Les Femmes s’en Mêlent ont 20 ans ! 20 ans que Stéphane Amiel, le directeur du festival culte, s’engage à faire connaître les artistes femmes de France et du monde avec une programmation aussi pointue qu’éblouissante.
Il nous éclaire sur cette édition anniversaire (avec Austra, Little Simz, Rebeka Warrior, Sônge…) et sur quelques souvenirs dont Christine & The Queens fait partie et que Stéphane aimerait retrouver pour une création.
INTERVIEW
UsofParis : Être un homme au milieu de toutes ces femmes, ce n’est pas un peu trop étourdissant ? Stéphane Amiel : C’est galvanisant, enthousiasmant et étourdissant d’être entourée de toutes ces artistes assez exceptionnelles et talentueuses. Tant de talent, tant de générosité.
Les artistes que l’on accueille sont souvent au début de leur carrière ou en mode indé. On a une vraie “fraternité” avec ces filles. On partage les mêmes valeurs
Sont-elles reconnaissantes ?
J’espère ! 🙂 A chaque fois que je leur pose la question sur le fait d’être programmée dans un festival de filles, fait par un homme, la réponse : “c’est génial !” ou “ça n’existe pas dans mon pays !”
Elles sont en tout cas heureuses de jouer dans ces conditions. On met beaucoup de moyens de promo. On y travaille sur une année. On se met en danger aussi.
Programmer LFSM c’est beaucoup d’écoute ?
Comme le festival est assez unique. Je reçois beaucoup de propositions du monde entier. Que ce soient artistes, agents, de musiciennes venues aussi qui conseillent des amies.
Pour la plupart, je vais les découvrir au festival, comme JFDR ou Nilüfer Yanya. Je me laisse aussi une part de découverte, même pour moi. J’ai beaucoup de sympathisants dans plusieurs pays qui vont voir les concerts pour moi et qui partagent leur avis sur un projet.
Quelle est la petite perle de 2017 ?
Y’en a beaucoup. Nilüfer Yanya, l’Anglaise de 21 ans. C’est comme une évidence. Elle fait des chansons qui ont l’air un peu passéistes mais il y a un talent monstre. Une voix assez grave avec une guitare cristalline. Elle est très attendue.
Et Sônge côté français. Avec un spectacle très abouti. Je l’ai découverte sur scène et elle m’a bluffé. Elle a pensé à la dramaturgie. Elle apporte un personnage.
Sônge, elle est un peu trop gentille pour ce monde musical de brutes ?
Non, on peut survivre de plein de manières différentes dans ce monde, justement. Grâce au réseau. On peut être aussi dans une niche et survivre tout en étant content de ça. Toutes les artistes qui se produisent ne sont pas destinées à une carrière comme celle de Christine and The Queens qui est venue 2 fois et que l’on a emmenée en Russie et en Pologne.
Ce qui est dur surtout c’est qu’un projet en chasse un autre.
Sônge me fait justement penser CATQ, avec cette longueur d’avance, sur d’autres.
Qu’a-t-elle de si particulier Austra, une des têtes d’affiche ?
C’est historique avec le festival. On est un des premiers à l’avoir programmée.
J’étais fan de Katie Stelmanis avant qu’elle ne soit Austra. J’ai toujours été impressionné par sa voix, son culot et son kitsch électronique.
C’est une artiste qui évolue aussi. La Katie que j’ai rencontrée il y a 5 ans n’est pas la même que je verrai cette semaine. Elle ne voulait plus parler d’amour dans ses chansons. Son engagement actuel sur la politique, l’écologie montre son évolution. Et puis, il y a Maya aussi !
C’est une petite famille.
Une anecdote de programmation 2017 ?
Je pourrais parler des ratés. Toutes les artistes que j’aurais voulues avoir. Il y a Kate Tempest derrière qui je cours après depuis 3 ans. A chaque fois, c’est presque et puis il y a de meilleures offres, une nouvelle tournée et c’est repoussé. J’ai peur que ce soit un rendez-vous manqué.
20 ans de festival, c’est 20 ans de… ?
D’aventures, de chemin solitaire. On n’a pas toujours été soutenus. C’est difficile de trouver de l’argent.
C’est 20 ans de curiosité et de passion et d’acharnement. On n’aurait pu tout laisser tomber plus d’une fois.
Une chanson d’une artiste programmée qui correspond à l’esprit du festival ? Michelle Gurevich, Party Girl. Une de mes chansons préférées de ces 10 dernières années. Une chanson magnifique, très triste. D’une mélancolie dont tu tires une force. Tellement puissante !
Une anecdote de coulisses de ces 20 ans ?
Tous ces moments qu’on passe avec les artistes ! C’était plus vrai il y a 10 ans que maintenant.
Je me souviens de Ari Up, de The Slits, un groupe anglais punk et culte des années 70 ans. Quand le groupe s’est reformé, on l’a invité à jouer en 2007. C’était les 10 ans du festival.
Elle m’a raconté toute sa vie et c’était assez triste. Et pourtant elle avait une force et une vraie énergie punk. Un “no future” permanent. Très peu de contrôle sur sa vie avec une bonne humeur.
Un mantra de directeur de festival ?
J’aime la chanson de Cindy Lauper, Girls just want to have fun. Quand on est trop sérieux, quand on est trop donneur de leçon, je rappelle que l’on est là aussi pour s’amuser. On peut avoir des questions sur la place des femmes mais on a toujours une attitude positive.
C’est un festival genré mais avec plein de garçons bienveillants autour.
François and The Atlas Moutains brouille si bien les pistes que le groupe ne semble pas “bankable” de l’aveu même de son leader. Pour nous, c’est justement cette audace à chaque nouvel album qui nous porte. Avec Solide Mirage, le monde ne tourne pas idéalement sur son axe, des fantômes viennent faire les chœurs, la bête se meurt. Le pouls est pourtant vigoureux et nous donne une furieuse envie de hurler pour balayer toutes les déconvenues qui nous entourent.
SAVE THE DATE : tournée des festivals ! We Love Green à Paris, les Nuits de Fourvière à Lyon, les Francofolies de la Rochelle.
INTERVIEW SANS SELFIE / FRANÇOIS
UsofParis : Une bonne raison d’écouter Solide Mirage ?
François : C’est un album de 2017. Si on cherche une expression musicale représentant la France en 2017, je trouve que ça le représente bien.
C’est un album sans maniérisme. Une musique détachée de tout effet de style.
Ce Grand Dérèglement est finalement dansant et joyeux.
Il est optimiste par l’énergie.
J’essaie souvent de rééquilibrer la barre pour que ce ne soit pas trop plombant. On partage toujours une énergie avec le groupe. On se pousse vers le haut. J’ai écrit les paroles dans le train, à l’été 2015. Et on l’a mise en musique le lendemain des attentats. On préparait un concert et on était à Bruxelles dans une espèce d’Abbaye.
Justement, on s’arrête de jouer face à des événements pareils ?
Ça touche, ça nourrit la musique. On se rend compte de la chance que l’on a d’être safe, entre amis et bien entouré. Et on se sent aussi inutile car une action musicale c’est très limitée par rapport au travail des assoc, aux profs qui gèrent les générations futures. Ça fait prendre un recul étrange en tout cas.
Une leçon de vie de Mohammed Okal, l’ambulancier palestinien qui danse dans le clip Grand Dérèglement ?
Il parle peu et est dans l’instant. Il est très généreux. Ça me conforte dans l’idée d’être proche des gens qui nous entourent.
Il est impressionnant. Quand je lui ai demandé de faire le clip, il sortait de l’hôpital mais je ne savais pas pourquoi. Et deux jours plus tard, il était disponible pour tourner de nuit, en décembre, dans le froid en plein Palais de Justice de Bruxelles.
Ses amis m’ont appris qu’en fait il s’était fait enlever une balle qu’il avait reçu à Gaza.
Que signifie “Être son propre fantôme” pour présenter le nouveau titre ?
C’est s’éloigner de soi-même, de ses rêves, de son éthique profonde. Le fait de se laisser happer par la pression sociale en oubliant nos aspirations. On l’a tous à des degrés différents.
La solution est souvent de prendre conscience de ce que l’on est devenu, de ce qu’est le monde, plutôt que de se limiter aux habitudes que l’on peut prendre.
Un artiste rêve mais il est pris aussi par des schémas de travail qui limitent parfois, qui nous détournent.
Le titre Bête morcelée fait l’effet de rupture dans l’album.
C’est comme un exutoire. Les membres du groupe ne voulaient pas que je le mette dans l’album et moi j’y tenais, par cette énergie grunge. Ce morceau c’est plein de souvenirs dont un concert au Caire, où l’on était surexcités et électrisés. J’avais ce bruit constant en tête.
Qu’a-t-il apporté le producteur Ash Workman à cet album ?
