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Même pas vrai ! au Théâtre Saint Georges : écriture efficace & humour décapant

Après une première rencontre avec la troupe de Même pas vrai ! en novembre dernier au Théâtre Saint-Georges, nous étions impatients de prendre place devant cette joyeuse bande. Après deux mois passés au Théâtre de la Tête d’or à Lyon, et l’été dernier au Festival d’Avignon, il était presque sûr que nous allions assister à un spectacle déjà bien rôdé.

Difficile de résumer cette pièce à tiroirs sans en dévoiler un rebondissement ou ébruiter un élément charnière de l’histoire. Tentons pourtant un pitch des premières minutes de l’histoire. Ça commencerait par une famille de doux dingues composée d’Arnaud, Mathilde et de leur fils Mikaël. Ces trois-là ont la fâcheuse tendance à régler leurs affaires de famille au cours de soirées auxquelles ils aiment convier leurs amis Irène et Bernard. Le tout en mentant et s’inventant des histoires et créant des personnages. Marie, la nouvelle copine un peu trop collante de Bernard, va être la première victime des piques et attaques verbales plutôt acides de cette bande d’excités du bon mot.  La soirée va tourner très vite à l’aigre et faire remonter, involontairement et au désespoir de tous, les non-dits et les différents secrets dissimulés par les uns et les autres.

Dans cette pièce écrite au cordeau, chaque personnage évolue dans un registre qui lui est propre et de manière complémentaire vis-à-vis de ses partenaires. Mathilde, la mère, joue de son humour cinglant pour se créer une armure contre le temps qui passe, en écorchant parfois les autres. Arnaud, le père, veut sortir du mode de communication plutôt stérile dans lequel sa famille s’est enfermée sans y parvenir. Mikaël fuit ses parents qui tente de percer ce qu’il cache. Irène essaye, elle, de remettre cette famille sur les rails. Bernard profite du couple pour cacher ses propres travers. Et Marie tient le rôle de la conne de la soirée.

L’histoire est servie par une mise en scène millimétrée. Jean-Luc Revol, qui avait oeuvré sur Une Souris Verte et Le Cabaret des hommes perdus, tire le meilleur du texte et de sa troupe d’acteurs. Haletante, la mise en scène permet à chacun des protagonistes d’être mis en avant. Les décors de Stéphanie Jarre ne sont pas en reste, permettant de démultiplier l’espace avec une belle ingéniosité.

La troupe se révèle vraiment parfaite sur scène. Chaque acteur peut s’épanouir dans son rôle, avoir son moment fort dans l’histoire. Nous ne cacherons pas que nous découvrons Bruno Madinier (Arnaud) dans un registre qui nous était inconnu jusqu’alors. Il déploie une belle énergie sur scène, jouant le mari toujours très amoureux de sa femme mais qui ne sait plus comment se sortir de cette situation en déliquescence  Surprenant aussi en mangeur de yaourt, il nous offre une séquence d’une drôlerie assumée. Anne Bouvier (Marie) est idéale dans le rôle de la bourgeoise qui débarque dans ce dîner chausse-trappe. Christophe Guybet (Bernard) et Valérie Zaccomer (Irène) se renvoient la balle à merveille dans leur rôle d’amis et pilier de cette famille peu commune. Ces deux acteurs sont épatants au moment où les nerfs lâchent et se retrouvent en pleine crise.

Même si tous les acteurs tiennent le haut du pavé, Raphaëline Goupilleau (Mathilde) et Thomas Maurion (Mikaël) emportent le Saint-Graal de l’humour.
Peut-être est-ce dû à leur rôle. Mais Raphaëline Goupilleau est merveilleuse de drôlerie dans les saillies et garde une énergie particulière du début à la fin de la pièce, révélant avec finesse les fêlures de son personnage. Quant à Thomas Maurion, il est très juste dans les ruptures d’attitudes que lui confère son rôle de post-ado : passant du dépit à la connivence nécessaire pour entrer dans le jeu de mensonges de ses parents en un clin d’oeil, parents qui ne le ménagent à aucun moment.

Surtout, il faut souligner un écriture particulièrement moderne et en parfaite résonance avec les styles actuels. La fulgurence des répliques oscillent entre humour noir et humour vache. Les petites phrases fusent. Les bons mots se percutent. Les auteurs, Nicolas Poiret et Sébastien Blanc, nous prennent souvent au dépourvu, sont parfois cruels comme cette réplique de Mathilde à Mikaël “J’ai pas passé 12 heures à subir des contractions pour que tu me parles sur ce ton-là“. Ou encore au moment de la soirée avec Marie : ” – Vous Voulez boire quelque chose ?Je prendrais bien un Martini Si vous voulez. Mais les alcools sont payants“.

