Stéphane Thidet nous avait glacé les corps avec une installation de bois gelé sur le parvis de l’Hôtel de Ville à Paris pour la Nuit Blanche 2016.Cette fois, il nous rapproche de la Seine et crée un nouveau rapport avec le fleuve.Détournement à la Conciergerie est aussi spectaculaire que surréaliste, poétique que photogénique.
Détournement aussi visuel que sonore
Alors oui c’est barré, sacrément perché, déconcertant, voire inutile et artificiel pour certains.
Mais il faut vraiment passer les portes de la Conciergerie pour avoir matière à parler et/ou critiquer cette œuvre originale.
Pour nous, le concept est amusant, curieux, audacieux. On s’est plu à redécouvrir le monument que l’on fréquente à chaque événement ces dernières années.
Cascade lumineuse dans la salle des Gardes, lumière tamisée, cours d’eau calmé, reflets, duo pierre/bois du meilleur effet…
Il y a vraiment matière à s’émerveiller, à contempler et à photographier. L’œuvre a été conçue comme “un jeu d’enfants” par l’artiste évoquant ces constructions de petits barrages en brindilles de bois et autres prouesses rudimentaires quand on a la chance d’avoir une rivière à proximité.
Stéphane Thidet s’attendait à ce que “la Seine soit plus colorée“. Mais elle est changeante, elle fait de la mousse, charrie du sable et change aussi de couleur selon les jours. Il a eu le temps de l’observer de près : “les 15 derniers jours, nous avons travaillé nuit et jour.”
Une folie administrative !
Détournement est une pure folie, “une aventure administrative” pour Philippe Bélaval, Président du Centre des monuments nationaux. En effet un nombre d’autorisations important a été nécessaire, sans compter les précautions sanitaires. Il sera effectivement impossible d’effleurer l’eau à portée de main.
Et le comble : il serait plus compliqué de rendre l’eau au fleuve que l’inverse, l’en extraire. La Conciergerie offre des instants créatifs, des dialogues originaux avec des artistes, tout en faisant la part belle à l’histoire.
Le prochain rendez-vous se penchera sur une occupante célèbre : Marie-Antoinette. L’exposition évoquera l’incarcération, la mort et la postérité de la Reine de France.
Détournement installation de Stéphane Thidet
jusqu’au 31 août 2018
à la Conciergerie 2, boulevard du Palais
75001 PARIS
Tél. 01 53 40 0 80
Horaires :
ouvert tous les jours de 9h30 à 18h
Nocturne de la Conciergerie : le 19 mai jusqu’à 23h30 Nocturne de Détournement : les mercredi 9 mai et 6 juin jusqu’à 21h
Des pass pour 2 pour découvrir cette installation incroyable sont à gagner ici même. Avec un totebag griffé Centre des monuments nationaux pour 2 d’entre vous.
Il suffit de remplir le formulaire pour participer au tirage au sort.
Guernica est une vraie icône artistique du 20e siècle. Cette toile qui raconte l’Histoire, a elle aussi sa propre histoire.
C’est cette histoire que le Musée Picasso Paris nous propose de découvrir : de la genèse par Pablo Picasso à l’inspiration qu’elle suscite auprès des artistes contemporains. Une expo épatante !
La genèse : une ode au peintre
En mai 1937, une Exposition Universelle doit se tenir à Paris.
Le gouvernement espagnol souhaite faire de son pavillon une arme symbolique pour défendre la République vacillante face à Franco. Divers artistes sont contactés dont Pablo Picasso qui se voit doter d’un espace monumental de 3,49 m x 7,76 m.
Loin de vouloir politiser sa toile, le thème de l’œuvre est “le peintre et son modèle”.
Tout bascule le 26 avril 1937 avec le bombardement de la ville basque de Guernica par les nazies, alliés des franquistes.
Picasso réagit immédiatement. La mise sur toile de cet évènement sera exécutée en un temps record, entre le 10 mai et le 4 juin.
Lors de l’inauguration du pavillon espagnol le 12 juillet 1937, Guernica se dévoile au public parmi les œuvres de Miró, González ou Calder.
Après cet événement, la toile fera le tour du monde. Des expositions qui serviront à lever des fonds pour les républicains espagnols.
Cette création marquera ainsi l’engagement politique de Picasso.
