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Interview de Philippe MANESSE comédien & directeur du Café de la Gare – 45 ans de spectacles !

Une soirée au Café de la Gare ne peut laisser indifférent aucun passionné de théâtre en recherche d’humour et de chaleur.
L’ambiance familiale, la convivialité qui se répand dans la cour aussi bien que dans la salle sont des raisons de ne vous faire regretter parfois de ne pas avoir une vie de bohème. Saviez-vous que le célèbre café théâtre fête ses 45 ans cette année ?

Saltimbanque, Philippe Manesse, le directeur de cette institution du Marais, l’est et le revendique.
A la sortie de la pièce aPhone écrite par son fils Jérémy et dans laquelle il partage l’affiche, le patriarche cabot nous invite à sa table, design – un panneau de circulation recyclé – pour nous conter les grandes heures de ce théâtre, les succès et les leçons du métier.

INTERVIEW de Philippe Manesse

 

UsofParis : Qu’est-ce qui vous incite à choisir de programmer une pièce ?
Philippe Manesse : D’abord, l’envie programmer des gens qui travaillent comme nous, qui sont sous-médiatisés et qui ne se prennent la tête sur leur ego. Point essentiel : on est tous payés pareil. Ça élimine un certain nombre de troupes qui fonctionnent autrement. Car il est très difficile de construire une troupe, ça ne se fait pas en 5 minutes. Les comédiens ont besoin de temps pour s’entendre. Nous avons une façon de faire différente des autres théâtres.

Le théâtre est artisanal. Même les grandes salles le sont. Ne serait-ce que parce que l’on ne peut pas mettre plus de 500 personnes dans une même salle. Ça marche avec les one-man-show qui ont une présence médiatique forte. Mais nous nous n’avons pas notre place à la télévision.

Quel regard avez-vous sur votre activité ?
Le théâtre est un drôle de métier. La preuve : Meetic. Je m’y suis inscrit, sans payé (rires) pour avoir une vue sociologique. Et je ne crois pas me tromper en disant que 80 à 90 % des nanas qui sont sur ce site de rencontres disent avoir comme hobby, le théâtre. C’est incroyable. Si elles disaient vraiment ce qu’elles pensent, le théâtre n’aurait pas de problème. Mais la moyenne nationale est un spectacle par an, par français.

Qu’est-ce qui vous motive encore ?
Faire le con sur scène ! (rires) Tant que j’arrive à faire ça, je suis content.

Même avec les emmerdes  ?
C’est obligatoire ! Y’a pas d’autre choix. D’ailleurs ça fait 30 ans que ça dure. Je me souviens quand je suis arrivé, j’ai senti tout de suite que si les autres membres du Café de la Gare continuaient sur leur lancée, on irait droit dans le mur. En 1969, c’était vraiment n’importe quoi. Il n’y avait pas de billetterie et pas de fiches de paie. Et au bout d’un moment, ça a coincé. Le mot d’ordre était la politique de l’autruche.
D’une façon non officielle, j’ai commencé à avoir une politique vis-à-vis de l’Ursaff avec qui nous avions une dette d’1 million de francs à l’époque (152 000 euros environ). J’envoyais tous les mois 3 000 francs (450 euros) en leur disant qu’on ne pouvait leur donner plus pour le moment. Et ça a duré jusqu’à ce qu’on prenne un spectacle de l’extérieur: Thé à la menthe ou t’es citron ? en 1992.

Justement, parlons de cette pièce qui est  toujours à l’affiche (dans un autre théâtre) : Thé à la menthe ou t’es citron ?
L’aventure a commencé par location de la salle pour une soirée organiser afin de faire venir des directeurs de salle. Ça m’ennuyait un peu de leur faire payer, mais la troupe était sûre de remplir. Le soir, tout le public fidèle de la troupe était présent ; par contre aucun directeur de salle, comme d’habitude. Car c’était une troupe d’amateurs.
A la suite, j’ai proposé de les aider pour la mise en scène. Et on a débuté au mois de juin. Au départ avec 20-30 places payantes par soir. Il a fallu 8 mois pour avoir une salle pleine. Et puis le carton, ce qui nous a permis de rembourser totalement l’Ursaff, 15 ans après.
Je suis, en quelque sorte, le premier producteur de Thé à la menthe et t’es citron ? Je faisais les fiches de paie. Je reprenais la direction d’acteurs. Ils n’avaient, en fait, pas l’habitude du succès, et surtout en avaient peur. Plus ça marchait, plus ils se posaient de questions et plus ils étaient inquiets.  Mon principal conseil était : “ne forcez pas, soyez les plus sincères possibles !”

 

Quels retours de spectateurs au cours de ces nombreuses années vous ont rendu heureux ?

Que j’étais le meilleur ! (rires) Ça me touche beaucoup et ça arrive souvent. Le public me dit que j’étais le meilleur comédien dans telle pièce, comme pour aPhone –  faut préciser que je suis à la sortie pour vendre le programme, ça facilite ! Et je sais que beaucoup de ceux qui viennent me voir sont des spectateurs qui me suivent depuis longtemps.
Et me disent aussi : “bravo pour le choix des spectacles“. Finalement, je n’ai pas beaucoup de mérite, car bien souvent ce sont les spectacles qui choisissent le Café de la Gare.  Car ce sont des équipes qui partagent notre état d’esprit, où il n’y a pas de tête d’affiche et qu’aucun théâtre ne veut. Je n’ai eu qu’à attendre.