Des répliques tordantes, il y en a beaucoup d’autres, dont certaines sont féroces. Leur fréquence est tellement intense qu’il est certainement impossible de les retenir toutes. Chapeau bas à Nicolas Poiret et Sébastien Blanc pour cette écriture surprenante et pleine de peps, déroutante un peu au début mais qui mène toujours aux rires, et aussi à l’émotion. Il est rare de rencontrer cette qualité d’écriture dans les nouvelles productions actuellement, c’est pour cela que nous souhaitons la célébrer ici.

MÊME PAS VRAI !

Du mardi au samedi à 20h30
matinée le samedi à 17h

au Théâtre Saint-Georges
51 Rue Saint-Georges
75009 Paris

De : Nicolas Poiret, Sébastien Blanc
Mise en scène : Jean-Luc Revol
Avec Anne Bouvier, Raphaëline Goupilleau, Christophe Guybet,Bruno Madinier, Thomas Maurion, Valérie Zaccomer
Décors : Stéfanie Jarre

 

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Spectacle : la vie du grand violoniste HAIM LIPSKY par Gérald Garutti avec Mélanie Doutey éblouie la Salle Gaveau – INTERVIEW

Reprise exceptionnelle du spectacle musical : Haïm, à la lumière d’un violon à la Salle Gaveau à Paris, avec la comédienne Mélanie Doutey. 

Haïm Lipsky est né en 1922 à Lodz dans une famille très modeste de 7 enfants où la chemise que l’on achetait à l’aîné faisait l’affaire pour les 6 autres jusqu’à finir en quasi lambeaux sur les épaules du petit dernier. Mais Haïm signifie “la vie”, et il a fallu y croire à la vie pour traverser ce siècle qui n’a pas épargné ce virtuose.

Très tôt cet enfant précoce développe un don hors du commun pour la musique. Ses parents se saignent aux quatre veines pour lui acheter une mandoline puis un petit violon. Sous l’égide d’un voisin cordonnier, il apprend à apprivoiser les quatre cordes de son précieux compagnon. Bercé par Bronislav, Hubermann, Joseph Szigeti, Arthur Rubinstein il devient vite un véritable musicien.

Quand les allemands envahissent la Pologne, la famille Lipsky est coincée dans le ghetto où la misère tue à petit feu les juifs coincés dans cet environnement de terreur. Les allemands alimentent à minima le ghetto en nourriture, juste suffisamment pour qu’il soit rentable pour l’Allemagne nazi et que seuls les plus faibles crèvent.

Dans ce contexte de brimades quotidiennes, Haïm tient le coup grâce à son violon, qui lui permet d’accéder à quelques maigres privilèges. Finalement, il est déporté à Auschwitz en 1943 et son instrument le sauve une fois encore puisqu’il est admis dans l’orchestre d’Auschwitz. La musique est le passe-temps des bourreaux et il est contraint de jouer en boucle une dizaine de mélodies “pas dégénérées” et “joyeuses” pendant les exécutions. Il souffre de ce privilège insupportable qui l’empêche de mourir tout de suite.

Il réussit à s’enfuir miraculeusement lors de la “marche de la mort” peu avant la Libération. Après sa sortie, Haïm n’a plus pu toucher à son instrument.

Gérald Garutti, le metteur en scène a été approché par la fille de Haïm qui lui a demandé de mettre en scène l’histoire incroyable de son papa. Il a alors choisi la comédienne-conteuse pleine d’énergie Mélanie Doutey pour réciter l’histoire de ce grand musicien qui a traversé le 20 ème siècle. Vêtue d’une tenue de lin trop large pour elle et d’un trench informe elle prend la parole entre chaque intervention des quatre musiciens. Dana au piano, Samuel à la clarinette et Alexis qui met du coeur à faire vibrer l’accordéon et enfin Namaan le petit-fils de Haïm. Entre mélodies klezmer et musique classique on vit un théâtre musical tout à fait extraordinaire. On virevolte de Bruch à Bartók passant d’une mélancolie poignante à des airs enjoués. Il y a une émotion toute particulière lorsque Naaman Sluchi entonne avec son archet le concerto de Mendelsohn.

Au son du violon, on pense très fort à ces personnages hors du commun qui créent dans des conditions dénuées d’humanité. L’historienne Germaine Tillion a écrit à Ravensbruck Le Verfügbar aux Enfers ou Viktor Ullmann qui a composé un opéra en 1943 dans le camp de Terezin.

Notre seul regret est que ce récital soit donné “Salle Gaveau”, sur une scène volontairement dénuée de décors. L’acoustique est parfaite mais la salle est un peu austère presque un peu bourgeoise ce qui empêche parfois de plonger dans cette ambiance slave d’avant guerre.

