Juniore est multiple, unique et mystérieuse. Avec un titre accrocheur, A la Plage, elle est venue nous rappeler la légèreté, l’insouciance des 60’s. Ça fait du bien de se replonger dans le rétro. L’EP Marabout disponible en digital depuis quelques semaines, s’offre une sortie CD digipack le 29 janvier ! Histoire de n’avoir aucune excuse pour ne pas plonger dans ce bain de réjouissances sonores.
Nous avons tenté de percer le mystère de ce projet en questionnant la leader du groupe, Anna Jean.
A défaut de nous envoyer une carte postale, elle nous a adressé un joli photomaton à trois visages avec deux de ses complices scéniques : Agnès et Swanny.
UsofParis : Quand on googlise “Anna Jean chanteuse“, on tombe surtout sur des photos d’Anna Karina. Un peu d’Anna Calvi aussi. C’est volontaire de brouiller les pistes ? D’avancer un peu masquée ?
Anna : Je ne crois pas que ce soit vraiment volontaire 🙂 mais j’apprécie bien mon anonymat. “Pour vivre heureux, vivons cachés”, non ?
Quels chanteurs, groupes se sont penchés sur ton berceau (quand tu étais petite) ? La première, c’était Nina Simone. Un vinyle de ma mère, je l’ai aimé infiniment. Plus tard, j’ai découvert les “oldies”, les radios nostalgiques. Les Beatles et les Kinks et les Beach Boys et les Velvet. J’en aurais presque fait une overdose. Et puis, j’ai écouté du rap californien toute mon adolescence, The Pharcyde, en boucle, avec ma sœur. Et en même temps, des chanteuses yéyé, de Christie Laume à Stella et Alice Dona, en passant par Sylvie Vartan, France Gall et Françoise Hardy.
Une chanson d’adolescence que t’aimes encore écouter, même si c’est plus dur à assumer ? On continue à danser sur Ace Of Base avant certains concerts. Et à chanter les paroles en yaourt.
Qui est à l’origine de ta carrière d’auteure-chanteuse ?
La première chanson que j’ai écrite était pour Samy – producteur/arrangeur/enregistreur de Juniore – pour qu’il la chante, lui. On était à la fac et il avait un groupe. Et puis il m’a dit : “c’est pas mal quand tu chantes“. Alors j’ai continué.
Étais-tu prédestinée à un autre avenir professionnel ?
J’ai fait des études d’arts et d’anglais, et je suis traductrice. J’aime bien avoir plusieurs activités, ça oblige à remettre en question, à relativiser.
Qu’est-ce qui t’a insufflé le goût d’une autre époque, de la chanson française des 60’s, pour cet EP ? Je crois que j’aime la mélancolie légère, les euphémismes, l’impression que rien n’est grave et que tout est possible dans les années 60. Ce quelque chose de naïf de l’époque qui a vu les débuts de la technologie, comme le rétro futur des films de Tati. Le renouveau après la guerre aussi. Et je suis sûrement nostalgique de la jeunesse de mes parents.
Est-ce qu’il y a des images de films qui sont à l’origine de certaines chansons ? Oui, j’ai vu et revu beaucoup de films de Truffaut et de Bergman à l’époque où j’ai écrit certaines chansons. Les westerns de Sergio Leone avec la musique de Morricone et les films de zombies de Romero. J’aime bien l’humour grinçant, la subtilité du second degré et des mises en scène du petit quotidien. Les histoires d’amour impossible, d’amour déçu, des micro-drames dans des appartements, en zones urbaines ou dans des déserts.
Sinon, comment les as-tu écrites ? Je crois que j’aime bien l’idée de l’échantillon, la façon dont une histoire appartient à un lieu, une époque, une génération. J’essaie d’écrire en gardant ça en tête. Je crois que je raconte surtout les histoires des autres, des histoires de filles, celles d’amies, de sœurs, de mères, de grands-mères.
Quels sont les artistes qui font partie de tes disques de chevet ? Laurence (qui joue de la guitare avec nous), me fait toujours découvrir des nouveaux groupes. C’est grâce à elle que j’ai commencé à écouter Dirty Beaches et Kurt Vile. J’ajouterai aussi Thee Oh Sees à mes disques de chevet.
Quelle est la chanson de ton EP la plus personnelle ? Je dirais que c’est peut-être Mon Autre. Elle ne paraît pas très sérieuse, mais je crois que c’est la chanson la plus personnelle de cet EP. C’est un sentiment que j’ai souvent, celui de ne pas vraiment me connaître. L’idée d’une autre personne avec laquelle je dois cohabiter en permanence. Une partie de moi qui pense des choses impensables. Presque inavouables. Un genre de folie douce et amère.
Quel est le plus beau livre que tu aies pu lire au bord de mer ? L’été dernier, j’ai lu Le Cher disparu d’Evelyn Waugh. Ça m’a fait rire aux larmes.
Une leçon de scène en tournant (en première partie) avec Brigitte ? On a beaucoup appris à leurs côtés. D’abord, que c’est un métier difficile, qui demande beaucoup de travail, d’exigence. D’humilité, d’intelligence et de courage aussi. Et surtout, on a compris, grâce à elles, qu’en musique, plus on donne, plus on reçoit.
Quel conseil a pu te donner ton père (JMG Le Cleziot, NDLR) pour ton écriture ou ta carrière artistique ? Je ne suis pas sûre de lui avoir jamais demandé conseil. Pour écrire une disserte ou une lettre de motivation, oui, mais pas pour ça. Je crois qu’on est tous les deux assez privés. Mais je l’ai beaucoup observé, je l’ai vu travailler tous les jours, discrètement, à son rythme. Faire. Sans en parler trop. Je crois que c’était le meilleur exemple.
La chose la plus folle que tu pourrais faire pour faire connaître ta musique à un maximum de monde ? Je ferais comme raconte la rumeur de L. Ron Hubbard. J’achèterais tous mes disques pour faire un carton et ensuite je construirais une église.
Une claque musicale récente ? J’aime beaucoup King Krule. J’ai très envie de le voir en concert.
Une chanson pour danser ? Chaud cacao pour la chorégraphie d’Annie Cordy (et le clip) !
Une chanson pour s’évader, pour quitter Paris ? Sleepwalk de Santo et Johnny.
Interview by Alexandre
Juniore EP Marabout (Le Phonographe) disponible en digital
et en version CD digipack à partir du 29 janvier 2016
Concerts : 27 janvier – Les Bains (Paris)
30 janvier – Lurrazpiko festival (San Sebastian – Espagna)
5 février – Le Liberté (Rennes) – 1ère partie Brigitte
6 février – Espace Avel-Vor (Plougastel-Daoulas) – 1ère partir de Brigitte
11 février – Rack’Am (Brétigny-sur-Orge)
19 février – MJC La Vallée (Chaville) – 1ère partie de la Maison Tellier
5 mars – Festival Avec le Temps (Marseille)
CONCOURS !
Nous vous offrons des exemplaires CD digipack de l’EP Marabout de Juniore à recevoir directement chez vous ! Oui oui.
Pour cela, rien de plus simple, remplissez le formulaire ci-dessous avant le 31 janvier 2016 à 23h59. Et n’hésitez pas à nous laisser un commentaire sympathique (on adore !).
LE PLUS : une chance supplémentaire de gagner sur Twitter ! En suivant le compte @USOFPARISet retweetant le concours.
Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits sur le blog et participants actifs sur Twitter. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 1 EP qu’ils recevront par courrier.
#JOIE ! L’Ultra Bal est de retour en ce début d’année. Au diable la grisaille, les ronchons, les problèmes de RER B. Le samedi 23 janvier, au Pan Piper, on va se mettre au chaud, se coller-serrer, se faire de nouveaux potes, tomber amoureux… Sur scène, le noyau dur – formé des deux maîtres de bal Alexis HK et Fixi et des divas Zaza Fournier, Chloé Lacan, Alexandra Gatica, Flavia Coelho… – a un seul objectif : nous faire danser !
Vous avez besoin d’en savoir plus ? Rien de mieux que de demander directement à ceux qui mettent l’ambiance à l’Ultra Bal. Pour cela, une main innocente a pioché deux noms parmi l’équipe pour répondre à nos questions. Après avoir lu les quelques lignes qui suivent, vous ne résisterez pas à l’appel de la piste !
INTERVIEW !!
UsofParis : L’Ultra Bal en 3 adjectifs, c’est ?
Alexis HK (maître du bal) : Danse-amour-partage.
Chloé Lacan (diva de l’Ultra Bal) : l’ultra bal est inventif, électrique, généreux.
A l’heure des réseaux sociaux et d’Adopteunmec.com, une romance, voire une histoire d’amour peut-elle encore naître dans un bal, à Paris ?
Alexis HK : Plus que jamais, les rencontres réelles hors des réseaux sociaux sont possibles, voire recommandées.
Tomber en amour autour d’une valse ou d’un verre, qu’y a-t-il de plus beau ? Chloé Lacan : J’espère bien qu’une romance peut encore naître dans un bal, après ça dépend des caractères, il y a ceux qui pensent qu’il n’y a rien de tel que les vibrations de la musique et de la danse pour savoir à qui on a à faire et puis, il y a ceux qui préfèrent aborder tous les sujets avant de renifler l’autre, pour ceux-là alors peut-être que le bal n’est pas l’endroit idéal effectivement.
Est-ce que c’est arrivé dans un Ultra Bal ? Si oui,on veut tout savoir ! 🙂
Alexis HK : Oui, un de mes amis a rencontré l’amour par un soir d’Ultra-Bal. Un regard et puis hop ! Chloé Lacan : On descend souvent dans la fosse pour aider des couples à se lancer sur la piste mais après on ne s’en occupe plus…
Une anecdote d’Ultra Bal : en répét, sur scène, en coulisses ?
Alexis HK : Sur L’île de la Réunion, sur la plage, après la représentation, nous étions tous réunis et nous avons regardé la lune.
Chloé Lacan : Un jour on était programmé en Allemagne et quand on est arrivé dans la salle on a vu qu’ils avaient mis des gradins et pas de piste de danse. Impossible de bouger les gradins ni les sièges. Dès le 2ème morceau avec les ultra girls, on est allé chercher les gens dans les gradins pour les faire danser quand même et puis comme la scène était immense on les a fait monter avec nous et la moitié de la salle est venue danser derrière les musiciens, sur scène, c’était un moment magique !
Le meilleur argument pour inciter nos followers à venir le 23 janvier ?
Alexis HK : Venir revivre la convivialité d’un bal d’antan, mais sous une forme moderne, avec des musiques d’il y a longtemps, et des musiques de dans longtemps.
Chloé Lacan : L’Ultra Bal, c’est un vrai moment d’échange et de lâcher-prise. Pour nous sur scène, comme pour les gens, quand l’électricité monte au fur et à mesure du show, le “lâcher-prise” arrive et là, c’est un immense plaisir !
Vous ne rêvez pas, nous vous offrons des invitations pour L’Ultra Bal au Pan Piper Paris, samedi 23 janvier 2016 à partir de 20h. Vous n’êtes pas prêts d’oublier cette soirée, vous pouvez nous croire !
Pour cela, rien de plus simple, remplissez le formulaire ci-dessous, avant le mardi 19 janvier 2016 à 23h59. Et n’hésitez surtout pas à nous laisser un commentaire (on aime beaucoup ça !).
Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 2 invitations pour la soirée.
Avant de vous inscrire, vérifiez bien que vous êtes libre le 23 janvier !
Avec une seule chanson (Juste le temps), le groupe de fab guys nous a emballés alors que nous n’avions pas encore écouté le premier single de son premier album. Au-delà de l’euphorie que procure ces 12 titres, Namasté dégage aussi en interview une convivialité qui ne souffre d’aucune distance et de censure. La preuve dans ce qui va suivre.
Rendez-vous était donné dans la cour feutrée d’un hôtel du 9e avec deux des cinq membres du groupe : Raphaël Cornet (guitare, voix) et Octavio Angarita (violoncelliste, choriste). Entretien sans filtre.
INTERVIEW
Vous nous décrivez en quelques mots le projet Namasté, type marketing ? Octavio : Namasté, c’est de la balle ! Raphaël : C’est un bel album, qu’il faut écouter, qui fait du bien. Qu’il faut écouter toute la journée, à n’importe quel moment. Octavio : C’est un album de partage ! Raphael : Namasté c’est une musique très variée, une musique riche en influences. Octavio : Une musique à notre image.
Une musique à votre image, donc chevelue et poilue aussi ? Raphaël : 🙂 Oui, tout à fait ! Chevelue et poilue ! Octavio : 🙂
Un seul adjectif pour décrire chaque membre du groupe ! Octavio : Raph, je te laisse faire. Les adjectifs, c’est pas mon truc. J’étais mauvais à l’école ! Raphaël : Tu vas quand même être obligé d’en trouver un pour moi ! 🙂 Octavio romantique, Reda pragmatique, Kenzo lunaire. Octavio : J’aurais plus dit lunaire pour toi. Raphaël : Alors on garde lunaire effectivement, car ça me va bien ! Octavio : Kenzo, c’est le calme. Paisible. Benoit est dans la réflexion. Raphaël : Il est cérébral !