Est-ce que les comédiens qui sont passés au Café de la Gare sont reconnaissants ?
Oui et non (rires). Oui intellectuellement. Mais ils reviennent rarement. Sur 40 ans, tous les gens qui sont passés, on les revoie pas souvent. Parce qu’on est décalé par rapport à la réalité qu’ils vivent tous les jours.Il y a progressivement une sorte de gêne qui se crée dans ce milieu. C’est étrange.
Par exemple, quand  j’avais fait une pièce avec Sotha et que j’avais demandé pour les voix des guests comme Thierry Lhermitte qui avait accepté. Une fois l’enregistrement réalisé, il n’est jamais venu voir le spectacle.

Quel est le souvenir que vous aimez rejouer dans votre tête ?
Le truc le plus performant et hallucinant pour moi a été de jouer Pissenlit dans Le Graphique de Boscop en 1975. Ça faisait deux ans que je faisais de la comédie, et je jouais un débile mental sur scène. Et je n’ai jamais autant cartonné de ma vie qu’avec ce rôle. Le public était fasciné. Je levais le petit doigt et tout le monde était mort de rire.
Je me souviens que j’étais assis sur scène, les autres comédiens autour de moi. Sotha jouait ma soeur et Romain Bouteille mon père. On était une famille d’éboueurs. Je ne faisais pourtant pas grand chose et Sotha se retournait vers moi pour me dire: “arrête, arrête, on n’arrive plus à jouer !”
Mon autre fierté a été de faire rentrer le théâtre dans le fond de soutien.

 

Quelques mots sur la création Pas de Nounou pour Thoutmosis.
Avoir un théâtre, c’est bien. S’en servir, c’est mieux ! (rires) Il s’agit d’une comédie policière déjantée et pas du tout réaliste, écrite par Bruno Lugan. Le pitch ? C’est une histoire compliquée ! (rires)

Quelle est la principale leçon que vous avez reçue de ce métier ? 
Que tout seul, c’est plus chiant que quand on est à plusieurs ! C’est évident.
Par exemple, Sotha m’avait écrit un one-man-show.- elle m’avait fait un sale coup, elle m’avait donné le texte 3 semaines avant la première. Quand on est seul en scène, c’est terrible et le plaisir est moins intense que quand on est en troupe. Quand j’ai des partenaires, j’aime bien les embêter, faire des blagues chaque soir.

Pas de nounou pour Thoutmosis
comédie policière de Bruno Lugan

mise en scène : Philippe Manesse

Avec : Philippe Manesse, Patrice Minet, Laurie Marzougui, Laeititia Vercken, Carole Massana et Christine Anglio

le lundi et mardi à 20h
et du vendredi au dimanche à 19h

 

Café de la Gare
41, rue du Temple
75004 PARIS

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MUR d’Amanda Sthers avec Rufus & Nicole Calfan au Petit Théâtre de Paris

Reprise de la création Mur signée Amanda Sthers. Courte pièce délicate, relevée et joyeuse, à l’affiche du Théâtre de Paris du 4 juin au 6 juillet 2014.

Une institutrice et un colonel, tous deux retraités, n’ont pas forcément des corps de métier qui font bon ménage.
Ajoutez à ceci le fait qu’ils soient voisins et qu’ils partagent une cloison en commun ainsi qu’un amour pour l’échange épistolaire, vous obtiendrez un échange pimenté. Et à y regarder de plus près, tout part d’un manque de chance pour ces deux-là.

La belle Mademoiselle Duchène se met à l’ouvrage en voulant rattraper une passion inassouvie : la pratique du piano. Le Colonel Chaudron de l’autre côté du mur ne l’entend pas de cette oreille – très sensible.

S’amorce un dialogue savoureux entre les personnages au caractère bien trempé, à la plume assurée et à la répartie cinglante. Les dialogues sont des petits moments de grâce jubilatoire.

Traitée de manière burlesque par la mise en scène d’Anne Bourgeois, l’échange ne manque pas de rythme et de délicates inventions scéniques pour dynamiser l’ensemble.
Les accessoires, les déplacements des acteurs sont toujours dans la justesse permettant aux deux acteurs une interprétation de haute volée.

Mur-avec-Rufus-et-Nicole-Calfan-au-Petit-Théâtre-de-Paris-pièce-Amanda-Sthers-Anne-Bourgeois-salut-photo-scène
Ainsi face aux spectateurs qui n’en perdent pas une miette: un Rufus rigide et sec et une Nicole Calfan espiègle et provocante.
Les portes vont assez vite s’ouvrir, permettant aux dialogues vont se poursuivre sur le palier, puis se finir dans l’appartement de l’un pour un conciliabule à l’amiable.

Cependant, les esprits s’échauffent tout autant qu’ils s’attirent.
Et les rebondissements ne vous laisseront pas de repris.

A découvrir d’urgence en sortant du boulot.