On vous recommande cette pièce unanimement saluée par la critique et qui mérite son succès.

Interview filmée de Gérald Garutti

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Haïm à la lumière d’un violon

Avec :
Mélanie Doutey, comédienne
Naaman Sluchin, violon
Dana Ciocarlie, piano
Alexis Kune, accordéoniste
Samuel Maquin, clarinette

Gérald Garutti, écriture et mise en scène

Salle Gaveau
45 – 47 rue de la Boétie
75008 Paris

les 29 et 30 mars, 12, 13, 26 et 27 avril 2014

 

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Interview du groupe belge PALE GREY pour l’album Best Friends – concert le 18 février à la Flèche d’Or à Paris

Après avoir annoncé la sortie de leur premier album « Best Friends » en Allemagne, en Suisse, au Royaume-Uni, en France et aux Pays-Bas, les Belges de Pale Grey étaient de passage ce mardi à Paris pour une journée de presse bien remplie. C’est vers 19 heures que je me suis rendu dans le quartier de Pigalle pour les rencontrer et tenter d’en savoir plus sur leur style, leurs ambitions, et aussi le paysage culturel belge.

Gilles Dewalque (basse et chant), Maxime Lhussier (guitariste) et JanJannes Montens (clavier) ont répondu à mes questions, pour United States of Paris.

Baptiste : Le groupe Aline utilise souvent les couleurs pour parler de leur album « Regarde le ciel ». Pour un groupe qui s’appelle Pale Grey, qui est issu du Collectif JauneOrange et vu la pochette de l’EP « Pale Grey », vous devez avoir une petite idée de la couleur de votre premier album « Best Friends » ?!
Gilles Dewalque : C’est presque évident : nous avons un rapport à l’image qui est indissociable de la musique. Nous sommes partis de ce concept pour notre premier EP. Pour nommer nos chansons : une couleur, qui pouvait correspondre à un morceau sans lui donner trop de sens précis. Nous nous impliquons beaucoup dans l’aspect visuel.
Ensemble : En ce qui concerne « Best Friends », on est dans le beige, les couleurs pastel, et aussi le bleu marine et le bleu-gris. Les couleurs pastel, car elles évoquent des sentiments nostalgiques ou décalés, que l’on peut facilement identifier sur Seaside notamment.
Maxime Lhussier : Oui il y a cet aspect nostalgique : notre jeunesse dans un milieu assez rural, les balades, les soirées… Tous ces sentiments liés à l’enfance, à cette force dans l’insouciance, autant de sentiments qui changent beaucoup en grandissant. 

B : Et pourquoi ces deux chiens sur la couverture ?
M : Cette photo fut choisie parmi une série de propositions de photos réalisées par Gilles [Gilles a fait des études de photo]. C’est une photo d’un poster qui est dans la chambre du beau-frère de Gilles, une chambre qui n’a pas changé depuis qu’il a 8 ans ! Ce qui nous a interpelés aussi dans cette photo, c’est le regard de ces deux chiens : on peut y voir de l’excitation, de la mélancolie. Il y a un côté doux-amer, triste, mais aussi décalé, amusant.

B : Chacun peut trouver ses propres influences dans votre album. Personnellement, j’y ai vu des éléments des projets solos de Damon Albarn (Gorillaz, The Good The Bad & The Queen), et de l’album « Think Tank » de Blur.
M : C’est mon album préféré de Blur ! On essaie de digérer nos influences, ce qu’on peut mettre dans nos morceaux est fait inconsciemment. Mais notre musique s’inscrit tout de même dans un style. On essaie d’incorporer plein de choses qu’on aime dans d’autres genres de musique, pour la rendre a priori plus originale. En utilisant par exemple des éléments qui viennent de l’abstract hip-hop, du post-rock, de l’électro. 

B : Comment se passent vos séances de travail, de composition, d’enregistrement ?
Jan Jannes Montes : Certains morceaux sont nés de jam, mais c’est une minorité.
M : La plupart du temps, cela part d’un squelette de chanson créé par un des membres du groupe. Puis les autres vont mettre leur patte, « violer » le morceau, et cela génère beaucoup d’interactions. On arrête le travail sur une chanson quand tout le monde est d’accord. D’ailleurs, les morceaux qui posent problème ont été mis de côté. 

B : Avez-vous des dates de prévu pour des festivals d’été ?
M : On a une période de tournée prévue fin avril. Sur le printemps, on a de plus en plus de confirmations en France. Peut-être qu’on sera du côté de Dijon pour un festival en juillet (Oeno Music Festival). Côté anglais, il y a eu la sortie de Seaside, on a eu des bons retours, il est notamment passé sur la BBC. Le deuxième single sortira là-bas en février, et l’album en avril. 

