L’être ou pas, au Théâtre Antoine à partir du 3 novembre 2015, dresse un véritable inventaire à la Prévert de ce qui constitue le judaïsme, ou plus précisément la judaïcité. Accrochez-vous, le programme est vaste !
Habitué aux réflexions sur l’identité juive, Jean-Claude Grumbert, s’interroge cette fois-ci sur la façon dont un type lambda, étranger à cette religion, aborderait la judaïcité. Poussé par son épouse accroc aux recherches sur Internet, l’homme va demander l’expertise de son voisin juif pour éclairer leur lanterne. Pas de bol, car si le voisin est bien juif, il est surtout athée ! La pièce, portée par Pierre Arditi et Daniel Russo, est constituée de scénettes où tout y passe. Des sujets les plus anodins (manger ou non du porc, faire shabbat, se couvrir la tête) aux situations les plus épineuses (les territoires occupés, l’antisémitisme, Auschwitz).
Une formule qui marche
Le duo fonctionne et pourtant, rien d’original là-dedans. Pierre Arditi joue le rôle qu’on lui connaît depuis vingt ans, détaché, un brun désabusé et souvent cynique. Quant à Daniel Russo, là encore, rien de très novateur. Il entre dans la peau du gars sympa et naïf, à la limite de la bêtise. Énervant mais attachant. C’est vu et revu et pourtant quand les lumières se rallument, on réclamerait bien un petit quart d’heure de rab’.
On s’imagine aisément être dans leur cage d’escalier et participer à la conversation. Jean-Claude Grumbert ne change pas son style d’un iota. Il joue sur les mots et utilise grammaire et doubles sens pour renforcer les effets comiques. C’est intelligent, cynique et spirituel ! Quelques notions sur la culture juive sont toutefois souhaitables pour apprécier les sous-entendus tout en finesse du texte.
Côté mise en scène, la sobriété des acteurs et les jolies lumières tamisées sauvent un décor minimaliste et peu crédible. Mais là, c’est vraiment pour être pointilleux. Bien entendu, il faudra se passer d’une définition claire de ce qui fait qu’un juif est juif. Soyons sérieux, on ne pouvait pas espérer résumer près de 3 000 ans de culture et d’histoire en une heure.
L’être ou pas
pièce de Jean-Claude Grumbert
mise en scène : Charles Tordjman
avec Pierre Arditi et Daniel Russo
Du mardi au vendredi à 19h Succès : reprise le 3 novembre 2015 pour 30 représentations exceptionnelles !
Reprise du spectacle DÉJANTÉ des Chiche Capon à l’Apollo Théâtre à Paris à partir du 22 octobre et en tournée en France. Vous pensez avoir tout vu en matière d’humour sur scène ? Attendez-vous à tout et l’inimaginable avec ce quatuor enfiévré.
Autant être direct, comme la troupe des quatre furieux comédiens, chanteurs, démonteurs. Oui, ils sont doués pour démonter toutes nos certitudes au sujet de la performance scénique.
Le hors sujet, le décalage, le non-sens dépassent largement le mur du son de tout ce que vous avez pu voir précédemment dans une salle de spectacle. On frôle l’irrationnel de nombreuses fois.
Et, il ne faut pas longtemps pour s’en rendre compte.
Après un début de show en audio et dans le noir, l’arrivée des trublions nous lance dans une sidérante inconnue : quelle issue à ce joyeux boxon ?
Patrick, barbu hirsute sans une miette de gras sur les os, est à coup sûr le personnage le plus improbable qu’il vous sera donné de voir dans votre vie.
Son jeu est plus physique et sonore que réellement dialogué. Si bien que le mime Marceau à côté frise l’ennui abyssal. Imper, mini-jupe, robe à fleurs ou en simple slip, ses atours font de lui un vrai caméléon. Et ses petits cris deviendraient presque attachants en fin de soirée – aussi surprenant que cela puisse paraître à la lecture de ces quelques lignes.
Avec Les Chiche Capon, on pense aux grandes heures des Robins des Bois. Cascades, décor en carton, alternance de classe et pas classe. On entrevoit même plutôt bien deux lunes ; parfait hommage à celles de Pef et de ses acolytes.