Affiche pièce MUR d'Amanda Sthers avec Rufus et Nicole Calfan au Petit Théâtre de Paris rue Blanche mise en scène Anne Bourgois

MUR

avec Nicole Calfan & Rufus
une pièce d’Amanda Sthers
mise en scène : Anne Bourgeois

au Théâtre de Paris
Salle Réjane

15, rue Blanche

75009 PARIS

du mercredi au samedi à 19h
dimanche à 17h
durée 1h10

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Humour: aPHONE de Jérémy Manesse au Café de la Gare & autres petits tracas de nos smartphones

APHONE ou les petits tracas de nos chers smartphones

Imaginez qu’un jour votre téléphone – qui vous doit tout – finisse par vous dépasser.
Qu’il puisse réussir, à force de progrès toujours plus fous, à répondre à votre place par exemple.
Science-fiction ? Pas si sûr !

Et pour vous faire à l’idée de ce téléphone super high-tech, rendez-vous au Café de la Gare pour découvrir les nouvelles options.

Après la rencontre du savant fou à l’origine de cette idée géniale, Steve Nielz, fondateur et président d’Ipple, passage aux travaux pratiques. Plusieurs situations cocasses s’enchaînent pour révéler avec jubilation les pires cas de figure quand l’appareil aPhone dépasse son maître et se met à buguer.

Image de prévisualisation YouTube

 Cette pièce n’est pas qu’une comédie; ne vous attendez pas à une succession de sketches.
Ce téléphone intelligent est en fait le fil d’Ariane de l’histoire qui d’un seul coup franchit un très haut niveau dans la (science-)fiction pour tourner au véritable conte moderne ancré dans notre époque.

Les six comédiens se font plaisir sur scène et nous aussi. Folie de l’histoire, démesure dans la mise en scène : vidéos, jeux de lumière travaillés, effets spéciaux, cascades et chorégraphie. Sans oublier, l’exercice d’analyse du récit en cours lors d’une parodie d’émission télé hilarante.
Il est rare dans un café-théâtre de voir un tel show de la scène d’ouverture jusqu’au final grandiloquant.

Si vous aimez la comédie décalée, les rebondissements inattendus et le spectacle, aPhone a tous les arguments pour vous plaire.
APhone est un O.V.N.I dans les productions parisiennes à l’affiche actuellement.
D’autant que son auteur, Jérémy Manesse assume, pour notre plus grand plaisir, ses références à la bande dessinée et comics américains – Watchmen, pour les connaisseurs – qui ponctuent cette pièce désopilante.

APHONE 
de Jérémy Manesse

 

avec Christine Anglio, Morgane Bontemps, Odile Huleux, Benjamin Alazraki, Jérémy Manesse et Philippe Manesse
Costumes: Sotha et Nils Zachariasen
Décors: Philippe Manesse et Nadine Monnier
Musique: Sarah Manesse

les samedis et dimanches à 17h

Café de la Gare
41, rue du Temple
75004 PARIS

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Thé à la menthe ou t’es citron ? la pièce CULTE au Théâtre de la Renaissance

Avouons, il est parfois des pièces pour lesquelles, malgré le succès populaire, nous ne franchissons pas le guichet billetterie pour autant. Allez savoir pourquoi, avec son Molière sur l’étagère depuis 2011, les bons papiers et le bouche-à-oreille, notre équipe a fait de la résistance vis-à-vis de Thé à la menthe ou t’es citron ?

Et, nous assumons que nous avons tort parfois de retarder la découverte d’une pièce.
Mais pouvions-nous nous attendre à pareil dérapage ? Voire à cette “catastrophe” théâtrale ?

Une scène de théâtre, un décor qui n’est pas terminé, des acteurs répétant une pièce de boulevard pendant que machino et costumière règlent les derniers détails.
Voici en quelques mots le pitch de la pièce la plus jouée à Paris ces dernières années et qui n’en finit pas de jouer les prolongations du Théâtre Fontaine au Théâtre de la Renaissance.

Au début tout semble sur les rails, malgré l’accent surréaliste de la comédienne interprétant une Américaine parlant français.
Et l’acteur face à elle qui a du mal à enchainer certains bons mots.
Et puis, un verre d’eau enraye la mécanique. Ce sera le verre de trop pour la comédienne.
Tout dérape dans un torrent de rires. Quiproquos, gossip sur l’actrice absente, erreur de casting et lourdeur d’un second rôle sont le lot d’une metteur en scène redoublant de calme et de techniques toutes personnelles de diversions.

La catastrophe arrive plus tard.
Au second acte, quand nous est enfin donné à voir la pièce lors de sa première.
Nous dirons juste que le décor, fait de carton-pâte, va être mené à rude épreuve. Que les acteurs castés vont se révéler plus surprenants que ce que laissait présager les répétitions.
Et qu’il est difficile de ne pas penser aux ratés du spectacle de fin d’année de votre bambin ou de la pièce de la troupe amateur de votre cousine.

La palette des vrais acteurs est de haute volée.
Bernard Fructus, interprète du premier rôle, est parfait dans le nigaud pistonné.
Nous n’avons pas boudé notre plaisir de retrouver Urbain Cancelier dont le personnage est lourd en propositions et vannes à deux euros.
Michel Lagueyrie en grande forme.

Bref, c’est La sortie à faire jusqu’en 2015 et à conseiller à vos amis qui passeront leurs prochains week-ends prolongés ou leurs vacances à Paris.