Avec Franco au pouvoir au sortir de la guerre, Picasso refusera que sa toile retourne en Espagne avant la chute du dictateur. Guernica sera donc de retour sur le sol hispanique qu’en 1981. Elle ne l’a plus jamais quitté depuis.
Guernica : l’émotion de la création
Vous comprendrez alors que la toile n’est pas présente dans cette exposition. Dommage… Mais La Joconde, elle non plus, ne quitte plus le Louvre (et elle est beaucoup plus petite…😉 ).
C’est une reproduction (un peu plus grande que l’originale) qui nous accueille. Elle ouvre le parcours de 12 salles qui nous plonge dans le contexte de création.
Le Musée Picasso nous offre une exposition intelligente, claire et simple pour appréhender cette période emblématique de Picasso.
Et exceptés les férus d’art, peu de gens connaissent en détail la véritable histoire de Guernica, ses prémices et ses influences.
Dans chaque salle, on se confronte à l’art du maître espagnol, souvent en noir et blanc (crayon, encre de chine ou eau-forte) mais aussi en couleur avec des toiles qui marquent un aspect essentiel de la création de Guernica.
On découvre aussi des pièces peu connues comme ces quelques strips (sorte de bande dessinée) de Songe et mensonge de Franco.
On croise la vie sentimentale de Picasso avec Dora Maar qui immortalise la création la toile mais qui influence aussi son art en mode politique.
C’est tout aussi frappant de voir ces œuvres hommages à Guernica qui ponctuent la visite et mettent en perceptive l’aura que ce tableau a dans le monde. Un vrai symbole.
Guernicaest une exposition didactique qui montre qu’une œuvre majeure ne peut être créée sans un contexte particulier et traversée par de multiples influences.
Les expos du Jardin du Luxembourg sont le plus souvent l’occasion d’en prendre plein les yeux, à travers des voyages en photographies. AvecOrigines d’Oliver Grunewald, on se prend une grande claque visuelle. Énergie, couleurs, passion et écologie sont les maitres-mots du photographe.
En 80 photos, c’est une rétrospective de 35 ans de travail qui s’affiche sur les grilles du Palais du Luxembourg, pour un projet né il y a 7 ans.
Origines : la Nature dans l’obturateur
Après ses études aux Gobelins, il a fallu peu de temps à Olivier Grunewald pour se rendre compte que c’était la nature qui l’obnubilait avant tout.
Cette expositionOrigines, est l’occasion de mettre en avant sa passion pour les forces de la Nature, les énergies de la Terre et les beautés géologiques.
A travers 35 ans de reportages, avec des clichés réalisés en argentique à la chambre photographique jusqu’au numérique pour ces dernières années, le photographe transcende les forces de la nature.
Et ce n’est pas un exercice facile, même en mode 2.0.
Mais l’artiste applique toujours sa devise : “La photo c’est une tranche de vie” : attendre le bon moment, la bonne ambiance et la bonne lumière, même en numérique…
Toucher et capturer un instant unique.
“Ce qui est fascinant, c’est de voir que la Terre vit”
Et avec Olivier Grunewald, on reste bouche-bée face à ces décors qui vivent, vibrent !
Il faut dire aussi que les tirages réalisés par le labo Phidap sont magnifiques. Sur certaines photos exposées, on a la sensation de relief alors qu’elles ne sont qu’en 2D. Les contrastes noir/couleurs sont bluffants.
#Exceptionnel !
C’est fou d’être si proches de la force de la nature par ces images, et c’est si rare d’avoir quasiment des frissons devant des vues si énergiques et si humblement réalisées.
Avant tout c’est l’humanité du photographe qui séduit. Lui qui est l’un des 3 ou 4 spécialistes mondiaux de la photo de volcan et force le respect : “avec la nature, on est hors de notre contrôle.”
Et pour ceux qui ne pourraient venir à Paris, rendez-vous sur le site dédié. #Classe
Exposition Origines
de Olivier Grunewald
du 17 mars au 15 juillet 2018
Grilles du Jardin du Luxembourg
Rue de Médicis
75006 Paris
Tout droit exhumé des réserves du Cabinet des Dessins et des Estampes du Musée du Louvre, Israël Silvestre acquiert une nouvelle aura. Cet artiste dont les gravures remplissent tous nos livres d’Histoire retrouve avec cette exposition une dimension qui lui est inconnue : le dessin. Cet accrochage a permis aux commissaires de l’exposition de nous révéler l’œuvre d’Israël. Et alors de découvrir des pépites, mais aussi de réattribuer à d’autres des dessins qui lui étaient dévolus. Un vrai travail de fond, pour une œuvre fine et détaillée.