Quels bénéfices de participer aux concours : Paris Jeunes Talents, Lance-toi en live… ?
Raphaël : Un gros soutien au développement. Chaque concours entrepris – et on en a remporté quelques uns – nous ont aidés à nous développer. Que ce soit le Concours RATP qui nous ont ouvert les portes de festivals ; Paris Jeunes Talents, ça a été des concerts et un support financier. Avec le Ricard Live, on a joué devant des milliers de personnes et ils ont financé un EP. SFR nous a fait jouer à la Rochelle. Donc un gros soutien, de la visibilité, des connections. Octavio : Et une réelle préparation à la scène aussi. Même quand, au départ, on a quand même une expérience. Raphaël : Ca nous a formés.
Juste le Temps, le premier titre de l’album, m’a accroché direct. Comment est-il né ? Raphaël : Cette chanson a eu plusieurs vies. Octavio : Il faut savoir que plusieurs de nos morceaux ont eu plusieurs vies. D’où le titre : Juste le temps. Cet album a été un travail très long. Long de se découvrir les uns les autres, de partager nos expériences, nos idées, nos différences aussi. D’apprendre à s’accepter les uns les autres. Cette chanson a plusieurs vies à l’image de notre révolution. Elle a commencé dans une première matière guitare-voix. Ensuite, elle a pris une dimension électro, avec des beats, des sons très recherchés. Et puis petit à petit, nous avons essayé de réunir dans ce morceau toutes nos idées et nos influences. Raphaël : Pour l’écriture, c’est un morceau que j’ai coécrit avec Patricia Lenoir avec laquelle j’ai aussi coécrit Lâche par l’Affaire, Ode au vent. Ca a été un travail passionnant. Juste le temps est profond mais il peut avoir plein de lectures différentes. Il parle d’un accès au bonheur, de la vie, du temps qui passe, de trouver sa place. Il est très vaste.
J’ai eu une écriture assez instinctive au départ, il y avait beaucoup de punchlines, de jeux de sonorités (syllabes, sonorités des mots). Il y avait un sens caché mais c’était très confus. Ce qui est incroyable, c’est que Patricia a réussi à lire tout ça et à sortir de moi l’essence et à trouver le fil conducteur. On y a passé du temps. C’était un vrai tour de magie.
Patricia a plus réorganisé que réécrit ? Raphaël : Pour tous les textes, j’apportais une base qui n’était pas assez construite, très décousue. Et on a fait tous les deux un travail de reformulation : « qu’est-ce que l’on veut dire ? Où est-ce qu’on va ? » Un vrai travail d’auteur, en somme. Moi, j’étais vraiment plus dans les sonorités, en fait. Les rappeurs français m’ont beaucoup donné envie d’écrire : Saïan Supa Crew, Mc Solaar, I AM… J’adorais la langue française chantée comme ça, déclamée. Patricia a donné du sens à mes propos.
Que t’a apporté ton expérience d’ingé son pour ta musique ?
Raphaël : De l’autonomie, le fait d’avoir son studio et de pouvoir enregistrer ses sons, ses voix… C’est une passion du son, partagée avec les gars. Une passion de la matière sonore. De faire des recherches, de transformer la matière. C’est ce que l’on a fait pour cet album.
Quelle est la chanson la plus personnelle de l’album ? Raphaël : Lost, c’est la chanson avec laquelle je me suis mis le plus à poil, par rapport à ce que j’ai vécu. C’était une période où je n’étais pas bien, j’étais déprimé. Et je cherchais quelque chose à l’intérieur de moi, mais que je ne comprenais pas. J’étais perdu. C’est un moment important aussi qui nous forge et qui nous permet d’aller plus loin. L’écriture est simple, en anglais. « I’m lost in my world ». Les premières phrases ne sont pas faciles à assumer, mais elles traduisent ce que j’étais et ce que je ressentais à l’époque. Octavio : Et Namasté, c’est la chanson qui nous met tous les 5 d’accord.
On s’y retrouve tous, plus ou moins. Raphaël : C’est le morceau qui raconte le mieux le propos du groupe : l’envie de partage, de voyage. C’est l’identité du groupe ce morceau.
Quels artistes se sont penchés sur votre album pour les influences ? Octavio : Coldplay Raphaël : Police, Archive. Octavio : Shakira ! 🙂 Raphaël : Beaucoup d’artistes. On a tous un background très différent. De la musique du monde au groove, en passant par le classique (Rachmaninov). Et aussi le jazz.
Vous rêvez en musique ? Raphaël : Oui. Justement, cette nuit, j’ai rêvé que je faisais des rythmes avec Reda. On faisait de la percu sur une espèce de darbouka…
En lisant vos interviews, votre propos est posé. On a vraiment l’impression que vous êtes adorables. 5 mecs ensemble, ça se frictionne quand même ? Octavio : Comme dans tous couples, après 10 ans de vie commune, il se passe des choses. Raphaël : Y’a de la vie ! Octavio : Ca bouge, il y a des caractères très différents. Certains sont en retrait, d’autres plus en avant. Parfois, il faut rentrer dedans, parce que ça permet de grandir et de remettre les idées en place, et son ego aussi. Faut apprendre à recevoir et à donner.
Une leçon de scène avec Julien Doré, en faisant ses premières parties ? Octavio : Pas une leçon de scène. Il est charismatique ! Raphaël : C’est un interprète incroyable. Sur scène, c’est un vrai showman.
Et avec Frero Delavega ? Raphaël : Une simplicité. Un succès qui vient progressivement pour devenir énorme. Et des gars qui restent simples. Malgré un emploi du temps très chargé. Octavio : Je les ai découverts à la Cigale avec un groupe qui a évolué depuis. Le batteur a changé, un guitariste aussi. Et voir l’évolution, c’est extraordinaire.
Vous vous projetez quand voyez ces artistes en live ? Raphaël : J’ai arrêté ça ! 🙂 Octavio : On s’est projeté avant de rencontrer ces artistes. Je me projette dans la musique depuis que j’ai 5 ans. Donc forcément, voir ces gens, ça donne envie d’aller encore plus loin. De mettre en place un show. Trouver cette même force, cette même rigueur.
Vos premiers lives pour la sortie de l’album sont à la hauteur de vos attentes ? Raphaël : Il faut qu’on se remette en route. La machine a besoin de se roder en live. Donc a besoin de jouer en continu pour retrouver cette énergie, pour qu’on s’incarne. Il y a eu, pour le moment, trop peu de dates pour que la machine se remette bien en route. Les petites salles ont aussi une énergie particulière, il faut rentrer dedans. On a besoin de tourner, là.
Une anecdote de concert ?
Octavio : Il y a 5-6 ans, Kenzo qui s’est vautré de son siège, en plein show. Tout au début du concert, solo de clavier, Kenzo se lève et d’un coup plus de siège. Par terre !
La chose la plus folle que vous pourriez faire pour faire connaître à un maximum de monde votre musique ? Octavio : Faire un clip tout nu. C’est ce qui marche le mieux en ce moment. 🙂 Ca n’aurait pas trop de rapport avec notre musique… Mais pourquoi pas ? Moi, ça ne me dérangerait pas. Raphaël : Ah le naturiste ! 🙂 Octavio : Tant qu’il y a une barre noire. Raphaël : Déjà fait ! Octavio : Exister déjà, c’est une chose assez folle. Raphaël : Faut me présenter des projets. Je ne me mettrai pas à poil. Mais je suis très aventurier. J’aimerais faire une tournée en Inde. Ça ferait connaître notre musique loin d’ici. Je suis prêt en tout cas à faire beaucoup de choses.
Votre dernière claque musicale ? Octavio : Je suis très surpris par Rhye qui est un super groupe. Mon frère les a découverts en festival à la Villette et me les a fait connaître. Il y a Bill Laurance aussi, hallucinant pianiste, compositeur, qui joue avec les Snarky Puppy. Son album m’a rempli d’émotions, m’a fait tirer les larmichettes. Quelle richesse musicale !
Une chanson pour parler d’amour ?
Octavio : Elton John ! Armo (l’attachée de presse du groupe) : T’es pas sérieux ? 🙂 Octavio : Si ! 🙂 Raphaël : Une chanson de Fink, de son premier album Kamlyn. Un texte certainement écrit pour la femme qu’il aime. Octavio : Bon alors un petit Stevie Wonder pour faire plaisir à Armo ! My Cherie Amour ! « Direct tu pécho », c’est ma réponse ! (soufflée par Armo).
Une chanson qui fait voyager ?
Raphaël : La chanson de Zap Mama, 5 nanas qui chantent a cappella : Take me Coco. C’est trop beau. Octavio : To Built the Home de Patrick Watson avec Cinematic Orchestra . Raphaël : C’est un voyage intérieur. Octavio : Le plus beau voyage qui soit !
Concerts : 6 février à Vauréal
d’autres dates à venir prochainement !
CONCOURS
Nous vous offrons des exemplaires dédicacés de l’album de Namasté,Juste le Temps, à recevoir directement chez vous ! Oui oui.
Pour cela, rien de plus simple, remplissez le formulaire ci-dessous avant le vendredi 22 janvier 2015 à 23h59. Et n’hésitez pas à nous laisser un commentaire ou à souhaiter l’anniversaire du blog (qui a 5 ans ce mois-ci).
LE PLUS : une chance supplémentaire de gagner sur Twitter ! En suivant le compte @USOFPARIS et retweetant le concours.
Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits sur le blog et participants actifs sur Twitter. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 1 CD (envoyé directement par courrier).
Quelques jours avant la sortie de son 5e album, 22h22, Ariane Moffatt a passé quelques jours à Paris. Je la retrouve dans le 19e arrondissement, à deux pas des Buttes-Chaumont dans une charmante maison qu’elle occupe pendant son séjour. Elles viennent à peine d’atterrir, avec sa soeur Stéphanie, et me proposent un verre de bon vin qu’elles sont en train de déboucher. Y’a pas à dire, la qualité d’accueil des Québécois-ses, même sur le sol français, est incomparable !
Et on réserve sans attendre pour son retour à Paris, le 10 décembre à la Gaité Lyrique.
INTERVIEW
Comment es-tu arrivée à la musique ? J’y suis venue de manière instinctive. Je ne viens pas du tout d’une famille d’artistes. Mes parents sont dans l’éducation, ma sœur (qui est mon agent) est avocate de formation, mon frère est prof de gym : le corps et l’esprit !
Je me suis retrouvée à être attirée par la musique dès la petite enfance. Une guitare à 3 cordes pleine de poussière dans un coin a attiré mon attention. J’ai toujours aimé jouer avec ma voix, refaire des publicités avec une petite enregistreuse. Au lycée, j’ai fait de la comédie musicale. J’avais un prof, comme dans les films, qui partait dans des grands projets. Pendant mon adolescence, j’avais aussi un clavier et je m’amusais à repiquer toutes les parties d’une chanson. J’écoutais du Ben Harper, du Tori Amos et je refaisais la batterie, la basse. J’ai appris comme ça de manière autodidacte. Suite à ça, j’ai décidé de faire ma formation de CEGEP (programmes pré-universitaires d’une durée de deux ans menant à l’université) en musique, en chant jazz. Puis, deux ans d’université. J’ai commencé très vite à accompagner d’autres artistes comme clavier et comme back-vocal.
22h22 est le nom de ton dernier album, comment est-il né ? Il est né à travers une période de grands changements. Juste après le passage d’Ariane, la femme à Ariane, la mère. C’est une espèce de photographie d’une courte période, la digestion émotive de l’arrivée de mes jumeaux garçons qui ont maintenant 2 ans. 22h22 est un symbole, mais aussi un fait. Quand les garçons avaient 4 mois et que le “beat” des dodos commençaient à s’installer, vers cette heure-là de la soirée, je me retrouvais un espace intérieur pour créer, pour penser à : « Ok c’est cool les couches-là, mais c’est quand le prochain album ? ». Et à plusieurs reprises dans la même semaine, je me suis retrouvée avec le cadran sur cette heure-là : 22h22. Je ne suis pas très ésotérique, mais je me suis imaginée que l’album se trouvait derrière cette minute-là, le 2 symbolisant les jumeaux, le couple.
Sur tes albums, tu composes et écris ? C’est le cas sur celui-ci aussi ? Je suis en co-réalisation avec mon grand ami Jean-Phi Goncalves. On se connaît depuis 15 ans. Et lui aussi a eu un petit garçon, son premier enfant. J’avais travaillé avec lui sur mon album Tous les sens, et là c’était une collaboration compatible, puisqu’on avait des rythmes de vie semblables. On travaillait de 9h à 5h puis on allait chercher les petits. C’est un album assez personnel, un album de prise de conscience sur plein de choses. Donc l’idée que ce soit un ami faisait en sorte que je pouvais m’abandonner à cette expérience.