THE A LA MENTHE OU T’ES CITRON ?
jusqu’au 4 janvier 2015

du mardi au samedi 20h30
matinées le samedi à 17h et dimanche à 16h

au Théâtre de la Renaissance
20 boulevard Saint-Martin
75010 PARIS

Comédie de Danielle NAVARRO-HAUDECŒUR et Patrick HAUDECŒUR
Mise en scène : Patrick HAUDECŒUR

Avec en alternance : Sandra BIADALLA, Urbain CANCELIER, Nathalie CERDA, Bernard FRUCTUS, Guillaume LAFFLY, Marie LENOIR, Eliza MAILLOT, Jean-Luc PORRAZ, Edouard PRETET et Isabelle SPADE

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La société des loisirs avec Stéphane Guillon & Cristiana Reali au Petit Théâtre de Paris

La société des loisirs ou la douce mélodie du démon de midi. 

En fait, on ne sait pas trop où on tombe. Face à nous un couple qui semble uni, assis dans un appart design et coloré: Marie et Marc, Cristiana Reali et Philippe Caroit. Un poupon dans le berceau et un petit chinois en cours d’adoption.
Ils ont arrêté de fumer. Mais ils s’en grillent une dernière, en duo. Ils ont arrêté de boire aussi.

Pour une raison un peu trouble, ces charmants quadras décident de passer une dernière soirée avec un de leur proche ami dans l’idée de ne plus jamais le revoir.

La montée de l’humour, du mauvais esprit et du relâchement contagieux va se faire progressivement au cours de la soirée. À l’arrivée du pote campé par un Stéphane Guillon bien dans ses shoes et de sa très jeune amie Lison Pennec – plus sexual friend que compagne – le basculement s’amorce.
Les esprits s’échauffent avec le vin et le marmot qui chiale dans l’autre pièce. Les dialoguent sont caustiques, les sous-entends latents et les revirements sans appel.

Le cocktail est au final aussi troublant que cocasse.

Cristiana Reali au charme indéniable – telle une Isabelle Adjani qui aurait accepté les quelques marques du temps sur son visage – belle, perdue, frustrée de toutes parts, tire pleine mesure de la partition de François Archambault.

Le plaisir est aussi de retrouver Guillon dans une comédie à plusieurs, après des années de scène accompagné de sa seule verve incisive. Il interprète un homme divorcé et désormais coureur de jeunes et jolies femmes. Le bon copain qu’on ne veut plus voir va initier le trouble dans toute la maisonnée au point de modifier pour longtemps les desseins de chacun. Les secrets entre amis partant du même coup à vau-l’eau.
Un délice de mauvais esprit.

 La société des loisirs
de François Archambault
mise en scène de Stéphane Hillel

 

 Avec Stéphane Guillon, Cristiana Reali, Philippe Caroit et Lison Pennec

 

au Petit Théâtre de Paris
15, rue Blanche
75009 PARIS

 

du mardi au samedi à 21h
matinées: samedi à 17h et dimanche à 15h

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MENSONGES D’ETATS avec Samuel Le Bihan et Marie-Josée Croze au Théâtre de la Madeleine

Fortitude est une opération militaire de propagande la plus secrète jamais mise en place.

Fortitude est l’opération qui a permis aux alliés de prendre une avance stratégique pour le débarquement.
Fortitude
est la trame de la pièce Mensonges d’États, l’histoire de cette opération d’envergure.

Dans un bureau de l’État Major des alliés à Londres, un groupe d’hommes se réunit pour lancer la plus grande opération d’intoxication informative de notre époque. Le but: faire croire aux Allemands que le débarquement du 6 juin 1944 n’est qu’une diversion.

Le premier problème, pour le Colonel Bannerman (Samuel Le Bihan) faire accepter au Général Patton, à son grand regret, le commandement de cette armée de plastique.
Anglais, Américains et Européens de l’Est sont les protagonistes de cette pièce.
Une opération qui se déroulera dans le secret le plus absolu.

 

Dans le drame de l’Histoire, cette pièce de Xavier Daugreilh nous éclaire sur les recoins et les interstices de ce qui fût l’acte final d’une des pages les plus sombres du XXème siècle.
Agents doubles (telle Marie-Josée Croze), généraux allemands, résistants ou militaire en mal d’action (Aurélien Wiik), tous sont partie prenante de ce mélodrame qui se déroule sous nos yeux.

Porté par des acteurs toujours justes, et magnifiés par une mise en scène au cordeau,
la troupe actuellement au Théâtre de la Madeleine nous rend pleinement les enjeux qui lient les protagonistes à ce projet hors norme.

Décor, lumières, jeu d’acteurs et projection vidéo réussissent à nous porter dans cette ambiance particulière nous permettant de prendre la mesure du drame qui s’est joué lors de cette opération.

Point de fausse note dans cette production, tous les acteurs sont à l’unisson. Chacun d’eux nous transmet la teneur de l’enjeu, ainsi que les tensions qui se développent entre les différents États à l’approche du dénouement de ce conflit international.

La dramaturgie de la pièce laisse transparaître la futur Guerre Froide.

Rien ne nous est épargné des sacrifices humains qui ont été nécessaires pour cette victoire.
Des raids de bombardements dévoilés à l’ennemi jusqu’aux résistants volontairement envoyés au supplice.

