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Le Révizor, le comique russe du XIXe n’a pas pris une ride au Théâtre de la Tempête

Depuis le 15 janvier, la compagnie Toda Via Teatro revisite un classique de l’auteur russe Nicolaï Gogol, au Théâtre de la Tempête, à Vincennes. Le Révizor, dans une mise en scène hors des sentiers battus, n’a rien perdu de son effet comique.

Première moitié du XIXème siècle, dans une campagne russe. Un inspecteur de Pétersbourg serait dans les parages, incognito. C’est la panique à bord : corruption, maltraitance, vol et autres magouilles risquent d’être découverts. Que faire pour éviter la Sibérie, sinon choyer le jeune homme confondu avec ce fameux  Révizor ? Les chefs de l’administration d’une petite ville, menés par un bourgmestre corrompu jusqu’à l’os, doivent agir.

Le Révizor de Nicolaï Gogol Théâtre de la Tempête mise en scène Paolo Giusti spectacle russe Paris Cartoucherie Bois de Vincennes photo Dominique Vallès
S’enchaine alors une cascade de quiproquos, de faux-semblants et de mensonges. L’un pour plumer ses hôtes, ces derniers pour sauver leur peau. Le jeune homme ira jusqu’à convoiter la fille du bourgmestre, après avoir lorgné copieusement sur les atouts aguicheurs de la mère. Parce qu’après tout, la bonne bombance, il la prend là où elle se propose.

Une formule qui marche

Avec une traduction plus contemporaine que celle régulièrement présentée, la metteur en scène, Paula Giusti, dédouble le personnage du Révizor à l’aide d’un pantin. Articulé tour à tour par le jeune homme et par ceux qu’il trompe, on ne sait plus qui manipule qui. Est-ce l’imposteur qui se joue de ses hôtes, ou les hôtes qui se fourvoient, aveuglés par leur propre suffisance et vilénie ? Gogol fait rire, même au XXIème siècle. Il faut dire qu’en matière de corruption, la Russie s’y connaît pas mal.

On retrouve les mêmes codes esthétiques que sur Le Grand Cahier, l’une des précédentes créations de Paula Giusti, succès à Avignon (présenté en off), en 2011 : costumes et décors aux couleurs sépia et musique originale jouée sur scène. La formule manque un peu de surprise, mais fonctionne toujours. Petit bémol, toutefois, les acteurs sont maquillés grossièrement et affublés d’un long nez crochu ou bossu. Une volonté, peut-être, de donner des faux airs de Comedia d’el Arte ? Ou bien de faire se confondre les comédiens avec le pantin articulé ? Nul ne sait. Et quand c’est flou…

Le Révizor de Nicolaï Gogol Théâtre de la Tempête mise en scène Paolo Giusti spectacle russe Paris Cartoucherie photo Dominique VallèsLa metteur en scène argentine aime attribuer des rôles d’hommes à des femmes. Elle récidive ici, et c’est Laure Pagès qui s’y colle, dans le rôle du bourgmestre, présenté ici comme vieux et rabougri. Sa taille, notamment face à son épouse, ne l’avantage pas et malgré un petit problème d’élocution, l’actrice s’en sort très bien.

Résultat de cette adaptation, l’humour de Gogol reste présent, l’esthétique et quelques jolis pas de tango en plus. L’auteur aimait rappeler que ses pièces étaient non seulement comiques, mais interrogeaient sur la société et ses injustices. Avec l’actualité de ces derniers jours, c’est réussi.

Le Révizor

de Nicolaï Gogol

Jusqu’au 15 février 2015
Mise en scène : Paolo Giusti
Avec Dominique Cattani, Florent Chapelière, Larissa Cholomova, Mathieu Coblentz, Sonia Enquin, Ancrée Mubarack, Laure Pagès et Florian Westerhoff

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Bois de Vincennes
Route Du Champ de Manoeuvre,  Paris 12ème

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Cycle de lectures passionnées au Théâtre de l’Atelier

Cycle de lectures personnelles et universelles avec Dominique Blanc, Jean-François Balmer et Sami Frey au Théâtre de l’Atelier jusqu’au 15 mars 2015.
Première proposition artistique de Didier Long, arrivé récemment à la direction de l’institution de la Place Charles Dullin dans le 18e, ce rendez-vous donne pleine liberté à 3 comédiens de partager leur passion de lecture avec le plus large public.