Ça chante, ça danse, ça parle d’un big bang totalement improbable. On se demande même les origines de ces brillants délires. En tous les cas, l’enfant qui fait de la résistance en votre for intérieur, ne va pas résister bien longtemps à l’appel de la très grosse déconnade.
Faut-il aller célébrer l’arrivée de la troupe à l’Apollo Théâtre pour autant ? Aucun doute à avoir.
Notre billet et les autres critiques ne peuvent résumer le vent de folie qui traverse les rangées de spectateurs. Le spectacle se répandant généreusement dans toute la salle. Et ne croyez pas être à l’abri, tout le monde est susceptible d’être un partenaire plus ou moins consentant de ces affreux zozos.
LES CHICHE CAPON : LA 432
à l’Apollo Théâtre
18, rue du Faubourg du Temple
75011 PARIS
C’est l’une des belles découvertes de cette rentrée 2015 : De l’autre côté de la route de Clément Koch au Théâtre Michel.
Des vieilles dames irrévérencieuses et fourbes, une journaliste en recherche de réponses, une aide-soignante volubile, et un fil rouge “pâte de fruits” hilarant, le tout dans une ambiance de thriller : tensions, émotions et humour sont au programme.
Une intrigue journalistico-pharmaceutique
Dans une maison de retraite suisse, Eva Makovski, scientifique de renom, coule des jours paisibles usant de son caractère irascible sur le personnel et sa voisine de chambre. C’est sans compter la visite d’une journaliste qui souhaite mettre à jour un scandale pharmaceutique. Au fil de l’intrigue, les langues se délient et les tourments de chacun se révèlent.
Impossible d’en dire plus sur l’histoire sans dévoiler des scènes hautes en couleur et au risque de gâcher votre plaisir, et ce de l’introduction jusqu’au final.
Le décor unique renforce la dramaturgie de la mise en scène et la cohérence de l’histoire.
Les bons mots sont légions et les répliques acerbes fusent. C’est vrai que l’on pardonne facilement à des mamies de dire des horreurs.
Cette pièce est donc un vrai ping-pong féminin qui compte un seul homme au milieu de cette tourmente.
L’auteur, Clément Koch, livre une écriture moderne, avec un plume acérée et acide, sur un sujet moderne qui fait écho à des actualités médico-judiciaires de ces derniers mois.
Maaïke Jansen est parfaite dans le rôle de la scientifique bougonne et rentre dedans. Dany Laurent est surprenante en voisine de chambrée, un poil d’Alzheimer avec ses fixettes personnelles, mais qui garde la tête sur les épaules au bon moment. Laurence Pierre campe une journaliste forte en caractère mais qui arrive malgré tout à tenir tête à Eva, la scientifique chevronnée. Maymouna Gueye, l’infirmière/aide-soignante, a le rôle le plus gouailleur. On pourrait reprocher une certaine caricature dans l’écriture et la composition de ce personnage. Mais tenant le rôle de l’auguste dans cette pièce, le personnage est obligé de forcer le trait pour alléger les côtés sombres de l’histoire. Gérard Maro, quant à lui, est droit dans son rôle de big boss pharmaceutique.
L’écriture très fine de cette pièce laisse le spectateur toujours sur le fil du rasoir, oscillant constamment entre drame, humour et émotions.
Et si le sujet peut paraître anxiogène, au premier abord, on rit, on est ému et on vibre avec cette incroyable troupe. Toutes les émotions sont convoquées sans pour étant un zapping continu. Tout est extrêmement bien dosé.
Et c’est tout ce que l’on aime ressentir au théâtre : vibrer sans résistance !
De l’autre côté du miroir
Du mercredi au samedi à 21h00
Le samedi à 16h30 & le dimanche à 16h45
pièce de Clément Koch
Mise en scène : Didier Caron
assistante mise en scène : Bénédicte Bailby
avec : Maaïke Jansen, Laurence Pierre, Gérard Maro, Dany Laurent, Maymouna Gueye
Le magicien super star des plateaux de Canal +, celui qui a dansé avec J-Lo (Jennifer Lopez), bluffé Meryl Streep, Sharon Stone ou encore John Travolta – en récoltant au passage leur autographe à même ses cartes de jeu, offre 30 derniers shows à l’Apollo Théâtre à partir du 17 octobre. En revanche, attention : Kamel le Magicienest vraiment agaçant !