Comme pour l’album précédent, Ash clarifie le propos. Je n’avais pas envie de conceptualisation, ni de doute. Il n’est, en fait, jamais dans le doute. Il est toujours dans l’action.
Ses solutions : aller au plus simple. Il m’a conseillé de moins forcer sur certains textes.
Tu lui as traduit tes chanson pour qu’il comprenne ?
J’ai préféré lui imprimer des images qui m’évoquaient l’album. Beaucoup de symbolistes belges (Félicien Khnopff et Léon Spilliaert, pour le côté homme seul dans la ville) et de cacao fluo, ça représentait, pour moi, Bruxelles. C’est tellement chocolat cette ville. 🙂
Owen Pallett qu’a-t-il de plus que les autres violonistes ?
Il est très connecté à la musique indé. Il est sensible à lo-fi, à la pop un peu queer. Il est très pop et très maniéré. J’aime ces deux facettes.
Quels sont les sons qui ont bercé cet album ?
J’avais fait un voyage à Los Angeles chez Burger Records, à l’invitation d’Hedi Slimane. Et j’ai pas mal écouté The Garden qui m’a rappelé des sons que j’écoutais quand j’étais ado.
On a été touchés aussi par les mélanges arabes-électro qui sont en train d’émerger. Notamment, ce qui sort chez Principe, le label de DJ Nigga Fox et Nidia Minaj.
Être une image, en plus de faire de la musique, c’est facile à vivre ?
Je me limite pas en termes d’image. Du coup, ça donne un résultat assez protéiforme qui peut perturber l’industrie du disque. Ce qui fait que beaucoup de gens n’arrivent pas à nous rendre bankable. On n’est pas identifiable. Mais tant pis. 🙂
Je n’accepte pas tout, notamment pour les captations de concert. Pour moi, le live c’est du sang, de la chair. Faut être présent.
J’aime les petits concerts et les téléphones portables doivent disparaitre pour apprécier ces moments.
Je pense que ça va s’autoniquer : les images vont devenir tellement abondantes qu’elles vont devenir de moins en moins importantes.
Donc l’image oui, mais comme élément artistique.
Un souvenir fort de concert ?
Le concert au Caire devant 2 000 personnes. A Ouagadougou. En plus d’être face à un public qui ne nous connaissait pas, ça nous ramenait à la raison brute de ce qui faisait notre présence : faire un son pour emporter. On était dans des résonances musicales fortes.
Une chanson qui te rend heureux ? Only you de The Platters.
La plus belle chanson d’amour ? Je t’ai toujours aimée chantée par Dominique A. Elle me plait beaucoup, d’autant qu’elle est un peu érotique. 🙂
Une claque musicale récente ?
Doing it in Lagos, une compil de disco nigérien des années 80, sortie chez Soundway Records. J’ai écouté ça dans le van hier.
en tournée en France : 07.04 LAVAL – Le 6 par 4 08.04 ROUEN – Le 106 27.04 TOURCOING – Le Grand Mix
28.04 NANCY – Festival Off Kultur
30.04 GUISE – Le Familistère
10.05 ALLONNES – Complexe Jean Carmet
12.05 MASSY – Paul B 18.05 GRENOBLE – La Belle Électrique
19.05 ST JEAN DE LA RUELLE – Salle des Fêtes
29.06 ANTIBES – Amphithéâtre du Fort Carré
07.07 LYON – Théâtres Romains de Fourvière
13.07 LA ROCHELLE – Francofolies
En Angleterre : 27.03 LONDRES (UK) – Moth Club 28.03 BRISTOL (UK) – Thekla 29.03 MANCHESTER (UK) – Soup Kitchen 30.03 GLASGOW (UK) – Mono 31.03 NORWICH (UK) – Arts Center
Essayez seulement de détourner l’oreille d’un son pareil.
Même ma daronne n’a pas résisté à Band against the wall. Rocky (the band) a enflammé les rédacs, les blogs, le Cent Quatre et le dernier Bar en Trans. Le groupe n’est pas prêt de lâcher les festivaliers qu’il va rencontrer sur sa route en 2017. Le programme est riche.
Inès et ses boys forment une équipée folle prête à encaisser un max de kilomètres et de miles pour déchainer les foules, à grands coups de tresses déchainées, de rythmes imparables et de ptits shoots de vodka d’avant-scène.
L’album Soft Machines est d’une redoutable efficacité, dansant, trippant et addictif. A écouter en live à la Gaité Lyrique le 3 mai et dans un max de festivals.
INTERVIEW SELFIE / ROCKY
UsofParis : Votre culture musicale : plutôt bons disquaires, dealers de bons sons ? Laurent : Y’a deux cultures dans le groupe. Inès qui est plus net et Youtube. Et nous, vu notre âge (bientôt 40 ans) : c’était les disquaires et les magazines.
Un titre de malade mal connu du grand public, incontournable pour vous ? Laurent : Joe Smooth : Promise Land. Un gros tube de la culture gay !
1er titre accrocheur de votre album pour moi : Band against the wall. Quelques mots sur sa genèse. Laurent : On ne devait même pas encore s’appeler Rocky quand on l’a fait. Tom et moi avions le refrain et une vague idée du couplet. Tom : Le titre s’appelait Seul tout ! Laurent : J’attendais en studio et je faisais une rythmique.
Inès est arrivée deux semaines après. Et on lui a fait chanter : Just away et ce titre. Guillaume Brière (The Shoes) l’a aimé. Ça nous a vraiment donné confiance et nous a permis d’écrire les autres titres.
L’autre titre accrocheur : Edzinefa Nawo. Quelle est l’histoire ? Laurent : Pour nous, c’est GINEFANO à l’écrit ! 🙂 Inès : Au départ, on avait un couplet au yaourt de Tom que je trouvais fort mélodiquement.
Un jour en studio, on écoutait un titre en mina. Et ça m’a inspiré pour le texte. J’ai tout de suite écrit en mina alors que d’habitude, je pense en anglais.
C’est l’histoire d’une mère qui donne du courage à sa fille et qui lui dit : “je ne suis pas inquiète, je sais que tout ira bien.” C’est une chanson bienveillante. C’est un clin d’œil à ma culture togolaise et à ma mère. Laurent : C’est tout l’inverse de Band against the wall, en fait ! 🙂
Quel conseil vous a donné Guillaume (The Shoes) ? Laurent : Il nous a surtout donné confiance en nous. Inès : Il a un côté très rentre-dedans aussi. Tom : Il est dans l’enthousiasme ! Laurent : Quand on doutait d’un son ou d’autre chose, lui le prenait direct pour servir la production et la chanson, sans aucun détour.
Pourquoi mixer à LA ? C’est pour se la péter un peu ? Laurent : 🙂 Le label nous avait demandé une short-list de mixeurs. Et Eric Broucek a répondu très vite. C’était un de nos premiers choix et il était à LA. On s’est dit que c’était foutu. Mais le label a défendu le fait que tous leurs artistes participent au mix de leur album du coup, on est parti. Pour le groupe, c’était une expérience de fou.
Eric a apporté une sorte d’unité dans le son. Tom : Il a lié tous les morceaux entre eux. Il a donné la couleur de la voix, de la batterie. Tu vois ton album se dessiner de jour en jour. C’est un peu fou. Chaque jour, une nouvelle chanson de l’album se découvrait.
Soft Machines a-t-il eu une vie sur scène avant le studio ? Laurent : On a testé l’album sur scène, une fois qu’il a été écrit. On le découvre en live maintenant. On ne peut pas le plaquer à l’identique. Il y a beaucoup de séquences, de synthés. Il faut donc tester pas mal.
On fera sans doute autrement pour le prochain.
“KO”, “se faire dérouiller”… les mots sont forts dans la presse. Vous attendiez-vous à un tel accueil ? Inès : Tu ne peux jamais savoir. Jusqu’à la date de ta release, tu flippes. Tu te dis que les gens peuvent ne pas comprendre.
On aurait pu avoir un bon accueil, point. Et on a un très bon accueil. On est plutôt verni. Laurent : On avait peur que la presse parle d’une musique hétéroclite, sans unité. Et que les gens comprennent et écrivent qu’il y a un vrai univers et que c’est une qualité, c’est gratifiant.
On vous prédit une année 2017 en festivals, c’est le cas ? Laurent : Tout n’est pas confirmé. Mais il y a déjà Les Vieilles Charrues, Sakifo à La Réunion, Les Eurockéennes, le Paléo…
On fait partie du dispositif Talents Adami Détours.
On va jouer en plein jour. On réfléchit à un dress-code pour se faire repérer. Et ne pas tous arriver habiller en noir.
Quand avez-vous pris votre pied pour la 1ère fois sur scène ? Laurent : A Nancy, la première partie des Naive New Beaters. Tom : On commençait à être un peu plus à l’aise. Il y a eu un vrai changement : le public a commencé à se mettre à danser.
