L’exposition Toulouse-Lautrec du Grand Palais porte un sous-titre résumant parfaitement l’artiste : Résolument moderne.
Pour beaucoup, Toulouse-Lautrec c’est principalement des affiches et quelques portraits célèbres.
Pourtant, le réduire uniquement à cela ne serait pas lui rendre hommage tant son travail est prolifique. Les quelques 200 œuvres exposées au Grand Palais pour cette exposition temporaire en sont la preuve…
À cette occasion, Danièle Devynck, conservatrice en chef, nous sert de guide !
La première chose qui surprend dans cette exposition, c’est la scénographie ouverte et épurée. Nous sentons bien que l’afflux de visiteurs a été pris en compte. Une excellente chose, nous respirons en nous disant que nous pourrons pleinement apprécier.
Et puis, nous plongeons dans la vie de Toulouse-Lautrec…
Toulouse-Lautrec : l’humain avant tout !
La peinture de Toulouse-Lautrec est une peinture énergique. Elle respire la vie. À l’instar de ses portraits où il capte parfaitement l’instant. C’est ce qui rend son travail unique pour son époque.
Comme le souligne Danièle Devynck : “Il est toujours aussi fascinant. Ça repose sur le fait que Lautrec est intéressé par la vérité de l’humain. Dans son regard sur les autres, il y a des choses qui sont particulièrement présentes : une grande perspicacité, une acuité du regard, un sens de l’observation qui font qu’il va immédiatement saisir, capter l’individu qui est en face de lui par delà le masque social. Et l’authenticité de son regard, et donc de sa démarche qui met au service de son regard, est toujours perceptible par nos contemporains.”
C’est cela qui captive dans la peinture de Toulouse-Lautrec.
En compagnie de Danièle Devynck, conservatrice en chef et Directrice du musée Toulouse-Lautrec d’Albi, partons à la découverte de quelques toiles du Maître.
L’expo du Grand Palais en quatre œuvres : décryptage
C’est grâce sa grande passion pour le japonisme et tous les courants d’avant-garde comme le synthétisme ou le divisionnisme de Seurat que Toulouse-Lautrec dynamite les codes de la composition.
Et notamment ceux de la perspective comme dans cette toile : Au cirque Fernando (écuyère)
Impossible ne pas faire un tour dans l’univers très connu de Montmartre avec le tableau : Au Moulin Rouge.
“Dans les scènes de maisons closes, ou dans certains portraits de femmes, il y a une forme de tendresse. Un regard qui n’est jamais dans le jugement moralisateur, notamment vis à vis des prostituées. Il témoigne de ce qu’il voit, il est assez distant pour ne pas porter de jugement.”
– Danièle Devynck
Outre ses portraits de femmes, Toulouse-Lautrec aime peindre ses amis, et surtout son cousin : Le Docteur Tapié de Céleyran. Nous retrouvons dans ce tableau l’acuité à saisir l’humain qu’avait l’artiste, même en arrière plan.
Le tout dernier tableau de chevalet de Toulouse-Lautrec est une mise en scène. Mais avec Un examen à la Faculté de médecine, il arrive à percer les sentiments, à retrouver l’émotion d’un moment malgré la reconstitution. Humain comme toujours.
https://youtu.be/roo6IBAtEzg[
Une exposition dense et complète
Passer les portes du Grand Palais, c’est se confronter à l’intime de Toulouse-Lautrec. C’est aussi se défaire des a priori sur l’artiste, comme l’évoque Danièle Devynck: “Tout le mythe autour de Lautrec (son handicap, ses origines aristocratiques, sa vie à Montmartre…) fait parfois un petit peu d’ombre à la lecture de son œuvre. Dans cette exposition, on met cela à sa juste place : tout cela existe mais l’œuvre de Lautrec, c’est bien plus que cela. On essaye de réinscrire cette œuvre en montrant sa pertinence, sa force et en montrant toutes les voies nouvelles qu’Henri de Toulouse-Lautrec va ouvrir.”
Une nouvelle fois, le Grand Palais nous livre la découverte dans son ensemble d’un artiste sous toutes ses facettes. Qu’elles soient reluisantes ou moins glorieuses, elles font parties d’un tout et offrent un regard complet et authentique sur Toulouse-Lautrec.
À ne pas manquer donc…
Toulouse-Lautrec : Résolument Moderne
Jusqu’au 27 janvier 2020
Lundi, jeudi et dimanche de 10h à 20h
Mercredi, vendredi et samedi de 10 à 22h
Fermeture hebdomadaire le mardi
au Grand Palais
3 avenue du Général Eisenhower
75008 Paris