Pour ce premier live parisien de l’année 2013 et avant un concert à
la Cigale,
LESCOP, la révélation française – en Français dans le texte – la plus jubilatoire de ces derniers mois, s’offre le cadre capitonné de la
Gaîté Lyrique.
Histoire de tâter de sa superbe après une tournée américaine aussi surprenante qu’éreintante – un extrait du périple est à lire dans le
Magazine Roadie.
Un concert sold out en guise de teaser pour les premiers festivals de saison –
Le Printemps de Bourges en tête – et la tournée qui s’annonce à rallonge et estivale.
Un premier constat s’impose: tous les styles vont aux concerts de Lescop !
Dans la fosse, ce samedi soir, le gominage-cabotinage capillaire le dispute au bicolore et à la double longueur (dégagé sur l’oreille gauche et en broussaille sur la droite), photos à l’appui.
Au milieu de cette faune bigarrée et sage, une cravate de working-man vient de se perdre aux abords d’un total look survêt version bad boy graffeur, qui dit pardon aux demoiselles.
Certains ayant peur d’attraper froid – ou de perdre une partie de leur vestiaire dans le dance-floor – remettent leur blouson à l’approche de la scène.
Des chaussures à paillettes de lolita trentenaire ont été aussi aperçu en bord de scène.
21.30. Paris s’endort en guise d’effeuillage. Le rythme gagne les rangs.
Plus trop envie de parler à son voisin. Les yeux veulent déceler du mystère de l’artiste devant qui tout le milieu sa pâme.
Il y a ceux qui avaient misé sur son potentiel à la première écoute de La Forêt et les autres, qui ont pris le train en marche. Alors que la fumée prend ses quartiers sur scène, le visage du chanteur s’estompe, se dédouble, permettant toutes les projections.
Son profil semble plus doux que celui de l’EP et de l’album. Avec Ljubljana une drôle d’impression d’un retour doucement ludico-mélancolique in the 80’s, époque Les jeunes gens modernes, Jacno, Marquis de Sade et les autres. Brouillard pour le titre Los Angeles. Et là, comme une évidence, le profil du chanteur magnétique prend des airs de Brian Molko de Placebo, époque sobriété capillaire.
Très vite, une petite pépite, un cover surprenant et qui n’arrive pas en fin de set, comme trop souvent.
Pour l’introduire, l’artiste évoque son amour de jeunesse pour la chanteuse, une certaine Muriel Moreno. Le titre:
Quand les champs brûlent de
Niagara.
Doux et planant.
Suit le duo avec Dorothée de Koon pour
Le mal mon ange.
Il faudra attendre la charge obsessionnelle et sensuelle de La Nuit Américaine pour que les mains claquent.
La Gaîté prend en cet instant un air de club avec débardeurs et pulls noués à la taille, effaçant les derniers atours de l’hiver.
Joy Division et New Order nous reviennent en mémoire comme des flashs.
Un coup d’
Hypnose et vient le tube qui ne quitte plus aucun Lescop addict:
La Forêt. Nouvel hymne de la jeunesse branchée et des trentenaires en mal d’euphorie musicale.
L’instru joue les prolongations mais, pour beaucoup d’entre nous, c’est trop court. Lescop ne fatigue pas de répéter ce titre devenu une vraie rengaine générationnelle.
Avec notre iPod, on remettrait restart direct.
Un rêve durcit la boîte à rythmes. Le réalisateur François Ozon, cabotin et chewing-gum en bouche, a trouvé son maître ès musique électro-pop.
Le titre laisse place à un silence admiratif, presque inquiétant pour le chanteur. Des exaltés donnent de la voix: Formidable! ou Fais-nous rêver! L’onirisme se fera avec Le Vent. Retour au noir. Premier Rappel.
Le set se termine avec une chanson pour amoureux,
Slow Disco, et de l’efficace
Tokyo la nuit.
Fin de partie. Alors que deux garçons s’échangent leur 06 sur l’Iphone de l’autre en sortant de la salle, Lescop crée la surprise en revenant.
Les applaudissements des plus tenaces ont eu raison de la motivation du chanteur à prolonger le bain. Descente de scène, début de chanson cette fois bien calé au milieu du public.
La Forêt en bis repetita et feutrée.
Dernier moment de complicité avant grosse tournée et grande salle parisienne à venir.
Joseph d’Anvers n’a pas quitté la salle. Son sourire laisse deviner que le son de ce soir était à sa mesure.
En retrouvant la fraîcheur de la nuit, on se prend à rêver à une reprise par Lescop d’un titre de Jacques Demy pour la prochaine compil des Inrocks.
Les Demoiselles de Rochefort en version dark et électro, ça le ferait.Et la première partie ?
Du Lescop tout craché! – mais pas forcément dans le mauvais sens du terme. Un Lescop plus noir et désenchanté.
Mort à Vegas, Alerte aux Zombies, les amours du passé… Les textes ont une mélancolie tout adolescente.
AV pour Adrien Viot a une place de choix sur l’affiche car petit protégé du chanteur et aussi coauteur de Tokyo la Nuit.
D’une redoutable sobriété, le chanteur arrive à convoquer toutes ses influences new wave pour des morceaux calibrés.
A suivre en tournée.