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CLAIRE DITERZI affole nos pulsations avec 69 battements par minute

Claire Diterzi revient toutes guitares dehors. Pour parler de son sixième album, 69 Battements par minute,  écrit en collaboration avec l’argentin Rodrigo Garcia, nous l’avons rencontrée dans un bar parisien, à Barbès.

photo © Micky Clément
photo © Micky Clément

Elle arrive avec seulement trois minutes de retard. Elle porte un petit blouson de cuir cintré et un rouge à lèvres carmin. C’est d’ailleurs sa seule touche de maquillage. Ça lui va bien, même si elle affirme le contraire. Claire Diterzi est au naturel, un peu surexcitée car « elle n’a pas dormi plus de 6 heures par nuit depuis un mois ». Nous le sommes tout autant. Elle est pétillante malgré la fatigue. La conversation passe du coq à l’âne : les salles dans lesquelles elle se produit, son public, sa façon de travailler, sa tournée, mais aussi son indépendance qu’elle a « payée cher », précise-t-elle.

Mais entrons dans le vif du sujet. La musique de Claire Diterzi oscille toujours entre rock et lyrisme. Mélange des genres, mais également des arts. Photos, peintures, théâtre, littérature, tout s’entrechoque dans sa tête et en ressort en un spectacle aux mille facettes. Sa définition de l’inspiration est bien à elle. « Créer, c’est sale. C’est regarder au plus profond de soi et en sortir toutes ses tripes. Parfois, c’est pas beau à voir. C’est une prise de risque permanente ». Nous, on trouve le résultat totalement réussi. Il y a bien entendu le disque 69 Battements par minute mais également un joli journal de bord de 63 pages et une tournée, passée par le Théâtre des Bouffes du Nord, en février.

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Un show Glam-goth
Claire Diterzi et ses (très bons) musiciens y jouaient directement dans le parterre du théâtre, comme dans une petite arène romantique. Le lieu délabré, les guitares, les éclairages, la fumée projetée, tout donne des allures de spectacle gothique. Après un préambule théâtral sur sa démarche et sur ce qui va suivre, elle assure un show détonnant qui émeut, fait rire, donne envie de danser, lire du théâtre et de s’abandonner à ses émotions. Bref, elle brille sur scène et nous prend aux tripes. Pour les absents des Bouffes du Nord, il reste alors la possibilité de prendre une place, entre autres, cet été à Avignon.
Autre surprise, 16 clips illustreront les 16 titres de l’album. Trois sont déjà en circulation sur internet. Le quatrième est imminent. « Les clips ont été réalisés par deux merveilleux artistes, Andy Maistre et Delphine Boudon. Je suis excitée à montrer les prochains ! » Nous piaffons d’impatience.

Rock et dérision
A la suite d’un deuil, Claire Diterzi s’est enfermée dans une demeure tourangelle pour lire, réfléchir à sa vie et créer. « Attention, je n’ai pas perdu d’enfant ou de personne proche. Un ami avec qui je travaillais m’a quittée. Ce fut si douloureux que je l’ai vécu plus fortement qu’une simple déception », précise-t-elle. Cette retraite fut toutefois salutaire. Elle y découvre Rodrigo Garcia, un dramaturge argentin anticonformiste. Il signe, entre autres, le titre d’ouverture de l’album, « L’important avec les animaux, c’est qu’ils t’aiment sans poser de question ». Fidèle à lui-même, l’auteur mêle humour noir et absurde. On adore ! Tout l’album est à l’avenant et s’écoute en boucle avec un plaisir non dissimulé ! Quelques chansons y sont toutefois déroutantes, comme Vivaldi et le Yukulélé et La Broche, où l’acoustique tranche avec le rock saturé des autres titres. Autre singularité de l’album, le titre Interdit de jeter son chewing-gum, à moitié parlé.

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Les mots sont crus et joliment tournés, les images parfois un peu trash mais c’est ce qui fait que Claire Diterzi est unique dans le paysage musical français. Et aussi trop rare ! Il faut dire qu’elle n’y va pas avec le dos de la cuillère. Les 16 titres de l’album jonglent avec l’intime (69 battements par minute, est d’ailleurs le relevé de ses propres pulsations cardiaques), la confusion des genres (« Je suis un pédé refoulé »), l’absurde, la provocation et une bonne dose de dérision. « On pense souvent que cet album parle d’amour, mais c’est faux ! ». Telles une tornade, ses chansons envoient valdinguer la confiance et le couple. Parfois, l’aigreur est palpable. Le franc-parler participe au charme de la chanteuse. « Il ne faut pas écrire pour le public ou pour passer à la radio. Je ne suis pas là pour brosser les gens dans le sens du poil ». Certes, ses chansons ne sont peut-être pas calibrées pour la radio. Mais nous, la caresse à rebrousse poil, ça nous va !

by Joël Clergiot

La chanteuse Claire Diterzi présente son nouvel album 69 battements par minute musique concert photo by Joel Clergiot united states of paris blog



Claire Diterzi
album 69 Battements par minute

(Au Pays des Merveilles)

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Le Bal des vampires, la comédie musicale culte envoûte le Théâtre Mogador avec un show millimétré – Interview

En matière de comédie musicale, Paris est une ville qui restait encore à bousculer. Le Bal des Vampires le musical, sous la houlette de Roman Polanski a tous les atouts pour devenir une référence en France. Avant de débarquer à Paris, cette comédie musicale qui est capable de réunir fans de Mylène Farmer (époque Désenchantée), groupies de Twilight et fins cinéphiles, a conquis 7 millions de spectateurs à travers l’Europe. 

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Créé il y a 17 ans à Vienne (Autriche) Le Bal des Vampires  enchaîne les succès. Mais pour sa création à Paris, le musical a bénéficié de la mise en scène de son créateur cinématographique : Roman Polanski.
Alors que pour les autres pays, le cinéaste restait plutôt en retrait, il a assuré dans le moindre détail la mise en scène de cette version française.

Même si les basiques du spectacle sont les mêmes à Paris que partout ailleurs (les décors sont ceux de la dernière  production, les costumes façonnés sur les mêmes patrons etc.) la patte du maître Roman ne doit pas être négligée.
Et le Théâtre Mogador est un écrin qui sied à merveille à une
production de ce type.

Avant d’entrer dans le vif du spectacle voici, en chiffres, ce qui rend cette comédie musicale unique sur une scène parisienne : 35 acteurs sur scène, 22 tonnes de décors, 230 costumes et un orchestre en live. C’est le show le plus imposant mis en production par Stage Entertainment à Mogador.

Le Bal des vampires - Comédie Musicale - Théâtre Mogador Paris ©BRINKHOFF-Mögenburg
Et c’est bien ce qui saute aux yeux dès les premières scènes, les décors impressionnants qui apparaissent et disparaissent dans une sorte de chorégraphie.

Il est évident que la machinerie du spectacle est particulièrement bien huilée. L’auberge imposante, les couloirs menant à la crypte, le hall principal du château et les salles attenantes, tous ces éléments bougent avec une aisance particulière . Même si l’on est un(e) habitué(e) des grands shows comme le Roi Lion, Mamma Mia ou La Belle et la Bête, il faut bien se résoudre à dire que celui-ci les dépasse tous avec sa démesure scénique.

Le Bal des vampires - Comédie Musicale - Théâtre Mogador Paris ©BRINKHOFF-Mögenburg

Mais une comédie musicale se juge aussi et surtout par sa musique. Et là, point de faux pas. Même avec ses 17 ans, la partition de Jim Steinman reste ancrée dans une modernité assez surprenante. Les cordes se mêlent avec subtilité aux guitares, l’orchestre enveloppe les voix et les accompagne pour vous donner des frissons musicaux. Il faut dire que le thème principal, composé par Jim Steinman, et basé sur le fameux Total Eclipse of the Heart, ponctue le spectacle avec de belles envolées – appuyant toutefois un peu le trait dans certaines scènes.

Mais cet hymne des années 80 agit comme une petite madeleine de Proust. On pardonnera volontiers la légèreté des rimes voulu par la traduction car la partition rock convient parfaitement à cette histoire baroque.

Le Bal des vampires - Comédie Musicale - Théâtre Mogador Paris ©BRINKHOFF-Mögenburg

D’ailleurs, la partition de Jim Steinman est servie par des acteurs-chanteurs de haute volée. En première ligne, Stéphane Métro qui campe un Comte Von Krolock particulièrement juste. Sa voix à elle seule fait hérisser nos poils par son interprétation et sa puissance contenue.

Daniele Carta Mantiglia est un Alfred naïf à souhait. David Alexis est au top dans son rôle du Professeur Abronsius, le découvrir sans son maquillage est bluffant. Raffaëlle Cohen revêt à merveille les habits de la parfaite ingénue tentée par les avances du Comte aux dents longues. Il faut noter aussi les performances de Sinan Bertrand, dans le rôle d’Herbert, le fils du Comte Von Krolock, qui apporte une fraicheur dans ce spectacle et de Pierre Samuel sous le visage de Yoine Chagal, l’aubergiste, qui est un des personnages par lequel la comédie originale transparait.

Un bémol : le final plutôt épuré. Sans doute sommes nous trop habitués des shows à l’américaine qui finissent avec excès de danse, de décors, de chants dans un tourbillon grisant. Roman Polanski nous prend par surprise en épurant l’ensemble.

Le Bal des vampires - Comédie Musicale - Théâtre Mogador Paris ©United States of ParisLe Bal des Vampires, le Musical est l’un des spectacles les plus réjouissants qui se joue actuellement à Paris.
Sombre, drôle et émouvant, il comblera toutes vos attentes : visuelles, musicales, scéniques et artistiques.

Et si vous voulez en savoir plus sur ce spectacle, foncez sur notre interview de quatre artistes du spectacle.

Le Bal des Vampires

du mardi au samedi à 20h
matinées samedi et dimanche à 15h

Théâtre Mogador
25, rue de Mogador
75009 Paris

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Moodoïd : premier album Le Monde Möö – concert au Festival Les Inrocks 2014 – INTERVIEW de Pablo Padovani

Je suis la Montagne vous a, comme nous, définitivement mis l’eau à la bouche ? Très bonne nouvelle : la bande-son de votre rentrée est à porter d’oreilles ! Le Monde Möö va vous envoyer valdinguer dans une autre dimension, entre rêveries adolescentes, yeux dans les nuages, grands espaces et amours irraisonnées.

Avec ce premier album, le jeune groupe Moodoid dévoile son électro-pop aérée, aérienne, psyché, métissée, qui touche les cimes, donne de la grâce aux petits détails et nous fait définitivement devenir meilleur. Avec La Lune, Yes & You, et tous les autres titres de cet album aux multiples inventions et influences, le big smile est contagieux.

Moodoïd groupe music band Pablo Padovani Clémence Lucie Maud Lucie concert fnac live festival Album Le Monde Möö Moodoid photo by blog United States of Paris
Rencontré dans les coulisses de l’édition 2014 du Festival Fnac Live, le leader du groupe, Pablo Padovani, revient sur l’année de folie avec les premières parties du groupe Phoenix, le buzz, les bons papiers de The Gardian et des Inrokuptibles, les influences, Gong, MGMT

INTERVIEW Moodoïd

United States of Paris : Est-ce que le buzz qui entoure Moodoïd est source de stress, d’euphorie ?
Pablo Padovani : Je suis à la fois surexcité et euphorique. La sortie du clip La Montagne, ça a été beaucoup de joie. Ça faisait un an que je bossais sur le projet et d’un coup beaucoup de monde voit nos vidéos, le public vient à nos concerts…
La pression ne vient pas tant du buzz, car nous sommes un groupe de musique indé.
En fait, tout ça implique une ligne droite non stop, avec toujours de nouvelles étapes à franchir, des dates importantes, des événements médiatisés… Ça demande une énorme concentration et tu n’as le temps de te poser de question. On a sorti l’EP sans prévoir de sortir un album. Et puis il a fallu en faire un, je l’ai écrit très vite et enregistré en 3 semaines et mixé en 3 semaines.
Je n’ai pas pris de vacances depuis un moment. Mais c’est excitant. Quand ça va s’arrêter, après la tournée du disque, donc dans un an, je prendrai certainement 1 mois de vacances.

