L’été à Paris est souvent synonyme de grand calme dans les théâtres parisiens. Alors lorsque que le spectacle Do you Speak Djembé?(carton de l’année 2010 au Casino de Paris) pose ses instruments à L’Alhambra, on se dit que nos soirées ne seront pas aussi mornes que prévu. Ce spectacle musical et familial a tous les atouts pour afficher complet tout l’été.
Lors de son entrée en salle, chaque spectateur trouvera un djembé sur son siège. Sous l’égide du maître de cérémonie Doug Manuel, le public sera guidé pour prendre part à cet orchestre éphémère et différent chaque soir.
Sur scène un orchestre hétéroclite – constitué de djembé drums, kora, dunduns, balafons, instruments traditionnels africains, ainsi que de synthétiseurs, une batterie et un quatuor de saxophones – entraîne le public pour faire battre les coeurs à l’unisson.
Et pour cela une seule langue commune : le djembé. A l’instar des batucadas brésiliennes, cet instrument crée une énergie positive et transporte les spectateurs dans une transe jubilatoire qui leur fait instinctivement oublier leurs inhibitions.
La dynamique et le rythme de chacun rappellent ainsi les battements du coeur.
Cette performance impressionnante provient essentiellement de la fusion que Doug Manuel arrive à générer en coordonnant les musiciens africains avec le public.
Il vous entraine dans un voyage inattendu et fascinant ! Toute la salle vibre au son du djembé sur les plus grands tubes. Une expérience humaine, interactive, musicale, UNIQUE !
DO YOU SPEAK DJEMBÉ ?
Prolongation jusqu’au 27 septembre 2014
Les 21, 22, 23, 29 et 30 août et 5, 6, 18, 19, 26 et 27 septembre, à 21 heures
Joué il y a près de vingt ans, repris voilà cinq ans, Gustave, un texte de l’acteur et réalisateur Arnaud Bedouet, reprend vie au Théâtre de l’Atelier grâce à Jacques Weber. L’occasion pour cette bête de scène de montrer au public à quel point Flaubert compte parmi nos plus grands auteurs français.
Inspiré de la très abondante correspondance entre Flaubert et sa maîtresse pendant dix ans, Louise Collet, c’est avec la lettre de rupture de cette dernière, ultime épitre que lui enverra la poétesse, que commence la pièce. Jacques Weber campe le rôle d’un Flaubert colérique mais extrêmement lucide sur son temps. L’acteur est tour à tour enjoué ou accablé, poussant des colères monstres d’où jaillissent des flopées de grossièretés. Il se livre à une critique sans mesure sur ses contemporains et la vie bourgeoise du XIXe siècle et en profite pour donner sa conception très libérale de l’amour.
Présence sur scène indéniable Une heure trente de monologue, la performance doit être soulignée. Sur le grand plateau du théâtre, le décor est sobre, presque minimaliste. Jacques Weber n’y semble pas perdu, bien au contraire, sa présence comble totalement le vide.
Son faire-valoir, Eugène, ne prononcera qu’un seul mot de tout le spectacle et presque aucun son. Au mieux un ou deux borborygme. Interprété par Philippe Dupont, il nous inflige un visage contrit, supporté par des épaules tombantes, accablées par toute la misère du monde. C’est dommage car le personnage met mal à l’aise et Jacques Weber n’a pas besoin de cela pour être mis en valeur.
Redécouvrir notre patrimoine littéraire Ne nous y trompons pas, cette pièce vaut le détour. Tout d’abord parce que Jacques Weber est un monument du théâtre français, et qu’il ne reste que deux semaines pour assister à la pièce. Mais surtout, parce qu’elle donne envie de se plonger (ou replonger) dans notre patrimoine littéraire. Le lecteur assidu relira avec plaisir Madame Bovary ou Salammbô et s’amusera à pointer les détails littéraires et biographiques qui ont inspiré l’auteur de ce spectacle.