Xavier Daugreilh et Nicolas Briançon nous livrent une pièce parfaite avec une mise en scène moderne.
Parfait récit d’une histoire qui dépasse chacun de nous et surtout chacun des protagonistes.
Comment ne pas succomber à l’émotion de ce qui nous est montré ?

Mensonges d’Etats est une des pièces pour lesquelles il faut se précipiter.
Un exemple supplémentaire prouvant que cette saison 2013 est motivée par la maitrise en matière de mise en scène et d’émotions scéniques.

Mensonges d’États

Une pièce de Xavier Daugreilh
Mise en scène Nicolas Briançon

Avec Samuel Le Bihan, Marie-Josée Croze, Michaël Cohen, Jean-Pierre Malo,
Bernard Malaka, Aurélien Wiik, Pierre Alain Leleu, Eric Prat

Théâtre de la Madeleine

19, rue de Surene
75008 PARIS


Du mardi au samedi à 21h00

matinées : le samedi à 16h et le dimanche à 17h

 

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Mon beau-père est une princesse au Théâtre du Palais Royal – Critique & interview de Claire Nadeau

Mon beau-père est une princesse au Théâtre du Palais Royal : un petit bijou de tendresse avec un Michel Aumont sous un tout autre jour, étonnant.

Ce pourrait être le début d’un week-end agréable. Mais Rémi est prêt à tous les risques pour déclarer sa flamme à la personne la plus rétive qui soit au sujet de l’amour entre hommes: son beau-père, Michel.

En revanche, ne croyez pas que l’annonce est l’enjeu de la pièce. Le basculement opère dans l’insidieuse parade amoureuse qu’opère le gendre sur le père de sa femme. On est face à un flagrant-délit de manipulation: le but étant de piéger le patriarche à chaque occasion pour le faire céder à un peu plus de sensibilité. L’éveil des sens est en jeu. Et Rémi est prêt à tous les arguments – de belles trouvailles – pour arriver à ses fins.

L’écriture est très bien menée. Les situations permettent des scènes d’anthologie entre un Didier Bénureau jouant la séduction face à Jean-Pierre Aumont dont la carapace semble se fissurer.

Mon beau-père est une princesse renouvelle le genre en matière d’histoires d’hommes que tout oppose.
Et, avouons, nous pensons plus à Tenue de Soirée de Blier qu’à La Cage au Folles de Poiret.

Mais les femmes ne sont pas en reste dans cette histoire. La fille de Michel, Aude, est hilarante dans sa tentative d’interprétation des éclats de son père. Alors que Micheline, son épouse est plus tolérante et complice qu’il n’y paraissait.
Claire Nadeau offre une belle interprétation tout en malice et légères provocations.

Nous avons saisi l’occasion au vol pour poser à l’inoubliable interprète de La Divine Miss V quelques questions sur la pièce.

INTERVIEW de CLAIRE NADEAU

 

United States of ParisQu’est-ce qui vous a incitée à accepter le rôle? La pièce ou Bénureau ?
Claire Nadeau: Les deux, mon capitaine ! En fait, j’admire beaucoup les spectacles de Bénureau. Ils sont grinçants, insolents. Quand il m’a proposé faire des lectures pour qu’il puisse trouver un théâtre qui accueillerait la création, j’ai accepté volontiers. D’autant que je trouvais le thème très drôle, originale et décalé comme son auteur. Au fil des lectures et une fois la pièce acceptée par le Théâtre du Palais Royal, je me suis dit que c’était naturel de participer à cette jolie petite aventure. Donc, j’ai accepté principalement pour Bénureau, ensuite pour la pièce et enfin pour le lieu qui est fort joli.

UsofParisMicheline, votre personnage, semble avoir été taillée pour vous. Est-ce le cas ?
Claire: Elle ne l’est pas ! (rires) C’est le miracle des acteurs. En fait, il y a certains aspects que je ne comprenais pas dans mon rôle.
Je demandais à Bénureau ” pourquoi elle fait ça ? ” et il me répondait: “ma belle-mère est comme ça !” (rires) Donc, ça devait être cohérent au juste.

UsofParisEst-ce qu’une scène a été plus difficile pour vous à jouer ?
Claire: Oui, le solo de danse, par exemple, n’est pas ma spécialité (rires). J’ai beaucoup peiné.

Beaucoup peiné pour ce petit mambo, qui est l’expression de ma fantaisie. Mais qui est surtout nécessaire pour permettre à Michel Aumont de changer de costume. C’est une sorte d’intermède dans un ciné. Pas le truc le plus glamour… Mais au fil des représentations on s’y fait.

UsofParis: Vous allez finir par y prendre goût !

Claire: Allez savoir ! (rires) Si j’arrive à le faire en rythme sur la musique, ce sera déjà un gros point d’acquis. Et ce n’est pas le cas tous les soirs…

UsofParisA partir de quel moment prenez-vous du plaisir sur scène ?
Claire: J’aime quand les représentations commencent. Surtout pour une comédie, la fin des répétitions peut être pénible, car on joue dans le vide, sans les rires. Et nous sommes seuls.
Mais on a toujours l’impression lorsque l’on débute un spectacle que l’on est au maximum de ce que l’on peut faire à ce moment-là. Et puis petit à petit, on s’aperçoit que l’on peut s’améliorer.
En fait, je suis toujours contente. (rires).

