A l’occasion de la 6eme édition du festival Fnac Live qui s’est déroulée à Paris du 20 au 23 juillet, nous avons rencontré notre groupe belge chouchou : BALTHAZAR !
Jinte Deprez (chant, guitare, violon) et Simon Casier (basse, chant) ont répondu à nos questions quelques heures avant de monter sur la scène du Parvis de l’Hôtel de Ville, avec une bonne humeur inégalable !
INTERVIEW BALTHAZAR !
USofParis : Vous êtes actuellement en tournée, vous faîtes beaucoup de festivals, comment avez-vous ressenti l’accueil du public français ?
Jinte : Très bien ! J’ai l’impression que nous jouons dans de plus grands festivals. Nous avons beaucoup de fans en France, mais ils n’ont pas pour habitude de venir dans les grands festivals, donc j’ai vraiment l’impression que nous touchons plus de monde. L’accueil est très chaleureux.
Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?
Jinte : Bien sûr ! On se fait des French Kiss, tous ensemble. Mais seulement en France. Simon : Oui, en Allemagne, on fait autre chose. Jinte : On est plutôt un groupe romantique.
Quel est votre plus beau souvenir en tournée ?
Jinte : Nous tournons depuis 5 ans, donc on a énormément de souvenirs.
Simon est plutôt timide. C’est le bassiste du groupe, personne ne prête attention aux bassistes. Simon : C’est vrai ! Jinte : C’était son anniversaire, on a arrêté de jouer et on a demandé à la foule de chanter Happy Birthday pendant qu’il faisait du crowd-surfing. C’est un bon souvenir pour nous. Simon : Si tu nous donnes deux heures, on peut t’en raconter pleins, mais c’est le plus récent.
Quels sont vos projets après la tournée ?
Jinte : Nous avons plusieurs projets solos. Simon et Marteen notamment. Simon : On tourne ensemble depuis 5 ans, et c’est bien de faire autre chose pendant un an. Jinte : Être nos propres patrons, et arrêter le rituel du French Kiss 😉
Ce n’est pas le fin du groupe ?
Jinte et Simon : Non, non, non ! 🙂 Jinte : L’année prochaine, nous allons commencer à enregistrer le nouvel album du groupe. On espère sortir le premier single à la fin de l’année. Simon : On est un peu des workaholics. On a déjà enregistré 3 albums et on a besoin de se réinventer pour le 4e album.
Du coup, vous êtes en tour bus pour cette tournée, quelle musique vous accompagne ?
Jinte : Le silence ! Simon : Le silence total. Il y a déjà tellement de musique dans notre vie. Jinte : On regarde des films surtout.
Vous écoutez de la musique française ?
Jinte : Pas vraiment. On aime beaucoup la vieille musique française comme les chansonniers, Serge Gainsbourg,… Mais la nouvelle musique, nous ne sommes pas familiers avec.
Une dernière question. Sûrement une question maintes fois posée. Pourquoi BALTHAZAR comme nom de scène ?
Jinte : Après toutes ces années, je ne me souviens pas. Il y a plein d’histoires sur ce nom. C’était probablement un rêve ! 🙂
Vanessa Carlton était de passage à Paris pour un concert à la Flèche D’Or le 17 mai pour présenter son album Liberman. 12 ans qu’elle n’était pas revenue en Europe, c’était donc un évènement. Les fans l’attendaient nombreux devant la salle quand nous sommes arrivés. Nous nous sommes faufilés jusque dans sa loge pour rencontrer l’interprète culte du tube mondial A Thousand Miles, quelques heures avant sa montée sur scène.
INTERVIEW SELFIE – Vanessa Carlton
UsofParis : Cela fait 12 ans que tu n’es pas venue en Europe, es-tu nerveuse de revenir après tant d’années ? Vanessa Carlton : Honnêtement, la seule chose qui m’ait donné envie de revenir est de présenter quelque chose de nouveau. Ça fait tellement de bien de jouer cette musique. C’est probablement la musique la plus authentique que je n’ai jamais faite. C’est une réflexion de ce que je suis maintenant. Je pense que c’est merveilleux d’avoir l’opportunité de revenir avec cet album. Je suis très contente de jouer ici.
Ta musique est vraiment différente maintenant, comment as-tu travaillé sur cet album ? Je pense que cela a commencé avec ma collaboration avec Steve Osborne en 2010. J’ai beaucoup appris avec lui, son ingénierie et le sonique. Sur ce que je voulais être aussi. J’ai appris beaucoup en le regardant. Sur Rabbits on the Run, il y a la chanson Hear the bells et quand j’ai écouté les sons je me suis dit que je voulais aller dans cette direction pour la fois d’après. Rabbits on the Run, c’est le premier album que j’ai fait hors des majors et labels. C’était la première fois que je me sentais libre de faire ce que je voulais faire.
Donc tu n’étais pas libre avec ton premier album ? Ma tête était dans le sable. J’étais obligée de travailler avec certains producteurs car sinon les labels me lâchaient. J’ai essayé d’exercer le plus de pouvoir que je pouvais. Mais ce n’était pas facile. Tout était dans les compromis.
Lors de tes concerts, chantes-tu les chansons du passé ? Je chante seulement une chanson : A Thousand Miles, en tout premier. Je dis “Let’s get this out of the way”, je la joue et puis « Let’s start the show!»
Le concert est basé sur mes deux derniers albums. Si les gens partent et ont aimé le show, c’est bon. Mais si les gens partent et se disent « j’aurais voulu plus de vieilles chansons » ce n’est pas bon parce que je suis passée à autre chose.
Pourquoi avoir donné le nom de ton grand-père à ton album ? C’est son vrai nom.
Derrière moi, pendant le concert, il y a une peinture. Cette peinture, ma grand-mère me l’a envoyée après la mort de mon grand-père. Les couleurs sont incroyables. J’ai écrit Liberman chez moi à New York, et quand je suis assis à mon piano, tout ce que l’on voit c’est cette peinture. Pour moi, c’est comme si j’avais écrit les couleurs de cette peinture. J’ai traduit la palette visuelle en musique. C’est ce que je ressens. Il y a 50 ans, il a changé son nom pour Lee. Il avait un showroom et il pensait qu’un nom un peu plus exotique ferait vendre. Je voulais remettre en lumière son vrai nom qui est aussi le vrai nom de ma famille.
Quel est ton dernier coup de cœur musical ? J’écoute beaucoup Bill Withers. C’est enregistré d’une façon incroyable.
Quel est le dernier concert que tu as vu ? Deer Tick. Mon mari est dans ce groupe et c’est le dernier concert que j’ai vu. Ils ont joué plusieurs fois à Paris.
Ton duo rêvé ? Je pense qu’on a ce genre de rêve avec mon mari : de faire un album de duo. Quelque chose de hippie. Ce serait cool, on pourrait faire des shows ensemble et avoir la famille avec nous.
Deux-trois titres entendus aux Inouïs lors dernier Printemps de Bourges et L’Amour s’en va, “le plus beau jour de ma vie“, commencent à nous trotter dans la tête. Nord sort la carte de la chanson française rythmée, relevée, un brin sombre. Xavier Feugray – le chanteur from Normandie qui se cache derrière ce pseudo qui aspire à l’évasion – nous a ouvert un pan de sa biographie qui a débuté à Rouen, quelques minutes avant de monter sur la scène du Point Éphémère à Paris.
INTERVIEW SELFIE – NORD
Concernant la sortie de ton EP, des mots ont-ils sonné juste ?
« Sombre mais pas plombé ». C’est exactement ce que j’ai envie de faire. De la chanson française sombre mais sans attrister ou faire ma pleureuse.
Je me censure pas mal pour ne pas être trop noir, ou glauque. C’est ma nature.
L’écriture est-elle facile pour toi ?
En fait, ça devient de plus en plus laborieux. Je deviens exigeant. Avant, je ne me posais pas trop de questions. Maintenant, je m’en pose de plus en plus : « est-ce le bon mot ? Si je dis ça, comment ça sera perçu? »
C’est une évolution naturelle. Mais je suis dans une phase où je m’en pose trop.
Je vais devoir passer ce cap, là. D’autant plus, quand tu vas te coucher et tu bloques sur un mot et qu’il est déjà 2h. C’est ça ma vie.
Sur Itunes, un commentaire frappe : « surveillez ce jeune homme, il va prendre de la place ». Pensais-tu que les gens seraient aussi bienveillants pour ton projet ?
Non. J’ai pas mal galéré, en fait, avant d’en arriver là. J’ai même pris des boulots alimentaires qui m’empêchaient de faire de la musique.
