Archives par mot-clé : avis

TOTEM du Cirque du Soleil à Paris : splendeur visuelle & performances folles

Totem signe le grand retour du Cirque du Soleil sous chapiteau à Paris, depuis Amaluna.
Moins de maquillages, des corps d’athlètes qui se découvrent et des numéros toujours aussi dingues.
Le tout mis en scène par un dieu québécois du théâtre : Robert Lepage.
L’émerveillement est à son comble ! 

Totem

Totem, une machinerie imparable

Le Cirque du Soleil a le don de savoir nous capter pour une soirée entière. L’enfant a matière à être ensorcelé. L’adulte a de quoi lâcher prise pour s’imaginer aussi bien en équilibre sur un bout de bois ou à voltiger dans les airs.

Cette fois, ce  n’est pas un enfant qui porte le récit ou un personnage fil rouge – ce qui n’est pas désagréable en soi.
Totem, c’est l’histoire de l’espèce humaine et l’humanité qui mène le récit dans un mélange d’époques et de continents.
Il y a des danses amérindiennes, des chants africains, l’équilibrisme asiatique, un savant fou, un Italien caricatural, des maîtres-nageurs ultra sexy mais aussi des animaux (singes, amphibiens…).

La parade des numéros alterne prouesse, magnificence, entente parfaite entre les artistes et pointes d’humour bien relevées.

Totem

Totem

Monocycles, trio d’anneaux, barres russes…

Cette fois, les visages sont, pour la plupart, sans masque et non surchargés de maquillage. Totem n’est pas un conte mais plus un récit enchanté. Il y a donc plus de réalisme que dans les autres spectacles du Cirque du Soleil présentés à Paris.
Et surtout, il est possible de voir les corps de certains athlètes qui performent torses nus. Attention les yeux, il y a du lourd.

L’un des premiers numéros à être éclatant est le quintette de jeunes femmes sur monocycles. D’une part, elles sont perchées à plus de deux mètres du sol, premier coup de flip. D’autre part, elles jonglent avec des coupelles en métal et tiennent l’équilibre parfois à une jambe et pédale, deuxième coup de flip. Le brio est à son paroxysme !

Totem

Le trio d’anneaux voltigeurs est un numéro musclé. Les torses imberbes des deux hommes sont massifs et les bras et épaules de l’acrobate féminine peuvent causés quelques complexes à la gente masculine présente dans les gradins.
Le numéro est ingénieux dans l’alternance de montées et descentes des figures aériennes, des coups de force et de l’intensité.

Totem

Les barres russes font se déployer un groupe d’hommes aux carrures distinctes. Il y a les porteurs aux larges épaules et cuisses et les acrobates plus fluets pour de meilleurs sauts.
A un moment, un des frêles acrobates se met à descente un escalier imaginaire sur les barres en bois. C’est sidérant.

Ma voisine et aussi cousine a aimé comme moi le décor avec l’écran vidéo ingénieusement intégré et qui fait parfois donne l’illusion d’une vue en relief.
Les costumes sont aussi absolument sidérants.

Totem

TOTEM
par le Cirque du Soleil

à la Plaine de Jeux Bagatelle
Bois de Boulogne
Route de Sèvres
75016 Paris

du 25 octobre au 30 décembre 2018

du mardi au samedi à 20h
matinée le samedi à 16h30
le dimanche à 13h30 et 17h 

Image de prévisualisation YouTube
Share

Chicago le musical à Théâtre Mogador : tout simplement brillant !

Heureux-heureuses, celles et ceux qui découvriront Chicago le musical au Théâtre Mogador.
L’adaptation française de ce classique 5 étoiles de Broadway est imparable.

Le cast est brillant : Sofia Essaïdi, Carien Kiezer, Jean-Luc Guizonne entourés d’autres excellents interprètes et danseurs.
Chaque soir, le jazz et la magie de Bob Fosse font se déchaîner les corps, palpiter les cœurs et briller les yeux !
Le glamour est sidérant de beauté. 

