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Miss Van à la Galerie Openspace : “ma peinture a toujours été dans l’émotion”

Miss Van est une artiste fascinante qui prend le temps de regarder dans le rétro de sa production artistique, à l’invitation de la Galerie Openspace.
Celle qui se dit nomade et dotée d’un monde intérieur très riche, ne donne pas de prénoms à toutes ces femmes qu’elle peint. “Elles sont des personnages à part entière et c’est que si c’était dérivé d’un même personnage, à chaque fois. C’est une évolution du personnage féminin en général. Je voudrais que les femmes puissent s’y retrouver.
La peinture est la chose la plus précieuse pour Miss Van, raison pour laquelle, elle n’a jamais voulu devenir une marque.
Rencontre délicieuse autour de 3 œuvres exposées. 

Miss Van

Gitana VI : “une sorte de synthèse de mon travail.”

Cette toile a 2 mois, je l’ai faite en Californie, après une expo sur les portraits de Maori.
Des peintures du XIXe siècle incroyables. J’ai été complètement submergée par le portrait classique, pyramidale, intemporel et solennel. A la fois doux et guerrier, avec le cuir, la peau, les plumes, tout ce qui donne de la force à la parure. Et je travaille là-dessus depuis longtemps.
Ça m’a redonné envie de renouer avec le portrait, avec mon propre folklore, un mélange de plein de choses, du Brésil, de Mexico.
Ça me permet d’être libre, je passe de choses très minimales, des corps nus à des choses à choses très élaborées, composées.
C’est comme un playground. Je mélange toutes les couleurs. Il y a quelque chose de très gitan.
Je n’ai pas une culture mais plusieurs. Je pourrais vivre dans plein d’endroits, parler plusieurs langues.”
Miss Van

Twinkles : “Si elle se vend, ça me fera mal au cœur.” 

“C’est la série Twinkles, sombre, romantique, réalisée en 2010, à Barcelone, dans un sous-sol sans lumière. Elle a été exposée à la galerie Magda Danysz à Paris puis transférée à Shanghai. Elle a été aussi exposée à New York au Museum of Sex pour une expo street art.
C’était une manière de sortir la lumière d’une autre façon, de partir sur une base de fond très sombre et de corps nu mais maquillé. C’est une série qui est en rupture et une prouesse aussi de travailler une gamme très sombre.
Et faire des portraits très classiques, intemporels. Elle est associée à une autre toile avec un vautour. J’ai gardé cette œuvre que je mets à la vente un peu à contrecœur.
Je garde tout, en fait.”

Miss Van
Lagrimas de Mariposas : “ma peinture a toujours été dans l’émotion”
C’était après une rupture, pour l’exposition Lagrimas de Mariposas, en 2006. Une expo un peu triste. 
Le maquillage de clown triste c’était pour accentuer l’aspect dramatique. 🙂 
Toute la série était comme ça, travailler le dépouillement, le rien, le vide, le côté anéanti. 
Je me rappelle de tous mes ex avec ma peinture. Mes peintures sont mes repères pour les histoires. Avant qui, après qui, ce que je ressentais…
Je suis tellement sincère dans ma peinture, ce sont des témoignages réels.”

Miss Van, qui tentes-tu d’imiter ? 

“Quelle question horrible ! 😉
On a tous des influences. Mais j’ai jamais eu envie d’imiter quelqu’un. Car ma préoccupation était d’être unique et différente de ma sœur jumelle et de tout le monde.
Et qu’on me voit, pour des raisons personnelles, pas pour être connue.
J’avais besoin de me séparer de ma sœur où moment où j’ai commencé à peintre, à être différente, à me raser la tête, à me colorer les cheveux, à mettre une grande robe de princesse pour qu’on me voit la nuit. J’avais une rage et un besoin d’identité.
Petit à petit, avec les années, j’ai eu moins besoin de me justifier.
J’ai eu de la chance que mon travail soit toujours resté personnel. J’ai eu de la concurrence, ça m’a poussée. Des années difficiles à être seule, je me suis forgée une personnalité d’acier. C’est pour cela que je peins des guerrières, des amazones, des muses.

C’est un peu une idéalisation de la femme. Pour moi, c’est important qu’elle soit féminine, fragile et forte à la fois.” 

Miss Van
portrait de Miss Van par Julie Morize

Leonor Fini, un modèle ? 

“J’en ai marre que l’on m’associe au street art. J’ai fait une expo avec Leonor Fini, artiste des années 50, hyper libérale et révolutionnaire en son temps. Pas assez connue, parce que c’était une femme. Elle a toujours été célibataire, elle a vécu en trio, elle avait plein d’amants. Ses peintures étaient hyper érotiques et dérangeantes. Et je me retrouve vraiment dans son travail. 
C’est la 1ère fois que je vois mes tableaux à côté de ceux d’une autre artiste qui n’est plus de ce monde. Mais en ayant l’impression de dire les mêmes choses et d’avoir un peu la même sensibilité. Et ça m’a vachement émue. 
Et je me dis que mon travail doit être plus surréaliste que je ne le pense. Je n’ai pas le recul nécessaire. Cette obsession que j’ai pour les cheveux, les masques… J’ai toujours cru qu’elle me limiterait. Et finalement, je me suis dit que toutes mes faiblesses seraient mes forces et que mon obsession serait ma force, comme mon hypersensibilité qui me pourrit la vie.”

La peinture plus précieuse que l’amour ? 

“Ça va ensemble. 😉 C’est pareil.
A la différence que la peinture ne dépend que de moi. On n’a pas besoin de quelqu’un pour nous rendre heureux. C’est titre au fond : après chaque histoire, il faut que je me remette à ma peinture, que je me recentre sur moi-même.

C’est aussi pour ça que j’aime voyager, rencontrer des gens. Pour changer de vie, m’oublier un peu.”

Miss Van, penses-tu devenir folle un jour ? 

“Je le suis déjà ! 🙂
Les vrais artistes – ils ne sont pas nombreux -, nous avons des névroses que nous avons la chance de pouvoir exprimer. Mais on n’est pas plus fous que d’autres. On a juste un médium pour exprimer cela. Beaucoup de gens qui cherchent un exutoire pour sortir leurs peurs…
J’aime les gens barrés, un peu cas sociaux. Ça m’attire. :-)”

 

Propos recueillis par Alexandre 

Miss Van

Exposition MISS VAN
rétrospective 2003-2018

du 19 mai au 16 juin 2018

à la Galerie Openspace
116, boulevard Richard Lenoir
75011 PARIS
tél. 09 80 66 6 94

du mercredi au samedi de 14h à 19h

Site officiel : missvan.com

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