Ce n’est pas sa bonhommie qui dérange, ni ses dents ultra-bright, ni même son perfecto qui taille bien. NON. Ce sont ses tours, sa capacité à nous détourner l’attention et à se jouer de nous qui finit par nous faire enrager.
Mais pas de quoi lui mordre la main pour autant. Rassurez-vous !
Ce mercredi, nous étions 3 à nous coller au deuxième rang pour que Léo, 8 ans, puisse en prendre plein les yeux. Parce que niveau attention, le p’tit peut vite la perdre et vouloir rejoindre sa console portable. Un peu d’impatience – on a soif ou veut jouer avec le phone de maman- avant l’arrivée du magicien sur scène. Ouverture de rideau et plus un mot. La magie opère très vite avec Kamel à la barre devant un public assez hétérogène.
L’illusionniste a de quoi clouer tout enfant ou ado incurable et hypnotisé par les Lapins crétins ou Angry Birds. Avouez que les autres générations ne bronchent pas non plus. On joue les malins du style : “y’a un truc !” Mais problème de poids : il est introuvable. Aucune faille dans le rouage. L’huile est parfaite, le charme de Kamel faisant le reste pour faire avaler des fleurs qui volent ou des infos de page Facebook – connues par le seul public qui change de soir en soir.
Les ingrédients sont parfaitement équilibrés : présentation décontractée, complicité, tour de magie, participation du public et quelques pas de break-dance avec un complice danseur.
Le spectaculaire n’est forcément là on l’attend. Il peut être aussi dans une simple rose de papier, dans un jeu de cartes en apparence très ordinaire. Et puis, le coup de bluff, la magie opère. L’illusion dans sa plus belle démesure.
Notre trio ne se remet toujours pas de la téléportation d’un canard blanc innocent. Léo a applaudi tout au long du show avec une énergie rare si l’on se réfère à sa maman. Il a eu droit à son petit moment de lumière quand l’artiste a fait appel à lui lors d’un numéro de mentaliste au nombre incalculable de participants dans la salle.
S’il y avait spectateurs-complices dans la salle pour cette séquence, la recette serait maigre en fin de représentation. Le mystère est donc bien ailleurs. Mais où ?
Une telle adresse et efficacité, une disparition en quelques secondes seulement, font perdre le bon sens. Il vaut mieux parfois ne pas trop réfléchir et se laisser porter par la joliesse de l’artiste. Entre sensibilité, humour et anecdote de tournage sur Canal, Kamel le maniocs emporte tout sur son passage.
Kamel est décidément vraiment plus fort que toi !
On y retourne ?
KAMEL LE MAGICIEN en live !
les 30 dernières dès le 17 octobre 2015
à l’Apollo Théâtre 18, rue du Faubourg du Temple
75011 PARIS
Il n’est pas nécessaire d’être fan de comédies musicales françaises ou de Broadway pour apprécier La Légende du Roi Arthur au Palais des Congrès et en tournée dans toute la France. La preuve avec ces 4 références plus ou moins volontaires, et sacrément subjectives (on assume !).
Vikings
Inconditionnel(le)s de la série Vikings qui compte déjà 3 saisons et portée par Ragnar Lodbrock ?
Retrouvez, sur la scène du Palais des Congrès, des hommes charpentés, rasés de près au dessus des oreilles et belle longueur dans la nuque, avec de vraies gueules. Si c’est pas une coupe à la Vikings, on attend la preuve !
Combats, cascades, face-à-face musclés… Les épreuves de force sont le lot quotidien des partenaires de jeu d’Arthur. Palpitant !
Mylène Farmer
Pas de chanteuse rousse à l’horizon. A la place, une blonde incendiaire et une brune diabolique. La première, Camille Lou (Reine Guenièvre) est parée de robes voilages ainsi que d’un corset qui s’éclaire dans la nuit, oui, oui. La deuxième Zaho (la fée Morgane) joue dans les tonalités noir et rouge. Son entrée sur scène est spectaculaire avec sa façon très particulière de retirer sa longue traine.
Les deux chanteuses emportent la mise aussi bien par leur voix que par leurs atours. Elles sont tour à tour charmeuses, passionnées, mystérieuses, intrépides. Des adjectifs que l’on pourrait tout à fait rapprocher du modèle du genre scénique : Mylène F.