Théâtre-de-l-atelier-paris-direction-Didier-Long-facade-de-nuit-Place-Charles-Dullin-18e-photo-by-United-States-of-Paris-blog

Dominique Blanc a été la première à être appelée par le metteur en scène et désormais directeur du Théâtre de l’Atelier pour ce projet. Fidèle à la comédienne et appréciant son exigence, Didier Long a eu raison de son intuition et que le choix du texte révélait tout autant l’artiste que la qualité d’écoute des spectateurs de ce récit des années d’après-guerre.

Le choix de Dominique Blanc s’est porté sur Les Années de Annie Ernaux, un livre qui l’accompagne. Pour préparer cet exercice horizontal, “auquel elle donne une verticalité incroyable” dixit Didier Long, la comédienne a demandé les conseils de l’auteure elle-même pour s’assurer du choix des passages.
Car le récit a la particularité d’enchainer les années de manière étourdissante, sans pause, en un fil continu.
Sur scène, la comédienne offre un échange délicat en donnant voix à ces moments passés, cette subjectivité sur la grande Histoire entremêlée à la petite. Délicatesse aussi dans sa manière de laisser tomber les pages lues sur le sol, de fredonner les extraits de chansons présents dans le texte.

Pour Didier Long : “un texte est plus ouvert qu’on ne le pense, ne serait-ce que parce qu’il parle à plusieurs personnes à la fois”, convaincu que “le public est sensible à cet échange intime avec un auteur” par l’intermédiaire d’un acteur.

 

Jean-François Balmer prendra la suite à partir du 17 février avec la lecture de Un candide à sa fenêtre, pour laquelle il a fait également appel à son auteur, Régis Debray, pour articuler le choix des extraits.

Le cycle prendra fin avec Sami Frey, véritable électron libre du théâtre, qui se laissera porter par des extraits différents qu’il piochera de soir en soir de ces entretiens de Sartre par Beauvoir.

Didier Long ne boude pas son plaisir de suivre ces grands comédiens libérés exceptionnellement de toute présence de metteur en scène pour composer leur spectacle. En coulisses, il dit apprécier “ce lieu fort dans le qualitatif et l’exemplarité.”
Son dessein est d’ouvrir le dialogue à tous et toutes, publics, journalistes, blogueurs et ceci en continu, pour faire vivre le théâtre.

Dominique Blanc lit Les Années de Annie Ernaux
jusqu’au dimanche 22 février

Jean-François Balmer lit Un candide à sa fenêtre de Régis Debray
du 17 février au 1er mars

Sami Frey lit Entretiens avec Jean-Paul Sartre (août-septembre 1974) de Simone de Beauvoir
du 3 au 15 mars

du mardi au samedi à 19h et dimanche à 18h
Placement libre et tarif unique (29,10e)

au Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 PARIS

Réservations : 01 46 06 49 24

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10 bonnes raisons de partir à New York en HIVER

Il y a toujours un prétexte à prendre un billet pour la Big Apple. Pour beaucoup d’entre nous, il semble plus agréable de partir du printemps à l’automne pour des raisons de temps clément, de météo complice.
Mais savez-vous que l’hiver à New York a ses avantages ?
Nous vous en proposons 10 plus ou moins essentiels vérifiés sur place par notre équipe.

Fashion French Bulldog dog in New York city bouledogue français street photography winter time manhattan photo by United States of Paris blog

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Le prix des billets d’avion : toujours moins chers qu’en plein été et en temps de canicule. C’est le meilleur argument pour s’envoler loin des tracas de fin ou début d’année.

La météo : en janvier, il fera toujours moins froid qu’en février. Mais ce n’est pas le Canada non plus pour ceux qui ont choisi de fêter la Saint-Valentin à NYC. Il y a des tempêtes, il y a de la neige et tant mieux pour les photo addicts et serial instagrammers : les rues enneigées de la ville c’est le pied ! Et c’est d’autant plus facile de circuler quand on est bien équipé : boots, bonnet et écharpe cache-nez.

Burritos-tex-mex-restaurant-new-york-city-by-night-light-food-voyage-visite-imagelogger-nx30-photo-by-United-States-of-Paris-blog

La nuit arrive plus tôt. Et c’est “shine bright like a diamond” comme dirait Rihanna à partir de 17h. Pleins feux sur Broadway comme sur Times Square. Pas besoin de faire le guet tard le soir pour découvrir les nouvelles couleurs arborées par l’Empire State Building.