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B : Votre album va justement sortir dans plusieurs pays, comment voyez-vous l’avenir ?
M : On a le sentiment d’avoir parcouru pas mal de chemin, de s’être professionnalisés sur bien des aspects : les concerts, la com’ et les à-côtés… Cela nous permet aussi de proposer nos morceaux à des publics « frais », qui n’ont pas d’idées préconçues, Quand il y a des retours positifs venant de l’étranger, ça nous touche d’autant plus et ça nous encourage beaucoup. 

B : J’ai le sentiment qu’il y a une scène électro, pop et rock très dynamique en Belgique, comment expliquez-vous cela ?
G : La Belgique est un pays très jeune, nous sommes tous très rapprochés. Sur le plan de la culture, la Belgique a encore beaucoup à chercher et à trouver. Nous sommes à l’intersection entre trois langues. Il y aussi le fait d’être au cœur de l’Europe… On est peut-être plus ouverts à ce qui se fait ailleurs, Si on est gourmand de musique, de culture, vu la taille du pays, on est obligé de se tourner vers l’étranger.
JJ : Notre culture n’est pas encore figée. 

B : En France, on nous présente souvent la Belgique comme un pays coupé en deux. Vous êtes connus en Wallonie, mais en Flandre ? Avez-vous des liens forts avec des groupes ou des programmateurs flamands ?
M : On a un avantage dans le groupe : Jan est flamand, il est originaire de Bruges ! Il y a deux cultures, c’est clair. On commence à être connus côté wallon, mais les médias en Flandre sont plus protecteurs et ont plus de mal à programmer des groupes du Sud. On a tout de même eu l’opportunité de jouer là-bas, et on a eu des retours très positifs de la part du public. La difficulté se situe plus haut. Il y a un sentiment belge au niveau de la population d’ailleurs, ça se voit avec la ferveur suscitée par la qualification en Coupe du Monde. 

Pale Grey sera en concert le 18 février 2014 à La Flèche d’Or, en première partie de Casual Sex

Album Best Friends chez JauneOrange / Pias

Single Seaside disponible sur Itunes

 

Interview by Baptiste Petitjean
http://ljspoplife.magicrpm.com

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HUMOUR : Dernières de la comédie policière PAS DE NOUNOU POUR THOUTMOSIS au Café de la Gare

 Dernière le 2 février pour la comédie policière désopilante Pas de nounou pour Thoutmosis au Café de la Gare.

Mais c’est qui au juste Thoutmosis ?
Non, ce n’est pas un chien, ni un quelconque animal de compagnie. C’est un bébé, effectivement mal baptisé à cause d’un père un peu trop original et quelque peu ébréché le jour de déclaration de naissance.

Ce petit dont les parents sont séparés depuis, est une charge de trop pour la gentille maman qui rêve d’une soirée pina colada. Elle décide donc de le céder temporairement à son père et sa compagne. Alain et Nathalie ont pourtant d’autres plans ce soir-là : ils ont un anniversaire à fêter.
Rajoutez à ce tableau, une concierge à l’accent non identifiable, le commissaire Galois et  l’inspecteur Letallec et vous obtiendrez une farce à rebondissements et quiproquos de tout bord.

Vous pensiez que les soirées galères (plusieurs le même soir) était votre lot régulier ? Prenez donc la direction du Café de la Gare et vous vous rendrez compte qu’il y a toujours pire. Toutefois, prenez garde avant de vous asseoir : les fous rires sont contagieux et certains soirs ce ne sont pas seulement les spectateurs qui rient aux éclats. Les comédiens prennent un malin plaisir à rajouter des répliques et à se surprendre les uns les autres, gardant leur sérieux avec difficulté.

Le couffin dans ce joyeux bordel imaginé par Bruno Lugan et mis en scène par Philippe Manesse a bien du mérite à trouver le sommeil.

PAS DE NOUNOU POUR THOUTMOSIS

comédie policière de Bruno Lugan
mise en scène de Philippe Manesse

 

avec Patrice Minet, Laurie Marzougui, Laeititia Vercken, Carole Massana, Christine Anglio et Philippe Manesse

les lundi et mardi à 20h30
lesvendredi, samedi et dimanche à 19h

au Café de la Gare
41, rue du Temple
75004 PARIS

 

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Spectacle – Déshabillez mots 2 : deux strip-textueuses réchauffent L’Européen – PROLONGATIONS !

Déshabillez mots 2 : prolongations pour cause de succès jusqu’au 5 janvier 2015 !

Nous avions aimé lorsque Flor et Léonore nous donnaient un petit cours de langue française expliquant tour à tour ce qu’est la pusillanimité, ou la procrastination. C’était le premier volet de Déshabillez mots.

