Avec son titre de spectacle à faire mourir un twittos : Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage, nous avions très envie de découvrir le spectacle de Marc Tourneboeuf. Assis dans la salle, jusqu’au dernier moment, nous nous sommes demandés si nous étions là plutôt pour rire ou pour un seul en scène plus dramatique ! Nous avons été vite fixés… 🙂
Au début du spectacle, Marc flashe sur une fille d’origine portugaise de passage à Paris. Après quelques jours de relation, il décide de la rejoindre à Lisbonne, le temps de vacances.
Marc Tourneboeuf : une énergie du tonnerre
Ce qui surprend dans ce one-man-show de Marc Tourneboeuf, c’est tout d’abord son énergie. Dynamique, expressif, il est également très généreux avec son public.
Ensuite, il mélange avec un talent indéniable poésie, figures de style, comique de situation et recul sur les travers quotidiens des parisiens. Le fait qu’il vienne de province n’y est pas étranger !
Bon, il faut tout de même concéder que certaines caricatures de parisiens et de portugais sont un peu éculées… Néanmoins, grâce à son ton et son interprétation, Marc arrive tout de même à nous surprendre !
Mention spéciale pour sa surprenante imitation d’un grand comédien de théâtre en plein milieu du spectacle. 😉
Même avec son humour et son recul, personne n’aurait aimé être à sa place lors de sa première rencontre avec son beau-père… Une sorte de DRH de la pire espèce.
Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage est un spectacle léger, drôle et enjoué, bénéficiant d’une mise en scène énergique.
Aussi, (en plus d’être mignon), c’est un excellent acteur.
Généreux, il ne boude pas son plaisir à être sur scène. Et ça, c’est vraiment un gros kiff pour nous, spectateurs ! Nous en ressortons joyeux et revigorés.
Le récit poétique mais pas chiant d’un amoureux en voyage
Ecrit et interprété par Marc Tourneboeuf
Mise en scène de Grétel Delattre
Les vendredis et samedis 21h30
Relâche le 26 septembre
Du vendredi 18 septembre 2020 au samedi 2 janvier 2021
Dans Tout peut Changer, plus de 90 actrices, scénaristes, réalisatrices, productrices, ou encore dirigeantes de sociétés de productions témoignent de la difficulté d’être une femme dans le système hollywoodien. On pourrait penser que le documentaire de Tom Donahue se focaliserait sur #MeToo ou le mouvement Time’s Up.
En fait non ! C’est bien de la discrimination et de la sous-représentation des femmes dans toute l’industrie américaine du cinéma dont il est question. Un récit effarant…
En 1h30, Tout peut Changer retrace l’histoire des femmes à Hollywood. Comment, au tournant des années 30, elles ont perdu leurs places devant et derrière la caméra. Il montre le verrouillage des institutions et des recrutements féminins pour tous les postes. Et pointe l’objectif sur l’importance de changer la façon dont sont créés les personnages féminins dans les films et séries.
Un fait édifiant : les équipes de tournages à Hollywood sont encore quasiment exclusivement composées d’hommes. Dur à croire quand on a déjà mis un pied sur un tournage français…
La parole libérée…
Il y a dans Tout peut Changer des témoignages forts d’actrices internationales : Meryl Streep, Cate Blanchett, Natalie Portman, Reese Witherspoon … et Geena Davis. L’actrice a fondé un institut analysant les rapports entre les sexes dans les médias : ce qu’on appelle le Gender Studies.
Ce documentaire s’appuie donc sur des chiffres pour montrer qu’un film réalisé par une femme est beaucoup plus rentable que celui concocté par un réalisateur masculin… Mais analyse aussi la part des femmes réalisatrices dans l’univers des séries TV, et bien d’autres sujets.
Le documentaire peut compter aussi sur des parcours de vie singuliers comme la réalisatrice Kimberly Peirce (Boys Don’t Cry) restée sans travail après son succès ou la scénariste de Thelma et Louise,Callie Khouri, qui est toujours stupéfaite de l’impact du film sur le public : il a offert aux femmes américaines une certaine liberté de vie.
