Archives par mot-clé : théâtre

Mes nuits à t’attendre : huis-clos sensible & déstabilisant à découvrir !

Tant de questions viennent à nous lorsque s’amorce le délitement d’une relation. Nous sombrons ainsi dans une espèce d’ « espace-temps » déconnecté de toute réalité où se mêlent les sentiments les plus intenses et ambivalents. Ce sont ces moments si particuliers que Fabien Bicheux retranscrit avec véhémence et délicatesse dans une pièce, Mes nuits à t’attendre, dont l’écho ne peut nous échapper…

Un homme entre en scène, seul. Il semble fragile, perdu et déchire une lettre où l’on aperçoit un « Adieu ». Sur une musique oppressante, il rassemble ses affaires de façon désordonnée tout en pleurant avant de sortir. Entre alors Lilly, jeune femme fraîche et sûre d’elle, que l’on devine indépendante et directive. Elle attend longuement Cédric qui ne vient pas.

La carapace dans laquelle se trouve Lilly semble se fissurer au fur et à mesure que le temps passe. Elle s’énerve, injurie, menace, s’inquiète, s’indigne, se résigne en obtenant comme unique réponse le silence et l’indifférence de l’homme qu’elle attend et qu’elle aime.

Le retour de Cédric va permettre alors aux deux protagonistes d’être emportés dans un tourbillon émotionnel contradictoire et intense. Il ne cessera qu’avec une ultime fracture libératrice et surprenante que nous vous laissons aller découvrir…

L’interprétation des comédiens est surprenante de justesse et de sensations. Le charisme intense de Julien Romano pour laisser en expectative le public par des émotions corporelles, n’a d’égal que la sensibilité d’une Coralline Lhermitte à fleur de peau, proche de la folie…

Une pièce subtilement dosée qui soulève en nous beaucoup de questions sur nos relations passées mais aussi à venir et la force que peuvent posséder les sentiments de l’amour. Comme le disait Jean Anouilh : « L’amour n’est pas toujours un sentiment uni. »

by Jean-Philippe

Mes nuits à t’attendre

Metteur en scène et auteur : Fabien Bicheux
avec : Coralline Lhermitte et Julien Romano

du 11 mai au 23 juin 2017
Tous les jeudis et vendredis  à 19h30

au Théâtre La Croisée des Chemins

43, Rue Mathurin Régnier
75015 Paris

Réservations : 01 42 19 93 63

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Consumérisme à l’Espace Beaujon : Déjanté et contestataire

Le chaos de notre vie moderne, dicté par le désir de consommer encore et toujours plus au détriment de l’humain, a donné naissance à cette plaidoirie corrosive. Les textes de Rodrigo Garcia et Guillaume Antoniolli, à travers la pièce Consumérisme, viennent alors en réplique à ce système dans le but d’éveiller les consciences.

Comme préambule à la représentation, une vidéo nous retranscrit de façon édifiante les effets sur la planète de notre surconsommation liée à nos habitudes alimentaires. Déjà le malaise est palpable. Le spectateur se retrouve d’entrée de jeu confronté à la réalité de notre société qui prône le désir d’acheter de façon frénétique et dans des quantités toujours plus importantes.

Entrent alors en scène les différents comédiens qui vont interpréter tour à tour des monologues dans lesquels les pensées, émotions, jeux et réflexions caustiques sur le monde, eux-mêmes (et par conséquent nous-mêmes) seront représentés. Leur interprétation est juste et inquiétante. La quantité de produits de consommation et de services qui vomit sur scène entraînent en eux des comportements pathologiques qui nous heurtent. En effet, leurs cris, leurs danses effrénées ou leur agitation nous alertent sur notre propre dégradation…

Autant vous prévenir, vous n’allez pas être ménagés ! L’humour noir y est cinglant. Tout l’intérêt de cette pièce est là d’ailleurs : provoquer. C’est en maintenant une certaine tension que le metteur en scène souhaite indigner et choquer le public. Il veut nous permettre ainsi de devenir acteur en suscitant notre réflexion sur les mécanismes d’oppression dont nous sommes les «victimes/bourreaux».

Le message de Guillaume Antoniolli est pour autant porteur d’optimisme : «Questionner la réalité, être grossier et violent dans le théâtre est une attitude pleine d’espoir, une attitude de combat.»