Quant au novice, qui découvrira la vie de Flaubert avec Gustave, il pianotera sur son smartphone le nom de l’écrivain, dès les portes du théâtre franchies. Et espérons le, se ruera sur un de ses romans dès le lendemain. La pièce, en plus d’être bien écrite, pique la curiosité et ici, elle n’est pas un vilain défaut. Bien au contraire.
GUSTAVE
de Arnaud Bédouet
librement inspiré de la correspondance de Gustave Flaubert
Avec Jacques Weber et Philippe Dupont
Du mardi au samedi à 21h00
matinée le dimanche à 15h30
Théâtre de l’Atelier
1, Place Charles-Dullin
75018 PARIS
Nouvelle production du Théâtre du Châtelet à l’affiche à partir de ce vendredi et jusqu’au 29 juin. The King and I (Le Roi et Moi) vous invite à un voyage exotique au pays de Siam (actuelle Thaïlande) avec Lambert Wilson et Susan Graham. Cette épopée composée par Richard Rodgers et créée en 1951 à New York va vous offrir un bon dans le passé, en 1862 précisément, pour suivre l’histoire romanesque d’Anna préceptrice entrant au service du roi Mongkut.
Cette création est l’occasion de retrouver le comédien-caméléon Lambert Wilson. Vous l’avez aimé en sosie plus vrai que nature de Céline Dion dans le film Marsupilami, en maître de cérémonie dandy au dernier Festival de Cannes, vous allez succomber sans trop de difficulté à son charme en roi de Siam.
Lambert Wilson est, en effet, l’un des rares acteurs français alliant maîtrise du chant, de la danse et performance cinématographique et scénique. Il n’est pas étonnant qu’il ait l’aisance et la carrure pour se glisser dans la peau de ce roi autoritaire mais touchant. Le rôle immortalisé par Yul Brynner au cinéma aurait pu en faire hésiter plus d’un. Comment égaler celui qui imposa un physique animal à ce personnage d’un autre temps ?
Le metteur en scène, Lee Blakeley, a préféré une incarnation avec un peu moins de puissance pour le roi Mongkuk afin d’en révéler le caractère touchant et humain derrière ses atours spectaculaires et un brin kitsch.
Bien sûr, la comédie musicale est une fantaisie et il faut admettre la règle dès le levé de rideau pour accepter le jeu amusant des ressemblances physiques aléatoires entre interprètes et personnage. Le récit faisant référence aux codes du fairy tell (conte de fée) à l’américaine. Passé ce point, The King and Ioffre aussi une très belle partition à la chanteuse Susan Graham qui fait son entrée dans la cour royale pour se charger d’enseigner aux nombreux enfants du roi.
Ce spectacle est la première participation de la chanteuse américaine à une comédie musicale et elle est en impose avec ses robes de crinolines.
Le sujet pourrait paraître un peu désuet mais l’humour saupoudré tout au long de l’histoire permet de balayer les aprioris. Décors impressionnants, vêtements festoyants et enfants gambadants, ce spectacle a de nombreux atouts pour séduire le public parisien. Rajoutez à tout ceci des airs de beaux airs comme Something Wonderfulet Hello Young Lovers et votre coeur chavirera à coup sûr.
THE KING AND I comédie musicale
du 13 au 29 juin 2014
au Théâtre du Châtelet 2, rue Edouard Colonne 75001 Paris
musique : Richard Rodgers
Livret et lyrics : Oscar Hammerstein II
Direction musicale : James Holmes
Mise en scène : Lee Blakeley
avec Lambert Wilson, Susan Graham, Je Ni Kim, Damian Thantrey, LIsa Milne, Joe Sheridan, Jean-Baptiste Phou, Akihiro Nishida, Benoit Nguyen Tat, Robert Dauney
Après avoir cru un moment que Talisco pouvait nous venir tout droit des States, la découverte du court-métrage Run nous a révélé un talent rare de songwriting. Et si Talisco était le son du moment que nous attendions ? Lumineux, rythmé et capable de nous faire voyager dans les grands espaces américains, islandais ou tout autre.
