Ce mardi, aux alentours de 20h, une longue file d’attente remonte la rue des Martyrs. Le public parisien est venu en nombre pour célébrer la sortie de l’album Santa Maria de Carmen Maria Vega au Divan du Monde.
La première partie du concert est assurée par Maria Dolores et Ava la dame en verte. La première est une meneuse de revue qui a changé de sexe 3 fois, la deuxième est une espèce de clown burlesque ultra sexy à l’humour totalement WTF. Tours de magies ratés, numéro de ukulélé orgasmique, tombola aux lots douteux amusent le public.
La scène reprend le décor du clip Le Grand Secret, avec un damier noir et blanc au sol, des crânes mexicains, des mannequins habillés de guirlandes lumineuses et une croix qui domine le tout. Carmen Maria Vega entre en scène pour interpréter Santa Maria. Elle est habillée d’une veste en plumes noires, les yeux maquillés d’un bleu électrique et est baignée dans une lumière bleutée, juste splendide. Elle me fait penser immédiatement à Barbara.
Le concert fait la part belle aux nouveaux titres de l’album qui sortira le 7 avril et on retrouve aussi quelques tubes des premiers albums. C’est un vrai duo que propose Carmen sur scène avec son seul musicien Kim Giani à la fois guitariste, pianiste, danseur… Un vrai partenaire de scène avec qui Carmen joue, s’amuse, danse. Ce n’est pas un simple concert, c’est un spectacle qui est proposé, avec une scénographie, des changements de costumes et un personnage : Ultra Vega, une Carmen version x1000 comme elle aime à le dire.
Santa Maria est sans aucun doute l’album le plus personnel de la chanteuse. Elle se livre, nous parle de son histoire, de ses origines, de sa quête d’identité. Des titres très rock (Tout ce qui finit en ine, Trans), mais aussi des titres qui nous emmènent beaucoup plus dans l’émotion comme J’ai tout aimé de toi, La fille de feu. On retrouve également le côté fougueux, provocateur de la chanteuse sur Bradé ou L’Honneur notamment. Carmen s’est entourée de 12 auteurs pour cet album, dont Zaza Fournier et Mathias Malzieu, pour nous montrer toute l’étendue de son talent.
La troupe de Madame Arthur (le cabaret voisin du Divan de Monde) rejoint le duo sur La Marquise, chanson du deuxième album de Carmen (Du chaos naissent les étoiles), pour une scénographie totalement hors du temps et folle.
La dernière chanson du spectacle a empli la salle d’émotion. Le Grand Secret écrite par Mathias Malzieu – qui est d’ailleurs dans la salle – est interprétée par Carmen dans une version guitare-voix, en toute simplicité. Cette chanson raconte le voyage au Guatemala qu’a effectué l’artiste en 2011 dans sa quête d’identité. Elle qui a été adoptée et a grandi en France, est partie dans son pays d’origine retrouver les traces de son passé. Une fin touchante, à fleur de peau… qui m’a mis les larmes aux yeux. C’est ça aussi Carmen Maria Vega, la fougue, la gouaille, l’humour mais aussi la fragilité et l’émotion.
Le public n’en finit plus d’applaudir, la salle est conquise. Carmen et Kim ne boudent pas leur plaisir de revenir sur scène pour se faire une dernière choré endiablée sur le titre La Menteuse.
La soirée se termine avec une petite séance d’autographes et de photos, avant d’aller “boire des coups” chez Madame Arthur.
Austra a débuté sa tournée européenne en mars avec une halte prolongée en France à l’occasion du festival Les Femmes s’en mêlent #20. Tourcoing, Metz, Paris et Toulouse ont doit à la version live de l’album Future Politics.
Ce vendredi soir à la Cigale, Katie Stelmanis a eu le public qu’elle souhaitait. En fin d’interview quelques heures avant le concert, elle me disait combien elle espérait que le public français soit plus déchaîné que les Berlinois.
Après deux lives de Sandor et Pixx, Austra fait son entrée sur une boucle instru reprenant le thème du single Utopia. Mais c’est avec We were alive que débute le concert – le premier titre du nouvel album. Katie confirme son goût pour les robes-tuniques, celle-ci sera jaune, après la rouge de la Gaîté Lyrique et la blanche de la Cigale. Elle la soulèvera à mi-genoux à plusieurs reprises lors de ses sessions de danse.
Future Politics en live
De fausses flammes en tissu en fond de scène pour la pointe de kitsch toujours assumée.Suivent trois autres nouveaux titres : Future Politics, Utopia, I’m a monster, dans l’ordre de la tracklist de l’album. Un copier-coller parfait dont les fans inconditionnels connaissent déjà les paroles par cœur au moins pour les 2 premières. On entend un “Vas-y poulette !” crié par une quadra surexcitée, proche de la scène .
Katie m’avait prévenu : “le concert est un équilibre des 3 albums” Pour elle, son public américain est plus concerné par ses nouveaux textes que les Européens, le contexte n’étant pas tout à fait le même, encore que… Elle est arrivée la veille pour profiter d’une soirée à Paris. Elle ne joue pas la touriste pour autant.
L’échange avec le public est très court. L’essentiel : “merci” en français dans le texte et de beaux sourires. La revendication, ses engagements sont dans ses textes ou au cœur de ses interviews plus que sur scène : son véritable terrain de jeu où elle devient une autre.
Ce soir, le maquillage joue du contraste entre rouge à lèvres qui déborde et fard à paupière bleu azur.
La Canadienne sautille, joue de ses mains et bras comme personne.
La salle aurait pu accueillir quelques grappes de spectateurs en plus. Il y a des garçons lookés, un barbu en bermuda avec Vans florales, c’est le Printemps ! Un couple de barbus faux jumeaux, un jeune trentenaire débridé sur son siège au balcon capable des mêmes mouvements de bras que la chanteuse, voire même plus. Il a dû en voir des concerts pour jouer ce mimétisme. Et puis une reloue qui parle fort, ne connaît plus la direction du bar.