C’est un album de touches, il n’y a pas de guitare, mise à part une chanson. On s’est donné une autre direction, en se disant « Ok, ça va être juste du plastique cet album-là », des batteries à partir de SPD-S, Pad, claviers, le moins de guitare possible sauf dans Miami, car elle était vraiment nécessaire. C’était une direction pour être dans ce côté mauve, New Age.
On a fait appel aussi à François Lafontaine du groupe Karkwa, un claviériste incroyable. Une petite équipe, au final.
Deux titres de cet album m’ont particulièrement marqué.
Le premier c’est Les tireurs fous. Tu l’as écrit par rapport à des événements en particulier ? En l’écoutant, j’ai pensé à ce qu’il se passait aux USA. C’est fou car quand il y a eu l’évènement dans l’Université là dont tu parles, quand c’était Charlie ici aussi, j’étais en train de travailler sur cet album. À la base, c’est suite à un évènement qui a eu lieu au Nouveau Brunswick. Mais on peut associer cela à tellement d’évènements qui arrivent de plus en plus. Une espèce de violence comme dans une boîte à surprise qui éclate. L’idée de se sentir complètement impuissante par rapport à ces expressions de violences extrêmes. Pendant le processus de production, il arrivait toujours un événement qui ne faisait que confirmer que c’est quelque chose qui socialement me dérange énormément et que j’avais envie d’en parler. Il y a l’aspect un peu de la “maman canard” aussi qui protège ses petits.
La deuxième, c’est Miami, qui n’a rien à voir, qui est très festive… Beaucoup de gens l’apprécient. Mais si tu savais l’histoire, “elle n’a pas fait l’équipe” jusqu’au dernier jour. C’est une chanson qui nous a donné de la misère. Au début, j’étais dans des trucs sur la vraie amitié versus les amitiés virtuelles et les médias sociaux. Je trouvais ça un peu démago, un peu trop ado. J’ai poussé la réflexion. Finalement, il est arrivé des choses dans ma vie qui faisait en sorte que certaines amitiés ont été ébranlées. Tout au long de l’album, je cherchais. Même au niveau de la facture musicale. Au début, c’était un peu à la Phoenix, pop rock festif, qui s’est transformé en quelque chose de plus stade 80, puis finalement c’est de l’hyper-pop assumée.
Mais jusqu’à la dernière journée, je n’étais pas sûre qu’elle soit sur l’album, parce qu’elle détone par rapport au reste. Mais elle fait du bien. C’est une vitamine-pop assumée, presque sirupeuse. Ça a fait un beau single.
Aucun titre en anglais sur ton album, le précédent (MA) en contenait beaucoup dans une envie de t’exporter aux USA ? Cette aventure en pays anglophone est finie pour toi ? La base de faire le bilingue ce n’était pas pour m’exporter. Quelque part, je n’avais pas l’énergie de me retrousser les manches à 32 ans pour me dire je m’en vais conquérir les USA. Je suis réaliste. C’était une expérience. À l’intérieur de moi, il y a ce côté-là d’une mélomane anglophone, qui parle anglais, qui habite dans un quartier de Montréal hyper bilingue. J’écrivais dans les deux langues.
Je suis allée dans le Grand Nord, mon frère y avait un camp de basket-ball avec des jeunes Inuits et j’avais décidé d’embarquer dans son « trip » pour faire “Ball&Music”. Le jour, on jouait au basket et le soir, je faisais des ateliers d’écriture de chansons. J’étais à l’écriture de MA à ce moment-là et les jeunes parlaient Inuktitut, français et anglais. En revenant de ce voyage, je me suis dit « Let’s go! », tu en as en anglais et en français, ce sera ça cet album. MA : c’était la rencontre des deux langues. C’était donc l’occasion ensuite de le faire voyager aux USA, mais aussi en dehors du Québec, au Canada.
Celui-ci est très proche, très intime. Je ne m’imaginais pas le faire dans une autre langue que ma langue maternelle.
Parlons du morceau Matelots & frères. Pourquoi ce titre de chanson alors qu’on ne s’attend pas du tout à ça quand on l’écoute ? Ce sont tes jumeaux qu’on entend dessus ? Oui, ce sont mes enfants. Matelots & frères, car premièrement ce sont des frères car des jumeaux. Matelot pour moi, c’est l’image que j’ai de mon expérience de maternité. C’est-à-dire tu élèves des enfants et un jour pouf ils vont voguer, ils partent. Je les imaginais tout le temps, les petits matelots. Et c’est le titre qui m’est venu quand je suis allée à la pêche justement de leurs premiers gazouillis autour de 7-8mois. Un matin, ils s’amusaient, ils riaient, c’étaient leurs premiers sons. Et c’est le fun de garder ça en souvenir. Quand je suis arrivée au studio, je ne savais pas quoi faire cette journée-là, j’ai mis tout ça sur mon programme et j’ai commencé à construire une espèce d’histoire qui passe par toutes les gammes d’émotions et la musique suit ça. Ils sont l’inspiration de cet album, je trouvais ça important d’avoir un petit clin d’œil. Même le piano quand on l’entend ce sont eux, j’ai coupé pour faire une mélodie, mais ce sont leurs touches. Ils ont leur premier titre de musicien sans le savoir. Aujourd’hui, quand ils l’entendent, ils sont saisis, ils se reconnaissent mais ne comprennent pas trop comment c’est possible.
Tu milites beaucoup contre l’homophobie. On t’a remis un prix en 2013. C’est important pour toi ? Je ne milite pas activement. Mais je pense qu’à partir du moment où je suis entrée dans un projet homoparental, pour moi il était hors de question de rester dans le flou, de ne pas en parler. Je l’ai donc annoncé, j’étais jury dans The Voice donc j’étais hyper exposée. J’ai reçu ce prix.
Il y a 3 jours au Québec, j’ai vu qu’un jeune garçon de 15 ans s’était fait tabasser dans un festival de musique country. Dans nos sociétés, il y a bien des choses face auxquelles on est impuissant mais ça je trouve qu’en 2015 c’est pas vrai qu’on est impuissant, ce n’est pas vrai qu’on ne peut pas avoir d’éducation qui se fait socialement, du dialogue…
Oui, si je peux essayer de normaliser, de dialoguer pour répondre à des questions de personnes qui ont peur de l’inconnu. C’est sûr que pour moi j’en vois une forme de responsabilité. Je ne suis pas que la maman gay chanteuse, mais je ne me gêne pas pour démontrer que la famille est de formes multiples et que l’homoparentalité est une forme de famille qui fonctionne très bien.
Ce qui s’est passé en France t’as peut-être choquée avec les manifs contre le mariage pour tous ? Oh oui ! Je trouve ça dur de voir aussi l’ignorance scientifique. De perdre la tête au nom d’extrême religieux. Il faut juste faire quelques lectures, sur ce qu’il se passe, ce que c’est, comment il n’y a pas d’incidences sur l’orientation sexuelle de l’enfant, comment ça se développe bien, voire mieux parfois car un enfant issu d’une famille homoparentale va connaître des choses différentes, va être amené à vivre des choses particulières qui vont lui développer de l’empathie, puis de l’écoute des autres…
Je trouve ça désolant d’avoir des œillères comme ça, au nom de la différence. C’est un manque d’ouverture d’amour.
On passe sur le côté un peu fun de l’interview…
Elle fait quoi habituellement à 22h22, Ariane Moffatt ? Avant elle faisait la fête (rires), maintenant plus trop parce qu’elle ne s’est pas encore remise d’avoir eu des jumeaux.
Mais c’est fou parce que maintenant que j’ai appelé mon album comme ça, le 22h22 me guette toujours et quand je le vois je lui fais un clin d’œil.
Qu’est-ce qui te manque le plus du Québec quand tu es à Paris ? Dans ce voyage-ci, c’est la première fois que je pars aussi longtemps et c’est nouveau pour moi donc ce serait mes enfants. Mais sinon, le Québec je le traîne avec moi, il me suit un peu. J’ai habité à Arts et Métiers ici à Paris pendant 6 mois. Il y avait des aspects, une forme de simplicité, le côté décontracté qu’il y a dans l’aura de Montréal qui pouvait me manquer ici où c’est speed, c’est stress, ça va vite.
Et à l’inverse qu’est-ce qui te manque de Paris quand tu es chez toi ? C’est toute la diversité culturelle, cette espèce d’étourdissement des offres culturelles, cette frénésie-là. Paris est une plaque internationale tournante. Quand je viens ici, je fais le plein de ça, et ça me fait du bien.
Quand tu es à Paris, forcément tu passes par … Là j’ai choisi les Buttes-Chaumont pour être proche parce que j’adore ce lieu, avec le Rosa Bonheur, la Bellevilloise n’est pas loin. J’aime le Canal St Martin, Ménilmontant, Belleville. J’aime Arts et Métiers, même si c’est un peu bobo, ça me rappelle cette période où j’habitais ici. Le Marché des Enfants Rouges est un des endroits que je préfère à Paris. J’aime me balader dans ces quartiers.
As-tu une bonne adresse food à Paris ?
Le Dauphin et le Chateaubriand dans le 11e. Ce sont des endroits festifs, à la table moderne. Mais j’ai une nouvelle liste, là, j’ai écrit à une critique culinaire de chez nous que j’adore qui n’arrête pas de prendre des photos de restos à Paris et je lui ai demandé sa liste.
Ton dernier coup de coeur musical ? Ici, j’aime beaucoup Jeanne Added et le dernier album de Empress of que j’écoute beaucoup. Au Québec, il y a l’artiste Safia Nolin qui vient de sortir un premier album intense.
En concert et tournée en France :
03 décembre à Limoges
05 décembre à St-Jean de-la-Ruelle 10 décembre à PARIS – LA GAITÉ LYRIQUE
11 décembre à Béthune
12 décembre à Alençon – La Luciole
15 décembre à Metz – La Chapelle des Trinitaires
Leur Flash nous a enthousiasmé plus que de raison. En live (de la Philharmonie de Paris au Fnac Live en passant par le Trianon) l’empathie que dégage les 5 membres de MINUIT a confirmé qu’ils étaient plus qu’une révélation.
Le Prix du Jury 2015 du concours Sosh / Inrocks Lab en poche, le groupe est à l’affiche du Festival Les Inrocks et en tournée pour présenter son EP 5 titres sorti chez Because à la rentrée.
Simone, Joseph, Klem, Raoul, Tanguy partagent tout. Ils assurent les interviews à 5, sinon rien.
INTERVIEW A 5 VOIX
On a été frappé par votre look très soigné sur scène. C’est rare pour des jeunes artistes ! SimoneRinger : Dès le départ, on avait envie d’être looké. On aime le show et le spectacle donc avoir des costumes, c’est un peu la première pierre à l’édifice d’un concert ! Tanguy Truhé : Même avant de signer chez Because, on était habillé, on se cherchait un style.
Qui tweete dans l’équipe ? Simone : Tanguy c’est Facebook, et Twitter, c’est moi ! Je découvre, c’est tout nouveau. J’ai pas tout compris encore. Tanguy : Ça reste obscure un peu pour tout le monde. Ça a été le boulet pendant longtemps, on se le refilait. Et c’est Simone qui en a hérité. Simone : Facebook c’est chouette pour la promo et annoncer les dates de concerts. C’est quand même différent que de distribuer des flyers à l’époque, d’avant les réseaux. Avec FB, beaucoup plus de monde est au courant. Tanguy : Avec l’effet de masse, ça peut aussi passer inaperçu. Les gens peuvent être frileux de recevoir une invit. FB C’est un super outil. Mais les autres moyens comme le street art ou les flyers, ça reste efficace, car il y a un contact réel.
Comme myspace, tout le monde en avait un, ce qui annulait l’effet bénéfique. Simone : J’avais un Myspace, mais je faisais pas de musique ! 🙂 Joseph : Avec Internet, on a beaucoup plus de paramètres à gérer.
Vous devez donner plus ! Simone : C’est une espèce de sport.
Vous devez aussi penser à la photo souvenir ! Simone : Parfois, on en a envie. Parfois il faut y penser. RaoulChichin : C’est un paramètre de plus à gérer.
Êtes-vous optimistes par rapport au milieu du disque ? Simone : La vente d’album, c’est mort ! Klem Aubert : Il y a de plus en plus de salles de spectacle qui s’ouvrent. On repart un peu en mode 70’s ; à partir en camion, en concert et à aller vendre des albums. Ce qui me plait c’est le live. Tanguy : Le disque, c’est un objet de merch’. (merchandising). Klem : On dirait que le CD sert finalement de promotion au live et c’est plutôt cool. Raoul : Muse a vendu plus de places de concert que de disques en Angleterre, une première depuis les années 70. Tanguy : On revient à l’époque des Sex Pistols. Ils sortaient un CD après le live. Et on est dans ce type de prod. Le public te découvre d’abord en concert et après ils viendront acheter ton CD. Klem : Mais on est assez optimiste malgré tout !