L’exposition suit la carrière d’Israël Silvestre, tout en mettant en lumière les différentes étapes de sa vie d’artiste graveur-topographe.
Une visite sous le regard des commissaires Bénédicte Gady du musée des Arts décoratifs, et Juliette Trey du Musée du Louvre : “Israël Silvestre est quelqu’un qui embrasse tout ce 17ème siècle et ses évolutions. Notamment les mentalités qui vont passer de la monarchie à l’absolutisme sous Louis XIV.“
Un œil neuf pour un style personnel
Parmi les 113 dessins qui lui sont pour le moment attribués, 70 sont visibles dans cette exposition.
Et avec Israël Silvestre, on traverse divers univers.
Sa plus grande innovation pour l’époque : se détacher des conventions.
Il n’hésite pas à recomposer ces dessins pour faciliter la vue du spectateur, comme déplacer un peu les bâtiments pour arranger l’espace. Il joue aussi sur les contrastes de lumière : un premier plan sombre versus un arrière-plan plus clair. Souvent, il invente des effets esthétiques en créant un premier plan qui n’existe pas dans la réalité afin de donner du relief au dessin.
Un sens du détail, témoignage flagrant de la vie du 17ème siècle
Il y aurait beaucoup à dire sur le travail d’Israël Silvestre.
Sur ses croquis d’architecte du Palais du Louvre qui illustrent la vie parisienne, sur ses scènes de bals masqués (les premiers à la cour de Louis XIV), sur ses descriptions des bosquets des jardins de Versailles…
Mais c’est pour des travaux plus singuliers, ignorés de beaucoup de spécialistes que cette exposition vaut aussi le détour : “les vues de l’Est“.
En 1765, à la demande de Colbert, Silvestre s’en va faire des relevés topographiques des dernières conquêtes du Roi.
Des dessins en formats gigantesques pour l’époque, que les recueils découpent en 4 ou 5 pages. Des croquis qui comportent des indications de mise en couleur pour une application future (blé blond, bleu léger…), que l’artiste fera lui-même en aquarelle.
Mais surtout un point de vue toujours unique et original.
Et ces Vues de l’Est, sans légende dans le fond du Louvre, ont nécessité un travail d’identification pour l’exposition.
Israël Silvestre et autres erreurs
Cette exposition a permis aussi de lever le voile sur quelques erreurs d’attribution.
Certains dessins longtemps alloués à Israël Silvestre et édités en tant que tels à l’époque, ont retrouvé leur auteur : Adam Pérelle ou Jean-Baptiste Alexandre Le Blond.
Pourtant, à l’œil, les styles sont bien distincts : une “vue d’oiseau” pour l’un et aucune présence humaine pour l’autre. Mais les traits sont tout aussi acérés, bluffants et les dessins francs et uniques.
L’autre incongruité de cette exposition c’est un dessin qui a longtemps été crédité à Israël Silvestre mais qui, en réalité, avait été exécuté par le Dauphin du roi. Jusqu’à ce que l’original ne soit trouvé.
Cette France du 17ème révèle un véritable talent du trait, de la couleur, du détail, de la mise en avant de l’architecture et de la vie : Israël Silvestre.
Une exposition à voir sans retenue et sans attendre !
Exposition : La France vue du Grand Siècle
Dessins d’Israël Silvestre
Du 14 mars au 25 juin 2018
Horaires :
Tous les jours sauf le mardi, de 9h à 18h
21h45 les mercredis et les vendredis
La Saint-Chapelle du Château de Vincennes accueille exceptionnellement une cinquantaine d’inconnues. Des Détenues qui sont passées devant l’objectif de la photographe Bettina Rheims.
Une série de face-à-face avec les visiteurs aussi troublants, touchants, intrigants qui se dévoilent dans une très belle scénographie.
Ce jeudi matin de vernissage, les rayons de soleil jouent avec les vitraux et les pierres de la Saint-Chapelle. Le monument récemment restauré est le cadre d’un recueillement un peu particulier.