Glamour !
Les Visiteurs
Attention ! La légende du Roi Arthur n’est pas potache du début à la fin malgré la présence de Ké, un trublion en guenille, cheveux hirsutes et poil à gratter bien pensé. Olivier Mathieu est excellent dans le rôle !
La référence au film culte est citée pour le télescopage des époques et des styles. Car on retrouve en plein Moyen-Age des masques de théâtre japonais, une séquence de danse irlandaise, une marionnette géante.
Ces contorsions avec la réalité historique ont le mérite de surprendre et de créer des ruptures au cours du récit, pour ne jamais perdre l’attention des spectateurs. Réussi !
2 Roméo et 1 Juliette
L’amour est au coeur de ce récit palpitant. Pour incarner le duo Arthur-Guenièvre en prise à de multiples complexités qui les empêchent de vivre pleinement heureux : Florent Mothe et Camille Lou.
Le brun ténébreux est taillé pour le rôle. Valeureux, sensible, musclé raisonnablement, les spectatrices n’ont aucune raison de s’ennuyer. Face à lui, Camille est douce et mystérieuse à la fois.
Mais malheur : son coeur flanche quand elle croise le beau Lancelot (Charlie Boisseau). Quel amour sera le plus fort ?
Réponse tous les soirs au Palais des Congrès.
Les + : – l’écran géant en fond de scène qui permet un changement de décor en un rien de temps. Économie de moyens mais totale liberté dans la conception de l’univers visuel du spectacle – l’interaction avec le public en début de soirée, avant l’ouverture du grand paravent rideau. Qui sera le coeur juste capable de retirer l’épée Excalibur de sa pierre, avant l’arrivée d’Arthur ?
La Légende du Roi Arthur
jusqu’au 16 janvier 2016
auPalais des Congrès
2, place de la Porte Maillot
75017 Paris
le vendredi (20h30) samedi (15h et 20h30) et dimanche (15h30)
représentations supplémentaires les 22, 23 et 31 décembre 2015
et en tournée en France à partir de 2016
un spectacle musical
produit par : Dove Attia
mise en scène : Giuliano Peparini
livret : François Chouquet
musiques : Zaho, Vincent Baguian, Antoine Elie, Orelsan, Silvio Lisbonne, Rodrigue Janois
avec Florent Mothe, Zaho, Camille Lou, Charlie Boisseau, Fabien Incardona…
Avec Irma la Douce, le metteur en scène Nicolas Briançon nous transporte dans un coin de Paris au début du XXe siècle avec une vue imprenable sur le Sacré Coeur, le coude bien amarré au Bar des Inquiets. Une vraie réussite ! Mise en scène, tours de chant et décalage décoiffant sont les ingrédients de cette comédie musicale à l’affiche du Théâtre de la Porte Saint-Martin.
Le noir lui va si bien
L’éclat de ce spectacle n’est pas un jeune premier ou une mignonnette mais bien une valeur sûre de la scène. Nicole Croisille, incroyable patronne de bar qui connaît son petit monde comme si elle l’avait enfanté, nous apparaît dans un contre-emploi inouï. Bien sûr elle parle d’amour, comme dans les chansons qui ont fait son succès mais sa gouaille est d’un autre-temps, jubilatoire et effrontée.
Et qu’elle aguiche le premier rang, et qu’elle fume à son bar en commentant les amourettes d’Irma et de son Nestor. Nicolas Briançon a su voir au-delà des apparences de la Croisille. Un travail de maître d’autant qu’à l’origine, le rôle était celui d’un homme.
N’en oublions pas les amoureux. Marie-Julie Baup est une Irma aussi bien touchante qu’ingénie. Lorant Deutsch est enfin sorti de l’adolescence avec sa petite moustache et son costume de gars du milieu. Son filet de voix n’est pas aussi convaincant que celui de ses partenaires mais son jeu surpasse cette faiblesse.
A leurs côtés, une troupe qui lève la cuisse, change de personnages et de costumes, chante et brille au bon moment. Andy Cocq campe un travelo qui fait le tapin dans le même hôtel qu’Irma et Joyeuse, un bagnard plutôt futé. Une seule chanson lui suffit pour emporter le public. Un vrai show-man multi-talents qu’il ne faut pas quitter des yeux.