A suivre donc…

by Jean-Philippe 

Consumérisme

Auteur : Rodrigo Garcia et Guillaume Antoniolli
Metteur en scène : Guillaume Antoniolli accompagné de Maëlle Salomon
Avec : Catherine Bietsas, Roch Debache, Camille Giry, Clément Lagouarde, Matthias Lefevre, Benjamin Lhommas, Fanny Lucet et Valentina Vandelli

le 19 mai 2017 à 20h

À l’Espace Beaujon
208, Rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

tél. 01 42 89 17 32

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Comtesse de Ségur au Studio Hébertot : destin croisé de deux femmes d’exception

Si le nom de la Comtesse de Ségur est connu, qu’en est-il de son histoire personnelle ? Son intense parcours de vie est pourtant étroitement lié à son œuvre. Il est l’essence même de son inspiration. Joëlle Fossier nous permet ainsi de découvrir cette facette confidentielle de la romancière au Studio Hébertot.

Le rideau se lève sur un décor intime et sobre : un canapé douillet, un samovar, une étole, beaucoup de livres et surtout Bérengère Dautun. Élégante, distinguée, elle nous attend. Nous apprenons alors qu’elle est la Comtesse de Ségur, venue ici nous faire le récit de sa vie : «Je serai moi et tous les personnages à la fois ». Le ton est donné. Elle semble amusée de nous observer et ne se prive pas de nous dispenser quelques critiques sur notre comportement contemporain tout au long de la pièce avec tact et délicatesse.

photo : Chantal Depagne

La précellence dont fait preuve la comédienne est telle que nous observons deux âmes réunies en un seul corps. Sincèrement, c’est un délice !

Née en Russie d’un père aimant, mais effacé, une mère maltraitante pour « l’endurcir », Sofaletta (comme on l’appelait) émigre pour la France où elle épouse le Comte de Ségur, un mari volage qui lui fera huit enfants. S’enchaîne une kyrielle d’anecdotes tantôt joyeuses et légères, tantôt sombres et graves.

Lorsqu’elle perd son neuvième enfant, la Comtesse de Ségur sombre dans une dépression qui durera treize années. À ce moment précis, l’interprétation de Bérengère Dautun est saisissante de justesse…

Sa reconstruction passera par l’écriture. D’abord de façon épistolaire, puis par le biais de contes qu’elle écrit pour ses enfants et petits-enfants. Elle met en scène ses souvenirs d’enfance, les personnages qui lui sont chers… S’ensuit alors une carrière tardive qui rencontrera le succès que nous lui connaissons.

C’est une découverte inattendue, brillante de sensibilité et de partage. Tant dans le personnage que dans l’être qui l’incarne.

C’est avec regret que nous quittons la salle…

by Jean-Philippe

Comtesse de Ségur, née Rostopchine

Auteur : Joëlle Fossier                                                                                   
Metteur en scène : Pascal Vitiello
Avec : Bérengère Dautun

du 25 avril au 2 juillet 2017

Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 17h

au Studio Hébertot
78, bis Boulevard des Batignolles
75017 Paris

tél. 01.42.93.13.04

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L’Oiseau Bleu : hommage délicat à Prévert & Kosma au Studio Hébertot

Afin de célébrer la mémoire du poète à l’occasion du quarantième anniversaire de sa mort, le Studio Hébertot nous invite à un voyage onirique où la poésie de Jacques Prévert est mise en musique par Joseph Kosma. Ces deux amis nous offrent ainsi un moment d’éternité avec L’Oiseau Bleu.

L’évocation de Jacques Prévert ravive en chacun de nous des souvenirs d’enfance que ce soit par la (re)découverte de poèmes griffonnés d’une écriture incertaine lors de nos 8 ans ou par le visionnage de l’intemporel film Le Roi et l’Oiseau. Les subtilités de son œuvre ne cessent de nous la faire apprécier car en grandissant nous la découvrons autrement et elle n’en finit pas de nous surprendre.

photo Catherine Morrisson

L’unicité du style de Jacques Prévert est comparable à un travail d’orfèvre. En effet, il considère les mots comme une pierre précieuse brute qu’il façonne afin d’en extraire la quintessence. Tout ce qui est académique l’ennuie. Il décide alors de bouleverser les codes et de s’approprier des outils tels que : les néologismes, les calembours, les allitérations, les aphorismes, les syllepses ou autres zeugmas. Le tout est accompagné d’un humour impétueux et espiègle, parfois noir mais toujours brillant !