Un solo aux claviers pour Katie sur Forgive me, l’attention est totale malgré l’envie de se dégourdir les mollets. Le nouveau single I love you more then you love yourself emporte dans une grosse vague d’électro démoniaque suivi de Angel in your Eye et des tubes Beat and Pulse qui fait trembler le sol du Trianon avec Lose it, un vrai hymne générationnel. La communion est totale.
Trois derniers après un très court rappel : Habitat, Painful like, Hurt me Know. Les smartphones se lèvent une dernière fois pour capter le visage de Katie en général peu éclairé.
Retour à la lumière, la salle se vide, un jeune homme attend dans le fond une rose bien emballée dans une main. Une fille s’approche de lui, tendant les bras. La fleur ne lui est pas destinée.
AUSTRA
nouvel album Future Politics
(Domino Records)
All about Charlotte OC, our new angel of British music!
Her second album, Careless People, has obsesses us since several weeks. Sublime songs like Shell, Medicine Man, unforgettable like Darkest Hour. Beyond the stunning voice, we discovered an irresistible smile during our interview at Le Pigalle Hotel, in Paris.
SELFIE INTERVIEW
UsofParis: When did you start to sing? Charlotte OC: I started singing the first moment I’ve realized that I loved it. It was when I was about 6 years old. I was enquired I think it was the first class music I’ve ever heard and we were singing and learning the song and we just finished learning it and we have to sing all together to the class and thinking singing was like « holy fuck! ». I’ve felt like « how great! », like I could do it, I’ve felt like i knew I could do it. That was a quite strange feeling when you are 6 years old. It was quite profond, just like really knowing. I am not sure if it was because I was doing just a bit of show off or genially just to know just to do it.
I knew I wanted it to do as a career like when I was 15. But then I’ve started to take it serious when i signed my first major company when I was 16. And when I was got signed to a record label when I was 18 and I took it properly seriously.
And when you have decided to write?
It was when i was 15 years old. and it was my dad who’ve booked guitar lessons for me behind my back but I didn’t really want to learn guitar. We had this thing together by using chewing gum together. I still love chewing gum, I don’t know why but and I still do, it’s my trick. One day, we were in the car and I was used to have all the chewing gum I wanted, and it was literally two steps away from home and he told me that “we ware not going in that way and I will drop you here and you are going to have guitar lessons.” And the guitar was in the car and I was just thinking: “it’s the worst fucking day of my life!”
And I became obsessed with guitar, I’ve felt confortable with the instrument.
Then as I started to get play with it I started to pop melodies all over the cords I was learning and it was how I started writing.
Did you thank him?
Yes. Even mentioning him in the interviews now. I think it’s thanking him in a way. Because what he did was the best thing he’ve ever done for me.
Airplanes, hotels, promotion, showcases, were you prepared for this in your life?
Not when I was younger. Now I feel like I am. Before I wasn’t ready for it.
I knew I’ve create a vibe or something but not created a world. So I wasn’t quite ready to talk about it. But now after making a body of work, a few world, I lived for that long, I ‘ve spend that long marking it and now I am ready to talk about it.
Release an album is a relief, an heaven or a big stress?
Making a record: it’s all of that, it’s everything. I find being in a studio quite scary, there a lot a pressure because you are there to really project yourself and I don’t know, I found it quite stressful and I don’t find yet a confortable space in the studio so I did find it stressful. But it’s also really rewarding, I’ve learnt a lot and I’ll quite love produce my own album one day and I am learning how to use logic and things like that, so… maybe I could do this all my own one day.
It’s your dream?
I would love it. 🙂
The first track Darkest Hour obsessed me. I love it. What is the story?
I wrote this song in a tree house/studio in Los Angeles. I wrote about watching somebody having a really toxic relationship and what you can do about it. And when it’s somebody you really care about, it’s not only them going through, you’re going trough as well. When you care about somebody you feel the pain that they’re feeling. I quite needed to write a song about how me and my family fell about what she’ve done and put herself all through. I was a bit a therapy for me writing this song.
What about the track Shell?
That’s about this guy who was older that me and he was quite manipulative. He was bad ache, the guy who was not very nice in general. When my mum first met him, she was: “no! i do not like him” I was basically a child and he completely swept the life out of me and I completely lost who I was. And it was me realizing: « I dont know who I am anymore and it’s because of you ».
About your music, some journalists describe it as an alternative pop, dark, also black paint… Do you agree?
Music is interpreted by you own. You create a mood, whatever the mood it is. And it’s totally personal to each, it’s individual. I guess there is a part of dark in it but there is also a lot of warmth.
Lou Reed is a major influence for you generally. And in this album?
Let me think… Maybe. No, I just think it’s someone i admire, I think he is just amazing. I love the ton of his voice. I don’t channel anything of his.
Which song of him do you prefer? Pale blue eyes. This song was when he was in the Velvet Underground.
Funny or strange story during one of your shows you want to share?
My uncle passed away about 5 years ago, he used to come at every show that I did and he was a really important part of my life and I’ve dedicated the album to him. Whenever I went on stage, my guitar used to break, and somebody would always be there to lent me a guitar and it never worked and every time I’ve gone to the shop I would be like: « what the fuck it’s wrong with my guitar and why it keep doing this? ». But I’ve realized there was nothing wrong with this. I did’t realized I get in touch with those people and basically my uncle came through and I was very skeptical about all this but this all kind of all things about me and my family that nobody would know. And he basically said: « I know that you know that I have been there with you on stage, I am sorry for breaking your guitar ». That’s something a kind of weird. After that, true or not, it was really nice knowing that he was there.
How do yo feel when you are on stage?
