Mon beau-père est une princesse au Théâtre du Palais Royal : un petit bijou de tendresse avec un Michel Aumont sous un tout autre jour, étonnant.
Ce pourrait être le début d’un week-end agréable. Mais Rémi est prêt à tous les risques pour déclarer sa flamme à la personne la plus rétive qui soit au sujet de l’amour entre hommes: son beau-père, Michel.
En revanche, ne croyez pas que l’annonce est l’enjeu de la pièce. Le basculement opère dans l’insidieuse parade amoureuse qu’opère le gendre sur le père de sa femme. On est face à un flagrant-délit de manipulation: le but étant de piéger le patriarche à chaque occasion pour le faire céder à un peu plus de sensibilité. L’éveil des sens est en jeu. Et Rémi est prêt à tous les arguments – de belles trouvailles – pour arriver à ses fins.
L’écriture est très bien menée. Les situations permettent des scènes d’anthologie entre un Didier Bénureau jouant la séduction face à Jean-Pierre Aumont dont la carapace semble se fissurer.
Mon beau-père est une princesse renouvelle le genre en matière d’histoires d’hommes que tout oppose.
Et, avouons, nous pensons plus à Tenue de Soirée de Blier qu’à La Cage au Folles de Poiret.
Mais les femmes ne sont pas en reste dans cette histoire. La fille de Michel, Aude, est hilarante dans sa tentative d’interprétation des éclats de son père. Alors que Micheline, son épouse est plus tolérante et complice qu’il n’y paraissait.
Claire Nadeau offre une belle interprétation tout en malice et légères provocations.
Nous avons saisi l’occasion au vol pour poser à l’inoubliable interprète de La Divine Miss V quelques questions sur la pièce.
INTERVIEW de CLAIRE NADEAU
United States of Paris: Qu’est-ce qui vous a incitée à accepter le rôle? La pièce ou Bénureau ?
Claire Nadeau: Les deux, mon capitaine ! En fait, j’admire beaucoup les spectacles de Bénureau. Ils sont grinçants, insolents. Quand il m’a proposé faire des lectures pour qu’il puisse trouver un théâtre qui accueillerait la création, j’ai accepté volontiers. D’autant que je trouvais le thème très drôle, originale et décalé comme son auteur. Au fil des lectures et une fois la pièce acceptée par le Théâtre du Palais Royal, je me suis dit que c’était naturel de participer à cette jolie petite aventure. Donc, j’ai accepté principalement pour Bénureau, ensuite pour la pièce et enfin pour le lieu qui est fort joli.
UsofParis: Micheline, votre personnage, semble avoir été taillée pour vous. Est-ce le cas ?
Claire: Elle ne l’est pas ! (rires) C’est le miracle des acteurs. En fait, il y a certains aspects que je ne comprenais pas dans mon rôle.
Je demandais à Bénureau ” pourquoi elle fait ça ? ” et il me répondait: “ma belle-mère est comme ça !” (rires) Donc, ça devait être cohérent au juste.
UsofParis: Est-ce qu’une scène a été plus difficile pour vous à jouer ?
Claire: Oui, le solo de danse, par exemple, n’est pas ma spécialité (rires). J’ai beaucoup peiné.
Beaucoup peiné pour ce petit mambo, qui est l’expression de ma fantaisie. Mais qui est surtout nécessaire pour permettre à Michel Aumont de changer de costume. C’est une sorte d’intermède dans un ciné. Pas le truc le plus glamour… Mais au fil des représentations on s’y fait.
UsofParis: Vous allez finir par y prendre goût !
Claire: Allez savoir ! (rires) Si j’arrive à le faire en rythme sur la musique, ce sera déjà un gros point d’acquis. Et ce n’est pas le cas tous les soirs…
UsofParis: A partir de quel moment prenez-vous du plaisir sur scène ?
Claire: J’aime quand les représentations commencent. Surtout pour une comédie, la fin des répétitions peut être pénible, car on joue dans le vide, sans les rires. Et nous sommes seuls.
Mais on a toujours l’impression lorsque l’on débute un spectacle que l’on est au maximum de ce que l’on peut faire à ce moment-là. Et puis petit à petit, on s’aperçoit que l’on peut s’améliorer.
En fait, je suis toujours contente. (rires).
Et au bout de plusieurs, on peut se dire: “pourquoi je ne l’ai pas fait plus tôt?”
UsofParis: Quel message en sortie de scène vous a amusée ?
Claire: Côté public, nous rencontrons des spectateurs hilares, avec un large sourire, qui nous attendent à la sortie des artistes. C’est vrai que ceux qui se ne sont pas amusés, sont partis. Ils ne nous attendent pas.
Côté perso, une remarque récurrente m’est faite: je devrais garder la dernière robe que je porte sur scène pour mon profit personnel ! (rires) Beaucoup me disent qu’elle me va bien, sans doute parce qu’on n’a pas l’habitude de me voir avec des voiles vaporeux.
MON BEAU-PERE EST UNE PRINCESSE
de Didier Bénureau
mise en scène : Didier Bénureau avec la complicité de Catherine Hosmalin et Dominique Champetier
Avec Michel Aumont, Didier Bénureau, Claire Nadeau et Gaëlle Lebert
du mardi au samedi à 21h
matinées: le samedi à 17h et le dimanche à 15h30
au Théâtre du Palais Royal
38, rue Montpensier
75001 PARIS