Les dates de live sont à la hauteur de vos attentes ? Simone : On a un super accueil. On a senti les gens chaleureux et bienveillants à chaque fois. Joseph Delmas : J’avais assisté à des lives de groupes qui avaient mauvaises presse, comme les baby rockeurs français. Ils montaient sur scène et se faisaient huer. On n’est pas dans cette position. Mais on pouvait se dire que parce que “fils de”, le public puisse prendre mal notre projet.
Anecdote de tournée ? Simone : Aux Nuits Secrètes, on a vu Jeanne Added en live. Je la connaissais de nom et j’ai été hyper touchée. J’ai trouvé son live très intense. Klem : On a été souvent en concurrence avec elle. Notamment pour Deezer.
Et on s’est retrouvé sur plein de festivals aussi. On se suit un peu.
Est-elle bienveillante aussi vis-à-vis de vous ? Klem : Oui ! Elle était surprise du reste de notre set, connaissant notre single.
D’autres rencontres fortes ? Joseph : Les rencontres qui m’ont le plus marqué c’est souvent avec des gens qui ne sont pas artistes. Le public, par exemple, sur des plus petits festivals et qui vient te donner ses impressions à chaud après le concert. Klem : Pour moi, ce sont les gens avec qui on bosse en tournée. On a une super équipe et on a de la chance. Ils font plus que leur boulot, car ils sont motivés par le projet.
J’ai lu que tout le monde compose et une seule écrit, Simone. Quelle est l’ordre : la musique avant d’écrire ou l’inverse ? Simone : La musique va me parler, va me mettre dans une ambiance.
Avant, j’écris des petites notes à droite à gauche mais c’est surtout après que tout se passe. Je reviens parfois dans mes carnets où j’écrivais y’a deux ans, pour piocher.
Mais ça part toujours de la musique.
Flash a été un morceau efficace dès le début ? Simone : Une fois qu’on a trouvé le riff et on a tout de suite “flashé”.
Raoul était à la guitare, ensuite l’un a dit on le fait au clavier. C’est chouette de voir l’évolution d’une petite chose. Joseph : Le morceau n’a pas beaucoup changé depuis la maquette.
Un accident au cours de l’enregistrement de l’EP ? Klem : Sur les Berges, en live c’est très différent. Il faut préciser qu’on l’a d’abord joué en live avant de l’enregistrer. Raoul : En fait, on n’arrivait pas à retranscrire l’énergie du live. Klem : Et on en a fait un tout autre morceau, avec une autre énergie, un autre ressenti.
Recule est un morceau qui tranche dans votre live. Comment a-t-il été composé ? Joseph : J’avais trouvé la base des accords au piano. Je cherchais quelque chose de différent. Et j’avais dans l’idée une longue montée en puissance. Ça ouvrait à une atmosphère libre. Je l’ai ensuite fait écouter à Simone, chez moi, au piano. Et tout de suite, ça lui a fait monter des paroles. Simone : C’était aussi le mood dans lequel j’étais. Les idées qui me trottaient en tête.
Et c’est un morceau important dans le live.
Raoul, Simone, avez-vous pensé, même une fraction de seconde être anonyme, de ne pas mentionner vos noms ? Raoul : Ça te passe forcément par la tête. Mais on s’est dit que c’était inutile. Simone : On est fiers de notre nom. J’ai toujours été Simone Ringer. Y’avait peut-être quelque chose de naïf.
En fait, j’y ai pensé après, à la sortie du single. Je me suis dit : “peut-être que j’aurais dû changer de nom.” Mais c’était trop tard. 🙂
Votre dieu de la musique, qui vous a poussé à faire de la musique ? Klem : Mickael Jackson parce que je l’ai découvert super tôt. Il m’a ouvert les oreilles avec Dangerous, le premier album que j’ai eu et après j’ai enchainé. Tanguy : Miles Davis. Avant, je faisais de la musique surtout pour m’occuper. Musicalement, notamment le morceau Jean Pierre m’a beaucoup marqué. Simone : Ce n’est pas un artiste en particulier qui m’a donné envie de faire de la musique. Je citerai forcément TheBeatles qui m’ont bercée, qui m’a apporté beaucoup d’émotions durant ma jeunesse. Des artistes qui restent et me nourrissent au quotidien. Joseph : Je ne sais pas si je suis monothéiste ! 😉 Jimi Hendrix m’a marqué très tôt. Et puis commençant la guitare aussi. Et le personnage aussi m’attirait beaucoup. Raoul : J’ai commencé la musique à cause d’AC/DC et l’album Black in Black. Je me rappellerai toujours que c’est mon père qui me l’a fait écouter. Et notamment le titre Hells Bells et le solo de guitare qui m’avait scotché. Je devais avoir 9-10 ans. C’est de là que j’ai commencé la guitare.
J’écoutais aussi pas mal Marilyn Manson, Jimi Hendrix…
Une chanson pour pleurer ? Simone : Rock n Roll Suicide de David Bowie, époque Ziggy Stardust. Raoul : One repris par Johnny Cash. Et Hurt aussi. L’album de reprises est incroyable. Joseph : Un mec que j’ai découvert y’a pas longtemps. Pierre Lapointe ! C’est pourtant pas un style de musique qui me parle d’habitude mais la chanson : Je déteste ma vie. Le morceau est très juste. Pas trop dans le pathos mais touchant. Klem : Debussy. Parce que ce sont des émotions que l’on n’a pas l’habitude d’avoir. Tanguy : Avec le temps de Léo Ferré. Je suis en plein dans l’intégral maintenant.
Une chanson pour danser ? Tanguy : Off the wall (Michael Jackson) tout l’album ! 🙂 Joseph : Thriller, quasiment toutes les chansons. Simone : Rapture de Blondie Raoul : Dr Beat de Gloria Estefan
La cover pour la scène est prête ? Simone : On a fait plein d’essais de reprise. Tanguy : Nous n’avons pas réussi à sublimer un morceau que l’on aime, à mettre notre couleur. Simone : C’est là, la difficulté. Et le gros challenge. Parfois, il vaudrait mieux prendre une chanson que l’on n’aime pas trop. Klem : On cherche une chanson qui plairait à tout le monde dans le groupe. Tanguy : On a essayé Rapture de Blondie. Simone : Oui, mais c’était carrément moins bien que l’original ! 🙂
Il faut, en tout cas, savoir faire le deuil de la chanson originale pour l’emmener ailleurs.
Une leçon de vos parents musicos ? Klem : Déjà, on nous a laissé faire ce que l’on voulait : de la musique. Et la confiance des parents est très importante. Joseph : Faire de la musique dans l’échange avec les autres et non dans la compétition. Raoul : J’ai le souvenir de mon père, en tant que guitariste : apprendre la rythmique, être un bon “rythmicien” avant de se lancer dans un solo de guitare. J’adore être en solo, c’est donc une très bonne leçon ! Joseph : Mon père m’avait dit ça aussi : “le rythme c’est 80% et la mélodie : 20%“.
en concert et tournée 2016 :
17 mars : Reims
18 mars : Cannois
19 mars : Saint Saulve
22 mars : Yzeurespace
23 mars : Saint-Etienne
25 mars : Le Mans
26 mars : Montluçon
31 mars : Ris Orangis
1er avril : Annonay
2e avril : Mâcon
8 avril : Castres
9 avril : Nîmes
L’EP Ouverture nous a fait l’effet d’une révélation. Pas de celle qui vous divertit pendant quelques semaines, et vite oubliée à l’arrivée d’une nouvelle. Ouverture c’est une voix, une musicalité, une poésie que l’on ne pensait pas retrouver de si tôt dans la chanson française. Marvin Jouno nous a pris au col sans plus nous lâcher. Une déflagration magnifiquement orchestrée qui nous emballe, nous rappelle à l’amour, à la sensualité des mots, mais aussi à l’insouciance et aux grands espaces.
Le jeune chanteur a eu plusieurs vies. Et il n’est plus à parier que celle qu’il vient de débuter va le faire briller sur la scène musicale avec éclat alors qu’il ne réalise sans doute pas encore. Les Inrocks sont du même avis. Dont acte.
Alors que l’album Intérieur Nuit vient tout juste de sortir, rencontre avec un garçon qui n’a pas pris nos questions à la légère (et on l’en remercie) : balayant les références qui lui collent à la voix, se confiant sur son travail d’écriture, son rapport à l’objectif (car il est aussi photographe).
A noter, qu’il nous offre ici un portrait original et en exclu pour le blog, réalisé dans une cabine photomaton vintage.
UsofParis : Qu’est-ce qui est à l’origine de ton choix de devenir artiste, chanteur ? Marvin Jouno : Depuis l’adolescence, je cherche à Faire, à me réaliser, à expérimenter les différents médias d’expression, afin de proposer ma vision des choses, d’exorciser certains démons, d’être ému et d’émouvoir.
Pendant 15 ans (entre mes études de mise en scène, et mon métier de décorateur dans le cinéma) – le principal média était le cinéma, qui représente encore à mes yeux le carrefour des arts.
En parallèle, j’ai développé la pratique de la photo et de la musique.
J’y ai apprécié l’immédiateté, l’expression personnelle, le fait de pouvoir avancer seul – autant d’éléments mis à rude épreuve lors de l’élaboration d’un film.
Je ne pensais pas spécialement devenir chanteur, je ferai d’ailleurs peut-être autre chose plus tard (j’aime l’idée de vivre plusieurs vies)
mais en ce moment je m’épanouis là-dedans et finalement d’une manière un peu tordue, j’ai l’impression de réaliser des films.
A quel moment s’est produit le déclic ? La musique a pris la place qu’elle a aujourd’hui grâce aux rencontres, à la constitution de l’équipe qui m’entoure à présent, aux progrès accomplis, aux émotions incomparables ressenties sur scène, à la sélection dans quelques concours : (radio-crochet France Inter, concours ‘Talents Europe 1’, Les inouïs du Printemps de Bourges) et aussi enfin grâce, ou à cause de cette putain de montagne, ce défi qui me faisait face et que je voulais relever plus que tout.
Tout cela s’est précisé il y a deux ans à présent.
Est-ce qu’une rencontre a compté pour que tu arrives à tes fins en tant qu’auteur, compositeur et chanteur ? En réalité des retrouvailles. J’ai retrouvé dans les tréfonds de Myspace en 2010, Angelo Foley, un ami d’enfance – qui depuis a réalisé Ouverture, mon 1er EP.
À l’époque, j’avais mis en ligne 7 maquettes de chansons que j’avais travaillées tout seul de A à Z.
Angelo, rapidement rejoint par Agnès Imbault – qui est la pianiste du projet sur scène et en studio, et avec qui je travaille une bonne partie des compositions – ont tout de suite vu un vrai potentiel, dans ce que j’aime à appeler des post-it de chansons…
Avec ces deux précieux acolytes, j’ai pu découvrir ma voix, apprivoiser le chant, peaufiner mes compositions, apprendre l’exigence d’un refrain, envisager le passage sur scène… le tout en prenant notre temps – car nous faisions tous les trois, tout autre chose en parallèle.
Depuis le début, nous formons une équipe soudée, fidèle – nous avons progressé tous ensemble – c’est une plutôt belle histoire que de mesurer le chemin parcouru.
Comment as-tu conçu l’écriture de l’EP Ouverture ? (besoin de t’isoler pour écrire, de calme ou conception sur l’instant après une émotion) ? L’avantage considérable d’un premier EP ou d’un premier album est le temps dont on dispose pour l’écrire. On pourrait presque dire que j’ai pris 30 ans pour me raconter en 15 chansons. 😉
Plus sérieusement, je n’écris qu’à propos d’événements ou de sentiments qui me transpercent, me bouleversent.
De ce fait, je n’écris pas un texte tous les matins au petit déjeuner.
J’écris rarement à chaud, le processus étant plus ou moins long, j’ai le temps de prendre du recul. Je travaille par phases à vrai dire.
Pendant 4-5 jours, je vais être complètement habité par les mots.
Je mange, je marche, je dors avec en tête des mots, des phrases, des histoires que je malaxe, étire, abîme, tourne dans tous les sens.
A ce moment-là, je prends des notes. Pour Est-ce l’Est ?, par exemple, j’ai eu jusqu’à 12 pages de notes, de punchlines, d’idées, de couplets écrits sous différentes formes.
Il y a 3 axes fondamentaux. Le fond, la forme, la narration :
– La thématique et l’émotion – finalement le déclic.
– Le jeu avec cette langue française riche et fascinante.
– L’histoire, le scénario ou comment à partir d’éléments personnels, orienter son propos et le développer d’un point A à un point B.
Ces dernières années j’ai eu la chance de pouvoir emprunter deux abris hors du commun :
La cavarache – une grange réaménagée perdue dans le Cantal Nord ;
et une longère isolée dans mes si chères Côtes d’Armor…
J’y ai construit, élaboré, poli la plupart des derniers textes, seul, sans diversions… j’ai pu passer le temps nécessaire à mettre de l’ordre dans le puzzle des prises de notes, sans compter les heures.