There are moments of little bit of incertity and sometimes real euphoria and moments you’re thinking a little bit much about stuff. There’re so much many feelings when you are on stage, it’s not a common experience. You always can tell about he first note that you sing if it’s going a good show or not.
Do you enjoy?
I love it! 🙂 It’s a part of me.
BONUS Charlotte who chose Los Angeles to make her album, spent 3 days in Paris meeting web media and blogs. Respect!
Charlotte OC New album: Careless People (Harvest Records / Capitol Music France)
Shows Wed 19 April, LONDON / Omeara Wed 26 April, PARIS / Badaboum Thu 20 July – Sun 23 July, HUNTINGDON / Secret Garden Party 2017
Essayez donc de demander à un jeune ce qu’il pense de l’opéra. Vous ne serez pas déçu de la réponse. Alors faites-lui découvrir D.I.V.A, un projet décoiffant à cinq visages et profitez-en pour passer un moment tout aussi bon que déconcertant avec des ladies aussi débridées, délicieuses et élégantes qu’une Natalie Dessay. Rdv à partir du 19 avril au Théâtre Montparnasse.
Le concept repose sur cinq chanteuses lyriques (Flore, Grace, Jazmi, Marie, et Audrey) et d’un quatuor (Hugues, Alice, Benachir et Barbara). Ensemble, ils se chargent de nous faire (re)découvrir les grands classiques de l’opéra mais avec beaucoup d’originalité. Tout en gardant le style du morceau qu’elles interprètent, les D.I.V.A. apportent une touche moderne dans des versions réduites chacune à dix minutes.
Sacrilège ?
Pour les avoir vues sur scène, on se laisse emporter par les airs connus comme Carmen de Bizet et séduire par des répertoires moins grand public. Leur interprétation donne sens aux partitions en italien dans le texte.
C’est ainsi qu’elles nous emportent dans leur délire et dans leur univers déjanté. Quand ces cinq femmes prennent le contrôle de la scène, elles l’assument… et vont même jusqu’à interpréter certains rôles habituellement réservés aux hommes. Jubilatoire !
On est sous le charme de leur voix, leur complicité, leur tenue de scène, leur interprétation et le talent des quatre musiciens qui les accompagnent.
Et elles méritent leur standing ovation, comme le soir de leur tout premier showcase au Théâtre Déjazet.
D.I.V.A c’est un disque et maintenant un spectacle !
by Cédric
D.I.V.A, opéras chics et déjantés, le spectacle Avec Flore PHILIS, Marie MENAND, Alexandra HEWSON, Jazmin BLACK GROLLEMUND, Audrey KESSEDJIAN, Hugues BORSARELLO (1er violon), Alice BOURLIER (2nd violon), Benachir BOUKHATEM (alto), Barbara LE LIEPVRE (violoncelle)Création originale Flore PHILIS & Marie MENAND Mise en scène Manon SAVARY Arrangements Olivier RABET
Les Femmes s’en Mêlent ont 20 ans ! 20 ans que Stéphane Amiel, le directeur du festival culte, s’engage à faire connaître les artistes femmes de France et du monde avec une programmation aussi pointue qu’éblouissante.
Il nous éclaire sur cette édition anniversaire (avec Austra, Little Simz, Rebeka Warrior, Sônge…) et sur quelques souvenirs dont Christine & The Queens fait partie et que Stéphane aimerait retrouver pour une création.
INTERVIEW
UsofParis : Être un homme au milieu de toutes ces femmes, ce n’est pas un peu trop étourdissant ? Stéphane Amiel : C’est galvanisant, enthousiasmant et étourdissant d’être entourée de toutes ces artistes assez exceptionnelles et talentueuses. Tant de talent, tant de générosité.
Les artistes que l’on accueille sont souvent au début de leur carrière ou en mode indé. On a une vraie “fraternité” avec ces filles. On partage les mêmes valeurs
Sont-elles reconnaissantes ?
J’espère ! 🙂 A chaque fois que je leur pose la question sur le fait d’être programmée dans un festival de filles, fait par un homme, la réponse : “c’est génial !” ou “ça n’existe pas dans mon pays !”
Elles sont en tout cas heureuses de jouer dans ces conditions. On met beaucoup de moyens de promo. On y travaille sur une année. On se met en danger aussi.
Programmer LFSM c’est beaucoup d’écoute ?
Comme le festival est assez unique. Je reçois beaucoup de propositions du monde entier. Que ce soient artistes, agents, de musiciennes venues aussi qui conseillent des amies.
Pour la plupart, je vais les découvrir au festival, comme JFDR ou Nilüfer Yanya. Je me laisse aussi une part de découverte, même pour moi. J’ai beaucoup de sympathisants dans plusieurs pays qui vont voir les concerts pour moi et qui partagent leur avis sur un projet.
Quelle est la petite perle de 2017 ?
Y’en a beaucoup. Nilüfer Yanya, l’Anglaise de 21 ans. C’est comme une évidence. Elle fait des chansons qui ont l’air un peu passéistes mais il y a un talent monstre. Une voix assez grave avec une guitare cristalline. Elle est très attendue.
Et Sônge côté français. Avec un spectacle très abouti. Je l’ai découverte sur scène et elle m’a bluffé. Elle a pensé à la dramaturgie. Elle apporte un personnage.
Sônge, elle est un peu trop gentille pour ce monde musical de brutes ?
Non, on peut survivre de plein de manières différentes dans ce monde, justement. Grâce au réseau. On peut être aussi dans une niche et survivre tout en étant content de ça. Toutes les artistes qui se produisent ne sont pas destinées à une carrière comme celle de Christine and The Queens qui est venue 2 fois et que l’on a emmenée en Russie et en Pologne.
Ce qui est dur surtout c’est qu’un projet en chasse un autre.
Sônge me fait justement penser CATQ, avec cette longueur d’avance, sur d’autres.
Qu’a-t-elle de si particulier Austra, une des têtes d’affiche ?