Chicago le musical

Chicago le musical, scène minimaliste

Alors oui, le décor est simple et il ne changera pas de la soirée : l’orchestre tient lieu – avec prestance – de fond de scène dynamique et classe.
Les costumes sont moulés à même les silhouettes des danseurs et chanteurs, chanteuses.
Il y a bien quelques plumes qui viennent égayer la sobriété du noir.
Nul besoin de surcharge de moyens pour concevoir un chef-d’œuvre scénique absolument inoubliable.

Chicago le musical

Chicago le musical

Velma, Roxie et Billy, un trio infernal 

Ce qui compte c’est la rencontre d’un trio improbable et imaginatif. Velma, Roxie et Billy. Deux meurtrières manipulatrices (une blonde incendiaire et une brune tonitruante) doublées d’un avocat véreux.
Ils forment une union à la moralité très douteuse mais qui ne manque pas de culot, d’éclat, voire même d’élégance.
On suit les jeux d’égo, les échanges croustillants dans cette prison pour femmes de Chicago.
Velma et Roxie attendent leur procès en médiatisant leur pauvre vie, tandis que leur avocat tient la dragée haute pour préparer sa brillante plaidoirie.

Chicago le musical

Chicago le musical

Sofia, Cairen et Jean-Luc au diapason 

On redécouvre Sofia Essaïda. C’est un éclat incroyable sur la scène de Mogador qui ouvre le show avec le titre phare : Faut que ça jazz !
Elle est magnétique, capable de grands écarts, de levers de jambe bluffants.
Chicago le musical est taillé pour elle. Elle réalise simultanément son rêve et sa plus belle performance scénique et physique.

Image de prévisualisation YouTube

Carien Keizer, ancienne meneuse de revue au Lido, a la silhouette parfaite pour incarner Roxie. Son léger accent – elle est originaire des Pays-Bas – lui donne un charme supplémentaire.
Elle joue à merveille l’espièglerie.
Sa chanson titre, Roxie, qui ne dure pas moins de 14 minutes tient lieu de performance.

Jean-Luc Guizonne a une classe folle. Il incarne un avocat aussi élégant que passionné avec un magnétisme de dingue.

Il y aurait tant d’autres talents à citer comme Sandrine Seubille éclatante en Mama, V. Petersen incroyable Mary Sunshine, Alex Freï, The Spirit of Bob Fosse…

Nicolas Engel va faire taire les mauvaises langues qui disent que : « Chicago c’est impensable sinon en anglais ! »
L’adaptation en français est de la dentelle. Ça passe magnifiquement. Donnant raison à Bob Fosse qui aimait tant notre langue.

Image de prévisualisation YouTube

Chicago le musical

Chicago le musical

au Théâtre Mogador
25 Rue de Mogador
75009 Paris

du mercredi au vendredi à 20h
samedi à 20h30
matinées : samedi et dimanche à 16h

Équipe artistique : 
mise en scène : Tania Nardini
chorégraphie : Ann Reinking
adaptation française : Nicolas Engel 
direction musicale : Bob Bowman – Dominique Trottein 
avec Jean-Luc GuizonneSofia EssaïdiCarien Keizer, Sandrine Seubille, Pierre Samuel, V. Peterson…

Share

HARD : une catho dans le porno au Théâtre de la Renaissance !

Culte la série de Canal + initiée à l’époque par Bruno Gaccio, en charge de la Nouvelle Trilogie !
Hard c’est l’histoire d’une veuve qui découvre que son époux menait une vie pro plus inhabituelle que prévue.
Original de plonger, au théâtre, dans l’univers du porno, à bout de souffle car mis à mal par l’hégémonie des internets, avec une galerie de personnages désopilante.

