45 minutes, les mains crispées sur le pied du micro. Par contre, à force de chanter mes chansons devant un public ça m’a rendue plus à l’aise.
Tu as fait les premières parties de Florent Pagny, avec notamment des Zénith et Bercy. Impressionnant ?
Bercy, franchement c’est pas le plus impressionnant. Le Yoyo, c’est plus impressionnant parce que les gens sont debout, devant toi, tu les vois tous. Pour Florent Pagny, les gens étaient assis, la distance entre la scène et public est grande. c’est tellement grand que les gens tu ne les vois pas en fait, c’est une masse de visages un peu flou. Alors qu’au Yoyo tu vois tout, les expressions, les regards, les gens qui filment.
Est-ce que Florent Pagny t’as donné des conseils ?
Non mais il m’a fait beaucoup de compliments. Il écouté beaucoup lorsque je faisais ses premières parties et surtout mes balances. Il est très drôle parce que tu ne sais jamais quand il va arriver, il tape à ta loge et il dit (elle prend une autre voix et fait les mêmes mimiques que Florent Pagny) : « C’est précis ! La voix et très très précise ! Alors là vraiment je suis bluffé. » et il part.
Il est très très sympa, très présent. Il dit bonjour à tout le monde. Y’a peut-être 55 personnes qui bossent pour lui tous les jours, il dit bonjour aux 55 personnes. Je trouve ça génial. Pour moi, ça me paraît normal, il paraît que dans ce métier ce n’est pas normal, je trouve ça fantastique. Il est très humain. J’ai eu beaucoup de chance, entre Calum et Florent, j’ai une bonne étoile.
Dans les chansons que l’on a déjà découvertes tu parles beaucoup de ton enfance, du passé, avec une certaine nostalgie. Est-ce le sentiment que tu as lorsque tu as écrit ces chansons ?
Barbara Pravi : Ce n’est pas de la nostalgie dans le sens négatif du terme, c’est de la nostalgie positive. J’ai eu beaucoup de chance, mes parents sont encore ensemble, ils sont très amoureux, ils nous ont éduqué dans l’amour. Je me rends compte que je suis quelqu’un qui a besoin de donner beaucoup d’amour parce que mes parents m’en ont donné tellement. Du coup, je suis une grosse boule d’amour. Et je suis tout le temps de bonne humeur parce que ma mère est toujours de bonne humeur. Je n’ai rien à regretterdans mon enfance. J’ai eu une très jolie insouciance, j’ai toujours pu faire ce que je voulais. J’ai toujours pu être très indépendante dans mes choix. C’est de la nostalgie positive.
Même pour Louis ? Parce que tu l’as introduite de façon un peu brutal avant de la chanter au Yoyo : « La prochaine chanson raconte l’histoire d’amour que j’ai vécu avec un con… »
🙂 Parce qu’aujourd’hui j’aimerais me dire que je ne laisserais jamais personne me foutre un plan comme ça. C’est odieux. Il n’y a pas de nostalgie. Je me rappelle très bien du moment où j’ai écrit cette chanson et c’était de la tristesse. C’est ce moment où tu as l’impression que tu ne vivras plus jamais rien d’autre et que le sentiment est dévastateur. Aujourd’hui, ça n’en est plus mais à chaque fois que je la chante j’essaie de me souvenir de ce que je ressentais à ce moment là. C’est la première fois que j’écrivais en ne pensant pas journal intime mais poème.
Il sait que tu as écrit une chanson sur lui ?
C’est très drôle, parce qu’aujourd’hui on s’entend bien, je l’ai croisé y’a pas très longtemps je lui ai filé un EP parce que j’en avais un dans mon sac. Le lendemain il m’a envoyé une vidéo qu’il y a sur Youtube d’une première partie de Florent Pagny, où justement j’introduis la chanson de la même façon, et il m’a écrit « Je ne sais pas qui c’est ce connard mais franchement la chanson est trop belle ».
Qu’est-ce qui t’influence et t’inspire pour ta musique ?
Je me suis toujours inspirée des chansons françaises un peu ancienne. Edith Piaf, par exemple, ses textes sont fantastiques. J’écoute pleins de choses. J’ai envie de faire quelque chose de très populaire. La pop américaine réussi à faire des choses très réfléchies, pas du tout grossière et en même temps très populaire. En France, on a un bagage musical qui fait qu’on ne pourra jamais faire ce qu’ils font, au même titre qu’eux ne feront jamais ce qu’on fait nous. Il y a une balance à faire entre les deux. Un espèce de truc semi-français par les textes et semi-américain dans les sonorités et c’est vraiment ce que je recherche.
