La peur, ce sentiment que nous avons tous ressenti plus d’une fois dans notre vie est le sujet central de cette pièce adaptée d’une nouvelle de Stefan Zweig à l’affiche du Théâtre Michel. Trois comédiens partagent avec nous la destinée d’un couple submergé par le mensonge. Exaltant !
Un mari à la situation professionnelle enviable, des enfants, une maison, et une femme … heureuse ? Non sûrement pas !
Cette femme n’a qu’une seule envie : profiter de la vie. Elle, qui n’a de cesse de rappeler à son mari son existence et sa volonté de passer du temps avec lui, se retrouve alors plongée dans une histoire passionnée avec un autre homme. Un bonheur retrouvé, une sensation de bien-être, mais sur fond d’énormes mensonges qui la rattrapent très rapidement.
Lorsqu’une autre femme se présente à elle comme partageant le quotidien de l’homme avec lequel elle entretient cette relation, démarre alors un jeu dont elle est la victime. Folie, dépression… et peur s’enchaînent et obligent cette femme adultère à présenter une face d’elle inhabituelle. Le mari trompé, quant à lui me direz-vous ? Il assiste à ce changement d’humeur sans pouvoir retrouver la femme qui est sienne.
Et que se passerait-il si sa femme venait à lui avouer tout ? Réponse : courrez voir cette pièce tout simplement bluffante et prenante. Une interprétation magistrale et une écriture absorbante ne peuvent que stimuler toute notre adhésion.
Mention spéciale pour la mise en scène astucieuse et à l’atmosphère délicieusement rétro-classe à la Mad Men pour les costumes et accessoires, apportant un cachet cinématographique à l’ensemble.
Cette adaptation est un petit bijou de théâtre immanquable !
La Peur
d’après la nouvelle de Stefan Zweig
adaptation et mise en scène : Élodie Menant
avec en alternance : Hélène Degy, Elodie Menant, Aliocha Itovich, Arnaud Denissel, Ophélie Marsaud et Muriel Gaudin
Reprise exceptionnelle pour 60 dates à partir du 4 octobre 2018
Lorsque le corps s’éveille et s’anime, qu’il vibre, nous ne pouvons empêcher la survenue de frissons électrisants… Fort de son succès, la troupe d’Ohlala Sexy Crazy Artistic nous revient à l’Alhambra pour nous enivrer de son spectacle au style si particulier entre cabaret, cirque et théâtre. Le chaud et le froid sont soufflés sans cesse.
D’un côté par le chant suave et les performances physiques sensuelles et, de l’autre, par des interludes burlesques drôles et inattendus.
L’ensemble est beau, finement provoquant et sacrément classe !
À notre arrivée, nous étions un peu surpris de recevoir un éventail en cadeau. Puis nous sommes entrés dans la salle et nous avons compris : ambiance feutrée, costumes aguichants, corps parfaitement sculptés (dont un de nos chouchous !)…
Ça commence plutôt bien !
Le show se compose en deux actes. Le premier est en quelque sorte un préliminaire pour nous emmener dans l’univers de la troupe. Avec un orchestre et une chanteuse live, chaque tableau reprend des classiques du cirque contemporain avec une note personnelle toujours séduisante. L’attention ne se porte pas uniquement sur la prestation, mais aussi et surtout sur le visuel.
Tout est esthétique, parfaitement chorégraphié avec un enchaînement fluide et dynamique. Il ne s’agit pas uniquement de nous émerveiller, mais surtout de nous réveiller. Ça marche !
Ohlala, un pouvoir hypnotique
En effet, on ne vous cache pas que la tension monte parfois… Après tout, nous sommes des êtres humains et la vue de ces corps s’exécutant de façon lascive ne nous laisse pas de marbre.