Ce mardi, Jérôme Amandi prend le pouls à La Cigale de son beau succès public, accompagné de ses deux acolytes : Gauthier à la batterie et Thomas à la basse. Cette date parisienne affichait complet depuis quelques jours avant une prochaine au Festival Solidays.
Début du show à 21h, après une première partie assurée par le groupe Duel. 3 hommes font leur entrée sur scène, en chemise bleu jean. Un amoureux trentenaire a tout juste le temps de lancer à son amoureuse : “t’as vu il n’y a pratiquement que des filles devant la scène ?”
Le premier titre, Sorrow, est parfait pour une entrée progressive dans la fougue et la dynamique du set. On enchaine direct sur My Home, extrait du premier EP du chanteur. La batterie entrainante ne nous lâche pas une minute. L’efficacité des trois musiciens à emporter le public dans cette envolée musicale est assez incroyable et donne un putain de coup de fouet au moral.
Follow me finit d’emporter le public dans un décor, un paysage loin de Paris. Ca sent le farwest, les chevauchées à n’en plus finir. Jérôme fait une pause dans sa course pour dire le bonheur de cette première Cigale, en précisant que “c’est une aventure de plus d’un an !”
Les trois titres qui suivent offrent des variations autour d’un sujet inépuisable : le sentiment amoureux. Bring me back, hypnotique, In Love, fougueux comme un ado et Lovely, plus doux et propice aux regards tendres lancés à son ou sa partenaire. Les couples dans le public ont la bande-son idéale de les prochaines aventures estivales.
Et puis on perd le fil. On oublie de retenir les chansons qui suivent. On se laisse emporter par le charisme du Jérôme qui ne lâche pas son micro, le sourire de Gauthier qui sourit derrière sa batterie et le charme post-ado de Thomas qui aurait pu faire ses armes au sein de Placebo.
Prochaine chanson, cover de Depeche Mode. On rajeunit de plus de 25 ans. Never let me down againapparait plus rugueux avec la Talisco touch, délesté des synthés de l’origine.
Jérôme fait un clin d’oeil à une personne en coulisses. Un ami, sans doute, dans la fosse lance : “Tu parles bien anglais !”
Fin de set avec The Keys qui pourrait faire penser à la poprock d’un Nada Surf, avec une reprise en choeur du public. Une instru pour finir en douceur.
Rappel et nouvelle version de Follow me, qui débute unplugged sans batterie. Le texte se fait plus évident et proche, la version moins tapageuse mais tout aussi entrainante. Fin de partie avec Everyone, lumineux. Le public reprend son souffle et tente de trouver un peu de fraîcheur à travers les portes battantes de la salle. Difficile pourtant de partir après une telle claque.
TALISCO en concert à la Cigale, le 9 novembre 2016
L’album RUN (RoyMusic) est disponible chez tous les bons disquaires et en téléchargement légal.
Première à Fourvière : un Magic Mirror est installé depuis quelques jours sur la pelouse du Théâtre Antique pour accueillir Beyond, le tout nouveau spectacle physique et burlesque de la compagnie australienne Circa.
Le Nouveau Cirque n’a pas prise sur vous ? Il manque un petit quelque chose comme un animal, par exemple, pour vous permettre de céder à l’appel de la modernité ?
Le Festival des Nuits de Fourvière qui vient tout juste de débuter a le parfait spectacle, emballant et déconcertant, et ceci dans un cadre intimiste pour vous réconcilier avec le trapèze, les portées et autres mats.
Beyond frappe fort avec cette création dévoilée à Lyon et sans effet d’illusion possible. Aucune triche, la proximité avec le public est totale avec cette scène centrale et circulaire offerte à tous les regards.
Des hommes et femmes affublés de masques en peluches géantes de lapins font leur entrée. Les acrobaties débutent, spectaculaires. Une femme porte à la force des épaules un de ses partenaires masculins puis un second sur la chanson New York New York version Sinatra en bande-son. Ces messieurs ont beau être fins de corps, il n’en faut pourtant pas moins pour nous surprendre.
