Miss Van est une artiste fascinante qui prend le temps de regarder dans le rétro de sa production artistique, à l’invitation de la Galerie Openspace.
Celle qui se dit nomade et dotée d’un monde intérieur très riche, ne donne pas de prénoms à toutes ces femmes qu’elle peint. “Elles sont des personnages à part entière et c’est que si c’était dérivé d’un même personnage, à chaque fois. C’est une évolution du personnage féminin en général. Je voudrais que les femmes puissent s’y retrouver.”
La peinture est la chose la plus précieuse pour Miss Van, raison pour laquelle, elle n’a jamais voulu devenir une marque.
Rencontre délicieuse autour de 3 œuvres exposées.
Gitana VI : “une sorte de synthèse de mon travail.”
Des peintures du XIXe siècle incroyables. J’ai été complètement submergée par le portrait classique, pyramidale, intemporel et solennel. A la fois doux et guerrier, avec le cuir, la peau, les plumes, tout ce qui donne de la force à la parure. Et je travaille là-dessus depuis longtemps.
Je n’ai pas une culture mais plusieurs. Je pourrais vivre dans plein d’endroits, parler plusieurs langues.”
Twinkles : “Si elle se vend, ça me fera mal au cœur.”
“C’est la série Twinkles, sombre, romantique, réalisée en 2010, à Barcelone, dans un sous-sol sans lumière. Elle a été exposée à la galerie Magda Danysz à Paris puis transférée à Shanghai. Elle a été aussi exposée à New York au Museum of Sex pour une expo street art.
C’était une manière de sortir la lumière d’une autre façon, de partir sur une base de fond très sombre et de corps nu mais maquillé. C’est une série qui est en rupture et une prouesse aussi de travailler une gamme très sombre.
Et faire des portraits très classiques, intemporels. Elle est associée à une autre toile avec un vautour. J’ai gardé cette œuvre que je mets à la vente un peu à contrecœur.
Je garde tout, en fait.”
Toute la série était comme ça, travailler le dépouillement, le rien, le vide, le côté anéanti.
Je suis tellement sincère dans ma peinture, ce sont des témoignages réels.”
Miss Van, qui tentes-tu d’imiter ?
Et qu’on me voit, pour des raisons personnelles, pas pour être connue.
C’est un peu une idéalisation de la femme. Pour moi, c’est important qu’elle soit féminine, fragile et forte à la fois.”
Leonor Fini, un modèle ?
Et je me dis que mon travail doit être plus surréaliste que je ne le pense. Je n’ai pas le recul nécessaire. Cette obsession que j’ai pour les cheveux, les masques… J’ai toujours cru qu’elle me limiterait. Et finalement, je me suis dit que toutes mes faiblesses seraient mes forces et que mon obsession serait ma force, comme mon hypersensibilité qui me pourrit la vie.”
La peinture plus précieuse que l’amour ?
A la différence que la peinture ne dépend que de moi. On n’a pas besoin de quelqu’un pour nous rendre heureux. C’est titre au fond : après chaque histoire, il faut que je me remette à ma peinture, que je me recentre sur moi-même.
C’est aussi pour ça que j’aime voyager, rencontrer des gens. Pour changer de vie, m’oublier un peu.”
Miss Van, penses-tu devenir folle un jour ?
Les vrais artistes – ils ne sont pas nombreux -, nous avons des névroses que nous avons la chance de pouvoir exprimer. Mais on n’est pas plus fous que d’autres. On a juste un médium pour exprimer cela. Beaucoup de gens qui cherchent un exutoire pour sortir leurs peurs…
J’aime les gens barrés, un peu cas sociaux. Ça m’attire. :-)”
Propos recueillis par Alexandre
Exposition MISS VAN
rétrospective 2003-2018
du 19 mai au 16 juin 2018
à la Galerie Openspace
116, boulevard Richard Lenoir
75011 PARIS
tél. 09 80 66 6 94
du mercredi au samedi de 14h à 19h
Site officiel : missvan.com