Heureusement, le tempo du spectacle permet des pauses. Un personnage un peu loufoque et attachant intervient régulièrement. Il s’agit d’une femme désirant absolument rejoindre la troupe mais dont les talents ne semblent pas reconnus. Elle fait subtilement le lien pendant toute la représentation et nous n’avons qu’une envie : la voir enfin se déchaîner avec les autres !
Sulfureux et incroyablement élégant
Après les cerceaux, les patins à roulettes ou autres contorsionnistes, le deuxième acte fait place au body-painting et aux batailles de danse. Ce qui me fascine encore maintenant, c’est la subtilité du spectacle. Son incroyable potentiel érotique est parfaitement maitrisé pour ne retenir que l’interaction des corps, l’harmonie des gestes et la communion. Exit les seins nus, la vulgarité ou la grossièreté !
Si nous devions vous donner une seule raison d’y aller, ce serait la scène de la baignoire, en duo. Elle est particulièrement envoûtante… Il est totalement impossible de résister à son charme ! C’est un véritable enchantement…
En bref, se laisser aller au jeu de Ohlala Crazy Sexy Artistic est un plaisir pouvant être coupable. Mais la culpabilité éprouvée ici s’avère être particulièrement délicieuse… 😉
L’affiche du film Une pluie sans fin pourrait en rebuter plus d’un. Un premier film, un titre qui n’engage pas forcément un récit léger. Le tout avec une sortie en plein été : il fallait oser. Wild Bunch, le distributeur, l’a fait. Voici nos 3 arguments imparables si on nous sort une excuse bidon pour ne pas aller voir le film dès sa sortie.
Un film chinois sans combat, non merci !
Effectivement, il n’y a pas de flingue, ni de règlement de compte ou de sabre d’un autre temps.
Pourtant le récit noir qui se déploie intrigue suffisamment pour capter toute notre attention.
Une série de meurtres de femmes ayant pour décor une fonderie. Un agent de sécurité, Yu Guowei, qui se prend pour un détective.
Une séquence de bal poétique et une relation énigmatique sont d’autres atouts de ce récit.
Il pleut tout le temps, quel enfer !
Nous sommes bien à l’abri dans nos fauteuils de cinéma. Imaginez les comédiens et surtout l’acteur principal Duo Yihong qui a dû endurer son sacerdoce pratiquement chaque jour de tournage. C’est lui qui a vécu l’enfer.
Sur l’écran, la pluie est cinégénique, elle donne une atmosphère unique, qui nous rappellerait quelques films noirs américains. L’ensemble est moite, boueux, sale, exténué aussi.
Comme cette quête du meurtrier à travers cette campagne et cette usine en pleine Chine de la fin des années 90.
Un 1er film ? J’attendrai qu’il en fasse un 2e !
On peut toujours avoir un doute sur un premier film de cinéaste. Les écueils sont légions : récit ou rythme pas assez maîtrisé, de l’autobiographie en majorité.
Rares sont les coups de maître. Le réalisateur Dong Yu, lui, a frappé fort dès le premier coup.
Il rend son héros désabusé attachant, on se plaît à ne pas comprendre sa relation avec sa hiérarchie ni avec cette jeune femme qu’il fréquente.
Une pluie sans fin est le non film de l’été parfait. Il vous fera encore plus apprécier la chaleur et le grand soleil à votre sortie de la salle.
Une pluie sans fin fait ralentir le rythme, prenant le temps d’une histoire qui se dévoile progressivement. Et qui ne laisse pas deviner son épilogue.
Une pluie sans fin
un film de Dong Yue avec Duo Yihong, Jiang Yiyan, Du Yuan, Zheng Wei, Zheng Chuyi, Zhang Lin…
Sortie en salle le 25 juillet 2018
Grand Prix du Festival intertional du Film Policier de Beaune 2018
Tristan Lopin joue les prolongations avec Dépendance affective pour cause de succès mérité. Après le théâtre Trévise, il investit le Palais des glaces.