C’est donc confortablement installés dans l’hémicycle du théâtre de L’Européen, transformé en studio de radio que nous avons découvert le deuxième volet de Déshabillez mots 2.1h30 de “streep texte”, c’est à dire des jeux de mots tricotés et détricotés, incarnés par deux artistes du verbe. Après neuf mois d’écriture ces deux grosses bosseuses, lectrices inconditionnelles ont trouvé une nouvelle série de mots à nous suggérer. Des termes qu’elles trouvent dans leur quotidien en fonction des situations qu’elles traversent ou des questions qu’elles se posent.

Photo by Philippe Delacroix

Flor et Léonore retournent les sens en se glissant dans la peau de ces nouvelles créatures de la langue française, s’interviewant mutuellement. Voilà leur défi, s’habiller de mots et les faire exister comme de vrais personnes. La brune et la blonde se muent donc à tour de rôle en compromis, en inconstance ou encore en politesse.

On sent une grande complicité entre ses deux femmes qui se sont rencontrées en jouant du Tchekhov il y a plus de quinze ans. Après être intervenues plusieurs saisons sur France Inter ces deux comparses ont retrouvé leur lieu de prédilection, la scène.

On débute avec Le Sympa, méprisé par sa propre mère, Mme la Sympathie qui le considère comme une amputation d’elle-même. Ce pauvre sympa semble un tantinet schizophrène tantôt amical ou enjoué, tantôt méprisant selon l’intonation.

Séduisantes, vêtues de noir et de strass les comédiennes nous font parfois rire aux éclats comme lorsque Léonore joue un point virgule, né de son papa point qui clôt les phrases net, et de sa maman hystérique toujours en cavale entre deux phrases. Ce point virgule qu’on ne sait jamais où mettre dans la phrase semble sacrément “amoché”!

Puis c’est Flor qui arrive sur scène comme une balle “survitaminée” sur une musique rock pour jouer le signe de ponctuation le plus “bankable” du moment… le Slash !

Le spectacle remporte l’adhésion des spectateurs et en particulier des femmes qui aiment lire les doubles sens dit-on. Chaque spectateur tire de l’évocation des mots un état d’apaisement ou de questionnement. C’est là tout l’art de ces deux artistes qui cisèlent un joli spectacle de poésie drolatique, tout en finesse, humour et sensualité. Une performance que ne renieraient ni Pierre Dac, ni Raymond Devos.

Ces deux linguistes coquines  – plus glam qu’Alain Rey ! – qui ont toujours un projet d’avance, caressent désormais le rêve de transformer ce spectacle en un programme court pour la télévision.

Déshabillez mots 2 affiche de Flor Lucienne et Léonore Chaix mise en scène Marina Tomé strip texte L'Européen spectacle humour théâtre radio Paris

Déshabillez mots n°2
écrit et interprété par : Léonore Chaix et Flor Lurienne
mis en scène : Marion Tomé

Reprise exceptionnelle du 16 octobre 2014 au 4 janvier 2015 !
du jeudi au samedi à 19h30
et dimanche à 16h30

à L’Européen
5, rue Biot
75017 PARIS

 by Hermine Mauzé

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HUMOUR : Même pas vrai ! avec Bruno Madinier & Raphaëline Goupilleau au Théâtre Saint Georges

Même pas vrai ! c’est un couple qui affiche 20 ans de mariage au compteur.
Un couple qui cherche à rebooster la flamme et qui du coup emporte tout sur son passage, fils, amis et un bout de décor.

La pièce mise en scène par Jean-Luc Revol a entamé un tour de France au mois de septembre dernier, embarquant les rires au passage.
Après deux mois passés à Lyon, Même pas vrai ! nous arrive à Paris fin janvier pour un début d’année amical et jubilatoire.

A juger de l’ambiance qui règne dans les coulisses, l’entente entre les comédiens n’est pas fictive. Ce qui nous laisse présager d’une entrée sur la scène du Théâtre Saint-Georges en trombe.

Vous nous trouvez un peu sûrs de nous ?
La pièce est passée devant le plus intransigeants des thermomètres un soir d’automne dans la ville d’Orange : un pompier volontaire présent dans les coulisses.
A la fin des saluts, ce dernier s’approche de Raphaëline Goupileau pour lui faire le baisemain et de préciser : “d’habitude je m’endors, mais ce soir j’ai tenu tout le long !”

 Les deux auteurs trentenaires, Nicolas Poiret et Sébastien Blanc, avouent modestement qu’ils écrivent ce qu’ils aimeraient voir sur scène.
Gageur de la sincérité de leur démarche et des surprises qu’ils nous réservent.

