Un Américain qui s’installe à Paris cet été avec comme seul but : divertir le public adulte et enfants, forcément ça intrigue. D’autant plus quand on connaît l’étendue infinie de son pays natal. Jamie Adkins est de retour et à l’affiche du Théâtre de l’Atelier jusqu’au 11 août avec son Circus Incognitus jubilatoire !
Jamie Adkins est un homme-orchestre. Non qu’il sache jouer de plusieurs instruments (on n’a pas vérifié non plus). Non, il est à la fois acrobate, clown, funambule, jongleur et magicien.
Ce n’est pas un clown maladroit qui enchaîne les cabrioles calamiteuses. Il est effectivement très habille de ses mains et de son corps en général. On aurait plutôt tendance à dire : gentiment étourdi.
En tout cas, Jamie est doué dans la pratique de pas mal de disciplines que nous serions bien incapables de reproduire : sortir d’un carton mille et un accessoires (chaise, valise, balle rebondissante…). Jongler avec une chaise mais aussi la bouche : c’est quand même plus périlleux qu’avec les mains surtout pour les cervicales.
Il fait lui-même le roulement de tambour pour la pointe de suspense nécessaire au bon déroulement de ce spectacle.
Il arrive aussi à embrocher des oranges avec une simple fourchette bien calée entre les dents.
Dans tout cela, il ne faut pas oublier un détail simple mais qui a toute son importance : un petit rire bien à lui, aigu et touchant.
Jamie parle peu sur scène, les rares fois qu’il le fait ce n’est pas forcément audible. Vous comprendrez pourquoi en allant le voir.
Le plus : les rires des enfants ! Le jour de notre venue, les bambins étaient en nombre dans la salle. Et la spontanéité de leurs réactions est une autre gageure de l’incroyable talent de cet artiste made in USA.
L’ambiance régnant lors des fêtes de fin d’année, avec sa nostalgie caractéristique, fait souvent ressurgir en nous de précieux instants vécus. La vocation du Slava’s Snowshow est de raviver l’âme d’enfant sommeillant au plus profond de nous.
C’est ainsi qu’au 13ème Art, la magie opère en mêlant poésie, rires et prouesses techniques stupéfiantes ! Partez à la rencontre d’un univers sublime et féérique, où le temps semble se suspendre dans les rêves…
Des clowns grimés et de curieuses créatures vertes aux drôles de chapeaux nous accueillent. Pendant plus d’une heure et demie, ils vont nous faire vibrer par l’incroyable force de leur pantomime.
Avec un naturel déconcertant, ils abordent alors l’énigme de la vie, le temps qui passe, la mort, la destinée, l’amour ou la beauté de notre monde de façon délicate, tout en pudeur.
Chaque tableau est un émerveillement laissant place à l’émotion. Ainsi, vous souriez un peu naïvement en vous rappelant les voyages imaginaires que vous faisiez avec vos amis sur votre lit transformé en radeau. Puis une larme roulera sur votre visage en pensant à des adieux déchirants sur le quai d’une gare… Mais vous riez aussi, beaucoup d’ailleurs, de toutes ces situations cocasses.
Un show stupéfiant !
De nombreux et prodigieux effets techniques apportent une intensité au spectacle et une complicité avec le public se trouvant alors stimulé. Nos réflexes juvéniles reviennent dès que nous essayons d’attraper des bulles de savon ! Mais ce n’est pas tout, dans des éclats de rires, nous faisons passer une toile recouvrant toute la salle juste avant que la neige se mette à tomber… L’apothéose est un final époustouflant, solaire et puissant, autant dans le sens que par l’effet…
À ce moment précis, le public est en transe. Une chose merveilleuse se produit alors… La distance entre nous n’existe plus, une communion semble s’installer. Grâce à des ballons géants et à la neige continuant de tomber, nous ne voulons plus partir…
J’observe avec tendresse ma voisine, ma mère. Ses yeux pétillent et elle rit avec une insouciance jusqu’à présent inconnue de moi… Ce soir, elle est en 1961 et elle s’amuse dans une cour de récréation géante. De telle manière que pendant près d’une heure encore, elle rayonne…
Sur scène, amusée, la troupe observe à son tour ce drôle de spectacle. Visiblement, ce soir encore, elle a réussi son pari !