Total respect aussi à Claire Perot que nous avons tant aimé en Sally dans Cabaret (Folies Bergère et Théâtre Marigny) qui ose affronter la peur de tout comédien ou comédienne et artiste de théâtre : porter du vert sur scène. La superstition, elle s’en moque brillamment chaque soir avec une robe d’un vert intense !
Le plus : les surtitres en anglais !
Idéal si vous avez un(e) ami(e) américain, anglais ou d’une tout autre nationalité de passage et que vous ne souhaitez pas l’accompagner au Moulin Rouge.
IRMA LA DOUCE
Une comédie musicale d’Alexandre Breffort
Mise en scène Nicolas Briançon
Assisté de Pierre-Alain Leleu
Musique Marguerite Monnot
Arrangements Gérard Daguerre
Avec Lorant Deutsch, Marie-Julie Baup, Nicole Croisille, Andy Cocq, Olivier Claverie, Fabrice de la Villehervé, Jacques Fontanel, Valentin Fruitier, Laurent Paolini, Claire Perot, Bryan Polach, Pierre Reggiani, Loris Verrecchia, Philippe Vieux.
Avec Belle d’Hier, la Compagnie Non Nova, menée par Phia Ménard, tente de se libérer du mythe du prince charmant. Sur scène, telles les désillusions des petites filles face aux hommes injustement tout puissants, les robes de bal se transforment en serpillières. C’est beau, parfois violent, souvent dérangeant. Le but est atteint. On ne sort jamais indemne d’un spectacle de Phia Ménard.
N’allez toutefois pas croire que la circassienne d’origine nantaise ne pense qu’à monter sur les barricades. Alors qu’elle mettait en place son spectacle, joué à partir de ce soir, et jusqu’au 9 octobre, au Théâtre de la Ville, nous en avons profité pour déjeuner avec elle. Maquillage léger et manucure parfaite, Phia Ménard affiche un large sourire devant son tiramisu, prend le temps et parle d’une voix douce. Interview.
USofParis : Dans Belle d’hier, quelles sont vos revendications ? Phia Ménard : La pièce est un peu un manifeste à elle toute seule. Dès notre enfance, on nous dit que les petites filles doivent être sauvées par des princes et que grâce à eux, elles seront encore plus des princesses. Cette idée est fausse. On se sauve soi-même et certainement pas avec un homme. Pour casser cette idée du pouvoir hétéro patriarcal, j’ai demandé à 5 femmes de ranger l’humanité. C’est à dire que je veux remettre tout à zéro. Et comme l’humanité n’a pas commencé il y a 2 000 ans, j’ai décidé de remonter cette remise à plat à partir de la sédentarisation de l’être humain.
Votre spectacle est parfois violent, vos propos sont très engagés. Et l’amour dans tout ça ? On n’a jamais autant d’amour que par ses parents. Mais ça n’empêche pas de pouvoir rencontrer quelqu’un qu’on aime vraiment. Mais comment faire pour trouver l’amour dans des conditions où l’homme a le pouvoir juste parce qu’il est un homme ? Les premières victimes de la guerre, des violences sociales et des viols sont toujours les femmes. J’hypothèque alors toute notre société actuelle pour l’imaginer autrement.
Est-ce à dire qu’une femme est obligée d’être féministe ? Elle n’est pas obligée, une femme se DOIT d’être féministe. On demande aux femmes de s’émanciper, mais ce sont les hommes qui doivent s’émanciper totalement de leur façon de voir le monde. On ne remet jamais en question la société, on joue aux dupes et les hommes gardent tous les pouvoirs. Ils ont toutefois des comptes à rendre. J’attends de Dieu qu’il mette une raclée aux hommes pour ce qu’ils font. A ce moment-là, je commencerai peut-être à croire en lui.
Vous semblez toujours très sérieuse, n’avez-vous jamais envie d’aborder des sujets plus légers, plus futiles ? Je m’amuse, je ne suis pas dans un pays en guerre, je peux m’exprimer. On a tous une part de futilité. Je fais les boutiques, j’aime me faire masser, je ne suis pas en permanence sous tension ou revendicative. Seuls les fous furieux sont dans la revendication permanente et la stigmatisation par la peur. Je prends du plaisir dans et en dehors de mon travail. Il y a un business de la futilité, je ne souhaite pas en faire partie. Ça ne m’intéresse pas, je veux amener les gens à penser autrement sur la société. Mais je n’ai la prétention de changer le monde. Si l’art avait ce pouvoir, il l’aurait déjà fait depuis longtemps.