Les portraits des Détenues de Bettina Rheims sont installés dans des sortes d'”oratoires“, voulus par l’artiste et son scénographe.
Ce qui trouble c’est que le milieu carcéral est totalement effacé des épreuves photographiques qui nous font face. Bettina Rheims confirme : “Rien ne dit la prison dans mes photos. J’aurais pu les photographier dans des cellules, dans les couloirs. Ce sont des portraits de femmes presque normales.”
“J’ai eu l’impression d’être utile en prison”
Bettina Rheims a rencontré plus d’une centaine de femmes. Certaines ont refusé d’être photographiées car leur famille ne sait pas, pense qu’elles sont en voyage.
Pour celles qui ont accepté, les motivations ne sont pas toutes identiques : elles ont voulu la photo soit pour elles, soit pour leur famille, leurs amis, soit pour s’en servir à leur sortie de prison, pour rencontrer quelqu’un, par exemple. Toutes étaient impatientes de recevoir leur portrait offert par l’artiste.
L’espace réduit pour installer le studio photo a imposé une proximité totale entre la photographe et ses modèles.
“J’avais ma photo assez vite. Mais je prolongeais le moment. Je passais une heure avec chacune. Elles m’ont beaucoup parlé et elles m’ont toutes dit ce qu’elles avaient fait.” Mais à aucun moment l’artiste a posé un jugement sur l’une d’entre elles.
Toutefois, elle a eu besoin de retranscrire les mots qu’on lui avait confiés en rentrant à l’hôtel avec sa journée de shootings. Certains extraits de ces échanges sont intégrés dans l’exposition. Impossible en revanche d’en connaitre son auteure, ils sont anonymes.
Ce projet interroge sur la féminité. Certaines modèles n’ont pas voulu se maquiller car “on se maquille quand on a un amoureux. Ici, il n’y a pas de plaisir“. D’autres ont pioché dans la modeste garde-robe que Bettina Rheims apportait en prison.
“Je suis quelqu’un de libre, je ne veux pas que l’on m’enferme”
Bettina Rheims confie et dit sa peur de la prison avant d’y rentrer la première fois. Elle a pourtant accepté la proposition de Robert Badinter d’aller à la rencontre de ces femmes “que plus personne ne regarde, qui sont laissées à l’abandon.”
A son tour, la photographe a été fouillée, s’est fait confisquer son téléphone. Elle a entendu les verrous se fermer les uns après les autres derrière elle.
Une fois passée cette première journée, elle est retournée à la rencontre d’autres femmes, dans d’autres prisons. “J’ai passé un hiver en prison. J’aurais pu continuer ce travail.”
Détenues est une expérience inédite et hors normes par son sujet et le lieu qui l’accueille.
Horaires :
ouvert tous les jours
de 10h30 à 13h et de 14h à 16h30
Détenues
(Editions Gallimard) c’est aussi un livre d’une soixantaine de photographies avec la participation de Robert Badinter et Nadeije Laneyrie-Dagen.
Voyager, s’ouvrir au monde, le rencontrer dans le but de mieux l’appréhender, tel a été le fil conducteur de la vie d’Émile Guimet. Touché lors d’un séjour en Égypte par ce lieu de tous les possibles, il décide d’entreprendre avec Félix Régamey un périple de dix mois à travers l’Asie. Avec Enquêtes vagabondes, le voyage illustré d’Émile Guimet en Asie, le Musée Guimet revient sur la formidable épopée menant à sa création.
Un esprit curieux
Riche industriel, Émile Guimet est avant tout un philanthrope éclairé et collectionneur d’art. Lors d’un voyage en Égypte, il eut une révélation. Les objets découverts là-bas le fascinaient. Muets, ils portaient en eux un héritage inestimable. C’est pour cela qu’il décida de partir à la rencontre d’autres civilisations archaïques. Son regard s’est posé vers l’Inde, la Chine ou le Japon.
Se trame alors un projet visant à découvrir des religions inconnues pour les mettre en lumière auprès du public occidental. Pour les comprendre, il rapporte des souvenirs et réalise des carnets de voyage. Félix Régamey, peintre, se joint à l’aventure en faisant des esquisses qu’il retranscrira par la suite en tableaux.
Ces deux hommes anticonformistes vont alors vivre «dix mois qui éclaireront tout le reste de nos vies».