C’est historique avec le festival. On est un des premiers à l’avoir programmée.
J’étais fan de Katie Stelmanis avant qu’elle ne soit Austra. J’ai toujours été impressionné par sa voix, son culot et son kitsch électronique.
C’est une artiste qui évolue aussi. La Katie que j’ai rencontrée il y a 5 ans n’est pas la même que je verrai cette semaine. Elle ne voulait plus parler d’amour dans ses chansons. Son engagement actuel sur la politique, l’écologie montre son évolution. Et puis, il y a Maya aussi !
C’est une petite famille.
Une anecdote de programmation 2017 ?
Je pourrais parler des ratés. Toutes les artistes que j’aurais voulues avoir. Il y a Kate Tempest derrière qui je cours après depuis 3 ans. A chaque fois, c’est presque et puis il y a de meilleures offres, une nouvelle tournée et c’est repoussé. J’ai peur que ce soit un rendez-vous manqué.
20 ans de festival, c’est 20 ans de… ?
D’aventures, de chemin solitaire. On n’a pas toujours été soutenus. C’est difficile de trouver de l’argent.
C’est 20 ans de curiosité et de passion et d’acharnement. On n’aurait pu tout laisser tomber plus d’une fois.
Une chanson d’une artiste programmée qui correspond à l’esprit du festival ? Michelle Gurevich, Party Girl. Une de mes chansons préférées de ces 10 dernières années. Une chanson magnifique, très triste. D’une mélancolie dont tu tires une force. Tellement puissante !
Une anecdote de coulisses de ces 20 ans ?
Tous ces moments qu’on passe avec les artistes ! C’était plus vrai il y a 10 ans que maintenant.
Je me souviens de Ari Up, de The Slits, un groupe anglais punk et culte des années 70 ans. Quand le groupe s’est reformé, on l’a invité à jouer en 2007. C’était les 10 ans du festival.
Elle m’a raconté toute sa vie et c’était assez triste. Et pourtant elle avait une force et une vraie énergie punk. Un “no future” permanent. Très peu de contrôle sur sa vie avec une bonne humeur.
Un mantra de directeur de festival ?
J’aime la chanson de Cindy Lauper, Girls just want to have fun. Quand on est trop sérieux, quand on est trop donneur de leçon, je rappelle que l’on est là aussi pour s’amuser. On peut avoir des questions sur la place des femmes mais on a toujours une attitude positive.
C’est un festival genré mais avec plein de garçons bienveillants autour.
Le Printemps de Bourges édition 2017 affiche un programme dense et pour tous les publics. Cette année, la Comédie Française sera même présente pour faire revivre une session d’enregistrement mythique : Bob Dylan et son hymne Like a Rolling Stone. Le festival sera rock, pop, électro, culte, festif à mort. Et surtout incontournable !
UsofParis sera présent la semaine entière pour live-tweeter, instagrammer, photographier le plus de concerts possibles. Nous n’avons pas prévu de beaucoup dormir.
Parmi la grosse de concerts que nous allons prendre, nous avons sélectionné 2 soirs avec quelques-uns de nos chouchous.
Le jeudi 20 avril au 22 : les Frenchies Her et Paradis – qui n’ont pas forcément choisi le meilleur nom pour être googlisé – vont partager l’affiche avec les Australiens chevelus (le cliché à la vie dure) de Parcels, la Canadienne bad girl Tommy Genesis qui chante sur une cabine de poids lourd et l’hip-popeuse belge Coely.
Le samedi 22 avril du W au Palais d’Auron avec un plateau de fou qui se poursuit toute la nuit sur 2 lieux. Il faudra compter sur le tout jeune dieu des platines Petit Biscuit, Jacques et sa coupe de cheveux barrée pas violent pour un sou malgré sa pelle, le cultissime Mr Oizo, la dernière tournée de Yuksek…
Tu habites Bourges et sa région ou tu as prévu de déménager le temps du festival pour faire un bain de musiques. Ce concours est pour toi !
Nous te filons tes invitations pour 2 soirées du Printemps de Bourges au choix : – le jeudi 20 avril @ LE 22 – le samedi 22 avril @ W et Palais d’Auron
Pour tenter votre chance, rien de plus simple, remplis le formulaire ci-dessous pour participer.
Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 2 places pour un soir de concerts.
Avant de participer, vérifie bien que tu es disponible à la date proposée afin de laisser sa chance à ceux qui veulent vraiment venir !
Les Misérables en concert se sont posés à Paris pour 5 représentations entre le 3 et le 5 mars 2017 au Palais des Congrès. Nous étions présents lors de la première qui a marqué le retour de ce musical mythique joué pour la première fois en langue française depuis 1992. Nous avons eu la chance de passer l’après-midi dans les coulisses à la rencontre des différents artistes, d’assister aux balances, de découvrir les costumes. C’était comme un rêve de gosse de pouvoir voir l’envers du décor et nous sommes très heureux de le partager sur le blog.
Il est 15h30, les musiciens et les artistes arrivent tout juste de Rennes où ils jouaient la veille. Paris est la 4e ville de cette tournée. La plupart des artistes nous confient leur stress de jouer la première à Paris, le public y étant assez exigeant. Il faut dire que jusque-là le succès a été au rendez-vous puisque chaque concert s’est terminé sur une standing ovation. Ils n’ont donc qu’une envie : avoir le public parisien debout ce soir !
Nous rencontrons Ita Graffin qui joue le rôle de Fantine dans sa loge.
USofParis : Jouer Fantine en français donne-t-il une dimension supplémentaire au rôle ? Ita Graffin : Oui puisqu’elle est de retour dans son pays natal, Fantine. Elle est très contente 🙂 J’adore ses paroles. Ce sont des très belles paroles. C’est une Fantine qui m’habite.
Comment t’es-tu préparée pour ce rôle ?