Et au bout de plusieurs, on peut se dire: “pourquoi je ne l’ai pas fait plus tôt?”

UsofParis: Quel message en sortie de scène vous a amusée ? 
Claire: Côté public, nous rencontrons des spectateurs hilares, avec un large sourire, qui nous attendent à la sortie des artistes. C’est vrai que ceux qui se ne sont pas amusés, sont partis. Ils ne nous attendent pas.
Côté perso, une remarque récurrente m’est faite: je devrais garder la dernière robe que je porte sur scène pour mon profit personnel ! (rires) Beaucoup me disent qu’elle me va bien, sans doute parce qu’on n’a pas l’habitude de me voir avec des voiles vaporeux.

 

MON BEAU-PERE EST UNE PRINCESSE
de Didier Bénureau
mise en scène : Didier Bénureau avec la complicité de Catherine Hosmalin et Dominique Champetier
Avec Michel AumontDidier BénureauClaire Nadeau et Gaëlle Lebert

du mardi au samedi à 21h
matinées: le samedi à 17h et le dimanche à 15h30

au Théâtre du Palais Royal
38, rue Montpensier
75001 PARIS

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MOI, CARAVAGE pièce de Cesare Capitani au Théâtre des Mathurins – reprise

Succès ! Reprise de la pièce Moi, Caravage au Théâtre des Mathurins.

Alors que l’affiche pourrait laisser présager – à tort –  une certaine âpreté de la pièce, le récit qui nous est fait du troublant Caravage ne souffre d’aucun manque d’empathie vis-à-vis du public.

Photo de Béatrice Cruveiller

L’interprétation de Cesare Capitani rend hommage à un véritable personnage romanesque. Amours, inspiration, déchirement, succès et déconvenues. Cette 1H20 passée avec l’artiste est étonnement contemporaine et digne d’une épopée cinématographique – le film Caravaggio (1986) de Derek Jarman n’abordait pas la longévité mais juste le trio amoureux avec ses deux de ses modèles.

La vie du peintre italien se dévoile progressivement sur scène avec une éclatante fluidité.
Le dialogue avec les spectateurs est tendu, entre confidences et anecdotes cocasses. L’humour ne nuisant en rien au respect que l’acteur a pour le peintre.

La genèse des tableaux nous est révélée parfois crûment ; désacralisant au passage le mystère du coup de pinceau. En effet, la minutie de la description et le menu détail de l’accueil réservé aux toiles du maîtres au cours du XVIe siècle, nous donnent envie de redécouvrir les œuvres que les grands musées chérissent dans leurs collections.

Comme le Musée du Louvre ayant une œuvre majeure du peintre La Mort de la Vierge, exécutée en 1605-06.
La pièce nous rappelle en effet le goût frénétique et charnel du peintre du clair-obscur pour les personnages de la rue: mendiants, prostituées. Ces mêmes modèles qui prêtaient leurs traits, leur corps, à la représentation de saintes figures de la Bible.

Photo Béatrice Cruveiller

La mise en scène, simplifiée, joue avec le peu de moyens: éclairage crépusculaire et deuxième interprète à la fois figurant et partenaire de jeu.
Cette présence est un allié pour le spectateur qui garde ainsi pleine attention face à ce récit foisonnant qu’il nous est donné d’entendre.
Le chant participe à créer une atmosphère sulfureuse et empreinte de mystère.

Étonnement l’entrée en matière dans l’œuvre de Caravage paraît d’une limpidité rare.
Et l’attrait pour son œuvre en ressort avec plus de force encore.
L’interprétation de Cesare Capitani tient à la fois de la tendresse pour son modèle et de la prouesse en faisant un être que notre imaginaire avait dû mal à appréhender.

Moi, Caravage

Un spectacle de Cesare Capitani
D’après l’œuvre “La course à l’abîme” de Dominique Fernandez
Avec : Cesare Capitani et en alternance Laetitia Favart et Manon Leroy
Mise en scène : Stanislas Grassian

au Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 PARIS

du mardi au samedi 19h
dimanche à 15h30
représentations exceptionnelles en italien: les mardis 15 octobre, 19 novembre et 17 décembre 2013

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Spectacle ANNA d’Emmanuel Daumas : Cécile de France chante Gainsbourg au Théâtre du Rond-Point

A l’annonce de la présentation au Théâtre de Rond-Point de Anna, pièce musicale pop de Emmanuel Daumas, adapté du film éponyme réalisé par Pierre Koralnik, la fine équipe était impatiente de découvrir une nouvelle fois l’oeuvre du grand Serge célébrée sur scène.

Après le tour de chant poétique de Philippe Duquesne dans Par Hasard et pas rasé et la prodigieuse envolée chorégraphique de Jean-Claude Gallota autour de L’Homme à la tête de Chou avec la voix envoûtante d’Alain Bashung, nous trépignions de pouvoir entendre de nouvelles interprétations du Gainsbourg, époque sixties.

