Picasso a traversé le XXe siècle, vécu toutes ses crises. Le Musée de l’Armée propose une exposition chronologique autour du peintre : Picasso et la guerre.
Mais aussi des ateliers dont des masterclass avec Alain Passard.
Lors de celles-ci, le chef étoilé remet au goût du jour des recettes de la seconde guerre mondiale. Des plats simples, répondant à une dure réalité : la restriction alimentaire.
Nous avons assisté à la toute première rencontre gustative.
L’exposition Picasso et la guerre regroupe 330 pièces avec 1/3 d’œuvres du maitre espagnol, 1/3 d’archives et 1/3 d’objets historiques (livres, photos, articles, costumes…)
Le foisonnement de cette rétrospective est, il faut l’avouer quelque peu dense mais tout à fait instructive.
Avant de poursuivre, il nous faut marquer un arrêt devant un livre exposé, celui qui a convaincu Alain Passard de répondre à l’invitation du Musée de l’Armée : Cuisine et restrictions d’Édouard de Pomiane.
Écrit en 1940, il avait pour but de partager toutes les astuces pour concevoir des plats avec ce que l’on trouvait en temps de guerre, en période de rudes restrictions.
“J’imagine la période très douloureuse. On devait se régaler avec des choses simples.“
Alain Passard : une générosité presque lyrique
Nous rencontrons Alain Passard dans le salon d’honneur du Musée de l’Armée.
Une copie du livre de Pomiane en main, le chef vente les vertus, comme d’autres chefs, de la cuisine de saison.
“C’est ce que nous faisons : avoir le respect des saisons, de la nature.
La nature a écrit le plus beau livre de cuisine ! Avant en hiver, on se réchauffait avec une soupe de panais, une soupe de céleri et, en été, on s’hydratait avec les tomates, les melons, les courgettes.
Préservons cette poésie magnifique que la nature a écrite.”
A l’évocation de la guerre, on sent le chef vraiment ému à l’évocation de ces hommes et ces femmes qui se sont battus contre l’occupant. Certainement le souvenir de son grand-père qui a reçu la croix de guerre.
Côté cuisine, ce mardi, le topinambour est à l’honneur.
“A l’époque, on disait que le topinambour n’était pas très gustatif. Mais il était destiné aux animaux. Aujourd’hui, on a recréé des variétés comme le fuseau qui a des saveurs proches de l’artichaut. ”
Aidé par son assistante Marion, nous goûtons deux variations : vinaigrette de guerre et sauce rémoulade.
Les recettes d’Édouard de Pomiane ont été revisitées. Point de fécule pour remplacer la mayonnaise dans la rémoulade. Mais toujours des produits simples comme une huile de tournesol choisie pour la neutralité de son goût.
L’apport d’Alain Passard : les herbes qui assaisonnent ce plat. Oseille sauvage (au peps acidulé), mourons des oiseaux (ce n’est que de la chlorophylle en bouche) et l’ortie (blanchie pour supprimer son côté urticant).
Et la saveur du topinambour en ressort transcendé.
A la sortie de cette masterclass, on est conquis par l’amour des produits que nous transmet Alain Passard. Comme par la bienveillance qu’il dégage. Et par la réelle émotion de son étreinte avec son assistante.
On regrettera simplement un accès un peu prohibitif pour ce rendez-vous si unique.
Picasso et la guerre : l’exposition
Cette masterclass est un des rendez-vous qui accompagne l’exposition.
Un parcourt qui permet de replacer l’œuvre de Picasso dans son contexte historique. Et c’est plutôt rare.
Pour approfondir notre connaissance de l’artiste, cette exposition est un rouage essentiel : ses rapports avec Apollinaire ou Derain, ses tourments de création, son rapport à la guerre et aussi son engagement de toute une vie contre celle-ci.
Aux côtés des coupures de journaux, on découvre des magnifiques œuvres. Et on en retrouve aussi des pièces connues. On se surprend encore à tomber sur des styles inconnus de Picasso comme une influence moyenâgeuse.
Et le maître espagnol nous ébahit toujours autant par ses dessins au crayon. Il maîtrisait tous les supports et toutes les formes d’art. De vrais chefs-d’œuvre.
Picasso et la guerre offre au visiteur une plongée dans le foisonnement créatif de l’artiste. Dense mais superbe Picasso !
Exposition Picasso et la guerre
au Musée de l’armée
Hôtel national des Invalides
129, rue de Grenelle
75007 Paris
jusqu’au 28 juillet 2019
Tous les jours de 10h à 18h, nocturne les mardis jusqu’à 21h
Fermeture les 26 & 27 avril et le 1er mai
Masterclass d’Alain Passard
les mardis 14 mai, 4 juin et 2 juillet à 18h30
55€ et 45€ pour les moins de 26 ans
(billet pour l’exposition inclus, en nocturne jusque 21h)