Tout peut Changer : un doc édifiant
En spectateur français, on reste scotché par l’histoire du cinéma américain que l’on découvre avec le film de Tom Donahue.
Ainsi, on comprend mieux la vague féministe qui a déferlée sur les États-Unis début 2018. On ne peut qu’adhérer aux combats de cette centaine de femmes interviewées.
Un petit bémol tout de même, certains extraits de films sont un peu déconnectés du contexte historique ou situationnel, un parti pris parfois un peu biaisant mais néanmoins pas handicapant.
Et pour une fois, point de moral à l’américaine, mais un constat qui devrait être universel.
A voir pour comprendre une société…
Tout peut Changer
Un film de : Tom Donahue
Avec les témoignages de : Meryl Streep, Cate Blanchett, Natalie Portman, Jessica Chastain, Sandra OH, Resse Witherspoon, Chloë Grace Moretz, Geena Davis, Shonda Rhimes…
et plus de 90 autres
Voix rocailleuse, démarche gauche, corps tatoué et fatigué, Joeystarr s’offre tout entier, et sans artifice pour cette version d’Elephant Man mise en scène par David Bobée. Pas de masque pour suggérer la monstruosité du physique de John Merrick qui fascine tout autant qu’il répugne. L’imagination est de mise. Seules quelques images vidéo d’un visage déformé viendront aider le spectateur à entrevoir le pire.
David Bobée insuffle quelques étrangetés dans ce récit culte, et connu de beaucoup. Comme ces sœurs siamoises qui poussent la chansonnette, cette mort-vivante qui s’extirpe des tréfonds du décor. Ces projections vidéo qui viennent habiller les murs de l’hôpital.
Un personnage sulfureux fait son apparition : Jack l’éventreur, interprété par Luc Bruyère, mannequin et aussi créature nocturne du Cabaret Madame Arthur.
Et puis le couple de l’affiche s’unit enfin devant nos yeux. Qui est cette femme, toute de noir vêtue qui vient rendre visite à John Merrick ? Madame Kendal, une comédienne autant fascinée que passionnée par l’attirance qui peut naître de la différence et du handicap.
Car ce sont ces problématiques qui sont au cœur du récit de Bernard Pomerance. Comment dépasser le physique pour ne retenir que le talent, la sensibilité, l’intelligence ?
Elephant Man
de Bernard Pomerance
mise en scène de David Bobée
avec Joeystarr et Béatrice Dalle
Audrey Fleurot fait valdinguer son image de femme fatale et de beauté froide qu’elle incarne depuis sa consécration dans la série Engrenages. Avec Jo au Théâtre du Gymnase, la comédienne montre des facettes méconnues de son talent. C’est bluffant, jubilatoire et détonnant.
Antoine (Didier Bourdon), auteur de théâtre de boulevard, se décide à commettre un crime.
Il se documente, prépare son coup. Pour cacher son jeu, il fait croire qu’il change de registre et se met à l’écriture d’une pièce policière. Sylvie (Audrey Fleurot), sa femme comédienne, est aux anges. Elle va enfin pouvoir montrer l’étendue de son registre. Seulement elle n’est pas adepte du jeu intériorisé.
Une série de déconvenues comme l’arrivée d’une sculpture immonde dans le jardin, une belle-mère collante, des visites impromptues, vont finir par compromettre le scénario de crime parfait imaginé par Antoine.
Audrey Fleurot exubérante à souhait
C’est une sorte de mise en abyme pour Audrey Fleurot. Elle incarne une comédienne qui souhaite casser son image, ce que fait la rousse incendiaire chaque soir en incarnant Sylvie, une femme légère, à l’opposée totale de ses autres grands rôles.
On sent qu’Audrey prend un malin plaisir à surprendre et désarçonner son public. Ses tenues de scènes colorées, sa capacité à surjouer ou à se vautrer sur la moquette pour les besoins de son personnage, sa malice sont étonnantes. On ne la reconnaît plus.