Ce n’est pas un peu angoissant de se dire que tout est programmé pour un an ?
Ça correspond assez bien à ma façon de vivre et à ma personnalité. Avant la sortie de l’EP, j’étais en tournée avec Melody’s Echo Chamber depuis un an et demi. Donc, ça fait deux ans et demi que je joue non stop.
Je n’arrive pas à faire autrement. Je prépare déjà mon prochain disque que j’écris ce mois d’août. Ça fait 8 mois que je suis sur le premier album que je l’écoute tous les jours, je suis noyé. Le moyen de m’en sortir c’est qu’il sorte et que je puisse penser à autre chose. Mais je profite bien de ma vie !

Un commentaire sur ta musique t’a touché ?
Quand l’EP est sorti, on a eu beaucoup de papiers. Du plus petit blog étudiant à The Guardian, NME, Le Monde, Les Inrocks… La presse a été très favorable. C’est génial.
Mais c’est aussi une presse très curieuse, qui se demande où ça va aller ? Que va-t-il se passer après ?
Il me tarde que la presse puisse vraiment parler de l’album après cette petite introduction à notre univers. C’est pour cela que je l’ai appelé Le Monde Möö, vous allez entrer dans ce monde…

Moodoïd on stage groupe music band Pablo Padovani concert fnac live festival Album Le Monde Möö Moodoid photo by blog United States of Paris

Un adjectif qui qualifie le mieux l’univers Moodoïd ?
Le nom déjà et ce qu’il veut dire c’est de l’émotion bizarre. Toutes les chansons que j’ai écrites sont en rapport à des émotions que j’ai eues. Notre musique est libre, il n’y a aucun code, c’est un peu sans foi ni loi. Et j’exerce cela avec une totale liberté, sans contrainte et avec beaucoup d’amusement. Je pourrais qualifier cela de rock progressif naïf.

Comment a été conçu le titre culte La Montagne ?
Les chansons ont toutes été écrites dans un rapport immédiat. Et je me rappelle très bien de la situation dans laquelle j’étais pour ce titre, à chaque fois que je la chante. J’étais dans les Alpes, en pleine montagne, on m’a mis une guitare dans les mains, j’étais en train de tomber amoureux d’une fille. Un contexte fou. J’ai pris ma guitare et j’ai chanté ça tout de suite.
Ensuite, je suis allé dans un magasin d’occasion à Genève et j’ai essayé une autre guitare, ça a été une révélation. J’ai pris un papier et j’ai noté tout ce que je voulais : type de guitare, effet sur la voix, précision sur la basse et la batterie. J’ai commencé à composer un répertoire avec dans l’idée qu’une fois rentré à Paris, j’enregistrerai tout ça.
Et c’est ce que j’ai fait dès le lendemain de mon retour, alors que je n’avais pas encore de label.

Avec quelles musiques as-tu été bercé jeune ?
Les Beatles, Boby Lapointe, Brassens. Beaucoup de jazz grâce à mon père – Jean-Marc Padovani, saxophoniste de jazz – : Miles Davis… Je les ai beaucoup écoutés, parfois malgré moi. Après, plus naturellement, j’ai été attiré par le rock avec The White Stripes : une révélation ! C’était le retour du rock. J’avais 14 ans et j’étais dans ma maison de campagne dans le Lot, à écouter la radio le soir pour entendre la chanson, qui passait le plus souvent à minuit.
Ce mélange de spontanéité et folie du rock et la générosité dans le jazz a conduit à Moodoïd.

Est-ce que la carrière de ton père  a influencé ta musique ?
A la base, je me destinais à la réalisation, j’ai fait des études de cinéma, j’ai fait des clips. J’avais toujours mon activité musicale à côté, car j’en avais besoin.
J’étais autodidacte. Donc avec mon père, il n’y a pas eu de grands conseils au sujet de mon apprentissage de la musique…
Ce que je retiens c’est son travail avec les musiques du monde, il a fait des disques mélangeant jazz et musiques traditionnelles (Cambodge, Algérie, Afrique…) et je me suis retrouvé dans cet état d’esprit musical qui est ancré en moi.
La musique est un partage que l’on fait ensemble et qui permet de se découvrir en faisant des concerts.

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Quelles sont les influences qui marquent ce premier album ?
Moodoïd c’est un peu une ode à la création en tout genre. Je réalise aussi à côté, et ce projet est l’occasion de faire des images et créer un monde et un petit moment de rêve sur scène aussi avec les costumes. Comme dans un univers de conte.
Les influences sont donc aussi bien la peinture, le mouvement surréaliste, que la littérature, le cinéma… mais aussi du rock progressif comme Gong. J’aime la musique qui prend du temps, qui est lente… Mais il y a aussi des groupes plus rock.

Est-ce qu’on te parle souvent de MGMT ?
Bien sûr ! Et je suis absolument fan. Et en général, la scène indépendante de Brooklyn avec MGMT, Dirty Projectors… c’est la vague dans laquelle je me reconnais. Sans doute parce qu’elle correspond à ma génération musicale.

Pablo Padovani sur scène groupe Moodoïd music band concert fnac live festival Album Le Monde Möö Moodoid photo by blog United States of Paris

Comment s’est fait la rencontre avec ces 4 partenaires de scène ?
Ce sont des coups de cœur à chaque fois. Je les connaissais toutes dans des contextes différents : bouche à oreille entre copains musiciens, j’en ai rencontrée une dans une fête, une autre avec qui j’ai joué dans un précédent groupe, une autre que j’ai trouvée sur un site de rencontres de musiciens…
A Paris, c’est assez difficile de trouver des musiciennes, car soit elles sont très prises, soit elles se consacrent à leurs projets personnels. Et j’ai mis du temps à les trouver.
Ce qui est dingue c’est que toutes les filles du groupe ne jouent pas de leur instrument d’origine. La bassiste est contrebassiste à la base, la batteuse est percussionniste de musique contemporaine, la clavier faisait de la guitare classique.
Moodoid c’est quelque chose de totalement inédit pour nous tous. On apprend tous ensemble et en direct. Chaque étape est une phase d’apprentissage.
On travaille beaucoup ensemble, en répét et on vient en plus d’intégrer tout récemment une nouvelle musicienne, Maud Nadal – son premier concert avec le groupe était au Fnac Live 2014.

Il y a déjà des dates de concerts importantes pour Moodoid ?
La première date qui a suivi la diffusion du clip La Montagne au mois d’août, l’année dernière avec le concert au Trabendo. On ne s’attendait pas du tout à un pareil accueil pour le clip. Je me souviens que j’étais off et j’ai vu mon téléphone se charger de notifications indiquant des milliers de vues pour le clip.
Et donc on arrive dans un Trabendo bourré à craquer avec des ballons partout. Ce concert était magique. On avait juste travaillé 2 mois ensemble. Et le public nous attendait, attentif et curieux de ce que nous étions.
Après, il y a eu Phoenix et la première partie au Palais des Sports. Être en loge avec le groupe Air, Sébastien Tellier, c’est assez fou.
En parallèle, je voulais avoir une vraie expérience de scène. On a donc joué dans un squat à Genève, une péniche à Lyon, au El Chicho, salle minuscule à Bordeaux… Ces petites dates nous ont permis de nous roder, d’aller à la conquête d’autres publics aussi et de créer le liant entre nous tous.
Il y a eu aussi Montréal. On a joué pendant une tempête de pluie. Il y avait 50 irréductibles devant nous, qui dansaient torses nus… Et toi en face, tu dois tout donner.
Au Fnac Live, on a joué à 40° degrés sans voir les pédales de guitare à cause du soleil… Les choses se font au hasard. Les gens passent, les bus aussi.

C’était donc une année de jonglage entre petites et grandes dates (Transmusicales de Rennes, We love Green Festival), à foirer des choses et à en améliorer d’autres.
En sortant de scène, on n’a jamais le même sentiment, car chaque date est vraiment unique.

Sortie du premier album de Moodoïd, Le Monde Möö, le 18 août 2014
Label EntrepriseSony A+LSO

 

Tournée française à partir du 20 septembre : Dijon, Bordeaux, Nantes, Montpellier…
Moodoïd en concert le mercredi 12 novembre dans le cadre du Festival Les Inrocks, Paris au Casino De Paris (avec Damon Albarn)

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Interview du groupe VENDREDI pour l’EP Veneris Dies : bidouillages sonores, Chiara, James Blake & Bach

Pierre-Elie Robert et Charles Valentin alias VENDREDI sont des bidouilleurs de génie. Ils enregistrent tout ce qui leur passe à proximité de l’oreille. Ils extraient ensuite, triturent et mixent pour créer des morceaux relevés, exigeants et maitrisés. La sortie de leur premier EP de 6 titres, Veneris Dies, chez No Format ! n’a certainement pas dû vous échapper. Elle s’est, en effet, accompagnée d’un clip remarqué donnant vie à une Chiara de chair et d’os.

Bien conscients que Vendredi est “le pire nom au monde pour un référencement”, avant d’ajouter que “c’est aussi la preuve qu'[ils] ne se prenai[en]t pas au sérieux, au début de l’aventure”, les jeunes musiciens gardent la tête froide sur les prochaines étapes de leur carrière. D’abord un autre EP et ensuite un album, dans la droite ligne de cette mythologie initiée autour du sanglier, d’un phacochère amoureux de Vénus. 

Vendredi music EP Veneris Dies by Pierre-Elie Robert et Charles Valentin No Label Recods Label musique

United States of Paris : Comment vous êtes-vous retrouvés à Venise ?
Charles : C’était l’été 2012. On s’est fait prêter une maison à Venise et on n’a pas hésité.
Pierre-Elie : En fait, on saturait pas mal d’être à Paris. L’EP était pratiquement fini, mais il fallait une petite couche de vernis. Du coup, on a terminé la plupart des morceaux (GolnazNaissanceLe vide et la lumière étaient prêts), fini Vallium. Et on y a composé Venise et Chiara sur place.