Au fait saviez-vous que Raphaëline Goupilleau et Bruno Madinier étaient faits pour s’aimer ?
La preuve : ils avaient participé à 3 lectures de pièces où ils interprétaient déjà un mari et une épouse avant que le metteur en scène de Même pas vrai ! ne leur mette définitivement le grappin dessus.
Classe !

Même pas vrai !
Du Mardi au Samedi 20h30 et matinées samedi 17h

De : Nicolas Poiret, Sébastien Blanc
Mise en scène : Jean-Luc Revol
Avec : Anne Bouvier, Bruno Madinier, Christophe Guybet, Raphaëline Goupilleau, Thomas Maurion, Valérie Zaccomer
Décors : Stéfanie Jarre

au Théâtre Saint-Georges
51, rue Saint-Georges
75009 PARIS

 

BON PLAN : Premiers aux premières du 25 au 31 Janvier 2014 avec 50% sur toutes les places ! 

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CONCOURS des invitations pour TETRAKAÏ par le Centre national des arts du cirque au Parc de la Villette

Pour bien débuter l’année, rien ne vaut mieux que de prendre de la hauteur.
Et la fougue de la 25e promotion du CNAC, Centre national des arts du cirque va vous donner de bonnes raisons de croire aux talents des artistes de demain.

A partir du 15 janvier, le spectacle Tetrakaï mené par 14 jeunes interprètes de 7 nationalités différentes installe son chapiteau au Parc de la Villette, à deux pas de la Géode.

Un spectacle de fin d’année du CNAC c’est l’assurance d’une écriture singulière à chaque fois grâce à la collaboration notamment d’un metteur en scène de renom et à l’énergie incroyable des acrobates et circassiens.
Cette année c’est Christophe Huysman, fondateur de la Compagnie Les Hommes penchés, qui s’y colle. Il apportera sa poésie pour révéler la performance de chacun.


CONCOURS !!

Nous vous proposons de gagner 2×2 places pour Tetrakaï le vendredi 17 janvier à 20h.

Pour cela il suffit de répondre à la question suivante :
Quel était le titre du précédent spectacle de la 24e promotion du CNAC présenté à la Villette en 2013 ? Indice

Envoyez vite votre réponse par mail avec vos prénom et nom (Tetrakai en objet) à :
usofparis@gmail.com

CONCOURS TERMINE !
Nos 2 gagnants sont Jean-Xavier et Nathalie. Bravo !
Et merci à vous tous et toutes pour votre participation. 

 TETRAKAÏ par le Centre national des arts du cirque
Du 15 janvier au 9 février 2014 à l’Espace chapiteaux
Parc de la Villette – Paris

Mercredi, vendredi et samedi à 20h, jeudi à 19h30, dimanche à 16h
Durée : 1h30

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Création de concours facebook

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Critique DVD : concert MUSE Live at Rome Olympic Stadium – The Unsustainable Tour 2013

5 ans sans DVD live. Et le groupe MUSE nous en livre un nouveau enregistré au Rome Olympic Stadium.
Et c’est peu dire que ce live était attendu.
Après une avant-première dans les cinémas dont une séance exceptionnelle à la Géode en présence du groupe, en novembre dernier, les fans attendaient cette sortie avec une grande impatience.

Voici une revue exhaustive du DVD live à Rome (en français dans le texte).

Le maître-mot de ce DVD c’est 4K. Mais c’est quoi le 4K ?
Pour vulgariser : un procédé qui enregistre avec une qualité 4 fois supérieure à la haute définition (HD), une première pour un live !
Pour bénéficier au maximum de cette qualité d’image exceptionnelle, un conseil : procurez-vous la version Blu-ray.
Même si, sur la version DVD classique, on ressent cette différence de taille dans l’image.

Sinon du point de vue réalisation, qu’est-ce que nous avons ?
On plane, on survole. On est dans le public : il ne manque que l’ambiance et l’énergie de la foule du stade pour se croire plonger dans cet événement si particulier. Et surtout, on se retrouve sur scène avec le band à un point tel que l’on rêverait d’être juste une fois à la place d’un des membres pour ressentir le pur frisson.

Un concert de Muse est un moment particulier, un espace-temps à part.
En restant objectif, rares sont les groupes qui offrent un tel spectacle, avec une telle intransigeance scénique et un tel partage avec le public.
De mémoire, seuls Arcade Fire, Dionysos et peut-être les Scissor Sisters offrent un show si communicatif et revigorant.
Et si votre écran dépasse les 90 cm de diagonale, avec ces images d’une si haute définition, vous serez véritablement plongés au coeur du show. Vous prendrez part au spectacle.

