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Nos batailles : Romain Duris vibrant pour une ode à l’amour familial

Nos Batailles, deuxième long-métrage de Guillaume Senez, dresse le portrait d’un père de famille se retrouvant seul avec ses deux enfants. Sa femme, leur mère, s’en est allée sans raison apparente.
Romain Duris est touchant en prise directe avec cette sidération qui bouleverse sa vie. A ses côtés, trois femmes belles, déroutantes. Et deux très jeunes comédiens vraies révélations du film.

Nos Batailles
Rencontre lors de la projection privée Ciné +

Nos Batailles, improvisation

La méthode de Guillaume Senez pourrait désarmer plus d’un comédien. Romain Duris a confirmé qu’elle lui avait plu lors de la projo privée Ciné + à laquelle nous avons assistée.
En effet, le réalisateur ne transmet pas les dialogues qu’il a pourtant écrits à ses comédiens. Ces derniers ont une trame et c’est à eux seuls de trouver le moyen de la faire vivre.
Le résultat est d’une troublante justesse. Bien sûr, certains échanges se chevauchent mais cela donne encore plus de réalisme. C’est parfois confus, drôle, inattendu.

Ce cadre de jeu a permis aussi aux jeunes comédiens interprétant les enfants de pouvoir bénéficier d’une totale liberté. Ils n’avaient pas à apprendre de longues pages de texte, tout comme leurs partenaires.
Le réalisateur n’aura, par exemple, pas discuter avec la comédienne interprétant la mère de la raison du départ de son personnage. Ceci pour ne pas influencer le jeu de son interprète. Ainsi, les spectateurs ne savent pas non plus et ne peuvent être dans le jugement pur.
Il y a une part d’irrationnel avec laquelle il faut vivre le récit.

Nos Batailles

Un homme, des femmes

Romain Duris brille par son interprétation. Il travaille à l’usine, ça pourrait être Amazon, Cdiscount, Vente Privée ou tout autre entreprise de livraison de produits. C’est un travail à la chaîne, ingrat qui déshumanise. Il est à la fois salarié, syndicaliste et père de famille.
A ses côtés, Laure Calamy est excellente en collègue, souriante et complice.
Laetitia Dosch offre aussi des parenthèses enchantées pour la famille mais aussi pour les spectateurs.
Lucie Debay, la mère absente, impose en quelques minutes la douceur et le désarroi face à un quotidien loin d’être enchanteur.

Nos batailles questionne la famille, la vie quotidienne malmenée par le travail, la société, les desseins personnels. Le film est à la fois dur, brut et doté d’instants plus légers. On se prend aussi à rire malgré le combat difficile d’un père.

Nos Batailles

Nos batailles

de Guillaume Senez
avec Romain Duris, Laetitia Dosch, Laure CalamyLucie Debay, Basile Grunberger, Lena Girard Voss, Dominique Valadié… 

Sortie le 3 octobre 2018

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Vous avez dit Broadway ? ardente déclaration au Lucernaire

Avec Vous avez dit Broadway ?, Antoine Guillaume nous transmet sa passion pour les comédies musicales avec un incontestable talent de conteur. Nous vibrons avec lui, nous passionnant pour l’histoire folle de Broadway. 

Vous avez dit Broadway ? Le rêve !

Antoine Guillaume a raison, la vie n’est pas assez musicale. Elle n’est pas assez joyeuse, inattendue, dansante.
L’artiste bruxellois a trouvé un moyen de s’émerveiller : en étant spectateur et en poussant les portes des théâtres de Paris, Londres et New York.
Ressentir la musique, l’émotion à en perdre la raison avec les partitions d’œuvres devenus cultes Cabaret, Chicago, Ragtime, les interprètes dont il nous incite à garder en mémoire leur nom – et il a raison.
On ne saura rien de son parcours professionnel. Ce qui compte c’est l’histoire de la comédie musicale conjuguée à son histoire d’amour personnelle pour le show à l’anglo-saxonne.

