Est-ce qu’une vamp peut résister à l’épreuve de la solitude ?
L’équipe d’United States of Paris était bien décidée à en découdre !
Après Elie et Dieudonné, De Caunes et Garcia ou encore Eric et Ramzy, c’est au tour de Gisèle et Lucienne de se faire une nouvelle virée seule en scène.
Ce mercredi direction la Comédie de Paris pour Sous les feux de la Vamp!
En lieu et place d’une jolie blonde à la fraiche vingtaine qui a tenu le haut de l’affiche toute l’année 2012 – Constance pour ne pas la nommer- nous nous retrouvons face à une vieille peau, ravinée et méchante au doux nom de Gisèle Rouleau.
Le théâtre de Jean-Pierre Bigard aime et revendique les grands écarts et c’est aussi ça qui fait qu’on s’y sent bien.
Et le constat est implacable.
La crise et l’état du monde ne perturbent en rien les bonnes vieilles habitudes de Gisèle qui vit seule avec son défunt mari, Joseph.
Face à son téléviseur et son Télé 7 jours – véritable agenda de la retraitée – Gisèle sort toutefois la tête à la fenêtre pour commérer avec Madame Jansen et concède à répondre à son téléphone à fil.
Mais il suffit d’un appel pour qu’elle reprenne de l’activité.
Avec un tel tempérament et une connaissance vissée au corps des bonnes moeurs franchouillardes, elle ne pouvait qu’avoir un public de choix.
Alors telle une Annie Girardot dans toute sa splendeur avec Madame Marguerite, notre mamie acariâtre va renouer, en quelque sorte, avec le goût des autres.
Elle se la joue “maîtresse d’école” dans une classe originale: une salle des fêtes.
Ses élèves ? Des immigrés, des femmes seules et des chômeurs.
Et il faut une sacrée motivation pour sortir la retraitée de son fauteuil et la faire lâcher ses Feux de l’amour.
En une parfaite directrice artistique old génération, la mère Gisèle va se charger de la programmation de sa classe.
Ce sera cours d’histoire approximatif. A la dictée, on préférera parler crument de rédaction de CV.
Enfin, pour la confiance en soi, ce sera conseils de drague pour les autres vieilles dames de l’assemblée en mal d’amour, comme Madame Fournier.
Le mauvais esprit, les égarements ne faiblissent pas d’un bout à l’autre de ce nouveau spectacle d’1h15.
Que dire de la passion naissante de la prof pour un de ses élèves, Omar, d’origine Afghane ?
Une sorte de Gisèle en version pelle ou râteau tellement improbable.
Gisèle, comme dirait son interprète, c’est notre mauvais caractère, nos vilains “travers exacerbés. »
Dans ce miroir plus ou moins déformant, les ressemblances entre ce personnage et nous sont parfois troublantes.
Et rien ne servira de s’affaisser dans son siège pour éviter la comparaison.
Dans les coulisses, la comédienne Dominique de Lacoste reçoit avec générosité. Elle ne cache pas sa jubilation à reprendre un personnage de 25 ans d’âge. Car la Gisèle se savoure comme un whisky de malt, avec le temps. Pour preuve. De l’aveu de son interprète: le personnage était, au tout début, “ gueulard, caricatural, bourré de grimaces ». Avec le temps, “il s’est affiné mais reste toujours un peu le même” pour le bonheur de 4 générations.Respect.
Et elle lui plait toujours cette Gisèle : “mélange de quotidien, très terre à terre et banal et d’absurdité totale” surtout quand on l’imagine à l’heure du 2.0 et de twitter.
C’est quand elle reprend le costume, après plusieurs mois d’abandon, elle lui retrouve une autre énergie, nous confiant: “elle m’étonne encore ! »
Au fait, saviez-vous que les Vamps sont toujours une valeur sure?
Et ce, même chez les plus jeunes?
Dominique se souvient d’un trentenaire venant la voir pour lui dire qu’il n’avait pas été bercé, plus jeune, par Disney mais par les VHS du couple de comiques.
Même les neveux et nièces de la comédienne ont fait leur classe en mode vieilles dames, répétant les répliques cultes à l’envi. Ce sera dans la bouche d’une mignonnette de 4 ans, à qui sa mère lui demande où est son manteau: “Et ça c’est un presse-purée ?” Ou encore dans la queue devant une caisse d’un supermarché: « pardon, laissez passer l’handicapée! »
A l’affiche pour 3 mois minimum, la désormais Marseillaise renoue avec les petits plaisirs de Paris.
Et le premier écart qu’elle s’est autorisée, alors en pleine répétition, a été la pièce Thé à la menthe ou thé citron au Théâtre Fontaine qui l’a faite “pleurer de rires”, comme elle n’avait pas pleuré depuis longtemps.
Au ciné, le dernier mec qui l’a faite pleurer d’émotions, cette fois, est… Joey Starr dans le Max de Stéphanie Murat.
Avant de quitter la comédienne avec qui vous pourriez finir la soirée, elle nous confie ses bonnes adresses de quartier: la pizzeria Chez Pino, La Cloche d’or et une petite découverte Gi’raf, rue Blanche.
Trois restaurants dans lesquels vous pourriez bien croiser un de ces soirs la comédienne qui se cache sous Gisèle.
SOUS LES FEUX DE LA VAMP
Avec Dominique de Lacoste
Auteur : Jean-Pierre Chevret
Mise en scène : Jean-Marie Chevret
Jusqu’au 27 avril 2013
Du mardi au samedi à 20h
+ samedi à 17h30
à la Comédie de Paris
42, rue Pierre Fontaine
75009 PARIS