D’ailleurs, le mot spectacle ce n’est pas un vain mot.
Pour ceux qui n’ont pas vu le concert depuis la fosse ou les gradins, en plus d’un mur d’écran, des musiciens sur scène, il fallait aussi compter sur la présence d’acteurs en chair et en os.
Ces scénettes sont astucieusement mises en scène dans ce live. Nous laissant alors pleinement profiter du jeu d’acteurs tout en pouvant voir le spectacle en parallèle. La caméra créant même parfois de vrais tableaux visuels, comme sur la reprise de la musique originale du film Il était une fois dans l’Ouest où un homme d’affaire est étendu sur scène.

Grâce au montage, ce live se transforme en un véritable film. On est loin du rythme effréné d’images proposé habituellement pour les captations de concerts rock.
On prend le temps de se poser sur un plan, on le laisse se dérouler. Le plan le plus court doit faire une seconde, un fait rarissime !
Et c’est un vrai plaisir d’avoir le temps de voir, pour une fois.
Les images aériennes sont magnifiques et les cadrages laissent la part belle à la grandeur du stade, à l’osmose entre les artistes et leurs fans.
On est transporté à Rome.

Autre surprise, le public est très présent dans ce live.
Clins d’oeil complices à la caméra, plans sur les premiers rangs, les visages spectateurs apparaissent régulièrement dans les transitions entre les chansons, comme si vous parliez à votre voisin de show.
Le montage apaisé ramène l’égocentrisme musical d’un live à une vraie communion entre le public et les artistes.

MUSE nous offre donc un live d’une qualité visuelle exceptionnelle, une réalisation aérienne, légère et bien pensée, alliée à un montage d’une grande sobriété qui met en avant l’ambiance, la musique, le public et bien entendu le trio britannique.
Le seul regret, ne pas avoir la version tonitruante de Unsustainable, qui est totalement taillée pour un stade (une petite explication de Matthew ici).
Pour les fans, ce Live at Rome Olympic Stadium est le must-have à posséder dans sa vidéothèque. Et pour les moins connaisseurs, un vrai show pour découvrir l’un des meilleurs groupes de rock dans son meilleur élément : la scène. Un band qui aime les grandeurs, de la trempe d’un Pink Floyd, U2 ou encore Depeche Mode.

En Bonus DVD
Vous retrouverez le making-of d’un concert de la tournée “The 2nd Law Tour” (concert en salle) intitulé The Road, mais aussi trois titres captés en live durant la tournée américaine US Arena:
Stockholm Syndrome à Las Vegas
Unsustainable à Las Vegas (Ouf un Live existe ! même si c’est la version en salle)
Liquid State à Dallas

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 MUSE Live at Rome Olympic Stadium

En CD, DVD et coffret CD+DVD

 

Photographies ® Hans-Peter van Velthoven

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Live report concert du groupe ALINE à La Flèche d’Or Paris – Tournée Regarde le ciel

La Flèche d’Or. Mercredi 12 décembre, 21h.
Concert d’Aline (Première Partie : Lou Marco)

Alors que son album Regarde le ciel sorti en janvier dernier, vient d’être élu album de l’année par le magazine Magic RPM, les fans et les curieux qui se sont rendus mercredi soir à la Flèche d’Or ont pu passer un moment convivial avec le groupe et acheter des bonnets « Aline » faits main pour affronter l’hiver.

by Marie Labat

Sur scène – et ce malgré des problèmes d’acoustique et d’électricité dans la salle –, Aline prend une autre dimension, avec des influences punk et post-punk très marquées (Buzzcocks, Stranglers, Blondie, …). Entendez par là une musique nerveuse, sans temps mort, avec une section rythmique infaillible sur laquelle viennent se poser ces lignes de guitare pures et cristallines, véritable marque de fabrique du groupe. Ceci dit, à classer parmi les insolites, on peut noter le passage éclair de Grunt – chant guttural en français – de Romain Guerret sur le refrain du morceau Obscène !

by Marie Labat

Au milieu des (déjà) classiques issus de Regarde le Ciel, Aline a joué deux inédits (La lune sera bleue et Mon Dieu, mes amis) qui donnent une idée de la couleur de leur prochain album et de l’évolution du groupe. On a alors du mal à comprendre pourquoi le public est resté si timide face à un groupe si généreux et disposant de tubes très dansants, au premier rang desquels figure Je bois et puis je danse.