Certains y verront peut-être une délicieuse naïveté. Il n’en est ien.
Antoine Guillaume vibre la musique de tout son corps, avec force de costumes et de douceur.
Sa voix parlée est plus discrète que sa voix chantée. Le contraste est saisissant et conditionne aussi notre pleine attention.
Pas de chuchotement du côté spectateurs pendant la représentation. Il nous happe totalement avec les airs qu’il interprète avec un accent anglais parfait !

Vous avez dit Broadway

Ses souvenirs, mes souvenirs

En écoutant Antoine Guillaume conter ses souvenirs en tant que spectateur, les miens se sont réveillés. Et j’en ai beaucoup aussi de belles images en tête, peut-être autant que lui.
Comme Antoine, j’ai vu Glen Cloose dans Sunset Boulevard à’Londres. Mais aussi j’ai eu des joies immenses au Théâtre du Châtelet avec la reprise de standards comme My Fair Lady, Le Roi et moi…
Il est bon de se replonger dans ces incroyables moments de création, de divertissement auxquels on a eu la chance d’assister. Je me souviens aussi du fascinant Michael C Hall vu à Broadway (Angry Inch) et à Londres ( ), de Daniel Radcliffe dans How to succeed…

Vous avez dit Broadway ? est un très bel hommage à ce genre scénique qui passionne enfin la France avec des productions de qualité comme au Chatelet ou à Mogador.
Après avoir vu le spectacle, vous ne verrez plus la statue de sur Time Square, sans l’associer à Antoine Guillaume.

Vous avez dit Broadway

Vous avez dit Broadway ?

de et avec Antoine Guillaume
Au piano : Julie Delbart
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen 

jusqu’au 28 octobre 2018

du mardi au samedi à 21h
Dimanche à 18h

Au Lucernaire
53 Rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
Tel. 01 45 44 57 34

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L’addiction c’est pour moi de Doully : show pétillant à voir absolument

Qui peut se targuer de n’avoir aucun vice ? Nous avons tous des petits travers qui font partie intégrante de qui nous sommes. Doully Millet l’assume ! Elle nous propose, à la Nouvelle Seine, un récit de sa vie avec beaucoup de dérision sur toutes ses mésaventures marquées par les addictions.

Doully

Les trois « marraines fées » de Doully se penchent sur son berceau à sa naissance. La première lui offre le goût du théâtre et de la tragédie. La seconde lui donne la force d’y arriver et la troisième se prend les pieds dans sa cape en disant «Eh merde, j’ai encore trop picolé !» Nous retrouvons dans le spectacle la subtile combinaison de tous ces dons.

Après avoir savouré les plaisirs que la vie pouvait lui offrir, Doully a décidé de s’en éloigner avec le temps et pour diverses raisons. Si son esprit s’en trouve libéré, son physique singulier peut porter à confusion. Ceci la mène à des situations abracadabrantes.

Entre son insomnie, ses petits boulots, ses amis, ses rencontres avec des inconnus, les préjugés, nous nous retrouvons tous dans ces tranches de vie. Pendant plus d’une heure, Doully nous embarque avec elle dans une folie libératrice au troisième degré où elle est parfois grossière mais jamais vulgaire. Elle a un talent fou pour narrer les choses. Vous allez vraiment devenir addict !