Est-ce que l’écriture est facile pour toi ? Vraiment pas – mais tout simplement parce que c’est sacré – peut-être trop même.
Si cela me semble facile – c’est que je suis en train d’écrire un mail, un sms, une liste de courses, certainement pas une chanson – sinon à quoi bon…
Je ne suis pas très prolifique ou alors par période, parce que je ne veux surtout pas banaliser mon rapport à l’écriture.
C’est sérieux, jamais fait à la légère, j’ai besoin de m’amuser à tordre la matière des mots pour justifier un quelconque écrit.
J’ai envie de donner l’envie d’attraper le livret, que l’on ouvre les tiroirs et découvre les différents niveaux de lecture.
Je parle parfois de dyslexie verbale – ce que l’on entend n’est pas toujours ce que l’on lit.
Depuis peu, je tends à simplifier (un peu).
Ne jamais prendre les gens pour de cons mais au contraire – ne pas passer pour celui qui fait le malin à ne pas être compris.
Ça n’a aucun intérêt puisque l’essence même de raconter des histoires est de pouvoir les partager.
Quoi qu’il en soit je coderai toujours un peu.
Je me livre de jour en jour un peu plus (j’ai fini par admettre que ma personne est le sujet que je suis supposé ‘maitriser’) mais une certaine idée de la pudeur et de la retenue m’accompagneront toujours.
Quelle est la chanson la plus personnelle de cet EP ?Et pour quelles raisons ? Sans hésiter : Est-ce l’Est ?
Si elle n’était pas codée et pleine de sous-entendus – elle serait obscène, et d’une impudeur considérable.
J’entends un peu de tout à son sujet mais ce n’est absolument pas une chanson sur Berlin, ce serait trop simple.
Ici, Berlin sert de décor, de contexte, de prétexte – à tout autre chose que le récit de mes vacances.
Il y a des clés disséminées ci et là pour en comprendre le sens profond…
Que l’on évoque Benjamin Biolay après l’écoute de ton disque te dérange ? (Sachant que venant de nous ce n’est pas négatif, nous aimons BB) NON : C’est hyper gratifiant et même un peu gênant.
Ce mec a une plume tonitruante, des arrangements somptueux et Trash Yéyé est l’un de mes albums de chevet.
Il y a cinq ans – lorsque j’écrivais mes premières chansons, j’aurais signé sans réfléchir si l’on m’avait promis une telle parenté à venir… OUI : En France, il y a deux écueils récurrents.
Il est très mal vu de faire trop de choses différentes ; et quoi que l’on fasse, on est systématiquement mis dans des cases et comparé aux aînés.
C’est certainement très rassurant pour le public et les journalistes, mais c’est chiant et castrateur.
A un moment donné, cette comparaison aurait pu (ou a pu) me fermer des portes, et très sincèrement j’ai d’autres velléités que de proposer un succédané de ce qui existe déjà – en très réussi – qui plus est.
Pour toi, la référence est pertinente ou non ? Même pas, très honnêtement…
Fût un temps, nous avons considéré la piste de l’émasculation pour s’affranchir de la comparaison mais j’ai finalement su résister 😉
J’ai parfois la sensation d’avoir obtenu la carte de membre du club des chanteurs à la voix grave : quand ce n’est pas Benjamin Biolay, ce sont Julien Doré ou Jean-Louis Murat qui ressortent…
On ne peut pas dire que j’écoute beaucoup mon EP mais vraiment je ne vois pas trop la ressemblance.
Après, s’il s’agit finalement de proposer une pop lettrée et élégante – ça me parle, bien entendu.
Un chanteur – une chanteuse – un groupe avec qui tu ne pourrais pas vivre sereinement si tu ne l’écoutais pas régulièrement ? De 15 à 25 ans – tout en gardant les oreilles grandes ouvertes – j’ai écouté Radiohead et les projets solo de Thom Yorke de manière excessive et quasi exclusive.
Mes oreilles ont mûri ou bien vieilli mais mon rapport à la musique est certainement plus raisonné aujourd’hui.
(Néanmoins, il y a un peu plus d’un an, il aurait été difficile de m’empêcher d’écouter Reflektor d’Arcade Fire)
Cette année, j’ai “saigné” les derniers albums de Sufjan Stevens, Tame Impala et Jamie XX – pour ne citer que ceux-là.
Ces dernières semaines, je dois avoir besoin de calme : je suis à bloc sur le dernier Max Richter et le premier album d’Aldous Harding.
Ta dernière claque musicale ? Aldous Harding – une chanteuse folk Néo-Zélandaise.
C’est brut, simple, nu, déchirant. C’est la parfaite BO pour se couper du monde extérieur et écrire quoi que ce soit.
C’est aussi tout ce que je ne peux/veux pas faire – et ça me fait de sacrées vacances en tant qu’auditeur.
La plus belle chanson pour pleurer ? Ouvertured’Etienne Daho.
“Il n’est pas de hasard, Il est des rendez-vous, Pas de coïncidence…”
L’une ou LA raison de donner à mon EP le titre Ouverture.
Une madeleine intime et familiale. Je peux y accrocher des wagons de souvenirs heureux et tristes.
Les cordes des Valentins me donnent la chair de poule dès les premiers frottements.
Jusqu’au bout, cette chanson me fera penser à ma mère.
La chanson qui te fait danser ? J’aurais pu en citer dix pour pleurer mais n’ai finalement pas trop hésité.
Pour danser, c’est une autre histoire. J’ai dû fouiller dans plusieurs centaines de liens Youtube mis de côté pour être certain de mon choix.
Il faut généralement un sacré alignement des planètes en soirée pour que me vienne l’envie de danser. Par contre, après je ne réponds plus de rien… Lostde Franck Ocean – parce qu’associé à un moment de danse, récent, à part.
Le meilleur conseil que l’on t’ait donné pour ta carrière ou pour ta vie ?
Pas véritablement un conseil, mais une sorte de mantra parental, jamais vraiment exprimé : « Surtout – fais – ce qu’il te plait . »
La meilleure salle pour un concert à voir ou pour chanter ?
VOIR :
Pas très original mais l’Olympiaa ce quelque chose de magnétique – indéfinissable et inimitable.
On est comme happé dès que l’on pénètre dans la salle – encore éclairée et sans musique. CHANTER :
La première partie de Jeanne Cherhal à La Cigale me restera en mémoire pour longtemps.
Je n’ai réalisé qu’après avoir chanté ce que l’on venait de vivre.
Le poids des ans, une certaine idée de l’héritage, la lourdeur douceâtre des velours rend tout cela solennel et magique à la fois.
Quand on connait et pratique la photo comme toi, est-il facile de lâcher prise face à l’objectif d’un autre photographe pour un portrait ? J’y travaille mais jusqu’à présent je ne peux me résoudre à passer devant l’objectif, ou plutôt à ne pas être derrière (ma place pendant 10 ans sur les tournages de cinéma en tant que décorateur).
Après, je joue le jeu du mieux que je peux – je fais confiance à la personne qui me fait face, même si je ne peux m’empêcher d’imaginer comment je ferais de l’autre côté…
J’apprécie d’ailleurs énormément ce concept du photomaton – merci.
Je ne me mets pas encore à la place des machines 😉
Marvin Jouno EP Ouverture Album Intérieur Nuit (Un Plan Simple)
2014 a été une année faste pour Zaz. Auréolée d’un succès que beaucoup d’artistes français pourraient envier, elle a collectionné les miles et les tampons sur son passeport à l’invitation de nombreux publics étrangers – qui apprécient notre langue – et de festivals. Au total : 93 concerts et 110 000 kilomètres pour la trentenaire qui garde la tête froide. Pour preuve le CD/DVD live qui revient en images et en chansons sur cette aventure assez unique.
Vous allez dire : “un CD avec 11 titres live, c’est un peu court !” Mais c’est sans compter sur le DVD qui contient des titres supplémentaires comme La Révolution des Colibris, la reprise de La Vie en Rose, La Complainte de la Butte, une chanson en brésilien ou encore une ballade touchante au coin du feu et à la guitare.
Le film réalisé par Thomas Lepage revient sur ces destinations qui font rêver : Buenos Aires, Sao Paulo, Montréal, Uruguay, en passant par l’Allemagne et l’Europe de l’Est pour le festival Colours of Ostrava dans une usine désaffectée
Entre chaque chanson live, on apprécie les belles images des villes où Zaz et ses musiciens et techniciens posent le pied. Appréciant son regard sur ce qu’elle vit (“Chanter me connecte à ma joie“) et quelques-unes de ses rencontres comme Pierre Rabhi en Ardèche pour parler de “l’école de la nature” ou un dialogue dans une voiture amphibie au Canada. Elle revient, sans détour, aussi sur les critiques violentes en son encontre – on peut ne pas apprécier un artiste, mais de là à déverser tout son venin…
Et Zaz supporte des choses que nous, anonymes, aurions beaucoup de mal à accepter. Par exemple, être attendue à la descente de l’avion par plus des dizaines de fans armées d’appareils photos et à la recherche d’un big hug (comme à Santiago du Chili). Alors qu’on le sait : décalage horaire, manque de sommeil et jambes engourdies nous pousserait à nous cacher avant de retrouver un semblant d’équilibre.
Zaz, elle, garde le sourire (et ses lunettes de soleil) pour apprécier ce bain d’affection assez unique et loin, fort heureusement, de l’hystérie provoquée par Beyoncé ou Rihanna. Une fois dans le taxi, elle apprécie cet “amour doux” que les fans lui donnent.
Les interviews qui ponctuent le film ne font pas l’apologie de Zaz. Le parti-pris du réalisateur est de privilégier l’illustration, l’artiste n’est donc que très peu face caméra où alors à contre-jour. Pendant les concerts, le gros plan est proscrit pour des vues d’ensemble qui donnent autant de place aux musiciens qu’au public. Il n’est donc pas forcément évident de vérifier la couleur des yeux bleu de la chanteuse.
Et l’on apprend aussi à redécouvrir la chanteuse. Si, comme nous, vous avez pris un peu de distance, Si je perds est sans doute le meilleur titre pour revenir à Zaz. Sans forcer, cette dernière nous envoie toute la pleine maitrise de son timbre si particulier. La version live de La Fée est aussi un très bel instant rythmé à l’orchestration soignée.
Et bonus, l’album comporte le titre inédit Si jamais j’oublie(déjà plus de 600 000 vues pour le clip, depuis sa publication début septembre) :
Et ne croyez pas que cette tournée était une parenthèse enchantée. La chanteuse poursuit ses concerts cette fin d’année du Japon à Prague avant de revenir en France et de remplir 2 beaux Olympiaen janvier.
CONCOURS !!
Nous vous offrons des exemplaires du CD/DVD live Sur la Route de Zaz à recevoir directement chez vous ! Oui oui.
Pour cela, rien de plus simple, remplissez le formulaire ci-dessous avant le 11 novembre 2015 à 23h59. Et n’hésitez pas à nous laisser un commentaire sympathique (on aime beaucoup ça !).
LE PLUS : une chance supplémentaire de gagner sur Twitter ! En suivant le compte @USOFPARISet retweetant le concours.
Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits sur le blog et participants actifs sur Twitter. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 1 CD/DVD qu’ils recevront par courrier.
ZAZ : CD/DVD live Sur la Route (Play One)
Sortie le 30 octobre 2015
concerts à l’Olympia les 30 et 31 janvier 2016 tournée en France : Troyes (15/01/16) Montbéliard, Épernay, Vernier, Dunkerque, Douai, Angers, Lyon (12/03/16)
Difficile d’être insensible à ce regard bleu perçant qui vous suit dans les couloirs du métro et dans les rayons de disques. Les yeux de Joseph d’Anvers n’ont pas le seul argument pour se procurer d’urgence Les Matins Blancs, nouvel album brillant et sensible. Tremble, Histoire de Johnny S, Les jours incandescents, Mon ange, sont quelques-uns de ces morceaux qui vont vous coller à la peau, des titres à la mélodie imparable et aux mots aiguisés.
Un appel à participation sur le site KissKissBankBank en 24 heures chrono, aura suffi pour que l’album sans maison de disque soit finalisé. Depuis sa sortie, début février, la critique n’a pas manqué d’apprécier l’émancipation de l’artiste, l’abolition des complexes, l’écriture plus directe. Joseph d’Anvers joue le frontal, ne se cache plus et n’oublie pas cette phrase qu’il s’applique aussi bien dans la vie qu’en studio ou sur la route de la tournée : “dans la boxe, comme dans la vie, l’important ce n’est pas d’être bon dans les temps forts mais savoir gérer les temps faibles.”
Rencontre à l’adresse fétiche, La Laverie, café-restaurant de Belleville où le chanteur a écrit plusieurs de chansons en terrasse et où il donne ses rendez-vous promo.
A NOTER : prochain concert à Paris, le 15 octobre au CentQuatre !
