D’une beauté !!!!
Bouche bée, émerveillée, spectatrice connectée aux mouvements de l’espace, de l’être et des ondes sonores.
Un spectacle qui a eu pour effet tel un tambour ou un gong, d’éveiller toutes mes cordes sensibles.
Une merveille pour nos 5 sens…
Une ouverture pour nos sens extrasensoriels !
Aurélien Bory, l’auteur, metteur en scène et scénographe « file » le portrait de Kaori Ito, la danseuse japonaise dans Plexus au Théâtre des Abbesses.
Au commencement, un voile noir immense, léger et souple et une lumière. Le « fœtus – corps » Kaori. Le voile et le corps de Kaori s’entremêlent, se meuvent ensemble. C’est sans doute ainsi qu’Einstein avait imaginé l’Espace et c’est ainsi qu’Aurélien Bory imagine la matrice utérine. La jeune femme saisit un cordon (tel un cordon ombilical) et le place sur son cœur.
La magie s’opère.
Ses battements de cœur nous invitent à se connecter aux nôtres.
Nous sommes reliés à elle ! Nous allons vibrer avec elle tout au long de cette invitation au voyage de l’être.
« Je suis parti de Kaori, de ce que je percevais de sa problématique singulière, pour définir un espace qui la matérialise et permette de la révéler. Lors de nos séances de recherche, j’avais fait fabriquer une marionnette à fil grandeur nature, à l’effigie de Kaori, très ressemblante. “Voici ton professeur de danse“, lui avais-je dit. » (extrait de l’entretien d’Aurélien Bory réalisé par Gwénola David)
Aurélien Bory a créé un espace : un cube à fils. Kaori Ito va s’y mouvoir (sur le sol, sur les cordes, en vol), s’y bercer, tenter d’y échapper, mais en vain …
Et c’est alors que me vient à l’esprit une pensée…
Et si le cube était le corps de Kaori et que la danseuse était juste la matérialisation de son âme, de son esprit !
« De ce travail, je n’ai gardé que les fils en les déployant dans tout l’espace. La marionnette est restée dans le corps de Kaori. Cet espace vibratoire, très dense, entrave le mouvement. Il agit sur lui et inversement. Je cherche à voir ce qui émerge de la danse de Kaori, comment elle sublime le dépassement de l’obstacle. » (extrait de l’entretien d’Aurélien Bory réalisé par Gwénola David)
Photo by Mario Del CurtoKaori Ito signe la chorégraphie de son être.
Son corps exprime sa naissance, sa vie, sa mort et son esprit ascensionné avec poésie, force et douceur.
« Peu à peu ont surgi des motifs récurrents liés au Japon, notamment la relation aux ancêtres, la présence des morts, l’éphémère de la beauté, « l’impertinence » du monde tangible. Kaori est encore travaillée par l’histoire, la philosophie et les mythes fondateurs de son pays. » (extrait de l’entretien d’Aurélien Bory réalisé par Gwénola David)
La musique, la lumière, le décor participent dans une symbiose parfaite à nous éclairer sur « un » sens de « l’être ».
Il est capable de créer la beauté !
« Faire un portrait, c’est révéler l’invisible dans la lumière du visible. La danse m’offre un chemin car elle donne accès au monde intérieur d’une personne. Elle est reliée au plus intime de l’être, en même temps qu’elle est façonnée, inévitablement, (…) par l’imaginaire culturel. » Aurélien Bory
Au fond, et si nous étions
mués par des fils,
et si nous avions
pour obstacles d’autres fils,
et si nous étions
que des fils ?
Pour
Aurélien
et Kaori,
nous sommes autre chose !
Nous avons le don
de créer du merveilleux
et ça, aucun fil n’y résiste.
Etre en bouche bée.
By Georgia B
Post Scriptum :
Plexus est un mot générique pour exprimer l’idée d’un réseau de vaisseaux ou de nerfs. D’origine latine « plectere » : entrelacer, tresser, il s’inspire du grec ancien « πλέκω » tricoter… L’Odyssée n’a-t-elle pas commencé par une araignée qui tisse sa toile (les fils de l’humanité) sur un métier à tisser antique ? Une observatrice s’inspire de son ouvrage pour tisser à son tour une voile en attendant le retour d’Ulysse et un autre voile en attendant la renaissance d’Aurélien Bory et de Kaori Ito.