Cette fois, on a pris le temps de faire les chansons, de réfléchir sur l’univers que l’on a construit. Ce qui prouve que j’ai eu raison de me poser pour travailler sur ce disque.
Qu’est-ce qui est le plus intense chanter ou être amoureux ?
🙂 C’est le mélange des deux. C’est une énergie ! J’aime aussi bien être amoureux que chanter. Mais je ne sais pas ce que je préfère le plus.
As-tu besoin de conditions particulières pour monter sur scène ?
Je prends la scène comme un lâcher-prise. C’est comme si je changeais d’état, comme être dans une autre vie.
As-tu déjà eu une émotion forte sur scène ?
C’était juste après les attentats. Mes chansons ne résonnaient pas de la même manière. « Je suis encore vivant » est une chanson joyeuse qui offre une respiration par rapport aux autres titres. Et quand je l’ai chanté, sur scène, c’était impressionnant. On en a reparlé après avec les musiciens et même le public l’a ressenti de manière forte.
Ca nous est arrivé deux fois de suite, à Rouen (Le 106) et après à Sotteville les Rouen. On a serré les dents. J’ai encore des frissons rien que d’en parler.
Comment as-tu composé le titre L’Amour s’en va ?
C’était au moment où je bossais tout seul et j’étais seul dans la vie. J’étais un jeune chômeur mais j’avais encore mon appart.
Et j’ai commencé à bosser avec des samples. J’ai fait un instru qui durait 15 minutes environ, avec le rythme de contrebasse. A l’époque, j’habitais un appart au 4e étage, avec des mecs qui gueulaient dans la rue. Et un soir, j’ai pris mon micro pour les enregistrer, en le glissant par la fenêtre.
J’ai utilisé des éléments pour le début du morceau : « l’amour s’en va, l’amour casse-toi ». Et j’ai fait plein d’autres combinaisons.
Et après j’ai recoupé, en essayant garder cette phrase accrocheuse et ce ping-pong dans le langage. J’aime la fulgurance, quand des mots renvoient à d’autres, qui se télescopent.
Ton style vestimentaire, tu l’as conçu spécialement pour le projet ?
Je l’ai conçu petit à petit. Je voulais quelque chose d’élégant mais pas grandiloquent non plus. Je n’avais pas envie de paillettes. Je voulais de la sobriété, du noir et blanc, de l’intemporel.
Qu’est-ce qui est à l’origine de ta carrière de chanteur ?
C’est incompréhensible, honnêtement. 🙂
Mes parents étaient agriculteurs. Ils avaient le culte du travail. Et on n’écoutait jamais de musique à la maison.
Ma sœur commençait à écouter des trucs, les Doors… Et elle rapportait des disques. On écoutait Brassens, Renaud, Brel. Et le passage Nirvana…
Quand j’avais 15 ans, elle s’est acheté une guitare et je lui l’ai taxée. J’ai commencé alors à faire mes premières compo. J’étais comme un con : j’étais gaucher et elle droitière. J’ai retourné la guitare direct pour faire ma guitare, donc avec une difficulté supplémentaire.
Je n’ai finalement jamais trop fait de reprises. J’étais une sorte de poète maudit aussi. J’écrivais des poèmes à l’encre de Chine sur des feuilles. J’étais vraiment isolé.
Je dessinais aussi beaucoup. En fait, je voulais être peintre au départ.
La musique m’a permis de libérer mes émotions.
Ensuite, j’ai tout fait pour me barrer de chez mes parents. Et je me suis fait un groupe de potes en internat. Ils étaient tous musiciens et ils m’ont appris à jouer, car je n’avais jamais pris de cours.
Tu n’as jamais appris le solfège ?
Bien plus tard !
Je dois certainement avoir des lacunes…:-)
Une chanson pour parler d’amour ? Leonard Cohen a un rapport à l’amour souvent désabusé, mal barré mais très proche de lui. Il porte l’amour dans ses chansons. Dance to the end of love, je l’adore. J’ai appris dernièrement que ce n’était pas vraiment une chanson d’amour, mais sur les musiciens envoyés dans les camps. J’ai eu doublement des frissons.
Une chanson qui fait pleurer ? Lover come back to me. Elle me fait chialer.
Ou Timber Timbre, un malaise qui fait du bien : Demon host. Elle me calme direct.
Une chanson pour s’évader ? Dead Bodies de Air, sur la BO de Virgin Suicides.
Et French Cowboy, la première chanson de l’album Share Horses : This end of the story. Tu traces direct ta route.
Alors en pleine répétition de titres exclusifs, aux Red Bull Studios à Paris, et entre deux séances photo, la beauté californienne, Brisa Roché, nous a dévoilé les coulisses de composition et de production de son tout dernier album, Invisible 1.
Ne cherchez pas la raison de ce titre dans les lignes qui suivent, nous n’avons pas posé la question.
En revanche, ouvrez les yeux pour découvrir la liberté folle de création de cette artiste aussi exubérante, touchante que génialement inspirée, qui sera en concert au FLOW (Paris), le 7 décembre.
INTERVIEW
Avant de parler d’Invisible 1, quelques mots sur ta participation à la BO du film Yves Saint-Laurent ?
Je fais des musiques de films depuis longtemps. Avec ce projet, bien sûr, plus de monde a su que j’en faisais. 🙂
J’aime écrire pour d’autres artistes, écrire à partir d’un brief, d’images. C’est bien aussi de ne pas toujours suivre ses propres goûts, envies et d’être au service d’un autre.
L’album a beaucoup d’expérimentations, où j’ai justement dépassé mes propres goûts. Où j’ai fait abstraction de mes univers…
Pour Yves Saint Laurent, j’ai écrit pour des périodes distinctes, à partir du scénario. Et je n’avais aucune garantie que mes chansons soient toutes retenues.
Pour moi, les deux morceaux qui n’ont pas été retenus sont ceux qui étaient les plus intéressants. Mais je faire quelque chose avec.
Comment as-tu conçu Invisible 1 ? Que signifie « produit entre Paris et la Californie », comme on peut le lire dans le communiqué de presse ?
C’était une sorte de jeu avec moi-même. Et ça n’a pas débuté comme un album mais plus comme un projet. Je reçois régulièrement des pistes (propositions de musiques) de compositeurs, ingé son, amis… Parfois les morceaux sont bien, d’autres pas à mon goût…
Je me suis dit d’accepter, exceptionnellement, tout ce que l’on m’envoie et d’écrire dessus. Et voir comment je peux m’approprier des choses, mêmes éloignées de moi. Pourquoi, par exemple, me priver de hip-hop et R&N même si ce n’est pas ma culture ?
J’ai demandé que l’on ne m’envoie surtout pas de pistes séparées. Je ne voulais pas pouvoir bricoler.
Je pouvais faire tout ce que je voulais car installée dans mon home studio.
Sur combien de morceaux as-tu conçu ?
J’ai fait 40 morceaux. J’ai craqué sur un compositeur qui m’avait envoyé un morceau et du coup on a fait un album de 17 morceaux ensemble, entre temps.
Des 40 morceaux, j’en ai extrait une quinzaine de titres que j’ai mixé avec Versari.
Et après, j’ai filé aux États-Unis. J’ai reçu d’autres propositions de pistes en Californie et j’ai quand même continué à écrire sur certaines.
Y’avait un max d’univers qui partaient dans tous les sens. Marc Collin, mon coproducteur, a écouté l’ensemble des titres mixés et non mixés.
Quelle est la chanson la plus barrée, la plus folle ?
Elle n’est sûrement pas sur cet album. Marc et moi avons choisi les morceaux les plus accessibles.
Mais en terme de conception, pour certaines chansons, j’ai enlevé la musique d’origine complètement. J’ai enregistré les voix à partir de la piste reçue et après j’ai enlevé la musique pour en refaire une inédite, sans que les personnes avec qui je travaillais entendent le son d’origine. Et je pouvais ensuite à partir de la nouvelle musique, rajouter une nouvelle couche de voix ou réajustement. Sans oublier, l’étape d’arrangement qui suivait. Night Bus et Late Accentqui ont eu cette espèce de process « lego » où t’enlèves le bas, tu remets le haut et tu enlèves à nouveau le bas… Et c’est extrêmement kiffant.
Deux chansons m’ont vraiment accroché à la première écoute : Late Accent et Diamond Snake. Quelques mots sur Diamond Snake.
La chanson ressemble pas mal à la piste d’origine que j’avais reçue. Le morceau était dur à arranger et mixer car j’avais mis une tonne de voix, et il en reste encore. Mais on a beaucoup « cleané ». Je trouve ce morceau un peu R&N teenager et ça me plait.