Enquêtes Vagabondes : une collection fascinante
Au cours de l’exposition, nous suivons pas à pas les pérégrinations de ces touristes précurseurs. D’abord le Japon, puis la Chine, Singapour, Ceylan et enfin l’Inde. Grâce aux notes, tableaux ou de précieuses photographies, nous découvrons des scènes de la vie quotidienne et religieuse de ces différentes cultures authentiques au 19ème siècle.
Parmi les nombreux objets religieux ou d’art rapportés, vous découvrirez des merveilles. Notamment l’éblouissante réplique du Mandala de Toji de Kyôto…
Il n’est pas évident de tisser des liens avec les populations rencontrées, car elles restent méfiantes. Mais la curiosité bienveillante de Guimet et Régamey finira par délier les langues des autochtones, livrant leur histoire, parfaitement retranscrite.
«Je t’écris du pays des rêves. Quand je t’aurais dit que ce que nous connaissions par les images était bien loin de la réalité ?!! C’est un enchantement perpétuel.» Félix Régamey.
À leur retour, c’est assez naturellement qu’Émile Guimet souhaite créer un lieu pour exposer ses découvertes. D’abord à Lyon puis à Paris, c’est ainsi que le Musée Guimet ouvre ses portes et continue aujourd’hui encore le travail d’ouverture et de partage initié par son fondateur.
Le perpétuel bouillonnement de Paris en fait tout son charme. Cependant, il est parfois nécessaire de s’en éloigner l’espace d’un instant afin de pouvoir l’apprécier à sa juste valeur. Située à 30 minutes de Paris en RER à Yerres, la Propriété Caillebotte semble convenir parfaitement à ce genre d’échappée belle ressourçante. Voici 3 bonnes raisons de vous y rendre !
Sur les pas de la famille Caillebotte
Acquise en 1860 par les Caillebotte, cette résidence de villégiature servait de refuge, loin de l’agitation du Paris en pleine mutation haussmannienne.
Conçue dans un style néo-classique avec un aménagement intérieur fastueux, la maison a bien failli disparaître. Laissée à l’abandon, il aura fallu pas moins de 20 ans et la ténacité de la municipalité pour lui restituer sa splendeur d’antan.
Ainsi, vous êtes plongés dans une maison de la bourgeoisie française célébrant l’art de vivre au XIXe siècle. Avec le concours du Mobilier National, les différentes pièces sont richement aménagées dans un style Charles X et Restauration. À l’étage, les salles muséales interactives retracent l’histoire de la famille Caillebotte. Vous sentirez enfin la présence de Gustave dans son atelier où quelques toiles sont exposées.
En outre, il existe une anecdote assez incroyable concernant la chambre à coucher Empire. Vendue en 1962, elle a été retrouvée dans une vente aux enchères en 2016 par un fabuleux hasard !
Un vaste parc parsemé de fabriques
Avec pas moins de 89 toiles peintes dans la propriété, Gustave Caillebotte s’est largement inspiré de son parc. Effectivement, comment ne pas être influencé par les arbres remarquables (certains sont aujourd’hui classés) ou le potager ? Mais aussi par les nombreuses fabriques (constructions pittoresques) et l’Yerres jouxtant la propriété, incitant au voyage.
Sophie, rencontrée avec ses 3 petits-enfants en parle le mieux : «Habitant dans un appartement parfois étouffant, c’est une chance de pouvoir s’évader dans cette bulle de verdure en plein milieu de la ville. Il y a toujours quelque chose à découvrir !»
Bonus : Une visite guidée numérique ! À l’aide de la réalité augmentée, nous pouvons comparer des tableaux de l’artiste avec le décor actuel. De plus, nous en apprenons davantage sur l’agencement du parc, les œuvres d’art contemporain implantées dans le jardin ou l’utilité des différentes fabriques.
Exposition temporaire Octave Guillonnet
Artiste reconnu en son temps, Octave Guillonnet a marqué la IIIe République par son foisonnement artistique. Peintre, décorateur, ensemblier ou illustrateur, il a reçu de nombreuses commandes prestigieuses mais aussi d’État.
Saviez-vous par exemple que nous lui devons le plafond de la salle des fêtes de la mairie du XVe arrondissement de Paris ?