Est-ce que Les Matins Blancs a besoin d’un engagement supplémentaire de ta part ? J’ai toujours été présent sur les réseaux sociaux. Je me bats, car sortir un album c’est le composer et l’écrire mais aussi l’accompagner en termes d’image et de promo.
Le plus cette fois c’est que j’essaie de militer – maintenant que je suis producteur de mes masters, artiste en licence chez At(h)ome, un label 100% indépendant. Et je dis : “si vous n’achetez pas de CD, c’est à court terme ma mort et celle de plein d’autres artistes dans ma catégorie… de poids.” Bertignac peut balancer qu’il est pour le téléchargement, mais il ne pense pas aux autres.
Quand tu vois que sur Deezer, on touche 1/10e d’euro par clic. Au bout de 200 000 clics, je peux me payer un kebab ! Tout le monde doit prendre conscience de ça. Nous sommes en première ligne. C’est un acte de militantisme d’acheter un album, l’un des rares produits qui n’a pas augmenté depuis plusieurs années. Alors que l’on ne me dise pas qu’un CD est cher, c’est faux !
Rencontres-tu toujours ton public ?
Depuis le 1er album, je vais voir le public après les concerts. Cette fois, nous avons même contractualisé en demandant que soit installée une petite table où je vais vendre les albums. Et j’aime bien discuter. C’est l’occasion d’un échange, il y a le plus souvent des bons retours. On vient rarement te cracher à la gueule. C’est 2 heures après chaque concert aussi pour expliquer à chacun ma condition.
Est-ce que tu as besoin de ces échanges ?
J’ai besoin de voir qui m’écoute, de comprendre pourquoi les gens aiment ma musique.
Je viens d’un milieu modeste et ma volonté est d’abolir cette frontière entre ceux qui m’écoute et moi. C’est pour ça que j’ai joué dans un appartement, dans une bibliothèque aussi. La musique c’est ça aussi des petits lieux. On fait des chansons, on n’est pas meilleurs que les autres. Donc être sur un piédestal c’est pas mon truc.
Quels sont les coulisses de cette photo d’album ?
Je suis torse nu. Je suis mis à nu. C’est la fin d’un cycle avec les 3 premiers albums produits par une maison de disque. C’est comme quitter une femme, après tu réapprends tout. Là j’ai tout réappris.
C’est ma nana qui a fait la photo. Avec elle, je n’ose pas trop faire de photo et pourtant cette fois on l’a fait. C’était un lundi matin, après une nuit blanche. Et il fallait rendre la photo le soir même. J’étais livide. Je n’ai finalement joué aucune expression.
La lumière était naturelle et il n’y a aucune retouche. On a juste uniformisé le blanc et du coup, mes yeux sont ressortis. Je voulais que ce soit simple et qu’on me voit, alors qu’avant je refusais de me montrer.
La simplicité demande aussi du travail, les virages colorés, la typo, la mise en page nous a bien pris la tête.
Dans quelle mesure es-tu un homme, un artiste libre ?
En tant qu’homme, je ne me sens pas forcément libre.
En tant que musicien, sur cet album, je me sens totalement libre car je l’ai écrit, produit, réalisé et je l’ai défendu auprès de maisons de disque avec qui je voulais signer. Et je l’ai réalisé sur un laps de temps plus long, par rapport aux autres albums, pour être sûr de savoir où j’allais.
Je suis prêt à beaucoup pour vendre des albums mais pas à tout car je considère que la musique comme un art. Et comme tout art, je le fais de manière artisanale.
Qu’ont de particulier les textes de Lescop, Dominique A, Miossec ?
Lescop m’a apporté un texte où j’ai changé 2 phrases. Tout était calibré. A la différence de Dominique A et Miossec qui m’ont offert des textes très littéraires, quasi une page entière, inchantables.
J’ai donc beaucoup élagué. J’ai un peu fait comme Bashung – toute proportion gardée. Ils m’ont donné une base. J’ai retravaillé le refrain de Miossec.
Ce qui est fort, c’est que des mots sont propres à leurs auteurs comme quand Miossec écrit : “je suis lourd de mes conneries.” Je n’utilise jamais le mot connerie dans mes chansons. Dominique A impose des images aussi comme Tremble mon amour ou fissurer, un champ qui brûle, nos peaux jointes.
Avec la chanson de Lescop, son nombre de pieds étant tellement précis, je n’arrivais pas au début à me détacher de son phrasé. Et comme je l’ai expliqué, j’ai composé cette chanson le soir de la mort de Daniel Darc. Tout s’est débloqué.
Une chanson m’a accroché l’oreille à la première écoute Histoire Johnny S.
Beaucoup de gens m’en parlent.
Une des premières chansons écrites pour l’album et qui pourtant n’a bien failli ne pas être enregistrée. Elle s’appelait La Seine au début et on m’a averti de la chanson de MatthieuChedid et Vanessa Paradis.
Et puis je me suis souvenu d’un bon pote d’école, un enfant de la DDASS, un mauvais garçon avec qui je trainais, on faisait des conneries. Mais moi j’étais plutôt bon en classe. Je me suis demandé ce qu’il était devenu ce Johnny S. Quelle était sa chance dans la vie pour s’en sortir ? Je l’imaginais sur le Pont Neuf.
J’avais l’idée que ce soit joué comme un groupe à l’arrière-plan d’un épisode de TwinPeaks, guitare baryton Mid-Ouest avec un côté français. A l’arrivée, elle ne s’inscrivait pas dans l’album et pourtant j’en ai eu besoin. Je l’ai imaginée comme une respiration.
S’est-il passé une chose inattendue lors de l’enregistrement de l’album?
Oui, pour Les jours incandescents. C’était au départ une chanson très années 80. Je ne lui trouvais pas sa place et puis on a commencé la percu, des notes de piano… On enregistrait en live. C’était comme dans le garage de mes parents, ça montait, ça montait, on tenait un truc. Il n’a plus rien à voir avec sa première version.
Ce titre fait le lien avec les précédents morceaux, il me faut toujours un titre plus long à chaque album. Il est vraiment né en studio.
Une phrase de Daniel Darc que tu retiens?
Je l’avais croisé alors que j’allais arrêter la musique. Il m’emmène boire des bières. Il était optimiste. C’était l’hiver, j’avais l’impression que le soleil était plus vif quand je suis sorti du bar après avoir échangé avec lui.
Quand j’en ai parlé à mes potes, ils se marraient : “ah oui, Daniel Darc, coach personnel !” Et pourtant, Darc m’a dit : “en 2004, être un vrai punk, c’est être ton propre producteur, ton projet c’est le tien et tu restes libre” Et il a rajouté : “j’ai jamais été riche, mais j’avais toujours l’essentiel, un papier et un crayon pour écrire.”
Je me souviens aussi de ces mots : “celui qui n’est pas prêt à mourir pour l’écriture ne devrait jamais écrire.”
Le silenceest angoissant pour un chanteur ? Le silence peut m’angoisser mais il est important pour moi depuis mon opération des cordes vocales en 2004. Et tu somatises forcément beaucoup. Tu n’as pas envie que ça arrive à nouveau. Et j’ai eu une orthophoniste qui m’a réappris à parler et chanter. Elle me conseillait : “faites des phrases avec des silences.” Après les concerts, les coups à boire avec les musiciens, j’essaie de ne plus parler une fois arrivé à l’hôtel. Bien que je ne sois pas adepte d’hygiène particulière. Plus que le silence, c’est savoir s’arrêter qui est important, une chose que j’étais incapable de faire. Comme ce que j’ai fait pour l’album, je me suis posé à la terrasse de ce bar. J’attendais et il se passait toujours quelque chose. Il y avait toujours une scène toutes les 10-15 minutes.
La vertu d’être contemplatif c’est ce que je vise aussi.
Quelle leçon d’Alain Bashung t’appliques-tu ?
Ce n’était pas un intime, comme Jean Fauque que j’ai revu il n’y a pas longtemps. Je repense toujours au fait que j’étais l’auteur le plus jeune qui avait écrit pour lui. J’ai conservé un message qu’il m’a laissé au sujet de la chanson que je lui avais écrite. Il me disait : “cette chanson dit des choses trop terribles pour qu’on les taise.” J’avais tapé juste alors que je ne savais pas grand-chose de son histoire.
Ce que je retiens c’est prendre le temps d’écrire et de choisir les bons mots. Un album une fois qu’il est fait, on ne peut plus revenir dessus. Mon premier album, je n’avais rien retouché des textes que j’avais écrits.
Bashung n’avait changé que quelques mots de ma chanson. C’était d’une grande précision. Et je retiens cette leçon.
La deuxième, c’est pour mon 1er album. J’ai dû décaler la sortie à cause de celle du disque de Julien Doré. Il sortait tout juste de la Nouvelle Star et je trouvais ça injuste de devoir m’adapter à son actu. Bashung m’a dit : “tu ne peux pas te rapprocher de la pointe et toucher le grand public. A un moment donné, tu le feras, à ta sauce et tu assumeras comme j’ai assumé avec Osez Joséphine, Ma petite entreprise.” Et il a raison. C’est ce que je commence à faire, avec certainement des mélodies plus simples et en me montrant.
Fin d’interview avec une citation de BorisCyrulnik : “On se sauvera par l’art.”
Joseph d’Anvers, nouvel album LES MATINS BLANCS (Label At(h)ome)
format CD et Vinyle
Concerts : 15 octobre, CentQuatre (Paris) avec Lescop, Margaux Simone, Le Prince Miaou
En tournée et en première partie des concerts de Dominique A et Hubert-Félix Thiéfaine : Rennes, Limoges, Brest, Metz, Orléans, Caen, Roubaix, Nantes….
Petite pause en pleine tournée mondiale (Mexico, Miami, New York, Suède) pour donner pleine mesure de l’album Complètement Fou, Julie (alias Yelle) était de passage à Paris ce jeudi. On a profité de cette rencontre dans les locaux de Because Music pour évoquer sa folle tournée qui est passée par Coachella en avril et qui se terminera en beauté par le Casino de Paris le 10 octobre. Culte !
Une jolie rencontre. Un peu intimidé à l’arrivée, le sourire de Julie m’a mis à l’aise dans la minute. Échange amical, comme deux potes autour d’un verre. Simplicité est un mot qui la caractérise bien.
UsofParis : Qu’est-ce qui a été « Complètement Fou » pour toi cette année ? Pendant cette tournée ? Yelle : Encore et toujours la variété des concerts. De passer du jour au lendemain d’un truc à l’autre.
Le week-end dernier, on a joué à Shanghai et hier soir on était à Metz, donc rien à voir. Mais j’ai vraiment l’impression que c’est ça que j’aime bien dans ce métier: la diversité. Et de pouvoir passer du jour au lendemain à une énergie différente, à des surprises, des expériences différentes. C’est ce qui me plaît vraiment. Les montagnes russes des émotions sur toute l’année et les rencontres que tu peux faire grâce à elles.
Comment choisis-tu la setlist de tes concerts ? Par exemple pour les festivals, il y a des chansons qu’on ne fait pas, les chansons un peu calme comme Dire qu’on va tous mourir. C’est un morceau qu’on aime bien faire en club ou en salle car ça repose un peu l’ambiance, c’est assez court en plus. C’est un morceau qui est un peu étonnant par rapport à ce que l’on fait d’habitude, qui est un peu dur.
Dans un festival c’est un peu compliqué, les gens sont moins attentifs, donc on évite de parler de la mort dans les endroits festifs (rires).
Après c’est plus une construction, le choix de la setlist. On adapte selon le temps qui nous est imparti, pour pas que ce soit juste un enchaînement de morceaux. Il faut que ce soit cohérent du début à la fin.
Favorises-tu plus le dernier album ? Oui oui oui. On favorise le dernier album. On a quand même envie de jouer les derniers morceaux. On a un bloc par exemple avec Comme un enfant et La musique qu’on met ou qu’on ne met pas selon le temps. On a décidé de retirer celui-là parce que c’est des morceaux du deuxième album, donc c’est moins grave que d’enlever Coca sans bulles ou Ba$$in.
Tu adaptes selon le pays dans lequel vous jouez ? Non pas vraiment. On n’a pas beaucoup fait Florence en Italie à l’étranger car il y a beaucoup de paroles en français et c’est vraiment difficile de comprendre. Mais sinon non, on n’adapte pas.
Comment choisis-tu les stylistes avec lesquels tu collabores ? Je ne travaille pas avec des stylistes. Je me « stylis-me » moi toute seule. Je travaille avec des créateurs parfois, comme Jean-Paul Lespagnard qui a créé des tenues pour les pochettes des albums ou le live, et avec qui on fait vraiment un travail particulier de création.
Et après, il y a des artistes avec qui j’aime bien travailler, qui me prêtent des vêtements comme Jacquemus, Castelbaljac. C’est plus ponctuel.
Mais, la plupart du temps, on fait tout tout seul. Il y a juste sur le clip de Complètement fou pour lequel on avait un styliste (Jean-Paul Paula), qui travaille pour le WAD. J’avais envie de travailler avec lui depuis longtemps. Je me suis dit : « je ne sais pas comment je fais pour le contacter », je lui ai juste envoyé un message sur FB et puis il a dit oui.