En fait, on a été mis dans le bain tout de suite. On a passé les auditions 5 jours après les attentats du 13 novembre. On a tout de suite était baigné dedans. On a tous perdu quelque chose ce 13 novembre. On va dire que c’est comme ça que je l’ai préparé.
Fantine c’est une mère avant tout, pleine de désespoir, d’abnégation, abandonnée de tous et de la vie. Pendant la tournée elle s’est enrichie car j’ai vraiment tissé un lien avec les deux petites filles qui jouent Cosette.
As-tu le trac pour ce soir ?
Je vais vous avouer, j’ai 20 personnes proches qui viennent me voir ce soir. Mais particulièrement à Paris, on est tous un petit peu angoissé à l’idée de chanter ici, parce que Les Misérables on ne les a pas entendu à Paris depuis très très longtemps. On n’a pas de doute, on sait que c’est super ce spectacle, le public nous l’a très bien rendu ces 3 derniers jours : debout et en larmes.
On sent l’attente du public parisien, son exigence. C’est un mélange de stress et de hâte. Faire lever un public c’est quelque chose.
Ce n’est pas frustrant de ne jouer qu’une version concert ?
C’est une version concert mais habitée. Cette œuvre est magique car pour moi elle n’a pas besoin de mise en scène pour parler aux gens. Le texte parle de lui-même, les interprètes sont tellement investis dans leurs personnages.
Si tu pouvais jouer le rôle de tes rêves dans une comédie musicale lequel ce serait ?
Ce serait Maria de La Mélodie du Bonheur. J’ai été bercée par ce musical depuis toute petite. Si je chante aujourd’hui c’est grâce à La Mélodie du Bonheur, je rêverais de jouer ce rôle.
C’est au tour de sa fille Cosette, rôle tenue par June Van der Esch dans sa version adolescente, de nous rejoindre pour quelques questions.
USofParis : Comment es-tu venue sur le projet ? June Van der Esch : J’ai passé le casting. Ils cherchaient des voix lyriques et semi-lyriques, ils n’avaient pas précisé que c’était pour Les Misérables (c’était le cas pour tous les chanteurs). J’ai ensuite préparé le rôle consciencieusement, j’ai beaucoup travaillé la partition. Je me suis beaucoup préparée à être aussi nue sur scène que l’est Cosette, parce qu’elle est jeune et amoureuse, candide.
Ne la trouves-tu pas un peu nian-nian cette Cosette ? 😉
Non ! En fait si ! Mais j’adore ça. Je m’étais dit justement : “Non ! Moi ma Cosette elle sera un peu plus caractériel.” Je m’étais dit qu’elle avait du caractère et en lisant l’œuvre de Victor Hugo, non elle est vraiment décrite comme étant pure, nue, douce. Dans Victor Hugo, il y a pleins de personnages qui représentent pleins de genre de personne. Il y a ces personnes qui pleurent vite, qui sont un peu des livres ouverts, qui ne peuvent pas cacher leurs sentiments. Et elle est un peu comme ça, à cause de son enfance. Elle a peur des gens, peur de l’amour. Je trouve ça beau dans ce personnage si fleur bleue.
As-tu une comédie musicale coup de cœur ?
Oh oui j’en ai plein. Je suis né dans le jazz. J’aime bien les musicals un peu jazzy, ceux avec Fred Astaire. J’aime aussi les plus classiques comme La Mélodie du Bonheur,West Side Story. Ce que j’aime beaucoup c’est jouer des rôles de méchantes, de folles, donc les comédies musicales un peu barrées qu’on trouve surtout à Broadway j’adore.
17h, petite pause dans les interviews, le temps de découvrir les costumes qui viennent juste d’arriver dans la loge des filles où l’on peut entendre Ita Graffin faire ses vocalises en chantant les notes que Mary Poppins se chante à elle-même dans la célèbre scène du miroir (elle est très fan de Julie Andrews). Les costumes ont été créés spécialement pour le spectacle par Antikcostume.
Ainsi que ceux des hommes.
Nous rencontrons finalement les Thénardier : Christina Koubbi et Ronan Debois.
USofParis : Ça vous fait quoi de jouer ces horribles méchants ?
Christina Koubbi : Ça fait trop du bien et du mal pour les autres 🙂 Ronan Debois : C’est jubilatoire. C’est relevé, drôle, cruel. Le rôle des Thénardier ça embarque les gens. Christina Koubbi : On pourrait leur trouver des circonstances atténuantes parce qu’ils ne sont pas issues du bon milieu, mal nés on va dire. Ils essaient de réussir et leur moyen de réussite c’est de voler les autres.
Même avec les enfants, même leurs propres enfants, ils sont odieux. CK : À la base Mme Thénardier adore ses filles. Elle n’aime pas ses fils, enfin son fils Gavroche (on ne sait pas dans le musical qu’il est leur fils). Dans le roman, elle a d’autres fils qu’elle a dégagés aussi. Au deuxième acte on voit ce rapport avec Eponine qui est laissée pour contre, à la rue. RN : En effet ils sont terribles avec Cosette. Avec Eponine, leur propre fille ils sont odieux. Monsieur Thénardier en a clairement rien à foutre de sa fille.
Ce sont des rôles très habités, très aimés du public. À Londres, ils sont très applaudis à la fin. Comment avez-vous fait pour vous approprier ces personnages emblématiques ? RN : On a proposé quelque chose à l’audition, il se trouve que ça a plu. J’ai assez peu regardé d’autres choses, j’ai essayé de me l’approprier le plus possible. Je connaissais peu les Misérables, je connaissais quelques airs. CK : Moi aussi je n’ai rien regardé de ce qui existait déjà. Je connaissais un peu Les Misérables, j’ai travaillé le rôle d’Eponine quand j’étais plus jeune au conservatoire.