Doully

Au-delà du rire qu’elle manie à la perfection (quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que j’avais des abdos !), nous nous attachons à ce personnage atypique dont la sensibilité nous touche pleinement…

Une belle rencontre qui donne le sourire bien au-delà du spectacle. Je vois encore le regard suspicieux de badauds bien-pensants dans la rue quant à mon sourire béat. La seule réponse qui me vient alors est : «Que c’est bon de laisser libre cours à ses addictions ! » 😉

by Jean-Philippe

Doully

L’addiction, c’est pour moi !

de et avec : Doully
Metteur en scène : Nicolas Vallée

à La Nouvelle Seine 
Péniche sur Berges
face au 3 quai de Montebello
75005 Paris
Tel: 01.43.54.08.08

reprise le 19 septembre 2019
tous les jeudis à 20h

FB officiel de Doully : DoullyOfficiel

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Les disparis de Phobia : l’escape game qui fait frissonner de plaisir

La nouvelle énigme de l’enseigne Phobia Escape Game aurait fait perdre la boule à plus d’un détective. La chambre dans laquelle pénètrent les joueurs renfermerait des phénomènes insoupçonnés.
Les Disparus relève encore le niveau de la tension. Le stress des minutes qui s’égrènent est balayé par celui provoqué par les éléments ambiants.

Les disparus

Nous avions déjà succombé à la qualité des décors et des énigmes de Phobia avec Da Vinci. Après la recherche du St Graal, enquête sur une mystérieuse disparition. Une famille complète : parents et petite fille et aussi des équipes de détectives qui ne sont pas arrivées au bout.

L’aventure Les Disparus offre un terrain de jeu aussi maléfique qu’inspirant, flippant qu’amusant. Nous arrivons dans une large chambre plongée dans la pénombre. Nous sommes faiblement éclairés.

Les disparus
Premières recherches et premiers phénomènes.
Les réactions sont bien différentes d’un participant à un autre. Il y a des cris de surprise, des frissons, des éclats de rire et aussi un peu de frustration quand on a eu le dos tourné.
Les mécanismes sont intelligents, exit les cadenas.

Les Disparus vaut pour la qualité de ses bruitages sonores, on se croirait dans un film. Parfois, il faut tendre l’oreille pour saisir un indice à la volée. C’est malin et ça conditionne notre attention.
L’ambiance visuelle est aussi très stimulante aussi entre crépuscule et coups d’éclats.Les disparus

Les éléments s’animent au fil de la partie mais tous différemment. On se fait avoir très facilement et on apprécie l’effet de surprise.

Les Disparus est un scénario bien ficelé, palpitant et haletant avec des énigmes intelligentes et aussi ludiques. Cette nouvelle aventure entre dans notre top 5 de nos escapes préférés.

Les Disparus

Nouvelle aventure pour 2 à 5 personnes

Phobia Escape Game

127, rue Jeanne d’Arc
75013 Paris
tél. 01 44 24 85 28
mail : contact@escapephobia.com

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Où est Jean-Louis ? @ La Michodière : déconnade généralisée

Dans la catégorie théâtre interactif, la Michodière relève d’un niveau avec la pièce Où est Jean-Louis ?
Chaque soir, la proximité avec les comédiens peut être totale pour les heureux élus accédant au St Graal : monter sur scène pour la première fois de leur vie et improviser totalement !

Où est Jean Louis

Où est Jean-Louis ? décoiffe

C’est affublé d’une perruque un peu ridicule et du costume  sommaire de Jean-Louis que le (la) comédien(ne) d’un soir accède à son heure de gloire : partager la scène du Théâtre de la Michodière avec des pros.
Pas de préparation, pas de filet pour se rattraper. Ça peut être aussi bien la cata que la révélation. Et c’est ça qui est poilant !

L’histoire est une joyeuse farce qui aurait mérité des séances d’écriture supplémentaires pour faire rire aux éclats et aller au-delà du simple concept de la participation d’un spectateur.

Elle est le prétexte à une session d’impro avec un invité (en fait trois) qui change tous les soirs.
Les comédiens peuvent avoir quelques sueurs froides face à des spectateurs-acteurs trop volubiles ou un peu trop réservés.
Malgré la pression, certains ont une répartie d’enfer.
Et les comédiens ont tous et toutes suffisamment de bouteille pour palier tout imprévu. Mais ils ne sont pas à l’abri, tout comme nous, de fous rires.

