Ce lundi, première projection publique d’Une intime conviction, film d’Antoine Raimbault sur l’affaire Viguier.
Quelques minutes avant que la salle tombe dans le noir, la voix de stentor d’Eric Dupond-Moretti, campé par Olivier Gourmet, retentit lorsqu’il prend place, non loin de son double cinématographique. Des frissons !
Une intime conviction est l’histoire de Nora qui prend à bras le corps le soutien à Jacques Viguier. Acquitté en première instance lors d’un procès d’assises pour le meurtre de sa femme, il doit comparaitre à nouveau, suite l’appel du parquet. Nora, sûre de son innocence, fait appelle à l’avocat Eric Dupond-Moretti pour assurer sa défense. Elle sera embarquée dans les tumultes de ce deuxième opus juridique.
Des acteurs magistraux pour un film passionnant
Oui, ce film nous emporte, nous transporte dans cette histoire folle.
Tout est filmé avec brio. Tout est découpé au cordeau. Les scènes de procès sont happantes. Impossible de résister à la passion qu’à déclencher ce procès et à l’enjeu pour l’accusé.
D’ailleurs cet accusé, Jacques viguier, mutique car bipolaire est interprété avec retenu par Laurent Lucas, parfaitement impassible. Nora, l’enquêtrice besogneuse et amateure, Marina Foïs lumineuse et convaincante, glisse petit à petit dans l’exagération de ses convictions. Et le brillant Olivier Gourmet qui, dans le rôle de l’avocat Éric Dupond-Moretti, en impose tout du long. Sa stature et sa voix donnent des frissons au cours de la plaidoirie finale. A l’instar certainement du vrai avocat dans un prétoire.
“C’est une affaire singulière, un procès pour meurtre sans cadavre et sans preuve. C’est un peu un fiasco judiciaire !” Antoine Raimbault, réalisateur et scénariste.
“Tout ce qui est de l’affaire est vraie !”
C’est le réalisateur qui l’affirme. Et pour être franc, on ne le savait pas être si proche des protagonistes dans cette affaire.
“J’ai assisté au premier procès {en 2008}. Et j’ai rencontré Jacques Viguier et sa famille. Un lien s’est créé avec eux.”
A l’annonce du second procès en assises, c’est lui qui contacte Éric Dupond-Moretti. Ce qui donnera une première facette au personnage de Nora. “Mais mon point commun avec Nora s’arrête là” conclut-il.
“C’était aussi mon premier procès d’assises. Rapidement, je tombe du banc en me rendant compte que je ne connais pas la procédure française. On connaît mieux la procédure accusatoire aux États-Unis, par les films, les séries. Peu de films parlent de la justice française.”
Maître Dupond-Moretti
Olivier Gourmet est fabuleux dans le rôle de l’avocat aux 146 acquittements.
Mais il a dû louvoyer entre réalité et fiction. Même si le réalisateur a “créé un Dupond-Moretti de cinéma“, libre de contrôle du maître du barreau.
“J’ai eu la chance de pouvoir le suivre durant deux jours et demi.
On dînait le soir ensemble, je lui demandais son ressenti, ses impressions. Mais à cause de nos emplois du temps, je ne l’ai jamais vu plaider.”
“On a une ossature un peu commune. Et la robe aide à imposer le personnage. J’ai fait une espèce de copier-coller, une sorte de halo, d’aura de Dupond-Moretti.” confie l’acteur.
Mais malgré tout, l’acteur a su toucher à la quintessence orale de l’avocat dans la joute oratoire finale. Une gageure.
“Je me suis appuyé sur son bon sens qui parle au gens. Il ne tourne pas en rond durant 3 h. Il va droit au but.”
Une prestation saluée par ténor du barreau lui-même présent dans la salle : “J’admire la prestation d’Olivier Gourmet. Je reconnais mes mots mais il en a fait quelque chose à lui.”
Éric Dupond-Moretti lancera aussi « Depuis 12 hommes en colère, je n’ai jamais vu de film aussi bon. C’est vraiment l’apologie du doute !”
On reste ébahi par Olivier Gourmet et on soutient une Marina Foïs fébrile et passionnée.
Un film à ne manquer sous aucun prétexte.
Une intime conviction
un film d’Antoine Raimboult
Avec Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas, Jean Benguigui.
en salle le 6 février 2019
Pour en savoir plus sur l’Affaire Viguier :
Écoutez le podcast de Christophe Hondelatte sur le site d’Europe 1
Revoyez le Spécial Investigation : Affaire Viguier, dans l’intimité du procès