Et ce qui est drôle : FIP a choisi ce titre !
C’est une chanson prise de pouvoir féminine sur l’homme. « Je n’arrive pas à savoir si t’es un serpent fait de diamants (un sexe dur) ou si t’es un lâche (car tu refuses de te redresser) ». C’est un peu méchant mais aussi drôle.
Beaucoup d’hommes se sont penchés sur ton album. Peux-tu nous présenter les principaux ?
Il y a les 13-14 compositeurs qui m’ont envoyé leurs pistes. Après on a passé un temps fou à mixer avec Versari. Ça fait déjà 2 couches d’hommes.
Après, il y a eu la recomposition de musique, une chanson faite par Versari et une autre par un autre homme. Nouvelle couche.
Après Marc a eu l’idée de Thibaut Barbillon et Blackjoy. Je n’aurais jamais pensé faire appel à Blackjoy alors que j’aurais pu penser à Thibaut et j’ai trouvé l’idée géniale !
On entend bien leur patte et les arrangements de chacun.
Thibault a apporté surtout les montées, les arrangements de fin qui n’existaient pas avant. Et Blackjoy a apporté tout ce son nostalgique dans le bon sens, funk en référence à Prince, Michael Jackson et ses amis musiciens aussi. Tu sens la chaleur de leur amitié.
Même le “masterer” a eu un boulot complet car il a fallu qu’il rassemble les sons.
Et mon éditeur qui s’est battu pour cet album existe.
Quel est le décor le plus original dans lequel tu aies enregistré ?
Dans une yourte, avec un générateur installé plus loin, dans le Nord de la Californie. Et aussi en Espagne, sur un rocher, dans une maison dont une fenêtre donnait sur la mer. J’avais installé mon matos dans la partie fenêtre en pierre très épaisse. Au milieu de nul part.
J’avais même enregistré un album entier dans un studio sans électricité, à côté de chez mes parents.
Quand tu es en Californie, qu’est-ce qui te manque de Paris ?
Ma carrière, les gens qui font partie de mon réseau, les gens qui me connaissent et qui me sollicitent. C’est l’humain qui manque.
Paris aura toujours un aspect romantique pour moi. Elle est remplie de couches de vécu, de moments forts, la pierre.
Que Paris soit une ville très européenne me touche toujours autant. J’ai vécu dans un milieu très rural. Même une grande ville américaine a un aspect excitant pour moi.
Quand tu es à Paris, qu’est-ce qui te manque de ta Californie ?
La décontraction physique.
Ce qui me manque et aussi peut m’agresser, c’est le féminisme, très à gauche. On n’a pas la pression d’être mince et sans poil, du maquillage. On peut faire du vélo en pyjama sans que ça choque.
Une chanson pour faire une déclaration d’amour ? Poison Cupde M. Ward. Un morceau très émouvant.
Une chanson pour s’évader ? Pour quitter Paris ?
Du folk, Kate Wolf. A peu près tout de Kate Wolf.
Ce n’est pas courant qu’un groupe, d’autant plus frenchy nous émoustille musicalement et visuellement. Avec Rester avec toi, les Fils du Calvaire ont donné le coup d’envoi de leur fantaisie. Fils de… le premier album surprend tout autant qu’il enthousiasme.
Plus étonnant encore, le groupe a Le Dernier Passage, documentaire unique sur la grotte de Chauvet.
INTERVIEW
UsofParis : Est-ce qu’il y a une phrase à propos de votre album, que vous avez lu ou entendu, qui a fait mouche ?
Damien : Oui, j’ai pu lire que l’on était un peu le renouveau de la chanson française. Clément : J’ai pas encore tout lu, tout vu et en plus je crois qu’il y a plein de journalistes qui reprennent des phrases issues du dossier de presse.
Oui, c’est comme la question “Pourquoi Fils du Calvaire ?” Ce n’est pas la peine ? Clément : Oui, merci… J’aime cette question. Je m’appelle Clément ! 🙂
Si vous n’aviez pas fait de la musique qu’est-ce que vous auriez fait ? Damien : Rien d’autre. Je ne me suis jamais posé la question de faire autre chose. Clément : Entre clochard et surfeur 🙂
Tu n’es pas très blond pour être surfeur ! Clément : Parce que je suis né à Paris mais c’est mon vrai destin. Damien : Jamais rien d’autre ne m’a traversé l’esprit. Depuis que j’ai six ans, je me dis que je serais musicien. Point barre. Clément : C’est vrai qu’il s’intéresse à beaucoup de choses de façon très large, mais jamais au point d’un faire un métier. Damien n’a jamais eu cette tentation… Damien : C’est comme une vocation ou un appel de foi.
Un appel de foi, carrément ? Damien : Honnêtement, je le vis comme une religion. Je fais de la musique huit heures par jour, parfois même plus, même dans ma tête. C’est comme quelqu’un qui rejoint … Clément : Les ordres 🙂 Damien : C’est pour ça que je ne me suis jamais posé la question. Jamais. Je ferais toujours de la musique. C’est un besoin vital.
Quel était ton premier dieu de la musique ? Damien : Charly Parker ! J’ai vu Dieu quand j’ai écouté Charly Parker. Son son a guidé ma vie.
Quelle chanson est la plus déjantée de votre album, en termes de texte ou de production ? Damien : Peut-être Angel Dark, le concept est assez marrant et assez déjanté. Clément : C’est une lettre d’amour à une pornstar. Damien : Une pornstar de Jo (Johnathan, le 3ème membre du groupe, NDLR), elle était sa préférée de toute son enfance. Clément : Il a eu enfin l’opportunité de l’exprimer. Damien : Les Fils du calvaire ce n’est pas très déjanté.
Mais vous êtes quand même originaux, un peu borderline ? Damien : Pour nous, on avait fait un pas en arrière dans le « déjantage ». Clément : C’était notre projet maturité (rires) Damien : Qu’il n’y ait pas de mal entendu.
Vous n’allez pas me faire le coup de l’album de la maturité… 🙂 Clément : Non, pas encore. On attend le prochain 🙂
Une chanson de votre album qui est parfaire pour bien pécho ? Damien : Rester avec toi, elle est pas mal. Clément : Et Aux toilettes pour être un peu plus trash. Ça dépend de l’heure à laquelle tu fais ta proposition. 🙂 Damien : Elles sont toutes pour pécho ! Clément : C’est un album de mec qui a envie de pécho en tout cas. Damien : Il y a la chanson Single Boy dans notre album, je trouve que c’est clair. (Rires)
Et bien justement, est-ce qu’en réalisant un clip sur une cuvette de WC, ça change le regard des femmes ?
C : On ne sait pas encore. L’album est sorti depuis trop peu de temps pour avoir des conclusions. Et en plus, on est déjà marié.
Ah merde… Damien : Faudra couper cette phrase… 🙂
Faut jamais dire qu’on est marié si on veut avoir du succès en musique ! Clément : Si tu veux avoir du succès en rentrant chez toi par contre… 🙂
Trois adjectifs pour décrire votre compère ? Clément : Petit c’est un adjectif ? 🙂 Damien : Clanique, drôle et intelligent. Clément : Musical, maigre, « insomnisant » : il entraine les autres dans ses insomnies. 🙂 Ça fait trente ans que ça dure ! Damien : Ça fait trente ans que je l’empêche de se reposer. 🙂 Clément : J’ai l’impression que j’ai 60 ans là. 🙂
Comment vous faites pour encore bien vous entendre ? Évoluer dans la même direction ? Clément : En dehors de l’amour que l’on se porte, il y a l’amour de choses que l’on partage et l’amour de choses que l’on a envie de découvrir. Damien : Et les choses que l’on a construite ensemble. Ça fait presque trente ans.
Il y a des histoires d’amour qui se finissent mal aussi ? Alors c’est quoi le secret ? Clément : Mais tu viens de divorcer toi ou quoi ? 🙂 Damien : Tu ne connais pas cette phrase de Montaigne quand il parle de La Boétie ? Il dit « parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Parce que tout le monde leur demandait, car ils étaient tout le temps ensemble. Et c’est ce qu’ils ont trouvé à répondre. Je pense que c’est la meilleure réponse. Clément : Oui, c’est bien dit. C’est très validé !
Une émotion forte en live ? Clément : Pour le moment comme c’est les premiers live, c’est intense à chaque fois. La musique est déjà très en place. Pour le son, on se cherche encore un peu. C’est un peu normal, c’est un nouveau projet, de nouvelles circonstances, une nouvelle musique, une nouvelle approche. Il n’y a rien de mieux que les heures sur scène pour valider un travail. On est encore un peu dans ces moments-là.