Anna est une pièce qui fait référence à Anna Karina: muse de la nouvelle vague et de Jean-Luc Godard pour le cinéma et inspiratrice de Gainsbourg côté ritournelles.
Pour le metteur en scène Emmanuel Daumas, le personnage est un prétexte au récit d’un photographe qui tombe amoureux de l’image d’une fille photographiée par hasard et qu’il va s’évertuer à traquer jusqu’à sombrer dans une furieuse folie.

Que dire de ce spectacle ?
L’histoire est un peu téléphonée, avance lentement et par à-coups.
Les voix chantées des comédiens principaux ne transcendent pas et auraient plutôt tendance à mettre mal à l’aise. Surtout ce vendredi soir, en la présence d’Anna Karina dans la salle, l’interprète de Sous le soleil exactement.

A la sortie, la pièce a de quoi laisser dubitatif.
Tout n’est pas déplaisant dans cette proposition, bien au contraire. Retrouver des airs peu connus pourrait être un argument suffisant.
Mais très vite, l’impression qui prime est de se trouver devant les préoccupations vaguement existentielles d’un protagoniste bobo qui aurait tendance à un peu trop s’écouter parler.

L’orchestre en live et certaines idées de mise en scène, esthétiques, comme la peinture sur film plastique, l’utilisation ingénieuse de la vidéo, permettent à l’ensemble de ne pas sombrer.
Notons aussi deux chansons qui nous ont particulièrement touchés : le duo Cécile de France et  Grégoire Monsaingeon pour Ne dis rien et une version de Pistolet Jo très bien orchestrée.
Notre coup de coeur s’est porté sur les comédiennes-choristes Florence Pelly et Crystal Shephers-Cross qui forment un duo léger, piquant et détonnant. A la croisée de la folie d’une Rossy de Palma et de la grâce d’une Marie France, égérie de l’Alcazar et des photographes Pierre et Gilles.

Le regret principal est de ne pas être emporté, soit par une poésie, soit par des émotions. Les dialogues ne sont pas à la hauteur des textes du compositeur dont le spectacle souhaite rendre le meilleur des hommages.
Point de souffle non plus dans cette mise en scène.

Ressortons donc des étagères La Ballade de Mélodie Nelson et profitons des sublimes compositions de Gainsbarre.

Anna

jusqu’au au 6 octobre 2013

du mardi au samedi à 21h
Dimanche à 18h30

Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

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ZELDA & SCOTT avec Sara Giraudeau et Julien Boisselier au Théâtre La Bruyère – INTERVIEW

Un couple mythique par excellence va avoir les honneurs d’une scène parisienne dès le 4 septembre.

Zelda et Scott Fitzgerald, deux personnalités amoureuses et bouillonnantes vont reprendre vie sous les traits de Sara Giraudeau et Julien Boisselier au Théâtre La Bruyère.
Scott, l’auteur de Gatsby Le Magnifique – adapté dernièrement au cinéma par Baz Luhrmann avec Leonardo DiCaprio – avait trouvé en Zelda une muse exceptionnelle. Rencontrée alors qu’elle n’avait que 18 ans, l’écrivain conçoit un premier roman pour conquérir celle qu’on surnommait la “première garçonne américaine” et qui aimait tant être courtisée.

 

S’ensuit un mariage et une passion entre soirées mondaines, jazz dans un milieu littéraire exceptionnel, entre les États-Unis et la Côte d’Azur.
Une histoire intense qui brulera ses deux protagonistes sous les yeux de l’auteur Ernest Hemingway.

Pour évoquer l’univers de Zelda & Scott, Renaud Meyer, auteur et metteur en scène de la pièce, a fait le choix d’une évocation teintée d’airs musicaux, avec la participation d’un jazz band sur scène aux côtés des comédiens.

Gageons que cette proposition donne pleine mesure de l’audacieux tourbillon des années 20 qui soufflait autour des Fitzgerald.

Nous avons rencontré les deux interprètes de la pièce avant la première: Sara Giraudeau et Julien Boisselier.
Interview

United States of Paris: Vous êtes-vous beaucoup préparé pour votre rôle?
Sara Giraudeau: J’ai beaucoup lu. Ça m’a beaucoup nourri. Mais je vais commencer à arrêter. Non que j’en ai assez. En fait, c’est surtout que Zelda et Scott ont un monde, certes fascinant mais qui tourne beaucoup autour d’eux. C’est également très orgueilleux comme univers.
Il faut donc s’échapper de ces références pour créer nos propres personnages. Car Renaud Meyer, l’auteur et metteur en scène, a conçu des personnages de fiction avant tout avec cette pièce, même s’ils sont inspirés de faits et vies réels.
Julien Boisselier: Je n’ai pas d’images de Scott Fitzgerald. On le connaît à travers ses succès littéraires. Il n’y a pas de volonté chez moi de ressemblance physique. Je me suis moins plongé que Sara. Car finalement, j’avais envie de travailler sur les situations proposées par l’auteur. Elles étaient cohérentes et efficaces. Je voulais aussi voir ce qui allait se passer dans le travail, tous les jours, avec mes partenaires, le metteur en scène.
Il y a quelques références, mais on s’échappe assez vite grâce au travail du metteur en scène.

crédit photo: LOT
UsofParisDe vos lectures, que retenez-vous de chacun de vos personnages ?