Des fois, on se fait une montagne d’un truc et il faut juste essayer. Les gens finalement aiment bien la spontanéité.
Au final, je ne travaille pas avec plein plein de gens. Aussi par timidité je pense, car je n’irai pas voir Jean Paul Gaultier, alors que j’adore ce qu’il fait, mais j’ai l’impression qu’il est là-haut, dans les étoiles. C’est moins évident.
Et du coup as-tu une collaboration rêvée dans la mode ? Gaultier ! Car il a cette fantaisie, cette folie, que j’aime beaucoup. Dans un style assez différent, j’aime bien ce que fait Gareth Pugh, même si c’est très noir. Je pense que ça pourrait être très beau avec des couleurs et des choses très fortes. J’aime aussi beaucoup ce que fait Rei Kawakubo, la créatrice de Comme des garçons, c’est très poétique, fou, avec des couleurs primaires.
Et en musique ? Si tu pouvais appeler quelqu’un pour une collaboration ?
Je suis hyper fan de Blur et Damon Albarn, (elle prend une voix d’ado) depuis que j’ai 14 ans, donc je pense que si un jour je pouvais faire un morceau avec lui ce serait formidable.
Sinon après je suis assez fan de Marc DeMarco, Dev Hynes aussi le mec de The Blood Oranges.
Mais Blur ce serait un peu le rêve.
Tu nous parlais de David Hasselhoff et de Coachella en septembre dernier. C’était comment Coachella édition 2015 ? C’était super. Vraiment chouette. C’est la première fois qu’on le faisait avec les deux week-ends. C’est un peu différent car si tu rates le premier tu as le droit à une autre chance. Ça s’est bien passé pour nous le premier week-end, mais justement on a pu ajuster et le deuxième c’était vraiment mieux.
J’ai vu des super concerts aussi. The Weeknd qui a été une vraie révélation, puis Florence + The Machine c’était vraiment très très chouette.
Il y a des moments assez forts comme ça, et je suis super contente d’avoir pu vivre le festival sur scène et dans le public.
Est-ce que tu as une manière différente d’aborder le public français et étranger ? Pas vraiment. J’y vais peut-être avec un peu moins de pression à l’étranger car je me dis que si je me trompe dans les paroles, ce n’est pas grave.
Des fois, quand je suis en concert en France, je dois être hyper concentré sur ce que je raconte parce que j’ai peur de me vautrer et que ça s’entende.
Mais sinon je me rends compte, alors que je trouvais que le public français était un peu timide, qu’il sait aussi se lâcher. Quand tu lui dis « On y va » il vient avec toi et c’est hyper agréable.
C’est important pour moi de faire de la musique qui donne envie aux gens de rentrer dans mon univers et de passer un bon moment.
Quels sont les albums qui t’accompagnent sur cette tournée dans le tour bus ?
J’ai pas mal écouté l’album de Christine and The Queens car c’est un très bon album. En plus, c’était chouette car je l’ai rencontrée à la même période, j’écoutais sa musique, je la voyais en concert, en tournée. C’est super de suivre quelqu’un comme ça sur une période. C’est comme un petit doudou, tu gardes un contact.
J’ai pas mal écouté The Weeknd depuis avril, je connaissais déjà, mais je me suis plongée dedans. On écoute pas mal Django Django. Why Make Sense, le dernier album de Hot Chip qui est sorti il y a quelques semaines et qu’on écoute à fond.
Comment envisages-tu l’après tournée ? Je pense qu’on va se poser quelques temps. J’ai envie de refaire du cinéma. Je vais profiter de cette période de fin de tournée, de champ libre. J’ai envie de faire ça en parallèle.
Si ça ne le fait pas ce ne sera pas dramatique mais en tout cas je me dis que c’est le bon moment.
La fin de quelque chose c’est aussi le moment de démarrer de nouveaux projets.
En revanche, peut-être pas tout de suite un album. Bien qu’on ait déjà commencé à bosser sur quelques titres, et on n’attendra pas 4 ans comme pour les autres.
Après plusieurs dates de concerts et festivals cet été en Espagne, au Mexique, aux US, en Suède, Yelle clôturera sa tournée au Casino de Paris le 10 octobre 2015
La chanteuse espiègle a accepté notre interview alors qu’elle était en dehors des clous de tout planning promo, sa tournante précédente étant finie depuis quelques mois. C’est assez rare pour le relever. GiedRé a foulé les planches de la Nouvelle Seine, fin septembre pour une carte blanche, un concert affichant déjà complet au moment de notre rencontre, comme son Café de la Danse le 8 mars. En même temps, on s’en fout, on va tous au Trianon le 18 octobre !!!
Notre échange est l’occasion de vous faire découvrir l’univers de la chanteuse avec plein d’anus, de caca et de pédophiles. Si vous ne la connaissiez pas, vous êtes prévenus, ce n’est pas Dorothée (quoi que…). Interview fleuve car elle le valait bien !
Un jeudi de septembre, dans un petit bar du XIe arrondissement de Paris. GiedRé, fidèle à elle-même, habillée d’une jolie robe tout en couleurs et des carottes aux oreilles.
On entre. Elle commande un Perrier rondelle (of course !). On demande si l’on peut enregistrer l’interview, elle répond qu’elle est d’accord mais que de toute façon, elle démentira tout.
UsofParis :Que faisais-tu avant la musique ?Qui était GiedRé avant d’être la chanteuse que l’on connaît ?
Giedré : Genre le jour d’avant ?
Oui, le jour d’avant !
Le jour d’avant, j’sais pas. Je pense que j’ai déjeuné, après je me suis promenée…
Non. Qu’est-ce que je faisais avant ? Je faisais du théâtre.
Le cours Florent ? Le cours Florent ça c’était y’a longtemps et surtout après j’ai été à l’ancienne école de la rue blanche, qui s’appelle l’ENSATT (Lyon). Et puis après je faisais du théâtre, on avait monté une compagnie et je jouais dans des pièces très sérieuses, théâtre subventionné, tout ça. C’était très “Fleur Pellerin attitude”. Vraiment !
Est-ce que tu faisais des petits jobs ? On t’imagine bien en animatrice de centre de loisirs ou en hôtesse d’accueil à la Fistinière… Ouais, j’ai fait des jobs de merde, si c’est ça ta question. Oui. Comme tout le monde.
Qu’est-ce qui t’a amenée à la musique du coup ?
En faire devant les gens ou en faire dans mon salon ?
Dans ton salon, jouer de la guitare… Je ne sais pas… En fait, moi je suis lituanienne, tu sais ? Donc je suis arrivée en France, je ne connaissais vraiment rien à la France, rien du tout. Du coup, j’ai découvert un peu la musique qui s’écoute ici. La musique tout court, car dans l’URSS c’était plus des chants à la gloire de Staline, tu vois ?
La musique, je me suis dit bah qu’est-ce que c’est ? J’ai allumé ma radio comme tous les gens, en fait, et donc là j’ai découvert Jean-Jacques Goldman, Céline Dion, Patrick Bruel, tu vois ?
Et là je me suis dit : « Ah ouais, ok !».
Du coup, quelques années plus tard, je me suis dit : “mais en fait peut-être que je peux faire autre chose que ça ? Peut-être ?” A l’adolescence, tu écoutes Bob Dylan, tu te dis : “ouais moi aussi je veux trop faire de la guitare”, donc tu apprends 4 accords. Et en fait tu te dis « Ah, mais en fait, si je joue ces 4 accords et que j’écris des mots que je mets dessus ça fait une chanson » Malin. Tout simplement !
Je fais des réponses très longues, faut pas hésiter à me couper…
Donc sur scène tu joues un personnage ; je vois que tu le joues ici aussi. T’es vraiment comme ça dans la vie ? Non non dans la vie en fait je bosse dans le bâtiment. Et du coup ça prend du temps pour grimer tout ça…
Tu as des jolies mains pour quelqu’un qui bosse dans le bâtiment ! Oui, oui, parce que moi je donne des ordres. Je donne des ordres dans le bâtiment, je suis ordinatrice. C’est comme ordinateur mais en femme.
Comment est né ce personnage ?
Je le vois pas trop comme ça. Elle me surprend toujours cette question parce qu’on me la pose souvent, évidemment, parce qu’à partir du moment où tu mets des couleurs et où tu fais des blagues et tout ça, on te dit : « Ah ! Quel personnage ! ». Alors qu’on le demande jamais à des chanteurs qui font des chansons humanistes, qui pourtant sont exilés fiscaux : « Mais donc votre personnage en fait, comme ça, très dans le partage, comment l’avez-vous trouvé, vous qui ne payez pas vos impôts ? ». Tu vois ? Alors je trouve ça un peu étonnant.
Forcément quand t’es en représentation, ce n’est pas pareil que la vie parce que tu choisis ce que tu montres de toi. Donc, j’aurais pu montrer de moi, tu sais quand je me lève, que j’ai des crottes dans les yeux et que j’ai envie de parler à personne. Mais est-ce que c’est vraiment intéressant pour les gens de voir quelqu’un qui ne veut pas parler ? Là, tu as un peu envie de dire « Reste chez toi !».
Tu as auto-produit tes premières chansons, tes CD, est-ce toujours le cas aujourd’hui ? Les maisons de disques ne veulent pas de toi ? Oui, c’est toujours le cas. Très vite les maisons de disques se sont intéressées à moi, même avant que j’enregistre mon premier disque. J’ai eu des gens avec des costumes, et tout. (elle mime le mec en costume) Moi je bossais dans le bâtiment, tu vois, donc je connaissais leurs codes.
C’est une sorte de liberté ? Je ne sais pas parler de chansons avec des gens qui sortent d’école de commerce. Je crois qu’on ne fait pas trop le même métier. Mais c’est pas grave, hein ! Ce qu’ils me disent, moi je ne comprends pas. Et si j’avais envie de vendre des trucs, je sais pas, j’aurais fait des tapis, si ce qui m’intéressait c’était de vendre des machins, et trop faire des sous et tout.
Puis c’est vrai que je suis un peu embêtante, parce que j’ai toujours un peu envie de faire ce que je veux et le meilleur moyen de faire ce qu’on veut c’est de le faire tout seul.
L’année dernière, tu as fait ton premier Olympia. C’est un peu l’accomplissement, non ? C’est le rêve d’une vie qui se réalise. (rires)
Blague à part, j’avais un peu tendance à me la raconter, tu vois ? Du genre : « Ouais, ça va ! Calmez-vous ! C’est une salle, c’est des gens. C’est juste que comme on est à Paris. Les gens ils se lavent, mais à part ça, quelle différence d’avec Roubaix ? ».
Je sais pas, tu te revois… En plus, c’est allé relativement vite, et du coup forcément tu te revois dans ton bar pourri à chanter des chansons entre la poubelle et la machine à cacahuètes et tout.
Et c’est marrant parce que le lendemain de l’Olympia, mon frère m’a envoyé une petite vidéo qu’il avait filmé genre 3 ans avant où justement je chantais dans un bar pourri et il me l’avait jamais montrée. Je chantais « Pisser debout », et là y’a un mec qui passe et qui dit… Tu vas voir c’est trop marrant… Il dit « Oh ! Imagine ça à l’Olympia devant 2 500 personnes. Ah ah ah. ». C’était marrant, il me l’a envoyée le lendemain, je trouvais ça mignon. Mais ouais forcément ça fait un truc quoi.
Je t’ai beaucoup vue en concert et je trouve qu’à l’Olympia, il y avait vraiment une différence de public parce que toute la salle chantait avec toi quasiment toutes les chansons. Ça devait être impressionnant de voir cette foule d’anus levés ? Bien sûr et puis plus y’a d’anus plus on rit évidemment. J’ai sorti un DVD après, de l’Olympia, avec aussi « Les dessous de la tournante ». Et les garçons qui filmaient, ils demandaient à la fin tu sais comme dans BFM « Alors qu’est-ce que vous avez pensé du spectacle de ce soir ? » et là tu as Micheline du Nord Pas De Calais qui te répond, tu vois ?
C’était mignon parce qu’il y avait plein de gens, vraiment j’étais surprise, qui disaient « Ouais, bah nous on l’a vue à la salle des fêtes de Brive-la-Gaillarde et quand on a vu qu’elle faisait l’Olympia, on a pris nos billets et on est venu. ». C’est mignon parce que c’est vrai qu’on l’a fait ensemble. En fait, autant mon public que moi. On est arrivé à l’Olympia ensemble par le même chemin. Je n’ai jamais voulu être placardée en 4 par 3…
A côté de Anne Sylvestre en plus ! Oui c’est ça, c’était pas mal (rires). Pour moi, c’était toujours important que les gens choisissent de m’écouter qu’ils ne viennent pas parce qu’ils m’ont entendue 36 fois au Franprix cette semaine et que du coup ils pensent qu’ils m’aiment bien parce que tu vois ils ne s’en rendent même pas compte. Ça c’est chouette, j’ai toujours l’impression d’être un choix pour les gens.