La rencontre avec Joseph Kosma permet à son œuvre de rayonner d’un nouvel éclat par le biais de la musique. C’est de ce duo d’amis que vont naître L’Oiseau Lyre, Immense et Rouge, En Sortant de l‘École et bien entendu l’intemporel Les Feuilles Mortes.

photo Catherine Morrisson

Le mélange harmonieux de mots chantés ou contés que nous offre Catherine Morrisson permet à un tandem actuel de nous faire rêver. L’interprétation de Gaël Giraudeau en chanteur-narrateur est vibrante de sincérité et d’émotion. Sa verve est aussi libérée que son corps dont le charisme nous impressionne et nous émerveille. Avec Fabrice Bibas au piano, ils nous entraînent sensiblement dans une quête émotionnelle de bonheur et d’amour où l’éveil des sens est de mise. Devant nos yeux, l’oiseau se délivre de son carcan et s’envole…

Du curieux au fervent admirateur, chacun peut se retrouver dans ce spectacle solaire nous faisant découvrir un Prévert confidentiel et inattendu…

by Jean-Philippe

L’Oiseau Bleu

Auteur et Metteur en scène : Catherine Morrisson
Avec : Gaël Giraudeau
Piano : Fabrice Bibas

du 6 mai au 25 juin 2017
le samedi à 17h et le dimanche à 19h

Au Studio Hébertot
78 bis Boulevard des Batignolles
75017 Paris

tél. 01.42.93.13.04

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Nuits de Fourvière 2017 : programme irrésistible et haletant à Lyon !

Arcade Fire, Lamomali de -M-, Imany, Vianney, Julien Doré, Alt-J et Les Insus affichent complet. Et alors ? Ce n’est pas une raison pour bouder l’un des plus beaux festivals d’été. Il y a encore de très bonnes raisons d’assister aux Nuits de Fourvière 2017 qui débutent le 1er juin. La preuve !

Des acrobates sous chapiteau 

Un homme qui s’envoie en l’air, David Dimitri en solo sur un fil, capable de jouer l’homme-canon.
Gravity & Othe Myths, une troupe australienne totalement barrée et musclée capable de portées spectaculaires dans A simple space. Deux spectacles à retrouver au Domaine de Lacroix-Laval, deux occasions de découvrir ce coin de verdure aux portes de Lyon.

Une toute “Dernière saison” pour le Cirque Plume qui reste un mois complet au Parc de Parilly pour une décharge d’émotions.

Des Québécois qui se montent dessus sur un monocycle, autant dire que Machine de Cirque ne passera pas inaperçu sur la scène du Grand Théâtre.

Des Nuits de folie !

Les blogs partenaires du festival n’ont pas hésité bien longtemps. Ils ont délaissé les têtes d’affiches et ont voté pour la Nuit Tango comme coup de cœur 2017. Rdv est pris sans attendre le dimanche 16 juillet avec le concert de l’argentin Daniel Melingo et le spectacle No Exit du pianiste Gustavo Beytelmann et du chorégraphe Esteban Moreno pour une série de pas de danse aussi endiablés, sensuels que passionnés.
D’autres nuits dépaysantes, revigorantes sont à vivre et ressentir dans tout son corps : Soul avec la magnétique Valerie June, Italienne, Irlandaise, Blues et la Nuit Reggae et Calypso avec la doyenne : Calypso Rose qui va faire se lever les gradins de Fourvière dès son entrée sur scène. Elle est tout simplement irrésistible.

De la création théâtrale 

Le Collectif Mensuel avait créé la surprise en 2016 avec Blockbuster un spectacle hommage aux superprods made in Hollywood. A ne pas manquer donc L’homme qui valait 35 milliards qui promet une nouvelle envolée d’inspiration d’un autre genre, aussi improbable que délirant.
Le génial Fellag a droit une carte blanche avec 3 spectacles dont 2 créations : Chants de marins kabyles et Comme un poisson dans l’autre avec Jacques Bonnaffé et André Minvielle, un trio réunit par amour.

Audace avec Les chiens de Navarre qui interrogent l’identité française avec Jusque dans vos bras, en plein contexte politique chargé, entre présidentielle et législatives. Est-ce que l’élection du président Emmanuel Macron va se ressentir dans cette création ? Rev le 7 juin pour la première à l’Odéon.