Qui est donc cette accordéoniste nommée Chiara ?
Charles : On l’a rencontrée dans une rue à Venise, en se baladant.
Pierre-Elie : Il faut dire qu’on s’est tapé 200 accordéonistes qui jouaient les mêmes airs pour touristes depuis le début du séjour. Ce qui nous a marqué c’est son jeu. C’était une italienne vagabonde-routarde – aux dernières nouvelles elle est aux Balkans. Elle avait 24-25 ans.
On avait l’impression qu’elle ne jouait que pour elle. Ses morceaux duraient 20 minutes et elle ne regardait même pas si les gens l’écoutaient ou pas. Elle était en impro totale, avec un côté progressif, un peu transe. Ça nous a émus.
Charles : Y’avait un mélange entre rock psychédélique et techo-trans. On a “phasé” 25 min en l’écoutant. On a pris nos deux couilles à 2 mains et on lui a proposé d’enregistrer avec nous.
Pierre-Elie : Elle n’a pas hésité. Elle a pris son sac et nous a suivis. Le deal proposé – car on n’avait pas d’argent – “on te fait une maquette pro (avec le matos que j’avais amené, car je suis ingé son) et tu nous autorises à piocher dedans.”
Charles : Elle a dû enregistrer 30 minutes chez nous non stop, comme dans la rue. Elle nous dit au bout d’un moment : “j’ai fini, vous me l’envoyez par mail !” C’était totalement spontané. Et nous avons ensuite pioché des notes pour composer le morceau Chiara.
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Comment avez-vous composé l’EP Veneris Dies en duo, chacun de votre côté ?
Pierre-Elie : Actuellement, on compose de plus en plus les morceaux ensemble car Vendredi prend de l’ampleur. Avant c’était plus ludique, récréatif. On faisait chacun un morceau de notre côté et on l’envoyait à l’autre. Maintenant, on prend les choses avec un peu de sérieux.

Charles : Pour cet EP, c’était : l’un de nous commençait un morceau. Et on arrivait chez l’autre en demandant : “est-ce que t’aimes bien ça ?” Ça arrivait qu’on arrive avec 3 morceaux et que l’autre n’en choisisse qu’un seul. A partir de là, on travaillait le titre ensemble.

Que s’est-il passé entre l’été 2012 et mars 2014, date de sortie de votre EP ?
Pierre-Elie : On a commencé plein de morceaux entre temps. On aurait déjà de quoi faire 3 albums, non terminés !
En fait, cet EP on ne voulait pas le mettre sur Internet. On voulait signer avec un label. Après pas mal de démarchages sans réponse, on a fini par se dire qu’on allait l’auto-produire et on l’a posté sur bandcamp. Et là, on reçoit un message de KCPR, une radio californienne, et ensuite une seconde radio californienne, UCLA, qui voulaient diffuser nos morceaux. Des japonais voulaient publier sur leur blog et ensuite, Radio Campus Montpellier et une radio à Harlem. Le délire total ! Nous avions lancé notre EP comme une bouteille à la mer.
Et par le fruit du hasard, No Format ! tombe sur nous car on correspondait au type de projets électro que le label cherchait à signer. On a rencontré les gens du label le lendemain de leur mail et on a signé 2 semaines après. C’était en juin. Et on avait prévu de sortir l’EP en septembre.

Charles : Je présentais le barreau de paris entre temps. Donc c’était compliqué d’assurer la promo. Et entre temps, No Format ! s’est rapproché de Sony.

Vendredi music band Pierre-Elie Robert et Charles Valentin EP Veneris Dies Label No Format photo by Maud Chalard

 Pas de trop de frustration ?
Charles : A si ! C’est gigantesque ! A partir de notre rencontre en février 2012, on a mis 6 mois pour composer. L’EP est fini depuis un an et demi. Ça fait donc un an et demi qu’on attend. (rires)

Pierre-Elie : La succession de reports a été usant. (rires)

Qu’est-ce qui vous a attiré chez l’autre ?
Pierre-Elie : C’est à un pique-nique organisé par des amis en commun qu’on a commencé à parler musique, de références pas forcément partagées par nos amis (James BlakeUntold, Flying Lotus…) et aussi de bruits.
On était au Bois de Boulogne, il y avait des oies. Et on est parti dans le délire de les enregistrer et de faire un morceau avec.
Charles : C’est une anecdote aussi triste et pathétique qu’elle puisse paraitre ! (rires)
Pierre-Elie : Et c’était la première fois que je rencontrais une personne qui euille, comme moi, enregistrer des sons pour faire de la musique. On s’est retrouvé ensuite un vendredi.

Charles : Quand je proposais à mes amis d’écouter certains titres qui me plaisaient, on me répondait : “C’est de la merde !” ou “C’est nul, je préfère David Guetta“. Et ça m’a plus de rencontrer quelqu’un qui aime des sonorités différentes.

Avez-vous avec Pierre Henry ou Pierre Shaeffer ?
Pierre-Elie : Ce sont des compositeurs que l’on admire pour leur démarche. Mais nous ne les écoutons pas tous les matins au petit-déj ! (rires)
C’est ce qu’on essaie de faire aussi, très humblement, de bidouiller et chercher de nouvelles sonorités. Le titre Venise ce ne sont que des sons concrets. A 100%.
Charles : La rythmique est faite par des pas de passants. Il y a aussi des moteurs de bateau.

Pierre-Elie : On se baladait avec notre enregistreur et une perche avec un micro dans les rues de la ville. On courrait après les pigeons sur la Place San Marco.

Le kiff musical suprême ?
Pierre-Elie : Je viens d’une famille musicale. J’ai fait le Conservatoire. Ce qui m’a le plus bouleversé c’est James Blake que j’ai découvert en 2008. Si je devais partir sur une île déserte, je partirais avec l’EP The Bells Sketch. Car pour moi, c’est révolutionnaire. Y’a du baroque, du jazz. Quelque chose d’inouïe et audacieux. Mais il y a aussi BachRobert Glasper et Giovanni Mirabassi.
Charles : Les premiers mecs sur lesquels j’ai vraiment vibré, c’est con à dire mais c’est Homework de Daft Punk et 2001 de Dr. Dre. Et un des morceaux qui m’a le plus marqué à vie c’est Jef Gilson et Malagasy qui reprend le titre de Pharoah Sanders, The creator as a master plan. Ca me rend juste dingue.
Je connais les notes par coeur, mais ça me rend en transe. On ne sait jamais combien de temps la passion (qui est régulière) pour un morceau va durer, car le grand amour musical est extrêmement rare.
Pierre-Elie : Ce qui nous procure autant d’endorphines à l’écoute de ces musiciens et morceaux, c’est la spontanéité !
 
Et le son du moment ? 

Charles : C’est tout frais : le groupe Illum Sphere avec Love theme for foreverness. Mais y’en a tellement !

Un conseil que vous retenez de vos parents ? 
Pierre-Elie : Mes parents me supplient de dormir ! (rires) Mon père m’a toujours répété: “la première qualité d’un artiste c’est sa santé.” Mais je ne l’applique pas forcément.
Ce qu’ils m’ont transmis c’est un patrimoine musical incroyable, même s’ils écoutaient beaucoup de baroque.

Charles : C’est ce que je retiens c’est une certaine nonchalance et le désir de vivre !.

VENDREDI, premier EP Veneris Dies chez NO FORMAT ! en téléchargement su r Itunes

En écoute sur : https://soundcloud.com/vendredimusic

Actu du groupe à suivre sur la FB de Vendredimusic et sur twitter @vendredimusic

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Musique : Interview de Cléa VINCENT pour son EP NON MAIS OUI – la nouvelle French Pop

Je retrouve Cléa Vincent devant le Pop In en fin de journée et Denis arrive en même temps pour lever le rideau de fer. Cléa a joué plusieurs fois dans la cave de ce bar, y compris lors des sessions libres du dimanche soir. Elle nous a accordé une interview qui lui ressemble : sincère, directe, légère et fantaisiste.

Cléa Vincent chanteuse singer EP Non mais oui Midnight Special Records Paris french pop music musique photo by Franck Juery

Cléa Vincent : Déjà, merci de m’avoir donné rendez-vous ici au Pop In. C’est vraiment un endroit important pour moi. C’est là que j’ai commencé : j’y ai fait mon premier concert en juin 2010. J’ai également participé aux scènes ouvertes du dimanche. C’est la première fois que je fais une interview ici, ce lieu évoque beaucoup de choses. Et tous mes potes artistes jouent là aussi : Kim [Giani], Natas Loves You, Baptiste W. Hamon, My Broken Frame. C’est plutôt en anglais, sauf pour Baptiste – même s’il avait commencé ici au Pop In avec des morceaux country en anglais – et plutôt pop indé. Le Pop In est comme une maison d’artistes, un repaire pour se rencontrer, monter des groupes. Le dimanche soir, pour les scènes ouvertes, tu peux avoir dix ou douze groupes qui passent à la suite ; ensuite il suffit de repérer les siens, ses frères, pour former sa petite famille. D’ailleurs, je me souviens qu’à la fin de ma première scène ouverte, Kim est venu me voir, et il m’a dit que ma musique lui faisait penser à Dick Annegarn, un chanteur belge qui est plutôt connu de nos parents. Ce n’est pas une référence évidente, et le fait qu’il me compare à ce chanteur que j’adore nous a permis de commencer à écrire des chansons ensemble très vite après cela.

Baptiste : Que penses-tu de l’étiquette « Gnangnan Style » [cf article de Libération] que certains voudraient te coller ?
CV : J’ai bien aimé que l’article mette l’accent sur la musique légère. Evidemment, ma musique est légère, je mets même un point d’honneur à ce que ma musique soit véritablement légère, easy, et un peu décalée. En revanche, les textes expriment des sentiments assez profonds. Alors « gnangnan » oui peut-être parce que je dis ce que j’ai sur le cœur. Après, forcément, si on compare la nouvelle génération French Pop à Jacques Brel et tous les chanteurs à textes, on écrit comme des brelles ! Mais on ne veut pas rivaliser avec cette scène-là. On est plus ouverts sur l’international. Les groupes qu’on écoute chantent en anglais. Alors on essaie probablement de mélanger nos influences : chanson française, musique anglo-saxonne, et musique brésilienne en ce qui me concerne. C’est clair qu’on ne fait pas du Edith Piaf !

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Magic t’a référencée dans les singles du mois d’avril et te compare à Lio et Chagrin d’Amour.
CV : Je trouve ces comparaisons très pertinentes ! Un tube comme Banana Split est bourré de sous-entendus, le texte est très provocateur. Un morceau comme Le Méchant Loup est un peu dans cet esprit-là : cela ressemble à un conte, une fable, mais un peu louche. Et puis j’ai une adoration pour Lio. Son histoire personnelle me touche beaucoup : son rapport avec sa sœur [Helena Noguerra], qui a été très présente quand Lio a eu des problèmes avec son ex-mari. Ce sont des filles très classes, avec beaucoup de profondeur.

Tu crois à un succès populaire de la French Pop dans les prochaines années ? Peut-être avec des groupes comme La Femme et Mustang par exemple ?
CV : Je souhaite de tout mon cœur que des groupes comme Mustang ou La Femme marche aussi fort que Stromae. J’ai vu Mustang à la Machine la semaine dernière, je les ai trouvés incroyables. Les textes sont magnifiques. Ils ont aussi beaucoup de charisme… Ça compte beaucoup le charisme. Le chanteur de Lescop est monté sur scène à un moment, et pareil. Il a une vraie présence, il a une gueule. Vraiment, ces gens-là m’impressionnent. Ce que je me dis aussi c’est que ces groupes sont assez jeunes, et que leurs amis qui peuvent être dans les médias vont finir par occuper des postes clés. En fait, c’est toute une génération qui va arriver et qui va probablement mettre la lumière sur ces nouveaux groupes et sur la French Pop. En tout cas, jusqu’à présent, je me reconnais dans aucun groupe qui passe à la télé. J’espère qu’il va y avoir une prise de pouvoir, un putsch (rires) de ces nouveaux groupes. Et ça commence à bouger : La Femme a obtenu une Victoire de la Musique cette année. Il y a vraiment une nouvelle scène pop française de qualité, de vrais talents, avec des groupes très attachants qui nous font un peu rêver, qui nous emportent.