Alors quand elle se met à pousser la chansonnette, c’est comme si on se prenait une déflagration. Avoir choisi un tel rôle est audacieux et génialement barré !
Certains pourront lui le reprocher. Nous on jubile de bonheur.
A ses côtés, Didier Bourdon est excellent en mari prêt à tout pour dissimuler les égarements de jeunesse de sa femme. Dominique Pinon est un inspecteur Ducros implacable mais avec quelques faiblesses.
Jo est une farce délirante qui est capable d’aller loin pour faire rire.
Jo
d’Alec Coppel
adaptation : Claude Magnier
nouvelle adaptation et mise en scène : Benjamin Guillard
PALACE, la série culte qui a bercé notre enfance se retrouve adaptée sur scène. Au-delà de l’humour, du 3e voire 4e degré, du non-sens, ce qui a marqué c’est le casting incroyable. Au Théâtre de Paris, Jean-Michel Ribes, auteur et metteur en scène, a formé une troupe absolument brillante. Voici nos chouchous choisis par Ribes parmi plus de 300 artistes castés.
Joséphine de Meaux is the one
La nouvelle Lady Palace ne manque pas de panache et de classe.
Dans sa robe jaune, elle dispense ses meilleurs conseils aux clients pour maintenir leur standing dans un palace. La priorité étant de baigner dans l’opulence financière. Le reste suivra tout naturellement.
C’est Joséphine de Meaux qui reprend le rôle et il lui va comme un gant. Elle est pétillante à souhait. Sa silhouette, son élégance, participent au charme qu’elle répand sur le public.
Bravo à Joséphine, elle nous a fait totalement oublier Valérie Lemercier, la créatrice du rôle pour la télé.
Rodolphe Sand truculent à souhait
Pas facile de porter comme nom Anus et d’avoir un transit laborieux, ni de déclarer sa flamme à son meilleur ami, ni même de se retrouver bloquer sur un escalier.
L’avantage est que le combo peignoir et mules va à merveille à Rodolphe Sand, tout comme son costume de trublion pour les séquences Soyez Palace chez vous ! Le comédien donne à voir ses multiples talents et son don de caméléon en se lovant avec aisance dans plusieurs rôles.
Elle n’en a pas l’air mais sa performance est physique. On l’imagine courir dans les coulisses pour changer de costume.
Philippe Magnan la force tranquille
Tour à tour bourgeois partouzeur, serveur ou académicien à l’article de la mort, Philippe Magnan impose son style. Pas d’éclat, tout est dans la subtilité, mais son jeu n’en est pas monotone pour autant.
Coulisses du spectacle
Jean-Marie Gourio, co-auteur de Palace sur scène, a confirmé lors de notre rencontre le cousu-main pour chaque comédien du spectacle :
“Une fois totalement écrit, on a cousu le texte sur les comédiens durant les répétitions On retouche toujours pour qu’ils soient joyeux sur scène. S’ils n’aiment pas une phrase, une réplique, on la change, pour que chacun puisse jouer avec un matériau qui lui plaise.”
L’originalité du spectacle est ce mélange de sketchs et d’intermèdes musicaux. Le comédien Eric Verdin évoque l’esprit de troupe :
“On se nourrit beaucoup les uns les autres.
Je suis comédien et c’est la première fois que je travaille avec des danseurs. Je me nourris des danseurs, de leur énergie et de leur tonicité. J’entre sur scène porté par leur immense énergie. C’est nouveau pour moi, c’est une expérience différente et stimulante.”
Seul regret: que l’une des plus belles répliques de la série soit absente de cette adaptation de Palace sur scène. Je vous laisse juge : “Il a un anus trop artificiel pour être honnête !”
Un chef-d’œuvre que je ne comprenais pas quand j’étais petit et qui faisait marrer mon père, alors je répétais la phrase. J’ai compris le sens exact quelques années plus tard.