On retiendra que le chanteur et le guitariste des Désaxés ont rejoint Aline pour une reprise de Tout ce que je veux qui en dit long sur ce que doit être la musique : plaisir, partage, amitié, rencontres. C’est d’ailleurs le sens des derniers mots de Romain Guerret adressés au public de la Flèche d’Or, après une sublime version des Copains, magnifiquement illustrée par un montage vidéo : « C’est pour ça qu’on fait de la musique, y’a pas d’autres choses à faire dans la vie ».

by Marie Labat

Setlist concert ALINE à la Flèche d’Or : Maudit garçon > Deux hirondelles > Obscène > Tout ce que je veux (reprise des Désaxés, avec les Désaxés) > Voleur > La Lune sera bleue (inédit) > Elle et moi > Elle m’oubliera > Regarde le ciel > Teen Whistle > Les Eclaireurs > Rappel 1 Je bois et puis je danse > Rappel 2 Mon Dieu mes amis (inédit) > Les Copains

by Baptiste et Gérald
http://ljspoplife.magicrpm.com

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MY FAIR LADY retour enchanteur de la comédie musicale à succès au Théâtre du Châtelet Paris

MY FAIR LADY la comédie musicale qui a tenu le haut de l’affiche du Théâtre du Châtelet en 2010 est de retour pour combler le plus grand nombre de spectateurs.
Le spectacle de fin d’année idéal pour les foreigners à Paris et les passionnés de grands shows avec supplément d’âme.

 Vous vous demandez – et c’est  légitime – si ce spectacle pourrait plaire à l’hipster que vous êtes ou que vous tendez à devenir ?

Vous êtes plus habitué aux concerts de rock en sous-sol ou aux bars à cocktails entre potos ?
Et la perspective d’avoir un programme tout rose sous le bras à votre entrée en salle vous fait frissonner plus encore que de perdre accidentellement votre barbe de 3-4 jours ?

Contre tout attente, My Fair Lady va titiller votre oreille anglophile. Les accents nombreux – mélange de classes, d’origines – sont un vrai exercice, de phonétique que ce soit pour Eliza, la vendeuse de fleurs et que ce soit pour les spectateurs.

De plus, votre petite amie ne va pas bouder son plaisir : c’est girly, c’est glamour et romantique. Rajoutez à ceci l’ombre d’Audrey Hepburn – l’actrice a interprété le rôle au cinéma – qui plane sur cette production de très haute volée et le nom d’un metteur en scène amoureux des drapés, rideaux imposants, perspective et profondeur de champs.
Le coeur de votre belle va chavirer et votre coeur sensible sous vos airs de garçon indifférent.

Le talent du metteur en scène Robert Carsen est aussi bien de savoir imposer une scénographie forte et spectaculaire – kitsch au premier coup d’oeil, seulement – que de favoriser le décalage et les aspects burlesques de la partition.

Et puis l’histoire n’est pas si désuète que le laisse présager le pitch. Une jeunette des quartiers populaires se transforme en une jeune femme du monde raffinée grâce aux talents du professeur Higgins. Bien au-delà de l’éternel mythe de Cendrillon, l’histoire oeuvre à révéler les contradictions de chacun.

La performance de la soprano Katherine Manley ce soir-là, est assez subjuguante. Alternant le phrasé populaire et argot et la pleine maîtrise de la langue de Shakespeare, c’est un rôle en or pour toute chanteuse talentueuse. Face à elle le chanteur Alex Jennings compose une interprétation à la fois tonitruante et délicate de ce professeur aussi bien autoritaire qu’audacieux.

Toutefois, malgré nos arguments, vous craignez que votre charme pâtisse face à la gueule d’ange du prétendant de la jeune femme, interprété par le ténor Ed Lyon.
C’est vrai qu’il y a de quoi s’enfoncer dans son siège lors de ses apparitions. Et vous vous rendrez vite compte qu’il n’est pas nécessaire de solliciter l’aide d’une paire de jumelles pour juger de son charisme.
Cependant rassurez-vous sa présence sur scène est limitée à la fin du premier acte et quelques scènes du second.

Le soir de la première, il n’est pas rare de croiser des spectateurs présents à la création en décembre 2010.
Des spectateurs-trices comblés une nouvelle fois par cette production française.

Image de prévisualisation YouTube

 MY FAIR LADY
jusqu’au 1er janvier 2014

au Théâtre du Châtelet
Place du Châtelet
75001 PARIS


Musique : Frederick Loewe

Livret et lyrics : Alan Jay Lerner

Direction musicale : Jayce Ogren
Orchestre Pasdeloup

Mise en scène : Robert Carsen

Décors : Tim Hatley
Costumes : Anthony Powell
Chorégraphie : Lynne Page
Lumières : Adam Silverman
Dramaturgie : Ian Burton

Interprétation

Eliza Doolittle : Katherine Manley en alternance avec Christine Arand
Henry Higgins  : Alex Jennings
Colonel Pickering : Nicholas Le Prevost
Alfred P. Doolittle (jusqu’au 28/12 incl.) : Donald Maxwell
Alfred P. Doolittle (du 29/12 au 01/01/14) : Phillip Joll
Mrs. Higgins : Caroline Blakiston
Freddy Eynsford-Hill : Ed Lyon
Mrs. Pearce : Lee Delong

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