Lève-tôt ! Qui dit journée plus courte, la tentation de rejoindre votre king size sera d’autant plus évidente. Vous serez donc prêts pour des breakfasts tôt le matin suivis de parcours dans les rues ou de visites immodérées de musées.

Michael C Hall american actor Dexter Six feet under Broadway street meeting with fans after Hedwig and the angry inch musical new york city photo by United States of Paris blog

Les spectacles avec stars hollywoodiennes sont légion. En été, la fin de saison est souvent synonyme d’acteurs et actrices en villégiature.
Ainsi selon votre arrivée en plein hiver vous pourrez vous retrouver nez à nez avec Michael C. Hall l’incroyable interprète de la série Dexter qui ne s’éloigne jamais trop des scènes de Broadway.
Notre page de références : Stars on Stage Broadway.

 Constellations Jake Gyllehaal Ruth Wilson play broadway Samuel J Friedman Theatre new york city by night times square photo by United States of Paris blog

Vous aimez la star et voulez votre selfie avec votre acteur-trice préféré(e) ? Avec le froid, la motivation de certains chasseurs d’autographes a tendance à faillir. Bon point pour vous !
Jake Gyllehall ne peut qu’être disposé à poser avec vous. On a fait le test et il ne s’est pas défilé. La preuve ici.

Vous adorez Abercombie & Fitch ? Pas d’inquiétude : on a beau être en hiver, le mannequin torse nu avec qui vous aimez vous faire shooter n’est pas rhabillé pour autant quand vient le froid. Bien sûr il porte une polaire pour se protéger en vous attendant. Mais elle laisse voir l’essentiel : abdos et amorce de pecs. Mêmes effets, et moins d’attente !

Yes street art wall Dumbo Brooklyn new york city graffiti visite voyage photo by blog united states of paris

Les Américains sont plus accueillants. Les touristes sont moins en masse que par les beaux jours. La densité de la ville semble beaucoup moins accablante. Parfait pour être au cœur des meilleures attentions de vos hôtes.

Pas de grosses chaleurs dans le métro. Souvenez-vous l’enfer des mois de juillet et août. Un quai bondé, ultra hot, vous suez à grandes gouttes et vous vous en voulez de ne pas avoir mis un débardeur comme les working boys sous leur chemise blanche.
En hiver, température égale à l’intérieur du wagon comme sur le quai. Bonheur !

 Rooftop water tower new york city manhattan skyline voyage travel visite imagelogger photo by united states of paris blog

Les rooftop bars qui offrent des vues à couper le souffle sur la ville ne sont pas tous fermés en hiver. Beaucoup d’entre eux se la jouent terrasses couvertes ou ultra-chauffées (pas très écolo !). Comme notre préféré sur la 26th street, le Hilton New York Fashion District Hotel. Intimité garantie et vue sur les citernes d’eau époustouflante. On like à mort !

Longue vue touristique Brooklyn Bushwick Inlet Park East River Manhattan skyline buildings architecture new york city visite voyage travel imagelogger nx30 photo by United States of Paris blog

Précaution : attention toutefois au vent surtout s’il vous prend l’envie de shooter la skyline côté Brooklyn, depuis Dumbo, Brooklyn Park ou le Bushwick Inlet Park – spots idéaux pour l’une des plus belles vues. Le vent est glacé même par une journée de beau soleil début janvier. Croyez-nous, nos yeux ont pleuré.

Photos réalisées avec le NX30

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OVER THE CLOUD par la 26e promotion du CNAC à la Villette

La 26e promotion du Centre national des arts du cirque (Cnac) a installé roulotte et chapiteau au Parc de la Villette pour Over The Cloud à découvrir jusqu’au 22 février.

photo Christophe Raynaud de Lage
photo Christophe Raynaud de Lage

C’est à un spectacle en retenue auquel nous avons assisté lors de la première ce mercredi.

Retenue n’est pas forcément un vilain mot même dans la bouche d’un circassien.
Alors que l’on s’est habitué à une entrée en matière tonitruante, vive avec sauts et ressauts lors des précédents spectacles de fin d’année du Cnac (This is the end, Pulsions) Jérôme Thomas, le metteur en scène, a choisi une arrivée plus discrète mais énigmatique pour Over the cloud.