PALACE
d’après la sérié télévisée de Jean-Michel Ribes
adaptation Jean-Marie Gourio & Jean-Michel Ribes mise en scèneJean-Michel Ribes
avec Salim Bagayoko, Joséphine de Meaux, Salomé Dienis-Meulien,Mikaël Halimi, Magali Lange, Jocelyn Laurent, Philippe Magnan, Karina Marimon, Gwendal Marimoutou, Coline Omasson, Thibaut Orsoni, Simon Parmentier, Christian Pereira, Alexie Ribes, Rodolphe Sand, Emmanuelle Seguin, Anne-Elodie Sorlin, Alexandra Trovato, Eric Verdin, Philippe Vieux, Ben Akl, Armelle Gerbault
Échange spontané entre 3 spectateurs à la sortie de la pièce Les Beaux. Le texte de Léonore est percutant. Forcément, il renvoie à notre conception même du couple dans ce qu’il peut avoir de plus beau mais aussi de plus dramatique, de plus destructeur parfois pour ses membres. La partition servie avec une intensité rare par Elodie Navarre et Emmanuel Noblet nous capte, interroge et bouleverse. Un grand moment de théâtre sur la scène du Petit Théâtre Saint-Martin.
Radiographie d’un couple
Ça commence plutôt mal. Un couple qui baigne dans l’amour niais, dont les membres sont inconditionnellement dans la surenchère de la guimauve. Une caricature !
Est-ce le début d’une histoire ? La naissance de sentiments amoureux cause certains dommages dans la mièvrerie.
Ou est-ce une pure invention ?
Ce couple parfait, beau est confronté à son double orageux, violent. Ce double commence à émerger par le son et ensuite prend corps sur scène.
Ce sont les parents d’Alice, une petite fille qui se trouve malgré elle au cœur de la souffrance psychologique de son père et sa mère et source d’un conflit qui semble ne plus pouvoir s’arrêter.
L’écriture de Léonore est fine, intelligente, surprenante. Le nouveau couple que nous allons suivre est dramatiquement en guerre et pourtant il y a des pointes d’humour qui jaillissent. Et c’est absolument brillant.
Nous ne sommes pas dans la moquerie mais certaines saillies sont tellement justes qu’elles poussent à rire.
Et c’est ce mélange de genres qui nous capte. J’ai ressenti l’énergie de Trainsporting à un moment. Cru voir quelques instants clés de ma vie amoureuse aussi.
Élodie Navarre et Emmanuel sont parfaits.
Elle, au bord du précipice, amorphe mais résistante, lui pantin désarticulé qui gesticule sans raison.
A travers cette histoire de couple émerge aussi une plaidoirie touchante sur l’enfance. Heureux celles et ceux qui la saisiront.
Les Beaux
de Léonore Confino
mise en scène : Côme de Bellescize
Zabou Breitman rajeunit Georges Feydeau avec sa mise en scène de La Dame de chez Maxim. Le Théâtre de la Porte Saint-Martin accueille ses audaces, sa délicieuse irrévérence et ses traits de génie pour emporter le public chaque soir.
Et dans le rôle de la Môme Crevette, immense joie de retrouver la truculente Léa Drucker. Elle est une vraie tornade sur la scène qui emporte tout. Cette pièce est déjà un must-see de cette nouvelle saison théâtrale.
Farandoles de génies
Georges Feydeau n’a pas le monopole du génie. Il faut compter sur celui de la metteure en scène, des comédiens, des costumiers, perruquiers et décorateurs.
Dès le début de La Dame de chez Maxim, j’ai flashé sur l’incroyable folie capillaire de Monsieur Petypon, sa hauteur, sa mèche qui batifole à chaque mouvement. Elle est suivie de près par celle de madame son épouse, une incroyable choucroute. Brillant !
Et puis l’apparition. Son entrée serait digne d’une meneuse de revue si l’escalier comptait plus de marches. La Môme Crevette est belle, légère, piquante et elle gouaille avec panache.