Les numéros s’enchaînent frénétiquement, avec un parfait timing, toute longueur est exclue. Les artistes courent dans les allées dans un va-et-vient constant et divertissant.
Le ballet aérien de l’acrobate sanglée pied et poignet offre une poésie subtile avec un zeste d’humour. La belle n’hésitera pas à se mordre le pied pendant le numéro. Elle tourne et retourne sur elle avec une impressionnante maîtrise. On en a mal aux articulations pour elle.
Ici, les femmes portent des soutiens-gorge à plumes et les hommes gardent le plus souvent leur chemise.
Circa arrive une nouvelle fois à renouveler les codes du cirque comme avec ce numéro d’équilibre sur pivot les yeux bandés, ou ce solo acrobatique où un des artistes s’aplatit littéralement sur la scène, pris d’une folie douce.
Que dire aussi de ces pointes de danseuse qui s’invitent pour de nouvelles portées mixtes ?
Chaque membre de la troupe aura son solo, à la lumière des projecteurs, tantôt burlesque, tantôt aérien mais toujours à la force des muscles.
Le petit plus : comme nous, choisissez bien votre place pour tenter de recevoir le baiser fougueux et sur la joue d’une délicieuse acrobate.
Beyond de Circa Magic Mirror – Esplanade de l’Odéon
Évènement ce lundi sur le boulevard de Strasbourg à Paris. Le Comédia – qui a fait peau neuve il y a quelques mois – accueille invités et VIP pour la 100e du show Mugler Follies imaginé par le créateur de mode Manfred Thierry Mugler. Un spectacle qui nous attirait l’œil depuis la première affiche et que nous avons enfin la chance de découvrir.
Comme dans tout cabaret avant le spectacle, vous avez la possibilité de dîner. Autour des tables les différents invités, acteurs et people ont répondu présent à l’invitation du couturier. On remarque la présence des trublions Frédéric Beigbeder, Stéphane De Groodt et Emmanuel de Brantes, le duo d’artistes photographe et peintre Pierre et Gilles, suivis de près de leur muse Zahia Dehar, la comédienne glamour Audrey Fleurot (Engrenages et Intouchables), Line Renaud accompagné de son chevalier servant Dominique Besnehard.
Mais plus que cette partie people, c’est le spectacle qui nous donne l’eau à la bouche ce soir. Sera-t-il sulfureux, trash, kitsch ou juste déjanté comme son créateur ?
La séquence de présentation du spectacle avec la Directrice de la troupe (en Français, Anglais, Allemand et Russe) donne une bonne idée de ce que sera le show tout en humour et décalage.
Dans la première partie du show, plutôt déconcertante, l’amorce de l’histoire d’une nouvelle arrivante dans la troupe rêvant d’être funambule (qui servira un peu de fil rouge à l’histoire) et la création du monde (un tableau ultra rapide et un poil kitsch avec ce dieu pianotant sur un synthétiseur hors norme et aux abdos insensés), font qu’on est un peu dérouté. Comment vont s’enchainer les numéros ? Quelle va être l’histoire après les “Bienvenue à Mugler Follies” lancés par les membres de la troupeaprès chacun des tableaux ?
La folie créatrice que nous sommes venus chercher va vite l’emporter sur notre attente. Il y a, en fait, un peu de tout dans Mugler Follies : du Cirque du Soleil pour les numéros circassiens et les costumes, du Crazy Horse pour les grâces féminines, du cabaret new burlesque pour le bel effeuillage féminin et masculin et même du défilé de mode pour rappeler les belles heures de la Fashion Week.
Fourmis géantes qui veulent s’émanciper de leur reine, apparition de la première femme Homo Sapiens, Lucy, accompagnée par une diva black à la voix puissante et envoutante. On plonge dans l’univers très particulier de Manfred, dont il a créé les costumes baroques et sexy.
Et côté danseurs et danseuses, il n’y a rien à envier à d’autres troupes. Les corps sont affutés, musculeux et souples. A l’image de ce contorsionniste qui ploie et déploie son corps avec une dextérité déconcertante, ou encore ce break-dancer qui évolue sur de la dub-step assez lourde, mais dont le numéro reste un peu moins spectaculaire au milieu des autres.