Dans un clair-obscur, les jeunes circassiens s’offrent à une déambulation lente et masquée à la manière de showroom dummies (mannequins de vitrine). Difficile d’accrocher une quelconque empathie sur les onze visages – d’anges ? – dissimulés des interprètes. C’est le corps qui parle en premier, offert aux regards de spectateurs interrogatifs.

Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE
Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Les numéros de cirque sont parsemés tout au long de la soirée. Ils semblent plus courts que par le passé. Ce qui ne gâche en rien la prouesse physique, comme le premier numéro d’équilibre sur fil où l’artiste n’est pas seul en scène mais accompagné de ses camarades partenaires de jeu. C’est aussi le cas lors d’une montée à 3 partenaires sur un cordage tendu et tenu par les 8 autres ayant gardé les pieds sur la piste.

La montée en puissance est plus poétique, électrique (la bande-son de Gildas Céleste) que spectaculaire. C’est posé, slow down, le temps opère en sorte d’une contempĺation.
Le final reprend de la fougue pour un débordement collectif, visuellement fort, composé pourtant de petits riens.

Photo : Christophe RAYNAUD DE LAGE

Seul regret : une longueur dans les déplacements des artistes au coeur de cette recherche de constante mobilité voulue par l’équipe artistique. La fréquence des séquences de marche peut altérer, à force, notre attention.

OVER THE CLOUD
26e promotion du Centre national des arts du cirque #Cnac15
mise en scène : Jérôme Thomas
collaboration à la mise en scène : Martin Palisse

jusqu’au 22 février 2015
mercredi, vendredi et samedi à 20h
jeudi à 19h30, dimanche à 16h

Espace chapiteaux
Parc de la Villette

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Le Théâtre Bobino vibre pour Sinfonia de Tango “Pasion”

Sinfonia de Tango, le nouveau spectacle de Tango Pasión revient sur la scène de Bobino. Il ne reste plus que quelques jours pour aller voir ce spectacle inspiré des chorégraphies du tango traditionnel et de musique des années 1950. Entre concentré de sensualité et de numéros ultra techniques.

Affiche spectacle Sinfonia de Tango Pasion Astor Piazzolla au Théâtre de Bobino Paris janvier et février 2015

Deux violons, deux bandonéons, une contrebasse et un piano. Voilà pour les musiciens. Quant aux danseurs, ils sont douze et enchaînent numéro sur numéro. Six couples virtuoses, dont les jeux de jambes sont rapides et parfaitement exécutés. Les danseuses roulent avec volupté sur les cuisses des danseurs. Les corps graciles ou musclés se croisent et s’entrecroisent, pour le plus grand bonheur des spectateurs.

Constitué de deux actes, le spectacle présente trente-deux numéros chorégraphiés, entrecoupés d’intermèdes musicaux. Le premier acte recrée un bal populaire des années 1950. Les hommes sont en costumes rayés, portent un chapeau feutre et fument le cigare. Ils n’hésitent pas à draguer la copine de leur voisin, tout en offrant des fleurs à leur propre compagne, qui de son coté, fulmine de jalousie.
Toutes les musiques ont été réécrites par Gabriel Merlino. L’auteur a voulu faire la part belle à la musique du premier enregistrement studio d’Astor Piazzolla de 1955, dont il s’est inspirée. Son but : revenir à un tango plus traditionnel.

Show Sinfonia de Tango Pasion spectacle danse dance Astor Piazzolla Paris Bobino et tournée France

Paillettes et acrobaties
Le deuxième acte est beaucoup plus moderne et laisse place à des figures tournant souvent à l’acrobatie. L’amateur, qui les soirs d’été, voudrait s’essayer au tango sur les bords de Seine, est époustouflé. Il n’osera toutefois jamais imaginer reproduire la moitié des figures réalisées sur scène. Et c’est peut-être là où le bât blesse. Il n’y a aucun doute, les danseurs exécutent parfaitement leurs chorégraphies. Virilité, corps à corps et sensualité, tout y est. Manque pourtant un trait essentiel à la danse. La spontanéité. Le spectacle est si technique, si bien orchestré, que la passion, thème essentiel au tango argentin s’en trouve édulcorée. Cela risque d’en surprendre, voire d’en refroidir certains.

