Le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui est de retour à Paris pour une rencontre surprenante entre danse et univers manga avec le spectacle TeZukA.
Ce mercredi, soir de première. A quelques ondes de Coeur de Pirate sur la scène du Zénith, la Grande halle de la Villette offre un dépaysement déroutant.
Une postcard from Japan, géante et en mouvement.
Et quel trentenaire normalement constitué aurait pu imaginer retrouver l’un des personnages de dessin animé de sa jeunesse, plusieurs années plus tard, sur scène?
Astro Boy ou “Atom” en VO prend corps en short noir et moon boots rouges. Il devient dans ce nouveau spectacle, une sorte de mascotte traversant le plateau et les références à l’oeuvre de son maître: Osamu Tezuka, génie du dessin japonais.
Dans ce dialogue inattendu entre planche de bande dessinée et danse contemporaine, le chorégraphe invente un univers allégorique sur le monde à l’aire atomico-nucléaire. De cette évocation mortifère naît une poésie appuyée et parfois un décalage réjouissant.
Des images fortes apparaissent dans cette partition dansée à travers les parchemins déployés sur scène.
Un lecteur de manga lit sa bd avec les pieds pendant qu’une femme se fait calligraphier le dos à la manière de Pillow Book (film de Peter Greenaway).
Un danseur évoque Tezuka. Les projections d’images débutent. Le décor joue des profondeurs de scène, des différents niveaux de lecture, de toutes les dimensions.
Successivement, les cases de bande dessinée deviennent gigantesques interférant ou accompagnant les danseurs sur scène.
La sainte trilogie artistique – dessinateur, personnage crée et lecteur – est ainsi convoquée, pour une mise en abyme dans l’univers protéiforme de Tezuka.
La scénographie est un vrai tourbillon créatif comme sait si rarement nous le proposer les performances contemporaines.
Par exemple, la Compagnie Montalvo-Hervieu utilisant le medium vidéo, reste trop souvent dans l’anecdotique et le ludique.
Ici la vidéo a plusieurs registres. Elle est successivement en fond de scène, illustration et véritable partenaire de jeu.
La référence de ce type de proposition scénique est à trouver du côté du britannique Simon McBruney, metteur en scène inventif mélangeant différents niveaux de récit.
Sidi Larbi Cherkaoui est dans cette continuité proposant un spectacle total (parlé, dansé, chanté, dessiné) à plusieurs trappes où la danse dialogue avec manga, calligraphie et arts martiaux. Seul bémol: les textes en français, anglais et japonais sont un peu trop présents pour certains spectateurs, brouillant parfois le rapport direct à la danse.
Mais réjouissons-nous! Le spectacle va attirer de nouveaux adeptes grâce au spectre d’Astro Boy et réconciliera celles et ceux qui étaient en mal de sensations visuelles fortes.
TeZukA de Sidi Larbi Cherkahoui
Création inspirée par Osamu Tezuka
A la Grande halle de La Vilette
Jusqu’au 19 mai 2012
Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30
Jeudi à 19h30
Pas de représentation le jeudi 17 mai