Une appli de malade dans vos phones ? Tom : J’ai un Iphone 3. J’ai Safari ! 🙂 Laurent : Figure par Propellerheads. Une appli très intuitif pour ceux qui veulent faire de la musique facilement. Olivier : La carte de France des stations Total pour cumuler des points. Inès : Prisma, une appli photo sympa.
Calypso Valois est la première révélation musicale qui va compter en 2017. Après avoir dévoilé un clip claquant avec Le Jour (réalisé par Christophe Honoré), la jeune chanteuse se prépare à sortir son 1er EP en version vinyle. Audacieuse, non ? Ne lui demandez surtout pas son style musical, elle est bien en mal de répondre. C’est de la chanson, de la pop en français dans le texte. C’est frais, efficace et captivant, comme ce sourire irrésistible quand elle est face à vous. Cette fille de…, également comédienne, a tous les atouts pour faire de la scène musicale son nouveau cadre d’interprétation.
Elle sera en concertt au Festival Days Off à la Philharmonie de Paris, le 30 juin.
INTERVIEW
UsofParis : Sortir un 45 tours c’est réaliste ou une pure folie ? Calypso Valois : Je suis folle ! 😉
J’adore les vinyles. Je n’écoute pas de CD. Je déteste écouter de la musique sur ordi ; parfois je suis obligée pour le travail. Pour le plaisir, c’est toujours le vinyle.
Je ne suis pas matérialiste mais l’objet livre, comme le disque, est important et attrayant.
Ça me rappelle mon enfance aussi.
Quand as-tu décidé de devenir chanteuse, auteure ?
Au départ, la musique était avant tout un plaisir : jouer mal des morceaux que j’aimais. 🙂
Ma première émotion musicale a été Chopin, vers 5-6 ans. Je me suis demandé comment il pouvait ressentir ce que je ressentais et sans aucun mot. Ça m’a bouleversée.
J’avais aussi une cousine qui jouait du piano à la campagne. Je me disais : “que peut faire un être humain de plus beau que ça ?” Je l’espionnais par la fenêtre. Et j’ai demandé un piano à mes parents.
En parallèle du conservatoire de théâtre, j’ai commencé un groupe, mais c’était une blague ! Les chansons c’étaient des blagues.
On s’amusait tellement. Et puis des personnes ont commencé à écouter et c’est devenu sérieux. La musique m’a rattrapée.
Tu n’assumais pas ?
Sans doute. Et puis, cet esprit de contradiction à la con vis-à-vis des parents quand on te demande : “tu feras de la musique comme tes parents ?” Et que tu réponds : “NON !”
D’autres émotions musicales fortes ont marqué ta jeunesse ?
Gainsbourg, j’adorais. J’ai compris que tardivement ce que voulais dire Love on the beat.
Je volais les CD de Gainsbourg à mon père. J’avais droit d’emprunter un disque à la fois.
J’ai beaucoup écouté Nico and The Velvet Underground. Quand j’étais petite, j’avais du mal à dormir. Ce disque agissait comme un calmant. J’ai dû l’écouter toutes les nuits pendant longtemps. 🙂
J’ai aussi beaucoup écouté de la musique classique avec mon père.
Comment écris-tu ?
J’écris sur des carnets. Mais je pars toujours de la musique pour écrire des chansons. La musique m’inspire. Parfois, c’est une sonorité et je m’amuse avec les mots.
Il faut qu’il y ait toujours le fond et la forme. Le jour, ce morceau je l’ai toujours bien aimé. C’est rare, car d’habitude, je me lasse vite de ce ce que compose : “Ah, cette vieillerie d’y à 2 mois me saoule.”
Yann Wagner qu’a-t-il apporté à ton projet ?
C’est assez fou. Nous avons une sorte d’osmose de la musique. Parfois, j’ai des trucs dans la tête que je n’arrive pas à exprimer. Je lui parle en en onomatopées ou bruits d’animaux. Et il comprend ce que je veux lui dire. C’est très particulier !
Je ne pensais pas rencontrer quelqu’un comme lui, musicalement. On s’est rencontré lors d’une interview croisée et puis on s’est retrouvé à Pleyel pour le concert d’Etienne Daho.
On se parle en termes de références, pas forcément musicales en plus. Du style : “j’aimerais un truc plus diabolique !” Et il me répond : “je vois tout à fait !”
Il a une vision. Et il m’a dit, ce qui m’a impressionnée : “ce sont tes morceaux qui m’inspirent”. Ce n’est pas le producteur qui cherche à plaquer ses recettes habituelles sur les nouveaux projets.
Il sert à faire ce qu’il y a de meilleur pour les morceaux.
As-tu pensé, ne serait-ce qu’une minute, à être une artiste anonyme et ne pas être la fille de ?
Je n’ai pas honte de mes parents ! 🙂
Ça n’aurait pas été trop possible. Ce serait un peu dur de le cacher.
Et puis c’est normal. Les gens ne me connaissant pas ont, sans doute, besoin de me situer, de savoir d’où je viens. Ça rassure en quelque sorte.
Ce qui ne me dérange pas c’est que je fais quelque chose de différent. Je ne suis pas dans la comparaison avec mes parents.
Un conseil, une leçon de vie de tes parents ?
A 18 ans, quand j’ai dit à mon père que je voulais faire du théâtre, il m’a dit :”tu n’y arriveras jamais, c’est trop dur.” Mais après, il est venu me voir jouer sur scène et a accepté : “Ok. Tu y arriveras, mais ce sera très dur.”
Et pour la musique, il me disait : “surtout, ne fais pas ça, tu vas t’en prendre plein la gueule. Fais autre chose !” Je lui ai demandé quoi, il voulait que je lui proposer autre chose 🙂
Il voulait avoir tout me protéger.
Que peux-tu nous dire sur ton EP ?
Chaque morceau a son univers. J’aime pas trop les albums qui sont très linéaires.
Il y aura du relief mais avec une cohérence.
Je suis contente. Je le vois comme un univers constitué de pleins de petits autres univers.
Ce ne sera pas autobiographique. Mais ça parlera de choses qui m’ont touchée.
Une chanson pour dire je t’aime ?
Il y en a tellement ! Je t’aime moinon plus de Gainsbourg.
Une chanson qui te fait pleurer ? L’Adorer d’Etienne Daho. C’est assez systématique quand je le vois en concert, c’est tellement fort. Il me touche. J’étais allée le voir la première fois en live avec mon père. Et c’est assez rare d’avoir autant d’émotions en concert.
Etienne Daho est un exemple de ce j’aimerais tendre pour la scène. Il n’y a pas d’artifice, il ne fait pas de cabrioles et pourtant il t’emporte.
Une chanson pour t’évader ?
L’Etude Révolutionnaire de Chopin. J’ai tout de sa vie : je l’adore !
Il a écrit cette étude à 19 ans. Il y a une puissance impressionnante ! Une telle maturité à 19 ans c’est absolument improbable.
Quand on est comédien, on accepte notre part schizophrène. J’ai beaucoup de plaisir à être quelqu’un d’autre. C’est très reposant, mais il faut avoir confiance en son metteur en scène. On est l’instrument et pas le compositeur.
Et dans la musique : c’est très personnel car c’est ma composition, mes mots. Et en même temps, je ne suis pas dans l’autobiographie. Je suis très sincère dans l’émotion et aussi dans la distance dans qui parle à qui (je ne suis pas le “je” que je chante).
Depuis cet été, A la folie le 3e album dance, fun et débridé de Naive New Beaters nous fait affronter tous les aléas de la vie. Le bonheur tient parfois en une simple et vigoureuse chanson d’amour, en un duo avec Izia ou une déflagration de beats. David, Eurobelix et Martin reviennent sur l’accueil de leur disque, confient leur stratégie marketing imparable et dévoilent quelques bons spots parisiens.
ITV en mots, selfie et vidéos !
Accueil, promo d’À la folie, sont à la hauteur de nos attentes ? David Boring : Même plus !
Wallace, le premier album avait bien marché. Et avec celui-là, on a l’impression que c’est un peu plus fate. On a plus d’expo en média. Eurobelix : C’est la 1ère fois qu’un de nos titres tourne pas mal en radio. David : Et qu’on n’est pas obligé nous-mêmes de programmer. Martin Luther B.B King : On a commencé à jouer les titres avant même la sortie de l’album. Et le public réagissait bien, David : Ils dansaient. Et ça ne faisait pas un blanc, comme d’autres fois. Je me rappelle de Made to last long et le public était en plein kiff.
3-4 adjectifs pour décrire les premiers lives d’À la Folie ? David : Dansant ! Chic-et-sauvage, un seul adjectif (c’est une contraction). Dance-grunge.