En dehors des Misérables, quel autre rôle aimeriez-vous jouer ? RN : J’aime beaucoup Sweeney Todd CK : Sally Bowles dans Cabaret.
18h45, c’est l’heure des balances. La troupe est sur scène avec l’orchestre pour les derniers réglages micros et lumières. 20h30, l’orchestre entre sur scène sous les applaudissements du public. Victor Hugo à son pupitre commence son récit des Misérables.
Le spectacle est vraiment magnifique.
La présence de l’orchestre symphonique sur scène donne toute sa dimension à l’œuvre musicale. Les différents personnages sont parfaitement incarnés. Mention spéciale pour Pierre-Michel Dudan qui tient le rôle de Javert et à Ronan Debois dans le rôle de M. Thénardier qui tiennent leurs personnages à merveille. Les voix sont à couper le souffle et nous transmettent une réelle émotion. J’ai retrouvé ce que j’ai pu ressentir à Londres en entendant certains titres comme : Le grand jour, Sous les étoiles, Comme un homme, C’est pour demain qui donnent véritablement la chair de poule.
La scène dépourvue de décor peut surprendre mais les jeux de lumières magnifiques nous font vite oublier ce détail. Les lumières sont le décor et se suffisent à elles-mêmes tellement le travail de Roque Ségovia est superbe.
Sans surprise, le public est debout à la fin du concert, ému, certains ont les larmes aux yeux. Ces voix, cet orchestre, cette simplicité ont suffi pour transmettre au public parisien toute l’émotion de ce musical mythique.
Petit bonus, dernier rappel a capella sur C’est pour demain.
La tournée est un véritable succès, on espère vraiment un retour sur Paris pour en reprendre une seconde fois pleins les yeux et pleins les oreilles.
François and The Atlas Moutains brouille si bien les pistes que le groupe ne semble pas “bankable” de l’aveu même de son leader. Pour nous, c’est justement cette audace à chaque nouvel album qui nous porte. Avec Solide Mirage, le monde ne tourne pas idéalement sur son axe, des fantômes viennent faire les chœurs, la bête se meurt. Le pouls est pourtant vigoureux et nous donne une furieuse envie de hurler pour balayer toutes les déconvenues qui nous entourent.
SAVE THE DATE : tournée des festivals ! We Love Green à Paris, les Nuits de Fourvière à Lyon, les Francofolies de la Rochelle.
INTERVIEW SANS SELFIE / FRANÇOIS
UsofParis : Une bonne raison d’écouter Solide Mirage ?
François : C’est un album de 2017. Si on cherche une expression musicale représentant la France en 2017, je trouve que ça le représente bien.
C’est un album sans maniérisme. Une musique détachée de tout effet de style.
Ce Grand Dérèglement est finalement dansant et joyeux.
Il est optimiste par l’énergie.
J’essaie souvent de rééquilibrer la barre pour que ce ne soit pas trop plombant. On partage toujours une énergie avec le groupe. On se pousse vers le haut. J’ai écrit les paroles dans le train, à l’été 2015. Et on l’a mise en musique le lendemain des attentats. On préparait un concert et on était à Bruxelles dans une espèce d’Abbaye.
Justement, on s’arrête de jouer face à des événements pareils ?
Ça touche, ça nourrit la musique. On se rend compte de la chance que l’on a d’être safe, entre amis et bien entouré. Et on se sent aussi inutile car une action musicale c’est très limitée par rapport au travail des assoc, aux profs qui gèrent les générations futures. Ça fait prendre un recul étrange en tout cas.
Une leçon de vie de Mohammed Okal, l’ambulancier palestinien qui danse dans le clip Grand Dérèglement ?
Il parle peu et est dans l’instant. Il est très généreux. Ça me conforte dans l’idée d’être proche des gens qui nous entourent.
Il est impressionnant. Quand je lui ai demandé de faire le clip, il sortait de l’hôpital mais je ne savais pas pourquoi. Et deux jours plus tard, il était disponible pour tourner de nuit, en décembre, dans le froid en plein Palais de Justice de Bruxelles.
Ses amis m’ont appris qu’en fait il s’était fait enlever une balle qu’il avait reçu à Gaza.
Que signifie “Être son propre fantôme” pour présenter le nouveau titre ?
C’est s’éloigner de soi-même, de ses rêves, de son éthique profonde. Le fait de se laisser happer par la pression sociale en oubliant nos aspirations. On l’a tous à des degrés différents.
La solution est souvent de prendre conscience de ce que l’on est devenu, de ce qu’est le monde, plutôt que de se limiter aux habitudes que l’on peut prendre.
Un artiste rêve mais il est pris aussi par des schémas de travail qui limitent parfois, qui nous détournent.
Le titre Bête morcelée fait l’effet de rupture dans l’album.
C’est comme un exutoire. Les membres du groupe ne voulaient pas que je le mette dans l’album et moi j’y tenais, par cette énergie grunge. Ce morceau c’est plein de souvenirs dont un concert au Caire, où l’on était surexcités et électrisés. J’avais ce bruit constant en tête.
Qu’a-t-il apporté le producteur Ash Workman à cet album ?
Comme pour l’album précédent, Ash clarifie le propos. Je n’avais pas envie de conceptualisation, ni de doute. Il n’est, en fait, jamais dans le doute. Il est toujours dans l’action.
Ses solutions : aller au plus simple. Il m’a conseillé de moins forcer sur certains textes.
Tu lui as traduit tes chanson pour qu’il comprenne ?
J’ai préféré lui imprimer des images qui m’évoquaient l’album. Beaucoup de symbolistes belges (Félicien Khnopff et Léon Spilliaert, pour le côté homme seul dans la ville) et de cacao fluo, ça représentait, pour moi, Bruxelles. C’est tellement chocolat cette ville. 🙂
Owen Pallett qu’a-t-il de plus que les autres violonistes ?