Sara: Sa fantaisie. Et la solitude de cette femme. C’est étrange de dire ça, mais j’ai ressentie une grande solitude. Le monde du paraître, très bourgeois, la gaîté dans l’apparence et pourtant il y a une très forte fêlure. Zelda vit dans l’ombre de Scott, dans un monde qui n’est pas forcément le sien. Elle a un autre moi en elle qui s’est laissé mourir.

UsofParis: Et vous Julien, votre personnage ?
Sara: Son intelligence ! (rires)
Julien: En fait, j’ai d’abord lu ce qu’avait écrit Renaud avant de lire sur Scott et Zelda. Je retiens avant tout le couple. On parle des individualités dans cette pièce, mais c’est une histoire de couple au fond. Ils sont toujours ensemble, font tout ensemble. Nous allons suivre la trajectoire qui a suivi le flash amoureux. J’ai essayé avant tout de comprendre ce qu’il y avait dans la tête de cet homme avant de rencontrer Zelda, et de la révélation qu’il a eu en la voyant. Il va ensuite se mettre à écrire, écrire. Zelda va devenir son pôle d’inspiration et il va tout faire pour elle jusqu’à la détruire, d’une certaine manière.

Sara: C’est aussi toutes les contradictions qui sont passionnantes dans cette histoire. Et c’est d’autant plus passionnant d’en faire des personnages de fiction et de les interpréter.

UsofParis: Comment va apparaître Scott sur scène?
Julien: Flamboyant (rires) Il va apparaître alcoolique, à 20 ans, 30 ans. Ça lui permettait de surmonter la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir, de ne pas rester au sommet. Il courrait en permanence après quelque chose qui lui échappait.
On voit des photos de lui à 28 ans et à 34 ans et c’est monstrueux. On passe d’un jeune homme lumineux à une sorte de personnage torturé, noir.
Renaud a pris des périodes très fortes de leur vie: la rencontre, l’euphorie, la belle folie, l’Amérique…

UsofParis: Est-ce qu’il y aura de la légèreté malgré la fin que nous connaissons ?
Sara: Il y aura beaucoup de légèreté au début ! Beaucoup beaucoup. Mais ça va rester jusqu’à la fin. Renaud a toujours eu le souci d’insérer une note d’espoir, d’humour, de la fantaisie même dans la lourdeur, la dépression… Il ne faut pas oublier la poésie.
Julien: Si nous réussissons, j’aimerais que les spectateurs aient l’impression de regarder par le trou de la serrure. Qu’ils puissent se dire: est-ce que ça a existé? Ils ont vraiment vécu cela?
Une part de voyeur.
Sara: J’espère en tout cas que le public oubliera un peu Zelda et Scott.

UsofParisHemingway, le troisième personnage est-il complice de ce couple?
Julien: Il est l’auteur que l’on connaît maintenant. A l’époque, il était méconnu quand Scott était au sommet. Woody Allen disait: “il ne faut jamais oublier que les gens qu’on croise en montant, on les croise aussi en descendant.” Il ne faut donc pas trop marcher sur la tête des autres quand on commence à avoir du succès. Nous avons face à nous un Hemingway frustré de ne pas être reconnu bien sûr et puis pris dans un jeu de séduction vis-à-vis de cette femme.
Sara: Hemingway va offrir un regard extérieur sur ce couple. Il est essentiel à la pièce.

UsofParis: Est-ce que la musique live permet d’amplifier l’émotion sur scène?
Julien: Les 3 musiciens sont le 4ème interprète de la pièce. Leur présence nous aide beaucoup. Elle nous permet de régler des choses que l’on ne pouvait imaginer. Ça nous porte vraiment.
C’est quasiment, comme au cinéma, une écriture sur l’image. Les musiciens nous rythment dans notre jeu.

UsofParis: Quelle réplique donne une idée de ce que l’on va découvrir sur scène ?
Julien: Zelda dit: “Je serai votre héroïne” et Scott répond: “Je vous ai enfin trouvée.” Cet échange résume assez bien le lien que l’auteur a avec cette femme. Un lien amoureux mais fantasmé aussi.

UsofParisEst-ce que c’est une histoire d’amour qui fait rêver ?
Julien: La preuve! Le nombre de réservations (rires).
Sara: Ça fait rêver quand un couple s’aime profondément, quand ça se déchire, ça se rabiboche, qu’il y a la folie, mêlée à l’alcool. C’est fascinant.
Julien: C’est un couple mythique. Ce que j’aime, c’est quand on se penche vraiment sur ce genre d’histoire, on se rend compte qu’ils ont tout fait pour devenir ce qu’ils ont été. Ils se sont mis en scène toute leur vie. Et maintenant ils inspirent livres, pièces… Chez Scott, tout était très calculé. Nous sommes à la fois dans la légende et le pathétique.
Les spectateurs vont donc se retrouver aussi dans ces faiblesses, au-delà de la légende.

 

Zelda & Scott
L’aventure des Fitzgerald

Ecrit et mis en scène par Renaud Meyer

Avec Sarah Giraudeau, Julien Boisselier, Jean-Paul Bordes
accompagnés par le Manhattan Jazz Band (Xavier Bornens, François Fuchs et Aidje Tafial)

du mardi au samedi à 21h
matinée le samedi à 15h

pour 100 représentations exceptionnelles

au Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère
75009 PARIS

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