Schuiten & Peeters déploient tous leurs talents de conteurs, faiseurs d’images et inventeurs pour créer un parcours original fait d’images fortes, d’objets géniaux inventés par d’autres, de lumière et de sons. Une mise en scène bluffante de pièces maîtresses issues des collections du Musée des Arts et Métiers réunies sous étendard Machines à dessiner jusqu’au 26 mars 2016.
L’art du dessin : de l’artiste au visiteur
L’entrée de l’expo se fait par un tête-à-tête incroyable avec un scaphandre – “la Joconde du musée national de la Marine” – digne d’un récit de science-fiction, avec une mise en lumière parfaite. Ce superbe objet n’aura jamais servi.
Les machines sont autant de sources d’inspiration pour les créateurs que d’ingénieux moyens de dessiner. Le dialogue est double et le champ d’exploration aussi enthousiasmant que surprenant.
Schuiten et Peeters documentent en continu leur travail de dessinateur et d’auteur. Et s’amusent à réinventer, voire bouleverser l’expérience muséale. Tout est parti de la visite des réserves de Saint-Denis. Il n’y avait pas de scénario au départ. Le tout est un formidable jeu d’associations et d’adhésion, stimulant l’imaginaire de chacun.
Les visiteurs étant même acteurs de l’exposition en dessinant à leur tour, grâce au crayon remis à l’entrée et en s’inspirant des créations mécaniques qui les entourent.
“Quand on a un objet devant soi, on voyage avec lui, il a une présence. Et on dessine autrement.”
Leçon de scénographie
Après l’invitation au dessinateur Enki Bilal, le Musée des Arts et Métiers est magnifié sous l’inspiration du duo d’auteurs des Cités Obscures. La conception lumière impose une vraie contemplation des objets et des dessins avec des oscillations qui font disparaitre et apparaitre des pièces. Des pièces qui se découvrent parfois pour la première fois aux yeux du grand public. Certaines ont même eu droit à une restauration avant leur présentation.
Les dessins originaux eux ne sont pas encadrés mais présentés sur des tables, le lieu même de leur création.
Bluffant de trouver la table de travail du dessinateur François Schuiten présentée avec papiers à dessin, crayons, porte-mine qui affiche discrètement 40 ans de service, tablette… L’artiste est-il vraiment en pause créative car privé de son outil de travail le temps de l’exposition ? Il semblerait que oui.
Il avoue au passage :”Quand je vois une table à dessin, j’ai tout de suite envie de l’essayer. C’est un objet beau, fascinant, irrésistible“.
Une table à dessin de son mère est aussi présentée dans l’exposition. L’implication de l’artiste pour ce projet est totale.
Revoir Paris
Le lien de Schuiten et Peeters avec Paris est fort. La station de métro Arts et Métiers, formidable vaisseau sous-terrain, la bande-dessinée Revoir Paris qui a été déclinée en exposition à la Cité de l’Architecture. Les planches du deuxième tome de cette exploration de Paris sous cloche font partie de l’exposition et impressionnent aussi bien par leur taille que la force des détails.
La capitale a aussi droit à une conférence menée par les maitres dans l’amphi du Musée. Un récit haletant sur une jeune femme qui n’a qu’un rêve découvrir cette ville légendaire et préservée comme une espère en voie de disparition.
Machine à dessiner c’est un voyage incomparable dans l’inventivité, un opéra muséal, une révélation.
Machines à dessiner
exposition conçue par François Schuiten et Benoît Peeters
prolongations jusqu’au 26 mars 2017 !
au Musée des Arts et Métiers
60 Rue Réaumur
75003 Paris