The Limiñanas est un groupe perpignanais composé de Marie et Lionel, couple à la vie et à la scène. Marie est à la batterie et aux percussions, Lionel à la guitare et à la basse.
Leur carrière a débuté suite à la publication d’une maquette sur MySpace qui a été repérée par deux labels US. Ils ont sorti depuis 5 singles vinyles et 4 albums. Depuis 2009, ils tournent donc en Europe et aux États-Unis. Grosse actu : Because Music réédite leurs 3 albums studios et la compilation de singles et titres inédits en format Vinyle et CD.
Je rencontre le groupe au Walrus dans le 10e arrondissement de Paris. Un disquaire avec bar qui vient tout juste de fêter son 1er anniversaire. Ici, des artistes sont invités pour des lives en petit comité.
Il est midi. Le soir, The Limiñanas sont en concert à La Boule Noire. Pendant l’interview, c’est Lionel qui parle au nom du groupe, Marie fait quelques interventions pour pimenter d’anecdotes et menus détails.
INTERVIEW
C’est la première fois qu’United States of Paris vous rencontre, pouvez-vous vous présenter ?
On joue dans des groupes de garage punk pur et dur depuis longtemps, seul ou tous les deux. A Perpignan, il y avait une scène garage punk très importante dans les années 80/90. Ça concernait en gros 15/20 musiciens, et on jouait tous dans les groupes des autres.
A un moment donné la plupart de ces groupes a signé sur des labels, et nous, on s’est retrouvé avec des périodes de 6 mois où on n’avait plus moyen de répéter, sans projets. Du coup, on a enregistré une démo 2 titres, on l’a mise sur MySpace. On s’est baptisé The Limiñanas parce que ça nous faisait marrer, et puis c’est notre nom de famille.
Et on l’a mise sur MySpace pour la blague. On a été contacté par un label de Chicago, Hozac, qui nous a proposé de faire un single et deux jours après un autre label de Chicago, Trouble in mind, qui nous a aussi proposé de faire un single. On a menti aux deux en leur disant qu’on avait pleins de morceaux. Ce qui était faux et on a dû se mettre à apprendre à enregistrer. J’avais un Mac, on s’est fait prêter une carte son et on a fait notre premier 45 tours I’m dead et Migas 2000 sorti par Hozac, qui était notre fameuse première démo et Trouble in mind a sorti deux titres Je ne suis pas très drogue et Berceuse pour Clive qu’on a fait en deux après-midis.
On les a mixés chez un pote. On leur a envoyé, ils ont trouvé ça bien. Ils en ont sorti un 45 tours et nous ont commandé un album. On a continué ce process d’enregistrement à la maison qu’on n’a jamais lâché depuis.
Il n’y a pas de conflit entre les deux labels qui vous partagent ?
Non non. Car ce sont des labels indé américains… Ils s’envoyaient des vannes via les ronds centraux des 45 tours.
Suite à l’enregistrement de l’album, peu de temps après ils nous ont proposé de faire une tournée aux USA. Sauf qu’on n’avait pas de groupe, comme on faisait tout à deux en invitant des copines pour chanter. On a dû monter ce groupe, on est parti en tournée 15 jours. Un album en appelant un autre, on a sorti Crystal Anis chez Hozac et un album chez Trouble in mind et ça ne s’est jamais arrêté.
Le principe, c’est qu’on enregistre tous les deux à la maison et de temps en temps on invite des gens pour intervenir pour le chant. Et à partir de Costa Blanca, on a aussi fait intervenir de temps en temps des musiciens, des amis, qui avaient des particularités comme notre pote Laurent qui est venu nous faire des plans de Bouzouki, par exemple.
En tout cas, aujourd’hui on bosse toujours de la même façon. On achète petit à petit du matos pour équiper notre studio, on a démarré avec GarageBand et maintenant on est passé sur Live qui est un autre logiciel super simple qu’on utilise comme un magnétophone. On n’utilise ni la compression ni la réverbe du logiciel, c’est brut.
