Damon Albarn à l’affiche d’un festival est toujours un événement, qu’il soit accompagné des membres de The Good, The Bad and The Queen (2007) avec Blur (Fourvière 2009) ou en solo (Fourvière 2014). Malgré une carrière internationale – il revient d’une tournée américaine – l’humilité et la bonhommie de l’artiste surprennent et emballent les foules tel un dieu du stade.
22 heures pétantes extinction des lumières, lancement de la bande-son d’intro pour l’entrée de Damon Albarn et de ses musiciens que l’on devine gesticuler à travers un halo bleuté. Le chanteur lève devant son visage un tambourin avec le visuel de deux mains jointes.
Premier titre, Lonely Press Play, le génie de la pop made in England quadrille le devant de scène, tape dans des mains du premier rang, lève les yeux sur les gradins, sourit, captivant l’adhésion immédiate des spectateurs. Il arbore une croix blanche sur le jean noir pour montrer son soutien à la cause des intermittents du spectacle. Classe.
Look juvénile, Albarn est, avec Ewan McGregor, l’un des rares quadras sur lesquels les signes de fatigue ne semblent pas avoir prise.
L’artiste se met au piano pour entonner le premier extrait de son dernier album : Everyday robots.
Il asperge généreusement la fosse d’eau à la fin de Tomorrow comes a day, suivit de Slow Country. Il s’arrête pour partager son enthousiasme d’être là pour la 4ème fois à Fourvière : “Amazing !” Et de rajouter que chaque soir a un “mood” différent.
Le set permet d’accueillir de nouveaux membres sur le plateau. Comme ce jeune trompettiste islandais, fils d’une amie du chanteur pour Hollow Ponds et un ensemble de 6 choristes pour El Manana (Gorillaz).
Blur aura aussi droit de citer au cours de la soirée, avec une place de choix : un Out of Time au piano seul d’une rare intensité, suivi d’All Your Life.
Albarn file vite prenant le public par surprise, lui qui se préparait à une haie d’honneur de coussins.
L’artiste revient 5 min plus tard, provoque la foule pour la pousser à jeter un maximum de “pillows“. Déluge et délire sur Clint Eastwood (I’m happy) tonitruant.
Pour Mr Tembo, le chanteur devra se mettre à quatre pattes pour déblayer les pédales de son piano. Il rit. Vrai leçon d’humilité.
Les choristes reprennent place sur scène pour ne plus la quitter et accompagner un Albarn qui ne finit plus de magnétiser avec Don’t Get Lost in Heaven et le superbe Heavy Seas of Love – possible titre pour une comédie musicale – qui achèvent une soirée mémorable.
Un accident à la sortie du Théâtre Antique en a choqué quelques-uns : un trentenaire assis sur un rebord parle à sa voisine de Christophe Maé, après avoir reçu la claque Albarn.
Ce samedi soir lyonnais avait débuté avec un ovni, en la personne de Juana Molina. Une quinqua à queue de cheval entourée de pédales pour ses loops et autres platines à boutons. Bidouilleuse de génie, ses rythmes incessants ont dérouté et charmé tout à la fois.