Un succès en musique en 2016 c’est un succès ou c’est un travail de longue haleine ? Martin : C’est pas un coup de bol ! David : Heal Tomorrowétait prêt, deux ans avant la sortie de l’album. On l’a un peu diffusé. C’est pas mal de sortir ton album 2 ans avant en faisant semblant. On élabore plusieurs techniques.
On s’est dit que c’était pas si mal de le sortir en plein milieu de l’été : personne à Paris.
Ce retard cumulé qui était une faiblesse, on en a fait notre force. José de Stuck in the Sound nous a dit : “Trop stylé les gars. Vous sortez votre album en plein été. Vous êtes des génies !”
J’ai kiffé Monte Christo. Ca donne envie d’hurler : “It’s ok now!“ David : C’est top, mec ! On l’a conçu dans le manoir d’Eurobelix en Ardèche. On faisait des sessions d’enregistrement. Martin : J’ai une théorie que nous n’avons jamais évoquée. On était dans une pièce très mal insonorisée avec pas mal de réverbérations. Et le fait de brailler faisait un beau son naturellement. David : C’était en fait un peu chelou parce que c’était de la dance. Y’avait une gène. Martin : On s’est dit : est-ce qu’on ne va pas un peu trop loin dans la dance ? David : Au final, il s’est pris une ptite couche de mix qui le rendait un peu plus craspouille, agressif et moins dance-disco-club. Puis un nouveau vernis. Du coup, il est hybride !
Words Hurt est super efficace aussi. Les beats c’est au premier jet ou long travail ? Martin : C’est assez souvent des premiers jets, oui. David : On l’a assez vite fait dans sa globalité. Mais on a galéré pour le gimmick avec les voix d’enfants. Martin : On garde les premières prises de voix. Après c’est la hantise de refaire quelque chose. T’as l’impression de perdre l’émotion du début. Eurobelix : C’est bien aussi de ne pas trop écouter les démos.
Un lieu improbable pour un concert ? David : On nous parle souvent de la Tour Eiffel. Faudrait peut-être qu’on le fasse.
On te balance : “Waouh Lilly and The Prick on fait un concert à la Tour Eiffel“. Mais au final c’était dans un restaurant, non ?
Anecdote de concert cette année ? David : On a fait un concert bien foiré à Millau. On nous a même dit d’arrêter avant la fin du concert. Martin : En général, on n’est pas super content quand on nous dit ça, mais le concert était tellement catastrophique pour plein de raisons. David : En plus, Joey Starr nous avait bourré la gueule avant !
Un spot de ouf pour boire un verre à Paris ? David :Le Grand Train ! Alex : Il est fermé ! Martin : Le Sans Souci, c’est du classique, du solide. Avec une Naive New Beer ! 😉 David : J’aime beaucoup les cromesquis au chorizo du Barbès. Martin : Faut pas se mentir : c’est juste des croquettes ! 😉
Spot de ouf pour un dîner en amoureux ? Martin : Le Jourdain ! Ou le Kushikatsu Bon, les brochettes fines japonaises. David : Avec le gros four en cuivre. T’amènes ta meuf ou ta mère : tu gagnes des points !
Claque musicale récente ? David : Asgeir– King and Cross. Il est ouf ce morceau ! On dirait un maxi gold d’un tube d’y a 20 ans. Martin : Le 2e album de Fidlar. Je l’écoute plusieurs fois par semaine. Eurobelix : Tampe Impalia ont fait très fort. David : Et Dan Croll –From Nowhere !
Frances est une des artistes anglaises émergentes les plus talentueuses de 2016. Ses différents EP ont fait un carton aux USA et outre-manche. Son premier album intitulé Things I’ve never said sortira en mars 2017.
Elle sillonne déjà les scènes de Coachella au Café de la Danse (le 18 avril prochain). Nous l’avons rencontrée pour revenir sur son année riche en émotions qui vient de s’écouler et celle pleine de promesses à venir.
FRANCES / INTERVIEW SELFIE
UsofParis : Ton premier album va sortir en mars, il s’appelle Things I’ve Never Said. Pourquoi ne les as-tu pas dites avant ? Frances : Je ne sais pas. Je pense qu’en quelque sorte c’est ce que j’ai élaboré pendant que j’écrivais l’album. Et c’est ce qui est venu avec le titre. J’étais en train d’écrire les chansons et je me disais : « Pourquoi est-ce la première fois que je dis ces choses ? » Tu peux trouver les paroles pour ce que tu as envie de dire dans une chanson mais peut-être pas les mots pour le dire en personne.
Tu as commencé à composer à 12-13 ans, est-ce que sur ton album il y a des chansons de cette période ?
Non, je pense que la plus vieille j’avais à peu près 18 ans.
C’est laquelle ?
Il y en a 2. Une qui s’appelle Drifting et il y a Sublime que j’ai écrite lorsque j’étais à l’université. Je devais avoir 18-19 ans.
Qu’est-ce qui t’inspire pour écrire ?
Tout, tout ce que je vois autour de moi, les gens que je rencontre, évidemment mes expériences personnelles. Peut-être aussi, quand une personne qui est proche de moi passe par une épreuve ou une expérience, je peux écrire une chanson à propos de ça. Mais peu importe ce que c’est, je dois avoir un rapport avec, il doit y avoir un sens pour moi.
As-tu des influences ?
Oui, beaucoup. Tout ce que tu entends. Tout ce que j’entends fini là dedans, quelque part. Mais j’adore Radiohead, Björk, Coldplay. Et puis en plus jeune Ed Sheeran. Il est bon.
Une de mes chansons préférées de ton EP est Don’t worry about me, peux-tu nous en dire plus à propos de ce titre ?
Oh, merci. C’était génial parce que quand je l’ai écrite, je n’ai pas vraiment pensé à l’enregistrer. Je pensais qu’elle était un peu étrange parce qu’elle commence a capella. Il n’y avait pas vraiment de structure, c’était presque comme un hymne. Et puis je l’ai écouté plusieurs fois et je me suis dit : « Oh c’est vraiment plus logique » et je l’ai joué à d’autres personnes qui l’ont adorée.
Je l’ai écrite exactement comme je voulais l’écrire puisque je ne pensais pas que quelqu’un d’autre l’entendrait. Donc ça m’a appris que je devrais juste faire ce que je veux faire et ne pas trop penser à ce que les autres attendent.
Tu as l’habitude de ne jouer qu’avec ton piano, est-ce différent de jouer avec tout un groupe sur scène ?
Oh non ! J’adore ça ! J’aime vraiment jouer toute seule aussi parce que c’est intime, mais quand tu as pleins d’instruments derrière toi cela ajoute une profondeur supplémentaire. Et maintenant ce que je fais c’est jouer toute seule en imaginant ce que mes musiciens feraient.
Tu étais sur la scène du Coachella et de SXSW, de gros festivals au monde. N’est-ce pas fou pour une jeune fille ? Oui, surtout d’être en Amérique, je n’y étais jamais allée avant. Ma première fois c’était pour faire la première partie de James Bay sur sa tournée : « C’est si bizarre ! ». Et j’ai fait mon propre concert à New York, à L.A. et puis je suis allée en Australie et en Nouvelle Zélande, de l’autre côté du monde.
Ce qui est vraiment génial parce que je ne pense pas que j’aurais pu aller dans ces pays si je n’avais pas fait de musique.
Coachella est très spécial…
C’est un peu bizarre, parce que tu es au milieu du désert, dans une sorte de terrain de polo bien entretenu et il y a beaucoup de célébrités, des Instagramers.
Je viens de penser que c’était assez hilarant, mais c’était très beau, c’était très joli et la musique étonnante. Et en raison des lois aux USA, tu ne peux pas tenir une boisson et regarder un concert. Ce qui est cool parce que cela veut dire que la foule n’est pas crazy. Les festivaliers ne se dépoilent pas et n’essayent de sauter sur toi. Tout le monde est vraiment là pour regarder les concerts.
Une rencontre, quelque chose d’inhabituel à Coachella ?
Je regardais Disclosure et puis cette femme est entrée… les cheveux roses dans une sorte de combinaison avec des nuages et je me suis dit : « Humm, drôle de costume! ». Et puis j’ai levé les yeux et c’était Katy Perry : « Oh ! Il n’y a vraiment qu’elle qui peut mettre ça ». Elle dansait avec un gars, je me disais : « je me demande qui c’est ». Il avait un chapeau, c’était Orlando Bloom. Et j’étais là, à regarder Disclosure. Ensuite The Weeknd est entré avec 8 personnes de son équipe, c’était fou. Apparemment une Kardashian est passée dans la loge aussi. Donc c‘était un endroit assez étrange, mais cool.
Tu as fait la première partie de James Bay lors de sa tournée aux USA. Est-ce qu’il t’a donné des conseils ?