Restez connectés ! UsofParis est blog partenaire des Nuits de Fourvière. Live-tweet, report et invitations sont au programme cette année encore. #cantwait

Nuits de Fourvière 2017 

Festival de musique, théâtre, cirque, opéra à Lyon 

du 1er juin au 5 août

Toute la programmation sur le site officiel : nuitsdefourviere.com

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Votre Maman au Théâtre de l’Atelier : émouvante et juste

Votre Maman au Théâtre de l’Atelier : un trio inédit, cocasse et terrien. Dans cette pièce de Jean-Claude Grumberg, tout tourne autour de trois personnages principaux : la maman, le fils et le directeur d’une maison d’une retraite.

La mère, interprétée par l’admirable Catherine Hiegel, est pensionnaire d’une maison de retraite financée par son fils Jean (Bruno Putzulu, attendrissant dans son rôle de fils aimant). N’ayant plus toute sa tête, elle le confond quelquefois avec le directeur de l’établissement (Philippe Fretin, excellent) ce qui fera naître de drôles de malentendus et des situations loufoques.

Le décor est minimalisme et très bien conçu. Nous plongeons immédiatement dans l’univers aseptisé des couloirs de ces établissements spécialisés.

Les visites de Jean à sa mère sont mouvementées et toujours semées d’embuches. Malgré la sensibilité du sujet traité (la vieillesse, la perte de mémoire, la dépendance…) et l’histoire tragique de la mère qui plane tout au long de la représentation, nous ne pouvons nous empêcher de rire face aux facéties de cette dernière.

Jean est un « bon fils » et défend sa mère sans aucune hésitation, même dans des situations plus ou moins acceptables.

Belle distribution
Bruno Putzulu
est juste et émouvant dans le rôle du fils dévoué. Un peu trop gentil avec sa mère, il peut quelquefois agacer.
Catherine Hiegel est formidable. Elle interprète le rôle de la mère tantôt bienveillante, tantôt odieuse et parfois espiègle aussi avec une grande justesse et une finesse hors pair.
Quant à Philippe Fretin, il est tout simplement parfait en tant que directeur de maison de retraite, avec tous les traits qui caractérisent ce genre de personnage.

Le texte est simple, court et quelquefois répétitif mais l’excellente interprétation des comédiens surpasse cette faiblesse.
Touchante, Votre Maman appuie sur un point sensible que nous refoulons tous : la vieillesse, ses conséquences et la mort.

by Caroline 

Votre Maman 

de Jean-Claude GRUMBERG
mise en scène de Charles TORDJMAN

Avec Catherine HIEGELBruno PUTZULUPhilippe FRETUN et Paul RIAS

du mardi au samedi à 19h
en matinée le dimanche à 16h

au Théâtre de l’Atelier
Place Charles Dullin
75018 PARIS

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La Promesse d’un Chiffre ou l’histoire émouvante d’une renaissance !

Le Théâtre de la Croisée des Chemins nous permet de découvrir le premier « seule en scène », La Promesse d’un chiffre, touchant et drôle de Sonia Ountzian. Un hommage vibrant et singulier à ses origines arméniennes pas toujours évidentes à porter ! Explications.

L’enfance est un moment tendre et insouciant nous permettant de poser les fondements de l’être adulte que nous allons devenir. C’est un fruit qui a besoin d’être arrosé et choyé pour se développer et arriver à maturité. Tel est le cas de Sonia Ountzian. A la différence près qu’on l’a investie dès sa naissance d’une mission céleste : «Vivre pour tous ces Arméniens qui n’ont pas vécu ».

Évidemment, quand on est issue d’une famille génocidée, émigrée, la notion d’insouciance est quelque peu relative… Il faut vivre avec le poids de la douleur, du devoir et du souvenir. Une charge qui n’en finit pas de peser sur le développement psychique, mais aussi physique, de notre narratrice. En gros, elle trouve refuge dans la nourriture, dans un royaume sucré où vivent ses amis préférés Ben & Jerry’s, entourés de kourabies.