Comment as-tu rencontré Calum Scott ?
C’est nos labels qui nous ont mis en relation. C’était un petit pari car ils ne peuvent pas savoir si les artistes vont s’entendre et ils ont eu tout juste. On est vraiment en passion l’un pour l’autre. Love at first sight. Il m’a envoyé des « Je t’aime » ce matin, on s’adore.
Et vous avez enregistré un duo pour ton EP ?
On a enregistré « son » duo. On a fait You are the reason, en version franglaise. J’ai écrit la partie française avec Tomislav Matosin avec qui j’ai adapté Kid aussi.
D’ailleurs cette version de Kid d’Eddy de Pretto, tu l’as faite pour la Journée internationale des droits des femmes ?
Barbara Pravi : À la base, je l’ai faite parce que j’avais ressenti le besoin de le faire. Je l’ai faite 3 mois avant, Kid venait de sortir il y a quelques semaines. Il y avait l’affaire Weinstein avec toutes ces contradictions qu’il y avait sur les #BalanceTonPorc, #MeToo, et puis les mecs qui trouvaient ça ridicule. Certaines meufs aussi. Il y avait toute une espèce de polémique, contre polémique, anti polémique. Ça m’a semblé être une évidence de reprendre cette chanson. Dans la manière dont le texte est découpé et dans ce qu’il prône, je me suis dit que je pouvais faire la même chose pour les femmes. Et le 8 mars c’était le bon moment pour la sortir. Ça faisait longtemps que je pensais à la sortir, et surtout la sortir en image.
As-tu eu un retour d’Eddy de Pretto sur cette adaptation ?
Je sais qu’il l’a écouté et il m’envoyé un petit message sur Instagram en me félicitant.
En reprenant ce titre mais aussi Dommage de Bigflo & Oli, il y a un du féminisme derrière tout ça. Tu es féministe ?
Je pense qu’à moins que tu sois misogyne tu es féministe. Mais j’aime pas le mot. Le problème avec ça c’est que les limites sont très minces entre être super lourde et juste vouloir quelque chose de normal qui est l’égalité. Mais l’égalité c’est délicat parce que je trouve que le fait qu’un homme te tienne la porte pour te laisser passer c’est de la galanterie. Tu vois la limite ? L’égalité des salaires, le fait qu’on ait tous les mêmes chances de réussite ça c’est des vrais sujets. Dans le féminisme on colle pleins d’étiquettes et de faux sujets, pleins de faux problèmes. C’est là dedans que je suis féministe.
J’ai beaucoup lu le terme de « femme-enfant » lorsqu’on parle de toi, est-ce que tu penses que c’est un terme qui te correspond ? Parce que tu as une chanson qui a pour titre « Pas grandir », la presse t’a mise dans une case et je pense vraiment que ça ne correspond pas à ta musique.
Barbara Pravi : En fait, je me suis rendu compte avec le recul que ce titre ne me faisait pas forcément du bien. Juste le titre, le « Pas Grandir ». C’est dommage parce que la lecture profonde de ce texte est beaucoup plus impactante et beaucoup plus forte, c’est juste qu’il faut aller écouter jusqu’au deuxième couplet. C’est toujours ce même truc, quand tu es une nana sympathique, pas très grande, souriante et qui n’est pas tout en selfie, tout en « je te toise », tu es considérée comme un enfant. Non j’ai 25 ans, je suis une femme. Un femme avec des problématiques de femme qui a été enfant.
On est donc d’accord ! Tu as un univers visuel bien marqué, que ce soit tes clips, tes photos, cette présence des fleurs. On adore. C’est toi qui a eu l’idée ?
Barbara Pravi : Je fais tout tout tout. J’écris mes clips. J’adore l’image. J’ai bossé la pochette du single et de l’EP avec Anthony Souchet (Anthony Souchet a mis en scène Un été 44, il est aussi producteur et conseiller artistique notamment de Mylène Farmer). Je regarde pleins de choses, beaucoup de films anciens, et pour la pochette j’ai été inspiré d’Audrey Hepburn qui a une photo avec des fleurs comme ça.
Tu seras sur la scène des Étoiles le 28 juin 2018, qu’est-ce qui attend le public ?