Donc, l’émotion la plus forte vécue pour l’instant sur scène c’est le trac ! 🙂
Qu’est-ce qui vous a pris de faire une musique pour une grotte ? (La Grotte de Chauvet NDR) Damien : On a eu la chance d’être sollicité pour ce projet extraordinaire. Clément et moi, on est passionné d’histoire, de civilisation et de connaissances en général. Et là, c’est les premières œuvres artistiques humaines, les plus vieilles sur Terre. Clément : Deux fois plus vieilles que Lascaux. Damien : Et l’impact que ça a sur nous en tant qu’artistes de participer à faire revivre cette œuvre, c’est extraordinaire.
Et comment s’est passée l’écriture ? Damien : C’était dur. Clément : Mais le plus dur ça a été d’être obligé d’artistiquement s’effacer car l’œuvre que l’on met en avant ce n’est pas le film, ni la musique, c’est cette grotte. C’est le travail de ces hommes-là, qui sont en fait les mêmes que nous aujourd’hui, en tant qu’homme et en tant qu’artiste. Et c’est cela qu’il fallait mettre en lumière. Faire que le voyage soit agréable pour les gens sans que l’on soit prenant. Damien : Sans jamais aussi donner une émotion trop triste ou trop joyeuse, pour ne pas trop guider le spectateur et lui laisser sa sensibilité.
Au final, l’expérience est réussie ? Damien : C’est un des plus beaux projets sur lesquels on ait travaillé de notre vie. On a intégré une superbe équipe faite de scientifiques, de réalisateurs, d’archéologues… Clément : Des mecs qui ont une technique de fou pour filmer, une technique qui n’existe même pas encore à Hollywood. Le Français qui a inventé cette technique pour filmer, et qui habite à Londres, la NASA lui emprunte maintenant pour les prochaines représentations de Mars. T’imagines ?
On a la chance d’être en contact avec ces gens-là, skyper avec eux au quotidien pour échanger. C’est fabuleux pour nous. Damien : Un musicien n’est pas censé discuter avec toute l’équipe. Clément : Justement, comme on te disait, cette soif de curiosité, de civilisation, là on l’embrasse. Hier, on était encore avec le chef de ce projet Jean-Michel Geneste, qui est le plus grand spécialiste de l’art pariétal au monde.
Votre dernière claque musicale ? Damien : Spooky Black, un artiste qui devient connu. C’est une espèce de rap électronique, lent. C’est des petits blancs du Minnesota, de la campagne. Clément : Tu croises une voiture par jour. Ils font tout eux-mêmes, super ghetto. Mais pas ghetto urbain du tout. Leurs conditions sont ghetto dans le sens qu’ils n’ont pas de grand studio. Mais la musique est pure. Ils en ont rien à foutre d’un format, ils n’espèrent pas plaire, ils n’espèrent pas passer en radio. Ils s’expriment et ça c’est beau. Comme les mecs de la grotte d’ailleurs : c’est une expression qui est pure, qui n’est pas conditionnée, qui n’est pas que produit-produit-produit.
Quel est votre meilleur spot à Berlin ? Damien : Salon zur Wilden Renate, un club, c’est là où on a nos studios. Clément : C’est notre maison… C’est deux anciens immeubles berlinois où toutes les pièces sont reliées les unes aux autres. Il n’y a aucun dancefloor commercial de plus de 200/300 personnes. C’est comme des apparts en fait, tu passes de pièce en pièce avec des décos de plus en plus folles.
D : On a un étage dans ce club où sont nos studios. C’est notre lieu de vie.
Un spot à Paris ?
C : Le Parc des Princes 🙂
D : Le restaurantL’Amaréede notre ami Nicolas Sfintescu, 5 rue de la Fontaine au Roy.
Et à Barcelone ?
D : Chez Cañete ! Tu manges… (Sifflement).
On est plutôt bouffe…
Est-ce que vous avez eu une rencontre artistique un peu folle récemment ? Damien : Julien Quentin, un musicien avec qui on travaille actuellement. C’est un pianiste classique de renommée mondiale. Là, on part le rejoindre. On collabore ensemble. Clément : Maintenant, dès qu’il n’est pas en tournée, il est chez nous au studio. Il arrive avant nous et il part après nous. Damien : On se nourrit mutuellement. C’est une des dernières rencontres fortes de notre vie musicale. Clément : Même humainement, il s’est passé quelque chose.
Qu’est-ce qu’il vous apporte ? Clément : C’est un virtuose du piano classique. Damien : Mais il ne te fera jamais sentir qu’il est meilleur que toi. Il est très humble. Il est à l’écoute de tout ce que tu peux lui apporter plutôt que de donner une leçon à quelqu’un. Clément : Et il a soif de découvrir d’autres musiques. Damien : On lui ouvre des portes.
Et vous allez le faire monter sur scène ?
Damien : Oui, c’est déjà fait. On l’invite quand c’est possible, il a sa propre carrière.
Nous avons rencontré Élise Noiraud, auteure et interprète de Pour que tu m’aimes encore, à la sortie de son spectacle, joué jusqu’au 25 juin, à la Comédie de Paris. Chevelure bouclée et large sourire, la jeune femme a l’écriture fine et de l’énergie à revendre.
INTERVIEW
USofParis : Dans ton spectacle, on est émus, parfois aux larmes, mais on rit également beaucoup. Dans quelle catégorie devons nous le mettre ? Élise Noiraud : C’est un seul en scène, avec un texte de théâtre. Ce n’est pas un one woman show comique, avec une blague à chaque réplique. Il jongle entre l’humour et l’émotion, avec parfois quelques répliques noires. C’est important de mêler les genres, je travaille sur comment l’intime rejoint l’universalité. Ça ne peut pas être que triste ou que comique. Je veux que le texte fasse effet de miroir à la réalité de tous.
Quelle est la part de vérité dans cette histoire ?
Tout est vrai et faux en même temps. Les personnages et les situations viennent de ma vie, mais tout est circonscrit pour qu’ils deviennent de la fiction. La prof de sport existe, par exemple, mais elle n’avait pas le même nom et n’avait pas réellement ce comportement. Je ne cherche pas à coller au réel, mais à donner une sensation de réel.
C’est jubilatoire de faire ce spectacle. Je m’amuse, ce n’est jamais douloureux pour moi. Les comédiens qui souffrent sur scène parce qu’ils parlent d’eux-mêmes de façon très introspective, c’est pénible à regarder.
Les femmes dans l’humour sont de plus en plus nombreuses. Elles osent se lancer sur scène. Que se passerait-il si elles devenaient majoritaires ?
Je ne sais pas. Je ne suis pas sûre que ça change quelque chose. C’est un texte et la façon de l’interpréter qui font le spectacle, plus que le sexe de la personne qui le joue.
Quel est ton entraînement pour avoir une telle forme sur scène ?
C’est effectivement très sportif. Au début, j’ai eu un peu de mal. J’étais épuisée. Mon sport, c’est le théâtre. Je bois beaucoup d’eau et je fais attention à ce que je mange. Je ne suis pas très sportive mais j’aimerais m’y remettre. Désolée, je n’ai pas d’autres conseils forme pour les lecteurs ! Mais on peut parler cheveux et maquillage si tu veux !
Que dit ta famille de se voir racontée dans tes spectacles ?
Elle sait que c’est du théâtre et de la fiction. Elle ne le prend pas mal du tout. Ce n’est pas violent, j’essaie de retranscrire l’expérience de grandir. Mais il évident qu’il faut passer des barrières quand on fait des trucs un peu autobiographiques, sinon, tu restes toujours un peu frileux. C’est compliqué d’être l’enfant de quelqu’un. Ici, l’ado ne critique pas sa mère, elle ne la juge jamais. Elle veut juste sortir de sa bulle familiale.
Ton spectacle est la suite de La Banane Américaine, il faut s’attendre à un troisième spectacle ? Pour que tu m’aimes encore ne succède pas exactement à La Banane Américaine. C’est une suite mais la démarche d’écriture est différente. On peut voir les deux spectacles indépendamment l’un de l’autre.
Cela dit, plus je joue, plus j’imagine une suite. Mais j’ai d’autres projets en parallèle. Je joue actuellement une adaptation des Comtes du chat perché, de Marcel Aymé, au Théâtre Lucernaire (jusqu’au 29 mai, NDLR) et j’ai envie de créer des spectacles, de faire de la mise en scène. Il faudra donc être un peu patient.