Au décès de sa grand-mère, Sonia a quarante ans et fait une introspection. Cette pièce en résulte. Elle semble avoir trouvé un équilibre entre son héritage familial et la vie qu’elle doit vivre. Au travers d’anecdotes sur son enfance, son poids, sa famille, son poids, ses relations amoureuses, son poids, nous voyons le magnifique travail de réparation qu’elle effectue avec une déclaration d’amour ardente et sensible à ses proches et à ses origines.

Le tout est mené et présenté avec une ironie folle ! Nous avons retrouvé toute la quintessence de ce que l’humour peut contenir en finesse et en esprit. La dérision est son armure pour affronter le monde. Son regard bleu perçant fait écho en nous de façon troublante et magique…

Lorsque le rideau se baisse, Sonia Ountzian nous rejoint. Elle dit adieu avec tendresse à la petite fille qu’elle était et s’en va vivre pleinement sa vie…

by JeanPhilippe

La Promesse d’un Chiffre

Metteur en scène : Jérôme Piques
Comédienne et auteure : Sonia Ountzian

Tous les jeudis et vendredis du 13 avril au 19 mai 2017 à 21h30

au Théâtre La Croisée des Chemins
43, Rue Mathurin Régnier
75015 Paris

Réservations : 01 42 19 93 63

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Huis Clos au Théâtre Croisée des chemins : intense !

Qui dit Huis Clos dit : « L’enfer, c’est les autres ! »
Cette citation de Jean-Paul Sartre résonne bien au Théâtre de la Croisée des Chemins dans une mise en scène actuelle et tonitruante de Florent Curk. Vous êtes prêts pour un petit tour en enfer ?

L’intrigue consiste en la rencontre de trois personnages fraîchement décédés dans une pièce unique. Ils ne se connaissent pas. Ils viennent de milieux différents. Ils avaient des modes de vie opposés, des opinions, des goûts et des valeurs aux antipodes les uns des autres. Commence alors un procès à huis clos en enfer où les protagonistes vont se retrouver tour à tour jugés puis juges des agissements de chacun.

Allons-nous trouver un bourreau ? Des instruments de torture ? Que nenni !

En effet, nul besoin de ces artifices car ils possèdent une arme destructrice : eux-mêmes. Selon Sartre, l’autre est ce qu’il y a de plus important en nous-mêmes pour notre propre connaissance car la vie se conçoit au travers de son appréciation. Notre jugement personnel est effectué avec les moyens que l’autre a, ou nous a donnés, pour nous juger. C’est ainsi que les trois personnages vont tenter de briser ce «cercle d’enfer» afin d’atteindre la liberté, l’indépendance d’autrui sur soi.

Le jeu des comédiens permet à cette pièce toujours actuelle de rayonner. La mise en espace du théâtre avec son cadre « scène-public » intime et enveloppant ne fait qu’accentuer la profondeur de cette œuvre. En effet, lors de notre arrivée, les interprètes sont mêlés au public. Ils sont cherchés les uns après les autres, renforçant l’esprit que nous sommes tous concernés. Les quatre comédiens (n’oublions pas le gardien !) jouent de façon intense et passionnée au point que Sartre n’a jamais été aussi proche de nous.

Notons aussi l’espoir dans cette pièce. Nous ne sommes rien sans les autres. Alors servons-nous de cette force pour créer une union dans la pluralité ! Pour reprendre Sartre : « Il faut que nous nous perdions ensemble ou que nous nous tirions d’affaire ensemble ».
Prêts ?

by JeanPhilippe

Huis Clos

Adaptation de la pièce éponyme de Jean-Paul Sartre
Metteur en scène : Florent Curk
Comédiens : Julien Chesneau, Emma Paitreault, Fanny Passelaigue, Adil Ait Tamaldou

le samedi à 21h30

jusqu’au 20 mai 2017

au Théâtre La Croisée des Chemins
43, Rue Mathurin Régnier
75015 Paris

Réservations : 01 42 19 93 63

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Le Mauve est un mélange de couleurs primaires : voyage troublant !

Anne-Florence Bargaud nous propose ici une première création singulière sur un univers qui, bien que dédiabolisé, reste méconnu et porteur d’appréhension : la psychiatrie. Ce pari osé, mais réussi, vous attend jusqu’au 9 avril au Théâtre de la Croisée des Chemins.
Un voyage troublant entre le réel et l’imaginaire de chacun…

Décor : une chambre d’hôpital psychiatrique. Elle est investie par Alice, jeune femme «normale», sans histoire, intégrée socialement qui a une passion dévorante pour l’interaction entre l’imaginaire et le réel. Passion qu’elle désirerait mettre à l’écran dans le prochain film qu’elle compte réaliser.