Je vais proposer les titres que je fais d’habitude mais en version groupe. Pour les premières parties, je n’avais qu’un guitariste, là nous serons 3 sur scène. Il y aura les reprises d’Eddy de Pretto et de Big Flo & Oli. Et aussi des titres inédits.
Ton dernier concert ?
Eddy de Pretto à la Cigale, c’était vachement bien !
Ton dernier coup de coeur musical ?
Tim Dup, c’est un gars qui s’accompagne au piano et c’est très beau, c’est presque du slam mais en même temps il chante. Il a une manière d’écrire très à vif que j’aime beaucoup.
Ton duo de rêve ?
Céline Dion ! Mais je ne sais même pas si j’aurais envie de faire un duo avec elle. J’aurais peur que ça casse le mythe. Jacques Brel ou Nougaro… ou Edith Piaf. Putain je suis nulle je prends que des ieuv 🙂Bigflo & Oli !
Une chanson que tu aurais aimé avoir écrite ?
Dommage de Bigflo & Oli.
Ton guilty pleasure ?
Franchement Lorie et Priscilla c’est la folie. J’ai réécouté en tournée sur la route, mais c’est génial. Les prods de ces chansons sont géniales. Les premiers albums après ça part un peu en couille.
Une bonne adresse à Paris ?
Le District (80 rue Montmartre Paris II), c’est ma cantine le midi et Etsi (23 rue Eugène Carrière Paris XVIII)c’est un resto grec, le soir pour diner.
Ton endroit préféré à Paris ?
La cour carrée, au coucher du soleil, au moment où les lumières s’allument dans la cour, en plus y’a toujours un mec qui joue du violoncelle, c’est magnifique.
L’exposition évènement Game of thrones : The Touring Exhibition s’apprête à envahir la capitale pendant 3 mois.
L’univers artistique et créatif de la série HBO a un fort impact sur le spectateur.
A prévoir donc une affluence record Porte de Versailles entre le 1er juin et le 2 septembre pour arpenter Westeros en mode interactif.
Sur 2 000 m2, les fans de la série Game of thrones seront plongée dans l’univers d’héroïc fantasy au générique envoutant.
Décors originaux, costumes, armes et accessoires, vous admirerez de près la qualité de réalisation de ces objets.
La scénographie vous fera voyager dans 4 des grandes régions de la série de HBO :
– Les paysages hivernaux du Nord et les décors princiers de Port-Réal
– Meereen : la mythique cité conquise par Daenerys Targaryen, la Khaleesi mère des dragons.
– Châteaunoir : le siège de la Garde de Nuit, et les terres glacées Au-delà du Mur.
– La salle du Trône de Fer : l’emblème du pouvoir de Westeros dans toute son inquiétante splendeur.
Game of thrones : The TouringExhibition promet un parcours immersif, des expériences interactives et des contenus multimédias.
De quoi se prendre, pendant 1h ou 2, pour John Snow, Daenerys, Tyrion, Cersei, Ver Gris, Sansa ou Arya…
Espérons simplement que les visiteurs qui voyageront sur les terres de Westeros et Essos profiteront d’une expérience à la hauteur de leurs attentes qui seront forcément grandes. Comme le fût Starwars Identities par rapport à la décevante Harry Potter, l’exposition !
Les billets d’entrée sont en vente depuis le 24 avril 2018.
Exposition Game of thrones : The TouringExhibition
du 1er juin au 2 septembre 2018
Paris Expo / Porte de Versailles
Pavillon 2.1
Place de la Porte de Versailles
75015 Paris
Horaires :
Ouvert tous les jours de 10h00 à 19h00,
Nocturne le samedi jusqu’à 22h
Majestic, la nouvelle enseigne d’escape game à Paris, nous fait traverser la toile de ciné pour une plongée dans les entrailles du Titanic qui prend l’eau. Une heure pour ne pas finir congeler comme Leonardo : la tension est palpable et les décors ultra crédibles pour une aventure palpitante.
Immersion poussée et pleine logique
A deux, dans le Titanic qui coule : pas le temps de rêvasser, ni de chanter avec Céline. Faut foncer !
Le scénario du Majestic est imparable : séparation des joueurs dès le début de l’aventure. Même si c’est stressant car on a chacun une vraie grosse responsabilité, – on ne peut pas attendre que l’autre trouve à notre place – on prend son pied.
Écrous, objets métalliques, fusible, on cherche un peu de tout à travers la salle des machines, pour se retrouver. Les conditions pour dialoguer ne sont pas optimales : c’est le jeu ! Faut hurler derrière la paroi pour se faire entendre. Mais les casse-têtes sont logiques et en pleine cohérence avec l’histoire. Preuve que les deux concepteurs Guillaume et Rémi ont une vraie expérience de joueur.