On passera également sur quelques tenues proches de vêtements de cabarets. On s’imagine les danseuses de tango généralement plus élégantes. Le grand spectacle offert par les danseurs ne s’en trouve toutefois pas gêné. Alors qu’importe, qu’ici ou là, la costumière ait ajouté quelques touches à la limite de la vulgarité. L’important est que le spectacle permette aux initiés d’apprécier des figures époustouflantes. Pour les autres, ce sera l’occasion de découvrir un univers composés de séductions, d’amour mais aussi de drames et de situations comiques. En gros, tout ce qui déchaine… les passions.

by Joël Clergiot

Sinfonia de Tango par Tango Pasión
spectacle chorégraphié par Hector Zaraspe

Théâtre Bobino
14/20, rue de la Gaîté
75014 Paris

du 20 janvier au 8 février 2015

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SOUS LES JUPES : un trio féminin sans concession au Théâtre Mélo d’Amélie

Depuis le 14 janvier, le Théâtre Mélo d’Amélie réunit trois femmes que tout sépare. A l’exception d’un goût prononcé pour leur reflet dans une glace. Ecrite par Philippe Elno, Sous les Jupes, jouée jusqu’au 27 avril, dévoile bien plus que la vie de bureau. Avec humour, légèreté, et sans prétention.

Affiche pièce Sous les jupes une comédie de Philippe Elno mise en scène Marlene Noël avec Laetitia Vercken Ludivine de Chastenet Muriel Lemaire au Théâtre Mélo d'Amélie Paris

Tout commence avec l’installation d’un miroir. Jusque-là, rien de vraiment anormal. Mais avec sa taille de 15m2, il recouvre presque la totalité de l’un des murs du bureau des occupantes. Un comble, dans cette entreprise de transport international, dans laquelle seuls six hommes travaillent. Ici, même les routiers sont des routières.

Cet objet dérange, intrigue, mais finit par plaire. C’est selon l’humeur, les jours, les personnes qui vont et viennent dans cette boite un peu spéciale. On s’attend à une pièce féministe, mais pas vraiment. Le miroir n’est qu’un prétexte, malgré son omniprésence. Ou alors à de l’humour légèrement sexiste ? Encore moins !

Sous les jupes pièce et comédie de Philippe Elno avec Laetitia Vercken Ludivine de Chastenet Muriel Lemaire mise en scène Marlène Noël Théâtre Mélo d'Amélie Paris photo Marianne Da Siva
photo Marianne da Silva

La vie de Valérie (Ludivine de Chastenet), la boss, quarante ans, tailleur pantalon et caractère bien trempé, et de son assistante, Geneviève (Muriel Lemaire), 60 ans, à six mois de la retraite, va basculer lorsque Margot (Laetitia Vercken), 25 ans, débarque pour un stage. C’est vrai qu’elle dénote un peu, avec son legging troué et son horripilant chewing gum. Trois générations qui ont du mal à cohabiter mais que seul le fameux miroir rapproche. Regard furtif ou carrément appuyé, les trois dames vont s’adresser à lui comme à un quatrième acteur.

Très réalistes, les actrices font preuve d’une énergie qu’elles se transmettent entre elles. A croire qu’elles jouent leur propre rôle. Ce qui serait un peu facile, nous en conviendrons. Il suffit toutefois de jeter un œil sur le parcours de chacune pour se rendre compte qu’il s’agit bien d’un exercice de composition. Pour notre plus grand plaisir car elles ne font aucune fausse note. La pièce est un peu une succession de sketches sur la vie de bureau. Tout salarié d’une entreprise, quelle qu’elle soit, s’y retrouvera.

photo Marianne da Silva
photo Marianne da Silva

L’intrigue générale, qui normalement sert de fil directeur au spectacle, n’apparaît qu’en filigrane, et n’apporte pas grand’chose. Elle est presque accessoire. Il y a bien ça et là, quelques facilités, mais ça marche toujours. On se serait attendu à une pièce un peu plus mordante, à l’humour grinçant. Ce n’est pas le cas et finalement, on s’en fiche. On passe un bon moment et c’est tout ce qu’on demande.

Sous les Jupes 
pièce de Philippe Elno
mise en scène : Marlène Noël
avec : Laetitia Vercken, Ludivine de Chastenet, Muriel Lemaire

Théâtre Mélo d’Amélie
4, rue Marie Stuart
75004 Paris

Jusqu’au 27 avril 2015, du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 18h

by Joël Clergiot

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M&Mme Rêve show technologique de PIETRAGALLA au Grand Rex

Clairemarie Osta et Julien Derouault interprètent M. & Mme Rêve dans la nouvelle création du couple de danseurs chorégraphes : Pietragalla et Derouault au Grand Rex, à Paris. Un spectacle tout à fait inédit conçu avec un décor en 3D. La symbiose de la science et des arts.