On a eu la chance, par le biais d’un ami, de rencontrer Luis Mazzoni, un ingé son, qui est un gros spécialiste de l’analogique. Une fois qu’on fait notre maquette et qu’elle a été mixée, il la passe dans des machines qui enlève le côté froid du numérique.
Et du coup comment vous composez ? Chacun dans votre coin ? Ensemble ?
Moi j’enregistre pratiquement tout le temps, on a le studio sur place dans le garage. On fait des tonnes de maquettes. A 6h du matin quand Marie se lève, je lui fais écouter ce que j’ai fait et on décide ensemble des morceaux ou des riffs.
Et l’écriture des chansons, les paroles ?
On en a fait un peu ensemble, mais la plupart du temps c’est moi. De temps en temps, on pioche des textes dans ce que fait mon frère aussi.
Après le choix du français ou de l’anglais ça dépend vraiment de la musique et de ce qui vient tout de suite quand tu es en train de travailler dessus.
Quelles sont vos influences pour composer et écrire ?
Nous la base de ce qu’on aime c’est la musique primitive américaine, le psyché anglais, le freak beat anglais, ce genre de choses. Mais après on écoute vraiment des tas de trucs, et je pense aussi que le cinéma a autant d’importance que la musique, parce qu’on est aussi fondu de cinéma. Ca va vraiment de Joy Division à du punk américain des années 70, à la musique primitive américaine, mais aussi le groupe anglais The Nuggets. Tout ça nous a nourris. The Stooges, particulièrement le premier et second album.
Quand on vous googlise, on tombe directement sur Gainsbourg, les yéyés, etc. Est-ce que vous pensez que ça vous correspond ?
Gainsbourg si, car j’aime beaucoup Gainsbourg. Mais les yéyés, non. Les yéyés c’est sûrement ce qu’il est arrivé de pire à la musique française, dans le mauvais sens du terme. Mais après de cette scène-là, on aime beaucoup Dutronc, Ronnie Bird…
Vous changez de chanteuse régulièrement au cours de l’enregistrement, comment se fait le choix d’une chanteuse pour telle chanson ?
Ça va être la tonalité. Ça dépend des chansons. C’est des copines qui interviennent sur les disques. Elles arrivent elles ne connaissent pas la chanson, on leur fait écouter le morceau. On le fait en une ou deux prises maximum.
Et vous ne voulez pas collaborer avec une chanteuse officielle ?
Au niveau de l’enregistrement, on aime bien l’idée de la collaboration en fonction des gens avec qui on traîne à ce moment-là. Par exemple, on a fait un morceau en italien avec une chanteuse, c’est elle qui a écrit le texte et l’a enregistré à Bordeaux. On a fait une autre chanson avec une copine italienne, Francesca Cusimano, qui est une nana que j’ai rencontré au boulot, qui a cet accent particulier, on trouvait ça mortel de profiter de ce type d’accent pour la chanson alors qu’elle n’avait jamais enregistré de sa vie. Elle est venue un après-midi et elle l’a fait avec nous.
Et sur scène du coup ça se passe comment ?
Sur scène, on a une chanteuse qui s’appelle Nika Leeflang. On en a eu plusieurs, mais elle est avec nous depuis deux ans maintenant. C’est la chanteuse du groupe. Car nous, sur scène, on ne touche pas aux micros.
Les chansons italiennes, elle peut les chanter par exemple ? Ou il y a des chansons que vous ne pourrez jamais faire sur scène ?
Je pense qu’elle est capable de chanter à peu près tout ce qu’elle veut. Le choix de faire ou ne pas faire des chansons des disques en concert c’est plutôt parce qu’il y a des trucs qu’on essaie et avec lesquels on s’aperçoit vite que ça fonctionne pas en concert. Comme Je ne suis pas très drogue, par exemple. On n’a jamais réussi à en faire une bonne version en concert donc on a lâché l’affaire.