Comme au cinéma !
Le décor est parfait, notre ligne d’horizon n’est pas tout à fait droite.
On fout du bordel, forcément.
Nouvelle génération d’escapegame, Majestic nous fait l’économie de cadenas en tout genre et de codes archi-vus.
Le moyen de communication avec le gamemaster n’est pas un vulgaire téléphone, non. C’est un peu plus long pour avoir un message mais plus authentique. Et il ne fait pas que nous donner des indices.
Une attention particulière a été apportée au bruitage. Rien que pour ça, on est content de sécher sur des énigmes. Recevoir un message ferait presque plaisir !
PS : prévoir des chaussures confortables. Pas de talons, Mesdames, on n’est pas à une soirée de gala.
BONUS 1 : une demande de mariage s’est produite dans la salle Atlantide. Un garçon a demandé la main d’un autre garcon. #Lovely BONUS 2 : une équipe, pour sa première aventure escape game est venue avec calepin, papier et lampe de poche. Quelle préparation !
Majestic 2, rue Française 75001 PARIS
2 aventures au choix : Titanic et Atlantide Et en prochainement : Tchernobyl
Majestic c’est 350 m2 en plein centre, proche des Halles et d’Etienne Marcel ! Et le 1er escape game a avoir ouvert à l’heure, aucun retard de travaux n’a été constaté. 😉
Je ne connaissais pas le peintre Kupka avant d’arpenter les galeries nationales du Grand Palais. Je ne pensais pas être saisi à la fois par ses oeuvres figuratives méconnues. Et je n’anticipais pas mon adhésion possible à sa saisissante abstraction. Voici la sélection de 4 toiles devant lesquelles j’ai passé quelques minutes.
Méditation, 1899
Cette oeuvre saisit à la fois par sa technique (craie et fusain sur papier) et cette pose face à une montagne impressionnante et son reflet dans l’eau.
Le modèle est Kupka lui-même. Il y a l’idée de communion, de respect et d’humilité par la nudite face à la nature suprême.
Une image tellement éloignée de notre monde qui surjoue dans la mise en scène de soi à travers des selfies qui fatiguent la rétine.
Brigitte Leal, conservatrice générale et une des commissaires d’exposition, nous apprendra un peu plus tard au cours de notre visite que le peintre était végétarien et qu’il pratiquait la gymnastique, nu. Une qualité de vie qui est à l’opposé de l’image bohème que l’on pourrait se faire d’un artiste.
Kupka, Autoportrait, 1910
Cette fois, l’artiste ne se dérobe pas à notre regard. L’échange est frontal, à la fois cocasse, simple et brut.
La barbe est magnifique, un hipster avant l’heure ! Et les ondes colorées sur son visage sont tout à fait fascinantes.
Amorpha, fugue à deux couleurs, 1912
Kupka entre de plein-pied dans l’abstraction pour ne plus jamais la quitter. Brigitte Leal nous éclaire : “en 1912-13, il était le seul à peindre ces formes-là.” Preuve d’un engagement artistique et formel fort. Même si l’abstraction peut malmener, cette fidélité à son art impose le respect.
Il y a des formes qui intriguent, des formes appellent d’autres images. Amorpha m’offre un jeu visuel me fait appaître un animal par le biais des tracés rouges et bleus.
Printemps cosmique !, 1913-1914
C’est une explosion de couleurs, une image psychée capable de mille rêveries et interprétations. Ce pourrait être des nuages jouant avec les rayons colorés, une floraison inouie, les portes du Paradais.
Ce qui est sûr c’est qu’il y a un monde plus grand que nous, plus puissant, capable de nous remplir ou nous engloutir à tout jamais.
On croirait du bleu Klein dans certains coups de pinceau. C’est extrêment vif et fort.
L’exposition éclaire sur les sources spirituelles de l’abstraction “qui ont été niées de nombreuses années et notamment par les Américains”, nous confie la commissaire.Elle nous offre de nouveaux classiques de la peintre à admirer, moins connus mais tout aussi passionnants.
Exposition Kupka Pionnier de l’abstraction
jusqu’au 30 juillet 2018
au Grand Palais Avenue du Général Eisenhower
75008 PARIS
Horaires :
Lundi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche de 10h à 20h
Mercredi de 10h à 22h
Fermeture hebdomadaire le mardi