Tu participais avec Mustang et The Pirouettes (entre autres) à la soirée Colette organisée le 14 février dernier, comment cela s’est-il fait ?
CV : Colette, ce qui les caractérise c’est l’avant-gardisme. Alors ils repèrent pas mal de groupes, parfois même des groupes étranges. Ils mettent un point d’honneur à prendre le risque de diffuser des formations parfois même « chelou ». Ils sont très sélectifs pour les artistes qui participent à leurs soirées. En ce qui me concerne, il y a trois ans, j’avais enregistré des reprises de bossa nova avec le label Midnight Special Records, et ils nous avaient intégré dans une de leur music box. Le Directeur artistique musical de Colette, qui est un type qui a les oreilles partout, hyper cultivé, a repéré le petit label de Victor [Peynichou, directeur du label Midnight Records] et il nous a découverts via ces reprises de bossa nova. C’est un vrai chercheur de groupes.

Tu viens d’achever une petite tournée européenne, c’était comment ?
CV : Ce qui est génial avec ce label, c’est qu’on est une toute petite équipe : on s’occupe ensemble de la production, de l’enregistrement, des tournées. Victor et moi-même avons donc tous les deux passé des coups de fil à des salles, à des programmateurs…, pour organiser cette tournée. Il y a un côté multi-task dans ce label que j’adore. Au final, on a tourné environ un mois entre février et mars, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, et en France bien sûr, dans des équivalents Pop In en fait ! On a choisi des bars un peu comme ici, avec de la bière à foison (rires) et des groupes sympas avec lesquels on a partagé le plateau.

Une anecdote sur un concert au Pop In ?
CV : J’en ai même plusieurs des anecdotes, car le dimanche soir tu vois défiler un paquet de personnes ! Parfois, tu as des gens qui viennent et qui font des « performances », au lieu de venir chanter une chanson. Ça peut être bizarre, il y aurait des choses glauques à raconter ! Après, tu as des moments intéressants, quand une personne monte sur scène et capte tout de suite l’attention, les regards. Ces différences de charisme sur scène sont cruciales.

Cléa Vincent chanteuse singer EP Non mais oui Midnight Special Records french pop music musique Artwork Lou Benech

Qu’attends-tu de cette année 2014 ? Quid de la sortie de la deuxième partie de cet EP Non Mais Oui  ?
CV : Pour le prochain EP, ce sera effectivement la deuxième partie de Non Mais Oui, que je ferai avec Midnight. Et ensuite j’aimerais bien auto-produire mon album, mais je n’y suis pas encore, ce sera plutôt pour 2015. Malgré tout, j’ai des idées précises sur la façon dont je veux le faire, probablement dans un plus grand studio, avec la participation de Midnight.
Pour ce qui est du premier EP, j’ai eu beaucoup d’encouragements, beaucoup plus que ce que j’aurais imaginé. C’est comme si j’avais été un peu repérée et que maintenant certaines personnes attendaient de voir ce que je vais devenir. Y’a un côté carrément pressurisant ! Tu peux plus te permettre de faire des bêtises. On commence à être joué en radio, à être invité à des soirées concerts, à faire des interviews. C’est génial, ça encourage à continuer de travailler.

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Il y a un regain d’intérêt pour la pop en français depuis quelques années. En ce qui te concerne, pourquoi avoir choisi de chanter en français ?
CV : Ce n’est pas seulement parce que mon accent est mauvais (rires), si c’était que ça, ce ne serait pas bien grave. C’est plutôt une question d’aisance dans l’écriture. J’ai toujours été nulle en anglais. D’ailleurs je me rappelle d’un truc : lors de ma première année de fac d’économie, on m’a rendu mon premier devoir d’anglais, et j’ai eu 4/20. J’ai appelé ma meilleure amie limite en pleurs et je lui ai dit : « Cécile, je suis dégoutée, je ne comprends pas, j’ai eu 4/20 ». Et là elle me fait : «  Mais Cléa t’as toujours été nulle en anglais ! ». Il y a une complexité quand même, je suis désolée, dans cette langue ! Je suis plus à l’aise en espagnol. Les temps en anglais… Je me paume complètement.

Il y a All That She Wants tout de même sur ton EP.
CV: Oui c’est vrai. Mais ma meilleure pote qui est américaine m’a quand même dit : « Cléa c’est quoi cet accent ?! ». Bon, depuis elle l’écoute en boucle, ça va. Je pense qu’on s’habitue à l’accent. J’ai repris ce morceau en écoutant les conseils du batteur avec qui je travaille. C’est un morceau suffisamment ancien pour être repris, mais en même temps il est dans le coup.

Tu as donc arrêté la fac pour te consacrer à la musique ?
CV : J’ai fait une licence d’éco, après je me suis inscrite en master. Et j’ai abandonné, j’ai complètement craqué. J’étais ailleurs. J’étais entourée de bosseurs de “ouf” qui voulaient être dans la finance, banquiers… Moi, j’étais dans la musique, je me sentais top différente, complètement à l’ouest. C’était compliqué à vivre pour moi.

Tu peux nous parler un peu de ton background musical ?
CV : Je ne joue que du clavier. Et je compose aussi un peu sur logiciel, qui est un type d’instrument comme un autre, finalement. J’ai commencé à faire des chansons parce que j’ai redoublé ma licence, j’ai donc eu six mois sabbatiques, c’était en 2007. J’étais seule chez moi, et pendant un semestre, j’ai complètement badé, en plus j’étais en plein chagrin d’amour ; l’horreur quoi. J’ai passé mon temps à écrire des chansons tristes. Mais c’est un peu hors-temps maintenant, j’ai du mal à me revoir à cette période-là. Ceci dit, à l’époque je vivais une vraie course-poursuite de l’amour (rires), c’était l’échec ! Ça me faisait beaucoup écrire. J’aimais – j’aime toujours d’ailleurs – le jeu amoureux, la séduction. J’adorais – j’adore toujours ! – l’amour impossible. J’adore courir après des trucs que je n’atteindrai jamais. Et ça, ça m’inspire plein de chansons. Je me suis trop ‘attaquée’ à des personnes qui ne s’attachaient pas, qui pouvaient courir dix-huit lapins en même temps. C’est un peu ce que j’appelle des muses : ce sont des personnes qui n’appartiennent à personne !

Et il y a eu Cléa et les Coquillages aussi ?
CV : C’était un projet parallèle à ce que je faisais en solo. C’était un groupe de reprises de chansons en français des années 60 et 70, plutôt en bossa nova. On était six sur scène, on a beaucoup joué ensemble. On avait même joué au carnaval Colette dans le Jardin des Tuileries. C’est un groupe qui n’est pas fini.

Cléa Vincent chanteuse singer EP Non mais oui french pop music musique photo de Benjamin Henon

Tu adores la bossa, non ?
CV : C’est à cause du Brésil – même si je n’y suis jamais allée ! Leurs chanteurs me fascinent : Gilberto Gil, Jorge Ben Jor, Caetano Veloso. Ce sont des songwriters géniaux. Je pense que ce sont les meilleurs du monde. C’est pour cela que je suis si captivée. Ils montent sur scène comme on va se brosser les dents ! Ils sont toujours en marcel-tongs, et ils viennent exploser une chanson devant des milliers de personnes.

Quels ont été les rencontres et les moments décisifs de ta jeune carrière ?
CV : Il y a le Pop In, bien sûr. Tout est parti d’ici. Il y a eu aussi ma rencontre avec Jan Ghazi, un excellent directeur artistique. Il m’avait fait signer chez Polydor. C’est quelqu’un qui me suit, et qui me donne des conseils. Et puis ma rencontre avec Victor Peynichou, qui me délivre d’excellents conseils. Je pourrais aussi parler de mon père. Je le voyais un week-end sur deux. Et il me faisait des cassettes audio de jazz pour patienter. Ces cassettes constituaient une sorte de lien affectif…

Le titre de ton EP Non Mais Oui peut être compris de plusieurs manières : obstination, indécision et caprice. Ou bien c’est un mélange des trois ?
CV : Non Mais Oui résume bien ce qu’est l’insouciance : je ne réfléchis pas à ce que je ferai demain. « Non », parce que cela peut sembler déraisonnable de faire de la musique, mais « Oui » parce que je m’en fou, c’est ce que j’ai décidé de faire de ma vie. Non mais oui c’est aussi l’indécision. On est face au doute tous les jours quand on fait de la musique. Ce qui ressort de mes chansons c’est donc l’insouciance, mais aussi une sorte de sensualité. La sensualité, ça m’intéresse (rires) ! C’est toute la vie, on est tous là pour ça je pense… Enfin peut-être pas tous (rires). Après, quand je parle de sensualité, je pense plus à l’amour. L’amour c’est mon objectif n°1 dans la vie ! C’est hyper beau, et j’ai envie que ça marche, j’ai envie de tout donner pour ça ! Et en ce moment je me pose une question : concrètement, la vie de famille est-elle compatible avec le fait de faire de la musique ? Est-ce possible de faire les deux correctement ? Je crois que je me pose ces questions aussi car dans ma famille il n’y a pas d’artistes. Je suis la première à avoir suivi cette voix, faut être un peu zinzin quand même. En même temps, je ne sais même pas si se poser ces questions sert à quelque chose…

Interview « Dernier coup » :

Dernier coup de cœur ?
CV : La musique de Ricky Hollywood. C’est une bête de scène en plus. Bref, il déboîte !

Dernier coup de blues ?
CV : Après la tournée européenne, vers mi-mars. C’était affreux ! On a joué tous les soirs pendant un mois. En rentrant, j’ai eu deux jours off, et je les ai passés à pleurer !

Dernier coup de fil ?
CV : C’est Victor, on s’appelle toutes les cinq minutes.

Dernier coup de gueule ?
CV : J’en ai beaucoup en ce moment. Mais il y en a un que je regrette : je me suis énervée avec un vigile récemment, pour rien en plus. C’était pendant mon concert aux Trois Baudets : il ne m’a pas laissé passer alors que je jouais le soir même. Du coup ça m’a beaucoup énervée. Mais après, je me suis senti minable, et j’ai pleuré (rires) !

Dernier coup de rouge ?
CV : Au Cosmo, à Arts et Métiers. J’étais avec mon amie la plus proche, qui m’a fait des confidences incroyables… !

Cléa Vincent est en concert avec Luciole et Zaza Fournier aux Trois Baudets du 1er au 26 juillet pour la soirée Garçons

 

by Baptiste PETITJEAN
ljspoplife.eklablog.fr

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Musique : Interview du groupe PIANO CLUB pour l’album Colore : synthé, pieuvre géante, tempête et Paris

Après son concert au Bus Palladium le 27 février dernier et à l’occasion de son dernier passage promo, l’équipe a rencontré le groupe PIANO CLUB, l’un de ses derniers coups de coeur qui ne manquera pas de faire trembler les différentes scènes parisiennes. Ce groupe belge, crée en 2007, est originaire de Liège. Après Andromédia, le quatuor présente, pour la première fois en France, son nouvel album Colore. Trois des membres du groupe, Anthony Sinatra, Salvio La Delfa et Gaëtan Streel, se sont confiés sur leur inspiration, les coulisses du tournage d’un de leur clip, leur relation à Paris et leur expérience de catastrophe scénique. Le quatrième, Julien Paschal, profitant toujours de son congé paternité bien mérité !