Affiche spectacle danse M et Mme Rêve 3D expérience de Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault retour au Grand Rex Paris mars 2015 création musicale Laurent Garnier

Confortablement installés dans la salle de cinéma du Boulevard Poissonnière nous avons été littéralement transportés dans le monde imaginaire de M. & Mme Rêve.

Au départ, deux personnages qui évoluent dans leur maison bourgeoise effectuent les mêmes gestes tels des jumeaux. Dans la chambre à coucher d’abord puis dans la douche ou encore dans la salle à manger. Des mouvements sobres, mécaniques sur une scène sombre avec des décors en 3D vidéo projetés ahurissants.

Avec leur perruque de cheveux blancs et leur justaucorps noirs, les danseurs enchaînent une série de tableaux librement inspirés de l’œuvre de Ionesco.

Ainsi dans séquence intitulée Le mariage, Madame Rêve affublée d’un improbable masque à 4 têtes et d’un tutu en plume se déplace à la manière d’une poule. Dans L’interrogatoire, elle est attachée à une chaise, alors que des policiers en ombre chinoise la malmènent. Pour la partie Les Rhinocéros, on retrouve Monsieur et Madame Rêve contraints de danser avec des rhinocéros violents et déterminés.
Les scènes s’enchaînent à une allure folle, en alternant musique classique et musique électro. Certaines sont très noires comme La cité radieuse, véritable critique du monde moderne où l’on voit un Monsieur Rêve projeté dans un univers cauchemardesque travaillant sans relâche jusqu’à l’effondrement.

C’est Laurent Garnier, le DJ qui fait danser la planète depuis plus de vingt-cinq ans, qui a mixé la bande son de cette fable contemporaine. Pour sa deuxième collaboration avec Pietragalla et Derouault – il avait déjà composé la bande musicale du spectacle Sade ou le théâtre des fous – il travaille des sons électro avec beaucoup de ruptures. C’est parfois un peu oppressant, brutal.

Suite à une blessure à la cheville, “Pietra” qui danse habituellement aux côtés de son mari a dû céder sa place à une autre artiste Clairemarie Osta lors de notre venue. La gracieuse étoile relève le défi – de taille – haut la main. Les deux danseurs aux corps affutés sont prodigieux de justesse et de régularité.

On peut regretter parfois la succession un peu trop rapide des épisodes, à peine rentré dans un univers, on en sort pour en intégrer un autre, bien différent.

Le spectacle doit beaucoup à la scénographie époustouflante. Le pionnier en la matière est Merce Cunningham qui avait utilisé la vidéo comme décor en 3D dans les années 1990. Depuis ces nouvelles technologies ont inspiré nombre de chorégraphes mais peu se sont risqués à tenter l’expérience sur scène.

On assiste ici à un show accessible à destination d’un public large. La danse et la technologie s’associent pour nous plonger dans cet univers virtuel où les danseurs évoluent, faisant corps avec le décor. C’est inédit et donc un peu déconcertant.

Image de prévisualisation YouTube

M & Mme Rêve de retour au Grand Rex, à Paris, du 25 au 29 mars 2015

du mercredi au samedi à 20h30
dimanche 16h

Chorégraphie et mise en scène : Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault
En coproduction avec : Dassault Systèmes, The 3D Experience company, Mehdi Tayoubi
Collaboration musicale : Laurent Garnier
Conception et réalisation graphique : Gaël Perrin
Réalité virtuelle et mise en œuvre technologique : Benoit Marini
Costumes : Johanna Hilaire
Son, Lumière et Vidéo : Stars-Europe

By Hermine Mauzé
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Attaché de PRESQUE ou la drôle de vie de Lionel Aknine au Théâtre le Proscenium

Une boule d’énergie, c’est comme ça que l’on pourrait qualifier Lionel Aknine, dans son spectacle Attaché de Presque, repris à partir du 8 janvier au Théâtre le Proscenium, Paris. 

L’homme voulait être acteur, mais la vie en a décidé autrement. Ou plutôt les metteurs en scène et les réalisateurs, qui ne se bousculaient pas pour le faire jouer. Qu’à cela ne tienne, le monsieur a plus d’une corde à son arc et va voir sa vie transformée grâce à un simple coup de fil.