Du show, il y en a vraiment. Les chorégraphies des girls sont menées au cordeau, rythmées, dynamiques et toujours glamour à mort. Le tableau où les corps forment des bijoux, des boucles d’oreilles, un pendentif et autres parures est visuellement abouti et est d’autant plus hypnotique qu’il est accompagné d’un titre chanté par la malicieuse Juliette.
Le spectacle est agrémenté de magnifiques numéros où les artistes nous dévoilent une grande dextérité, les cerceaux aériens qui se révèlent féérique, ou la pole dance acrobatique et sensuelle.
La caricature faisant partie d’un spectacle de cabaret, il faut mettre l’accent sur cette diva italienne que la troupe déteste ou encore sur le pastiche mais bien réel numéro d’avaleuse de sabre mené avec humour par la directrice de la troupe. Les clichés de la revue sont ici reprisés pour une meilleure adhésion du public. Poilant.
Mugler Follies enchaine les numéros avec une belle énergie passant de la performance physique à un numéro d’humour ou un tour de chant comme avec la majestueuse Marie France, ancienne égérie de l’Alhambra. Son interprétation toute personnelle de Marlène Dietrich et Marilyn Monroe, dans une robe moulante, a laissé le comédien et pourfendeur belge, Stéphane de Groodt sans voix.
Mais notre coup de coeur de Mugler Follies ira incontestablement au duo masculin de sangles. C’est une première pour nous de voir un duo dans cette discipline. Même si le numéro commence avec un univers plutôt marqué (choeur de pompiers en fond d’écran sur une musique rappelant les heures de gloire de la Russie soviétique), l’agilité de ces deux athlètes, la poésie et l’évolution visuelle de leur prestation laissent place à la vraie magie du cabaret, la poésie des corps qui accomplissent des prouesses techniques. Le climax du show.
Malgré les légers défauts perfectibles de ce show, vous passerez une soirée exceptionnelle mêlant humour, exploits physiques et chorégraphies au carré.
Une soirée recommandée à ceux qui ne trouverait pas d’alternative aux spectacles à consonance touristique comme le Moulin Rouge ou le Paradis Latin, avec ce brin de “Follies” qui manque souvent aux productions parisiennes et du kitsch assumé à 100%.
Pour l’anecdote, à la sortie des stars, Line Renaud a échangé avecla chanteuse Marie France sur son costume de scène, inspiré de celui que portait Marlène Dietrich lors de sa dernière tournée. Un costume dont la légende voulait qu’il soit cousu à même la peau de la chanteur allemande. Glamour.
MUGLER FOLLIES
by Manfred Thierry Mugler Le Comédia 4 Boulevard de Strasbourg 75010 PARIS
Du mardi au dimanche à 20h45
Dîner spectacle à 19h30
Première française du spectacle 100% PARIS du collectif berlinois Rimini Protokoll. Après avoir été présenté à Berlin, Tokyo, Londres, San Diego, le spectacle mettant en scène les statistiques d’une ville à travers 100 personnes est à découvrir jusqu’au 25 mai à La Villette.
Les badges aux phrases insouciantes (Je m’endors toujours avec un livre) ou plus engagées (Reprenons la Bastille !) n’ont pas manqué de capter la curiosité des amoureux de la ville. Le hastag #100PARIS a fait le reste : initier la rencontre, sur les réseaux sociaux de parisiens et parisiennes qui vont entrer dans la lumière, celle de la Grande Halle de la Villette.
Les stats vous barbent ? Nous aussi. Alors courrez voir 100% Paris une proposition originale et captivante donnant corps, chair et plein mouvement à une série de données démographiques, géographiques, sociétales, existentielles… Au total 100 personnes de tout âge – de petits bambins timides à la doyenne de plus de 70 ans – font le pari fou de représenter les plus de 2 millions de parisiens. Cocasse.