Hard
photo Charlotte Spillemaecker

Hard : plus dure est la révélation

Ce qui est dur c’est aussi bien le deuil quelque peu malmené de Claire que le cadre dans lequel elle va plonger, suite à la disparition de son bien-aimé.
Une catho dans le porno ! La situation est poilante d’autant que c’est la belle-mère qui est en charge de révéler l’innommable à la veuve.
S’ensuit le choc d’une vie : découvrir un monde inconnu, avec ses codes, son vocabulaire, ses extrêmes et ses personnalités : Roy la poutre, en tête !

Hard

photo Charlotte Spillemaecker

Une farce avec double péné

Il est évident que Nicolas Briançon n’a pas boudé son plaisir de metteur en scène pour diriger ses comédiens dans ce joyeux bordel où une histoire d’amour peut naître.
Chaque personnage a de la profondeur malgré les apparences. La veuve n’est pas qu’une catho effarouchée. Les acteurs porno ne sont pas à prendre seulement pour ce qu’ils sont : des corps objets.

Hard

photo Charlotte Spillemaecker

Distribution réjouissante

De François Vincentelli qui impose en hardeur au cœur tendre à Claire Bonotra bigotte ne manquant pas d’audace.
Nicole Croisille est pétillante en lesbienne du 3e âge, Stephan Wojtowicz génial en tenancier bourru. Isabelle Vitari campe quant à elle une divine manipulatrice.
Et total respect pour Charlie Dupont qui assure la performance non pas que physique mais surtout labiale en jouant avec un improbable accent sud-américain.

Hard une fantaisie pure qui fait valser les clichés qui peuvent coller aussi bien au porno qu’à la comédie populaire.

 

Hard

adaptation de Bruno Gaccio
mise en scène Nicolas Briançon
avec Claire Bonotra, François Vincentelli, Nicole Croisille, Charlie Dupont, Isabelle Vitari, Stephan Wojtowicz

au Théâtre de la Renaissance
20 Boulevard Saint-Martin
75010 Paris

du mardi au samedi à 21h
matinée : samedi et dimanche à 16h30

Image de prévisualisation YouTube
Share

Chapitre XIII : le grand guignol flamboyant de Sébastien Azzopardi

Sébastien Azzopardi renouvelle sa folie créative avec Chapitre XIII, une pièce démoniaque et drôle avec des meurtres particulièrement atroces, de l’hémoglobine, de la tension, des pointes de magie, de la sueur (les comédiens se donnent à fond), le tout dans un monastère.
Chapitre XIII c’est du grand guignol, des coups de sang, Seven (le film) avec les moyens du théâtre privé.
Deux heures inventives, haletantes et pleines de dérision sur la scène du Théâtre Tristan Bernard.

Chapitre XIII

Chapitre XIII : un écrivain, des meurtres

Sébastien Azzopardi est en quelque sorte le Michalik du suspense. Avec Chapitre XIII, il entremêle plusieurs récits en un seul. Attention, le début peut être un poil éprouvant, ça parle de Cathares, de religion, d’exécution… et d’un coup on est projeté dans notre siècle.
Toutefois, le récit nous happe suffisamment pour nous donner envie de suivre un jeune écrivain, Franz qui a l’imagination débordante.

Sébastien Azzopardi a le don de faire déborder la tension de la scène. Les comédiens ne restent jamais en place. Et l’hémoglobine non plus. C’est ça qui nous plaît aussi ! C’est grand guignol, décalé, kitsch assumé et inventif. La mise en scène ne souffre d’aucun temps mort.
Azzopardi aime jouer avec les spectateurs, leur proposer des vrais instants potaches, les surprenant au détour d’une rangée.

Chapitre XIII

Chapitre XIII
photo de Fabienne Rappeneau

L’autre atout ce sont les comédiens qui incarnent tous plusieurs rôles au cours de la soirée. Ils changent de costume, de registre avec brio. Donnant encore plus de rythme à l’action.
On imagine les contraintes pour que cet ensemble soit à son apogée chaque soir. Un accessoire oublié et c’est le récit qui dérouillera.