L’humoriste croque sa vie de trentenaire avec une exceptionnelle générosité. Tristan est un antidépresseur idéal après une rupture douloureuse ou après avoir fait son propre constat d’échec face au bonheur des autres.
La si jolie de vie de Tristan Lopin
Alors non, le jeune homme n’a pas trouvé le prince charmant. Et c’est bien ça le problème.
Mais il n’empêche qu’il se dégage de son spectacle une force vive. Il a un réel désir de bouffer la vie à grands coups de cuillères de Nutella, accompagné en bande-son de Britney et Céline – précisons que le garçon n’est pas dépressif.
Alors oui, il n’est pas un garçon comme les autres. En l’occurrence, il n’a pas une bite à la place du cerveau. C’est plus subtil dans son cas ou plus spectaculaire…
One-man-show sans cliché
Tristan partage donc sa séparation avec force détails poilants. Il a aussi une conception tout à fait réaliste du mec / de la fille plaqué(e) et qui se met en quête du prince charmant.
Il n’hésitera pas non plus à se mettre dans la peau de sa nièce et de sa tante pour prouver que la jeunesse de maintenant est vraiment capable de trucs total #wtf et qu’en face, la partie senior n’a plus aucun filtre, sa parole est libérée et frontale.
Dépendance affectivede Tristan Lopin est un bonbon sucré à souhait. Un spectacle tendre, malicieux avec des pincées d’humour trash bien pensées.
Et puis comme dirait une spectatrice à une pote découvrant la carte à faire dédicacer à la sortie du spectacle : “on a envie de lui grattouiller le menton !“
La Petite Fille aux Allumettes, la comédie musicale tirée du célèbre conte d’Andersen revient sur la scène du Théâtre de la Renaissance. Un spectacle drôle, émouvant et bourré de rebondissements. La magie opère et toute la famille est conquise.
Entendons-nous bien, il s’agit d’une adaptation. Le spectacle est accessible dès l’âge de quatre ans, il fallait donc un peu l’édulcorer. Ici, pas de vision de famille heureuse festoyant devant un bon repas de Noël, pendant que la gamine, frigorifiée derrière la fenêtre, meurt de faim. Et ce, dans l’indifférence générale.
La petite fille aux allumettes a bien changé. Intrépide et déterminée, elle est libérée de la timidité du conte originel de Hans Andersen. Bien au contraire. Désireuse de retrouver sa grand-mère (Nathalie Lermitte) décédée, la frêle Emma (Marlène Connan) navigue entre le monde réel et le monde imaginaire. Ce dernier, dirigé par une reine qui est également l’aïeule de la petite, est menacé par l’ignoble Fragotov (Julien Mior-Lambert). Pour l’affronter, Emma s’entoure de Sacha (Alexandre Faitrouni), un valet rigolo et facétieux ainsi que d’une magicienne drôle et charismatique(Gaëlle Gauthier).
Un monde féerique
Tout au long de ce voyage, les décors légèrement kitsch changent à une vitesse impressionnante et les instruments jouent à tout rompre. Les couleurs sont chatoyantes et la musique enlevée. Pour capter l’attention des enfants pendant 1h15, le rythme est soutenu du début à la fin. Les bambins en remarqueront à peine les quelques répétitions dans les thèmes musicaux. Quant aux adultes, ils y trouveront également leur compte. La musique est bien menée et enveloppe parfaitement le spectacle.
Seul petit bémol, dans le monde imaginaire, le château est dirigé d’une main de maître par Miroslav (Guillaume Beaujolais), un majordome aussi caricatural que possible. Le personnage très maniéré aurait certainement gagné à faire tomber les clichés en montrant un peu plus de modération. Cela reste toutefois un détail. La pièce est drôle et le bonheur des enfants, captivés par l’intrigue, se lit sur leur visage.