Oui, il m’a dit : « Profite de tout ! », en rajoutant : « Tu sais ça va devenir vraiment intense, et vraiment fou. Donc tu dois t’assurer de profiter de chaque instant » et aussi « Ne le prends pas trop au sérieux, rappelle-toi pourquoi tu le fais. » C’était très gentil.
Maintenant, imagine que tu peux chanter avec la personne que tu veux. Qui choisirais-tu ?
Probablement Ed Sheeran. Seulement parce qu’il joue de la guitare et je pense que nos voix iraient plutôt bien ensemble. J’image ça.
Est-ce qu’il le sait ?
Non, il ne le sait pas. Il n’y a pas eu assez d’interviews….
Il va savoir maintenant !
Ce serait plutôt cool.
Hier, pendant ton set, tu as dit que tu aimerais vivre à Paris. Pourquoi ?
J’adore ! Les bâtiments ! Ils ne ressemblent à nulle part ailleurs, je pense. C’est si étonnant. Et je pense que Paris est si vivante, tous les jours de la semaine.
Si Paris était une de tes chansons, laquelle serait-elle ?
Oh, c’est une très bonne question ! Probablement l’une de celle qui plus en uptempo … peut-être Under Our Feet.
Quels sont tes projets pour l’année prochaine avec cet album ?
Je pense juste que je vais être en tournée, ce qui va être génial. Toutes les chansons vont vraiment prendre vie.
Seule ou avec le groupe ?
Avec le groupe. Probablement avec le batteur aussi. Et peut-être quelques cordes en plus. Donc oui, je vais faire beaucoup de cela. Et je vais continuer, je pense, l’écriture. J’écris tout le temps … Je vais probablement terminer le deuxième album avant de terminer la tournée pour le premier.
Ton dernier coup de cœur musical ?
Ce serait probablement un coup de cœur pour une fille… comme Beyoncé, son dernier album est incroyable. Le meilleur !
Quel était le dernier artiste que tu as vu sur scène ? Birdy. J’étais à Londres vendredi. Tellement bon. Elle est en tournée.
As-tu un bon spot à Londres à partager avec nous, un restaurant ?
Un bon restaurant à Londres, il s’appelle The Pollen Street Social, c’est incroyable. Ce n’est pas trop cher, mais c’est vraiment bien. Et il y a une cheminée.
Une salle de concert à London?
Là où j’ai vu Birdy, le Hammersmith Apollo, c’est incroyable. Brixton Academy, probablement le meilleur, je pense. Les petites sont très cool comme Koko, qui a seulement 1 500 places. C’est une sorte de vieux théâtre avec des rideaux rouges et des tapis rouges.
Quel genre de relation entretiens-tu avec tes premiers fans ?
Certains sont là depuis le tout début,et ils m’ont suivi. Il est encore très tôt, ils sont vraiment patients et si adorables.
Frances is one of the most talented emerging artists of 2016. Her differents EP have made a hit in the USA and in the UK. Her debut album Things I’ve Never Said will be released in March 2017. She was on stage at the Cafe de la Danse for Pitchfork Avant-garde, we met her on the first floor of Barbès the next morning to review the past year with her and speak about the one coming which is full of promises.
FRANCES / SELFIE INTERVIEW
USofParis : Your first album will be released in March, It’s called… Things I’ve Never Said. Why didn’t you say those things before? Frances: I don’t know. I think that’s kind of.. a bit… what I worked out while I was writing it. And that’s how I came up with the title because I was kind of writing songs and going: “Why is it the first time I said these things?“. You can find the lyrics for what you want to say on a song but maybe not the words to speak in person, so.
You start writing music at 12-13. On your album, is there a song from this time?
No. I think the earliest one was when I was about 18.
Which one?
It’s two: one called Drifting and one called Sublime, that I wrote when I was in university, like 18, 19.
What inspires you to write?
Everything, everything I see around me, the people I meet, obviously personal experience… or it might be, you know, someone I’m close to who says they’re going through something and I kind of write a song about that. But whatever it is, I have to relate to it, it kind of has to make sense for me.
Do you have any influences?
Yeah, so many. Everything you hear… everything I hear kind of ends up in there somewhere, but I love Radiohead, Björk, Coldplay, and then more modern like Ed Sheeran, he’s great.
One of my favourite songs on your album is Don’t worry about me, could you tell us more about this song?
Oh, thank you. It was great because when I first wrote it, I didn’t really think that it would be released. I thought it was a bit strange, because it started with a cappella… and it didn’t feel like it had much of a structure, it was almost like a hymn, it was weird. And then I kind of listened to it a few times and it was like : “Oh, it is actually making more sense”, and I played it to some other people and they were like “Oh my God” and they loved it. I think it was interesting because I wrote it exactly how I wanted to write it, because I didn’t think anyone else would even hear it. So that kind of taught me a lesson, that I should just do what I want to do, and not think too much about what other people are going to think of it.
You used to play only with your piano. Is it difficult for you to play with the whole band on stage?
Oh no, I love it. I really like playing on my own as well because it’s very intimate… but when you got lots of other instruments behind you, it just going to add extra depth. And now what I do is play on my own imagining what they would be doing.
You played at Coachella, SXSW, some of the biggest festivals in the world. Isn’t it crazy for a young girl?
Yes, especially to be in America, as I had never been to America before, and my first time going to America was to support James Bay on tour, and it’s like : “This is so weird“. And I did my own show in New York, in LA, and then I went to Australia and New Zealand, which is completely on the other side of the world. Which is really cool because I don’t think I could ever get to go to those places if I wasn’t doing music, so it’s pretty cool.
But Coachella is very special…
It’s kind of weird, because you’re in the middle of the desert, in a kind of manicured polo field, and there are lots of celebrities, Instagram models, and… I just thought that it was kind of hilarious, but it was very beautiful, it was very pretty, and the music is amazing, and because of the drinking laws in America you can’t hold a drink and watch the gig. Which is actually kind of cool because it means the crowd is not crazy, they are not getting bare and trying to jump on you, everyone is really watching music.
Any friendly meeting, anything unusual at Coachella? I was watching Disclosure and then this woman came in… pink hair and like a jumpsuit with clouds on it… and I was like : “Hmm funny outfit” and then I looked up and it was Katy Perry. And I was like : “Oh only she can pull that up“, and then she was dancing with a guy and I was like: “Hmmm I wonder who that is“, and then he had this hat and he looks up and it was Orlando Bloom. And I was like here and I’m just kind of watching Disclosure. Then The Weeknd came in with about eight of his crew, it was mental… and apparently a Kardashian came into the dressing room a little bit, but I can’t say… So it was a very kind of strange place, pretty cool, though.
You supported James Bay when he was touring around the US, did he give you some advice?
Yeah, he said to me: “Enjoy everything” because he was like: “You know, it’s gonna get really crazy busy, and really crazy, so you need to make sure that you’re enjoying every little bit” and “Don’t take it too seriously, remember why you’re doing it“. So that’s nice.
Imagine now you can sing with someone. Who will you choose?
Probably Ed Sheeran. Only because he plays the guitar, and I really want a guitar. And I think maybe our voices would go kind of well together. I’m imagining that.
Does he know?
No, he doesn’t. There hasn’t been enough interviews…
He would know now!
That would be kind of cool.
Yesterday during your set, you said that you want to live in Paris. Why?
I love it ! The buildings! It just looks like nowhere else, I think. It is so stunning. And I think, it is so vibrant every day of the week.
If Paris was one of your songs, which one would that be? Oh, that’s a pretty good question! Probably one of the more kind of uptempo ones… maybe Under Our Feet.
So what’s your project for next year with this album?
I just think I’m just gonna be touring it along, which is going to be great. All the songs are really going to come to life.
Alone or with the band?
With the band. Probably with the drummer as well. And maybe some more string players. And I’ll keep, I think, on writing, I just write all the time. I will probably finish the second album before I finish touring for the first one.
So maybe we can hear some new songs on stage during the tour.
That’s a good idea.
What was your last music crush?
Probably it would be a girl crush… like Beyoncé, her last album is incredible. The best!
What was the last artist you saw on stage? Birdy. I was there in London on Friday. So good. She’s on tour.
Do you have a good spot in London, a restaurant?
A fair restaurant in London, it’s called The Pollen Street Social, it’s amazing. It’s not too expensive but it’s really good, and there is a fire…
Venues for concerts?
Actually where I saw Birdy, the Hammersmith Apollo, that’s amazing. Brixton Academy, probably the best, I think. The small ones are very cool like Koko, which is only 1,500 places. It’s a kind of old theatre with red curtains and red carpets.
What kind of relationship do you have with your first fans?
I mean, some have been there since the very, very beginning, and they’ve kind of stuck with me all the way. It’s still really early, and they’re really patient. But they’re so lovely.