Karine Dubernet est excellente en croqueuse d’hommes, Arnaud Gidoin est parfait en chauffeur de salle et en chef d’entreprise prêt à tout pour sauver sa boite. Sébastien Pierre est celui qui morfle le plus physiquement tout au long de la pièce. Il mérite le respect.

Où est Jean Louis

Attention ! Si vous vous portez volontaire avant le lever de rideau : vous pourriez bien vouloir débuter une carrière après cette expérience.
Et des pros peuvent en effet être aux aguets dans la salle. Comme ce mardi qui accueillait Jean-Michel Ribes, metteur en scène et directeur de théâtre.

Où est Jean Louis

Où est Jean-Louis ?

de Gaëlle Gauthier 
mise en scène : Arthur Jugnot
avec Arnaud Gidoin, Alexandre Texier, Flavie Péan, Sébastien Pierre, Loic Legendre, Karine Dubernet

du mardi au samedi à 21h

Théâtre de la Michodière
4 bis Rue de la Michodière
75002 Paris

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La Peur @ Théâtre Michel : réaliste, exaltant, stupéfiant

La peur, ce sentiment que nous avons tous ressenti plus d’une fois dans notre vie est le sujet central de cette pièce adaptée d’une nouvelle de Stefan Zweig à l’affiche du Théâtre Michel. Trois comédiens partagent avec nous la destinée d’un couple submergé par le mensonge. Exaltant !

Un mari à la situation professionnelle enviable, des enfants, une maison, et une femme … heureuse ? Non sûrement pas !
Cette femme n’a qu’une seule envie : profiter de la vie. Elle, qui n’a de cesse de rappeler à son mari son existence et sa volonté de passer du temps avec lui, se retrouve alors plongée dans une histoire passionnée avec un autre homme. Un bonheur retrouvé, une sensation de bien-être, mais sur fond d’énormes mensonges qui la rattrapent très rapidement.
 La Peur
Lorsqu’une autre femme se présente à elle comme partageant le quotidien de l’homme avec lequel elle entretient cette relation, démarre alors un jeu dont elle est la victime. Folie, dépression… et peur s’enchaînent et obligent cette femme adultère à présenter une face d’elle inhabituelle. Le mari trompé, quant à lui me direz-vous ? Il assiste à ce changement d’humeur sans pouvoir retrouver la femme qui est sienne.

Et que se passerait-il si sa femme venait à lui avouer tout ? Réponse : courrez voir cette pièce tout simplement bluffante et prenante. Une interprétation magistrale et une écriture absorbante ne peuvent que stimuler toute notre adhésion.

Mention spéciale pour la mise en scène astucieuse et à l’atmosphère délicieusement rétro-classe à la Mad Men pour les costumes et accessoires, apportant un cachet cinématographique à l’ensemble.
Cette adaptation est un petit bijou de théâtre immanquable !
La Peur


La Peur

d’après la nouvelle de Stefan Zweig

adaptation et mise en scène : Élodie Menant

avec en alternance : Hélène Degy, Elodie MenantAliocha Itovich, Arnaud Denissel, Ophélie Marsaud et Muriel Gaudin

Reprise exceptionnelle pour 60 dates
à partir du 4 octobre 2018

du jeudi au dimanche à 19h

au Théâtre Michel
38, rue des Mathurins
75008 Paris

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Ohlala Sexy Crazy Artistic : délicate exaltation des sens à l’Alhambra !

Lorsque le corps s’éveille et s’anime, qu’il vibre, nous ne pouvons empêcher la survenue de frissons électrisants… Fort de son succès, la troupe d’Ohlala Sexy Crazy Artistic nous revient à l’Alhambra pour nous enivrer de son spectacle au style si particulier entre cabaret, cirque et théâtre. Le chaud et le froid sont soufflés sans cesse.
D’un côté par le chant suave et les performances physiques sensuelles et, de l’autre, par des interludes burlesques drôles et inattendus.
L’ensemble est beau, finement provoquant et sacrément classe !