La prochaine étape c’est le Stade de France comme Johnny ? Le stade anal, plutôt d’abord. Enfin, tu vois ? On y va petit à petit quoi. (rires). Tu crois qu’il y a des gens qui viendraient franchement ?
J’ai un problème, c’est que je n’ai aucune ambition. Enfin, je n’ai pas d’ambition de grandeur.
Je dis que je suis en auto-prod mais je travaille avec des gens évidemment, quand on m’a dit « Allez, on fait un Olympia ! », moi j’étais là genre « Mais jamais, vous êtes fous ! ». Parce que je n’ai pas du tout la folie des grandeurs.
Pourtant tu as fini une tournante énorme, tu es même passée par le Japon. Tu es un peu la Mireille Mathieu 2015 ? (rires) Zaz aussi. Zaz fait un carton au Japon.
Mon Dieu ! Ouais, comme tu dis. Comme tu dis !
Et donc c’est fou non ? Tu as même traduit une de tes chansons en japonais ? C’était marrant comme histoire. J’y étais allée juste pour faire une semaine de concerts dans le cadre des expats’.
Tu sais ceux qui sont là : « On veut manger du camembert ! » (elle imite une manifestation).« Bah oui mais fallait pas partir ! »
Du coup, eux pour pas trop qu’ils s’ennuient et qu’ils ne deviennent pas trop alcooliques, de temps en temps ils font venir des gens de France pour dire : « Ouais, bah tu sais les Champs-Élysées, ça a beaucoup changé et tout. ». J’ai été cette personne-là, pendant une semaine. Et un monsieur qui a un label indépendant au Japon, super fan de la culture française… Néanmoins, bien qu’il soit fan de la culture française, il est quand même venu me voir en concert. Comme quoi la communication ne devait pas être terrible, tu vois ?
A la fin du concert, il me dit qu’il aimerait bien sortir mon album au Japon et comme moi je ne veux pas que les gens perdent tous leurs sous et qu’après ils vivent sous un pont à cause de moi, j’ai dit : « Bah il ne faut pas faire ça Monsieur, vraiment pas ! Ne vous mettez pas en danger comme ça. »
Et puis il voulait vraiment. Du coup, en vrai j’ai sorti un album au Japon. C’était compliqué parce que je me suis dit quel intérêt pour eux… Enfin, évidemment on me compare souvent à Jimi Hendrix au point de vue du jeu de ma guitare, tu vois ? Ça se comprend parce que c’est quelque chose de vraiment très intéressant et attrayant.
« Roh elle a refait un Mi mineur, mais c’est incroyable ! »
Donc j’ai traduit toutes mes chansons dans le petit livret, tu sais un peu comme à la messe. Puis je suis retournée une semaine pour faire de la promo, quelques petits concerts. C’était vraiment dingue. Trop marrant.
Dans une de tes chansons tu parles de colis piégés et lettre de menaces ? C’est vrai ? Ça arrive encore ? Ah ! (rires). C’est Jolie chanson, hein? Je l’ai un peu écrite en prévention. Au début, quand je suis passée de mon bistrot tout pourri à genre la Cigale, en 2 jours on n’a rien compris, on m’a dit : « Ouais, bon fais attention, surtout te vexes pas si les gens ils lancent des trucs, si tu reçois des lettres, si des gens t’attendent pour te tuer… ». Et je m’étais vraiment préparée à ça, en fait bizarrement non. Je ne sais pas si je te déçois…
Un peu, je m’attendais à ce que tu sois sous protection judiciaire… Alors évidemment, oui, y’a eu des tentatives de procès, des trucs comme ça, machin, bien sûr. Mais parce que les gens s’ennuient donc faut bien faire des trucs. En même temps ils seraient un peu malhonnêtes parce qu’ils voient des trucs tous les jours bien plus horribles que mes chansons. Ça leur va, ça ne leur pose aucun problème. Ils continuent à être trop contents, à boire des demis et tout, genre « Ouais la vie c’est bien ! » alors qu’ils voient des trucs atroces. Ce serait un peu injuste de leur part de s’en prendre à mes chansons alors que c’est que des chansons et qu’elles sont bien moins pires que la réalité dans laquelle ils vivent et sont contents. C’est la fête.
Qu’est-ce qui va se passer pour toi dans les prochains mois ? Musicalement pas sur le chantier. Oui parce que j’allais t’en parler justement, on en est au troisième étage en train de mettre les murs porteurs et tout. Ça va être un super truc.
Je m’y connais vachement bien en chantier, je m’en rends compte…
Il y a la petite carte blanche à la Nouvelle Seine, c’est un peu pour remettre la main à la patte et en vrai là, j’ai fini d’écrire et je commence à enregistrer mon prochain album. Ah exclu ! So exclu !
Je pense le sortir l’année prochaine. Dans quelques mois en fait.
Et repartir en tournante. Je veux faire une pré-tournante à la fin de l’année, novembre-décembre, quelques dates, dans des petits lieux. Un peu pour se revoir avec les gens, tranquille. Et puis après les zéniths bien sûr, New York, Madison Square Garden, tu vois ? Normal. La base. OKLM.
Finalement ça va repartir assez vite.
Tu montes sur scène avec Tolérance aussi ? Ouais, mais j’adore ce groupe.
Tu sais un peu comment est né ce groupe ?
Bah non, en fait je les ai découverts sur Internet. Je crois qu’ils protègent vachement leur vie privée. Ils veulent rester anonymes.
C’est un peu leur grand retour aussi, ils avaient disparu ces derniers mois ? Ouais mais y’a eu un problème, tu sais, ils avaient posté sur leur Facebook. Y’a un des membres du groupe qui avait sombré dans la drogue, à cause du succès. Ça lui était monté la tête. Et écoute, je ne sais pas, peut-être qu’il va mieux. Enfin, quoi qu’il en soit, il sera là.
Moi je les ai contactés, j’y croyais pas trop. Je me disais : “bon je tente le tout pour le tout, j’écris à Tolérance“. Un peu comme si t’écrivais à Whitney Houston ne sachant pas qu’elle est morte. Pour moi, c’était un peu un rêve sans espoir. Et ils ont dit ok.
On peut espérer un petit duo entre Tolérance et GiedRé ? Ça serait une bonne idée. Je ne sais pas, ils m’ont l’air assez fermés. Tu sais, ils sont tellement dévoués à leur projet de tolérance que… Mais bon peut-être. Et peut-être que je ne suis pas assez tolérante. Toute façon, on ne peut pas être aussi tolérant qu’eux. Mais ils sont tolérants envers les gens qui ne sont pas tolérants, c’est ça le truc. Ça c’est le summum de la tolérance. Ils sont bien.
Après une petite discussion sur le concert au Sexodrome et sur l’organisation d’une prochaine kermesse comme celle de Paris en mai 2014.
Là j’ai une petite liste de questions très rapides… Ah c’était pas l’interview ? (rires) Au bout d’une demi- heure : « Bon bah on va commencer ! » (rires)
C’est des petites questions courtes qui demandent des petites réponses courtes. Oh la la ! Ça j’ai beaucoup de mal mais je vais essayer.
Est-ce que tu as un duo rêvé ? J’avais un rêve mais il s’est réalisé. Je rêvais de faire un duo avec Grégoire, je l’ai fait. Donc maintenant en plus ? Une collégiale des Enfoirés. Mais j’aimerais que ça se passe vraiment, qu’à chaque couplet y’en a un qui rentre, qu’il descende par les escaliers. Tu sais comme ils font ! C’est tellement bien.
Et un artiste mort ? Michel Sardou !
Quel artiste admires-tu le plus ? Vivant ? Mort ? On s’en fout ?
Oui, un artiste hein, pas Emile Louis ou Dutroux.
Oh écoute, ils ont fait vraiment les choses dans les règles de l’art pour le coup. Je dirais George Carlin.
Celui que tu envies le plus ? Brassens.
Quel est le meilleur compliment que tu as eu sur ta musique ? Un jour on m’a dit que ça donnait moins envie de mourir.
Quelle chanson de ton répertoire tu aimerais que les enfants apprennent à l’école ? Peut-être On fait tous caca, en fait. Tu sais au début les enfants ils ont le stade caca, jouer avec… Puis à un moment on n’en parle plus. Plus personne ne fait caca. Donc qu’ils continuent à la chanter.
Si Paris était une de tes chansons ? Les petits secrets.
La chanson dont tu es la plus fière ? Instant Chimène Badi, un peu. « Je ne suis pas méchante ».
Parce que ça justifie tout le reste ? Pas justifie, mais ça donne une raison. Une raison d’être.
Quelle chanson aurais-tu aimé avoir écrite ? Oh y’en a plein. Une… Genre The chanson. Mais c’est horrible de demander ça. C’est vraiment dur. Je sais pas, là j’ai envie de te dire Où c’est que j’ai mis mon flingue de Renaud et je vais regretter demain. Mais aujourd’hui c’est ça.
À quel chanteur/se serais-tu prêtes à dire oui à tout, sans exception ?Bah ça oui évidemment, Chimène Badi. Bien sûr.
Dans On fait tous Caca, tu dis : “François y fait caca“… Est-ce que c’est le François ? Avant c’était Nicolas. Parce que je l’ai réenregistrée, donc ouais j’update. J’espère n’avoir jamais à dire « Marine elle fait caca ». Mais bon, si c’est le cas je le dirais. Mais je dirais qu’elle en fait des vraiment des gros gros gros. Et pas que des par les fesses, des par la bouche aussi.
Si je te dis schizophrénie, tu me dis ? Je te dis : “vacances.” Ça doit être des vacances d’être quelqu’un d’autre de temps en temps. C’est un peu les vacances de toi-même. De temps en temps tu es une vieille grand-mère qui se gratte la tête, mais c’est quand même toi mais tu es en vacances de toi-même (elle imite la vieille grand-mère). Ça c’est bien.
Tu portes quelque chose sous tes sous-vêtements ? Bah non pfff. Ouais je sais c’est abusé.
Tu es donc « trop une pute » toi aussi ? Ouais, ouais, bah ouais. J’ai essayé, avant je mettais une combinaison de ski, enfin tu sais les trucs combinaison, là… Mais en fait le problème est éternel, car sous ma combinaison, je suis nue. C’est un combat sans fin, c’est une quête de la bienséance perdue d’avance.
La personne dont tu parles dans Chut ? Elle vit toujours ? (rires) Oui.
Tu as des petits conseils à me donner parce que j’en connais une et je n’en peux plus ? C’est la magie, de contrairement au chien, d’avoir un cerveau où tu peux en faire d’autres trucs que juste aller chercher des croquettes. En fait c’est partir ailleurs.
Faut être schizo et se mettre dans la petite mamie ? Ouais voilà c’est ça. Vacances ! Utiliser son cerveau à bon escient pour aller ailleurs que là où tu es.
Si tu avais 3 minutes là tout de suite, tu en ferais quoi ? Là tout de suite, oh bah je ne sais pas je suis bien avec vous. Je continuerais à parler.
C’est gentil. Merci GiedRé. Merci à vous.
Je vais dire que tout ça est faux, je démentirai avec mon avocat que tout ce qui a été dit dans cette interview est un mensonge.
Le nouvel album de GiedRé s’appelle Lalala et est sorti le 15 janvier 2016 #tropbeau
GiedRé en concert au Café de la Danse (Paris), le 8 mars : COMPLET
Au Trianon (Paris), le 18 octobre : pas tout à fait complet. Fais vite !!
Et en tournante générale : 12/02 : ViLLeNeuVe La GaReNNe – MJC 19/02 : SaiNT-éTieNNe – SaLLe JeaNNe d’aRC 20/02 : aViGNoN – PaSSaGeRS du ZiNC
2/03 : Le HaVRe – MaGiC MiRRoR 3/03: TouRCoiNG – Le GRaND MiX 9 au 12/03 : BRuXeLLeS – MaiSoN DeS MuSiQueS 15/03: GReNoBLe – La BeLLe éLeCTRiQue 16/03 : LyoN – NiNKaSi Kao 17/03 : NaNTeS 18/03 : CLuSeS – L’aTeLieR 19/03 : GeNèVe 25/03 : SaiNT BRieuC – La CiTRouiLLe 30/03 : ReNNeS – L’aNTiPoDe 31/03 : CaeN – BiG BaND CaFé
2/04 : LaNGaN – Le TRouSSe CHeMiSe
7/04 : TouLouSe – MeTRoNuM
14/04 : Le PRiNTeMPS de BouRGeS
3/06 : MoNGeReau – FeSTiVaL “PaSSioN eLLeS”
24/06 : CeRiSy-BeLLe-éToiLe – FeSTiVaL deS BiCHoiSeRieS
21/07 : LeS FRaNCoS de SPa
Merci à Nicolas du Rat des villes qui a permis cette rencontre et à Manu qui l’a immortalisée