Arman Méliès n’en revient toujours pas de l’accueil, des éloges qui ont accueilli son retour avec le vibrant, lumineux et incandescent Vertigone. Alors que l’artiste s’en était allé en tournée avec le jeune premier de la chanson française à la blondeur étourdissante, il reprend sa place d’artiste de premier plan à la scène. Le quadra à l’avant-bras tatoué nous a pris au col toute cette année.
INTERVIEW SELFIE
UsofParis : Avais-tu une appréhension de revenir à un projet solo, après une tournée prolongée avec un autre artiste ? Arman Méliès : C’est deux aspects complémentaires de jouer ou composer aussi pour d’autres et de me consacrer à moi. L’alternance me convient tout à fait. Ça me permet de m’oublier un peu, surtout quand je pars en tournée avec Julien. Et ensuite, revient l’envie de se consacrer à des projets personnels. En tournée, on a finalement beaucoup de temps libre en journée et ça m’a permis de travailler avec tout le confort nécessaire dans les loges pour l’écriture et la conception du disque.
S’oublier, c’est s’oublier en tant qu’artiste, chanteur ?
En tant que frontman. Quand on porte un disque sur ses épaules, quand c’est à son nom, ça veut dire assumer les critiques qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Être sur scène, faire face aux gens, se livrer – il y a une sorte d’impudeur, même si c’est, par moment, très jubilatoire de s’abandonner. En live, en tout cas, il y a quelque chose de plus délicat.
Et le fait d’accompagner un autre, c’est le plaisir de faire de la musique, de me consacrer à mon instrument de prédilection : la guitare et, en même temps, je n’ai pas la responsabilité de devoir tout assumer.
Et quelqu’un d’autre soit aussi le porte-parole de mes propres chansons est aussi plutôt pratique, parfois.
Comment on reprend le souffle après une tournée qui ne finit plus comme avec le Love Tour de Julien Doré ? Pour être honnête, le souffle, je ne l’ai pas encore tout à fait retrouvé. Cela dit, il ne me semble pas qu’il manque non plus. Je n’ai pas eu le temps de me reposer et de penser à autre chose. A la fin de la tournée, j’étais déjà dans la sortie du disque.
En fait, j’ai composé et enregistré Vertigone pendant le dernier tiers de la tournée de Julien.
Quelques jours après seulement la dernière date de tournée à Marseille au mois d’août, je finalisais le mix de l’album. Maintenant j’attaque les répétitions et les concerts.
Quand on fait de la musique, les moments obligatoires de vacances de temps à autres, sont un peu pesants. J’ai toujours tendance à m’ennuyer.
Et je n’ai qu’une envie : être à 100% dans un projet. Et là, je suis comblé !
Est-ce que le sentiment amoureux peut être aussi fort qu’un shoot scénique ? Déjà, il est fort différent. Et si on devait comparer, le sentiment est bien plus fort que toutes les émotions que peuvent procurer la musique.
Qu’as-tu appris au cours du Love Tour ?
Au-delà de l’histoire d’amour de toute cette troupe. On est tous très très proches. Ça fait 3 tournées maintenant que nous faisons ensemble. Au-delà de ça, ce qui est évident pour moi, c’est la qualité du travail effectué qui est pour moi quelque chose d’important dans mon métier de musicien.
La plupart du temps, on commence avec pour principal motivation : le plaisir. Et puis, il y a des exigences qui naissent. Si on veut des résultats, il faut travailler. Même si ludique, même si très plaisant, ça reste du travail.
On a travaillé en amont de la tournée, puis pendant, de manière incessante, soir après soir, pour l’enchainement des morceaux, les arrangements.
J’ai beaucoup appris, certainement encore plus : à être plus exigeant.
Et ça nous sert ensuite pour toutes les étapes de l’écriture, de l’enregistrement.
Qu’est-ce qui fait que Julien Doré soit aussi subjuguant ? Le succès de la tournée et du disque prouve qu’il touche le public. Ce succès est dû à la conjugaison d’un talent presque inné : il est très doué et très ouvert aux arts, au sens général. Il a un vrai don pour la musique et le chant.
Conjugué à ce talent, il y a le travail. Il se remet toujours en question pour avancer. Non pas forcément parce qu’il doute en permanence, mais parce qu’il a sans arrêt l’envie de s’améliorer. Et c’est payant !
Pour revenir à l’album Vertigone, est-ce que des critiques ont tapé juste ? Les critiques ont été très bonnes. C’est quelque chose d’important. Certains artistes arrivent à se détacher des échos suscités par leur production. Les critiques m’aident souvent à comprendre le disque que j’ai fait. Des fois, ça se fait bien longtemps après la sortie du disque.
Parce que j’y mets beaucoup de choses de manière consciente et volontaire.
Mais on est dans le domaine de l’art. Et l’inconscient prend beaucoup de place. J’ai toujours une agréable surprise à découvrir que des choses évoquées n’étaient pas forcément voulues et semblent manifestes.
Quand les disques sont compris et touchent les gens, ça donne d’autant plus envie de faire des concerts.
Quelle est la chanson la plus personnelle ? Il y en a pas mal. Bien qu’il y ait aussi plein de lectures différentes.
Des textes que l’on peut juger intimes : Olympe, Le Volcan, Même… Je parle assez directement de moi et de ce que je peux ressentir. Mais c’est toujours avec un filtre de poésie, d’un double, voire triple sens.
Que peux-tu dire d’Olympe alors ?
Je mets 6 mois à écrire un texte pour arriver à une sorte de polyphonie pour permettre à chacun de se projeter. Je ne souhaite pas faire une explication qui pourrait me mettre à nu de façon inconvenante !
Un décor cocasse lors de la conception de l’album ?
Le décor était assez particulier : ce sont des loges de salle de concert et de théâtres. A 90% de la musique écrite sur Vertigone l’a été dans les coulisses, dans lesquels je m’isolais de mes camarades. Le côté troupe et famille, c’est quelque chose que j’apprécie énormément mais il s’agit de commencer à écrire, ce n’est pas évident d’avoir 5-10 personnes autour de soi. Je travaillais quelques heures dans la journée avec des guitares ou des claviers.
Pour le titre Vertigone, je suis dans une loge blanche, avec une corbeille de fruits et un thé vert pour l’image.
Une loge sans fenêtre !
Effectivement, assez souvent il n’y avait pas de fenêtre. Quand on crée, on a une vue infinie ! Plus rien n’existe autour de nous, quand on écrit une chanson.
Autant le cadre peut aider à trouver une idée de chanson mais une fois qu’a débuté le processus d’écrire, peu importe le lieu.
La transposition des titres de Vertigone sur scène est-elle à la hauteur ? La formule à trois fonctionne très bien. Le power trio me plait beaucoup.
Au moment de l’écriture du disque, j’avais l’idée du live. Du coup, je voulais que ça déjà concert. La différence est finalement moins grande que le disque précédent (plus cérébral et synthétique), sur scène, il était devenu autre chose.
Quand je pars en tournée, j’aime bien revisité les anciennes chansons à l’aune du dernier disque. J’essaie de les rendre un peu plus cohérentes avec Vertigone.
Le souvenir d’un vertige scénique ? La Maroquinerie, c’était le tout premier concert de la tournée précédente. On était assez peu préparé, donc on était un peu fébrile. Mais j’en garde un incroyable souvenir, j’ai pris un énorme plaisir. Et j’espère que les concerts à venir seront à la hauteur de ces sensations, il y a 2 ans.
Un chanteur, un musicien, il se bonifie avec le temps ? Ça dépend de l’artiste ! Certains disent tout en un disque et pour d’autres, il faut 30-40 ans pour le disque sublime.
Pour moi, je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que je prends toujours autant de plaisir à écrire des chansons, sortir des disques et faire de la scène. Les critiques étant plutôt encourageantes donc je sais pas si je me bonifie, mais je n’ai pas l’impression de m’écrouler sur moi-même.
Ce n’est que mon 5e album. On en reparlera au 10e.
Une leçon d’artiste avec Bashung ? Leçon est un grand mot pour Bashung. Il n’avait pas cet aspect professoral.
C’est plus par l’exemple que j’ai appris des choses. A le côtoyer pour l’écriture et sur scène. Un de ses secrets de longévité et qui lui permettait de se renouveler : c’était une curiosité insatiable pour la musique mais aussi pour le cinéma.
Il était toujours en quête de nouveaux artistes, disques et nouvelles influences.
Ça m’a ouvert les yeux sur le fait qu’il ne fallait pas forcément chercher à s’enfermer dans un style.
Il lisait les Inrocks, Libé et commandait des disques. Il continuait à écouter l’actu musicale. J’écoutais beaucoup de musique avec lui, du folk à l’époque : Bonnie Prince Billy…
Une chanson pour pleurer ?
Une chanson de Ferré qui me met toujours les larmes aux yeux : La mémoire et la mer.
