18 ans après leur première venue aux Eurockéennes de Belfort, la légende Blur a fait un passage historique par la presqu’île du Malsaucy, tant leurs concerts sont rares – le seul de l’année en France – et tant la performance fut remarquable.
Blur a passé en revue l’ensemble de ses albums dans une Set List menée à grandes enjambées : 17 morceaux – dont quatre issus de l’album 13 – en une heure et demi. Peu de groupes sont suffisamment sûrs de la profondeur de leur répertoire pour lâcher d’entrée de jeu un de leurs plus grands tubes. Blur peut le faire : Girls and Boys a vu les 30 000 festivaliers rassemblés devant la grande scène replonger dans les années 90 et l’univers typiquement BritPop du quatuor virtuose formé entre 1988 et 1989.
Damon Albarn, clarks montantes grises et veste barbour noir, bien que les traits soient plus tirés qu’avant, a toujours son regard bleu, d’autant plus pétillant qu’il semblait véritablement ravi de retrouver ses potes et son public hier soir.
Graham Coxon quant à lui, quand il n’est pas seul sur scène pour jouer ses albums solo (cf le concert à Paris à l’hiver 2012), a retrouvé les airs qui le caractérisaient à la grande époque de Blur : T-Shirt rayé – peut-être un peu court ! –, un magnifique épi effet « réveil difficile », et des mimiques mémorables. Sur son instrument, il n’a rien perdu de ses talents. Tout comme Dave Rowntree, en polo Fred Perry, qui a cogné sur sa batterie dans le style plein de maturité et de finesse qu’on lui connait. Et enfin le dandy désinvolte Alex James à la basse, mettant sa carrière agricole entre parenthèse pour l’occasion, en bermuda et pieds nus, n’a pas abandonné son sens de la rythmique.
Bref, on a assisté à une performance musicale de quatre gloires de la pop au sommet de leur art. Si l’on schématise, on retiendra de leur passage quatre temps forts : Girls and Boys d’entrée ; Caramel, pour la première fois jouée en tournée ; le morceau Trimm Trabb, emblématique de leur période expérimentale ; et enfin This Is a Low, hymne BritPop par excellence.
Avant Blur, en vrac: The Vaccines, en fin d’après-midi sur la scène de la Green Room, n’ont pas pu marquer le festival comme on était en droit de l’espérer. Joués sur les instruments de Palma Violets car le camion de matériel n’a jamais trouvé le site, et donc en retard de plus de 50 minutes, leurs singles phares – Post Up Break Up Sex, Wreckin’ Bar, Teenage Icon, etc – n’ont malheureusement pas attrapé le public. On espère les revoir dans de meilleures conditions.
En revanche, le trio écossais de Chvrches a séduit la communauté eurocks sans difficulté et avec une maturité étonnante. Mention spéciale pour la chanteuse Lauren Mayberry : 25 ans mais paraissant 10 ans de moins ; sa voix associée à la synthpop mélodieuse des morceaux ont accouché d’un set aérien et énergisant.
Quelques chiffres pour finir : 127 000 personnes ont assisté à cette 25ème édition, avec un pic à 33 000 personnes pour la journée du samedi, et 31 000 pour le dimanche.
A l’année prochaine !