Le sujet a déjà été maintes fois traité et on pouvait craindre le pire. Mais avec sa mise en scène de Play House (Martin Crimp), Rémy Barché réussit à se démarquer et nous entraine avec humour au cœur de la routine destructrice d’un jeune couple.
Faire et faire dire n’importe quoi, tout en restant cohérent est une tâche ardue. Rémy Barché semble rompu à cet exercice, et en donne la preuve avec Play House, actuellement au Théâtre de Belleville. Le jeune metteur en scène s’empare du texte absurde de l’auteur britannique avec brio et nous plonge dans l’intimité de Simon et Katrina qui viennent d’emménager ensemble.
Mais voilà, le quotidien, ennemi du couple, fait lentement glisser les deux amoureux vers l’ennui et les crises de nerfs. Terreau de nombreuses situations plus déjantées les unes que les autres, ce délitement des sentiments s’étale en treize mini-scènes délirantes. Chacune de ces dernières est reliée par un tic-tac de réveil pendant lequel les acteurs ouvrent des yeux ahuris de lapins surpris dans des phares.
Rythme d’enfer
Affublés d’une perruque qu’ils enlèvent et remettent selon les tableaux, les deux acteurs issus du collectif de la Comédie de Reims, artistes permanents associés au CDN, ont des allures d’un autre temps. Lui, avec son petit pull bleu pâle et son brushing parfait, sort tout droit des années 1960. Sa diction et son très large sourire évoquent les publicités américaines d’après-guerre. Elle, blonde platine, vêtue de rose fluo, ressemble à une affiche des années 80 vantant les mérite de l’aérobic. Les acteurs enchaînent les scènes incongrues avec une maîtrise ébouriffante, et transforment le plateau en véritable capharnaüm.
Malgré quelques petites inégalités de ton et d’humour, le rythme est effréné et force le spectateur à plonger la tête la première dans cet humour grinçant. C’est un brin voyeur et addictif. Alors quand ils annoncent la fin du spectacle, au bout d’à peine une heure, il est normal de ressentir presqu’une pointe de frustration.
By Joël Clergiot
Play House
de Martin Crimp
Mise en scène : Rémy Barché
Avec Myrtille Bordier et Tom Politano
Jusqu’au 26 juin
du mardi au samedi à 19h30
le dimanche à 20h30
au Théâtre de Belleville
94, rue du Faubourg du Temple
75011 PARIS