Une chanson pour déclarer sa flamme ? Amoureux solitaires de Lio que j’ai repris sur un disque précédent. Une façon assez étrange, voire assez malsaine de déclarer sa flamme. Mais c’est assez drôle !
Une chanson pour voyager ? N’importe quelle chanson de Harvest de Neil Young. J’y suis directement ailleurs.
Dernière claque musicale ?
Savages, le tout nouvel album, Adore Life. Très beau disque, très nerveux. Magnifique !
Robbie Williams avoue : il a fait des soirées de folie en Russie, il y a quelques années. Malheureusement, il a signé une clause de confidentialité. Reste un clip délirant qui a pu interpeler, surtout la presse anglaise. Après s’être imaginé strip-teaseur de l’extrême, chevalier ailé, Robbie se fantasme en oligarque et en boxeur pour les besoins de son nouvel album. The Heavy Entertainment Show sort le 4 novembre. Avec des titres qui bougent, des mélodies pour dire des mots doux. Et puis Sensitive qui est, pour nous, taillée pour le clubbing. Une petite pépite électro-sensuelle qui n’admet aucune retenue.
Lors de sa tournée promo mondiale, il s’est posé à l’Hôtel Le Meurice pour un échange exclusif avec presse et blogueurs.
Robbie Williams sera de retour en live à Paris, le 1er Juillet à l’AccorHotels Arena.
THE MUSICAL ROBBIE WILLIAMS @ PARIS
The Heavy Entertainment Show ?
“Quand j’étais petit, nous n’avions que 3 chaines de télévision. La télé était un vrai rendez-vous pour le pays entier. Je me souviens des émissions du samedi soir, en compagnie de ma grand-mère, ça s’appelait Light Entertainment. Et c’est ce que faisaient les personnes dans le poste : du divertissement. 32 ans après, le rendez-vous du samedi me manquait. Et j’avais envie de cet « Heavy Entertainment » parce que c’est mon métier ! Mais le titre de l’album est arrivé bien avant que les chansons ne soient toutes écrites. Rien n’était planifié.
Sur mon passeport, la profession est, bien avant song writing, singer, il est écrit : entertainer.”
Robbie Williams / Serge Gainsbourg « Serge Gainsbourg a conçu des albums incroyables et c’est pour ça que j’ai samplé quelques morceaux.
L’image que j’ai de lui ? Fumant une cigarette, une attitude cool, un homme qui couchait avec de superbes femmes. Et il n’était pas très beau. Mais la musique transcende, je pense. »
David Song
“Quand j’ai eu 30 ans, j’ai compris que je n’étais pas immortel. J’ai pensé à la mort forcément. Et je pense toujours à ces derniers moments de vie que l’on peut avoir. David Song s’appelait au départ Last song ever. Quand mon ami, mentor et manager, David Enthoven est mort d’un cancer, il y a quelques semaines, j’ai pensé qu’il était juste de lui rendre hommage avec cette chanson. Et c’est pour cela qu’elle est devenue naturellement David Song. »
Bruce Lee
“Ce n’était pas prévu que cette chanson s’appelle Bruce Lee. Normalement toutes mes chansons ont comme sujet : moi.
En fait, nous n’avons plus de saints. Et Bruce Lee représente cette icône et une personne spirituelle.
Mais cette chanson ne lui est pas consacrée. Elle fait référence à sa célèbre interview : “You must be like water“. Et c’est ce que j’essaie d’être : de l’eau.
Pop Music
“Je suis un artiste pop qui est forcément, par moment, déconnecté de la réalité. Je suis décalé et cinglé comme dans le clip Party Like a Russian. Je sais que je suis étrange et que j’ai une part d’excentricité. Mais cette excentricité nourrit aussi mon écriture. Je peux la magnifier ainsi.”
Fier de…
“UK Hall of Fame. Je pense que c’était le point culminant de ma carrière. Etre face à tous ces gens…
Je n’ai pas réellement savouré le moment, parce que j’étais flippé. C’était un très bel événement mais aussi un moment gênant.
Je l’ai montré à ma fille qui a 4 ans, les 3 premières minutes de la soirée sur Youtube. Elle a dit « Papa » en regardant. Et juste après elle m’a demandé de regarder un dessin animé 🙂 ”
Papa Robbie Williams
“Je suis assez strict. Je suis un papa qui emmène ses enfants à l’école et qui va les chercher, qui joue avec eux et fait des choses stupides aussi.
Ils sont totalement amoureux de moi et je ne peux pas leur en vouloir. Mais je suis aussi totalement amoureux d’eux.
On essaie, avec ma femme, de créer un environnement sain. Nous rions beaucoup. C’est très étrange d’avoir enfanté deux individus qui ne sont pas névrotiques comme leurs parents.
Ils me manquent là. Je ne les ai pas vus depuis quelques semaines.”
Beau quadra
“Je me bats avec mon poids tous les jours. J’adore manger et ça empire avec l’âge. Mais comme je suis une rockstar, je ne peux pas être gros sur scène.
Je ne travaille pas avec un coach. Je fais en sorte de ne pas trop manger. Je cherche le meilleur équilibre. Je suis en plein work in progress.”
Ce qu’il y a d’étonnant avec le nouveau cirque c’est que l’on peut toujours être surpris par sa mise en forme et par les détours qu’il peut prendre. La preuve avec le Cirque Le Roux. A Bobino, le quatuor comble le public avec son spectacle The Elephant in the Room. Entre théâtre et performances scéniques, on rigole, on est attendri et on frissonne d’effroi mais aussi de surprise.
Automne 1937, au mariage de Miss Betty, le mari, l’amant et le majordome font irruption dans la pièce où celle-ci, était venue s’isoler. On sent de suite qu’il y a une ambiguïté avec la belle. Une histoire trouble va se dérouler devant nos yeux émerveillés et parfois interloqués.
Le Cirque Le Roux crée une fable, sous forme de comédie dramatique, qui se fonde sur les codes du cinéma du muet. Générique, dialogues entre personnages (pas très verbaux mais génialement bruités) et aussi la mise en scène : tout débute comme un film du siècle dernier. On y retrouve aussi ce comique de situation cher à Charlie Chaplin et Buster Keaton.
Spectacle en deux temps
Dans la première partie, très burlesque, les acrobaties restent bon enfant. Entre grandes glissades, petites cabrioles et quelques portées simples – mais tout de même osées – le spectacle semble mettre du temps à s’installer, à rentrer dans le vif. Toutefois, ces quelques minutes volontairement déstabilisantes mettent l’eau à la bouche.
Il faut donc attendre le deuxième acte de l’histoire pour totalement tomber dans l’univers et la poésie du Cirque Le Roux.
Le point de bascule : l’arrivée sur scène de nos quatre compères en habits de nuit, version années 30.
C’est la scène la plus complexe au niveau de la technicité, la plus chargée d’adrénaline et de frissons, de peur d’un ratage acrobatique. John Barick (Yannick Thomas), le colosse de l’équipe fait des prouesses dans les portées. Miss Betty (Lolita Costet) virevolte entre ses différents partenaires tel un fétu de paille. Angoisse et prouesses.
Deux scènes en forme d’apothéose
Pour autant, ce deuxième acte offre encore un autre changement d’univers visuel et narratif.
A la technique pure, on ajoute la poésie. Et c’est à ce moment que le spectacle offre sa première claque.
Le duo entre Monsieur Bonchon et Mister Chance (Grégory Arsenal et Philip Rosenberg) nous offre un duo magistral et sensuel. Des figures instables mais tenues pour des corps en totale harmonie. Un moment de pure magie scénique éclairé simplement par des lustres tombés du ciel.
L’autre moment d’apothéose : la scène finale. Sur une musique d’Ennio Morricone – à glacer le sang ou à pleurer d’émotion – toute la tension du spectacle explose en un superbe feu d’artifice de prouesses physiques et de jeux d’équilibre.
Le Cirque Le Roux arrive à jouer sur ce thème musical, ultra connu et ultra référencé, d’une telle manière que son art se sublime. Entre drame et volupté, émotion et envoutement. C’est intense et foudroyant.
Le temps de nous remettre de nos émotions, nous pénétrons dans les loges pour poser quelques questions à deux des membres de la troupe : Philip et Lolita.
C’est l’occasion d’en savoir plus sur les coulisses de ce spectacle, obtenir quelques anecdotes mais aussi faire un point sur leur carrière à Broadway.
Cirque Le Roux : Interview-selfie
USofParis : Philip, 3 adjectifs pour décrire ton partenaire Yannick ?
Philip : Attentionné, bon vivant et légèrement maladroit.
Lolita, 3 adjectifs pour décrire Grégory ?
Lolita : Énergétique, organisé et drôle, vraiment drôle.
Comment fait-on pour toujours prendre du plaisir à jouer un spectacle après un an et demi ?