À notre arrivée, nous étions un peu surpris de recevoir un éventail en cadeau. Puis nous sommes entrés dans la salle et nous avons compris : ambiance feutrée, costumes aguichants, corps parfaitement sculptés (dont un de nos chouchous !)…
Ça commence plutôt bien !

Le show se compose en deux actes. Le premier est en quelque sorte un préliminaire pour nous emmener dans l’univers de la troupe. Avec un orchestre et une chanteuse live, chaque tableau reprend des classiques du cirque contemporain avec une note personnelle toujours séduisante. L’attention ne se porte pas uniquement sur la prestation, mais aussi et surtout sur le visuel.

Tout est esthétique, parfaitement chorégraphié avec un enchaînement fluide et dynamique. Il ne s’agit pas uniquement de nous émerveiller, mais surtout de nous réveiller. Ça marche !

Ohlala

Ohlala

Ohlala, un pouvoir hypnotique

En effet, on ne vous cache pas que la tension monte parfois… Après tout, nous sommes des êtres humains et la vue de ces corps s’exécutant de façon lascive ne nous laisse pas de marbre.

Heureusement, le tempo du spectacle permet des pauses. Un personnage un peu loufoque et attachant intervient régulièrement. Il s’agit d’une femme désirant absolument rejoindre la troupe mais dont les talents ne semblent pas reconnus. Elle fait subtilement le lien pendant toute la représentation et nous n’avons qu’une envie : la voir enfin se déchaîner avec les autres !

Ohlala

Sulfureux et incroyablement élégant

Après les cerceaux, les patins à roulettes ou autres contorsionnistes, le deuxième acte fait place au body-painting et aux batailles de danse. Ce qui me fascine encore maintenant, c’est la subtilité du spectacle. Son incroyable potentiel érotique est parfaitement maitrisé pour ne retenir que l’interaction des corps, l’harmonie des gestes et la communion. Exit les seins nus, la vulgarité ou la grossièreté !

Si nous devions vous donner une seule raison d’y aller, ce serait la scène de la baignoire, en duo. Elle est particulièrement envoûtante… Il est totalement impossible de résister à son charme ! C’est un véritable enchantement…

En bref, se laisser aller au jeu de Ohlala Crazy Sexy Artistic est un plaisir pouvant être coupable. Mais la culpabilité éprouvée ici s’avère être particulièrement délicieuse… 😉

by Jean-Philippe

Ohlala

Ohlala Crazy Sexy Artistic

Direction artistique : Gregory Knie
Lumières : Jacques Rouveyrollis
assisté de Jessica Duclos
avec la participation de Emy Sotomayor

Jusqu’au 30 septembre 2018

du jeudi au samedi à 20h30
matinée le dimanche à 17h

à l’Alhambra
21 Rue Yves Toudic
75010 Paris
Tel. 01 40 20 40 25

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Une pluie sans fin : le non-film de l’été à voir !

L’affiche du film Une pluie sans fin pourrait en rebuter plus d’un. Un premier film, un titre qui n’engage pas forcément un récit léger. Le tout avec une sortie en plein été : il fallait oser. Wild Bunch, le distributeur, l’a fait.
Voici nos 3 arguments imparables si on nous sort une excuse bidon pour ne pas aller voir le film dès sa sortie.

Une pluie sans fin

Un film chinois sans combat, non merci !

Effectivement, il n’y a pas de flingue, ni de règlement de compte ou de sabre d’un autre temps.
Pourtant le récit noir qui se déploie intrigue suffisamment pour capter toute notre attention.

Une série de meurtres de femmes ayant pour décor une fonderie. Un agent de sécurité, Yu Guowei, qui se prend pour un détective.
Une séquence de bal poétique et une relation énigmatique sont d’autres atouts de ce récit.

Il pleut tout le temps, quel enfer !