P.S : Ne partez pas trop loin pendant l’entracte ! 😉
Les clowns russes sont de retour à Paris, pour nous apporter un supplément de neige qui risque une nouvelle fois de nous manquer pour Noël. Le Slava’s Snowshow, source d’une euphorie contagieuse aussi bien pour les petits que pour les adultes, est à l’affiche du Théâtre Le 13ème Art à partir du 13 décembre. Courrez, réservez, riez, pleurez.
Bulles de savon, nuages de fumée, ballons sautillants, tonnes de confettis : tous ces ingrédients ludiques participent au pouvoir hautement attractif de ce périple du clown Slava, accompagné de drôles de partenaires de voyage. Nous avons eu la chance de passer derrière le rideau de scène du Trianon pour accéder aux coulisses du show, juste après la représentation en matinée, ce samedi. Ici, règne une ambiance surréaliste entre deux représentations. Des enfants courrent et chahutent, les clowns sont habillés de noir, une figure historique du cirque de Moscou, Alexandre “Sacha” Frish, garde ses chaussures de scène de 50 centimètres de long pour arpenter les couloirs. L’ambiance est familiale et chaleureuse, le verre de vodka est proposé généreusement. Ça parle russe, anglais, français. A voir ce qui se passe en coulisses, on comprend mieux les origines de l’incroyable tourbillon qui se produit tous les soirs.
Moment rare, le patriarche Slava étant retenu à Moscou, il nous est autorisé de rencontrer un des interprètes qui partagent la scène. C’est Robert Saralp, un quadra aux cheveux ras, souriant, bon vivant qui nous accueille dans la loge des clowns. Dans l’autre pièce, Sacha se change tout en gardant une oreille attentive à notre dialogue.
En anglais dans le texte, Robert le Caucasien nous invite à voir le spectacle en soirée : “ce n’est pas le même spectacle,les réactions ne sont définitivement pas les mêmes en matinée pour les enfants et le soir avec une majorité d’adultes.” Il poursuit en russe, plus à l’aise et sèche à répondre à notre première question à savoir depuis combien de temps joue-t-il dans ce spectacle ? Il demande à la mémoire vive de la troupe, Sacha, répond : “17 ans!” En rappelant que le Slava’s Snowshow a fêté son jubilé de 20 ans en 2013. Robert de rajouter en riant : “J’étais à la source !”
Robert confesse se sentir plus proche du clown vert (qui fait partie des Greenz) que du jaune, pourtant plus emblématique. Ce personnage, il se l’approprie totalement mais quand il s’agit d’interpréter le jaune, il joue son histoire à lui à travers ce personnage atypique : “leSlava’s Snowshow est un vrai spectacle dramatique et pas seulement un spectacle de clown. Je suis un acteur dramatique, je ne suis pas un clown. Ce qui est passionnant c’est de pouvoir jouer toute la dramaturgie mondiale dans ce seul personnage de clown vert, silencieux.”
Pour la suite de l’interview, Sacha se lève pour répondre à notre question sur les origines du clown vert dont la légende voudrait qu’il vienne du Nord de la Russie. Avec une voix incroyable : “je vous invite à prendre le livre majeur d’Alexandre Soljenitsyne, L’Archipel du Goulag, qui parle des répressions staliniennes. Beaucoup de gens voient dans le clown vert toute la souffrance du peuple russe.” Avant de rajouter : “Slava que je connais depuis 53 ans et 15 jours a fait cette traversée de souffrance pendant la période soviétique.”
Sacha passionné et l’oeil pétillant n’affiche aucune lassitude à remonter sur scène aussi souvent qu’il le souhaite : “j’ai travaillé pendant 20 ans au cirque de Moscou et chaque soir j’étais sur une chaise et je tombais. Mais chaque soir, je tombais différemment.”
Grimés, chapeautés, les comédiens sur scène sont difficilement reconnaissables et identifiables par les spectateurs. La répartition des rôles, chaque jour en coulisses, décrite par Robert est assez surprenante : “La plupart du temps c’est Slava qui décide, mais il nous arrive de faire des blagues et de dire que c’est le premier qui a pris le costume qui jouera le rôle. Aujourd’hui nous avons deux spectacles, et nous ne savions pas qui jouerait dans le premier et qui jouera dans le second jusqu’au dernier moment.”