C’est pour cela que la propriété Caillebotte lui rend hommage dans son orangerie avec l’exposition À la recherche de la lumière. Par sa façon de transposer sur toiles la beauté de femmes, de paysages ou de portraits, c’est une véritable ode qui s’offre à nous.
Sa singularité dans la perception de la lumière vient du fait qu’il ne se sert pas uniquement de son intensité ou de sa vibration dans l’air. En effet, il arrive à en saisir les différents contrastes. Venez découvrir le résultat, c’est remarquable…
Depuis 2015, la propriété Caillebotte est une étape du trajet «Destination impressionnisme : Paris Île-de-France – Normandie», vous devinez maintenant pourquoi !
Une sélection de 12 chefs-d’œuvre du Suermondt-Ludwig-Museum d’Aix-la-Chapelle est à découvrir au Musée des Beaux-Arts de Reims jusqu’au 31 décembre. Des natures mortes qui, aussi surprenant que cela puisse paraitre, ont des secrets à vous révéler.
Autant être honnête, la nature morte n’est pas du tout un sujet de prédilection. Mais la présentation que nous a faite la Directeur et la Conservateur du Musée des Beaux-Arts de Reims ont réussi à éveiller ma curiosité et mon intérêt. A ma surprise, il y a des sens cachés dans les natures mortes, qu’il est difficile de déchiffrer sans le regard d’un initiateur.
Un simple bouquet de fleurs en apparence révèle ses secrets. La Vierge est symbolisée par la rose alors que la mort et Jésus sont évoqués par la présence de la jacinthe.
Le souci du détail du peintre l’a conduit à exécuter le reflet d’une fenêtre sur le verre du vase. Saisissant !
À quelques pas, la Vierge et l’enfant entourés d’une multitude de fleurs doit aussi une pleine observation avec notamment un choix d’insectes. Et surprenant : la guirlande de fleurs étant plus importante en proportion que les deux sujets, la toile est considérée comme nature morte.
Dans la seconde salle, un paysage avec des oiseaux diurnes à leur branche. Au centre, une chouette énigmatique.Un œil distrait ou peu motivé ne verra pas que les oiseaux sont englués. Et que le responsable de cette scène est l’homme en arrière-plan qu’il faut apercevoir.
Une autre toile étrange représente un coq et une pierre précieuse. Elle illustre une allégorie d’un autre temps. L’impossible rencontre entre l’animal qui cherche du grain à manger et une pierre qui n’a d’intérêt que sur un bijou et à être admirée.
Avec ces chefs-d’œuvre néerlandais vous reconsidérez avec plaisir votre approche de la nature morte.
Exposition Chefs-d’œuvre néerlandais du Suermondt-Ludwig-Museum d’Aix-la-Chapelle
Beau doublé, Monsieur le Marquis (qu’il est long ce titre pour le web 😉) est la nouvelle expo de Sophie Calle au Musée de la Chasse et le Nature. Accompagnée de l’artiste Serena Carone, les deux femmes proposent aux visiteurs une déambulation très personnelle.
Un Beau doublé en clin d’œil à une publicité pour une cartouche de chasse dans les années 70. Un Beau doublé pour la mise en parallèle de deux artistes.
Une rétrospective du travail de Sophie Calle inédite depuis 2003 !
Pour faciliter votre visite : les interventions de Sophie Calle sont toujours des objets existants (photos, objets personnels…) et côté Serena Carone, ses œuvres créées, façonnées, faites à la main.
Les fantômes du rez-de-chaussée
Dès le début, Sophie Calle a choisi de recouvrir d’un drap la pièce majeure du musée : le majestueux ours naturalisé, afin de la rendre fantomatique. Juxtaposé à cette photo, un texte.
Elle a recueilli les impressions des collaborateurs du musée face à cet ours : leurs premières impressions, leurs peurs. Des phrases drôles, décalées ou très personnelles.
Avant de poursuivre la visite, il faut savoir que Sophie Calle a perdu son père il y a deux ans. Son père était son premier spectateur, son premier critique, son premier admirateur.
Cette exposition est une invitation du Musée de la Chasse et de la Nature de collaborer avec Sophie Calle.
Alors en plein deuil, l’artiste-photographe a perdu l’envie de créer. Elle est sèche. “On est parti sans savoir où l’on irait ensemble” nous confie Sonia Voss, la commissaire d’exposition.