Le spectacle débute par un passage en revue des 100 participants, les uns après les autres se présentent avec leur objet fétiche. Chacun-chacune introduit son voisin par son prénom, comme une chaine humaine sans fin. Ces parisiens face à nous ne sont donc plus tout à fait des inconnus, surtout quand on sait que l’une ne supporte pas le gluten et fait le malheur de son amoureux, qu’une petite fille rêve d’être princesse et qu’un autre est escrimeur ou d’origine bulgare. Après la curiosité, le spectateur-voyeur finira par s’identifier à telle situation (son activité au cours de la journée), telle donnée (la somme d’argent dépensée la veille) ou tel parcours de vie (qui a connu une guerre ?, qui aimerait encore pouvoir faire un enfant ?)
Toute question ou donnée est suivie de mouvements de foule pour illustrer le pourcentage de personnes favorables ou pas, grâce à un écran géant composant des graphiques en temps réel. L’enjeu de ce spectacle est aussi de créer une série de mises en scène permettant au public de ne pas perdre son attention. Quand on croit avoir fait le tour d’une forme comme la séquence Moi – Pas Moi, une autre forme arrive comme le sondage anonyme dans le noir et avec lampe torche. Si bien que ça n’étonne personne de voir arriver un groupe de musiciens pour un accompagnement live. Désopilant et efficace.
Bien sûr la quantité d’informations et de visages font qu’il est difficile au final d’associer une personne à une réponse, qu’elle soit indolore ou plus poil à gratter. Difficile donc de se souvenir qui a répondu précisément qu’il ou elle était favorable à la peine de mort, quelle personne ira voter aux prochaines élections, lequel laquelle a une préférence pour une personne du même sexe. Mais il y a, aussi surprenant que cela puisse paraître, dans ce tourbillon de données de vrais moments émouvants d’échanges.
Et ne croyez pas que les bobos aient la primeur de la représentation. Bien au contraire. Tout le monde est représenté : de l’individu qui a une dette, à celui qui vit dans un appartement de plus de 60 m2, d’une personne qui a déjà vécu sans toit à celui qui vit dans les beaux quartiers de la rive gauche.
Tantôt informative, tantôt provoc, ludique et sensible, 100% PARIS entre dans l’intimité des parisiens et parisiennes avec une réelle tendresse. On rit, sourit et l’on se trouve toucher en plein coeur par une phrase, un regard ou la réponse simple à un sondage d’opinions habituellement barbant.
100 % PARIS
à la Grande Halle de la Villette
du 16 au 25 mai 2014
Céline Dion, Barbara Streisand, Natalie Dessay, Maria Callas, Carla Bruni, Zaz, mais aussi Anthony Hegarty (Anthony and the Johnsons). Toutes les divas sont en Michel Fau. Reprise exceptionnelle du Récital Empathique au Théâtre de l’Oeuvre depuis le 14 mai.
Après une interprétation remarquée de Quelqu’un m’a dit à la cérémonie des Molières 2011, l’acteur va vous faire passer un printemps parisien raffiné et désopilant.
Camille Saint-Saëns, Racine, Jean-Philippe Rameau, Gershwin, Bizet.
Ce que l’on pourrait prendre, à la lecture du programme, pour une farce entre initiés, amateurs d’opéras et fins lettrés abonnés à la Comédie Française, s’avère être un tour de force généreux, intelligent et furieusement jubilatoire.
Le magnétisme de l’interprète du Récital Emphatique qui a connu un succès et des prolongations au Théâtre Marigny en 2012 est sidérant. Le visage de Michel Fau capte, en effet, toute lumière. Face à lui, les spectateurs ne ratent aucune de ses expressions.
Le récital débute par la “Danse des Prêtressede Dagon” extrait de Samson et Dalida de Camille Saint-Saëns. On se croirait en un autre temps avec ce jeu de voiles au vent. Le pas est maîtrisé, le corps se fait étrangement léger dans ce tour de chauffe.