Pour cela, elle se fait interner en simulant des troubles cognitifs afin de pouvoir observer de plus près ce monde mystérieux et fermé. Or, le diagnostic de schizophrénie est posé pour Alice qui est alors entraînée dans une spirale dont elle ne maîtrise pas la vitesse…

Cet isolement dans un monde où elle ne connaît ni les règles ni les codes en dehors de son quotidien la bouscule, l’interpelle, la dérange, la choque. Une réalité brutale et violente qui nous interroge sur sa santé mentale…

La mise en scène est particulièrement soignée avec une part belle à l’Art. En effet, la création artistique est souvent liée aux troubles psychiques. Nous retrouvons les dessins d’Alice, ses notes mais aussi de la musique toujours adaptée, se mêlant parfaitement à la pièce.

L’apothéose est l’exécution de chorégraphies par une Anna Bayle stupéfiante. Son corps est animé d’une transe exutoire afin que l’expression de la pensée d’Alice contenue et enfermée dans ce corps physique si lourd, si difficile à gérer, puisse se libérer, se vider de son trop-plein…

L’interprétation des comédiens est brillamment menée (mention spéciale pour la remarquable prestation des patients psychotiques…). Nous sommes transportés dans l’univers d’Alice à tel point que le distinguo entre la réalité et l’imaginaire est difficile… Le spectateur est véritablement tenu en haleine. Le jeu des comédiens brouille les pistes sans cesse jusqu’au dénouement final qui nous laisse bouche-bée.

Allez-y vite !

by Jean-Philippe

Le mauve est un mélange de couleurs primaires

Auteur : Anne-Florence Bargaud
Artistes : Anna Bayle, Sandrine Becquart, Arnaud Renaud

jusqu’au 9 avril 2017

au Théâtre La Croisée des Chemins
43, Rue Mathurin Régnier
75015 Paris

Tous les samedis et dimanches à 19h

Réservations : 01 42 19 93 63

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Condamnée au Théâtre la Croisée des chemins : interprétation libérée & actuelle de Victor Hugo

Roman écrit il y a presque 200 ans, lu à mes 15 ans, adapté au théâtre à mes 30 ans (et plus si affinité). La vie est une question de temps et c’est ce que nous rappelle cette adaptation du Dernier jour d’un condamné à l’affiche du Théâtre La Croisée des Chemins à Paris jusqu’au 5 mai. 

Le temps ? Le personnage n’en possède plus beaucoup seul dans son cachot. Juste quelques heures avant son exécution afin de retracer son parcours depuis son procès.

Nous ne connaissons pas la raison de cette condamnation, ni la vie de cette personne. Ici est tout l’intérêt. Ne pas s’attacher à une histoire, une entité mais à un être humain, comme vous et les autres.

Si l’issue est inévitable, tout le parcours pour y accéder est intenable. Le personnage oscille entre tous les sentiments possibles, de l’espoir de s’en sortir à la résignation, de la réalité à la folie, de la fragilité à la révolte…

«La prison m’enferme entre ses murailles de granit, me cadenasse sous ses serrures de fer et me surveille avec ses yeux de geôlier. »

Betty Pelissou nous livre ici une interprétation épurée mais tellement puissante et poignante qu’il nous faut parfois détourner le regard afin de ne pas être submergé par l’intense flot émotionnel ressenti. Son corps, son âme, ses tripes, tout y est sur le fil du rasoir et dans un tel éclat que le chemin de la vie menant à la mort serait presque bordé de lumière…

Cette plaidoirie magnifiquement mise en scène par Vincent Marbeau est malheureusement toujours d’actualité… Cependant, il faut continuer à se battre pour la dignité humaine et, rappelons-nous ces paroles de Victor Hugo : « Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper. »

by Jean-Philippe 

Condamnée

adaptation du roman Le Dernier jour d’un condamné de Victor Hugo
Comédienne : Betty Pelissou
Metteur en scène : Vincent Marbeau

du 23 mars au 5 mai 2017

au Théâtre La Croisée des Chemins
43, Rue Mathurin Régnier
75015 Paris

Tous les jeudis et vendredis à 19h30

Réservations : 01 42 19 93 63

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