Notre cœur n’en peut déjà plus de l’observer. Celui du général en visite chez son neveu non plus.
Seul l’homme qui a invité cette danseuse du Moulin-Rouge dans son lit lui refuse toute forme d’attirance. Ne voulant absolument pas célébrer son charme. Il passera son temps à la cacher, la brider, la faire taire.
Mais la Môme est rebelle, une punk avant l’heure et dégomme absolument tout.
Casting en or !
Léa Drucker est extra, vive et donne une nouvelle fois à voir son incroyable aisance à se métamorphoser.
Micha Lescot est absolument incroyable aussi. Sa silhouette longiligne m’a fait penser à Mister Jack (héros de Tim Burton). Ses bras, ses jambes, longs et fins, sont dans la surenchère de gestes. Et c’est fascinant à observer.
Des idées brillantes de mise en scène fusent comme ces hommes (aussi bien imberbes que barbus ou moustachus) interprétant des femmes. Ce pompon qui traîne depuis le début sur scène et qui sera enfin tirer à un moment clé de la pièce.
La Dame de chez Maxim n’a pas fini de faire chavirer les cœurs des spectateurs et d’emporter les vagues d’applaudissements.
La Dame de chez Maxim
de Georges Feydeau
Mise en scène : Zabou Breitman
avec Léa Drucker, Micha Lescot, André Marcon, Christophe Paou, Eric Prat, Anne Rotger, Valérian Béhar-Bonnet, Philippe Caulier, Ghislain Decléty, Solal Forte, Constance Guiouillier, Pierre-Antoine Lenfant, Damien Sobieraff, Pier-Niccolò Sassetti
Cédric Klapisch ne cesse de célébrer son amour de Paris, de ses contemporains, des choses de la vie. La preuve avec son dernier film Deux moi. Son cinéma regorge de clins d’œil, de moments de grâce, de petits bonheurs, de douceurs et d’émotions. Il est bon de se laisser emporter dans cette histoire en bord de voies ferrées.
Ce n’est pas parce qu’Ana Girardot et François Civil campent des paumés qu’ils n’en sont pas moins séduisants.
Les yeux de Mélanie et Rémy sont un peu fatigués, les corps manquent d’élan, les cheveux pourraient être plus éclatants. Il y a bien un mal qui couve en eux mais lequel ?
Solitude ? Burn-out ? Lassitude ? Un mal de notre monde qui ne tourne pas génialement rond ?
Ils ne savent pas trop et nous non plus.
Alors ils vont se faire aider. Rémy d’un psy sur sièges au bout de sa carrière (pétillant François Berléand), Mélanie d’une psy sur canapé (irrésistible Camille Cottin).
Palpitations de la vie sur fond de comédie romantique
Cédric Klapisch nous embarque dans son Paris où les solitudes se croisent sans se remarquer. Le réflexe pour la majorité : le portable (tel ou ordi). Il est censé tout résoudre et nous faire rencontrer l’être aimé. Regardez autour de vous quand le générique de fin est lancé ; combien de tel s’éclairent. Leur propriétaire ne prenant même plus le temps de savourer ce qu’ils ont vu, de céder à la légèreté.
Et Deux moi mérite la déconnexion, pendant bien sûr mais aussi avant et après. Pas de perturbation, ce film est un cocon. Il mérite même le recueillement dans les minutes qui suivent la fin de l’histoire.
Ne pas forcément parler, ni échanger tout de suite. Juste aimer cet instant, ces moments de peines et rires passés avec Mélanie, Rémy et tous les autres.
Et nous retrouver forcément en eux.
Bien sûr, il y aura quelques frustrations : ne pas être du bon côté de la paroi de douche avec François Civil.
Ne pas pouvoir se blottir contre Ana Girardot pour la réconforter.
Ne pas ressentir la douceur des poils de ce petit chat sous la main.