Le tout premier extrait de Colors, de Samba de la Muerte, nous a fait l’effet d’une déflagration, dès la première écoute. You’ll never know when I lie allait être le tube qui nous accompagnerait ce printemps pour tout à la fois quitter Paris, retrouver le calme, se tremousser sur notre vélib’ ou gueuler en silence dans notre rame de métro.
Samba de la Muerte est le projet solo d’Adrian Leprêtre, après une aventure folle avec Concrete Knive. Il nous embarque sans passeport dans un trip musical, métissé, chaloupé, rayonnant.
Pieds nus sur scène, Adrian galvanise son public en donnant toute la charme d’énergie, sans aucune retenue, ni feinte. Le cheveu est trempé à sa sortie de concert et le public totalement emporté.
INTERVIEW SAMBA DE LA MUERTE
UsofParis : Retour rapide sur ton passé. Qu’as-tu appris avec Concrete Knives scéniquement et musicalement ? Xavier : Scéniquement : tout, je pense, à peu près. A part le fait d’être en avant sur un projet. Sur Concrete Knives, j’étais plutôt en arrière avec mes claviers et mes babioles. Donc ce n’était pas la même pression, c’était plus facile à aborder comme concerts. Après j’ai grandi avec ce projet depuis le lycée et jusqu’à maintenant, ça va faire 8 ou 9 ans que ce groupe existe. Ça m’a permis de faire Samba de la Muerte. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans ce projet-là de toute manière. Ça m’a permis d’écrire des chansons en rentrant chez moi, de retour de tournée. D’être inspiré, d’avoir envie de m’exprimer différemment et d’avoir des choses à raconter.
As-tu tiré des énergies du live pour créer certaines de tes chansons ? Je ne pense pas. En fait j’ai été surpris par la manière dont je me suis comporté sur scène avec Concrete. On m’a toujours dit que j’étais un peu le cinglé du groupe, sur scène en tout cas. C’est la même chose dans Samba. Même si dans Concrete, on était tous les six énergiques. Du coup, ça existe encore dans Samba.
Pourtant, au début quand j’ai commencé c’était plutôt folk et très calme. Je pense que c’était le contre-pied. Et, au fur et à mesure, je suis revenu au début (à mes premières amours).
J’ai vraiment un faible pour L’Aber. Ce titre est vraiment accrocheur, dès la première écoute. J’ai fait « repeat » plusieurs fois. Qu’est-ce que tu peux me dire sur sa création, son écriture ? Je l’ai écrit en rentrant d’un séjour dans le Finistère : l’Aber Wrac’h, c’est une espèce de fjord qui rentre dans les terres. J’ai passé trois jours là-bas sur une île. A ce moment-là, j’ai commencé à écrire ce texte en français. J’avais déjà cet instrumental Afrobeat. Je voulais vraiment faire un morceau dans ce style avec un batteur qui sait jouer cette musique là. J’ai écris ce texte qui sonnait hyper bien. Puis les cuivres sont arrivés pour faire quelque chose d’un peu dansant à la manière de Fela Kuti, mais sur un format plus pop, assez court.
Ce morceau est né de ce séjour dans le Finistère… Entre le Finistère et le Nigéria…
Et scéniquement, il prend aussi ? Il doit prendre un peu. Il y a une plus longue intro, la batterie qui joue ce rythme et du coup on laisse durer car le morceau commence sur la fin d’un autre. Il y a un enchainement et après le chant rentre. Et puis on n’a pas pu faire les cuivres sur scène alors on les a remplacés par d’autres trucs encore plus énergiques.
Quelle est la chanson la plus personnelle de cet album ? Si on parle de personnel par rapport à ma vie, c’est Don’t let go ou Colors. Ça dépend. Don’t let go est une chanson pour ma grand-mère et Colors est sur mes parents. C’est assez personnel.
Avant, il y avait des histoires d’amour, il y en a encore. Mais cette fois, j’avais plus de choses à raconter qui ne tournent pas autour de moi, qui sont plutôt des visions que j’ai du monde. J’ai voulu parler de ce monde actuel qui ne fait pas rire mais avec de l’espoir quand même derrière et une musique assez lumineuse.
Oui, musicalement c’est plein d’espoir, ça donne envie de danser… Après, je n’ai pas voulu dénoncer non plus en disant « ça c’est pas bien… c’est pas bien la guerre ». Mais j’ai vraiment été touché par des évènements. Les paroles parlent souvent de quelque chose d’assez précis mais c’est dit d’une manière que tout le monde peut le prendre pour soi, ça peut devenir quelque chose de très personnel.
J’avais envie de donner beaucoup d’espoir dans ma musique mais tout en pensant aux gens qui souffrent. Essayer de faire quelque chose avec la musique, car personnellement, je ne sais pas trop quoi faire à part en parler et penser à eux quand j’écris de la musique et quand je joue ces morceaux.
La musique, c’est un engagement pour toi ? Oui. Je pense que ça passe par là. Quand j’étais petit, j’allais beaucoup voir des concerts, j’ai toujours été touché quand je voyais des groupes sur scène car ils avaient quelque chose à dire au public, à partager. Et moi ça m’a marqué. Je trouve qu’aujourd’hui que ça ne se fait plus trop.
J’essaye parfois d’en parler un peu mais c’est toujours compliqué de prendre la parole. On est sur scène, on a la chance de pouvoir le faire et quand les mots viennent je n’hésite pas.
Quelle est la chanson la plus barrée de Colors pour toi ? Dans l’album, la plus compliquée a été You’ll Never Know When I Lie parce que c’est la seule qui a été faite à quatre, avec la formation live. On l’a enregistré à partir du morceau joué sur scène. Donc pour l’album ça a été très compliqué. Et c’est sans doute la plus folle en concert en tout cas, celle qui marque les gens.
On a sorti un clip, que j’ai coécrit avec le réalisateur, dans lequel j’avais vraiment envie de faire ressentir ce truc où, nous, on perd vraiment pieds. On en parle comme ça entre nous, elle nous fait vraiment partir loin, une sorte de violence et de rage.
C’est vrai qu’on a envie de courir…
Après il y a aussi The beat qui est faite pour lâcher prise. On a plutôt des morceaux faits pour penser à autre chose.
L’écriture est facile pour toi, que ce soit en français ou en anglais ? Ça vient souvent de manière un peu spontanée comme la musique. Pour le français, j’écris les textes tout seul. L’anglais c’est un peu plus difficile pour moi. Je bosse toujours soit avec Corentin Ollivier, qui joue de la guitare dans le groupe, soit avec un autre ami de Caen qui m’aide à mettre ensemble tous les mots que j’ai dans la tête et que ça fasse quelque chose de censé.
L’inspiration vient souvent d’un voyage, ou d’un événement dans ma vie, d’un livre que je viens de lire. Du coup ça vient souvent spontanément si j’ai déjà le morceau en tête. D’ailleurs il faut déjà que j’ai écrit le morceau et après je vais me dire « là il faut des paroles » et ça vient souvent assez naturellement.
Tu peux me citer une émotion scénique, forte et récente, que ça soit en tant qu’artiste ou en tant que spectateur. Le dernier c’est LA Priest, un anglais, que j’ai vu en Islande lors du festival Iceland Airwaves. Depuis, je l’ai revu trois fois, à Paris et à la Route du Rock (version hiver). En Islande, il a retourné une salle de 1 000 places, tout seul à 1h du mat. Son album est incroyable.
Et une claque musicale récente que t’écoutes dans ton tour bus ? Tout à l’heure, j’ai mis Porches, ce sont des Américains que j’ai découvert aussi à Iceland Airwaves. Ce n’est pas du tout la musique que j’écoute normalement mais je trouve leur album Pool merveilleux.
C’est très froid. Ça pourrait être un mélange de coldwave et de pop avec beaucoup de synthés, mais il y a un truc dans cet album qui est magnifique. C’est plein de poésie.
Exclu : la question d’un autre artiste !
Radio Elvis : Est ce que la synesthésie peut être considérée comme une qualité artistique ? Je ne connais pas ce pays, ni ce groupe. 😉 Pour moi, la qualité artistique essentielle c’est la diversité !
Une Romance Sauvage comme celle des Épis Noirs, on en voudrait une dose au moins une fois pour semaine. Sur la scène du Théâtre du Chêne Noir à Avignon : ça sautille, ça hurle, ça chante. Un couple s’aime, s’adore à la déraison, se trompe, se quitte dans un cocktail délirant de rires, de bons mots et d’émotions pures. Ivresse de l’amour et fantaisie musicale : un pur régal !