D’où vient l’inspiration pour cet album ?
Anthony Sinatra : Je pense que l’idée générale c’était tout simplement de se lever le matin en se disant : qu’est-ce que je vais faire pour que cette journée soit positive, m’amène quelque chose ? Et surtout de se dire si des obstacles se mettent devant vous, tout est surmontable. Le premier titre composé c’est Ain’t no montain high justement. Le thème de l’album s’est précisé autour de ce titre. Et l’attitude générale de Colore, que ce soit dans les textes ou même dans les mélodies ou le choix des accords, c’est un message d’espoir, d’encouragement surtout.

C’est vrai que c’est ce que j’ai ressenti. En sortant du boulot, crevé par la journée, cette musique est un vrai coup de reboost.
AS : Tant mieux ! Mais on a aussi essayé de faire attention à ne pas faire quelque chose de trop naïf. Il y a aussi un côté sombre qui se développe au fur et à mesure que l’album avance. Ce n’est pas juste la positive attitude gratuite.

Non du tout. Cet album est vraiment entêtant. Et celle qui me marque le plus c’est A day like a Year que j’ai mis en boucle plusieurs fois à la première écoute. Il y a quelque chose de particulier derrière cette chanson ?
AS : C’est vraiment un morceau de clôture assez évident. L’idée du titre c’est surtout d’avancer sans avoir peur, d’oser se jeter dans les choses, de faire ce que l’on a envie de faire, d’être réellement soi-même. C’est ça le thème du morceau et je trouvais que ça concluait bien l’album qui s’ouvrait avec le titre Today où là aussi on décide d’avancer en étant réellement soi-même.

D’où vient cette passion pour les synthés avec cette sonorité si particulière ?
AS : Souvent les synthés sont vites associés aux années 80. Beaucoup de titres pop qui ont popularisé ces sons là. Pour cet album-ci, on a surtout été influencé par une façon de faire qui vient des années 70 justement. On est très intéressé par le son qui sortait des studios à l’époque, notamment les studios français. La passion pour les synthés vintage est plutôt liée à la nostalgie, des choses qui nous rappellent les disques qu’écoutaient nos parents. Moi c’est quelque chose qui m’a beaucoup touché. Et puis je jouais aussi dans groupe de rock à guitares (NDLR : Hollywood Porn Stars) et j’avais envie que cet autre projet est quelque chose d’assez différent et touche à d’autres sonorités qui nous plaisaient.
Par rapport aux années 80, nous c’est pas notre période préférée même s’il y a beaucoup de choses qui nous plaisent. On n’est pas du tout un groupe revival des années 80 qui utilisent les synthés pour faire comme tel ou tel autres groupes. On essaye plutôt de les mélanger à des éléments neufs.

 C’est juste la sonorité des synthés qui peut faire penser aux années 80.
AS : Il y a un tas de groupes d’électro-pop, qui se revendiquent vraiment de cette période des 80’s. Je pense à Zoot Woman, ou des groupes qui veulent vraiment retrouver le spectre de Human League ou de vieux groupe. Ce n’est pas trop la démarche pour nous en tout cas.

 J’ai eu un peu plus de mal, au début avec Olivia, qui être peut-être un peu plus classique.
AS : Parfois quand on fait un album, on a essaye nous d’avoir du recul sur ce qu’on a produit, parce qu’on compose énormément de chansons. Et puis ensuite on voit les titres qui se tiennent pour essayer de créer une certaine cohérence sur le disque et on se rend compte parfois qu’il manque d’un morceau un peu plus évident qui permet de se reposer un peu, ou simplement de servir de single. Souvent on extrait un titre et il faut que ce titre arrive à accrocher l’auditeur rapidement. Olivia jouait un peu ce rôle là dans ce disque. C’est d’ailleurs un des titres qui a été mis en avant en radio, qui est souvent mis en avant pour des synchros. On a eu un générique de télé via celui-là parce que se sont des rifs très évidents. C’est plutôt ce rôle là Olivia.

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 Où puis-je trouver la pieuvre géante du clip  Ain’t no montain high ?
(Rires)
GS :
Je ne sais pas s’ils la prêteront à nouveau. (Rires)
AS : On a une anecdote. Quand on réalise les clips, on essaye toujours avec la réalisatrice, Eve Martin, de poser nos rêves, nos fantasmes sur papier. Sachant qu’on a zéro budget et que c’est très bricolé, comme notre musique finalement. C’est un petit clin d’œil au film Ed Wood, cette bagarre avec la pieuvre dans l’eau. Et Eve a réussi à trouver cette pieuvre géante.
Salvio La Delfa : Elle vient d’un gros stock pour le cinéma en Belgique.
AS : Le souci a été de la faire sécher.
SLD : En fait elle a mis très longtemps à couler mais une fois qu’elle a coulé…
AS : Elle pesait six fois son poids.
SLD : On était à six pour la sortir de l’eau et elle est restée dans mon jardin pendant une semaine à perdre de l’eau.
AS : C’est très décoratif dans un jardin.
SLD : J’ai la photo. Mais c’est vrai qu’elle était encore un peu mouillée après une semaine.

Avez-vous vécu des catastrophes sur scène ?
SLD : On était au festival Blue Bird Festival en Belgique, et sur le dernier morceau il y a eu une tempête.
AS : On a senti le vent se lever à deux minutes de la fin du concert. Il fallait qu’on arrive à terminer ce show. Et à la toute dernière note, c’était l’alerte rouge : évacuation de la scène.
GS : Ils ont fait descendre les bâches, on a dû enlever notre matériel. De temps en temps, il y a des techniciens qui devaient ramper sur scène sous les bâches pour récupérer des trucs. C’était le chaos total. Tout le monde aidait tout le monde et ramenait le matériel. C’était un foutoir incroyable.
SLD : Ca me fait penser à des films ou des dessins animés où tu chantes une incantation et d’un coup tu as le vent qui se lève. (Rires) C’est un petit peu ce qui s’est passé.
AS : Oui, vraiment à la toute dernière note. On a eu le temps de finir le concert et « bam !» : merci, au revoir et bonne chance.

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Une idée de reprise pour un album ou sur scène ?
AS : Sur scène on a longtemps repris une chanson de Kate Bush : Babooshka. C’est un titre qui me faisait très peur qu’en j’étais enfant. C’était une façon d’exorciser.
SLD : C’est vrai que ce morceau rentrait assez bien dans l’univers très sombre que l’on présentait à l’époque avec l’album Andromédia.
AS : Aujourd’hui pour une interview radio, on nous a demandé un cover. On a choisit Mercury Rev.

Que représente Paris pour vous ?
SLD : Pour moi cela représente un centre. Venir à Paris faire de la musique, faire un concert c’est une facilité parce que tout le monde s’y trouve, c’est la capitale. C’est facile de se donner des rendez-vous. Paris représente l’endroit idéal pour venir s’y produire et faire découvrir la musique qu’on propose. Paris c’est un vrai carrefour.
AS : Je me dis souvent qu’on est chanceux d’avoir Paris près de chez nous finalement. C’est sûr que lorsqu’on est musicien, c’est assez important de pouvoir venir se produire ici. Au niveau professionnel, tous les interlocuteurs sont là.
J’ai énormément de souvenirs ici puisqu’on a été signé sur un label français pendant très longtemps avec mon ancien groupe. J’ai eu la chance de venir très régulièrement, c’est une ville que j’apprécie vraiment. Et puis chaque fois que je viens je découvre de nouveaux quartiers que je ne connaissais pas.

Avez-vous un message de fan qui vous a particulièrement touché ?
AS : Via le groupe, on a réussi à réunir des gens de la même famille qui ne se parlaient plus trop. En venant aux concerts, ils ont recommencé à nouer des liens. Ensuite on est devenu amis. Et ils nous suivent sur beaucoup de dates. Oui, il y a des histoires qui se créent avec tout ça. Après on reçoit beaucoup de messages, cela fait toujours plaisir. Et à la fois on essaye de ne pas y accorder la plus grande des importances. Parce que finalement quand on est musicien, on essaye surtout de faire ressortir les idées qu’on a et de les proposer aux gens. Eux ont leur ressenti là dessus. Ca fait plaisir quand on vous fait des compliments. Et si d’autres personnes sont moins touchées, ce n’est pas très grave non plus pour nous.

Piano Club

Nouvel album COLORE disponible depuis le 24 février 2014
En concert le 16 mai au Pan Piper
2-4, impasse Lamier
75011 Paris

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AIRNADETTE la comédie musiculte à L’Européen : le airband change de têtes et fait des petits ! INTERVIEW

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il faut être bien réveillé pour interviewer les Airnadette.  Jeux de mots, calembours et concours d’expressions désuètes. M-RodZ aka Eva Gina Runner, la caution urbaine du groupe avec son casque de scooter griffée “Airnadette”, Chateau Brutal et sa coupe de cheveux savamment décoiffée et Moche Pitt, looké dandy et spécialiste de rock urgent et de pop intelligente ont un excellent karma et une énergie à décorner les bœufs.

Affiche spectacle Airnadette La Comédie Musiculte à L'Européen Paris prolongations air guitar french band Gunther Love
De leur propre aveu le compliment le plus sympathique qu’on puisse leur faire, c’est qu’ Il faudrait que votre spectacle soit remboursé par la Sécu” . Ce mercredi nous avons rencontré trois des membres du airband le plus foutraque qui soit. Deux étaient absentes – Scotch Brit et Jean-Françoise – pour cause de polichinelles dans le tiroir et la star du show Gunther Love, n’était pas au rendez-vous non plus puisqu’il a malencontreusement glissé… sur une brosse à cheveux.

Des nouveaux talents ont donc rejoint la troupe, parmi eux Bretzel Washington, Chutney Spears ou La Rockmoute. La troupe précise bien qu’ils ne sont pas de pâles doublures des précédents mais des comédiens avec leur propre univers qui partagent les mêmes délires. Vous pouvez donc aller re-re-re-re-voir ce zapping visuel et auditif, même si vous connaissez déjà l’histoire.

La recette secrète des Airnadette c’est que le public change à chaque fois ce qui fait de ce spectacle hyper participatif une pépite. “On fait semblant d’être des rocks star et le public fait semblant d’être fan hystérique à chaque fois.” Pas de lassitude donc. Ni pour eux, ni pour nous. C’est un spectacle “très régressif extrêmement plaisant à jouer” et ça marche tellement qu’ils ont adapté le show en anglais pour le jouer à Londres et à Édimbourg l’été dernier. Ils ont tous un excellent niveau d’anglais ce qui leur a permis de faire quasiment la même performance en remplaçant quelques références françaises par des références anglaises. Les Tontons fligueurs se sont mués en Monty Python par exemple.

Deux auteurs américains et un auteur anglais sont venus pour donner un petit coup de main afin de re-glisser dans la partition “un ou deux génériques hyper cultes de l’enfance, des petites subtilités.”

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Pour préparer son corps avant les shows très sportifs, chacun a sa technique. Chateau Brutal utilise la table de ping-pong de L’Européen pour faire “quelques tournantes” tandis que M-RodZ, plus classique se masse à l’arnica. Gunter et Bretzel effectuent eux de véritables performances, contorsions et sauts périlleux. Gunter s’était déjà rentré le genoux dans un projecteur il y a quelques temps. 

Remontons à la Genèse d’Airnadette, car l’histoire en vaut la chandelle. Au départ, une soirée à L’Alimentation Générale. Il font un petit air band pour distraire quelques potes souls qui ont continué à s’en amuser à jeun. S’ensuit 7 mois d’écriture ensemble. Tout le monde est arrivé avec son univers. Chateau Brutal fan des “nanars”, la quintessence cinématographique. Mrod les films de buddies, de fumeurs de joints, les Dumb et Dumber. Et pour Mosh Pit le rock urgent –des gens très pressés– ainsi que les films d’espionnage.