Les couleurs, les danses et les chants (formidable casting) sont justes, mais comment aborder l’épilogue tragique de l’histoire ? Pendant qu’elle livre bataille dans ses rêves, Emma est rattrapée pas sa condition de simple mortelle. La faim et le froid se font sentir. Vient alors l’épineuse question de la mort. L’auteur évoque le trépas sans s’appesantir. En cela, c’est plutôt réussi car rien n’est caché. Le monde peut être cruel, avec son lot de violence et de mensonges. Les plus jeunes ne comprendront certainement pas toujours le concept de mort, libre alors aux parents de leur expliquer. Ou bien de les laisser rêver encore quelques temps, d’un ailleurs féérique.
Croire que notre vie va se définir selon nos propres plans est un leurre, nous le savons bien. Alex ne peut que le confirmer… Une rencontre fortuite va l’amener à vivre des événements hauts en couleur bousculant totalement ses habitudes, son confort quotidien, voire ses certitudes pour son plus grand bien. Roulez Jeunesse est un film authentique et touchant, ne se jouant d’aucun cliché.
Le scénario
Alex, 43 ans, est dépanneur automobile dans l’entreprise de sa mère. Solitaire et individualiste, son rapport aux autres se veut libre de toute contrainte. Au cours d’un dépannage comme un autre, il rencontre une jeune femme lui proposant de partager leurs solitudes l’instant d’une nuit…
Au petit matin, le réveil est brutal. La jeune femme est partie mais elle a laissé un cadeau ! Ou plutôt trois… Un bébé, un jeune garçon et une ado mal dans sa peau. Rapidement, Alex se retrouve embrigadé dans une histoire le dépassant…
Ses seuls soutiens seront des mécanos suspects, un plan cul hystérique, une assistante sociale blessée et une mère faussement despotique…
Tout sauf la facilité
Là où le film tire véritablement son épingle du jeu, c’est qu’Alex n’est ni un héros ni un sauveteur fantasmé et idéal. Il ne va pas adopter les enfants dans un happy end sourire ultra brite «Et ils vécurent heureux…». Non, non, c’est juste un mec normal faisant comme ce qu’un mec normal ferait dans la vie face à une situation inattendue et extrême : il improvise !
Ainsi, toutes les situations vécues vont amener notre protagoniste à se découvrir au plus profond de son intimité. Puis s’il veut rejeter ou nier sa sensibilité, il n’en a pas le temps en raison de la tournure des événements ! Entre attachement, sentiments et émotions, un lien sincère et véritable va se créer.
La fin est tendre et complice. Les personnages ont évolué, ils ont grandi. En effet, s’ils tournent ensemble une page un peu sombre de leurs vies, celle qui s’ouvre semble radieuse et prometteuse pour chacun d’entre eux. Et c’est tout ce que nous leur souhaitons. 🙂
Un film surprenant
Le début ressemble à une comédie sympathique et rigolote où s’enchaînent des situations loufoques à un rythme effréné. Puis doucement le ton devient plus grave, l’histoire gagne en profondeur et nous sommes pris avec elle.
Les notes d’humour sont distillées adroitement tout au long de l’aventure. Elles confèrent au film une certaine légèreté, appuyée par un aspect visuel vraiment très esthétique, simple et lumineux, empreint de liberté.
La distribution n’est pas en reste. Eric Judor étonne puis finalement se révèle. C’est un plaisir de le voir dans un genre nouveau où il excelle. Laure Calamy électrise de son émouvante beauté tandis que Ilan Debraquant et Louise Labeque incarnent deux enfants paumés terriblement attachants sous les apparences…
En sortant de la projection, il m’a fallu un certain temps pour me reconnecter à la vie autour de moi. En effet, je suis resté dans ma bulle un moment à observer le monde en repensant aux différents messages suggérés par Julien Guetta. J’étais encore porté par la sensibilité et l’espoir du film.
Finalement, il m’a apporté exactement ce dont j’avais besoin ce soir-là : une douce évasion.