Deux moi
de Cédric Klapisch avec François Civil, Ana Girardot, Camille Cottin, François Berléand, Simon Abkarian, Eye Haïdara
Cliff Paillé, à la fois acteur et auteur de la pièce Tant qu’il y aura des coquelicots, nous replonge dans ses souvenirs d’enfance. Lorsqu’il n’était encore qu’un petit bourgeon de 10 ans, enfermé dans un monde guère plus grand qu’un ballon de football.
La pièce fera sa rentrée à Paris à l’Essaïon Théâtre à partir du 5 septembre.
Ode à la transmission, au plaisir d’apprendre, de découvrir, de lire…
Issu d’une famille plutôt populaire, asséché par le divorce de ses parents – apparemment plus occupés à se séparer qu’à l’aimer – le terreau n’est pas très fertile pour le petit Paul.
Seul rayon de lumière : sa grand-mère, chez qui il va passer ses vacances. Elle adore lui lire des histoires mais Paul est plus intéressé par la chaleur humaine de sa poitrine généreuse.
Arrive enfin le soleil ! Au travers d’une maîtresse remplaçante bien décidée à transmettre le goût de la lecture à ses élèves, quitte à les bousculer un peu. Lyne Lebreton, toute de rouge vêtue, incarne à merveille cette jeune institutrice habitée par le désir d’ouvrir grand les portes de la curiosité à ces jeunes pousses…
Et ce désir, elle va le leur transmettre par de multiples jeux ancrés dans leur réalité, qui vont éveiller en Paul un questionnement infini qui n’aura plus de retour en arrière possible…
Un pur moment de poésie
On rit, on est ému, on se rappelle, à voir les difficultés que rencontre le jeune Paul dans l’apprentissage de la lecture puis de la littérature. Il compte le nombre de pages, il s’impatiente, il ne voit que le sens propre des mots alors que son institutrice lui demande de trouver le sens caché de chaque chose, les sentiments, le pourquoi, les secrets derrière les difficultés…
À travers des chansons de Barbara, interprétée magnifiquement par la comédienne, la maîtresse/artiste parvient à répondre à la question de ses élèves : « A quoi ça sert la poésie ? »
Étape par étape, dans une relation fusionnelle avec sa maîtresse, le jeune Paul se prend au jeu. Il finit par développer son imagination et surtout impliquer son propre imaginaire dans les grands textes des autres…
Quand on sait que l’acteur de Tant qu’il y a aura des coquelicots, Cliff Paillé, en est à la fois l’auteur et le metteur en scène, on se dit que cette institutrice a décidément fait du bon travail et que le bourgeon est aussi devenu coquelicot…
Disney frappe fort cet été en sortant, 25 ans après, le live action* du classique d’animation Le Roi Lion 2019. Jon Favreau – qui avait déjà porté à l’écran Le Livre de la Jungle – est à nouveau à la réalisation et offre des images magnifiques pour cette nouvelle version du film qui a émerveillé et fait pleurer tant de spectateurs.
Les bandes-annonces découvertes il y a quelques mois nous mettaient déjà l’eau à la bouche. La scène d’ouverture mythique avec la chanson The Circle of Life du film d’animation reprise plan par plan pour le nouveau film était juste sublime. Disney avait réussi son coup ! Nous faire rêver en appuyant sur la corde sensible de la nostalgie.
En sortant de la projection du film en VO, j’ai un avis plutôt positif sur ce remake. Je ne suis pas méga fan des live action en général que Disney a sorti récemment, Le Livre de la Jungle et Aladdin m’ont plutôt déçu. Mais Le Roi Lion 2019 me réconcilie avec le genre.
Tout d’abord c’est BEAU !
Jon Favreau a fait un travail de dingue sur les images. C’est vraiment une transposition de l’animation dans le monde réel. On a vraiment l’impression que l’on pourrait trouver Pride rock et Pride lands au milieu de la savane africaine. Les décors sont tout simplement sublimes et les animaux sont plus vrais que nature. Et malgré le fait que les personnages ressemblent à de vrais animaux, ils ont tout de même réussi à ce que nous, spectateurs, retrouvions en un coup d’œil les personnages de notre enfance. C’est fou !
