La 11ème édition de Rock en Seine a été placée sous le signe de la Mer, et le premier jour fut bien surprenant, tantôt agité, tantôt calme, tantôt impraticable…
Pour commercer en beauté le festival, passage obligatoire par la Grande scène où les Écossais de Belle and Sebastian ont donné leur seul concert en France de l’année.
Leur look est toujours aussi chatoyant : pantalon slim bleu électrique, T-Shirt blanc col rond et chapeau noir pour le chanteur Stuart Murdoch – qui affichait, soit dit en passant, un magnifique coup de soleil au visage –, pantalon prune pour le guitariste Stevie Jackson, chemisette rouge et blanche pour le bassiste.
Côté musique, ils n’ont pas pris une ride : en 13 chansons, ils ont su rafraichir les festivaliers de leurs mélodies au couteau, des sons clairs de leurs (nombreux) instruments, rappelant les envolées baroques des Zombies, la rythmique de Blondie ou des Cardigans et surtout l’orfèvrerie pop de The Divine Comedy.
Quel plaisir enfin d’assister à la prestation d’un groupe au sein duquel l’ego est un mot qui n’existe pas, d’un groupe qui a un réel plaisir à jouer, plaisir communicatif bien entendu. Et cela se voit : au 10ème morceau The Boy with the Arab Strap, Stuart Murdoch fait monter sur scène une vingtaine de personnes.
Il les laissera mettre le feu aux planches pendant 10 minutes et deux morceaux. Chez Belle and Sebastian, ce qui compte c’est le public et les mélodies, rien d’autre. Bravo !
En vrac, on retiendra de la set list les classiques : The Stars of Track and Field, Judy and the Dream of Horses, To Be Myself Completely et notre coup de coeur : Le Pastie de la Bourgeoisie.
Place à la seconde légende de la journée sur la scène de l’Industrie : le Godlike Genius (NME’s award 2012) Johnny Marr, guitariste emblématique des Smiths, qui après plusieurs années d’errance musicale plus ou moins heureuse, a sorti son premier véritable album solo au début de l’année 2013.
Dans la rubrique “Mode et Déguisements”, on soulignera tout de même le pull col roulé du guitariste et la veste bleu flashy en velours lisse de Johnny tout à fait appropriés quand le mercure affiche environ 30°C ! Mais ce que l’on retiendra surtout de ce concert dont au final on ne regrettera que la courte durée – J. Marr ne disposait que de 50 minutes au programme – c’est la maîtrise et la facilité déconcertante avec lesquelles Johnny et ses musiciens ont enchainé leurs 11 morceaux, dont 6 de son album, et notamment le très aérien The Messenger, titre éponyme de l’album, aux arpèges tendus, à la limite de la saturation mais toujours précis et entêtants dont seul Johnny Marr et sa Fender sur mesure ont le secret.
C’est aussi la jonction entre le passé et le présent : 4 morceaux des Smiths, mention très très bien pour Bigmouth Stikes Again, aux arrangements plus rock et joué sur un rythme bien plus soutenu que lors des concerts de plus en plus rares de Morrissey.
Mention plus que spéciale pour There Is a Light that Never Goes Out, l’hymne pop par excellence, joué en dernier et agrémenté des poses décalées de l’enfant capricieux de Manchester.
La promenade de santé musicale s’est arrêtée là, car Franz Ferdinand a donné une prestation malheureusement calculée, manquant de souffle, ou d’âme si l’on est sévère, parfois épuisante tant les amplis ont été agressés.
Pour les morceaux du nouvel album Right Thoughts, Right Words, Right Action qui sortira le 26 août, rien de nouveau, toujours les mêmes recettes que sur les albums précédents : alternance rythmique, guitare endiablée et sonorités punk et funk.
On est également déçus de voir que les 4 Écossais ont contracté le syndrome U2 qui consiste à se plier aux règles strictes et machinales du concert de masse. 17 morceaux se sont enchainés selon la même formule : intro survoltée, puis reprises et hurlements exigés de fans visiblement peu regardants. La preuve : un tonnerre d’applaudissement pour ce qui est interdit depuis plus de 30 ans dans un concert de pop, à savoir une session absurde de batterie à quatre de plus de trois minutes…
Bref, si l’on espère revoir Franz Ferdinand, c’est seulement à la condition qu’ils désactivent le pilote automatique et qu’ils reviennent un peu sur Terre.
Le Festival Rock en Seine au Domaine National de Saint-Cloud se poursuit samedi et dimanche !