Sébastien Azzopardi aime nous faire peur au théâtre et nous on adore se flipper (et aussi rire) avec lui.
Et on avoue devant Dieu que c’est un vrai plaisir de retrouver un de nos chouchous : Alexandre Jérôme.

Chapitre XIII

Chapitre XIII

de Sébastien Azzopardi et Sacha Danino
misée en scène : Sébastien Azzopardi
avec Thomas Ronzeau, Tadrina Hocking, Patrice Latronche, Alexandre Jérôme, Marica Soyer, Philippe De Monts

au Théâtre Tristan Bernard
64, rue du Rocher
75008 PARIS

du mardi au samedi à 21h
matinée : samedi à 16h

Share

Les Franglaises retournent Bobino à Paris : jouissif !

Les Franglaises de retour à Bobino à partir du 9 octobre.
Toujours aussi barrées, toujours aussi inattendues, c’est encore et toujours un bonheur de retrouver les fantasques et fantastiques traductions de cette bande de potes.
Et quand vous êtes dans la salle, vous avez l’impression d’en faire partie, de cette bande.

Les Franglaises
Photo du spectacle 2016


Les Franglaises : le spectacle, rien que le spectacle

Et comme à leur habitude, le show débute à votre arrivée. La troupe vous accueille dans son univers dès que vous avez franchi le seuil de la salle, en mode impro et selfie.
Sur scène, les musiciens improvisent en continu dans un crescendo musical avant que le rythme soit contagieux.
Dans la salle, les protagonistes de la soirée enchaînent blagues et petites taquineries toujours bon enfant avec le public.

Les Franglaises
Photo du spectacle 2016
Les Franglaises
Photo du spectacle 2016

Le décor est bien différent cette fois. Les costumes aussi.
Le seul qui reste immuable est le maître de cérémonie : Yoni Dahan.

Les Franglaises
Photo du spectacle 2016

Un concept qui fait mouche

Traduire littéralement des chansons anglaises, il fallait être assez fou pour oser le faire. Et Les Franglaises sont assez fous pour relever un défi pareil.

D’un bout à l’autre, c’est rocambolesque.
Les garçons plage, Reine, Les sœurs du pointeur, Ray Charles, les Filles-épice : toute la musique anglo-saxonne passe à la trad.
Et durant près de 2 heures, chaque interprétation est un moment d’anthologie.
Et bonheur : les musiques sont jouées live !

Les Franglaises
Photo du spectacle 2016

Notre moment coup de cœur reste toujours le duo entre le droopy de la bande, alias Quentin Bouissou, et le l’homme-ancre du show (l’anchorman) Yoni Dahan sur Hello, Goodbye des Beatles.  C’est l’instant charnière du show et un grand moment de comédie.

Les Franglaises
Photo du spectacle 2016

Les Franglaises : depuis la salle

Derrière nous, un spectateur dit à sa voisine : C’est exactement ça la chanson ! sur Pourpre Pluie de Prince.

Et ma voisine Maggy a trouvé le spectacle “déjanté et fabuleux, ils se sont démenés. Je n’ai pas eu le temps de respirer. C’est un tourbillon tout le long du show.
Pour sa première fois, avec Les Franglaises, elle a préféré les chansons d’Elvis Presley Chaussures en daim bleu et Méchant de Michael Jackson.

Les Franglaises
Final version 2017

Mention spéciale aussi pour la reprise folle de A-ha Prends sur moi et pour la nouvelle scène finale qui verse dans le western-fantastico-gore !

Image de prévisualisation YouTube

Alors même si vous avez déjà vu un spectacle, retrouver la fougue des Franglaises est toujours jouissif car le spectacle ne cesse d’évoluer.
Si vous les connaissez pas, c’est définitivement “l’heure de découvrir ce que vous chantez !