Qu’est-ce qui vous fait rire ? Surement pas l’idiotie ! Je n’ai pas la télévision, mais ce que je connais de la téléréalité ne me fait absolument pas rire. Je ris beaucoup avec ma compagne, dans l’intimité. Nous rigolons de l’absurdité et à refaire le monde. J’aime quand le rire n’est pas recherché, contrairement aux spectacles de one-man show comme on voit souvent. Les clowns me font rire par exemple, car ils ont une totale liberté. Ils me surprennent en permanence et me dérangent là où d’autres ne le font pas.
Avez-vous envie d’intégrer d’autres disciplines du cirque dans vos créations ? Dans le cirque, quand je crée, j’ai besoin de me poser la question sur ce qui est nécessaire dans l’espace dont je dispose. J’ai besoin que le spectateur s’identifie, et qu’il ne sublime pas le circassien. Le corps peut aller plus loin que ce qu’on imagine. On est alors impressionné par le jongleur. Ce sera en revanche difficile de s’identifier au trapéziste ou aux acrobates car c’est dangereux et très compliqué. Dans le jonglage, le rapport à la mort est inexistant.
Dans vos créations, vous utilisez des sons, des bruitages et très peu de musique. Pourquoi ? Je ne veux pas que le spectateur soit amené là où j’ai envie qu’il aille. J’ai envie de lui laisser toute la liberté pour réfléchir. Quand je travaille l’élément sonore de la pièce, j’imagine ce qu’on entend dans l’image que je crée. Je déteste qu’un artiste me fasse avoir l’émotion qu’il veut que j’aie. Sinon je crie à l’arnaque. On oriente le spectateur. Je pense qu’on peut créer des émotions par d’autres moyens. Bien sûr, je suis tentée, comme tout artiste, de prendre de la musique. Mais je me dis qu’il faut que je travaille autrement et finalement, j’ai l’impression d’en utiliser quand même.
Le public parisien, et plus généralement français, est-il différent de celui des autres pays ? Les spectateurs sont des spécialistes, où qu’ils soient. Notre société est culturelle. Partout dans le monde, nous avons un esprit critique et des références communes, ce qui fait que les spectateurs comprennent très bien ce que je fais.
Les Français, et plus particulièrement les parisiens, sont un public encore plus avertis. Les parisiens accordent une grande importance au théâtre dans lequel ils vont. Ici, on débat sur tout ce qu’on voit, tout le temps. Alors que dans certains pays, ce qu’on propose est vu avec plus de distance, on laisse passer ses émotions plus directement. En France, le théâtre est bourré de codes. Parfois, j’aimerais les transgresser.
Roses, pâquerettes, digitales, dahlias, camélias, tulipes, marguerites… Il fleure bon entendre conter à nouveau François Morel avec ce texte original et de sa composition. Hyacinthe et Roseoffre un moment délicat, une parenthèse enchantée en fin de journée au Théâtre de l’Atelier, qu’il ne faut surtout pas manquer.
Besoin d’un shoot de verdure ? Envie de renouer avec le souvenir de votre enfance et de vos grands-parents ? Papi Hyacynthe et mamie Rose ne peuvent que vous touchés. La preuve, nous n’avons pas résisté à verser une petite larme tant le texte touche, amuse. Une jolie poésie se dégage de ce duo que tout oppose.
Hyacynthe & Rose est en fait le récit d’un des neuf petits-enfants de ces deux petits vieux qui ne semblent réellement unis que par l’entremise des fleurs. A la première personne, ce garçon revient sur ses tendres années marquées par la présence de ces deux caractères et ses étés passés en leur compagnie.
Tendre, cocasse, sensible, ce récit à une voix nous saisit à la volée, sans aucun effort de notre part, pour ne plus nous lâcher. Récit à un comédien mais avec une mise en musique, la création d’Antoine Sahler – qui semble n’avoir aucune limite pour la maitrise des instruments : piano, trompette, ukulélé, piano d’enfant…
Ce n’est donc plus tout à fait une lecture, même si le texte est bien posé sur la table devant laquelle le comédien prend place. Le ciel qui évolue en fond de scène et en fonction du temps, le gazon synthétique, participent à créer un cadre propice à l’envolée, à la remontée des souvenirs de ce jeune garçon et aux nôtres.