La Lock Academy vient d’ouvrir une nouvelle adresse avec 2 aventures inédites et palpitantes. Rdv à l’Académie Sébastopol pour L.A Condifential.
La référence au film avec Kim Basinger est totalement fortuite. Pas d’ambiance film noir rétro, il faut en fait simplement deviner les initiales de l’enseigne d’escape game. L’équipe de créateurs adore jouer avec les férus d’aventure comme nous et n’a pas fini de nous bluffer.
Joue-la comme dans une start-up !
On nous propose de pénétrer dans la salle détente de la Lock Academy pour le bien-être des élèves détectives. Pas d’ambiance bureau en bois avec archives, ni de musée. On cache un peu notre surprise (déception ?). Pour le moment, on ne nous vend pas du rêve : bien joué ! 😉 Une fois entrés, on se retrouve face à des coussins au sol, des bonhommes Lego et d’autres accessoires. On part à la recherche de quoi au juste ? On ne sait toujours pas. Mais on s’applique à chercher.
Alors oui, on joue un peu, mais ce n’est pas le plein repos et la décompression. La tension monte assez vite : il y a, bien sûr, un compte à rebours, des messages qui viennent nous révéler et ensuite nous rappeler l’échéance.
Bien sûr, on bloque sur des conneries, quand on y repense, on pourrait avoir honte ! 🙂
L.A Confidential, la mécanique percutante
Et puis d’un seul coup, basculement, la tension monte d’un cran. On se prend un coup de chaud collectif car une surprise arrive pile à mi-parcours. Et c’est le pied total même si on angoisse un peu. Arriverons-nous à nous en sortir cette fois ? Ou faudra-t-il hurler pour être libéré ?
En fin de partie, Manu trouve que “l’aventure est intuitive et fluide.”
En effet, les mécanismes sont en lien avec l’histoire. Marie, elle, a flashé sur le cadre : “les décors sont vraiment canon !”
La Lock Academy ne joue pas dans la demi-mesure et assure à tous les niveaux. La salle de jeu a été réalisée par un archi d’intérieur. Jean-Philippe de rajouter : “Parfois dans certains escapes, certains bossent plus que les autres. Alors qu’ici, tout le monde bosse.” Alexandre a adoré se faire surprendre. Il a dû mettre un peu d’ordre dans la répartition des tâches au sein du groupe dans les dernières minutes du jeu : “c’était un peu le bordel ! :-)” On est tous et toutes sortis crevés mais avec le smile. Preuve de l’efficacité encore de cette nouvelle aventure qui est programmée pour être à l’affiche 6-7 ans.
Debrief avec Rémy, un des concepteurs de cette aventure, avec Laurent et Océane (qui a participé au Casse du Siècle).
Il a à son actif près de 210 escapes testés (80-90 à Paris, le reste en France, Angleterre, Belgique…). Il a été game master pour une autre enseigne. “Je sais ce qui plait et ce qui ne plait pas aux joueurs.” Pour ouvrir cette adresse et concevoir les 3 nouvelles aventures :” On ne dort plus beaucoup mais on est très contents.”
Pendant les beta-tests, Rémy a pu remarquer que : “changer de cachette peut modifier la fluidité du jeu.” Preuve que tous les détails doivent être réfléchis pour que l’aventure soit au top de l’adrénaline.
Une fois de plus avec la Lock Academy, vous ne verrez rien venir !
Paris, 1889. De jeunes gens insouciants et désinvoltes vivent d’amour et d’amitié. Ils sont sans le sou mais possèdent l’envie furieuse d’être heureux. Bohème, notre jeunesse, c’est l’opéra de Puccini dans une version repensée, écourtée et accessible à tous et toutes. Énergique, élégante et incisive, découvrez à l’Opéra-Comique une œuvre pleine de génie où les liens entre deux époques pourtant différentes se font avec délicatesse et discernement.