Les Franglaises

Les Franglaises

du 9 octobre au 28 décembre 2019

à Bobino
14-20 rue de la Gaité
75004 PARIS

site officiel : lesfranglaises.fr

Share

En Liberté ! de Salvadori : Pio Marmaï est une bombe

Pierre Salvadori s’offre un film cure de jouvence avec En Liberté ! Le réalisateur semble avoir l’âge de ses personnages, une petite trentaine. Il mélange les genres avec une malice déconcertante, de quoi filer des sueurs à de jeunes réal un peu trop précieux et autocentrés.
En liberté ! est un vrai film d’auteurs avec un s. C’est inventif, déconnant et sensible à la fois.

En liberté

Pio Marmaï une vraie bombe !

Sorti de prison après avoir été jugé coupable d’un braquage de bijouterie qu’il n’a pas commis, Paul a un rapport au monde quelque peu décalé.

Il parle tout seul, sans être plus fou qu’un autre. Sa douceur d’avant prison a pris un coup. Maintenant, il sait se défendre avec un certain éclat et ne manque pas de créativité quand il s’agit de faire quelques menues larcins.

En Liberté

Pio Marmaï est une bombe qui peut exploser à tout moment, dégageant des déflagrations hilarantes.

Physiquement il en impose aussi !
Pendant la rencontre d’après projection, le comédien a confirmé qu’il avait pris du muscle pour le rôle et notamment pour la scène culte où il arbore une combinaison en latex.
Nul doute qu’il va encore être la source de fantasmes à la fois pour les femmes et les hommes.
Pierre Salvadori, lors de la rencontre sur la question du charisme érotique de son comédien : « Pio ne m’a pas attendu pour être une icône gay ! 🙂 ».
En liberté

Angèle Haenel la nouvelle reine du comique

Ses « Oh Putain ! » qui ponctuent quelques séquences mémorables sont poilants. Angèle Haenel dégage une vraie empathie malgré la vie bancale de son personnage. L’obsession de vérité la mène dans des situations hilarantes.
Le duo de cinéma Angèle et Pio fonctionne à merveille. Deux personnalités borderlines.

En Liberté

Le réalisateur confie qu’Adèle Haenel a eu du mal à être juste. « Au début, elle en faisait des caisses. Il lui a fallu 4-5 jours. Passé le week-end, revenue le lundi, elle est devenue une vraie actrice de comédie ! »

En liberté ! envoie un souffle incroyable qui donne envie de se décharger de toutes nos contraintes pour révéler enfin ce que nous sommes.

Les vidéos de la rencontre #ProjoPrivée sont en ligne :
cineplus/projo-privee

En Liberté

En Liberté !

un film de Pierre Salvadori
scénario de : Pierre Salvadori, Benoit Graffin, Benjamin Charbit

Avec Adèle Haenel, Pio Marmaï, Damien Bonnard, Vincent Elbaz, Audrey Tautou

Sortie le 31 octobre 2018

Share

La Légende d’une vie : Natalie Dessay, Macha Méril vibrantes

L’amour peut faire aussi bien des ravages qu’être la source de profonds bonheurs. Et c’est encore plus vrai sur la scène du Théâtre Montparnasse.
La Légende d’une vie conte de manière admirable l’impossible héritage, la folie de la filiation, les ravages d’un secret de famille, la vie dans ce qu’elle a de plus beau et de plus tragique à la fois.
La distribution est remarquable : Natalie Dessay, Macha Méril, Gaël Giraudeau, Bernard Alane et Valentine Galey.

la légende d'une vie

Un douloureux héritage

On croirait à un caprice ! Frederich, jeune auteur de poésie, ne veut pas assister à la lecture de son texte par un comédien pourtant connu. La tradition de la mise en scène de son œuvre est héritée de son père, illustre écrivain.
La mère Frederich se débat pour le faire réagir, prendre conscience de ses obligations. L’ami de famille, éditeur, essaie d’apaiser à la fois la mère et le fils.
La tension est palpable, le désarroi aussi.
La cohésion familiale ne tient qu’à un fil. Une visiteuse vient définitivement bousculer la maison et tout ce qu’elle contient. Le choc est violent et révélateur pour chaque personnage.
S’ensuit une quête de sens et de vérité palpitante.
Le texte de Stefan Zweig est fort. Il porte en lui des vérités sur l’amour, la fidélité, l’idéalisation, la famille…
Et ça fait brillamment écho en nous, en moi.

