Sur le papier, une expo sur les datas (les données numériques) ce n’est pas forcément très glamour.
Avec 123 Data, la Fondation EDF réunit en un espace des œuvres iconoclastes qui mettent en relief des manières différentes de traiter les données. A travers des visions d’artistes originales, elles prennent forme et vie pour se rendre plus accessibles.
Plongeon dans l’art des données.
Data-Art ou Data-Design, on peut être dubitatif face à ce sujet.
Mais c’est sans compter sur la richesse créative des artistes. Ainsi que leur travail basé sur les traces que les données (personnelles ou non) laissent à travers la toile, entre autres.
Tout l’art du commissaire de l’expo, David Bihanic, a été de rendre sexy et ludique des chiffres et des ondes totalement abscons.
123 Data : une expo en 3 temps
Exposer, Expliquer et Explorer.
1, l’artiste utilise les données comme un matériau brut pour créer une installation vidéo, photo ou plus concrète.
2, le créateur cherche à rendre lisible des données, à éclairer le visiteur sur la signification réelle de ses données.
3, c’est au visiteur de se confronter aux données via les interfaces créées afin de se faire sa propre idée de l’interprétation des données. #Visiteur2.0
Comme aucun domaine n’échappe au stockage numérique, l’imaginaire des créateurs est sans limite. Il leur est alors permis de vulgariser ce que sont les “Big Data”.
Biométrie maritime, météorologie, acoustique, statistiques, données issues d’Instagram ou venue de Google, tout est bon pour créer de nouveaux modes de représentations de ces datas totalement immatérielles.
Quand les 1 et les 0 deviennent tangibles
Pour comprendre l’importance des enjeux de la data et pourquoi il faut visiter cette expo, voici quelques exemples.
Simple et basique interprétation avec l’œuvre 4D de David Bowen. Tele-Present Water retranscrit en temps réel les mouvements d’une parcelle d’eau de l’océan pacifique.
Les données proviennent d’une balise dont la position GPS a été perdue. Cette représentation est la seule façon de montrer cette parcelle d’océan venue de l’autre côté du globe.
Avec Income Inequality, l’autrichien Herwig Scherabon questionne la gentryfication de grands centres urbains.
Sur un plan de ville en photo 3D, il montre, via des volumes, certaines réalités des territoires. A partir des chiffres issus des données publiques, l’artiste crée donc pour Los Angeles, New York, Chicago et Paris une architecture nouvelle et basée sur les revenus moyens des habitants.
Un résultat saisissant.
Pour Wind of Istanbul, un an de mesures a permis à Refik Anadol de modéliser les mouvements des vents au-dessus de la capitale turque.
Puissance, direction et température : tout est présent sur cet écran, en 3D et en 4K.
Et c’est très poétique.
Multiplicity pourra être obsessionnelle tellement Instagram a envahi nos vie de blogueur.
A la demande d’EDF, Moritz Stefaner a créé une installation qui agglomère des clichés publiés sur Instagram et localisés à Paris.
Les photos répertoriées sont regroupées par similitude graphique et colorimétrique et forme des amas de photos.
Via une tablette, il est possible de naviguer dans ces amas et de se balader un grand nuage de photos.
#hypnotique
Data Cuisine : quand les artistes et statisticiens choisissent de combiner chiffres et nourritures cela donne des interprétations totalement visuelles et gourmandes.
Et malgré tout, tous les sujets peuvent être traités très sérieusement. Comme cette étude sur la mortalité en Belgique illustrée avec des cercueils en chocolat.
Et aussi cette étude sur la place des femmes dans les universités déclinée en œuf au plat ! Visuelle mais très parlante.
New York à portée de data
Avec On Broadway, on sort des données institutionnalisées.
Pour créer cette balade numérique du sud au nord de l’Avenue mythique de New York, ce sont les ressources des réseaux sociaux qui ont été compilées.
A travers Google Street View, Instagram, Twitter ou Foursquare,… c’est près de 660 000 photos qui ont été traitées.
On y retrouve aussi les commandes de taxis, les revenus moyens des habitants.
Cette création propose un périple complet (à retrouver sur le site dédié), en data, le long de cette avenue qui traverse Manhattan des quartiers riches du sud aux quartiers pauvres du nord.
Loin d’être rasoir
Avec 123 Data, la Fondation EDF rend vivante toute une nébuleuse de chiffres et de données que l’on pourrait penser imbitable au décodage.
Ces données qui peuvent être poétiques, sont parfois utiles, mais peuvent aussi faire peur.
A nous de les dompter !
Exposition 123 Data
du 4 mai au 6 octobre 2018
du mardi au dimanche de 12h à 19h
Fondation EDF
6 rue Récamier
75007 Paris