Mimi est venue vivre à Paris où elle se prend à rêver en brodant. Dans la chambre de bonne attenante à la sienne, Rodolphe, Marcel, Colline et Shaunard écrivent, chantent, peignent ou composent de la musique. Leur effervescence prolifique n’a d’égale que celle d’une capitale en pleine mutation où la Belle Époque est à son apogée.
D’amours éphémères en amitiés sincères, d’un printemps lumineux à un hiver plus sombre, nous sommes transportés avec eux, au gré des rencontres, dans une vie de bohème où la candeur et l’impétuosité de leur jeunesse l’emportent sur quasiment tout…
Une interprétation moderne
L’opéra souffre auprès des jeunes d’une image un peu désuète. Le rajeunir, conserver son identité tout en essayant de le démocratiser, voici le pari lancé par Pauline Bureau et Marc-Olivier Dupin.
En proposant un format réduit d’une heure trente sans entracte, l’intrigue se devait d’être plus centrée sur l’intimité des personnages ainsi que leurs émotions. La partition rééquilibre également la place donnée aux personnages féminins. Alors que Mimi incarne la fragilité de la femme qui n’ose pas, Musette (la maîtresse de Marcel), elle, représente celle qui n’a peur de rien. Malgré leurs différences, un solide lien va se construire face à l’adversité.
Par ailleurs, la performance des artistes est comme le reste : dynamique. Ils ont l’âge de leurs personnages et l’énergie allant avec !
La scénographie est astucieuse. Une structure mobile s’adapte en fonction des décors et tout se fait sur scène. Ainsi, de la neige tombe en hiver tandis que la chaleur du soleil semble irradier lors de scènes estivales… La lumière, le recours à la vidéo et à des effets spéciaux surprennent et satisfont pleinement. Tout est fait pour accentuer le vécu des personnages. Passé, présent, où sommes-nous ? Un peu entre les deux. Nous traversons des époques qui communiquent, s’éclairent et se complètent.
De ce fait, l’opéra est terriblement actuel sans en retirer le sens, la musique où l’écriture voulus par Puccini.
Un outil pédagogique
Et si l’opéra sortait des murs pour mieux se faire connaître ?
C’est pourquoi ce spectacle va; de par sa vocation, son format et sa lecture contemporaine, voyager à la rencontre d’un nouveau public éloigné de l’opéra pour des raisons géographiques, culturelles ou économiques. Une tournée est déjà prévue en Normandie ainsi que des représentations dans des lycées franciliens.
En tout cas, voir Bohème, notre jeunesse est une occasion qu’il faut absolument saisir… Nous souhaitons une très belle route à ce spectacle ayant trouvé la clé essentielle pour faire perdurer l’opéra : exprimer son époque.
Bonus : surtitrage en français ET en anglais tout au long de la représentation !
Mise en scène, adaptation et traduction : Pauline Bureau
Adaptation musicale : Marc-Olivier Dupin
Direction musicale : Alexandra Cravero
Orchestre : Les Frivolités Parisiennes
Avec : Sandrine Buendia, Kevin Amiel, Marie-Eve Munger, Jean-Christophe Lanièce, Nicolas Legoux et Ronan Debois.
Les 13 et 17 juillet 2018 à 20h, matinée le 15 juillet à 15h
Si la vie tumultueuse de Louis II de Bavière vous est inconnue, rendez-vous à Avignon off 2018 ! Vous serez fasciné par le côté avant-gardiste et la personnalité tourmentée de ce monarque. Plus qu’un récit biographique, Olivier Schmidt signe un portrait tendre, enivrant et bouleversant de celui qu’on nommait le « roi perché ».