Le spectacle n’est jamais potache, “le patrimoine audio préserve de ça. On a beaucoup bossé l’écriture pour rendre hommage à Janis Joplin, Chuck Norris. Un Gratin d’hommage fondu” dirait Gunther Love, poète.

Une complémentarité assez magique qui a permis de faire d’une beuverie d’un soir un spectacle qui fonctionne.

Ils ajoutent “On remercie les journalistes un peu provoc qui ont balancé au début “Alors comme ABBA vous allez faire une comédie musicale ?Finalement c’est devenu ça.

Les ambitions pour la suite. En exclu ils confessent – après une interview d’une persévérance acharnée – qu’ils vont bientôt jouer à Montréal au Festival Juste pour rire et au festival d’Avignon. Le quintet va donc se dédoubler et fuir Paris cet été pour partir à la conquête du monde.  Pour commencer vous pouvez les voir jouer dans toute la France -même si vous habitez des contrées éloignées – comme Limoges, Soissons ou Perpignan.

Nouvelle exclu et pas des moindres – à vérifier ! – il y a aura aussi un show avec les futurs bébés à naître pour un public de nourrissons qui risque d’être un peu chiant mais qui permettra de faire d’Airnadette un spectacle réellement multi générationnel.

La team prépare aussi une adaptation pour le cinéma – mais ça c’est vrai – “J’aimerais que ça s’arrête quand on ne nous confondra plus et que tout le monde nous connaîtra” conclut M-RodZ débordante d’enthousiasme.

by Hermine Mauzé

AIRNADETTE la comédie musiculte !

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Musique : Interview du groupe THE LANSKIES pour l’album HOT WAVE – en concert au Divan du Monde le 25 mars

Trois des membres de The Lanskies nous attendent pour leur dernière interview de la journée, dans le cadre de la promotion de leur deuxième LP « Hot Wave », sorti en janvier dernier. Nous avons découvert un groupe complètement habité par la musique, et au sein duquel des débats loin d’être artificiels permettent finalement de cerner leur univers, leurs influences, leurs sensibilités. C’est parti pour un long entretien avec un groupe de talent, et franchement adorable.

Gérald et Baptiste : Qui êtes-vous ? Comment sont nés The Lanskies ? Ça veut dire quoi The Lanskies ?
Florian von Kunssberg : The Lanskies, c’est un groupe formé de cinq personnes de générations assez différentes, puisqu’au sein du groupe l’âge varie entre la vingtaine et la quarantaine. Au départ, Marc et moi, guitaristes, avons créé nos maquettes. Et ensuite on a cherché des musiciens, un batteur, un bassiste, et on a voulu trouver un chanteur anglais. Je connaissais personnellement le frère de Lewis, qui est un super chanteur, avec lequel j’avais déjà travaillé, mais qui est reparti vivre en Angleterre au moment de la formation des Lanskies. Et en fait, j’ai rencontré Lewis à la sortie d’un bar, il est venu répéter avec nous le lendemain matin. Tout cela s’est passé en 2005, fin 2005. On est repartis avec trois ou quatre morceaux presque finis après une seule répèt’. Ensuite, tout est allé assez vite, surtout pour les concerts, de plus en plus gros, et puis le parcours habituel des tremplins, au Printemps de Bourges, aux Vieilles Charrues, etc. On s’est retrouvés à faire une vraie tournée, et puis à enregistrer un véritable album.

G & B : Dans quel type de formation vous étiez avant la création de The Lanskies ?
FvK : Je jouais dans le groupe Teaspoon, on avait signé un premier album chez Warner, et puis cela n’avait pas bien fonctionné, on végétait un peu. Alors, je me suis dit que je voulais faire de la musique pour le fun, et c’est dans cet esprit-là qu’avec Marc on a monté les maquettes des futurs morceaux de The Lanskies.
Lewis Evans : J’étais au lycée quand j’ai commencé à chanter pour The Lanskies. Auparavant, j’étais dans un groupe qui s’appelait The Jim Bob’s, et avec mon frère on avait créé The Dads.
FvK : The Lanskies, au départ, c’était comme une blague !
LE : Non, pour moi ce n’était pas une blague !
FvK : Oui, mais toi tu étais parti faire tes études aux Beaux-Arts, nous on taffait. A cette époque, le batteur, le guitariste et moi-même étions tous plus ou moins installés dans la vie. The Lanskies devait être un groupe pour faire des concerts le week-end, de temps en temps.

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G & B : Et toi, Lewis, d’où te vient cette maîtrise parfaite du français ?
LE : Mes parents ont voulu partir en France quand j’avais douze ans. J’avais des parents un peu babos. Ils étaient flics, mais ont décidé d’arrêter ce métier : mon père a monté une résidence d’artistes. On a fait une sorte de tour de France en caravane, j’ai été déscolarisé pendant plus d’un an et demi, et ensuite mes parents ont trouvé une maison dans la Manche.

G & B : Comment comparer la pop britannique et la French Pop qui se développe depuis quelques années ?
LE : Je suis très pote avec les membres des groupes Aline et Granville. Ce sont des groupes que j’adore, des musiciens super sympas, hyper créatifs : ils arrivent à travailler le texte français, en donnant du sens, et à faire des morceaux, souvent dansants, qui font penser à la pop anglaise.
FvK : Tu as aussi Lescop, pour moi c’est typiquement frenchy. C’est un peu ce qui se faisait à l’époque de Taxi Girl.
LE : Oui enfin, ce n’est pas du recyclage non plus. Écoute Le Femme par exemple.
FvK : J’adore La Femme, c’est un groupe grandiose. Mais, personnellement, je n’ai pas cette culture-là. Je n’ai jamais cherché à faire du français, j’ai toujours cherché à faire de la musique anglaise, c’est la raison pour laquelle on voulait avoir un chanteur anglais.
LE : J’ai d’ailleurs une pression de malade sur le fait d’écrire une chanson en français. Une pression de quota de radio, de la part des labels aussi. Et sur le marché français, la langue française marchera mieux que l’anglais.
FvK : Les groupes dont on a parlé ont envie d’exprimer des choses dans leur langue, Lewis, lui, va s’exprimer plus naturellement dans sa langue.
LE : C’est par facilité.
FvK : Après, en français il y a un rapport au texte, aux mots, qui n’existe pas en anglais. Il y a tout le poids de la tradition de la littérature française et de la chanson à textes.
LE : On n’est pas un groupe prise de tête, on est un groupe qui fonce, un groupe de scène. Ceci dit, mes textes ont toujours un double sens.

G & B : Et vous n’allez pas jouer en Angleterre ?
LE : Evidemment, je rêverais d’aller jouer à Liverpool, là d’où je viens, devant ma famille. Mais en Angleterre, la musique constitue un marché considérable. C’est très compliqué de monter une tournée en Angleterre, ça coûte énormément d’argent. Les pays du continent européen sauf l’Allemagne peut-être, font du Royaume-Uni un rêve, dans le domaine de la musique pop. Or, il n’y a pas eu de grands groupes sortis de Liverpool, Newcastle ou Manchester depuis des années. Les raisons sont politiques : les conservateurs au pouvoir ont réduit considérablement les subventions aux associations culturelles, aux salles de répèt’, dans le nord de l’Angleterre. Tout l’argent se concentre à Londres, d’où la montée du Dubstep et de l’Emo, et l’apparition de groupes ou artistes très standardisés, très américanisés. Il n’y a plus d’énergie dans le nord de l’Angleterre. L’Europe continentale a vraiment acquis une identité musicale, grâce au Bureau Export, grâce à des festivals comme Les Transmusicales de Rennes, Eurosonic aux Pays-Bas, Reeperbahn en Allemagne.
FvK : Après, tu as aussi des groupes très lookés, comme The Temples, mais quand tu écoutes tu es déçu, parce que tu demandes ce qu’il y a derrière ce look.
LE : Et quand les Anglais pensent à la musique française, ils pensent à Eurotrash – émission de télé britannique, présentée par Jean-Paul Gaultier et Antoine de Caunes, ndlr. Cela prend du temps d’avoir les clés de compréhension pour accéder à certains pans de la musique française. Cela tient au texte : si tu ne comprends pas le texte, tu peux passer à côté. L’exemple typique : Katerine.
FvK : Mais pas Gainsbourg, la musique est top.
LE : Pour finir, en France, il y a aussi le statut d’intermittent du spectacle, qui permet réellement de dynamiser le paysage musical. Personnellement, je ne cherche pas la gloire, je cherche à vivre de ma musique.

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G & B : Comment s’est déroulé le travail sur le dernier album ?
LE : On fait de la musique entre nous, chaque membre du groupe compose. C’est une vraie démocratie musicale !
Fvk : D’où plus d’un an et demi de travail. Six mois de maquettage, et d’histoires de label.
LE : Mais on n’a jamais arrêté de faire des concerts. La composition, ça peut se passer dans les chambres d’hôtel, au petit déjeuner chez Flo. Y’a des gens qui nous disent : « Mais vous tournez tout le temps ! ». Ben oui ! On n’a pas de stratégie de groupe, on est avant tout un groupe de scène. Personnellement, je déteste les étapes en studio d’enregistrement, je préfère la scène. Je n’ai jamais écouté notre album, c’est pour vous dire !
FvK : Concernant la composition, il y aussi un élément important, c’est que l’on se connaît très bien. On sait ce que les autres vont apporter à un morceau.

G & B : C’est quoi pour vous la Hot Wave ?
LE : A l’ origine c’est un journaliste anglais, pour le NME, qui avait écrit que notre musique était de la hot wave. Ensuite, les journalistes ont repris cette étiquette que nous n’avions pas du tout choisi nous-mêmes. J’ai malgré tout une définition de la Hot Wave : c’est la rencontre de deux guitaristes, en l’occurrence Flo, qui pratique une guitare britpop, et Marc, qui, en tant qu’ancien nouveau romantique, est plus influencé par le post-punk et la new wave. J’en fais donc une définition instrumentale, dans laquelle le chant n’intervient pas.
FvK : Le premier album était très influencé par la vague post-punk et new wave, qui est revenue au début et au milieu des années 2000. Je pense que le deuxième n’est pas de la new wave réorchestrée, cela va au-delà. Et la hot wave, que les journalistes ont pondue et dans laquelle ils nous ont rangés, ne nous convient pas tant que ça.

G & B: Et vos influences britpop ? Menswear, Elastica, Sleeper ?
G:
Moi, la première fois que j’ai écouté vos chansons, ça m’a rappellé Menswear, en particulier le morceau Daydreamer.
FvK : Tous ces groupes-là, je les ai vus en concert à Reading dans les années 90. J’adore ! Menswear était vraiment un supe groupe.
G: Florian, on doit avoir le même âge. Menswear, c’est une histoire de jeunes quadras …
LE : Je connais aussi. Mais, c’est Flo qui a fait mon éducation musicale à ce niveau-là. Tu es un peu mon Obi Wan Kenobi. On a aussi des OVNIs, comme Bank Holiday. Si on était dans une grosse major, si toutes les planètes étaient alignés, ce morceau aurait été un énorme tube. A chaque fois qu’on le joue en concert, le public est surexcité. C’est un morceau qui figure sur le premier album, mais j’aimerais qu’il soit présent dans tous nos albums.
FvK : C’est un hymne. Malgré tout, je détestais jouer cette chanson sur scène jusqu’au dernier concert : on a décidé de le faire en milieu de set, au lieu de la faire à la fin. A la fin du concert, cela fait trop attendu. C’est comme si les gens venaient pour écouter un seul morceau.
Zool Vabret : Bon après, il faut quand même dire que pour ce concert, on a en effet joué Bank Holiday en cinquième, mais les gens étaient pas trop dedans, on l’a rejoué à la fin et là c’était l’explosion.