“Je joue avec le même plaisir tous les jours”
Et que lui apporte de partir en tournée et de remonter sur scène chaque soir : “un million de fois je me suis posé la même question sur ce que j’étais et je suis en train de faire, si c’est pour cela que j’étais destiné. Pour un homme, c’est important de faire ce que tu aimes professionnellement. Ça permet d’aboutir à quelque chose dans la vie. Et pour cette vie-là c’est dans mon karma que d’être sur scène. Quand j’étais jeune je ne me suis jamais posé la question de savoir ce que j’allais faire de ma vie. Dieu merci, tout de suite après l’école, j’ai été admis dans la meilleure école de théâtre de Moscou.”
Il fait la connaissance de Slava Polounine lors d’un festival en Russie. Le patriarche qui voit Robert et ses partenaires sur scène les invite dans son “Académie internationale des Fous” (centre culturel et théâtral à Saint-Pétersbourg) à travailler pendant un an. A son retour du Cirque du Soleil, Slava crée le Slava’s Snowshow et invite Robert à faire un essai pour le clown vert. Il n’y avait que deux personnages au début : le jaune et le vert.
“Nous sommes dans un climat créatif et d’échange”
Le spectacle est fait de plein de petits détails. Et l’artiste nous confirme qu’il y a beaucoup de nouveautés par rapport au départ : “des choses ont disparu depuis car elles ne fonctionnaient plus, comme un numéro avec des sifflets (numéro de clown un peu trop classique) et un numéro avec une poupée pour introduire la séquence coeur transpercé par les flèches de l’amour.”
Robert porte un regard tendre sur le créateur de la troupe, Slava Polounine, figure patriarcale à l’ancienne : “Ce qui est très rare aujourd’hui, en plus d’être un clown de talent entouré d’artistes talentueux, Slava est un très bon chef d’orchestre. Il est intuitif et sait très bien associé les artistes qui s’entendront sur scène. Ce qui permet une bonne ambiance, évitant toutes les intrigues, rivalités dans une troupe. J’apprends aussi bien pour mon métier et qu’humainement.”
“Ce que j’ai appris ce sont les relations avec les comédiens, le respect et l’attention, peu importe le talent de chacun. Slava prend soin de nous – la plupart du temps en Russie les metteurs en scène sont des dictateurs – lui n’use pas les gens.”
En fin d’interview, un mystère restera entier, celui portant sur le nombre d’interprètes femmes du spectacle. Ni Robert, ni le manager ne voulant nous renseigner sur ce point. Le clown n’aurait pas de sexe dit-on.
Rappelons que ce spectacle est conseillé aux enfants à partir de 8-9 ans. Certains plus jeunes peuvent ne pas apprécier les facéties de la troupe. Comme cette fille de VIP âgée de 3 ans, arrivée en retard avec ses parents ce samedi après-midi et qui effrayée face à Slava : “j’ai peur maman“. Le couple était le seul de l’assemblée à partir au bout de 15 minutes de spectacle. Shame !
SLAVA’S SNOWSHOW
du 13 décembre au 07 janvier à 20h
au Théâtre Le 13ème Art
Centre commercial Italie 2
30 Avenue d’Italie
75013 Paris
Oh, qu’elle est délurée cette famille Semianyki, hébergée par le Théâtre du Rond-Point! Malgré les bétises à la pelle des petites têtes brunes, blondes et rousses, la sidérante oisiveté du père et l’impuissance de la mère, avec cette famille-là on partirait bien en périple de plusieurs jours.
L’étendu du répertoire de ces clowns russes est revigorante. Passant de la corde sensible aux éclats de rire, on en oublierait presque qu’ils ne parlent pas. La partition de Semianyki tient en cette capacité à faire de tous petits riens, une source inépuisable d’imaginaire.
Mais vous savez quoi ? Paris affiche complet ! Alors il faudra les rejoindre sur la tournée qu’ils vont débuter en France à la rentrée. Que vous les ayez déjà vus, importe peu. Par contre, que vous manquiez à nouveau l’occasion de les découvrir, serait un écart impardonnable. Que ça soit dit !