À tout juste 18 ans, Ludwig accède au trône de Bavière. Il doit faire face à une crise politique risquant de changer à tout jamais l’avenir de son pays… À la compagnie de ses ministres, il préfère celles de Richard Wagner, son amour inconditionnel, d’Élisabeth d’Autriche, sa cousine qu’il admire profondément et de jeunes hommes avec lesquels il se donne et s’abandonne, au grand désespoir de sa mère désirant lui imposer un mariage conforme au protocole, qu’il rejette…
Ludwig est un homme libre, fantasque et lunaire se laissant dominer par ses passions destructrices dont certains proches abusent… Il va connaître la splendeur puis l’abandon, l’amour et ses désillusions, la défection des siens, la fourberie des autres, la folie et la trahison…
Avec ferveur, énergie et sans surjouer, les comédiens abordent des thèmes de la vie du souverain dont l’écho reste terriblement actuel : le droit à la différence, les enjeux du pouvoir, la liberté sexuelle et morale.
L’aspect intime et enveloppant dû à la mise en espace du théâtre ne fait qu’accentuer l’intensité de l’œuvre. Quant à l’interprétation des comédiens, c’est juste un délice que de les voir évoluer sur scène ! Du partage, une belle complicité, un plaisir évident et beaucoup de talents. Vous ajoutez une mise en scène moderne et dynamique et vous obtenez Ludwig : un excellent moment de théâtre !
Le gros diamant du Prince Ludwig, une grosse prod avec décors, costumes, effets spéciaux, cascades, musique en live. La dernière création des Faux British, Molière 2018 de la meilleure comédie, revient cet été au Théâtre Le Palace.
Attention : c’est absolument immanquable, jubilatoire et inventif.
L’Amérique des années 50, un fond d’histoire de gangsters mais où tous les protagonistes sont de véritables bras-cassés. Une histoire d’amour bancale entre un pickpocket et une jeune fille vénale dont le père, banquier, est un retord…
Et surtout des mouettes facétieuses…
C’est la bonne et jouissive trame de la pièce Le gros diamant du Prince Ludwig.
Inventif à souhait !
La pièce débute par un dialogue désopilant avec comique de répétition mais qui fait craindre la suite. Un peu trop insistant…
Mais tout est affaire d’écriture, de rythme et de connivence avec le spectateur.
Les Faux British prennent le temps d’installer leurs personnages et l’intrigue avant de nous en envoyer plein les yeux.
Ce léger temps mou de la pièce, le premier quart d’heure, peut dérouter le spectateur mais est vraiment important pour la suite de la pièce. Chaque petit instant de vie des personnages sera utile pour des situations à venir…
Du grand spectacle ! Cette pièce est physique. La plupart des interprètes changent de rôles, de costumes d’une scène à une autre. Il y a des cascades sur un lit, dans les airs. Les portes claquent, les mal-entendus s’étendent en des quiproquos savoureux d’humour et d’énergie. L’univers du cinéma américain des années 50’s (évasion, montage d’un vol, histoires d’amour, amant dans le placard, braquage…) servent à merveille cette géniale parodie. La mise en scène est inventive réservant de géniales trouvailles et des running gags poilants.
La séquence du bureau fait preuve d’une inventivité visuelle réellement scotchante. Et désopilante ! Mention spéciale pour la bande-son jouée live avec chansons 100% originales.
Un casting parfait !
Aucun personnage ne sort du lot audétriment d’un autre. Que ce soit le pauvre stagiaire de 60 ans ou le taulard à blouson noir, la jeune première et ses prétendants, le pickpocket amoureux aussi touchant que naïf mais toujours capable de se faire passer pour un autre, presque comme un caméléon. Sans oublier la mère attentionnée mais aussi délurée ou le complice à la grosse case en moins.
C’est fougueux de bout en bout.
Et c’est tellement rare pour ne pas courir voir ce spectacle !
Le gros diamantdu Prince Ludwig
de Henry Lewis, Jonathan Sayer et Henry Shields
mise en scène : Gwen Aduh
adaptation française : Miren Pradier et Gwen Aduh
à partir du 19 juillet 2018
du jeudi au samedi à 20h
@ Le Palace
8, rue du Faubourg Montmartre
75009 PARIS