Coup de cœur pour la musique
Hans Zimmer, Time Rice, Lebo M et Elton John ont collaboré à nouveau à la BO. Elton John interprète d’ailleurs la chanson du générique comme dans le film original, mais avec un morceau inédit Never Too Late. Les nouveaux arrangements des anciennes chansons et les musiques qui accompagnent les scènes du film en background sont vraiment très bons. Cela se rapproche beaucoup des musiques de la comédie musicale Le Roi Lion. Il y a beaucoup plus de percussions et ça colle parfaitement à l’ambiance du film. La BO originale mythique est ici sublimée.
Le casting vocal est 5 étoiles. On retrouve Beyoncé (Nala), Donald Glover (Simba), John Oliver (Zazu) ou encore Billy Eichner et Seth Rogen (Timon et Pumba). Et quel plaisir d’entendre à nouveau James Earl Jones la voix originale de Mufasa !
Le personnage de Nala est un peu plus développé dans cette version. On peut observer une véritable volonté de la part de Disney de développer les personnages secondaires féminins et de les ramener au premier plan dans les nouvelles versions des classiques d’animation.
On apprécie d’autant plus la présence de Nala que cela nous permet d’entendre Beyoncé sur une chanson inédite : Spirit.
Le duo qui vole la vedette
Timon et Pumba sont les vraies stars du film. Ils sont encore plus drôles que dans la version originale. Les deux acteurs choisis pour les doubler sont excellents et collent parfaitement aux personnages. Les blagues fonctionnent, il y a beaucoup de private jokes faisant référence au premier film notamment lors de la chanson Hakuna Matata et cela plonge le spectateur dans une certaine proximité/complicité avec les deux protagonistes. C’est une vraie réussite ! Les deux personnages aimés par le public, ils le seront encore plus.
Ce que j’ai vraiment aimé avec ce film c’est qu’il respecte l’original. Il n’y a pas de réécriture, d’ajout de personnage (si ce n’est les animaux dans le paradis de Timon et Pumba) ou encore de changement majeur comme il y a pu avoir avec les autres remakes. On retrouve ce que l’on a aimé dans notre enfance sous une autre forme. C’est très fidèle et ça fonctionne très bien.
Quelques regrets
J’aurais aimé retrouver des chansons du musical ou de Rythm of the Pride Lands dans cette version. Il y en a des magnifiques et cela aurait apporté un vrai plus au film. Je ne comprends pas pourquoi la chanson Be Prepared a complètement été modifiée. Les autres morceaux sont identiques ou très semblables à ceux du film d’animation. C’est pourtant une scène très importante de l’histoire où Scar donne de la voix et du coffre pour rassembler les hyènes. Le nouvel arrangement et la réécriture de la chanson rendent la scène moins impactante.
L’autre regret c’est le manque d’émotion des personnages. Disney humanise beaucoup les animaux dans ses films d’animation, ils sont donc très expressifs. Dans cette version, les animaux sont très réels, ils ont très peu d’expressions humaines, ce qui apporte du coup moins d’émotion au personnage et de fait au spectateur.
Est-ce que je recommande d’aller voir cette nouvelle version du film d’animation Le Roi Lion ?
Oui ! Il faut découvrir cette merveille esthétique !
Après est-ce qu’une personne n’ayant jamais vu le classique d’animation Le Roi Lion va trouver un intérêt au film ? Peut-être pas.
avec les voix originales de Donald Glover, Beyoncé, Billy Eichner, Seth Rogen, James Earl Jones, Alfre Woodard, Joghn Oliver, John Kani
en salle le 17 juillet 2019
* Précision qu’on parle de live action mais en fait toutes les images du film ont été recréées numériquement, ce n’est donc pas vraiment du live action car il n’y a pas de prises de vues réelles dans ce long-métrage. Néanmoins l’illusion est parfaite.