La suite du rez-de-chaussée est une ode à ce retour à la création.
Malgré les fantômes qui entourent Sophie Calle, elle a choisi de mettre en avant des bouts de vie à travers ces Histoires vraies. Un concept simple : une photo et un texte qui remet l’image dans son contexte.
Sophie Calle a toujours voulu se faire enterrer au cimetière Montparnasse. Maintenant, c’est totalement impossible faute de place. Alors, elle parcourt le monde à la recherche de l’endroit idéal. Serena Carone lui propose de créer son propre mausolée : Deuil pour deuil.
Autour d’un mannequin, des animaux naturalisés viennent complétés le tableau. Ces animaux viennent de la collection personnelle de Sophie Calle.
D’ailleurs, elle les baptise tous ces animaux avec le nom d’un de ses proches. Et sur ce mausolée, sont placés ceux avec lesquels elle souhaiterait être enterrée, des amis ou des membres de sa famille déjà morts.
Mais la mort n’est pas que physique. Elle peut être intellectuelle et Sophie Calle y a été confrontée plus qu’elle ne voulait.
Et avec autant d’œuvres créées pour cette exposition, Sophie Calle a bien retrouvé l’inspiration.
Les Histoires Vraies du premier étage
Pour entrer pleinement dans cette exposition, il faut lire.
Prendre le temps de comprendre les jeux de mise en scène entre Sophie Calle et Serena Carone.
Ce n’est pas moins de 38 Histoire Vraies qui sont disséminées à cet étage.
Ce dialogue entre les deux artistes trouve une osmose totale avec la Rêveuse.
Dans la main de la sculpture de Serena Carone, une clef du Bristol.
Chaque fois que Sophie Calle passait devant cet hôtel avec sa mère, celle-ci faisait un signe de croix et lui demandait de rester silencieuse car “C’est ici que j’ai perdu ma virginité“.
Dans une alcôve du Cabinet de Diane, la Pleureuse de Serena Carone absorbe notre attention.
De cette superbe sculpture diaphane tombent des larmes de façon continue. On profite de ce temps suspendu.
Sophie Calle profite aussi de cette exposition pour inventer des dispositifs iconoclastes comme Le langage de la chasse.
Dans cette installation audio de près de 3 minutes, elle énumère laconiquement toute une ribambelle de termes cynégétiques.
Chirurgical mais décalé.
Un peu plus loin, on est face à une autre création de Serena Carone qui trouve toute sa mesure dans ce Musée de la Chasse et de la Nature : Ours.
Cette faïence émaillée est construite par l’assemblage de multiples morceaux.
En effet, Serena Carone est une autodidacte de la création.
Cet ours a donc été fabriqué dans son atelier à l’aide d’un four de 40 cm x 40 cm. On imagine donc facilement la débauche de travail dont il a fait l’objet.
C’est le moment de s’arrêter sur cette artiste.
Ses créations s’insèrent dans les vitrines, sur le mobilier, sans carton, sans information.
Un vrai jeu de piste artistique.
Et on a été bluffé par son talent, sa maîtrise de la matière. Cette pieuvre en faïence de de toute beauté tant elle semble vivante. Prête à capturer ses proies.
C’est donc dans chaque coin de pièce, dans chaque vitrine que la vie (romancée) de Sophie Calle nous capte.
On adore cette anecdote Voyage en Californie où un jeune Américain souhaite passer la fin de son deuil amoureux dans le lit de l’artiste.
Étant alors en couple, elle envoie sa literie complète à cet inconnu (sommier, matelas, draps…)
Difficile de faire la synthèse complète de cet étage riche en découvertes et en moments de vie.
Les relations amoureuses du 2e étage
On accède à cet espace avec une des œuvres majeures de Sophie Calle : Suite vénitienne.
Dans les années 80, la photographe suivait des inconnu(e)s dans la rue, un plaisir de détective, les photographiant à leur insu.
Un soir, lors d’une réception, elle se retrouve face à face avec un de ces inconnus. Il lui fit part “d’un projet imminent de voyage à Venise. Je décidai alors de m’attacher à ses pas“.
Dans ces 3 vitrines, est condensé le résultat de ce projet. Photos volées et textes.
Pour se rapprocher de ce côté invasif de l’artiste, Sophie Calle a choisi de compiler les annonces, mythiques, du courrier du cœur du Chasseur Français.