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G & B : La britpop est-elle plus ou moins mise en avant sur le deuxième album ? On y trouve aussi des influences hip hop, comme sur Move It.
ZV : Elle est plus présente je pense. Et puis, il y a des éléments hip hop évidemment, sur la voix.
FvK : On a fait un voyage aux Etats-Unis et Lewis y a puisé des éléments hip hop.
LE : Y’a un côté hyper dance, avec des morceaux comme If You Join Us, et des chansons plus rock, presque punk, comme Sunny Rose, et du hip hop.
FvK : Je ne suis pas d’accord, je le trouve plus britpop cet album. Tu prends des morceaux comme Romeo, c’est dans la même veine que Fashion Week.
LE : Sur les chœurs, c’est beaucoup moins britpop que le précédent.
ZV : Mais il y en a quarante mille des chœurs ! Alors que dans le premier album, il n’y en avait pas.
LE : Le deuxième album est plus hip hop.
ZV : Oui enfin il y a deux chansons hip hop sur cet album, voire une et demi!
LE : Shall we agree to disagree ? Après, ce qu’il faut savoir c’est qu’en dehors de la scène, Flo, c’est un peu le Duc du groupe, c’est un peu notre Roi. Mais sur scène, c’est moi (rires). Là on n’est pas sur scène, donc j’essaie de le convaincre !

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G & B : L’artiste ou groupe qui vous a donné envie de faire de la musique ?
FvK : Le groupe qui a déclenché mon envie de faire la musique, même s’il n’a pas beaucoup compté pour mes influences, c’est Dinosaur Jr. J’adorais un de leurs albums, il y a une petite fille qui fume une cigarette sur la pochette (Green Mind, ndlr). Et mon père me disait, quand il me voyait écouter ce genre de musique : « Ecoute euh… Bosse un peu quoi ! » (rires), mais mon père ne m’a jamais empêché de faire de la musique non plus. Et puis je viens d’une famille d’artistes : mon arrière-grand-père était un grand pianiste de musique classique, il s’appelait Wilhelm Kempff.
LE : C’est vrai qu’il avait six doigts… ?! (rires)
Fvk : Bref.
LE : En ce qui me concerne, il y a deux facteurs qui m’ont donné envie de faire de la musique. Tout d’abord, mon frère, qui jouait de la guitare devant moi. J’avais envie de faire comme lui, donc je me suis mis dans ses pas. Et le deuxième facteur c’est ma mère, qui était une ancienne groupie, elle traînait avec Devo ou Generation X, avant de rentrer dans la police. Mes parents organisaient aussi des soirées avec des musiciens, avec parfois Tony Wilson (le co-fondateur du label Factory Records, ndlr).
ZV : Le premier groupe qui m’a fait une grosse impression c’est un groupe de Caen, qui n’existe plus aujourd’hui, qui s’appelait les Monkey Beats. Deux semaines après les avoir vus en concert, j’avais acheté mon premier instrument, ma basse. J’ai fini par jouer avec eux quelques années plus tard. Avant cela, j’avais fait dix ans de piano, mais ça m’avait dégoûté. J’avais une prof violente.
FvK : Moi j’adorais ma prof de piano, elle était magnifique ! 

G & B : On va maintenant finir par un petit blind test. Le but est de nous dire ce que vous pensez des morceaux
The Smiths, Barbarism begins at home
FvK: Je connais mal cet album, Meat Is Murder

Echo & The Bunnymen, Rescue
LE : J’ai cet album. Ecoute Eastern Wall de The Lanskies, c’est presqu’inspiré d’un morceau de ce groupe, Crocodiles.
FvK : Ian McCulloch, dans une interview (interview donnée aux Inrockuptibles,), avait dit qu’ils avaient 50 ans d’avance à l’époque et qu’ils en ont toujours une vingtaine aujourd’hui.

Aline, Teen Whistle
LE : C’est très beau, je ne connaissais pas ce morceau.
FvK : Super morceau. C’est super 80’s, faudra que j’écoute leur album en entier. Ça sonne très anglais !

Bloc Party, This Modern Love
ZV: Bloc Party, évidemment !
B: On a l’impression que Hot Wave est l’album que n’arrive plus à sortir Bloc Party.
FvK: C’est exactement ce que vient d’écrire le magazine Plugged à propos de Hot Wave.

Plus qu’une interview, cela a été un très bon moment d’échanges et de discussion avec des musiciens passionnés, très sympas, et faisant preuve de beaucoup d’humour.
En conclusion, Hot Wave  est à écouter sans modération.

THE LANSKIES

dernier album : Hot Wave chez ZRP

Concert au Divan du monde à Paris le 25 mars 2014

 

 

by Baptiste et Gérald PETITJEAN
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Musique : Interview de FAUVE ≠, le collectif met l’ambiance des soirs de concerts parisiens… à Niort. Un groupe unique en son genre !

Nous avons rencontré le phénomène du moment : FAUVE Corp, à l’occasion du concert du groupe à Niort  ! Un album sorti le 3 février 2014 nommé Vieux Frères, partie 1 et des salles de concert sold out comme les vingt Bataclan programmés à Paris. Bluffant ! 

 

Niort, ce jeudi soir, les lycéennes sont en délire aux premiers rangs. Les membres du groupe ont entre 25 et 30 ans, ils sont souriants et sympathiques. On sait déjà que le prochain album (Vieux Frères, partie 2) prévu pour la fin de l’année fin voire début 2015, sera préparé aux petits oignons par ce groupe de perfectionnistes.

Fauve ce sont des garçons prolixes avec un style décontracté/branché, capuche vissée sur la tête. « Fauve cest le groupe pas prise de tête » et c’est avant tout un groupe d’amis, qui décident tout ensemble, chacun a le droit au dernier mot. Ils vivent leur projet à fond et avec passion.

L’interview a eu lieu dans une brasserie niortaise et en discutant, l’un d’eux, remet soigneusement les couverts en place. Image cocasse !
Ce groupe tente avec difficulté de garder l’anonymat, surtout depuis qu’il est en bonne place dans le Top 5 Itunes. Mais les membres regrettent presque de pas avoir dévoilé leur identité dès le début, se disant qu’aujourd’hui on ne leur poserait plus la question. Fauve c’est un groupe honnête, ensuite on aime (à la folie) ou on n’aime pas du tout (indifférence totale), on a cherché à savoir pourquoi.

Interview de FAUVE

Louis-Clément : Comment vous sentez-vous ce soir avant de monter sur scène à Niort ?  Quest ce que vous pensez des salles de province, est-ce-que lambiance est différente du Bataclan ?
Fauve :  Les concerts à Paris, c’est marrant parce qu’il y a beaucoup plus de visages familiers pour nous. Mais le public parisien est un peu différent, c’est un peu plus guindé. C’est peut-être nous aussi, car hors de Paris on a moins de pression. Il y a deux jours, à Rennes, à L’Etage, c’était énorme ! Mais cela a tendance à s’uniformiser, car récemment au Bataclan c’était très intense aussi.
Que ton projet marche à Paris, c’est étonnant, mais pas forcément car il y a tellement de trucs qui sont brassés. Quand tu vas ailleurs, et que le public est là, tu prends conscience qu’il y a un truc que l’on ne peut pas toucher ou expliquer.
On fait une espèce de “rejet” de la capitale en ce moment. En fait, on a mal vécu d’être considérés comme un groupe de « bobos » parisiens. On est tout sauf des Parisiens même si on y habite, et que nos attaches sont en partie là.

Pour quune œuvre devienne une référence, il faut quelle soit rejouée, pensez-vous pouvoir être repris, un jour ?
Non, on n’y pense pas. Ce n’est pas du tout pour ça que l’on a fait le projet. Quand les gens en face de toi ressentent quelque chose, là, tu peux te dire, ce n’est pas « une œuvre » parce que c’est un gros mot pour nous, mais que tu touches quelque chose. De plus, ça m’étonnerait que ça se fasse, c’est trop compliqué « ce langage parlé », c’est chiant, faut avoir la petite technique. Ce n’est pas évident. Ca nous a pris du temps à la trouver et ça risque d’être indigeste. Tu imagines reprendre Nuits fauves, 4 minutes 30 de blabla ? C’est comme un truc de rappeur, ça ne se reprend pas.

Votre musique est assez proche du rap, elle est parlée plutôt que chantée sauf que dans le rap, on parle plus de la banlieue, et vous êtes plus des gosses privilégiés ?
On n’a pas essayé de jouer des personnages, on a dit qui on était tout de suite. Quand tu écoutes les paroles, tu ne te dis pas que les mecs se racontent une vie. C’est nous, on ne va pas se vendre, comme des vrais ou faux rappeurs.
On est des gens normaux. Hier, j’en parlais avec ma grand-mère, car il y a eu un article dans le magazine Public et elle était surprise qu’on dise que l’on est bourgeois, issus de milieu aisé.
On n’a jamais eu de problème réel dans la vie, on a des vies de gens normaux. On veut juste se départir de cette culpabilité, judéo-chrétienne mal placée, qui est que tant que tu n’es pas le dernier de l’échelon, faut te mettre des coups de fouet, il faut t’auto flageller, « fermer ta gueule », tout ça. Les gens qui disent ça ils ne balayent jamais devant leur porte, c’est les premiers à se plaindre, comme tout le monde.
On essaye de sortir de ça en disant que l’on n’est pas en train de s’approprier les problèmes d’autres personnes, on ne joue pas un rôle. On n’est pas en train de hiérarchiser nos problèmes, même les riches ont des problèmes, ce n’est pas ça que l’on dit. Les douleurs et frustrations on les a vécus, nous n’allons pas essayer de les garder pour nous et que ça nous ronge de l’intérieur. C’est la sincérité qui nous fait du bien.

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Avez-vous le projet de faire un DVD ?
On a beaucoup pensé au DVD, mais le problème c’est le support en lui-même, c’est un peu « old-school », nous on a décidé de casser un peu ça en 2014. On veut plus faire des hors-formats de 20 à 30 min, mais pas forcément les commercialiser, le but c’est que ça touche le plus possible de personnes, nous voudrions montrer des choses de nos vies, mais pas en DVD, plutôt via Youtube.
Pour le prochain album on a vraiment envie de proposer quelque chose de complet.
Le support papier nous plaît plus, pour Vieux Frères on a ajouté le livret, ça nous a beaucoup amusé de le faire, ça nous aurait même plu de faire un petit livre. Le film, on le réserve pour le net.

Comment se passe une séance d’écriture ? Vous travaillez sur papier ou sur ordinateur ?
Nous avons tout fait sur ordinateur. Un jour, on a vu Booba écrire sur son Black Berry, on a trouvé ça plutôt classe. Du coup, on fait pareil maintenant. Il n’y a pas de séance d’écriture, c’est vraiment au moment de l’enregistrement qu’on fait nos arrangements. C’est assez fluide en fait.