Le talent de l’acteur, devenu femme, est de ne pas user d’une garde-robe à la Madonna ou Céline Dion pour donner l’étendue de son répertoire. Deux costumes de scène suffisent pour révéler toutes les facettes des divas convoquées pour ce spectacle chanté, dansé et de haute volée.
Rappelons que lors des premières à Marigny, une grande actrice était dans la salle : Isabelle Adjani. Il était alors très difficile de ne pas remarquer certaines ressemblances entre ce que nous savons de la personnalité et du jeu classique de ce monument du cinéma français et les délicieuses minauderies de l’acteur en scène.
Est-ce que l’actrice avait repéré certains de ses traits en Michel Fau? Le mystère reste entier.
Pour autant, ne nous y trompons pas, ce n’est pas à une parodie mais à un véritable hommage auquel nous assistons. Un hommage à toutes ces femmes qui ont inspiré, séduit et passionné l’acteur. Se dessine le profil d’une Maria Callas implorante, croisée avec une Edwige Feuillère déclamante, avec une pincée de Marlène Dietrich très glam autoritaire, beauté froide.
Notons le savoureux texte de Roland Menou intitulé Méhong B4. Une version pulvérisée, patchwork et internationalisée de L’Amant de Marguerite Duras.
Avant de terminer ce billet, mention spéciale pour la bande-annonce du spectacle qui donne à voir des extraits de la performance mais rien à entendre de la voix de l’acteur. Subtil.
Récital Emphatique de et avec Michel Fau
au Théâtre de l’Oeuvre
55, rue de Clichy 75009 PARIS
Les beaux jours arrivants, les artistes de rue sont de sortie. La Ville de Pantin et la coopérative De Rue et De Cirque/2r2c lance la deuxième édition de la BUS, la Biennale Urbaine des Spectacles. Forte d’une première édition galvanisante, l’édition 2014, toujours gratuite dans son intégralité, s’étend cette année jusqu’à Romainville, sans oublier Aubervilliers.
Des installations collectives, des échafaudages artistiques, des constructions éphémères, des spectacles sur les places : les rues, les places et le public sont de nouveau au coeur de la cité et tout cela pour servir le thème : Villes en Chantier.
Ce titre permet d’appréhender les mutations qui secouent la petite couronne parisienne (projets de rénovation urbaine, nouveaux logements sociaux, recréation de centre-ville…).
Il permet aussi d’enchanter les spectateurs avec des propositions de spectacles qui jouent avec la ville et ses espaces, de proposer des installations participatives au public, de mettre en avant le DIY « Do It Yourself », d’interroger la ville créative.
Car la BUS crée un échange original avec le public en l’incluant aux projets artistiques. En effet, aux spectacles dans la rue sont associées de nombreuses formes participatives (concepts et espaces de convivialité).
La BUS c’est une vingtaine de spectacles du 15 au 18 mai. Mais c’est aussi de nombreux ateliers autour de l’urbanisme et de l’environnement. Pas besoin d’être comédien ou plasticien pour venir, il suffit d’être motivé(e) !
Pour participer à ces ateliers, inscrivez-vous vite : culture@ville-pantin.fr
Les visites de chantier vous permettront de vous retrouver dans des espaces encore en friche, rarement ouverts au public. Chaque compagnie propose une vision singulière, désopilante, poétique, un peu loufoque et toujours joyeuse dans ces lieux à découvrir tous ensemble.
Le choix est large.
COOPERATZIA, LE VILLAGE mené par le collectif de 5 danseurs–jongleurs G. Bistaki construit son spectacle «in situ» en fonction des lieux où il est accueilli. La troupe propose à des volontaires de participer. Dès le 11 mai, des ateliers seront mis en place pour constituer un groupe d’amateurs qui viendra jouer avec les membres au cours de deux représentations.
La Fausse compagnie qui aime recycler pour fabriquer des objets sonores, vous proposera une virée musicale aussi imprévisible et cocasse que sensible et lumineuse.