La légende d'une vie

la légende d'une vie

Natalie Dessay, Macha Méril

L’incarnation de ces personnages tiraillés par les non-dits, le poids du passé, le jeu de la représentation en Autriche, en 1919 est virtuose.
Natalie Dessay et Macha Méril sont dans une rivalité incroyable qui atteint son apothéose à la toute fin de la pièce rendant palpable les liens qui les ont unies, par le passé.
Gaël Giraudeau incarne avec excellence le tiraillement, l’envie d’émancipation de la figure paternelle et la quête de sens.
Bernard Alane est d’une classe folle. A la fois complice d’un terrible secret, à l’écoute de tous et toutes, mu par son besoin de sincérité.
Quant à Valentine Galey est dans la bienveillance et la discrétion.

PS : Et quel bonheur de pouvoir voir Natalie Dessay à une telle distance alors qu’il était quasi impossible de l’admirer dans ces conditions dans son autre vie, celle d’interprète d’opéras.

La légende d’une vie

de Stefan ZWEIG
Traduction Jean-Yves GUILLAUME
Adaptation Michael STAMPE
Mise en scène Christophe LIDON

Décor Catherine BLUWAL
Costumes Chouchane ABELLO-TCHERPACHIAN
Musique Cyril GIROUX
Lumières Marie-Hélène PINON

Avec Natalie DESSAY, Macha MÉRIL, Bernard ALANE, Gaël GIRAUDEAU et Valentine GALEY

au Théâtre Montparnasse
31 Rue de la Gaîté
75014 Paris

du mardi au samedi à 20h30
Matinées : samedi à 17h et dimanche à 15h30

Share

Misery au Théâtre Hébertot : Myriam Boyer – Francis Lombrail percutants

Œuvre culte de Stephen King, Misery est portée à la scène Daniel Benoin.
Il faut du cran pour oser s’attaquer à une histoire connue de beaucoup.
Myriam Boyer campe une infirmière double face, implacable et manipulatrice, mais aussi groupie et légère. Face à elle, Francis Lombrail est cet écrivain accidenté qui tente tant bien que mal de survivre au pire.
Tensions garanties tous les soirs au Théâtre Hébertot.

Misery

Misery, film culte et pièce

Qui ne connaît pas le film ? La tension, l’insoutenable scène où cette infirmière « fan numéro 1 » d’un écrivain célèbre va faire preuve d’une terrible inhumanité sur cet homme qu’elle garde séquestré chez elle.
L’intérêt de retrouver ce récit aussi brillant que dérangeant, insoutenable que révélateur, est son duo de comédiens.
Myriam Boyer que l’on sait douce et souriante en dehors de la scène, se révèle implacable et tordue. Elle fait vraiment peur car on sent bien qu’elle est capable de tout. La transformation de la comédienne est à elle seule une raison de voir la pièce. Avec sa banane autour du ventre, sa robe des grands soirs, elle tranche avec la classe de l’écrivain célèbre qu’elle héberge.
Le jeu de Francis Lombrail tient aussi de la performance. Une partie du temps, il joue alité, l’autre partie, en fauteuil roulant. Le handicap qui peut paraître contraignant donne aussi de l’épaisseur au personnage. Il est à la merci d’une femme. Il doit aussi être capable de jouer sur plusieurs registres pour garder la vie sauve.