Cousins Fabrice et Jean-Pierre, cousine Cécile, la chatte Estafette, Tata Noémie, Diane la trottinette sont autant de personnages qui agrémentent ce conte joyeux sans oublier l’incroyable logorrhée de ce prêtre à l’exceptionnelle endurance. Jeux d’enfants, et clafoutis aux cerises font remonter en chacun de nous l’insouciance de nos jeunes années.
Hyacinthe et Rose
de François Morel
avec François Morel et Antoine Sahler
Du mardi au samedi à 19h00
Matinée le samedi à 17h00
Attention : samedi 10 octobre représentation à 16h00 uniquement
BON PLAN ! OFFRE SPÉCIALE “RENTRÉE A L’ATELIER“: Jusqu’au 18 octobre prochain, bénéficiez d’un tarif préférentiel (16,€10 la place) en réservant vos places PAR TÉLÉPHONE AU 01 46 06 49 24 et en mentionnant le code promotionnel “LAETITIA”.
Cette offre est valable sur toutes les pièces actuellement à l’affiche à l’Atelier, dans la limite des places et des catégories disponibles.
“C’est un drôle de bonhomme, mais ne le détruisez pas. Il est fragile” Philippe Labro
Pièce touchante dont les valeurs nous questionnent sans détour sur nous-même, Victor signe le retour de trois grands noms sur scène : Cantona, Gadebois et Silhol sous la direction pointue de Rachida Brakni. Remontons le temps au Théâtre Hébertot et partons pour l’année 1948.
On peut se méprendre, ne connaissant pas l’histoire de l’auteur français Henri Bernstein. Et penser ainsi assister à la pleine performance et à l’omniprésence d’Eric Cantona sur scène.
Il n’en est rien. C’est bien Grégory Gadebois et le personnage qu’il incarne qui portent le récit.
Victor qui s’est retrouvé à l’ombre à la place de son ami de bataillon, reprend goût au grand air à sa sortie de prison. Il attend une femme, l’épouse de ce dernier pour qui il a sacrifié volontairement 11 mois de sa vie. Honneur, fraternité, fidélité et morale sont quelques-unes des valeurs abordées par la pièce et qui nous interrogent sur notre propre capacité à accepter, à se sacrifier pour un autre, à notre époque. Le télescopage des temporalités est troublant.
Mais c’est sans aucune lourdeur, ni long exposé que ces questions sont abordées dans cette histoire d’une passion.
Les montagnes russes sentimentales surprennent. Les issues ne sont forcément pas celles que l’on envisageait. Et c’est ce qui rend ce récit prenant et rythmé.
La sincérité de Victor touche au plus haut point. Grégory Gadebois est une nouvelle fois exceptionnel tour à tour timide, sincère et audacieux. Face à lui, Marc, un mari autoritaire malin et lucide porté par un Eric Cantona qui fait rire par l’aplomb de son personnage tout en effrayant par son intransigeance. Caroline Silhol affiche sur scène plusieurs visages : de la passion à l’abattement, en passant par la sérénité, avec une rare élégance.
Jouant sur différents registres, la pièce est trompeuse. L’on croit s’ennuyer dans les premières minutes tant le récit semble à mille lieux de nos considérations. Quand l’envie de rire nous saisit, il nous semble déplacer de se laisser aller. Et pourtant progressivement, la pièce se révèle, charme et touche tout à la fois.
VICTOR de Henri Bernstein
mise en scène : Rachida Brakni
avec : Caroline Silhol, Eric Cantona, Grégory Gadebois, Serge Biavan et Marion Malenfant
Depuis le 4 septembre, une création originale et made in France s’affiche fièrement sur la façade des Folies Bergère. Gospel sur la Colline est l’autre comédie musicale événement de la rentrée. Un spectacle qui ne doit être en aucun cas éclipsé par le mastodonte Cats à Mogador. La preuve !
