Nous avions laissé Audric de Campeau, notre apiculteur parisien et ses ruches, sur les toits de l’École Militaire.
Nous le retrouvons 20 mètres sous terre où il élève son Hydromel de Paris concocté à partir du Miel de Paris issu de ses ruches.
C’est une descente dans un Paris caché aux yeux de tous que nous a convié ce passionné des produits gouteux et royaux.
Rendez-vous au coeur du Grand Réseau Sud de Paris.
Notre aventurier a choisi de poser ses fûts dans une portion isolée du reste des 360 km des galeries du sud de Paris. Un lieu qu’Audric souhaite garder secret car il a déjà été visité avant son installation.
Ce ne sont pas des catacombes ossuaires, mais des anciennes carrières où nous pénétrons.
Un patrimoine historique souterrain
C’est un silence doux qui nous enveloppe. Et chaque couloir, chaque pièce sont un enchantement pour les yeux. Une véritable plongée dans l’histoire de la ville.
Exploitées durant des centaines d’années, ces carrières recèlent de détails comme ces plaques – permettant de se repérer dans ce dédale – et qui reflètent les mutations de la société : de la révolution aux grands travaux d’Haussmann.
Ces ramifications de couloirs font fantasmer comme ceux des pyramides ou d’autres temples millénaires.
On comprend facilement que des néophytes puissent se perdent dans ces labyrinthes de pierre qui auraient pu être construits par Dédale lui-même.
Reliquat de l’occupation des lieux, ce puits d’eau douce (provenant des nappes phréatiques) porte encore les stigmates de la grande inondation de 1910.
Tout comme ce front de taille qui laisse apparaître les traces du travail des hommes.
Ou encore cette sculpture en creux, ciselée dans la pierre.
Pourquoi les carrières souterraines ?
En perfectionniste et en esthète, l’apiculteur a longtemps cherché une cave idéale où poser ses tonneaux. Cherchant le lieu parfait, il a pensé aux souterrains parisiens car ils réunissent les 5 critères idéaux pour l’évolution du vin :
– une température constante : entre 8 et 13°C toute l’année
– une forte humidité : pour éviter que le tonneau et son bouchon ne sèchent trop vite.
– l’absence de luminosité : qui nuit au vieillissement
– l’absence de vibration : les carrières sont bien en-dessous du niveau du métro
– une odeur neutre : les fûts en chêne sont poreux et laissent passés les odeurs fortes ce qui peut altérer l’hydromel ou le vin dans les caves traditionnelles.
Sa première idée, les catacombes ossuaires de Paris, se révèle impossible en vertu de la consécration du lieu.
Hasard des rencontres, et de sa persévérance, il s’est donc installé dans ces anciennes carrières.
L’hydromel de Paris : une boisson d’exception
Comme pour son miel de Paris, Audric met un point d’honneur à créer un produit d’exception. Ici, la production d’hydromel se limite à 200 litres par saison, soit 4 tonneaux. Celui actuellement en fût date de 2014. Et surprenant, il n’a pas voulu produire de cru 2015.
Au dire de notre apiculteur, sa production est un hydromel liquoreux qui se rapproche du Sauternes. C’est vrai qu’il est différent des hydromels traditionnels : goût et parfum prononcés, douceur en bouche. Rien à voir avec ceux dégustés jusque-là.
Il le façonne avec la volonté d’en faire une boisson de garde, qu’il puisse continuer son évolution une fois sorti du tonneau afin de pouvoir le boire dans 10 ou 20 ans, voire plus.
La production de l’Hydromel de Paris est répartie en deux variétés suivant les fûts : fûts de chêne ou fût sherry reconditionné. Ces derniers sont généralement utilisés pour la fabrication du célèbre sherry anglais, le xérès espagnol et même le whisky.
C’est donc deux breuvages aux saveurs bien distinctes qu’Audric vous propose.
Celle élevée en fût de chêne est très douce et florale tandis que la variété sherry, qui garde le côté doux, se revêt de la légère astringence de la cerise, ce qui séduira les amateurs de vins moins liquoreux.
Actuellement l’Hydromel de Paris, distribué uniquement à la Grande épicerie de Paris en flacon de 200 ml, a passé 6 mois en fût. Les prochaines cuvées y auront infusé 15 mois.
Comme Audric fourmille de projets divers, dont certains très ambitieux, nous ne tarderons pas à vous conter, avec plaisir, ses prochaines aventures.