Pierre Lericq, formidable conteur et séducteur devant l’éternel, adolescent passionné par l’amour, nous revient avec sa plus fidèle partenaire, Manon Anderson, la fausse ingénue, Manon l’intrépide, Manon yeux de biche au cœur débordant, mais surtout Manon et son tambour… Quelle folie !
Dès les premières minutes du spectacle, on retrouve l’esprit du fantastiqueFlon Flon, le spectacle culte des Epis Noirs – repris cet été à Avignon. La voix suave de Pierre et la folie de Manon n’y sont pas pour rien.
A son habitude, Pierre armé de sa guitare, costume noir et chemise blanche, plante le décor, joue sur les mots et présente les personnages. Malgré l’annonce du mariage imminent des deux protagonistes, on sent bien qu’il va y avoir des péripéties. Ne serait-ce que parce que le spectacle dure 1h15.
Les références au paradis perdu, à la pomme et au serpent, dans la première chanson va vite donner raison à notre intuition.
“Mon corps défendant“
Dans cette histoire d’amour intemporelle, pas de téléphone portable, ni de mail. Les “je t’aime plus, je te quitte” s’expriment en lettres manuscrites accompagnées d’une jolie enveloppe rose, avec des post-scriptum qui mériteraient de leur casser la gueule. Ça fait mal. La jolie Manon morfle alors que Pierre fait le pan avec une autre. Après l’amour, le désespoir et la haine : pour notre plus grand bonheur.
Et c’est terrible de rire au dépend d’un cœur brisé, de s’amuser du très mauvais esprit d’un jouisseur de la vie comme Pierre. Il ne mériterait même pas que l’on s’attarde sur lui… Et pourtant
Les chansons qui accompagnent ce récit sont de vraies pépites chargées de poésie, de décadences parfois et d’un parfait talent d’écriture. Le spectacle a un rythme infernal, on n’a d’yeux que pour ce duo; d’un bout à bout de la soirée.
Dans cette Romance Sauvage, rien n’est tout à fait dramatique, rien n’est tout à fait sérieux, mais la larme peut pointer facilement au coin d’un œil, voire deux.
INTERVIEW dans la loge des ÉPIS NOIRS !
UsofParis : Manon, tu reviens aux Épis Noirs, après 5 ans d’absence. Tu avais besoin de cette pause pour retrouver l’énergie ? Manon : Je pense que c’est toujours bien de partir. On ne pensait pas spécialement recommencer ensemble. Il s’est avéré que l’on s’est retrouvé. On s’était dit « on s’arrête là » et puis je suis allée faire ma route. Ça fait du bien de pouvoir aller travailler avec d’autres gens. J’ai travaillé pas mal avec des chorégraphes, beaucoup en danse et du théâtre. J’avais toujours travaillé avec Pierre et travailler avec d’autres gens c’était très enrichissant. Et je suis donc plus riche en revenant.
Comment se sont faites les retrouvailles ? Manon : C’était pour le film Festin, Pierre m’a proposé de venir jouer un rôle. Il y avait douze femmes. Il s’est dit qu’il ne pouvait pas ne pas me demander. Les retrouvailles se sont passées tout doucement.
Vous retrouver pour Romance Sauvage, c’est comme au premier jour, c’est le même plaisir ? Pierre : C’est le même plaisir et même plus, d’ailleurs. Il y a plus de plaisir parce qu’il y a moins d’égo, on se connaît. Donc on est là pour défendre un spectacle. On est moins sur nous-mêmes. On est là tous les deux pour que le spectacle se passe bien. Ça ne veut pas dire qu’avant on ne l’était pas mais je pense que j’étais plus soucieux d’une reconnaissance. J’étais plus tendu. Maintenant, on fait un spectacle pour dire ce qu’on a à dire. Et après ça plait ou ça ne plait pas, on est moins là-dessus, sur une tension. On se laisse une part plus importante pour jouer vraiment ensemble.
Trois adjectifs pour décrire votre partenaire de jeu ? Manon : Myope… C’est pas vrai ? Pierre : Non c’est pas vrai ! 🙂 Manon : Créatif… généreux… dans sa création. Par exemple, pour ses douze femmes il a quand même écrit douze solos.
Et euh… Mégalo… non, pas du tout… 🙂 Manon : Féministe Pierre : Généreuse… entière et puis idéaliste.
Avez-vous une anecdote de scène avec les Épis noirs, un ratage…? Manon : Nous avons joué pour EDF et nous avons eu une coupure d’électricité… Le responsable n’en revenait pas. C’était dans une salle dans Paris où ils avaient fait venir tous les gens d’EDF. Et là une coupure d’électricité pendant le spectacle. On a joué 5 minutes sans électricité et on a attendu que ça passe. Et c’est revenu !
Qu’est-ce qu’il a de plus que les autres ce spectacle, Romance Sauvage ? Manon : Il va vraiment à l’essentiel et on a une énergie décuplée même si on n’est pas autant sur scène que pour Flon Flon, on est que 2. Comment c’est possible ? Manon : On remplit autant la scène que si on est six. Comme si on était à l’Olympia. Pierre : C’est comme si c’était un renouveau pour moi. On revisite tous les Épis noirs parce que c’est le fait d’être à deux. C’est vraiment quelque chose de différent. Quelque chose qui est plus. Je ne sais pas si c’est plus car on est quand même moins… C’est un plus d’être moins !
Qu’est-ce qui fait que la chanson A mon corps défendant soit si particulière, qu’elle soit reprise dans ce spectacle ? Manon : C’est une belle chanson pour une femme, pour la liberté.
J’ai l’impression de retrouver toujours un peu le même Pierre sur scène : expansif, excessif. Pierre : Oui. Il en fait toujours trop, c’est une sorte de Don Quichotte. C’est mon clown. On garde son clown toute sa vie, je crois. C’est celui qui vient, qu’on travaille, qu’on essaye d’amener dans d’autres situations. On a toujours le même clown, en tout cas dans notre travail à nous. Mais je pourrais très bien jouer dans Hamlet.
Quel personnage ? Pierre : Hamlet ! 🙂
Il y a quelque chose d’adolescent dans ce personnage, jeune amoureux fougueux, irréfléchi. Pierre : C’est un personnage qui est très enfant. Il y a de ça. Et puis c’est très romantique, dans le sens du romantisme ! C’est un peu Nerval : il ne voit pas les échelons. Ou il est tout en haut, ou il se casse la gueule.
Pourquoi il n’envoie pas un texto à la place d’une lettre pour rompre ? Pierre : Parce qu’il trouve que c’est plus courageux peut-être. Le texto c’est vraiment lâche. Au moins c’est écrit, à la plume… Lui, il le pense.
Et qu’en penses-tu ? Pierre : Que des fois on est tous un peu lâche. Mais non, généralement, je vais voir les gens. J’essaye d’affronter le plus possible mes démons
Comment garde-t-on l’énergie pour remonter sur scène chaque soir ? Pierre : C’est pareil. C’est une sorte d’enfance ou d’adolescence qui remonte, du romantisme. Donc c’est la passion, puis on monte sur scène et on n’a pas envie de retrouver ça mais de jouer avec cet enfant-là. C’est ça je crois, on joue avec notre enfant.
Le groupe Éléphant, composé de Lisa Wisznia et François Villevieille, nous avait charmés avec son premier album intitulé Collective mon amour, sorti en 2013. Le groupe est de retour avec Touché Coulé, l’occasion de rencontrer ce duo d’ex-(lovers) qui continue de vivre sa passion pour la musique à deux, mais jusqu’à quand ?
INTERVIEW
UsofParis : Comment garde-t-on une bonne entente et une cohésion de groupe quand on se sépare ?
François : C’est une bonne question. Lisa : On ne la garde pas tellement.
Est-ce que vous vous êtes débarrassés des conflits ?
Lisa : Je ne pense pas. Les conflits doivent disparaître longtemps après. On a fait ça à vif, à chaud et forcément ça coûte émotionnellement. Je crois que c’est Björk qui a fait un album sur la rupture et qui disait que c’était très dur pour elle. Nous, on essaie de garder la pêche et la banane, la salade de fruits 😉 mais c’est pas sans douleur.
Comment se motive-t-on à travailler encore ensemble ?
Lisa : C’est la passion pour l’art et la musique. L’envie de partager avec le public, c’est ça qui motive, c’est les autres, en fait. François : Je redresserai un petit peu les choses. Je pense que j’y suis pour beaucoup. J’ai mis beaucoup d’énergie dans ce projet, je l’ai beaucoup tenu tout seul. Je l’ai produit en huis clos, en passant des heures dessus. C’est un projet que je perçois comme mon chemin de croix. Lisa : Tu l’as fait pour les autres, c’est ta passion pour la musique. François : Non, je crois que je l’ai fait pour moi beaucoup.