Les Arts Oseurs, avec Magyd cherfi (du groupe Zebda), s’empare d’une poésie du réel. Ça parle de lui mais surtout de nous, de nos identités de nos France(s), de nos hontes, de nos petites fraternités… Autour d’une comédienne, d’un peintre et d’un musicien, nous sommes invités à vivre, le temps d’une déambulation, la ville d’un autre que soi.
Le Collectif Yes We Campqui a pris part aux spectacles de Marseille, Capitale européenne de la culture, en 2013, pose ses valises à Aubervilliers et au bord du canal de Pantin. Il propose la construction collective d’une structure à étages, avec buvette, ateliers vélo et fabrication d’objets.
Vous aurez compris BUS, la Biennale Urbaine des Spectacles de Pantin, c’est beaucoup d’autres spectacles et ateliers pour tous et toutes, petits et grades.
Pour découvrir le programme complet, il vous suffit de cliquer ici…
Et n’oubliez pas, tous ces spectacles sont gratuits !
Vivre et créer ensemble, c’est tout l’enjeu de la BUS version 2014 !
La BUS # 2
Villes en chantier
Du 15 au 18 mai 2014
Un projet imaginé par la Ville de Pantin et la coopérative De Rue et De Cirque (2R2C).
En partenariat avec les Villes d’Aubervilliers et de Romainville
Evénement du 16 au 25 mai 2014 avec le collectif berlinois Rimini Protokoll pour deux spectacles originaux et collaboratifs. 100% PARIS et SITUATION ROOMS redistribuent les cartes de la création scénique contemporaine à la Grande Halle de la Villette.
Ne tardez pas trop à prendre vos billets car les expériences que vous allez vivre risquent de vous marquer durablement.
Tout d’abord, la proposition 100 % PARIS a l’ambition de tirer le portrait du parisien. Au total 100 personnes, 100 parisiens et parisiennes aux profils variés représenteront les plus de 2 millions d’habitants de la capitale. Pari fou ?
Pas si sûr car l’expérience a déjà fait des émules à Berlin, Londres, Melbourne ou encore à Vienne. Et poursuivra sa tournée mondiale après son passage à la Villette.
A partir de statistiques élaborées à l’aide de questionnaires précis sur les habitudes des parisiens, leur mode de vie, de consommation et leur mobilité, le spectacle prend forme, différent d’une ville à une autre.
S’ajoutent les interprètes, tous amateurs, recrutés et dirigés par le collectif.
Un moment d’échange unique en son genre pour les spectateurs qui sont mis à contribution avant et pendant le spectacle et qui auront la chance de faire la rencontre de parfaits inconnus.
“Et toi, es-tu Parisien ?” La réponse à cette question est à trouver sur la page Facebook de la Villette.
La deuxième proposition se joue en solo. Muni d’un casque et d’une tablette numérique, vous allez devenir à la fois spectateur et interprète de Situation Rooms, aux côtés de 19 autres participants.
Le sujet, plus grave, vise à interpeller le public sur le trafic international d’armes. Ces armes anonymes qui détruisent des vies, tuent et mènent au chaos dans de nombreux pays à travers le globe.
Digne d’un véritable jeu de rôle, le spectateur va être amené à interpréter un journaliste de guerre, un médecin ou un trafiquant… ; le récit étant porté par le témoignage de chaque protagoniste. L’expérience ne laisse pas indifférent et pousse le spectateur à une véritable réflexion sur l’état du monde en temps guerre, à travers des parcours individuels forts.
Certaines séances sont déjà complètes – notamment celles du 16 mai. Réservez vite !
CONCOURS !
Nous vous faisons gagner des invitations pour le spectacle 100% PARIS, le vendredi 16 mai à 20h30.
Pour participer, répondez à cette question : Citez-nous une ville européenne où a été présenté le spectacle 100%. Indice
Envoyez-nous votre réponse par mail accompagnée de vos prénom et nom (avec 100% Paris en objet) à : usofparis@gmail.com
Les gagnant(e)s de 2 places seront tirés au sort parmi les bonnes réponses et recevront un mail leur confirmant leur lot.