Rabbit Hole, universels parallèles aux Bouffes Parisiens frappe par sa singularité.
David Lindsay-Abaire déploie une écriture stimulante autour du deuil avec des bulles de rires, de légèreté. Chaque personnage de la mère à la grand-mère, du père à la tante essaie de supporter comme il peut la perte, l’absence et de vivre avec ses souvenirs.
Julie Gayet est cette mère en deuil à fleur de peau, aux réactions qui peuvent parfois choquer, étonner et qui opère une symbolique évolution tout au long de la pièce.
Avec Rabbit Hole, il est question de la perte d’un enfant, un sujet douloureux.
Mais ce n’est pas une raison d’éviter de l’affronter via la fiction théâtrale. Au contraire !
La mise en scène de Claudia Stavisky ponctue le récit de respirations musicales délicates (on reconnaît la voix d’Anohni Hegarty du groupe Antony & The Johnsons). Les projections vidéo sur les murs de la maison viennent témoigner des jours heureux avant l’accident. C’est subtil, sans pathos.
Le décor évolue tout au long au récit comme une bouffée d’air pour sortir de la pesanteur qui se joue au sein du couple et de la famille.
Christiane Cohendy de nous révéler : “Il y a des salles parfois plus saisies par le drame, d’autres ont la disponibilité de se laisser rire des choses de vie.”
Et c’est justement ce qui est fascinant avec Rabbit Hole, quand on se laisse happer par le récit, on peut aussi bien pleurer que rire, être déstabilisé ou enchanté par ce qui se joue devant nous.
“La vraie vie c’est se trouver dans des situations folles”
Julie Gayet revient au théâtre avec Rabbit Hole après de longues années de cinéma en tant que comédienne et productrice.
Elle nous a révélé son hésitation à remonter sur les planches, lors de la rencontre à sa descente de scène. En cause : la contrainte d’être tous les soirs au théâtre et la peur que sa voix ne porte pas assez.
Du Théâtre des Célestins aux Bouffes Parisiens, elle confie son plaisir de “vivre l’instant présent” et son “envie de ne pas faire la même chose chaque soir.”
Comme ce mercredi, où elle est volontairement restée en retrait, recroquevillée au sol lors d’une scène alors que d’habitude, elle est plus proche de son partenaire.
“Quand on s’entend aussi bien, on n’a plus envie d’arrêter.”
Souhaitons que la pièce joue des prolongations et poursuive sa belle tournée.
Rabbit Hole, univers parallèles
de David Lindsay-Abaire
adaptation : Marc Lesage
Mise en scène : Claudia Stavisky
Avec Julie Gayet, Patrick Catalifo, Lolita Chammah, Christiane Cohendy, Renan Prevot
au Théâtre Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002 PARIS