Misery

Mise en scène inventive

Daniel Benoin, le metteur en scène de Misery, est à l’origine de belles trouvailles pour maintenir cet état de tension dans les rangées du Théâtre Hébertot, chaque soir. D’abord, les transitions faites de montages vidéo clipés à mort et d’une bande musicale forte. Enfin, le décor qui joue de sa relative transparente, l’infirmière menaçante est toujours présente derrière la chambre-cellule de l’écrivain.
Enfin, le hors-champ est exceptionnellement montré, avec des caméras placées de manière à ce que l’on puisse voir l’action en dehors de la chambre.

A la sortie, certains spectateurs vérifient le nom de l’un des deux interprètes du film, “Comment elle s’appelle déjà la comédienne ?” Contre toute attente, Myriam Boyer et Francis Lombrail sont à la hauteur de nos attentes.

Misery

Misery

Une pièce de William Goldman d’après le roman de Stephen King
Adaptation française : Viktor Lazlo
Mise en scène : Daniel Benoin
Avec Myriam Boyer et Francis Lombrail

 

au Théâtre Hébertot
78 bis bld des Batignolles
75017 PARIS

du mardi au samedi à 21h
matinée dimanche à 15h

Image de prévisualisation YouTube
Share

Fashion Freak Show : la géniale exubérance de Jean Paul Gaultier

Jean Paul Gaultier n’est pas prêt de quitter les projecteurs et les flashs des photographes. Il s’offre une cure de jouvence aux Folies Bergère en revisitant sa vie et son œuvre.
Le Fashion Freak Show, c’est joyeux à souhait, sexy, glamour, beau et coloré.
Les beautés sont multiples et surtout non standardisées. On a tous et toutes la silhouette idéale pour porter du Gaultier. L’essentiel étant notre personnalité.
En sortant des Folies Bergère, j’ai eu une furieuse envie de danser et de m’habiller en Gaultier.

Fashion Freak Show

Fashion Freak Show
Inside Jean Paul Gaultier

Le rêve de jeunesse devient enfin réalité à la fois pour Jean Paul Gaultier mais aussi pour beaucoup d’entre nous.
Lui rêvait d’une revue aux Folies Bergère et nous d’assister à un de ses défilés.
Nos rêves à tous et toutes sont réunis sur scène dans un tourbillon volubile et incroyablement esthétique.

Jean Paul Gaultier dévoile sa si jolie vie avec couleurs et fantaisies. La troupe est composées de mannequins-danseurs sexy et débridés ainsi que de guests de choix invités sur grand écran.
Nous, nous jubilons sur notre siège devant chaque tableau.

Nana l’ourson fétiche du créateur, le film culte déterminant sa passion, le premier défilé, l’amour de sa vie Francis, Londres… Ces événements importants de la vie du créateur sont mis en scène à chaque fois différemment, aucun tableau ne ressemble à un autre.
Les écrans ne sont pas décors mais habillages scéniques ce qui est une gageure. Ils permettent aux guests de vivre comme personnages à part entière du spectacle. Rossy de Palma est une prof hilarante, Catherine Ringer chante l’amour avec merveille dont une sublime reprise de I want your love en VO et VF, Catherine Deneuve présente les modèles et Alain de Caunes est égal à lui-même, farfelu à souhait en Queen Elizabeth II.

Fashion Freak Show
Fashion Freak Show, le meilleur de Gaultier

Nombreux costumes de scène sont des créations qui ont connu les podiums et aussi la tournée des musées internationaux : Montréal, Madrid, le Grand Palais à Paris. Il est jubilatoire de les voir en mouvement et si près.

Le Fashion Freak Show est un spectacle hybride, il n’y a pas d’acrobaties folles, de chorégraphies grandioses. Il tient à l’ingéniosité de la mise en scène qui joue l’humour, la complicité et la légèreté. La personnalité de ses interprètes est aussi essentielle à la réussite de cette revue so JP Gaultier!