Elle agglomère donc ces annonces parues entre 1985 et 2010 en un tourbillon de mots touchant, drôle et parfois décalé. Petit à petit, elle y insère aussi les annonces du Nouvel Observateur ainsi que des échanges enregistrés sur l’appli de rencontres Tinder.
En ressort comme un dictionnaire des échanges amoureux pour des gens en perte de repère relationnel, en proie au désarroi amoureux.
Il en est de même avec la dernière pièce de l’exposition.
Ici, Sophie Calle a choisi de mettre en relation certaines de ses photos avec des textes d’annonces ayant uniquement un vocabulaire proche de celui de la chasse.
Beau doublé, Monsieur le Marquis est une exposition déroutante dans la forme. Il faut prendre son temps lors de la visite pour pénétrer l’univers commun de Sophie Calle et Serena Carone. Et, au final, vivre une parenthèse suspendue de création.
Beau doublé, Monsieur le Marquis
exposition de Sophie Calle
Artiste invitée : Serena Carone
jusqu’au 11 février 2017
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne le mercredi jusqu’à 21h30
C’est dans ses jardins que le château de Versailles nous invite à flâner pour la 10e édition de son exposition d’art contemporain. En collaboration avec le Palais de Tokyo, 17 artistes viennent magnifier les différents bosquets pour unVoyage d’hiver allant de la gloire de l’automne à la minéralisation orgueilleuse hivernale. Les œuvres accompagnent avec majesté la métamorphose naturelle du jardin, tout en confirmant son statut de vitrine pour artistes en tout temps.
Voyage d’hiver : une formule novatrice
Pendant neuf saisons, à la fin de l’été, le château de Versailles laissait le champ libre à un artiste contemporain pour s’exprimer en accord avec l’esprit du lieu. Cette année, l’exercice est confié à dix-sept artistes aux univers différents où se mêlent étonnement et fascination.
Une nouvelle temporalité s’installe, avec Voyage d’hiver, en choisissant la période allant des prémices de l’automne jusqu’à l’intensité hivernale. Pendant ce moment, la royale verdure se repose, loin du faste et de l’extravagance estivale, révélant une beauté presque inattendue. Ceci permet au visiteur d’avoir une expérience inédite en renouvelant ses émotions.
Une approche sensorielle
D’entrée de jeu, nous sommes soufflés par l’installation de Marguerite Humeau au bosquet de l’Arc de Triomphe. Ce sphinx monumental, se faisant la métaphore de l’équilibre fragile de notre rapport au monde, se trouve à la fin d’un labyrinthe végétal aux couleurs sanguines lui conférant un charme sans pareil…
Au bosquet du Dauphin, Dominique Petigrand fait se révéler la structure du lieu par 24 haut-parleurs diffusant un monologue entrecoupé de silences. En déambulant dans les couloirs de végétation, le message de l’artiste concernant la mémoire défaillante du temps qui passe nous fait écho…
Les tons ocres et orangés de l’automne servent autant les travaux de David Altmejd au bosquet des Trois Fontaines que l’hommage rendu par Mark Manders à la jeunesse éternelle au bosquet de l’Etoile.
Sheila Hicks, au bosquet de la Colonnade, utilise des bandes textiles colorées pour reprendre le cycle du temps, servant de transition entre la végétation étincelante et la mélancolie d’une nature en repos.
Le contraste entre l’austérité et l’aspect immaculé de l’hiver est parfaitement représenté par Rick Owens. En faisant se revêtir les statues du bosquet de la Reine d’une matière enveloppante, le présent préserve le passé des intempéries hivernales pour une identité future…
L’apothéose de ce circuit est «Bruit blanc», l’installation de Stéphane Thidet. La représentation post-apocalyptique d’une salle de spectacle abandonnée à l’aide d’éléments réfrigérants trouve totalement sa place dans le bosquet de la Salle de Bal. La vie en mouvement d’une époque révolue semble avoir été cristallisée par le temps et la glace. Le résultat est saisissant, autant frêle que spectaculaire…
Nous laissons à votre curiosité la découverte des autres œuvres à l’éclat tout aussi immodéré. 😉
En partant, n’hésitez pas à vous procurer le catalogue de l’exposition dans lequel Céline Minard vous livrera une dernière surprise !