C’est une libération la sortie de l’album ?
Lisa : Les gens qui nous suivent sur Internet, c’est très beau ce qui se passe. Ils écoutent l’album. Et je trouve ça fou en 2016 que des gens écoutent un album. J’ai l’impression qu’aujourd’hui on écoute un titre comme ça et qu’on oublie. On n’a que des beaux retours, on n’en avait pas eu autant pour le premier album.
Un message en particulier vous a touché ?
François : C’est sur les morceaux que les gens sont plus touchés, j’ai l’impression. Après, on rencontre souvent des gens qui ont encore notre premier album dans leur iPod et qui l’écoute tout le temps et c’est touchant.
Lisa : Hier, on a fait un concert au Nuba et il y a deux jeunes filles (russes) qui sont venues nous voir à la fin du concert en nous disant : « On vous a découvert en Russie », puisqu’on a fait une tournée là-bas. Ca marque certains spectateurs de nous voir. C’est fort !
Pouvez-vous nous parler du titre Deux mille quatorze ?
François : C’est une chanson que beaucoup n’ont pas compris. C’est une espèce de chanson instrumentale, assez particulière. C’est la vie d’un couple en accéléré, dans une année, schématisée avec trois mots.
Pourquoi a-t-elle été mal accueillie ? Lisa : On avait tellement proposé autre chose en amont… François : En fait, on nous parle pas du tout de ce titre. Ceux qui aiment Éléphant, aiment les chansons et les chansons qu’ils peuvent chanter. Le petit public du groupe est sensible aux mélodies et aux mots.
Dans votre bio, on peut lire “Il y a des beats infectieux, des cordes grandioses, et surtout beaucoup de poésie dans les paroles…”
Qu’est-ce qu’un « beat infectieux » ?
Lisa : C’est la journaliste qui a fait notre bio qui a écrit ça. François : C’est quelque chose qui nous rend complètement maboule et on se dit : « Oh la la ! C’est quoi ce beat ? »;-)
Il est où ce beat ? Dans quelle chanson ?
François : J’aime bien celui de On n’était pas, je le trouve super réussi. Lisa : Quand j’ai vu ça écrit dans la bio, j’ai pensé à Deux mille quatorze, Les espaces et les sentiments, Pas d’idées, « À nous deux, c’est assez présent. François : De toute façon c’est un disque de beatmaker, je l’ai fait vraiment comme ça. C’est un disque de producteur.
Et ça danse, en live ? Lisa : Oui, parce qu’on a envie d’emmener les gens là-dedans, donc on a axé le live là-dessus.
J’avais lu aussi Envie de virilité, j’aimais bien ce terme. Qu’est-ce qu’il y a de bad girl chez Lisa ?
François : Son côté ado. C’est pas vraiment une bad girl.
Qu’est-ce qu’il y a de bad girl chez toi Lisa ? Lisa : Je ne crois pas avoir un côté ado. J’ai un côté très brut, je dis les trucs. Quand ça me saoule je le dis. Je suis très honnête, mais du coup un peu vénère. Souvent on se moque de moi, on me dit que je suis une caillera. Mais ado, non ! Je bosse vachement mon côté femme.
Qu’est-ce qu’il y a de bad boy chez François ?
Lisa : François il est super vénère. C’est quelqu’un qui a la rage. C’est ça son côté bad boy. En fait, ce disque on voulait l’appeler La haine, et comme il y a eu les attentats, on a préféré changer. Mais c’était ça l’idée : la photo du baiser avec le titre La haine. François et moi, chacun à notre manière, on a la rage.
Et donc toi François, t’es bad boy ? François : Aucune idée. J’aime pas qu’on me dise ce que je dois faire. Je déteste l’autorité. Je pense que c’est un problème générationnel. Ce qu’on dit là, 99% de mes potes le disent aussi. On a envie de réussir mais personne ne sait ce que ça veut dire, on a envie de faire des choses mais on ne sait pas où cela va nous mener.
Comment s’est passée l’écriture des chansons ?
François : Je commence souvent beaucoup tout seul. L’écriture et la musique. Je fais écouter à Lisa et, sur certains titres, elle met plus la main à la patte sur la compo. Lisa : Je ne suis pas auteur-compositeur. J’apporte autre chose, mais ça n’a pas vraiment de nom. Je pense que si je pouvais avoir un métier dans la musique ce serait : aider les auteurs-compositeurs à débloquer les problèmes. Mais ça n’a pas vraiment de nom 🙂
Que vous a apporté Fabrice Dupont dans la composition ?
François : Il a essayé d’optimiser les choses. Par exemple, dans Le Tour du Monde, il y a un gimmick qui arrive au début puis qui revient au pont, lui a été capable de dire : « ce gimmick, c’est le même que le refrain, il va falloir le mettre dans tous les refrains ». Il est très rapide dans sa manière de mixer, de concevoir des structures. Je lui ai amené un puzzle, pratiquement fait à 80% et il a remis les choses dans l’ordre.
Est-ce qu’il y a eu un accident heureux lors de la conception de cet album ?
François : Le gros accident de ce disque, c’est d’avoir commencé la promotion par L’amour la haine. Ce n’est pas quelque chose qu’on voulait mettre en avant. Ça n’a pas vraiment plu et ça nous a obligé à revenir vers des choses plus positives avec Touché Coulé, et on a changé le nom du disque. Et comme on a mis plein de tunes sur un clip, on s’est retrouvé sans tune à devoir faire les choses à l’arrache. On s’est retrouvés à jouer dans le métro, on en a fait une vidéo qui a bien tourné. On a fait des reprises aussi.
Notamment Les espaces et les sentiments que tu avais écrit et composé pour Vanessa Paradis ? François : J’étais un peu frustré de la version. Lisa : Cette chanson, on la chantait déjà sur la tournée. François : Si, y’a eu un truc quand même, un peu de rage au ventre. J’ai senti qu’on parlait beaucoup de Benjamin Biolay sur le disque et pour moi la plus belle chanson du disque c’est celle de Mathieu Boogaerts. C’est pour mettre les choses dans l’ordre. J’aime beaucoup Benjamin, mais j’ai senti une petite injustice. Je trouve ça gonflé de la part des journalistes de s’être arrêté là.
Et pour toi Lisa, un accident heureux ? Lisa : Il y a un titre qui s’appelait Ô mon amour, et le refrain ça faisait Ô mon amour qui dure toujours on s’est séparé et ça a donné Adieu toujours. Les gens aiment bien cette chanson.
Qu’est-ce qu’il y a dans l’album de Sophie Calle ? Lisa : C’était plus dans la direction artistique du projet en lui-même. C’est au-delà de la musique. J’ai pensé le projet globalement. Ce disque est particulier parce que l’on s’est séparé en plein milieu. J’étais déjà imprégnée par Sophie Calle, par sa manière de faire de l’art avec sa vie. Le jour de notre rupture on était en Italie et il faisait très beau et j’avais déjà une idée de la photo que je voulais faire. Je voulais une photo de nos deux visages qui s’embrassent, et c’était le moment où jamais car on ne s’embrasserait plus. Du coup on a fait la photo ce jour-là.
Après, un premier clip a été fait dans le même délire (pour “Deux mille quatorze”). On a mis des caméras partout dans l’appartement, on a tout filmé en direct on ne savait pas ce qui allait se passer. Pour moi, c’est une manière d’envisager l’art. Et de mon côté je suis en train d’écrire un film, je sens que c’est vraiment ce qui m’inspire. Parler de soi.
Un souvenir de bonheur total musical ? François : De jouer notre album aux Bains. De jouer les nouveaux morceaux, c’était un super kif.
Pourquoi des reprises en parallèle de la promotion de cet album ?
François : On a vraiment envie de faire connaître notre groupe. Là on donne tout parce qu’on ne sait pas trop de ce que demain sera fait. On avait envie de montrer ce côté décalé qu’il y a en nous aussi. Lisa : Je ne crois pas que ça part dans trop de direction car ça reste toujours du Éléphant, c’est juste une autre manière de s’exprimer. La touche est là. C’est plus une manière de s’amuser.
C’est vous qui concevez la vidéo aussi ? François : On fait tout dans Eléphant. Sur ce disque personne n’est intervenu, il faut le préciser. C’est un disque très personnel.