Ce soir vous jouez avec Pascal Comelade. Comment vous êtes-vous rencontré ?
Déjà on est amis, on s’est rencontré y’a quelques années. On avait un groupe Marie et moi, c’était Les Bellas. On a discuté avec Pascal lors d’une soirée de concert. On connaissait sa musique déjà. Il m’a proposé d’intervenir sur la bande-son d’un ballet d’art contemporain. Après j’ai enregistré sur deux de ses albums. On a fait un concert dans la rue avec lui aussi. On est devenu amis. L’idée est venu de faire un disque ensemble, il y a un an et demi et on l’a enregistré l’été dernier.
Vous avez enregistré séparément également ?
On s’est assis autour d’une table, on s’est fait écouter les démos qu’on avait. On en a sélectionné une quantité X. On allait chez Pascal avec notre matériel, on allait prendre des prises de piano sur nos bases à nous et Pascal faisait l’inverse avec nous à la maison. On jouait sur ces titres et lui sur les nôtres. Le disque s’est monté comme ça, par couches successives de sons.
Ce soir vous allez jouer ensemble réellement pour la première fois donc.
Oui, c’est vrai ! Sur les morceaux de cet album. Après sinon on a déjà fait quelques interventions avec Pascal où on a déjà joué ensemble.
Ah mais on a déjà joué deux deses titres sur France Inter et hier sur France culture aussi avec Ivan Telefunken qui est un très très bon guitariste Barcelonais.
Vous êtes assez rares sur scène, vous faites peu de concerts. Est-ce un choix ?
On en fait à peu près 25 par an. C’est un choix pour plein de raisons. La principale c’est qu’on aime bien l’idée que ça reste excitant. Il y aussi le fait qu’on ne vit pas du tout des revenus des concerts. Tout le monde a un job et une vie de famille, donc on tourne quand c’est possible de tourner. Et c’est aussi un moyen de ne pas faire exploser le groupe en route.
Du coup, pour nous, ça reste excitant de jouer.
Quels sont vos projets ?
On bosse sur un conte pour adultes, une histoire lue sur un disque, dans l’idée des contes pour enfants qu’on trouvait dans les années 70, genre Le Petit Ménestrel. Un conte un peu dark, avec des illustrations. On travaille aussi sur un album pour Because Music et Trouble in mind pour janvier/février prochain. Et on va faire aussi l’album d’une chanteuse américaine Sarah McCoy. En ce moment, elle fait l’enregistrement aux USA, elle nous envoie les titres par le net et nous, on fait les arrangements.
L’interview prend fin, je leur tends mon phone pour qu’ils réalisent un selfie. Ils acceptent avec plaisir. Un couple décidément attachant. A l’image de sa musique.
Je les retrouve le soir sur scène pour un set à La Boule Noire. Le public est à la fois hipster parisien et rockeur en cuir noir. Une très très bonne ambiance pour une vingtaine de chansons. La petite hollandaise Nika nous transporte avec sa jolie voix sixties. Les titres s’enchaînent et le concert se termine par 7 titres avec Pascal Comelade. A noter la présence de Stéphane Saunier dans la salle, le monsieur musique de Canal +, qui semblait plus qu’apprécier le concert.
Je ne saurai trop vous conseiller de découvrir The Liminanas en live. Le son n’en est que meilleur encore !
by Joan
Because Music réédite le catalogue de The Liminanas :
3 albums studio et un album de raretés, en format vinyle (CD inclus)
et pour la 1ère fois : l’intégrale du groupe dans un double CD anthologie :
Down underground – LP’s 2009/2014
Malamore
The Liminanas à suivre sur leur page Facebook
Une réflexion sur « THE LIMINANAS – interview-selfie pour l’intégrale du groupe – Nouvel album Malamore »