Il est très connecté à la musique indé. Il est sensible à lo-fi, à la pop un peu queer. Il est très pop et très maniéré. J’aime ces deux facettes.
Quels sont les sons qui ont bercé cet album ?
J’avais fait un voyage à Los Angeles chez Burger Records, à l’invitation d’Hedi Slimane. Et j’ai pas mal écouté The Garden qui m’a rappelé des sons que j’écoutais quand j’étais ado.
On a été touchés aussi par les mélanges arabes-électro qui sont en train d’émerger. Notamment, ce qui sort chez Principe, le label de DJ Nigga Fox et Nidia Minaj.
Être une image, en plus de faire de la musique, c’est facile à vivre ?
Je me limite pas en termes d’image. Du coup, ça donne un résultat assez protéiforme qui peut perturber l’industrie du disque. Ce qui fait que beaucoup de gens n’arrivent pas à nous rendre bankable. On n’est pas identifiable. Mais tant pis. 🙂
Je n’accepte pas tout, notamment pour les captations de concert. Pour moi, le live c’est du sang, de la chair. Faut être présent.
J’aime les petits concerts et les téléphones portables doivent disparaitre pour apprécier ces moments.
Je pense que ça va s’autoniquer : les images vont devenir tellement abondantes qu’elles vont devenir de moins en moins importantes.
Donc l’image oui, mais comme élément artistique.
Un souvenir fort de concert ?
Le concert au Caire devant 2 000 personnes. A Ouagadougou. En plus d’être face à un public qui ne nous connaissait pas, ça nous ramenait à la raison brute de ce qui faisait notre présence : faire un son pour emporter. On était dans des résonances musicales fortes.
Une chanson qui te rend heureux ? Only you de The Platters.
La plus belle chanson d’amour ? Je t’ai toujours aimée chantée par Dominique A. Elle me plait beaucoup, d’autant qu’elle est un peu érotique. 🙂
Une claque musicale récente ?
Doing it in Lagos, une compil de disco nigérien des années 80, sortie chez Soundway Records. J’ai écouté ça dans le van hier.
en tournée en France : 07.04 LAVAL – Le 6 par 4 08.04 ROUEN – Le 106 27.04 TOURCOING – Le Grand Mix
28.04 NANCY – Festival Off Kultur
30.04 GUISE – Le Familistère
10.05 ALLONNES – Complexe Jean Carmet
12.05 MASSY – Paul B 18.05 GRENOBLE – La Belle Électrique
19.05 ST JEAN DE LA RUELLE – Salle des Fêtes
29.06 ANTIBES – Amphithéâtre du Fort Carré
07.07 LYON – Théâtres Romains de Fourvière
13.07 LA ROCHELLE – Francofolies
En Angleterre : 27.03 LONDRES (UK) – Moth Club 28.03 BRISTOL (UK) – Thekla 29.03 MANCHESTER (UK) – Soup Kitchen 30.03 GLASGOW (UK) – Mono 31.03 NORWICH (UK) – Arts Center
Aux Bouffes Parisiens, tous les dimanche et lundi, clownesque concert qui dérape pour des moments de purs délires visuels et vocaux. Le groupe a cappella Cinq de Cœur revient avec un best-seller qu’il tourne depuis deux ans et qui est prêt à conquérir de nouveaux spectateurs friands d’expériences musicales aussi intenses que géniales.
Pourtant, ça commence plutôt mal. On nous annonce un récital exclusivement allemand. Impossible de fuir, on est pris au piège. Les interprètes (Sandrine et Patrick en tête) partagent leurs réelles affinités avec la langue allemande et le plaisir de “de cet éclatement de la voyelle”, si particulier, comme ils nous le confient après le spectacle. Heureusement, de petits grains de sable viennent contrarier la mécanique très pro de cette bande de chanteurs lyriques tous et toutes de noir vêtus. Dérapage, jeux de mains, touches de couleur et accessoires viennent réveiller l’ensemble.
On comprend alors que tout le monde s’appelle Michel. Que Fabian, le trentenaire de la troupe au tatouage dans le cou, n’est pas seulement irrésistible pour les spectatrices mais aussi pour ses partenaires ou inversement. Avec son solo sur Feel good “version Michael Bublé”, il vous emporte dans son envolée vocale et physique. Le garçon est aussi doué pour le beatbox car les voix sont aussi deviennent de vrais instruments de musique au cours du spectacle.
Le groupe Cinq de chœur arrive à nous surprendre à chaque fois. Par un accessoire, une chanson, une version. Ring my bell, Le chanteur de Mexico, Avec le temps… et même Parole Parole en allemand : “car Dalida adorait l’Allemagne et elle n’avait pas un mauvais accent en plus” nous confirme Sandrine.
Tous les styles musicaux sont convoqués dans un grand délire clownesque, touche de la metteure en scène, célèbre Emma la Clown. C’est elle qui aura lancé l’idée de ce chapeau d’1m20 de diamètre et de la coiffe bretonne.
À la sortie du spectacle, Fabian nous promet du Maitre Gims pour la prochaine création. Mais avant, la troupe risque fort de se frotter aux scènes européennes avec cet explosif Concert sans retour et sans fin.
Le Concert sans retour est jubilatoire, poétique, inventif, savoureux et boosté de bons rythmes.
Le Concert sans Retour par Cinq de Cœur
mise en scène : Meriem Menant
avec Pascale Costes, Karine Sérafin, Sandrine Mont-Coudiol, Patrick Laviosa et Fabian Ballarin
Lumières : Emmanuelle Faure
Costumes : Eymeric François / Anne de Vains
Directeur Musical : Didier Louis
Son : Mathieu Bionnet
A la seule lecture des quelques lignes du projet French Waves, notre cœur a bondi. Julian Starke, réalisateur de 25 ans, a fait le pari fou de faire dialoguer les générations de créateurs qui ont réinventé la musique électro en France. Laurent Garnier, Cerrone, Justice, Bob Sinclar, Breakbot, Rone, Jacques, Fakear et beaucoup d’autres partagent leur parcours, éclairent sur leurs influences et leurs succès à travers un documentaire événement et une websérie de 10 épisodes. SAVE THE DATE : soirée de ouf au Grand Rex le 23 février avec projection, DJ Sets et lancement de la tournée mondiale.