Lionel Aknine

Le spectacle peint avec autodérision, et dans un flot très imagé d’anecdotes, un métier “presque” parfait. Celui d’attaché de presse, avec ses avantages, mais aussi ses surprises… un peu moins agréables. Les célébrités dont il a fait la promo sont revisitées avec humour, mais sans médisance ! Pop, rock, variétés, rap, classique et jazz, toutes y passent.

Une véritable histoire

Lionel Aknine aurait pu jouer la facilité et égrener des sketchs sans rapport les uns avec les autres. Pas du tout ! Très pointilleux, il nous livre une véritable histoire, dont les petits détails sont distillés et répétés tout du long. Nous regrettons toutefois qu’il ait choisi des anecdotes attendues, et des révélations qui n’en sont pas. Nous aurions préféré plus de croustillant.

Lionel Aknine

Résultat, nous sourions plus qu’on ne rit aux éclats. Mais comme l’heure de spectacle est menée tambour battant, on ne s’ennuie pas du tout. Ça reste drôle et jamais gras. Quant aux gens du métier qui iront voir cette pièce, ils ne pourront s’empêcher de sourire doublement aux souvenirs de leurs propres expériences. Une profession visiblement pas de tout repos.

By Joël Clergiot

Attaché de presque spectacle de Lionel Aknine au Théâtre le Proscenium 2 passage du bureau 75011 paris humour succès reprise

Lionel Aknine, Attaché de Presque

mise en scène : Emmanuel Quatra

Le vendredi à 21h30

du vendredi 8 janvier au vendredi 8 avril 2016

au Théâtre le Proscenium
2 passage du Bureau
75011 PARIS

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A GAUCHE EN SORTANT DE L’ASCENSEUR aux Bouffes Parisiens – un vaudeville moderne, énergique et turbulent avec Stéphane Plaza

Après avoir connu le succès au Théâtre Saint Georges la saison dernière A gauche en sortant de l’ascenseur avec Stéphane Plaza revient à partir du 23 janvier 2015 aux Bouffes Parisiens pour 80 dernières représentations.
Avertissement : pendant 1h30, vous ne décollerez pas de votre siège, pris dans la frénésie de cette histoire.

Affiche pièce A gauche en sortant de l ascenseur avec Stéphane Plaza mis en scène par Arthur Jugnot succès reprise au Théâtre Bouffes Parisiens Paris humour

Le vaudeville c’est toujours l’affaire d’un amant, d’une maîtresse, d’un mari et bien évidement des portes qui claquent.
La situation : Yan (Stéphane Plaza), peintre avec une petite notoriété, qui attend son rendez-vous galant avec la charmante Florence Arnaud (Laëtitia Laburthe-Tolra), se trouve entravé par sa voisine Eva (Caroline Burgues) qui a claqué la porte de chez elle alors qu’elle était sur le paillasson en petite tenue. C’est bien évidement à ce moment que débarque la prétendante de notre protagoniste.

Dès les premières minutes, nous sommes happés par les situations qui virevoltent et s’imbriquent les unes dans les autres. Stéphane Plaza se donne à fond, avec une rare générosité, du début à la fin de la pièce. Il mouille la chemise pour vous faire rire, mais il n’est pas le seul.


La troupe d’acteurs donne le meilleur sur scène : Boris (Boris Soulages), le voisin jaloux et colérique prêt à démolir le premier venu qui s’approche de trop de sa fiancée, le mari suspicieux (Philippe Dusseau) mais pas tout rose, des policiers (Yannik Mazzilli et Sébastien Pierre) caricaturaux et benêts aux prises avec une affaire de pistolet plus ou moins factice, une femme de ménage (Flavie Péan) qui adore, involontairement, mettre les pieds dans le plat et un ami un peu lourd (Stéphane Godin) qui à l’art d’envenimer toutes les situations. Chacun est, à tour de rôle, la pièce maîtresse d’une scène, d’une situation qui dégénérera sur une suivante.

Dans cette pièce qui n’offre aucun répit au spectateur, les quiproquos s’enchainent en usant de tous les ressorts comiques : tentatives de suicide savoureusement avortées, vêtements en lambeaux, un kilt pour émoustiller les admiratrices du premier rang et aussi beaucoup de coups de sonnettes.


Avec A gauche en sortant de l’ascenseur vous ne serez pas déçus. Stéphane Plaza se démène avec une belle énergie. Et ne croyez pas qu’il n’attire que les ménagères de plus de 50 ans. Ce soir de juillet où nous sommes venus – à notre grand étonnement – il y a une large part du public jeune qui affiche la vingtaine et la trentaine.