Une chanson qui fait pleurer et que vous aimez écouter ? Lisa : La Rua Madureira de Nino Ferrer, qui fait pleurer et, en même temps, pas du tout. J’aime beaucoup les vieux chanteurs français. François : J’évite d’écouter des chansons qui font pleurer. Je crois que, globalement, je fais de la musique assez triste dans les accords et du coup, je crois que j’écoute beaucoup de chose qui me font du bien.
Elle me fait pas vraiment pleurer mais elle me touche beaucoup : La nuit je mensde Bashung.
Une chanson pour s’évader ?
Lisa : Césaria Evora, direct tu quittes Paris. François : Premier Gaou (Magic System)
Une chanson pour parler d’amour ? François : Premier Gaou, non je rigole.
Lisa : Tu te laisses aller de Charles Aznavour. Il dit qu’il est avec sa femme depuis plus de 40 ans, qu’il ne peut plus l’encadrer et, à la fin, il dit : « mais je t’aime ». Je trouve ça génial comme chanson d’amour, parce que c’est ça l’amour aussi, se supporter. François : Il y a une chanson de Drake que je trouve vraiment mignonne c’est Right Hand.
Un trio que vous aimeriez faire ? François : On s’est déjà posé la question et on ne sait pas répondre à ça. Lisa : On a fait autre chose à la place. On a fait une web-série qui va sortir bientôt, qui se passe dans notre studio. On a invité des Feat. Il y aura Benjamin Biolay, Bérengère Krief, Vincent Dedienne, Elie Semoun. On espère qu’il y en aura d’autres.
C’est le dernier album du groupe Éléphant ?
François : A priori, ça devrait être le dernier. Mais on ne sait pas. Lisa : En tout cas pour l’instant. Chacun doit faire sa route, mais on peut très bien envisager de travailler ensemble d’une autre manière.
ALA.NI a plus d’un tour pour faire chavirer une oreille, serrer un coeur et émouvoir un misanthrope.
Son album You & I est un hymne à l’amour, aux grandes envolées musicales, à l’intimité, entre Londres et Paris.
Avant de débuter l’interview, nous n’avons pas résisté à faire se rencontrer virtuellement Ala.Ni avec un jeune premier de la chanson française, Marvin Jouno. Ils se sont posé une question par caméra interposée.
INTERVIEW
UsofParis : Quelques mots sur ton tout premier concert vrai concert à Paris, au Carreau du Temple. Ala.Ni : C’est un tel plaisir de jouer devant le public français. Il donne tellement.
Je peux vraiment jouer avec lui, parce qu’il est vraiment impliqué.
Je joue avec lui, j’improvise. Comme au Carreau, où j’ai demandé aux spectateurs de me proposer des phrases. Je les ai eues 5 minutes seulement avec le concert. J’en ai choisi quelques-unes. Nous n’avions même pas de mélodie. Je me suis mis à la guitare et j’ai demandé à mes musiciens : « Qu’est-ce qu’on fait ? Majeur, mineur ?” Et on a joué cette chanson, totalement inédite. C’était ma première fois, à part un projet autour de la poésie il y a plusieurs années.
Je t’ai vue en concert pour la première fois à la Maison de la Radio. C’était complètement intense, une impression de comédie musicale, un autre temps (ton micro vintage)…
Es-tu réelle quand tu es sur scène ?
Une amie qui me voit sur scène me dit : « mais c’est la Ala.Ni de ma cuisine !». En fait, j’adore cuisiner chez mes amies, je suis une bonne cuisinière. Ce n’est pas quelque chose de conscient. Je ne cherche pas à être ou ne pas être la même personne chaque soir. Ce qui m’amuse, c’est quand mes amis disent : « tu es exactement la même personne, folle, barrée sur scène. » Je ne peux vraiment pas séparer mes 2 vies : la musique est la vie privée. Même s’il faut savoir aussi se protéger.
Comment expliques-tu l’adhésion de la presse française, l’amour du public français ?
Je ne sais pas. Peut-être parce que je suis passionnée. Je voulais signer ici, avec un petit label indépendant, à Paris. Quand j’écrivais les chansons, c’était ma première idée. Je savais que mon travail serait reçu ici et compris. Et je suis chanceuse que ça ait fonctionné. C’est merveilleux que mon rêve se soit réalisé et bien au-delà : avec l’exposition de mes photos. Ca n’aurait pas été possible en Angleterre. Et en France, c’est « bravo, brillant », parce que les Français comprennent l’art et le process de création. Du coup, je me suis dit : « Fuck! Je me barre, je quitte Londres. »
Es-tu différente quand tu es à Paris ?
Je peux faire tellement plus de choses ici. Je sens que je suis une « meilleure personne » (en français dans le texte). Parce que je suis moi-même, je suis libre. Et que les gens sont plus connectés.
Paris est aussi une chanson.
Oui, Paris Thing, une chanson bonus. Je l’ai écrite ici. C’est à propos de Paris, d’aimer être ici, de perdre l’amour ici, de se souvenir de l’amour…
Quelle est la chanson la plus personnelle de ton album ?
Elles le sont toutes ! :-)
Une, en particulier ? Darkness at noon a été dure à enregistrer, pour moi. Je l’ai laissée de côté un long moment, parce que c’était très difficile de la chanter. Mais ça dépend de l’humeur. La plupart du temps, j’adore chanter Old Fashioned kiss. Parce que j’adore embrasser. Certaines chansons sont aussi plus difficiles à chanter car les souvenirs remontent parfois en mémoire. Mais c’est toujours un plaisir de partager mes sentiments.
Quelles sont tes références ? Les journalistes citent Billy Holiday, Judy Garland…
Je n’écoute pas de musique, au sens moderne, c’est à dire avec téléphone, des écouteurs… Je laisse la musique venir à moi. Je n’ai pas de télé. Je n’aime que les radios musicales. Je suis passé devant un disquaire d’occasion avant notre rencontre et j’ai acheté des vinyles : Jessie Norman, de la chanson écossaise, du négro spiritual… Mais je ne suis pas du genre à ne pas savoir ce que fait Beyoncé. J’ai vu son dernier clip, Formation. J’apprécie le silence aussi. Le silence c’est de la musique aussi.
Mes références sont multiples. J’ai bien sûr écouté Judy Garland, Julie Andrews. J’ai chanté Over the rainbow quand j’avais 3 ans.
Quand as-tu décidé de devenir chanteuse ?
En fait, plus jeune, je voulais devenir médecin.
J’ai changé d’école et j’ai commencé la danse, le chant, le jeu. Et je me suis dit que sans doute chanter serait « plus simple » que tenter une carrière de danseuse. Je pense en avoir pris conscience vers 15 ans. Mais je ne me suis jamais dit : « je vais chanter ! ».
Qu’as-tu appris de Damon Albarn ?
J’aimais le regarder se jeter dans la foule. On se demandait chaque soir : « Va-t-il y aller ? Non, il ne peut pas y aller y’a un énorme trou entre la scène et le public. » J’adorais le regarder contrôler la foule. Il avait une telle force. Maintenant, je comprends, qu’il est possible de diriger le public : « tu veux aller par ici, allons-y ». Mais j’ai vraiment envie de me jeter aussi. J’ai failli le faire une fois à la Philharmonie. J’avais un public debout, exceptionnellement. Je me disais : « j’y vais ? j’y vais ? » Je chantais : « catching, cherry… » et j’avais envie de dire : « Rattrapez-moi, rattrapez-moi »
C’est sûr qu’un jour je le ferai. J’espère qu’il y aura au moins quelqu’un pour me rattraper. 🙂
Ton mot français favori ? “Rafraichissant !” 🙂
J’aime aussi “Apéro“: “it’s Friday, is it too early for apéro?”
Quelle chanson de comédie musicale aimes-tu chanter ?
J’ai un énorme répertoire dans ma tête, mais ce sont pas que des titres de comédies musicales. Un énorme juke box avec bien souvent aucun titre. C’est la musique qui importe.
Hier, j’ai écouté Where is the warmth? extrait de The Baker’s wife de Stephen Schwartz. Une très jolie mélodie.
Un lieu inhabituel pour un live ?
Quand j’ai été invité par la Blogosphèreà chanter dans la Chapelle expiatoire de Paris. C’était la première fois que je rencontrais l’équipe. Je n’avais aucune idée du tournage.
Quand je suis arrivée, j’ai vu le marbre et j’ai découvert une acoustique incroyable, avec un écho de cinq secondes. Une expérience inoubliable.
Je vais aussi tourner, en mai, un live pour Arte au Château de Fontainebleau, avec un orchestre. Je suis impatiente.