INTERVIEW / JULIAN STARKE
UsofParis : Comment a débuté ta culture électro ? Julian Starke : J’ai découvert la musique électro, adolescent, avec les Justice. Ça m’a rendu complètement fou. J’étais du rock et eux faisaient un truc plus énervé qui correspondait à cette énergie que j’avais, l’envie de se rebeller. J’ai adhéré à leur univers. Ils disaient à l’époque ce que j’avais envie d’exprimer. J’ai découvert Daft Punk après Justice.
En arrivant à Paris, j’ai commencé à m’immerger dans la jeune scène électro.
Quel a été le déclic pour ce projet French Waves ? Un ami, Félix, a été choisi pour jouer le rôle de Sven Love, un DJ des années 90, dans le film Even. En lisant le scénario, j’ai senti ce lien entre l’énergie collective de la French Touch des années 90 et ce que je vivais avec mon collectif en organisant des fêtes, je réalisais des clips, des courts-métrages.
Quel est ton point de vue sur la scène électro française pour ce film ? Ce n’est pas un point de vue de journaliste mais vraiment mon regard sur l’histoire de transmission entre les différentes générations, les 20-30-40. Comment les jeunes se sont inspirés des anciens et qui se nourrissent de plein d’influences glanées sur le net.
Sur toute la première partie du film ou les premiers épisodes de la websérie, je partage le point d’un jeune mec qui n’a pas vécu cette époque fantasmée, que j’aurais aimé vivre : rave party…
Dans la deuxième partie du film, je capte la scène de l’intérieur, je suis dans le présent et le témoin des débuts de ces jeunes artistes.
L’énergie est commune pour toutes les générations.
Qu’est-ce qui t’a surpris en cours de tournage ?
Un truc surprenant. J’appréhendais la rencontre avec Bob Sinclar. J’aime beaucoup ses 2 premiers albums. Après, c’est moins ma came.
Lors de l’interview, j’ai trouvé qu’il était hyper sincère dans ses réponses. Love Generation était un titre spontané, fait dans un studio. Il veut toucher les DJ commerciaux, pour être joué dans les clubs commerciaux pour toucher un max de monde. Tout en étant honnête. Ça le rend touchant.
Un titre qui t’a mis une grosse claque au cours de ton projet ?
Un titre complétement underground : Cuarterode Dioneli. Je l’ai découvert lors d’un DJ-set de Carl Craig quand on tournait au Rex. Je ne sais pas qui c’est. Mais ça m’a traumatisé.
J’aime aussi Valentin Stip, un jeune mec inconnu. Il est assez fou et on a fait un épisode de la websérie sur lui. Il est capable de casser une branche dans la forêt de l’enregistrer avec son Iphone. A partir du son, il est capable de faire de la musique.
Il a une vision de la techno hyper poussée, proche de la transe.
Tu t’étais préparé à interviewer Jean-Michel Jarre ?
C’est justement en me documentant que je me suis rendu compte vraiment de son impact. Il est recordman des plus grands concerts dans le monde. On a parlé avec des Chinois pour des events là-bas et ils s’en souviennent comme le premier artiste a joué de la musique occidentale sous Mao.
Ensemble, on a beaucoup parlé de la jeune génération. Il a débuté à l’époque du GRM (Groupe de recherches musicales), de Pierre Henry, donc une autre sphère. Il a finalement été hyper bienveillant quand a débuté la French Touch.
Il adore la musique de Rone. On a beaucoup de points communs malgré la différence d’âge.
Quel artiste a le plus de références musicales parmi tous ceux que tu as rencontrés ?
Dans les jeunes artistes avec qui j’ai noué un rapport fort avec le projet : Superpoze. Il a une culture musicale incroyable en electro, house, hip-hop, rap, toutes sortes de niches et sous-niches, en jazz. Tout ça a nourri sa musique. Il a déjà fait 2 albums C’est aussi un super producteur de musique.
Celui qui a le plus d’humour ?
Jacques ! D’humour, de second degré…
Le plus modeste ?
Rone dans les “jeunes”. Et Laurent Garnier. Il est d’une sincérité incroyable, surtout avec lui-même. Il vieillit mais son public a toujours le même âge. Il joue toujours devant des gens de 20 ans. Il continue de faire la musique qui lui plait mais quand ça ne marchera plus, il n’en fera pas une autre pour plaire.
Celui qui dort le moins ?
Ils ne sont pas nombreux à dormir beaucoup. Les tournées sont longues. Je dirai Jacques qui tourne pas mal ou Superpoze.
Celui qui fait des phrases trop longues, difficiles à couper en montage ?
Jean-Michel Jarre ou Bambounou. Je ne peux pas tout garder. 😉
Le plus classe ?
Philippe Cerboneschi de Cassius. Il est bogosse, bien sapé. Tous les détails sont maitrisés. Le studio est beau en plus.
Ça parle musique classique chez les artistes électro ?
Superpoze a étudié au conservatoire. Et Valentin Stipe était pianiste. Il a hésité à être concertiste. Il jouait 7-8 heures de piano par jour pendant une dizaine d’années. Il maîtrise !
FRENCH WAVES
documentaire, web-série et site immersif de Julian Strake associé au producteur Guillaume de la Boulaye
et tournée internationale avec masterclass, live et DJ Set
Rdv chaque jeudi pour un nouvel épisode de la websérie
Jeudi 23 février à partir de 21h
projection du documentaire au Grand Rex suivi de DJ sets au Rex Club !