Nous avons assisté au show une semaine après sa première. Nous vous dévoilons les cinq très bonnes raisons de partir en Louisiane, en 1954, pour rencontrer cette communauté composée du révérend Gédéon, de Sarah, Rebecca, John, Rosa l’Amour et Suzy jusqu’au 18 octobre.
Des chansons 100% originales Gospel sur la Colline n’est pas Sister Act (le film), c’est à dire une compilation d’airs célèbres et de chansons que tout le monde pourraient fredonner en choeur comme I Follow Him ou Hail Holy Queen (Salve Regina). Benjamin Faleyras, son créateur, a conçu histoire et chansons (une vingtaine) avec autant d’exigence et de talent qu’un spectacle de Broadway ou de Londres. Et le rythme tient en haleine de bout en bout des scènes : de l’église à la salle de cabaret l’Alcazar, en passant par les plantations de James Turner. Les différents registres de cette comédie musicale assurent aussi bien des moments drôles que des séquences émouvantes et prégnantes.
Une troupe de talents Danse, chant, jeu, musique. En tout 44 artistes sur scène. Ce n’est pas un petit show qu’il nous est donné à voir. Cette production a les moyens de son succès, le tout mis en scène par Jean-Luc Moreau et chorégraphié par Glyslein Lefever. Deux nouvelles assurances que ce spectacle est prêt à séduire le plus grand nombre de spectateurs-trices.
Ce jeudi soir, le metteur en scène s’est même autorisé à monter sur scène, lors du salut, pour dire combien la troupe l’avait enthousiasmé. Son émotion était bien visible de tous les spectateurs dans la salle.
L’humour de Firmine Richard
Rebecca est un rôle taillé sur mesure pour la célèbre actrice de Huit Femmes (François Ozon), Firmine Richard, qui campe une mère de famille au caractère bien trempé. Une femme qui s’engage toute entière pour le bonheur de ses deux fils : John, qui rêve de chanter et Jérémy qui n’a qu’un souhait, se marier.
Les costumes et chapeaux colorés font de son personnage un vrai électron libre, cocasse et amusant qui ponctue le récit.
Ses prises de bec avec Sarah, l’autre mère de famille de l’histoire, sont poilants.
John et Rosa l’Amour Toute histoire réussie a en son coeur une belle intrigue amoureuse. Et le duo formé par John (Jean-Luc Guizonne) et Rosa l’Amour (Myra Maud) est suffisamment glamour pour émoustiller les âmes romantiques. Tout y est, l’amour naissant, l’impossibilité de mener l’amour à son terme et le dénouement que nous vous laisserons découvrir. Les tenues rouges vif de la chanteuse Rosa de retour en sa terre natale jouent un duo fiévreux avec l’ensemble veste, débardeur et bretelles de John.
Les jambes de Suzy Une femme, et donc aussi une artiste ne doit pas être réduite à sa seule plastique. Mais force est de constater que la tenue de scène de Suzy met en valeur ce qui ne peut échapper à aucun regard : les jambes de Carla Estarque qui interprète le rôle de cette fille de joie. Les jambes ne sont pas son seul atout bien sûr, puisque ses séquences dansées et chantées sont assurées avec brio. Une révélation !
et en tournée en France à partir du 4 novembre 2015
Création de Benjamin Faleyras
mise en scène : Jean-Luc Moreau, assisté d’Anne Poirier-Busson
direction musicale : Patrice Peyrieras
chorégraphie : Glyslein Lefever
Avec : Ilan Evans, Dominique Magloire, Firmine Richard, Jean-Luc Guizonne, Myra Maud, Marc Thomas, Jean-Michel Vaubien, Manu Vince, Philippe Vauvillé, Carla Estarque, Olivier Constantin…
l’album de la comédie musicale édité par Cristal est disponible aux Folies Bergère et chez votre disquaire
CONCOURS !
Comme on aime les rentrées qui chantent et dansent, nous vous invitons donc à découvrir Gospel sur la Colline le mercredi 23 septembre à 20h aux Folies Bergère, Paris.
Pour cela, rien de plus simple, remplissez le formulaire ci-dessous avant le 20 septembre 23h59. Et N’hésitez pas à nous laisser un commentaire sympathique (on aime beaucoup ça !)
Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 2 places en 1ère catégorie pour la représentation du 23 septembre !
CONCOURS terminé !
Bravo à Isabelle, Mélanie, Alexandre, Sandra et Valérie