Philip : Pour nous, surtout avec ce spectacle où il y a plein de couches, c’est l’intégration du jeu d’acteur avec le cirque qui est nouveau. Le cirque traditionnel où tu ne fais que des acrobaties, on en a déjà fait beaucoup. Il y a toujours le moment où te dis « oui je sais quoi faire ! », ça devient plus une routine.
Mais avec Elephant in the Room, ce qui est intéressant c’est l’échange avec le public et aussi entre nous sur scène. Ça change chaque jour au niveau des émotions, de nos humeurs. C’est vraiment une surprise chaque soir. Lolita : Et puis on change tout le temps. On revoie toujours des petits détails, il y a toujours des choses nouvelles. On a aussi des moments où l’on est libre de faire ce que l’on veut.
Il y en a un qui surprend l’autre car il est plus motivé ce soir-là, il fait des blagues aux autres…
Qu’est-ce qui a changé depuis la création ?
Lolita : Beaucoup de choses ! C’était très long au début. Il a fallu couper. Philip : Le spectacle durait 1h45 au début. On a fait une avant-première publique justement pour voir ce qui accrochait et ce qui accrochait moins. Et à partir de cette énorme base-là, on a réduit et réduit. Lolita : Mon solo du début a changé sept fois, à peu près. On a essayé différentes choses pour voir comment ça allait pour le public. Le fil conducteur, le poison, n’était pas présent au début, par exemple.
Un conseil, de votre metteuse en scène a-t-il été essentiel pour vous préparer à ce spectacle ?
Philip : De trouver le plaisir dans tout. D’abord, si tu trouves drôle ce que tu fais sur scène et que tes compagnons aussi, c’est sûr que ça va se transmettre au public.
Et elle disait aussi tout le temps : « Vous n’êtes pas des mimes ! Même si vous ne parlez pas, lâchez des sons, vivez sur scène!» Lolita : Quand on fait du cirque, on part toujours avec beaucoup d’énergie quand on rentre sur scène. On est hyper stressé, on est à bloc.
Et justement, Charlotte nous répétait de faire l’opposé. Pour commencer au théâtre, il faut, au contraire, être relax et prêt à tout recevoir.
Quand on a réussi, ça a changé considérablement. Maintenant, on pose le début, on peut incarner les personnages.
Et comment vous avez fait pour vous calmer ?
Lolita : C’est du psychique. Moi ça va. Mais Yannick, je sais qu’il fait encore le tigre en cage. Philip : Moi, c’est les cinq minutes juste avant de rentrer sur scène que je suis encore en train de penser à pleins de trucs, un peu crispé, stressé. Et j’ai l’impression que quand je rentre sur scène toute cette pression se relâche. Je suis plus détendu.
Comment prend-on soin du son corps lors d’une tournée et qu’on change de salle tous les soirs ?
Lolita : On est différent là-dessus. Philip : Moi je suis un peu plus tendu. Et pour être souple, il faut que je m’étire, que je m’étire, surtout le dos, avant le spectacle mais aussi après. Je trouve le bon équilibre comme ça. Lolita : Honnêtement, en tournée ce n’est pas toujours facile. Ici à Bobino, on a un échauffement avant le spectacle.
Essayer de me coucher pas trop tard pour me lever tôt et avoir une petit muscu tous les jours. Ne pas trop fumer. Si je me couche tard et qu’on fait des réunions : boire le moins possible d’alcool. Parce que les tournées c’est aussi : du monde qui vient nous voir, des réunions. Ce n’est pas forcément faire la fête mais c’est simplement discuter. Pour moi, c’est vraiment d’essayer de ne pas avoir trop de fatigue, d’avoir un moment de musculation et de stretching. Et bien manger ! Philip : Et un bon lit aussi ! Lolita : Un bon matelas c’est vrai. Les tournées avec un mauvais matelas, on a beaucoup de mal à s’en remettre. Philip : Le matin, quand tu sors comme un bloc, oh non !
Est-ce qu’il arrive que le corps soit ingrat, qu’à un moment il dise stop ?
Philip : Ça arrive vraiment très très rarement. Lolita : Mais ça arrive des fois. Alors c’est massage, douche chaude, ostéopathe. Et s’il y a des réunions, on ne les fait pas et on va directement se coucher.
Une anecdote sur scène : quelque chose d’inhabituel, de drôle, ou un ratage ?
Lolita : Dans la scène où je dois lui dire qu’il est ridicule, un soir Philip a écrasé le bout de ma chaussure. Du coup, mon pied est sorti de la chaussure, mais la sangle est restée autour de la cheville. Il a donc fallu que je fasse toute la scène où il prend mon soutien-gorge, le reprend et passe par la porte avec une chaussure en moins. Ça a donné quelque chose d’hyper drôle. Philip : J’en ai une un peu plus trash. On jouait à Salzbourg. Au moment où Grégory tombe de scène, le plateau de service. Au lieu de tomber à côté de lui, il a rebondit et il est arrivé sur son front et l’a coupé. Il est remonté sur scène sans s’en rendre compte, mais nous si. Lolita : Il saignait et avec la transpiration ça dégoulinait. Philip : Du coup, Lolita a dit « Bouchon, sort ! Dehors ! » Lolita : Et lui, il est resté dos au public, qui n’a rien vu du coup. Il a fait sa cascade. Une fois au sol il a tourné la tête de l’autre côté et j’ai pu le faire sortir. Philip : Après, il est quand même rentré avec un énorme pansement sur le front qui était bien dans son personnage.
Qui a eu l’idée de cette très scène assez érotique en clair obscur ?
Philip : En fait, ça a commencé avec les lampes. Après, on les a fait descendre et on a commencé à faire des acrobaties en-dessous. On avait déjà les photos dans les cadres derrière. A un moment Charlotte Saliou, la metteuse en scène, a dit « Allez, on va essayer de pousser ça. Bouchon, tu rentres avec un plateau de fruits de 3 mètres. On pousse ça plus dans la décadence » C’est parti de nous et c’est elle qui a vraiment transformé ça.
Et une anecdote avec un spectateur, des mots échangés après le spectacle qui ont pu vous toucher ?
Lolita : Dans un échange avec des enfants après un spectacle – et c’est pour moi la meilleure question qu’on m’ait posée – il y a un qui a dit « J’ai une question pour Miss Betty. J’aimerais savoir quel produit tu mets dans ta bouche pour pouvoir rire comme ça »
Quand j’ai dit « En fait, je ne mets rien du tout », j’ai vu que j’étais un avenger pour lui. Ça m’a vraiment fait rire.
Il y a aussi un papy à Salzbourg qui était là où on buvait un verre. Il nous a dit qu’il allait repartir à sa voiture sans sa cane tellement le spectacle l’avait bouleversé. Il a pleuré à la fin du spectacle. Et ce soir-là, j’ai vraiment pris conscience qu’on fait passer des sentiments et que ça peut changer quelque chose chez un spectateur. Ça m’a vraiment fait du bien.
La plus belle leçon que vous ayez apprise en vous produisant à Broadway ?
Philip : C’est de faire attention aux détails. Il y a une équipe de 200 personnes par spectacle mais chacune a vraiment un œil pour garder son boulot toujours aussi précis. Les accessoires, la musique, les déplacements sur scène. Tout est vraiment travaillé. Tout est pensé. Et du coup, quand on a décidé de faire ce spectacle, ça m’a un peu inspiré de dire « Est-ce qu’on a poussé ça assez loin ? Est-ce qu’on a pensé à chaque détail ? Est-ce que ce truc dans le décor est-ce que ça sert à quelque chose ? Pourquoi il est là ? » Lolita : Il y a plein d’autres choses, c’est tellement vaste Broadway. Mais c’est une des choses que j’ai retenue aussi. Philip : J’ai appris aussi : il faut toujours penser « Qu’est-ce qui est le mieux pour le spectacle ? » Même si tu as mis beaucoup d’argent, beaucoup de temps dans quelque chose, et même si tu as envie que ça marche mais que ça ne sert pas le spectacle : mets ton égo de côté pour faire ce qui est le mieux. On enlève, on ajoute, mais penser comme une personne extérieure. Lolita : Par exemple, dans le spectacle on devait avoir une armure.
Au lieu de sortir par le bureau, Miss Betty devait être cachée dedans et l’armure de marcher. On trouvait ça génial, et ça l’était. On a acheté une armure – très chère et avec notre argent – au début du spectacle et ça n’a jamais fonctionné. Philip : On a essayé de couper l’armure pour qu’elle rentre dedans. C’était un métal vraiment pas solide. Et quand on a commencé à couper, le métal partait morceau par morceau. Lolita : Notre argent partait en lambeaux et donc on s’est dit « Tant pis ! ».
The Elephant in the Room Cirque le Roux
Mise en scène : Charlotte Saliou
Avec : Lolita Costet, Yannick Thomas, Philip Rosenberg et Grégory Arsenal