Fashion Freak Show

Fashion Freak Show
un spectacle de Jean Paul Gaultier

mis en scène : Jean Paul Gaultier et Tonie Marshall
assistés de Eric Supply
Livret en collaboration avec Raphaël Cioffi
Chorégraphie : Marion Motin assistée de Nicolas Huchard
Direction musicale : Nile Rodgers

aux Folies Bergère
32 Rue Richer
75009 Paris

Prolongations jusqu’au dimanche 16 juin 2019

du mardi au samedi à 20h
matinée : le samedi et dimanche à 15h

Image de prévisualisation YouTube
Share

Pourvu qu’il soit heureux : l’audace de Laurent Ruquier au Théâtre Antoine

Pourvu qu’il soit heureux est l’histoire d’un outing, un coming out forcé en une d’un magazine people.
Un parti-pris et une écriture originaux pour une pièce de théâtre qui aborde un thème et ses répercussions toujours bien d’actualité.
Une comédie écrite en contrepoint textuel pour deux comédiens : Francis Huster et Fanny Cottençon.

Durant leurs vacances en Bretagne, Maxime et Claudine découvrent en une de Voici leur fils Camille au bras d’un autre homme.
De quoi déstabiliser le couple. Surtout que leur fils est étudiant en médecine et qu’il n’est que le compagnon de la star outée.
Pourvu qu'il soit heureux

Un sujet difficile, un texte en demi-teinte

Pourvu qu’il soit heureux de Laurent Ruquier questionne le fait d’être parents d’un fils homo en 2018. L’angle de l’outing est plutôt novateur pour ce sujet.
Le texte pourrait facilement basculer dans le lourd, surtout avec l’habituelle propension de l’auteur à aimer les jeux de mots.
Et si on n’échappe pas à certains effets faciles, pour ce texte, Laurent Ruquier a mis la pédale douce dans la globalité. Certaines répliques sont bien amenées, voire même percutantes.

La construction du récit, en quatre actes, est audacieuse. Malgré tout, il n’y a pas d’équilibre formel entre eux. Les deux premiers montrent la réception de la nouvelle par les parents. Chacun prenant, tour à tour, le rôle de celui ou celle qui n’accepte pas cette nouvelle.
Un parti-pris qui peut déstabiliser.

Et si ces deux premiers actes laissent une bonne place à la comédie, les deux derniers sont plus dramatiques. Un tournant d’auteur à saluer pour Laurent Ruquier.
Et passer du rire à l’émotion n’est pas une mauvaise chose au théâtre.
Mais le tout manque d’une certaine homogénéité.Pourvu qu'il soit heureux

Une direction d’acteurs contrastée 

Francis Huster (Maxime) & Fanny Cottençon (Claudine) jouent une palette de réactions aussi contradictoires que touchantes face au coming out.
Mais la colère de Maxime, dans le premier acte, est déstabilisante car intermittente. Ce qui donne un Huster éteint lorsqu’il est silencieux et excessif dans la colère verbale. Un mode binaire qui finit par lasser d’autant que cette première scène est un peu longue.
La partition que joue Fanny Cottençon (Claudine) dans le deuxième acte, en mère choquée, est plus nuancée et maitrisée.
Quant à Louis Le Barazer (Camille), difficile de comprendre pourquoi son personnage apparaît si hautain et un peu antipathique au début du troisième acte. Son texte parfois trop moralisateur renforce aussi ce sentiment.

Pourvu qu’il soit heureux reste une rencontre touchante avec une famille ordinaire qui se trouve déstabilisée par une annonce, en apparence simple.
Mais en sortant du théâtre, se formalise le sentiment que la pièce n’est pas inaboutie. Elle aurait mérité d’être plus travaillée, plus subtile encore, surtout dans la partie dramatique.

Pourvu qu'il soit heureux

Pourvu qu’il soit heureux

de Laurent Ruquier
Mise en scène Steve Suissa
Avec Francis Huster, Fanny Cottençon et Louis Le Barazer

au Théâtre Antoine
14 boulevard de Strasbourg
75010 Paris

du mardi au samedi à 21h
matinées : le samedi et dimanche à 16h

Jusqu’au 30 décembre 2018

Share