Nous sommes bien à l’abri dans nos fauteuils de cinéma. Imaginez les comédiens et surtout l’acteur principal Duo Yihong qui a dû endurer son sacerdoce pratiquement chaque jour de tournage. C’est lui qui a vécu l’enfer.

Sur l’écran, la pluie est cinégénique, elle donne une atmosphère unique, qui nous rappellerait quelques films noirs américains. L’ensemble est moite, boueux, sale, exténué aussi.

Comme cette quête du meurtrier à travers cette campagne et cette usine en pleine Chine de la fin des années 90.

Une pluie sans fin

Un 1er film ? J’attendrai qu’il en fasse un 2e !

On peut toujours avoir un doute sur un premier film de cinéaste. Les écueils sont légions : récit ou rythme pas assez maîtrisé, de l’autobiographie en majorité.

Rares sont les coups de maître. Le réalisateur Dong Yu, lui, a frappé fort dès le premier coup.

Il rend son héros désabusé attachant, on se plaît à ne pas comprendre sa relation avec sa hiérarchie ni avec cette jeune femme qu’il fréquente.

Une pluie sans fin est le non film de l’été parfait. Il vous fera encore plus apprécier la chaleur et le grand soleil à votre sortie de la salle.

Une pluie sans fin fait ralentir le rythme, prenant le temps d’une histoire qui se dévoile progressivement. Et qui ne laisse pas deviner son épilogue.

Une pluie sans fin

Une pluie sans fin

un film de Dong Yue
avec Duo Yihong, Jiang Yiyan, Du Yuan, Zheng Wei, Zheng Chuyi, Zhang Lin

Sortie en salle le 25 juillet 2018

Grand Prix du Festival intertional du Film Policier de Beaune 2018

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Tristan Lopin au Palais des glaces : fou sentimental !

Tristan Lopin joue les prolongations avec Dépendance affective pour cause de succès mérité. Après le théâtre Trévise, il investit le Palais des glaces.
L’humoriste croque sa vie de trentenaire avec une exceptionnelle générosité. Tristan est un antidépresseur idéal après une rupture douloureuse ou après avoir fait son propre constat d’échec face au bonheur des autres.  

Tristan Lopin

La si jolie de vie de Tristan Lopin

Alors non, le jeune homme n’a pas trouvé le prince charmant. Et c’est bien ça le problème. 

Mais il n’empêche qu’il se dégage de son spectacle une force vive. Il a un réel désir de bouffer la vie à grands coups de cuillères de Nutella, accompagné en bande-son de Britney et Céline – précisons que le garçon n’est pas dépressif.

Alors oui, il n’est pas un garçon comme les autres. En l’occurrence, il n’a pas une bite à la place du cerveau. C’est plus subtil dans son cas ou plus spectaculaire…

One-man-show sans cliché

Tristan partage donc sa séparation avec force détails poilants. Il a aussi une conception tout à fait réaliste du mec / de la fille plaqué(e) et qui se met en quête du prince charmant. 

Il n’hésitera pas non plus à se mettre dans la peau de sa nièce et de sa tante pour prouver que la jeunesse de maintenant est vraiment capable de trucs total #wtf et qu’en face, la partie senior n’a plus aucun filtre, sa parole est libérée et frontale.

Dépendance affective de Tristan Lopin est un bonbon sucré à souhait. Un spectacle tendre, malicieux avec des pincées d’humour trash bien pensées. 

Et puis comme dirait une spectatrice à une pote découvrant la carte à faire dédicacer à la sortie du spectacle : “on a envie de lui grattouiller le menton !

Tristan Lopin

Tristan Lopin – Dépendance affective

A partir du 8 octobre

Spectacle dans la grande salle à 20h

Palais des glaces
37 rue faubourg du temple
75010 Paris

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LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES épopée musicale @ Théâtre de la Renaissance

La Petite Fille aux Allumettes, la comédie musicale tirée du célèbre conte d’Andersen revient sur la scène du Théâtre de la Renaissance. Un spectacle drôle, émouvant et bourré de rebondissements. La magie opère et toute la famille est conquise.

