Évènement ce lundi sur le boulevard de Strasbourg à Paris. Le Comédia – qui a fait peau neuve il y a quelques mois – accueille invités et VIP pour la 100e du show Mugler Follies imaginé par le créateur de mode Manfred Thierry Mugler. Un spectacle qui nous attirait l’œil depuis la première affiche et que nous avons enfin la chance de découvrir.
Comme dans tout cabaret avant le spectacle, vous avez la possibilité de dîner. Autour des tables les différents invités, acteurs et people ont répondu présent à l’invitation du couturier. On remarque la présence des trublions Frédéric Beigbeder, Stéphane De Groodt et Emmanuel de Brantes, le duo d’artistes photographe et peintre Pierre et Gilles, suivis de près de leur muse Zahia Dehar, la comédienne glamour Audrey Fleurot (Engrenages et Intouchables), Line Renaud accompagné de son chevalier servant Dominique Besnehard.
Mais plus que cette partie people, c’est le spectacle qui nous donne l’eau à la bouche ce soir. Sera-t-il sulfureux, trash, kitsch ou juste déjanté comme son créateur ?
La séquence de présentation du spectacle avec la Directrice de la troupe (en Français, Anglais, Allemand et Russe) donne une bonne idée de ce que sera le show tout en humour et décalage.
Dans la première partie du show, plutôt déconcertante, l’amorce de l’histoire d’une nouvelle arrivante dans la troupe rêvant d’être funambule (qui servira un peu de fil rouge à l’histoire) et la création du monde (un tableau ultra rapide et un poil kitsch avec ce dieu pianotant sur un synthétiseur hors norme et aux abdos insensés), font qu’on est un peu dérouté. Comment vont s’enchainer les numéros ? Quelle va être l’histoire après les “Bienvenue à Mugler Follies” lancés par les membres de la troupe après chacun des tableaux ?
La folie créatrice que nous sommes venus chercher va vite l’emporter sur notre attente. Il y a, en fait, un peu de tout dans Mugler Follies : du Cirque du Soleil pour les numéros circassiens et les costumes, du Crazy Horse pour les grâces féminines, du cabaret new burlesque pour le bel effeuillage féminin et masculin et même du défilé de mode pour rappeler les belles heures de la Fashion Week.
Fourmis géantes qui veulent s’émanciper de leur reine, apparition de la première femme Homo Sapiens, Lucy, accompagnée par une diva black à la voix puissante et envoutante. On plonge dans l’univers très particulier de Manfred, dont il a créé les costumes baroques et sexy.
Et côté danseurs et danseuses, il n’y a rien à envier à d’autres troupes. Les corps sont affutés, musculeux et souples. A l’image de ce contorsionniste qui ploie et déploie son corps avec une dextérité déconcertante, ou encore ce break-dancer qui évolue sur de la dub-step assez lourde, mais dont le numéro reste un peu moins spectaculaire au milieu des autres.
Du show, il y en a vraiment. Les chorégraphies des girls sont menées au cordeau, rythmées, dynamiques et toujours glamour à mort. Le tableau où les corps forment des bijoux, des boucles d’oreilles, un pendentif et autres parures est visuellement abouti et est d’autant plus hypnotique qu’il est accompagné d’un titre chanté par la malicieuse Juliette.
Le spectacle est agrémenté de magnifiques numéros où les artistes nous dévoilent une grande dextérité, les cerceaux aériens qui se révèlent féérique, ou la pole dance acrobatique et sensuelle.
La caricature faisant partie d’un spectacle de cabaret, il faut mettre l’accent sur cette diva italienne que la troupe déteste ou encore sur le pastiche mais bien réel numéro d’avaleuse de sabre mené avec humour par la directrice de la troupe. Les clichés de la revue sont ici reprisés pour une meilleure adhésion du public. Poilant.
Mugler Follies enchaine les numéros avec une belle énergie passant de la performance physique à un numéro d’humour ou un tour de chant comme avec la majestueuse Marie France, ancienne égérie de l’Alhambra. Son interprétation toute personnelle de Marlène Dietrich et Marilyn Monroe, dans une robe moulante, a laissé le comédien et pourfendeur belge, Stéphane de Groodt sans voix.
Mais notre coup de coeur de Mugler Follies ira incontestablement au duo masculin de sangles. C’est une première pour nous de voir un duo dans cette discipline. Même si le numéro commence avec un univers plutôt marqué (choeur de pompiers en fond d’écran sur une musique rappelant les heures de gloire de la Russie soviétique), l’agilité de ces deux athlètes, la poésie et l’évolution visuelle de leur prestation laissent place à la vraie magie du cabaret, la poésie des corps qui accomplissent des prouesses techniques. Le climax du show.
Malgré les légers défauts perfectibles de ce show, vous passerez une soirée exceptionnelle mêlant humour, exploits physiques et chorégraphies au carré.
Une soirée recommandée à ceux qui ne trouverait pas d’alternative aux spectacles à consonance touristique comme le Moulin Rouge ou le Paradis Latin, avec ce brin de “Follies” qui manque souvent aux productions parisiennes et du kitsch assumé à 100%.
Pour l’anecdote, à la sortie des stars, Line Renaud a échangé avec la chanteuse Marie France sur son costume de scène, inspiré de celui que portait Marlène Dietrich lors de sa dernière tournée. Un costume dont la légende voulait qu’il soit cousu à même la peau de la chanteur allemande. Glamour.
MUGLER FOLLIES
by Manfred Thierry Mugler
Le Comédia
4 Boulevard de Strasbourg 75010 PARIS
Du mardi au dimanche à 20h45
Dîner spectacle à 19h30
Durée : 1h50