Le Musée de la Chasse et de la Nature aime bousculer les codes de l’art contemporain. Avec l’exposition Vânătorul de imagini de Mircea Cantor l’étonnement est total.
Œuvres en tissu, dessins, vidéos et sculpture en verre : aucune corde ne manque à l’art de l’artiste roumain.
En plus, il a voulu mettre en avant certains de ses pairs contemporains. Et l’on découvre alors que la Roumanie est un vivier de talents, à travers tous les supports.
Voici nos coups de cœur piochés dans le parcours dédié à Mircea Cantor, des costumes traditionnels exposés et des artistes roumains en quelques œuvres.
Mircea Cantor en 3 œuvres
L’art de Mircea Cantor est axé essentiellement sur la chute de la dictature roumaine, en 1989, et aussi de l’apparition de la démocratie.
Hidden meridians over a disrupt landscape
Dans cette œuvre, il utilise une tenue de militaire US décousue puis recousue pour former ce carré.
La corde brodée sur l’ensemble évoque un souvenir d’enfance. Les poutres dans les maisons étaient traditionnellement taillées en forme de corde pour convoquer la force, la résistance.
Derrière, sur le mur, une peinture faite à base de vin rouge. Réalisée sur place, au Musée de la Chasse et de la Nature, elle a grandement évolué avec le temps, passant du rouge tannique au gris, puis à cette teinte ocre par oxydation naturelle.
Aquilat non capit muscas
Rare sont les vidéos d’art qui nous semblent pertinentes.
Ici, après des mois de négociations avec deux pays, il capte l’entrainement de rapaces à l’interception de drones : l’une des plus grande menace actuelle pour la sécurité intérieure de nos pays.
Cette captation a servi de base à une version dessinée à l’encre de chine. Des croquis qui captent la force des rapaces.
Breat Separator
Cette frontière de verre est le symbole de l’envahissement consumériste qu’a subi la Roumanie après la chute du régime dictatorial.
Mircea Cantor voit d’un mauvais œil l’arrivée des grands groupes industriels qui déstabilisent la société. Et c’est avec son pouce qu’il crée ce motif de barbelés symbolique dans son travail.
Colinde : les fêtes de l’ours
C’est aussi le marqueur de cette exposition : le folklore roumain à travers les fêtes de fin d’année.
Entre Noël et le jour de l’an, dans les villes, les Roumains organisent des défilés avec les costumes les plus laids possibles.
Arpentant les rues en faisant un maximum de bruit, ils font ainsi fuir les mauvais esprits.
Ces masques de chèvres, vieillards, ours et autres figures effrayantes, sont le reflet de cette période de fêtes.
Le musée de paysan roumain a réussi à recueillir ces masques qui sont normalement brûlés à la fin des Colinde.
Le Musée de la Chasse et de la Nature expose aussi beaucoup d’autres costumes traditionnellement portés pour cette fête païenne : diable et chevaux sur roulettes. Certains costumes sont en vraie peau de bête se transmettent de père en fils ou en fille.
Les artistes contemporains roumains
A l’opposé de Mircea Cantor, la scène contemporaine roumaine est plutôt figurative. Comme si elle voulait s’émanciper de son passé.
Dans cet univers de création, Radu Oreain est l’un de nos coups de cœur.
Ses dessins sont vifs. Hunting Archive et ses traits foisonnants pourraient le rapprocher d’un Jérôme Bosch moderne. On pourrait passer des heures à chercher les détails dans ses créations.
A l’opposé, on aime la naïveté de Serban Savu.
Ces chasseurs dans la neige sont empreints d’une vérité proche des impressionnistes du XIXe siècle. On ressent la quiétude de la scène, et une certaine misère sociale aussi.
Et pour finir ce tour d’horizon des artistes contemporains roumains, il ne faut pas oublier Cornel Brudașcu. Un maître roumain.
Dans ce tableau on ressent toute l’énergie créatrice d’un pays qui est encore en devenir.
En off, ce tableau est aussi un hommage à Mircea Cantor, mais on vous laisse chercher pourquoi. 😉
Exposition Mircea Cantor : Vânătorul de imagini
Jusqu’au 31 mars 2019
du mardi au dimanche de de 11h à 18h
le mercredi jusqu’à 21h30
au Musée de la Chasse et de la Nature
62, rue des Archives
75003 Paris