De quoi faire douter les mauvaises langues qui ne pensaient pas que ce trublion télévisuel puisse être un acteur, et un bon. Saviez-vous que l’animateur, avec cette pièce, revenait à ces premières amours : le théâtre, qu’il a dû abandonner avec la présentation de ses rendez-vous Maison à vendre ou Recherche appartement à vendre ou à louer. A l’époque, certains pensaient qu’un un agent immobilier théâtreux ne serait pas crédible. A vous de juger…

Image de prévisualisation YouTube

A gauche en sortant de l’ascenseur

du 23 janvier au 26 avril 2015
Mercredi, jeudi et vendredi à 21h
Samedi 17h et 21h
Dimanche 15h

Aux Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002 PARIS

Pièce de Gérard Lauzier
Mise en scène : Arthur Jugnot
Décors : Juliette Azzopardi
Avec : Boris Soulages, Caroline Burgues, Flavie Péan, Laëtitia Laburthe, Philippe Dusseau, Sébastien Pierre, Stéphane Godin, Stéphane Plaza, Yannik Mazzilli

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SITUATION ROOMS aux Amandiers Nanterre – Installation interactive à couper le souffle

Reprise exceptionnelle de Situation Rooms l’expérience théâtrale qui a fait sensation à la Grande Halle de la Villette en mai dernier.
Cette fois, direction le Théâtre Amandiers-Nanterre pour un voyage inédit et initiatique à partir du 24 janvier 2015. Addictif !

Des images de situation rooms, nous en avons tous une particulière en tête. Souvenez-vous de cette image d’Obama durant le raid donné contre Ben Laden au Pakistan, entouré de ses collaborateurs et généraux. La situation room c’est la salle de crise et Rimini Protokoll.

Avec ce spectacle, véritable jeu de rôle en 3D, le collectif de créateurs berlinois met en lumière les dessous de la mondialisation de l’industrie de l’armement : fabrication, financement, militantisme anti-arme ou encore victime de ces armes comme un enfant soldat africain.

Imaginé à partir de témoignages, le scénario proposé entremêle chaque histoire et plonge le spectateur-acteur dans un décor immense. Chacun des vingt participants est placé devant une porte, sa tablette (viseur-écran-guide) en main, prêt à entrer dans une aventure peu commune.

Durant 1h30, vous incarnerez 10 personnages différents sur les 20 présents dans le scénario (avocat, tireur d’élite, journaliste, photographe de guerre, chirurgien d’une ONG, réfugié, militant… et même un chef de réseau de drogue mexicain). Tantôt victimes, tantôt bourreaux, les 20 spectateurs sont en totale immersion.

Les témoignages audio sont sans réel affect pour donner pleine ampleur des ramifications, des tentacules incroyables du trafic d’armes dans le monde. Par cette expérience, la réalité est frontale, crue et pousse à une vraie prise de conscience sur notre engagement politique et citoyen. Dans quelle mesure je suis partie prenante à petite échelle de cet effort de guerre sans fin ?

En suivant les instructions, donc en reproduisant les gestes de votre personnage, vous interagirez avec les autres personnages-spectateurs, recréant ainsi les histoires diverses et uniques de chaque protagoniste du commerce des armes.
Il est très important, pour une meilleure expérience, de se plier aux directives de la tablette car tout compte dans cette expérience : déplacement, geste…

Chaque espace de jeu est d’un réalisme incroyable voire même bluffant. Il est parfois difficile de rester concentré sur l’histoire de votre personnage car l’on peut facilement se laisser absorber par la contemplation des décors.

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Une expérience scénographique unique qui donne envie d’y retourner une seconde fois, d’une part pour cette mise en scène spectaculaire en totale immersion, mais aussi pour se glisser dans la peau des 10 personnages que vous n’aurez pas incarnés.

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Le petit plus : le spectacle accueille les anglophones.

SITUATION ROOMS
Par le collectif Rimini Protokoll
du 24 janvier au 15 février 2015

Du mardi au samedi à 13h + 15h + 17h + 19h + 21h
Dimanche à 12h + 14h + 16h + 18h + 20h

au Nanterre-Amandiers Théâtre
Centre dramatique national
7 avenue Pablo-Picasso
92000 Nanterre

Ce spectacle est déconseillé aux moins de 14 ans

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