Entendons-nous bien, il s’agit d’une adaptation. Le spectacle est accessible dès l’âge de quatre ans, il fallait donc un peu l’édulcorer. Ici, pas de vision de famille heureuse festoyant devant un bon repas de Noël, pendant que la gamine, frigorifiée derrière la fenêtre, meurt de faim. Et ce, dans l’indifférence générale.

La petite filles aux allumettes
La petite fille aux allumettes a bien changé. Intrépide et déterminée, elle est libérée de la timidité du conte originel de Hans Andersen. Bien au contraire. Désireuse de retrouver sa grand-mère (Nathalie Lermitte) décédée, la frêle Emma (Marlène Connan)  navigue entre le monde réel et le monde imaginaire. Ce dernier, dirigé par une reine qui est également l’aïeule de la petite, est menacé par l’ignoble Fragotov (Julien Mior-Lambert). Pour l’affronter, Emma s’entoure de Sacha (Alexandre Faitrouni), un valet rigolo et facétieux ainsi que d’une magicienne drôle et charismatique(Gaëlle Gauthier).

La petite filles aux allumettes

Un monde féerique

Tout au long de ce voyage, les décors légèrement kitsch changent à une vitesse impressionnante et les instruments jouent à tout rompre. Les couleurs sont chatoyantes et la musique enlevée. Pour capter l’attention des enfants pendant 1h15, le rythme est soutenu du début à la fin. Les bambins en remarqueront à peine les quelques répétitions dans les thèmes musicaux. Quant aux adultes, ils y trouveront également leur compte. La musique est bien menée et enveloppe parfaitement le spectacle.

Seul petit bémol, dans le monde imaginaire, le château est dirigé d’une main de maître par Miroslav (Guillaume Beaujolais), un majordome aussi caricatural que possible. Le personnage très maniéré aurait certainement gagné à faire tomber les clichés en montrant un peu plus de modération. Cela reste toutefois un détail. La pièce est drôle et le bonheur des enfants, captivés par l’intrigue, se lit sur leur visage.

La petite filles aux allumettesLes couleurs, les danses et les chants (formidable casting) sont justes, mais comment aborder l’épilogue tragique de l’histoire ? Pendant qu’elle livre bataille dans ses rêves, Emma est rattrapée pas sa condition de simple mortelle. La faim et le froid se font sentir. Vient alors l’épineuse question de la mort. L’auteur évoque le trépas sans s’appesantir. En cela, c’est plutôt réussi car rien n’est caché. Le monde peut être cruel, avec son lot de violence et de mensonges. Les plus jeunes ne comprendront certainement pas toujours le concept de mort, libre alors aux parents de leur expliquer. Ou bien de les laisser rêver encore quelques temps, d’un ailleurs féérique.

by Joël Clergiot

La Petite Fille aux Allumettes

comédie musicale de 4 à 12 ans

d’après le conte d’Andersen

Mise en scène de David Rozen
Musique : Julien Salvia
Livret : Anthony Michineau
Paroles : Ludovic-Alexandre Vidal

Avec : Alexandre Faitrouni, Nathalie Lermitte, Gaëlle Gauthier,
Thomas Ronzeau, Julien Mior-Lambert, Guillaume Beaujolais,
Lilly Caruso, Marlène Connan, Lucie Riedinger, Sophie Delmas, Véronique Hatat, Pierre Hélie… 

au Théâtre de la Renaissance
20, Boulevard Saint-Martin
75010 Paris

à partir du 20 octobre 2018

les samedis et dimanches à 14h
1er novembre à 14h
tous les jours pendant les vacances scolaires à 14h
(relâche le 26 octobre et le 25 décembre)

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