La chanteuse Camille est aussi talentueuse que fantasque. Pas étonnant alors que son grain de folie se soit associé à la conception de La Tragédie du Belge, une pièce musicale rocambolesque reprise exceptionnellement au festival Les Traversées du Marais après avoir fait le bonheur du Théâtre La Loge et du Théâtre de Belleville à Paris.
La bande des Robins des Bois (époques Comédie ! & Canal Plus) vous manque autant qu’à nous ? Vous ne pensiez pas qu’il soit possible un jour de retrouver ce souffle insoupçonné de décalage, d’humour potache, de décors branlants, de prénoms improbables et d’intrigues inouïes ?
Bonne nouvelle ! Les 5 garnements qui composent la troupe et le chœur de ce spectacle joué et chanté (à cappella) sont de la trempe d’une Marina Fois, d’un Maurice Barthélémy, Jean-Paul Rouve…
Après tout, Robin Causse (le seul garçon de la troupe) n’aurait-il pas un faux air de PEF (Pierre-François Martin Laval) à moustache (photo non contractuelle) croisé avec Frank Dubosc ? À juger de sa pilosité, le garçon ne démérite pas face à ces deux monstres de l’humour qui se seraient pencher sur son jeu d’acteur. À confirmer bien entendu sur place lors de votre venue.
La tragédie n’en est pas tout à fait une. En tout cas, elle n’est pas suffisamment austère pour nous couper toute envie de rire. Bien au contraire.
Une femme, Olgac, se fait larguer par le Belge. Une fois la rupture consommée, les membres de sa famille rejouent le scénario de cet amour dévorant, foudroyant et pathétique. Poilant !
Les paravents servent de rideaux de scène cachant aussi bien les accessoires, les changements de costumes, que la faiblesse des moyens. On pourrait croire ce spectacle improvisé : il n’en est rien. La mécanique des changements d’acteurs pour composer un même personnage, le chœur qui prend l’eau alors qu’un balai est sollicité pour plusieurs fonctions – inouï ! – valent des moments de franche rigolade.
C’est bordélique, ça part en c… dans tous les sens du terme sans que les parties chantées ne perdent pour autant de leur poésie et de leur énigme à mesure que l’intrigue progresse.
Derrière l’écriture et la mise en scène se cache Sonia Bester plus connue comme gentille organisatrice de concerts intimes sous le pseudo de Madame Lune. Connaissant la qualité et discrétion de son accueil lors de ces soirées dont elle seule a le secret (à l’Eglise St Sulpice ou à la Cité Universitaire) il était bien difficile de deviner l’ouragan de fantaisie et d’audace qui sommeillait en elle.
La Tragédie du Belge
avec : Diane Bonnot, Robin Causse, Ava Hervier, Angèle Micaux, Géraldine Martineau, en alternance avec Sophie Tzvetan
texte de Sonia Bester
mise en scène : Sonia Bester & Isabelle Antoine
Dramaturgie : Sonia Bester, Diane Bonnot, Isabelle Antoine
Direction musicale, arrangements et compositions : Camille
le dimanche 13 septembre 2015 à 15h30
au Salon des Mariages – Mairie du IV
(au lieu du Jardin des Rosiers)
1 Place Baudoyer, 75004 Paris
dans le cadre du festival Les Traversées du Marais
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