Vous avez dit chez Pascale Clark, que vous étiez des “ratés modernes”. Est-ce que c’est lié au fait que vous navez pas fait de crise d’ado ? Cest quoi des ratés modernes ?
Les « ratés modernes », ça vient d’un pote, ça semblait vraiment nous définir à merveille. Mais la donne a un peu changé aujourd’hui. On a récupéré de l’estime de nous-mêmes, on est plus tendres. En fait, notre ami a écrit un bouquin et on a tout de suite halluciné. On avait l’impression de lire « Sainte Anne », mais à l’échelle d’un bouquin !
Dans le résumé, il dit : « j’étais un raté moderne », il parle de celui qui fait tout comme il faut : il a eu ses diplômes, pas d’ennuis avec les keufs, un physique ni gracieux, ni disgracieux, mais il n’y arrive pas.
Nous, on joue à la Playstation, on fume des clopes, on boit des bières. On est content de voir qu’il y a rien qui bouge et que l’on reste toujours autant handicapé avec les meufs, ça changera peut-être.
Avec l’enchainement des concerts on a quand même des vies plus rangées qu’avant. On n’a jamais été aussi peu ado. C’est vrai qu’on a une nouvelle vie aujourd’hui, ça fait un peu colonie, mais ça n’en a pas vraiment la couleur.

On remercie le band d’avoir pris le temps de répondre à toutes les questions avec le sourire, bien que les membres soient tous malades ce jour-là – décidément ils font vraiment tout en groupe !

Interview à la sortie du concert de Marilou et Constance, deux fans venues de Poitiers

 

Quest ce qui vous attire quand vous écoutez Fauve ?
C’est différent, ça fait du bien ! Ce n’est pas le genre de musique que l’on entend actuellement à la radio, c’est une musique moderne, qui n’est pas prise de tête. On peut facilement s’approprier les textes. À la première écoute on est attentif aux paroles et ensuite, on se lâche.

Qui écoutent Fauve autour de vous ?
C’est très partagé, autour de moi mes amis disent : « Fauve c’est le meilleur artiste que j’ai découvert en 2013 ! » (Petit tacle à Stromae !)

Avez-vous apprécié ce concert ?
Les artistes sont très présents sur scène, ils se donnaient à fond. La salle a mis un peu de temps à répondre, mais à la fin, on était en totale transe !

Un petit mot pour Fauve ?
Ne changez rien, faites ce qu’il vous plaît ! On attend très impatiemment leur prochain album ! L’anonymat on trouve ça génial. Ca change. Le public aura la curiosité de venir les voir sur scène.

FAUVE en concert au Bataclan à Paris en mars (du 4 au 8), avril (du 8 au 12) et mai (13 au 17) prochains et en tournée dans toute la France

Festivals cet été : Nuits de Fourvière à Lyon, Garorock à Marmande, Beauregard à Hérouville St Clair, Musilac à Aix-les-Bains, Francofolies de la Rochelle, Les Vieilles Charrues à Carhaix et Carcassonne


B
Louis-Clément Mauzé

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Interview de Léo & Victoria du groupe THE PIROUETTES pour l’EP L’Importance des Autres

Ce vendredi, Léo et Victoria arrivent ensemble au Pop In où nous leur avions donné rendez-vous. Les pieds sur terre et la tête ailleurs, The Pirouettes sont revenus sur les origines de leur style musical et la sortie de leur deuxième EP « L’Importance des Autres » prévue le 17 février prochain. On a également pu en savoir plus sur leur manière de vivre la progressive reconnaissance qui fait de leur duo un des grands espoirs de la synthpop hexagonale. Au final, un moment très convivial passé avec un couple souriant qui aimerait “briller comme des étoiles”, tout simplement. 

Gérald & Baptiste : Vous êtes déjà venus jouer au Pop In ?
Victoria : On est venus jouer il y a un an au Pop In.
Léo : C’était un peu notre pire concert de tous les temps.
: A inscrire dans les annales !

G & B : Vous avez 41 ans à vous deux, seulement. Quand avez-vous commencé la musique ?
L : Pour être exact, j’ai commencé à six ans à jouer de la batterie dans ma chambre avec mon frère ; quand j’ai eu 10 ans le groupe Coming Soon s’est formé, et quand j’étais en quatrième, vers mes 14 ans, on a fait notre premier concert. Ensuite les choses se sont bien enchaînées, on a sorti un album, quelques EP. Un de nos morceaux – Vampire – s’est retrouvé sur la bande originale du film Juno, et là Coming Soon a vraiment décollé.
V : J’ai commencé la musique avec Léo, j’avais juste fait un an de violon quand j’étais au CP (rires). Je joue du clavier et je chante dans The Pirouettes, qui est mon unique projet musical. A côté de cela, je fais des études de photo, et un peu de vidéo aussi.

G & B : On a pu lire que « Is This It » est l’album préféré de Léo, quant à toi Vickie c’est « Modern Life Is Rubbish » de Blur. Vous avez pu en mettre dans The Pirouettes ?!
L : Pendant très longtemps, les Strokes ont été mon groupe préféré, depuis peu mes goûts musicaux ont évolué, car évidemment ce ne sont pas les Strokes qui ont motivé les Pirouettes, même si des choses sont probablement restées, notamment dans les mélodies de voix. On aime bien s’identifier au duo Elli & Jacno, à Luna Parker, à France Gall et Michel Berger – on a d’ailleurs repris une de leurs chansons, Comment lui dire ? – et on aime bien Yves Simon.
V : Et Christophe, aussi bien pour ce qu’il a fait avant que ce qu’il fait aujourd’hui. On a eu la chance de le voir en concert l’année dernière, dans un cinéma, c’était très cool.
L : Il y a plein d’expérimentations sonores dans ses derniers albums, c’est super intéressant.

G & B : On vous a vus en concert à la soirée « Tombés pour la France #4 » le 15 janvier dernier. Magic vous a classés parmi ses huit espoirs de l’année 2014, et dans leur numéro de février votre EP à paraitre est consacré single du mois. Comment vivez-vous cette reconnaissance ?
V : Magic nous aide vraiment beaucoup pour la promo du nouvel EP « L’Importance des autres ».
L : On commence à être pas mal sollicités pour des interviews, mais on ne s’emballe pas. Les Inrocks avaient fait un live report d’une soirée à laquelle on avait participé, sans une ligne sur notre passage…

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B & G : Comment vous situez-vous dans la scène pop française actuelle, alors que beaucoup de groupes émergent, un peu comme dans les années 70-80 en Angleterre ?
L : On est super fiers de faire partie de cette dynamique-là. On peut citer La Femme, qui est un groupe que l’on respecte énormément.

B & G : Qu’est-ce-que vous répondez à ceux qui qualifient votre musique de simpliste, ou de niaise ?
V : Le mot « naïf » commence vraiment à nous saouler. Ça peut être positif d’être naïf, c’est un chouette mot, dans le sens de la candeur.
L : Candide sonne mieux que naïf pour nous. Naïf a une connotation péjorative.
V : Ceci dit, je peux comprendre : nos morceaux sont souvent sautillants, on parle d’amour et de la vie de tous les jours. Mais en fait, c’est plus de la sincérité, ce qui n’empêche pas une certaine profondeur. Parfois, avec des morceaux trop biscornus, tu perds en sincérité et en spontanéité, forcément. Au final, notre musique est assez clivante, dans la mesure où, pour simplifier, soit t’aimes, soit tu détestes. Elle ne laisse pas indifférent. Tant mieux !

G & B : La critique qui vous a fait le plus plaisir, et celle qui vous a fait le plus mal ?
V : Parlons-en ! (elle regarde Léo)
L : Récemment, il y a eu un live report de cette soirée « Tombés pour la France #4 », pas très sympa pour nous.
V : Un bloggeur qui fait du pseudo humour, mais qui a surtout écrit des trucs méchants. Internet peut être un véritable défouloir de haine pour certains.
L : Ça nous fait chier ces trucs-là, on est assez sensibles.
V : En ce qui concerne la critique qui nous a fait le plus plaisir, il y a le live report que vous aviez fait, toujours de la soirée Magic. Il y aussi eu ce mec d’une cinquantaine d’années environ qui était venu nous voir à la fin d’un concert (à la Maroquinerie en première partie de Pendentif) et qui nous avait dit qu’on était des « jeunes gens modernes », que c’est comme ça en tout cas qu’on nous aurait qualifiés au début des années 80 puisque nous étions vraiment dignes de cette vague d’artistes : Elli et Jacno, Taxi Girl… Il y avait vraiment de la sincérité dans ce qu’il nous a dit et ça nous a fait très plaisir.

G & B : C’est quoi le secret de The Pirouettes ? Un style qui évoque les années 80, mais sans revivalisme, sans passéisme. En gros une musique moderne avec des références culturelles bien marquées ?
L : Pour nous, le secret c’est de ne pas se prendre la tête. Je vous avoue qu’on ne pense absolument pas à tout cela. On fait ce qu’on a envie de faire. Les références dont vous parlez sont venues naturellement. Les années 80, c’est une période qui nous touche, une période qu’on n’a pas vécue mais qu’on fantasme.
V : A propos de références culturelles des années 80, on peut aussi citer l’extrait de Star Wars dans Danser dans les boites de nuit, c’est un petit délire entre nous. C’est dans l’épisode 4, mon préféré.

G & B : Vous avez des contacts hors de Paris ?
L : Oui à Bordeaux, on a joué dans deux salles là-bas.
V : Il y a beaucoup de groupes à Bordeaux, une super scène pop. Rennes aussi bien sûr. On a peu de contacts dans le Sud-est en revanche. Côté festivals, on espère des propositions, mais en général on programme des groupes après un album, pas après un EP.
L : On va quand même être programmés au festival Cabourg Mon Amour, fin août.

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G & B : Et votre rapport à la scène ?
L : On a l’impression d’être un groupe hyper mauvais en live. On aimerait garder ce côté mignon, serré, qui fait notre identité, tout en passant à un truc un peu plus pro. C’est compliqué de garder un bon équilibre.
V : Je crois qu’avant les concerts je stresse moins que Léo, même si je suis la moins douée. Si je rentre mal dans un concert, cela va se ressentir tout le long du set : je ne m’éclate pas, je ne danse pas.

G & B : Léo, comment gérer Coming Soon et The Pirouettes en même temps ?
L : Les choses se sont toujours bien goupillées, mais j’ai peur qu’à terme ça coince. Je n’ai pas de priorité pour le moment, j’ai le même investissement sur les deux projets. Coming Soon c’est une sorte d’histoire familiale, donc je ne pourrai pas arrêter.

G & B : Victoria, tu es encore étudiante. Ton planning n’est pas trop compliqué ?
V : Je fais des études de photo en parallèle, ce n’est pas toujours évident de tout faire. Je dois souvent manquer des cours pour préparer les concerts.

G & B : Qu’est-ce-que vous attendez de l’année 2014 ?
L : On espère qu’on va vendre un max d’EP. On aimerait bien tourner plus. Partir avec Vickie, c’est la belle vie, c’est un peu les vacances. On prend le train, c’est cool (rires).

,G & B : Quel conseil vous donneriez aux gens de votre âge qui aimeraient mener des projets artistiques, mais qui n’osent pas se lancer ?
L : Il faut y croire. Il faut se donner les moyens d’essayer, même pendant une courte durée. Et le soutien des parents est très important.
V : Oui, c’est important. Mes parents ont toujours été très ouverts, ils m’ont toujours encouragée.

 A noter tout de suite dans vos agendas : la Release Party le 7 mars à l’Espace B, et la sortie de l’EP « L’Importance des Autres » le 17 février

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by Baptiste et Gérald
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